(anan) les toiles dans le noir.

sa silhouette face au miroir lui renvoie le reflet de ces derniers mois passés à se détester un peu plus fort. il se trouve laid. il se trouve d é s u e t. il n’est qu’un vulgaire amas de chair – chair à canon. le poing est parti tout seul, ricocher dans le verre qui a explosé (comme son cœur). il aurait pu en être soulagé. il aurait pu. les bris de verre murmurent des mots incompréhensibles à ses oreilles quand ses phalanges curieuses s’y accrochent. l’eau du bain déborde quand il enfonce son corps à l’intérieur. c’est chaud, presque réconfortant. et tout autour de lui, en un instant les tâches s’éparpillent en une nuance carmin qui flotte à la surface. il ne dit rien, grimace à peine quand il aperçoit cette encre se dissoudre, l’entourer tout entier. ses vêtements mouillés lui collent à la peau. par terre, les tapis sont inondés. ses parents vont lui hurler de tout nettoyer. mais ça ne fait rien, au moins, il parvient à se sentir un peu vivant. juste assez pour se détester avec plus d'avidité.

anan, t’as tout fait foirer.

trois fois pour trois années.
l’une après l’autre qui se sont écoulées. et tout a fini par éclater en un million de fragments disparates. les cris de la dispute résonnent avec tant de violence en lui quand sa main se referme sur le morceau de verre brisé. fermer les yeux ne ferait que retrouver les démons qui hantent, qui assaillent. pourtant, n’est-il pas l’unique homme envers lequel il aurait pu tout donner ? tout. absolument tout. et il lui a tout pris.

anan, foutu voleur.

il serre la mâchoire en se remémorant cette unique fois de trop. celle où il a cru que tout était terminé. où il a bu et il est allé voir ailleurs. a perdu sa joie et son sourire contre les reins d’un autre. il n’avait pas ses yeux. il n’avait pas sa chaleur. il n’avait pas son parfum ni sa tendresse. il n’avait pas cette manière bien à lui de lui dire qu’il l’aime – parce que ce n’était que le coup d’un soir. les larmes dévalent son visage sans un bruit. il ne sait toujours pas ce qui lui a traversé les esprits. il a été blessé, a également blessé et son insolence, sa jalousie, s’est emparée de son cœur. il ne se souvient même plus du faciès de l’inconnu quand les prunelles abyssales de son seul amour n’ont de cesse de le hanter.

regarde ce que tu as fait.

secoué de sanglots, humilié par tant de remords, il aimerait que tout soit terminé. pourtant, il se blâme, ne se permet pas d’hurler, ni de glisser dans cet état cotonneux qui croît lentement. ils se sont rencontrés adolescents, à quinze ans, et tout a été couru d’avance. les premiers sourires, les premiers rapprochements, les premiers baisers, les premières fois, concevoir le futur ensemble, aller à la même université, rester tous les deux à tout jamais. et puis il y a eu le dernier baiser, la dernière danse, la dernière dispute. ils étaient si beaux quand le ciel s’est effondré et que tout s’est brisé. la culpabilité, les regrets, le manque et la solitude ; les fléaux des conséquences jamais pensées.

tu peux avoir peur.

et quand, près de quatre années plus tard il observe ses poignets qui ne vont plus tarder à être gravés, il réussit tout doucement à sourire. il montre les dessins qu’il désire voir orner sa peau, la marquer à l’encre noire et observe par la fenêtre la fourmilière qui s’éveille. demain, il doit rendre son devoir, passer voir le directeur de l’université pour parler des bourses qui lui sont attribuées par le programme d’échange scolaire à l’étranger. derrière les murs du salon, il laisse sa tête reposer contre le dossier de la chaise, ses paupières se clore une seconde, ou deux. juste avant d’entendre le dermographe changer les traits grossiers en une œuvre plus belle. car leur histoire l’a toujours été.

je suis désolé.

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( more :: ) après le lycée, anan est resté chez lui durant un an. suite à cela, il a choisi de travailler l'année d'après pour gagner de l'argent et payer une partie de ses études. / en échange scolaire depuis la rentrée, anan a appris à parler l'anglais au cours de ces deux dernières années. l'audiovisuel n'est pas toujours aisé, mais ça lui plaît d'une force démesurée. / guichetier au cinéma quelques soirs par semaine et le weekend, anan est très volontaire et apprécie ne jamais être seul. / il parle souvent sur les réseaux sociaux avec ses parents qui restent très inquiets pour leur fils. anan adore envoyer des cadeaux pour eux et pour sa petite soeur d'à peine six ans. / il aime beaucoup les animaux mais n'en possède pas de peur de ne pas être assez responsable. / anan peut facilement s'effrayer mais il est aussi du genre à crier sans comprendre réellement ce qui se passe sur l'instant. / quand anan rit, il rit très fort. c'est naturel, ça surprend, c'est intense. / il possède deux tatouages, un à l'intérieur de chaque poignet : une lune et un soleil. / anan aime bien sortir, rencontrer du monde. plaire aussi, le temps d'un soir, retrouver une chaleur oubliée. / anan n'a pas bonne vue. il porte souvent des lentilles, parfois ses lunettes. / il est allergique aux piqûres d'abeille, cela l'a conduit à l'hôpital lorsqu'il était enfant. / anan a un grain de beauté particulièrement visible sur sa lèvre inférieure. / anan possède une caméra par laquelle il filme de nombreuses choses (humains, animaux, nature, objets, etc.). il rêve de créer son propre court-métrage.