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 fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)

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Message Sujet: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Jeu 19 Sep - 19:56


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( et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise )
ft. sid riley


m a i   2 0 1 9 . Silence de mort dans l’habitacle ; à croire qu’on enterre quelqu’un, aujourd’hui. Pourtant, assis côte-à-côte ils sont bien vivants Riley et Solal. Le gros sac à dos du garçon soigneusement enfermé dans le coffre du Uber, le chauffeur qui se sent obligé de parler par-dessus le doux ronronnement de la radio, malgré les réponses fermées du couple, malgré leur évident manque de volonté de converser. Il lui faudra bien dix minutes pour avorter la mission, le conducteur qui à son tour se mure dans le silence, laisse les deux amants face à leurs pensées.

Solal il repense à la semaine qui vient de s’écouler, cette même semaine qui a suivi sa prise de décision – celle de partir. Ses lettres de démission déposées chez Shake Shack et 7-eleven. Les clés de l’appartement rendues au propriétaire, les meubles bradés en urgence sur Craiglist, et ses vêtements, bouquins, bibelots empaquetés dans quelques cartons qu’il a laissé chez Riley. Bien sûr il a dû faire un tri, revendre nombre de livres, donner quelques trucs, pour ne pas trop encombrer le spacieux appartement de la jeune femme. Il récupérera tout cela à son retour, et ils verront alors ce qu’ils font. S’il ramène ces cartons dans un nouvel appartement ou s’ils sautent le pas et s’installent ensemble – ce qui ne ferait pas grande différence, cela dit, lorsqu’on sait qu’à la fin il passait plus de temps chez elle que chez lui. Une page qui se tourne, en tout cas, assurément ; le jeune homme qui ne sait rien de ce que deviendra sa vie à son retour, mais cela ne l’inquiète pas, il a pris goût à ce flou constant. Et des flashs, comme un film en vitesse accélérée qui se jouerait dans sa tête ; image de ces derniers jours qu’ils ont passé à profiter tant qu’ils pouvaient de la présence de l’autre lorsque Riley ne travaillait pas, des promenades dans la chaleur d’un été naissant, des heures à discuter étendus dans l’herbe des parcs, les nuits commencées devant Netflix et terminées l’attention bien ailleurs que vers l’écran.

Un soupir, discret, entre les lèvres de Solal. Et de petits coups d’œil tout aussi imperceptibles lancés en direction de sa petite amie. Sa petite amie dont il ne peut affronter le regard triste, l’air morne ; le visage sur lequel tout pousse à le faire rester. Tout plutôt que de la rendre malheureuse. Mais s’il reste c’est lui qui sera malheureux et il le sait, et ce genre de situation mène rarement à du bon. Il n’a pas envie de voir leur couple tourner en ce genre de relation gangrenée par les sacrifices et les non-dits, où à force de ne pas faire pour ne pas heurter l’autre, le poids des regrets se fait trop lourd à porter et une rancœur tacite se nourrit à l’égard de l’autre. Non, clairement, ils valent mieux que ça Riley et Solal. Alors il part car il en a envie, non sans peine cependant, car laisser Riley sur le macadam de l’aéroport lui brisera le cœur, et il le sait. Mais sans doute que c’est la meilleure chose à faire.

Les buildings qui défilent à mesure qu’ils progressent dans la ville, des ponts qu’ils traversent, symphonie de coups de klaxon lorsqu’un embouteillage commence à se dessiner. La vitre dont il détourne les yeux, le cœur lourd, imagine sans mal les idées qui doivent assaillir le cerveau de sa petite amie : probablement les mêmes que celles qui obstruent ses méninges, mais dans l’autre sens. L’excitation du voyage ternie par la douleur du départ. Car jamais il n’a dû laisser derrière lui une femme qu’il aimait comme ça, Solal. Jamais. Et sans doute qu’il sent dans le fond que toute cette histoire va mal finir, sans doute que c’est pour cette raison qu’il se sent si mal à l’aise avec sa décision de partir. Ils n’ont pas encore eu à faire face à l’épreuve de la distance, après tout.

La tête qu’il tourne pour de bon vers elle cette fois-ci, détaille son profil, ses cils où s’accrochent des fragments de mascara, son nez et sa petite bosse, ses lèvres pulpeuses ; se concentre de toutes ses forces pour ancrer ce visage dans son esprit, conscient qu’une fois loin d’elle, l’image s’estompera trop rapidement à son goût. Puis merde, c’est trop con de gaspiller ainsi leurs derniers instants ensemble, à coups de soupirs et de têtes d’enterrement. Il veut pas avoir de regrets derrière le hublot, Solal, alors du bout des doigts il vient lui donner une pichenette sur le menton, force un sourire :

- Eh bien alors ? Tu fais une de ces têtes… Tu sembles à peu près aussi contrariée que lorsque j’avais le malheur de t’appeler Daisy…

Il fait comme il peut pour détendre l’atmosphère Solal, s’efforce d’insuffler un semblant de vie au cœur du véhicule. Tout, plutôt que de passer les prochaines heures à se dévisager en chiens de faïence. Ses doigts qui viennent chercher ceux de Riley l’instant suivant, sa petite main qu’il prend dans la sienne, s’exclame en forçant un petit rire :

- Allez, on croirait que je pars pour l’armée, là… Je te l’ai dit, je ne pars pour pas très longtemps hein… C’est l’histoire de quelques semaines normalement, je suis persuadé que tu ne verras même pas le temps passer…

Parce qu’on se rassure comme on peut, il paraît, et plutôt que de parler du départ en long, en large et en travers il aime mieux parler de l’après. Faire des plans sur la comète, construire l’esquisse de quelque chose à quoi se raccrocher lorsqu’ils se manqueront trop, que le temps semblera s’écouler un peu trop lentement séparés l’un de l’autre.

- Que veux-tu qu’on fasse, lorsque je rentrerais ? Il faudra bien qu’on fête mon retour tonitruant dans ta vie d’une manière ou d’une autre, on peut sortir si tu veux, peut-être aller dans cette pizzeria que tu aimes tant ?

Spoiler:
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Message Sujet: Re: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Ven 20 Sep - 17:30


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( et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise )
ft. solal


Prunelles ambrée rivé vers la fenêtre, vers le ciel qui se fait particulièrement bleu aujourd’hui et les buildings qui passent à toute vitesse dans cet uber qui t’emmène tout droit vers l’enfer. Ton propre enfer. T’as le cœur lourd Riley, la gorge serrée et pourtant tu tais tes émotions pour ne pas faire culpabiliser ton petit-ami plus que de raison. Après tout, c’est son choix, sa décision de partir. Tu ne peux pas lui interdire de prendre ses clics et ses clacs et de vouloir voir autre chose que la petite ville dans laquelle tu vis. Tu le savais qu’il était comme ça Solal, tu le savais que c’était un vagabond, un putain de baroudeur. Tu le savais et pourtant t’as cru que tu pourrais le changer. T’as vraiment cru que toi tu serais l’exception, celle qui lui ferait prendre conscience qu’être sédentaire ce n’est pas la mort. T’aimerais le haïr le norvégien pour avoir pris cette décision si hâtive, t’aimerais lui cracher à la gueule que ce n’est qu’un con. Qu’il ne pourra pas toujours s’échapper à l’autre bout du monde, qu’un jour ça marchera plus et qu’il faudra qu’il se pose. Mais t’es en même temps contente pour lui, car tu le sais qu’il aime l’aventure, tu le savais qu’il n’en pouvait plus de cette ville, des petits boulots à la con qu’il faisait pour joindre les deux bouts depuis quelques temps. Tu peux pas lui en vouloir d’être lui. Tu l’as choisi, tu l’as aimé ainsi. Faut que t’assumes Riley. Puis ça ne veut pas dire que tout est fini. Enfin t’espère… L’idée de vivre sans Solal qui te tord l’estomac, non non faut que t’arrête d’y penser, c’est pas le moment, c’est pas ça le plan.

Une pichenette sur le menton et tu sursaute sur place, Solal Diable Pettersen qui t’attaque, te taquine. Tu tournes alors la tête vers lui, remarques son éternel sourire indolent sur le bout de ses lippes. Le palpitant qui s’affole, tes opalescences qui s’ancre dans le brun des siennes. Il va te manquer ce salaud, tu le sens jusque dans le fond de tes entrailles qu’il va t’arracher le cœur en montant dans cet avion. Mais faut tenir la face, tenir le coup. T’as pas envie qu’il ait comme dernier souvenir de toi celui d’une fille morose. Tu te ressaisis, lui souris. Tant pis si l’envie n’y ait pas, que t’as le cœur à la dérive et les larmes qui se font rapide. Faut le faire pour lui, qu’il parte le cœur léger et sereinement loin d’ici.

- J’te semble contrariée ? Je dois vraiment avoir mauvaise mine mais faut dire que ces derniers jours ont été plutôt intense, entre tes meubles à démonter, tes babioles à trier …  Tu m’as pas laissé une seule seconde pour me reposer Pettersen !

Que tu lui dis le sourire aux lèvres, ta main serrant un peu plus la sienne maintenant qu’elles sont liées. Les journées qui se sont faites longues – à rallonges pour certaines – ces derniers jours quand il a fallu vider l’appartement de ton petit-ami. Puis il y a eu les nuits qui se sont faite courte aussi. Les insomnies qui t’ont assaillie du moment que t’as appris qu’il allait partir. La peur de l’abandon qui t’a frappé de nouveau de plein fouet. Abandonné par ton père, abandonné par Nik, abandonné aujourd’hui par Solal. Tu t’es remise en question ces derniers temps, tu t’es demandé ce qui n’allait pas chez toi, ce qui pouvait bien pousser les hommes de ta vie à s’en aller. T’as obtenue aucune réponse à tes questions, tes vacarmes sonores. Puis tu te répètes que Solal ne te quitte pas, il va juste profiter du soleil de Cuba, des montagnes du Pérou et il verra pour la suite si il revient tout de suite, ou pas. Peut-être jamais aussi. Puis t’avais le choix Riley, il t’a proposé de partir avec lui, d’aller visiter ces nouveaux endroits, il voulait que tu viennes. Il te l’a demandé à plusieurs reprises de tout plaquer et de faire le tour de la planète à ses côtes. Juste pour refaire ta culture générale, qu’il a dit. Juste pour t’apprendre quelques petits trucs vue que tu n’as jamais rien vue d’autre que les Etats-Unis, Londres et Amsterdam et que c’est affligeant à ton âge. Mais tu peux pas Riley, t’es pas comme lui. T’es pas du genre à tout quitter sur un coup de tête, t’es de ceux qui réfléchissent trop pour ne serait-ce que choisir un plat au restaurant. T’es de ceux qui dès qu’ils sont biens quelques parts, ne veulent pas bouger de leur zone de confort. Puis t’as du boulot, tu viens de signé dans une agence de mannequinat réputé sur New-York, t’as plaqué ton job d’assistante. Tu peux pas tout abandonné alors que t’es si proche de ton but. Finalement, c’est peut-être toi qui l’abandonne à Solal car t’as pas les couilles de tout lâcher pour l’homme que t’aimes.

- Pas très longtemps hein ? Jusqu’à qu’une jolie péruvienne te tape dans l’œil et là le voyage va s’allonger ? Je préfère imaginer que ça va être interminable et être agréablement surprise hein...

Ta nature jalouse qui prend le dessus quand tu minaudes en lui disant ça, il a l’habitude Solal maintenant de tes films hollywoodien que tu te crées dans la caboche. C’est un classique de Riley Arriston de faire ça. Car t’as pas confiance en toi, t’as l’impression que t’es la fille la plus remplaçable au monde. Puis t’es tout ce que Solal n’aime pas chez une fille. Les mots qui depuis votre rencontre, vos conversations quand vous n’étiez que des rivaux au boulot qui te sont restés dans la tête. T’es bête, le temps est passé, de l’eau à couler – à flot – sous les ponts et pourtant t’es bloqué sur ce genre de détail. Alors t’imagine qu’il finira par tomber sur une fille semblable à lui, ses gouts et sa façon de voir la vie. Et toi tu finiras aux oubliettes, qu’un vieux souvenir de son périple américain. Et déjà tu tournes la tête de nouveau vers la fenêtre, comme si ça devient trop difficile pour toi de le regarder, comme si t’essaie de t’habituer à ne plus le voir car d’ici peu c’est ce qui va arriver. Mais il en a pas fini avec toi Solal, faut toujours qu’il ramène sa fraise le brun. Un maigre soupire à peine sorti de tes lèvres que déjà il te demande ce que tu souhaites faire pour son retour. Tu tournes ainsi de nouveau la tête vers lui, un sourcil s’arquant et un éclat de rire qui vient animer l’arrière de l’habitacle ; rendant le conducteur curieux, zieutant votre échange après une quinzaine de minutes dans le silence.

- Fêter ton retour ? Genre tu mérites ça ? T’es quand même celui qui s’en va c’est à toi de m’organiser une fête car … Bah car je suis Riley, je mérite au moins ça non ? Me revoir ça doit être le plus beau truc au monde hein, puis je supporte ce départ et je serais sage donc faut me faire une fête ouais !

Car faut contredire, faut toujours chercher la petite bête. En vrai t’es carrément ok pour aller dans cette petite pizzeria dans l’Est de Williamsburg mais faut pas le crier trop vite, faut pas lui donner la réponse qu’il attend trop rapidement sans quoi il a la tête qui enfle le norvégien.

- Ton avion est à quelle heure au fait ?

L’heure que tu te mets à zieuter sur ton téléphone portable que tu tiens dans ta main libre, le fond d’écran qui apparait, capte ton regard plutôt que l’horloge numérique, finalement. Solal et toi dans un photomaton, trois clichés différents et ayant pour point commun votre air rieur sur chacune des photos. Quand-est ce que vous prendrez une nouvelle photo de la sorte hein … ? Tu te le demande, t’en perds spontanément ton sourire. L’heure approche, l’aéroport apparait au loin dans le pare-brise central. La fête est bientôt finie.

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Message Sujet: Re: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Sam 21 Sep - 23:32


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( et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise )
ft. riley


Poupée morose, silence pesant et des idées noires émanant d’elle, son cœur qu’il devine lourd à ses côtés. Lourd comme le sien, comme écho à son myocarde, peut-être un peu plus car elle n’a pas la perspective du voyage pour se consoler, peut-être un peu moins car elle n’a pas le poids de la culpabilité du départ. Il l’ignore, ne peut déjouer les pièges de son cerveau pour s’immiscer dans son esprit et accéder à la moindre de ses pensées, deviner ce qui agite ses méninges hyperactives. Alors pour tenter de l’arracher à ce marasme il prend la parole Solal, sa voix aux inflexions particulières, léger accent d’Europe du Nord à jamais présent dans son timbre, lorsqu’il l’invite à lui montrer un joli sourire plutôt que cette tête d’enterrement. Car la vie est trop courte, leur temps trop compté pour le gaspiller ainsi, chacun muré dans son mutisme, et lorsqu’elle lui répond que ces derniers jours ont été des plus intenses, un sourire en coin, déjà plus naturel, qui s’étire :

- Est-ce que je t’ai jamais laissé te reposer, de toute manière ?

La réponse est non, bien évidemment, depuis qu’ils se connaissent il ne lui laisse pas le moindre répit Solal, d’abord par ses blagues trop méchantes et trop nombreuses, ensuite par leurs réunions à répétition sous les draps, au creux de ses bras. L’éphèbe insatiable, passionné, avec lui c’est tout ou rien, lorsqu’il aime il ne compte plus et elle est bien placée pour le savoir, Riley. Et bien évidemment que là, plus que des choses mises en place pour son départ il parle surtout de leurs nuits écourtées par leurs ébats, tendresse au creux du cœur, au creux des reins, les amants conscients que d’ici peu la sensation de la peau brûlante de l’autre contre la sienne ne serait plus qu’un lointain souvenir. Le contact qu’il recherche, encore maintenant, avide de la sentir entre ses doigts, la sirène enchanteresse qui l’a si bien attirée dans ses filets qu’aujourd’hui il est devenu accro, ne sait pas bien comment il va faire pour ne plus la voir, la sentir, prégnante sous ses doigts, chaque jour que Dieu fait. Alors il se rassasie de sa présence tant qu’il peut sans jamais y parvenir, comme un voyageur perdu en plein désert dont la soif ne sera jamais pleinement étanchée.

- Tu es toujours d’un optimisme frappant Arriston, je te reconnais bien là… De la même manière que la confiance que tu places en moi me fait toujours chaud au cœur.

La voix teintée de sarcasme en la voyant reprendre ses moues et battements de cils trop innocents pour être honnêtes, la voix d’imbécile heureuse qu’elle adopte, comme chaque fois qu’elle émet des soupçons quant à sa fidélité. Quand ce n’est pas avec sa collègue du fast-food qu’elle s’imagine qu’il va la tromper c’est avec cette passante qui a eu pour lui un regard un peu trop appuyé, ou pire encore, avec des chimères comme cette péruvienne qu’il ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Et il en joue Solal, rebondit sur ce qu’elle dit parce qu’il n’y a bien que cela à faire dans ce genre de situation, que lui assurer encore et encore qu’il ne lui préfèrera personne ne changera pas sa vision des choses, il a bien fini par le comprendre.

- Mais du coup parles-moi un peu plus de cette jolie péruvienne je te prie, tu as su piquer ma curiosité, là ! Comment est-elle ? Est-elle gentille, agréable ? Elle doit être fichtrement intéressante pour que je me penche sur elle comme tu le devines… Tu penses que je vais rester plus longtemps avec elle qu’avec Juanita ?

Et sans doute qu’il ferait mieux de se taire Solal, que plutôt que de jouer avec les limites de sa petite amie pour lui montrer que sa jalousie, en plus d’être infondée, ne mène à rien, il ferait mieux de faire profil bas ; mais il est comme ça le garçon, bien trop chiant, à toujours pousser les autres dans leurs retranchements, incapable de se taire lorsqu’il le faudrait. Mais il n’est pas encore assez stupide pour ne pas saisir qu’il est peut-être allé trop loin – après coup –, alors en voyant sa petite amie se détourner de lui il tire un peu sur sa main, tente de la pousser à revenir un peu vers lui malgré l’entrave des ceintures de sécurité. Pas plus qu’il ne souhaite voir leurs dernières heures se passer dans une tristesse accablante il ne souhaite les passer à se faire la tête, se déchirer pour des bêtises dites des deux côtés.

- Eh… Ne commences pas Riley, tu sais très bien qu’il n’y avait pas une once de sérieux dans ces mots… Expliques-moi un peu ce que je ferais avec toi si je t’aimais assez peu pour t’oublier face à la première péruvienne venue, hein ?

Un petit sourire, et le bas de son visage qu’il vient coincer entre ses doigts, pince sa bouche pour l’embêter un peu, s’efforcer de la dérider. Son amour qu’il est bien forcé de lui rappeler à doses régulières, sans quoi elle semble l’oublier, et déjà il lui demande ce qu’elle souhaite faire pour célébrer son retour. Aller au cinéma voir une rediffusion d’un film avec DiCaprio (sic), partager sa pizza préférée, il est même prêt à faire le déplacement jusqu’en Floride si elle souhaite voir Disney World. Le garçon prêt à se plier en quatre pour elle, toujours, pour dessiner un sourire sur ses lèvres et faire oublier la douleur de l’absence, rattraper le temps qu’ils auront perdu séparés loin de l’autre. Mais au lieu de voir le charme de son attention, Riley elle ne trouve rien de mieux à faire que de s’écrier qu’il ne mérite clairement pas que l’on célèbre son retour. Des paroles qui font se hausser les sourcils du Norvégien, les yeux qui clignent face à tant d’audace et l’injustice de ses propos.

- Mais bien évidemment que je mérite que l’on fasse quelque chose pour célébrer mon retour ! Je veux dire, je suis Solal Pettersen, je te rappelle ! Je sais pertinemment que New York cessera de vivre, retiendra son souffle jusqu’à ce que j’y remette un pied. Et si tu suivais un peu mieux ce que je te raconte tu aurais saisi que je propose de faire quelque chose qui te fait plaisir, tout de même…

Sa petite tête blonde qu’il vient tapoter de son poing fermé, l’air de dire « réfléchis un peu, tout de même ! », ajoute :

- Alors ? La pizzeria ? Quoi d’autre sinon, pour ravir sa seigneurie Riley Arriston ?

Sourire en coin, la taquinerie bien trop facile sur la langue du Norvégien mais le sérieux qui revient lorsqu’elle lui demande à quelle heure il doit décoller. Des paroles d’un pragmatisme brut qui ne font que souligner l’imminence du départ, lui rappeler que bientôt, il s’envolera à des milliers de kilomètres de sa petite amie. Ça pique, le palpitant qui s’écrase dans sa poitrine à cette simple pensée mais il n’en montre rien, se contente de lui répondre :

- A seize heures. Cela nous laisse un peu de temps.

Le temps d’enregistrer son bagage et de peut-être partager un pot, un goûter, n’importe quoi avant de devoir passer les contrôles de sécurité, quoi. Mais c’est mieux que rien, il a appris à se satisfaire de ce qu’il a Solal donc ça va. La vie devient tout de suite un peu plus aisément acceptable lorsque l’on prend conscience que les choses pourraient être pires.

- Et toi, alors ? Que vas-tu faire du reste de ton après-midi ? Tu as une séance photo, une amie à voir ?


Il aimerait se dire qu’elle voit quelqu’un, Solal. Espère de tout cœur qu’elle ne va pas se contenter de rentrer chez elle une fois l’avion parti, vivre sa plus belle déprime, seule entre les murs de son appartement. Ça le tranquilliserait de se dire qu’elle a prévu de voir ses amis, vraiment, qu’elle ne reste pas seule pour cette fin de journée. Car ils ont beau jouer la comédie, il sait pertinemment qu’elle n’envisage pas mieux ce départ que lui.
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Message Sujet: Re: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Dim 22 Sep - 21:14


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( et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise )
ft. solal


Question qui se veut rhétorique, pas de réponse attendue apparemment. Tu le vois dans l’éclat de ses yeux, dans sa façon de te regarder qui est si parlante, si frappante. C’est l’effet du couteau papillon dans le ventre. Il n’a pas faux le norvégien dans la parole qu’il prêche, depuis que vous vous connaissez t’as pas été souvent ménagé, t’as jamais eu le temps de donner des vacances à ton cœur. Y’a d’abord eu fatigue morale de devoir le supporter chaque jour au travail, Solal. Tandis qu’il te lançait des piques acérés, se pensait au-dessus de tout – de toi –  tout le temps. Il y a eu la fatigue des nuits brûlantes que vous avez partagées aussi, le sexe tout sauf vanille par moment. Les coups de reins aiguisés entre tes cuisses pour ne former plus qu’un le temps d’une nuit – ou plusieurs avec le temps – ; les dents qui s’entrechoquent par la violence – la passion – de chaque baisés échangés. Et le derme marqué, seule preuve tangible que tout ceci est bien réel, que c’est pas un rêve ce que vous vivez. Solal qui te fatigue lorsqu’il pense sincèrement avoir raison pour tout, Solal qui te fatigue lorsqu’il commence à détailler tous les ingrédients « chimique » de ta pizza surgelé. Solal qui te fatigue pour mille et une raisons différente finalement quand on y pense, Solal que t’as appris à aimer comme il est, Solal qui va vraiment te manquer lorsqu’il se sera envolé vers d’autres contrées.

- Ouais c’est pas faux … J’ai oublié le concept du repos depuis que je suis avec toi…

Que tu lâches malgré tout pour le faire sourire. Puis maintenant qu’il part, t’auras tout le temps pour te reposer Riley. Enfin… T’aimerais penser sincèrement comme ça, t’aimerais te dire que maintenant t’auras plus à supporter chaque petite chose agaçante de sa personne mais c’est pas vrai. Tu préfères souffler cent fois face à ses remarques, son petit air de monsieur-je-sais-tout que de vivre sans lui. Mais va falloir faire avec, c’est que l’histoire de quelques semaines, un mois ou deux. Puis pour le moment il est là, donc t’en profite. Amène sa grande main jusqu’à tes lèvres, y dépose un baiser, puis deux, un autre et encore un autre pour recouvrir chacune de ses phalanges. Des actes qui parlent plus que les mots. Toi toute façon tu ne gères pas les mots, le dialogue et les grandes déclarations. C’est pas ton fort. Une énième fois tu prends la parole pour dire des conneries plus grosse que toi durant ta myriade. Tu dépeins à Solal le futur d’une manière peu optimiste, il le fait remarquer et tu souris tandis que sa main cache encore le bas de ton visage pour le dernier baiser que tu déposes contre ses doigts. C’est vrai que t’es pas bien encourageante Riley, t’as toujours le chic pour imaginer le pire. En l’occurrence, tu t’imagines que Solal ne reviendra jamais et qu’il retrouvera l’amour chez une petite Péruvienne des montagnes avec un poncho en poil d’alpaga. T’ouvre la bouche pour lui faire part de ce détail mais le brun te coupe, s’intéresse lui aussi d’avantage à cette fameuse fille que tu lui as décrit brièvement il y a quelques seconde. T’arque alors un sourcil, écoute le diable se faire ses propres films sur cette fille des montagnes. Il t’agace, tu ne dis rien, tu te contentes de l’écouter dire ses merdes jusqu’à qu’il ne dise la phrase de trop.Il te demande sérieusement ses pronostics sur son temps de relation avec cette fille-là ? Tu vois rouge, noir. T’arrache ta main d’entre ses doigts, te colle à ta portière tout en marmonnant à son attention :

- Et même plus longtemps qu’avec moi. De toute façon j’dois même pas faire le poids face à ton ex la brésilienne hein.


Tu boudes pour rien, t’es irritable à souhait. La fatigue et l’angoisse qui font rarement bon ménage. Tu te rends compte du ridicule de la situation tout de suite après avoir fait ta petite crise, t’essaie même pas de tenir tête lorsqu’il revient vers toi, tente de t’attirer vers lui tout en te disant que c’était des conneries, que faut pas prendre à cœur ce qui semblait être pour lui une boutade. Ouais tu le sais tout ça, tu le sais mais t’es comme ça. Tu te rapproches alors de lui, vient passer ton bras autour du sien et lui répond en haussant des épaules :

- J’sais pas ce que tu fais avec moi, j’l’ai jamais compris… Mais ne cherche pas à comprendre toi non plus, c’est bien comme ça, très bien même !


Tu relèves alors la tête, vient déposer un baiser contre ses lèvres. Et déjà, une nouvelle conversation se fait entendre dans l’habitacle. Vous jouez à qui sera le plus narcissique de vous deux. Solal qui gagne haut la main la battle. Faut dire que c’est bien trouvé de dire que New York arrêtera de respiré pendant son voyage. Tu t’inclines, t’en rajoute pas. Puis en soi c’est vrai, il te propose aussi – surtout – de faire quelque chose qui te plait, alors t’as le choix il t’énumère une seconde fois les options possibles, tout pour tes beaux yeux. Et tu sais exactement ce que tu veux qu’il fasse.

- Viens juste à la maison, tu cherches même pas à faire autre chose Solal ok ? Tu viens direct me voir. J’veux que ça, promis.

Pas besoin de pizza, pas besoin qu’il déroule un tapis rouge pour toi. Tu veux juste sa présence, le serrer tout contre toi. C’est la seule chose qui t’importera lorsqu’il reviendra. Mais tu préfères ne pas trop penser à son retour, c’est loin. Bien trop loin, vous n’avez même pas un ordre d’idée du temps que va prendre son voyage. Il sait pas si il reviendra dans quatre semaines ou bien deux mois. Pour le moment faut penser au départ, d’après ce qu’il te dit c’est dans à peu près deux heures, peut-être deux heures trente à tout péter qu’il s’envolera. Tu réprimes un soupire, hoche de la tête pour ne pas passer pour la rabat-joie de service.

- Oui c’est cool, on pourra se poser quelque part si l’enregistrement ne prend pas trop de temps…

Prendre un dernier café ensemble, vous partager une part de cheesecake car t’adores bouffer dans son assiette. Des moments du quotidien que vous ferez pour la dernière fois avant qu’il ne revienne. L’aéroport qui d’ailleurs, commence à se dessiner au loin. Vous vous approchez, plus qu’une dizaine de minutes à tout casser et vous y serez. Un blanc dans la discussion, l’atmosphère qui se fait lourde à nouveau. Le chauffeur qui vous jette un coin d’œil trop peu discrètement à ton gout. Puis Solal qui fait de son mieux pour que la conversation continue, encore et encore. Quand il te demande ton programme de fin d’après-midi tu ne sais pas quoi lui répondre au brun. Tu sais pas, tu sais pas ce que tu vas bien pouvoir faire plus tard. T’as pas de travail, t’as pas prévu de voir des amis. Le temps du chemin inverse pour retourner sur Manhattan surement qu’il sera un peu plus de dix-sept heures, puis tu sais déjà que tu seras accablé, triste et frustrée de ne plus avoir ton petit-ami à tes côtés.

Tu pourrais lui dire à Solal que tu vas voir tes meilleurs amis, que tu vas te faire plaisir en allant faire du shopping. Mais t’en a juste marre de faire semblant, tu fais que ça depuis qu’il t’a annoncé qu’il allait partir. Alors cette fois-ci, t’enlève le masque, t’arrête de faire ta mascarade et tu réponds le plus sincèrement possible :

- Je vais juste rentrer et dormir, j’suis fatigué et j’ai pas spécialement envie de déprimer mon entourage.


T’es fatigué de tout, de ta vie, de ta malchance en grande partie, d’avoir le cœur encore et toujours tiraillé par l’envie de suivre Solal à l’autre bout du monde. Le cœur qui dit oui, enfuis toi avec lui et la raison qui dit non, reste ici et accomplie ton rêve que tu touches presque du bout des doigts. Et cette fois, personne ne trouve à redire. Cette fois, le silence reprend sa place de maitre et le peu de route qui reste à faire jusqu’à l’aéroport se fait dans un silence de mort. T’es désolé d’avoir pourri l’ambiance, mais fallait que ça sorte. Tu seras malheureuse comme les pierres ce soir et c’est pas de voir des gens qui changera la donne.

Voiture qui s’arrête bien assez rapidement à ton grand malheur. Tu paies le conducteur tandis que Solal sort de l’habitacle et s’occupe de récupérer ses bagages dans le coffre. Un sourire poli mais triste que t’adresse à votre chauffeur et que celui te rend. Il sait, il a surement bien compris que ta relation avec Solal allait connaitre son premier coup  dur aujourd’hui. Des couples comme le vôtre, surement qu’il en a vue mille, surement qu’il sait à l’avance comment ce genre de relation finis. Mais t’évite son regard, t’attrape ton sac, sort du véhicule et regarde l’entrée de l’aéroport avec la boule au ventre.

- Je déteste cet endroit… à chaque fois que j’y vais j’ai l’impression d’y arriver ou de partir le cœur brisé …

Et pourtant y’a pas le choix, ni une ni deux vous enclenchez la première et vous vous dirigez vers les grandes portes. Le monde qui se bouscule, se précipite dans le hall. C’est anxiogène, plutôt que de regarder les gens tu cherches du regard les grands panneaux où sont affichés les départs et arrivés. Pas de retard sur le vol de Solal, bien évidemment. Ça serait trop demandé que juste aujourd’hui les vols soient annulés, en retard d’un milliard d’heure pour que vous puissiez gagner du temps.

- Bon, bon … Pas de retard, on va t’enregistrer ?  

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Message Sujet: Re: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Lun 23 Sep - 22:20


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ft. riley


Jalousie, ton nom est bien trop joli… Oui, mais les palabres que tu fais prononcer à Riley sont d’un ridicule consommé, accusations infondées lorsqu’elle prétend qu’à peine arrivé en Amérique latine, il l’oubliera pour une jeune femme aux accents exotiques. Si ridicules qu’il ne peut se retenir d’entrer dans son jeu, seulement pour lui montrer combien elle a tort de penser ainsi, c’est avec un peu trop de facilité qu’il lui demande de lui parler de cette belle péruvienne, s’interroge quant à la longévité de la relation qu’elle leur prête. Plus ou moins longue qu’avec la brésilienne qu’il fréquentait juste avant de partir pour New York ? La question de trop, Riley qui lâche froidement que cela durera même plus longtemps qu’avec elle, arrache sa main à ses doigts puissants. Et voilà… Ils y sont, un cruel manque de confiance en elle qu’elle exprime lorsqu’elle déclare ne pas faire le poids face à la fameuse Juanita, un petit soupir qu’il laisse échapper en entendant de telles bêtises. Parce que si elle savait, Riley… Si elle savait que sa relation avec elle et avec la Brésilienne sont si différentes qu’elles en deviennent carrément pas comparables, si elle savait qu’elle, il n’a eu aucun mal à la quitter à l’aube de l’année 2018, lorsque cet après-midi il a le cœur enserré par la douleur, regrette son départ avant même d’être parti. Parce qu’il l’aime, Riley, là où cette fille elle lui plaisait juste, sans plus. Et ça le tue qu’elle soit pas foutue de comprendre ça.

- Bien sûr, c’est l’évidence même que tu ne fais pas le poids face à elle… Ce n’est pas comme si par un curieux mécanisme que je ne m’explique même pas, ta personnalité me plaît tellement que j’ai fini par t’aimer alors que les choses ont si mal commencé entre nous. Ce n’est pas comme si tu me manquais si j’ai le malheur de ne pas te voir le temps d’une journée, là où je n’ai eu aucun mal à monter dans l’avion pour quitter le Brésil. Ce n’est pas comme si tu étais mannequin en plus de cela, et tellement belle et douée à cela qu’un jour ta tête sera placardée sur les panneaux immenses de Times Squares.

D’aucuns le traiteraient de canard pour avoir osé dire cela, son ami Nathan le premier. Mais cela lui passe au-dessus de la tête à Solal, ce n’est pas une grande première qu’il n’a que faire de ce que l’on peut bien penser de lui, de ce qu’il fait. Sa petite amie ne se voit pas telle qu’il la voit et ça, ça lui importe. De cela il se sent responsable, a le sentiment qu’il lui incombe de changer le regard qu’elle porte sur elle-même. Alors il se plie et se pliera toujours en quatre dans ce sens, quoi qu’il en coûte. Mais cela ne suffit pas, bien évidemment, lorsque Riley Arriston a décidé de faire la tête il devient bien plus difficile de rentrer dans ses bonnes grâces, que cela ne l’a été de la froisser. Le jeune homme qui se voit bien obligé de souligner le fait qu’il ne faisait que plaisanter, ne voulant pas voir cette poignée d’heures tourner au désastre par sa seule faute. Ses doigts qui se referment alors sur les siens, le bas de son visage qu’il vient pincer pour lui arracher un sourire, des efforts qui paient puisqu’elle finit par passer un bras autour du sien, le soulagement qui allège un peu son cœur en voyant qu’il est parvenu à tout faire rentrer en ordre. Comme si rien ne s'était passé. La jolie blonde qui avoue n’avoir jamais compris ce qu’il fait avec elle, ajoute qu’il vaut mieux qu’il ne cherche pas à comprendre lui non plus, un éclat de rire arraché par ces mots.

- Pour tout te dire, cela fait un bout de temps que j’ai cessé de me torturer l’esprit avec cette question… Mais tu sais, ce n’est pas parce que je viendrais à me repencher dessus que j’aurais subitement envie de te quitter, prenant tout d’un coup conscience que nous n’avons rien à faire ensemble, ou je ne sais ce que tu t’imagines encore ! Je sais que l’on est bien l’un pour l’autre, que l’on se fait du bien. Ne te tracasses pas avec ces histoires.

Imagination trop fertile entre les méninges de sa petite amie, il le sait, et ses lèvres à la rencontre des siennes, rapide baiser en gage de bonne foi. La boussole de la conversation qui oscille déjà, car parler d’éventuelle rupture depuis tout à l’heure n’est pas des plus réjouissants, des plus rassurants. Il aime mieux se figurer un avenir plus radieux Solal, lui demande ce qu’elle aimerait faire pour célébrer son retour. Comme toujours avec Riley c’est compliqué, il faut passer par mille et un chemins alambiqués pour espérer lui tirer les vers du nez, mais elle finit par cracher seulement souhaiter qu’il se rende chez elle, au plus vite. Et ça le fait sourire Solal, car comme toujours il s’imaginait devoir en faire des caisses pour la satisfaire, lorsqu’elle voulait seulement le minimum ; qu’il leur aura fallu s’égarer un peu avant qu’elle ne se décide à lui avouer cela.

- Tout ça pour ça, hein… Mais dans ce cas je viendrais directement te voir, je te le promets.

De toute façon il ne veut que ça Solal, la revoir. Il sait déjà que cette seule pensée l’obsédera à son retour à New York, obsédera à l’autre bout du monde. La revoir, et rien d’autre. Le reste passera après. Et lorsqu’elle lui demande quand il doit partir il lui donne l’heure, sourit lorsqu’elle répond qu’ils pourront se poser dans un coin en attendant l’heure limite du contrôle de sécurité.

- Je suis persuadé que tu t’imagines déjà ce que tu vas bien pouvoir me voler, que ce soit dans mon verre ou dans mon assiette…

Car il la connaît Riley, l’Anglaise qui souvent se retrouve à manger davantage dans son assiette à lui que dans la sienne, le pousse immanquablement à déclarer que c’est là une preuve qu’il a de meilleurs goûts qu’elle, puisqu’elle finit toujours par préférer son plat ; on ne le changera pas, Solal. Et son attention qu’il reporte sur le pare-brise, fragments de paysage entre les appuie-têtes, les bâtiments trop longs, trop grands, de l’aéroport. Les bâtiments qui s’imposent, comme l’appréhension dans son cœur lorsqu’il pense à ce qu’ils impliquent. Au départ prochain. Son corps qu’il faudra serrer fort, si fort contre le sien. Pour lui insuffler toute sa force. Pour n’en rien oublier, le plus tard possible. Des fois que plus jamais il ne puisse la toucher. Seulement l’effleurer. Sait-on jamais. La boule dans la gorge et les larmes dans les yeux. Il veut pas, Solal. D’un coup il veut plus. Mais c’est trop tard pour se défiler, et il sait de toute façon que bien trop vite son quotidien le rattraperait s’il restait, à tourner comme un lion en cage dans les rues de Manhattan. Et ça le tient coi un moment, coupe le flot de paroles jusqu’à ce qu’il ne revienne à lui, prenne conscience du silence étouffant dans l’habitacle. Déglutit, se racle la gorge. Arrache enfin son regard à cet aéroport qui se rapproche lentement – non, trop vite pour lui – chaque fois que le trafic se fluidifie un peu. La regarde plutôt elle, oui, Riley Ô combien plus intéressante que ce bête bâtiment de béton et de verre, lui demande son programme pour cette fin de journée. Souhaiterait qu’elle se change les idées, continue de vivre comme si rien ne s’était passé. Oui, par pitié, que ce départ ne change rien pour elle. Mais sa réponse, seulement là pour l’accabler un peu plus. L’espoir qui vole en éclats. Bien évidemment que tout va changer et il le sait. Elle a raison Riley, ça sert à rien de se voiler la face. Ce ne sont pas ses meilleurs espoirs qui annuleront la peine qu’il lui inflige en partant.

Et en attendant il sait pas quoi répondre.

Alors il se contente de lui reprendre la main, la serre toujours un peu plus fort à mesure que l’aéroport se rapproche, les prunelles rivées sur les grands bâtiments ; une légère secousse lorsque le taxi s’arrête, il salue le chauffeur et va récupérer son gros sac à dos et le plus petit, pour la cabine, dans le coffre du véhicule. Sa petite amie qu’il remercie alors d’avoir payé la course, cela le gêne un peu mais en même temps il ne va pas faire semblant, cela l’arrangeait bien, lorsque l’on part ainsi à l’étranger pour une durée indéterminée le moindre centime devient important. Et Riley qui confie détester les aéroports, Solal qui se force à rappeler de bons souvenirs, des souvenirs communs dans le but de lui changer les idées :

- Tu n’avais pourtant pas l’air si malheureuse lorsque l’on est parti pour Amsterdam… Simplement en retard.

Regard complice, ce jour-là ils s’étaient chamaillés – pour changer – quant à ce fameux retard, chacun prétendant que c’était l’autre qui s’était pointé à la bourre, que c’était l’autre qui s’était trompé de lieu de rendez-vous. Cela commence à faire longtemps, déjà cinq mois, cinq mois cela peut sembler peu et pourtant tout a changé, depuis lors. Absolument tout. Son gros sac à dos qu’il cale sur ses épaules, prend le plus petit à la main, les deux jeunes gens qui commencent d’abord par aller s’assurer que l’avion partira bien à l’heure, regardent à quelle porte il doit aller enregistrer son bagage. Et la tête qu’il hoche lorsqu’elle propose justement d’aller faire cela, prend sa petite main dans la sienne pour se diriger jusqu’à la bonne porte.

- J’espère que l’avion ne va pas avoir de souci une fois dans les airs… On ne sait jamais, avec ces compagnies low-cost…

Les sourcils qu’il hausse, l’air de dire « oh là là », une tentative comme une autre de plaisanter un peu, changer les idées de sa petite amie. Pas sûr que ce soit la meilleure solution en ce sens, mais bon… La vérité c’est qu’il a pris le billet le moins cher de la compagnie la moins chère, une habitude pour lui dès lors qu’il doit voyager à ses frais. Alors en réalité, il ne se fait pas plus de souci que cela ; des avions comme cela il en a déjà pris des dizaines, et il ne lui est jamais rien arrivé de fondamentalement grave. Il leur faut marcher un peu, car JFK est un aéroport un peu trop grand, mais ils finissent néanmoins par atteindre le bon hall, puis le bon poste d’enregistrement. Quelques dizaines de personnes devant eux dans la file, ils se mettent donc dans la queue Riley et Solal, le garçon qui se tourne alors vers sa petite amie, tente toujours de combler le silence :

- Oh, mais ne fais pas cette tête... Bien sûr que l'avion ne va pas s'écraser, le pire qui puisse m'arriver c'est de devoir faire le voyage debout... Car oui, il paraît qu'ils projettent de retirer les sièges des avions low-cost... Une aberration, je te jure.

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Message Sujet: Re: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Mar 24 Sep - 22:53


fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) 1558099085-icon-41 fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) OOr9Kb5S_o fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) VBDVHe2T_o

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Il t’aime Solal, il t’aime et te le dit à chaque fois que tu te remets en question. Il t’aime mais il part quand même, c’est un peu contradictoire mais tu ne le souligne pas. T’as déjà l’impression de toujours casser l’ambiance alors tu te mets un peu des barrières. Ces dernières heures sont celles qu’il gardera en tête et tu préfères qu’il ait l’image d’une jolie petite-amie toute guillerette que l’inverse. Alors tu te tais, serre sa main et fixe tout ce qui compose le paysage qui défile derrière les fenêtres. Un New-York que tu ne découvres – presque – plus, que tu connais par cœur maintenant. Le temps qui a filé trop rapidement à ton gout. Déjà quatre ans que t’es installé dans cette ville qui ne dort jamais. Dans ce continent sur lequel tu n’avais jamais posé les pieds auparavant. Qui aurait cru que tu resterais aussi longtemps ici ? Qui aurait cru que la petite anglaise de dix-neuf ans et demi s’y ferait à cette nouvelle vie ? Pas toi. Ça c’est clair que tu n’y croyais pas. Tu pensais que tu retournerais très vite à Londres, que la grisaille et l’accent des gens là-bas finirait par trop te manquer pour que tu ne rentres pas chez toi. Mais finalement t’es bien ici, t’es certes rattaché à ton pays natale mais c’est ici à New-York qu’est ta vie, ton travail et tu te sens mal d’aimer autant ta ville d’adoption, tu te sens mal de ne pas pouvoir quitter ton nouveau cocon pour découvrir le monde avec Solal. Aujourd’hui, t’aurais aimé ne pas être autant attaché à cette ville pour pouvoir tout lâcher et t’en aller avec lui. T’aurais aimé qu’il aime New-York autant que toi t’aimes cette putain de ville.

Alors tu te triture le cerveau, essaie de trouver une solution avant qu’il soit l’heure du décollage, avant que vous arriviez devant l’entrée de l’aéroport. Tu fais des colonnes pour et contre ce voyage improvisé, suivre celui que t’aimes de pays en pays sans savoir quand ce voyage prendra fin. Ainsi, tu t’énumères :

Partir sans valise : contre
Mettre un plan foireux à toutes les marques avec qui t’as programmé des shootings : contre
Laisser ton appartement à l’abandon et payer des loyers bêtement jusqu’à ton retour : contre
Rester avec Solal coute que coute : pour

Une seule raison valable pour tout plaquer contre des dizaines qui te hurlent de faire le contraire, c’est irresponsable de tout lâcher pour un garçon. L’ancienne Riley surement qu’elle aurait choisi de suivre son petit-ami et tant pis pour son propre avenir. Mais maintenant, tu t’en sens pas capable, t’as trop été déçu par ton amour de jeunesse pour réitérer l’expérience. Solal qui ainsi récolte les pots cassés. La pédale de frein enfoncé et vous voilà arrivés. Tu soupires, pas sereine de ton choix mais tu dis rien, suit ton petit-ami jusqu’à l’intérieur de l’aéroport en soupirant, rappelant ô combien tu n’aimes pas cet endroit-là. T’as l’impression que c’est toujours pour le pire qu’on s’y retrouve. Mais bien évidemment faut que Solal te contredise, l’exemple qu’il donne clairement pertinent mais t’as du répondant, t’as des contre-arguments du feu de dieu toi aussi. Ainsi tu lui réponds :

- Naaan j’avoue, c’est vrai qu’Amsterdam j’ai adoré l’aller même si on a failli ne jamais embarquer par ta faute hein, ne me met pas la faute dessus car c’est toi t’as pas suivi les indications qu’on s’était fixé ! Mais bref, j’ai moins aimé le retour, j’me sentais pas très bien par ta faute encore. Et est-ce qu’on en parle du retour du voyage à Las Vegas ? En fait t’es vraiment la cause de tous mes malheurs Pettersen !

Le beau brun que tu pousses à bout de bras tout en riant, tu te permets d’en ricaner maintenant mais à l’époque des événements dont vous parlez, t’étais pas dans cette optique du tout. Les heures d’avion entre Las Vegas et New York tu les as passés en larme car tu ne savais pas comment annuler ce putain de mariage à la con ; le retour d’Amsterdam t’étais perdu et complètement ravagé par cette montée de sentiment que t’avais ressenti pour ton collègue de bureau de l’époque. Il a toujours foutu le bordel dans ta tête, dans ton cœur. Il a toujours suscité des réactions fortes.

- Mais la prochaine fois que je viendrais peut être ça sera pour venir te chercher et tu me feras changer d’avis, je dirais que venir à JFK c’est que des moments de joie ?

Sa main que t’attrape, le tendre sourire sur le visage en lui disant ça. Tu l’emmène alors jusqu’à ces grands panneaux où toutes les destinations d’arrivés et de départ sont affichés. T’es un brin plus rapide que Solal et trouve son vol la première, lui dit qu’il n’y a pas de retard, tout a l’air d’aller pour le moment. Et si d’habitude t’es la dramatique du couple, celle qui s’imagine des scénarios rocambolesques pour pas grand-chose. à ton grand étonnement c’est Solal qui prend ce rôle, Solal qui se met à craindre ces compagnies d’air-line. Solal qui t’ajoute une bonne couche de stress en te parlant de catastrophe. A sa tête, tu sais qu’il en fait des tonnes, qu’il dit ça pour rire. Mais toi, t’es pas sereine. C’est pas quelque chose avec laquelle on rit. Ça arrive trop souvent ces trucs pour ne pas le craindre.

- Dit pas des conneries Solal, c’est même pas drole sérieux. Ne commence pas à me faire peur sinon j’te laisserais pas partir !

Toi aussi t’en fais des tonnes, lui fait tes gros yeux de chat tout mignon tout en passant une main dans tes cheveux. Peut-être qu’il faudrait que tu fasses réellement ça pour qu’il reste. Mais déjà il est l’heure de se diriger vers le poste d’enregistrement, le brouhaha qui vous empêche de discuter tout de suite alors c’est silencieusement que vous allez rejoindre la queue. T’envie ces gens qui vont partir, t’envie ces couples qui devant vous rient et se bécotent sans penser une seule seconde à ceux qui vont devoir se quitter ici. Tu les hais, tu fais ta rageuse. Si tes yeux étaient des éclairs t’aurais surement tués du regard ces couples niais.

- Hm … ?

Que tu lâches trop rapidement après avoir entendu la voix de Solal, le temps d’analyser ce qu’il vient de dire à l’instant. Il croit que tu tires une tête de six pieds de long car t’as peur à cause de cette histoire d’avion qui tombe en miette en plein vol. Ça te fait sourire, tu bouges nonchalamment la tête de gauche à droite et dit :

- Mais non, j’sais que tu vas être assis dans un siège trop petit, que tu ne seras pas où mettre tes jambes des heures durant, j’sais que t’arrivera sain et sauf. Juste je regardais ces couples là … Ils puent la joie et la bonne humeur, ça se voit qu’ils n’ont pas de problème. Ils m’agacent.


Tu le sais que vous avez surement été ce couple niais pour d’autres, tu sais qu’en soi, ils font rien de grave ces badauds. Mais juste aujourd’hui, t’es fatigué, triste de voir ton petit-ami s’en aller. T’es juste pas habitué à ne pas voir Solal tous les jours. Et si tu pensais que ça prendrait cent ans rien que cette étape, il n’en est rien. Le tour de Solal arrive bien assez tot. Tu le laisse ainsi faire, le regarde au loin enregistrer ses bagages, récupérer sa carte d’embarquement. Le fameux sésame. Les choses se concrétisent et t’as le cœur qui se compresse dans ta cage thoracique. Il te fait une grande bouffée d’air pour calmer ta crise d’angoisse. Aller il vous reste un peu plus d’une heure et demi. Faut que tu tu tiennes le coup, que tu ne montres pas à Solal que t’en prend un coup. Quand il se tourne vers toi avec ses papiers en main tu lui souris, lui tend la main pour aller en direction du premier starbuck, café ou qu’importe où il veut aller endroit pour se poser.

- Alors ? T’es excité ? Tu dois embarquer dans combien ? Une heure même pas ?

Tu l’obliges à s’arrêter de marcher, attrape ses deux mains et le regarde droit dans les yeux. Ses yeux plissé couleur chocolat, cette bouche pulpeuse que t’as eu tant de fois envie d’arracher pour lui enlever son fameux sourire en coin de pure salaud ou bien, quand il parlait trop à ton gout. La vieille époque, quand tu le détestais encore. Cette même bouche que tu viens embrasser maintenant. Vous n’êtes pas à deux minutes près après tout.

- Moi aussi j’voulais que les gens nous trouvent mignons, qu’ils se disent qu’on est niais et chiant !

Que tu dis contre ses lèvres avant de te reculer, récupérer sa main et chercher du regard dans les environs un café pour passer vos derniers moments ensemble.

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Message Sujet: Re: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Mer 25 Sep - 23:44


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Solal, cause de tous les malheurs de la blonde. Une façon plutôt juste de résumer les choses, et pourtant il aimerait lui rétorquer qu’aujourd’hui c’est elle qui se fait cause de ses malheurs. C’est elle qui lui brise le cœur en refusant de le suivre à la découverte du monde, c’est elle qui fait s’effondrer l’un des piliers de leur relation, plaçant leur histoire en équilibre incertain. Mais il reste coi. Car il serait injuste de la blâmer pour cela, que de toute manière il n’est pas du genre à ne pas assumer ses torts. Elle aussi a sa propre vie à vivre, sans lui, manifestement, mais cela ne fait rien car dans un mois ou deux ils se retrouveront, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? Le jeune homme qui se laisse mollement pousser sa petite amie, la gorge nouée, l’écoute évoquer le fait que la prochaine fois qu’elle mettra les pieds ici, ce sera peut-être la joie au cœur à l’idée de le revoir. Son pouce qui vient doucement caresser le dos de sa main, légère tension sur son bras pour l’amener un peu plus près de lui, un sourire qu’il lui rend en miroir.

- Je l’espère, oui.

Et j’espère que la fois encore après on y ira ensemble, pour partir à l’aventure ensemble. Histoire que cet aéroport devienne vraiment, pleinement lieu de joie. Il n’en dit rien, de crainte de la culpabiliser. Sait-on jamais, elle regrette peut-être déjà de ne pas l’accompagner aujourd’hui. Les panneaux d’affichage bien vite rejoints, sa petite amie, plus vive – comme si lui rechignait à faire les démarches devant précéder son départ, qu’il agissait à la vitesse d’une limace d’un inconscient volontaire – qui lui donne toutes les informations dont il a besoin. De petits doutes qu’il émet alors quant à la fiabilité de la compagnie qu’il a choisie, en fait des caisses pour pas grand-chose, clairement, mais comme d’habitude Riley ne trouve pas cela drôle et se permet de le lui faire remarquer. Les gros yeux qu’elle lui fait en rétorquant que s’il continue elle ne le laissera pas partir, serait-ce réellement un mal, en soi ?

- Mais non, il ne faut pas prendre peur pour si peu enfin… On croirait que c’est toi qui doit monter dans cet avion. Tu préfères que je te dise quoi ? Que comme c’est une compagnie low-cost, avec un peu de chance l’avion affichera deux heures de retard ?

Sourire en coin, sourire taquin. Il le sait que dans les faits, les choses seraient bien différentes. Que s’il devait vraiment avoir un retard pas encore annoncé, il ne le serait jamais, qu’il l’apprendrait seulement une fois monté dans l’avion et que ce serait donc seulement frustrant pour eux deux. Il se voit déjà passer une demi-heure, une heure dans l’engin toujours au sol, à se dire que ce temps il aurait pu le passer avec Riley peut-être encore là à quelques centaines de mètres. Non, décidément ce plan de retard n’est pas des plus attractifs, et l’un des postes d’enregistrement des bagages qu’ils finissent par rejoindre, une queue à première vue interminable à laquelle ils viennent alors se greffer. Prunelles sombres qui viennent se poser sur le visage de sa petite amie, étudier sa mine sombre, ses traits tendus ; et Solal il se sent obligé de lui rappeler qu’il plaisantait seulement, un peu plus tôt avec cette histoire de crash, que le pire pouvant lui arriver serait de voyager debout – pas le plus confortable ni le plus sûr, mais il y a pire dans la vie, comme le fait de s’écraser, par exemple. Un petit rictus qui se dessine en l’écoutant lui dresser ce portrait si peu glorieux de son voyage prochain, l’air qui se fait un peu moins rieur tout d’un coup à l’entente de ses plaintes, coup d’œil rapide en direction des couples amoureux qui les entourent.

- Tu as l’art de me donner envie de monter dans cet avion… Et oui, je comprends mais… Il faut te dire qu’un jour on fera aussi partie de cette catégorie de couples, nous aussi. Les « couples sans problèmes », quand cette fois-ci c’est ensemble que l’on partira.

Un petit sourire plein d’espoir, et pourtant cela ne dépend pas vraiment de lui et il le sait. Car organiser des voyages, il sait faire et il le fait, d’ailleurs. C’est Riley qui refuse de venir avec lui, et si cette situation doit se faire systématique, ils ne sont pas prêts de devenir l’un de ces couples qui, plutôt que de se quitter en larmes dans le hall de l’aéroport, embarque main dans la main dans le gros engin. Mais ces doutes, il les garde pour lui. Car il veut être plus optimiste que cela, Solal.

- Et puis, tu sais… Sans vouloir être mauvaise langue, nous ne savons rien en réalité de la vie de ces couples. Tu dis qu’ils n’ont pas de problèmes mais qu’est-ce qui te l’assure ? Ce n’est pas parce que pendant les trente secondes où tu les vois ils ont l’air heureux qu’il n’y a pas de soucis majeurs dans leur couple, que l’un n’a pas trompé l’autre et le lui cache toujours, qu’ils ne se disputent pas une fois tous les deux jours, ou je ne sais quelle chose plus grave. Quand tu considères les choses sous ce prisme, qui est vraiment le plus mal loti ici ?

Des paroles qu’il lui glisse à l’oreille, s’étant penché vers elle ; d’accord, c’est mal de s’appuyer sur les autres pour se mettre en avant et il le sait, mais si cela peut remonter un peu le moral de sa petite amie, la pousser à voir les choses de manière un brin moins dramatique, alors cela vaut le coup. A cent pour cents. Et déjà son tour arrive, les papiers demandés qu’il présente pour pouvoir confier son plus gros sac aux bons soins de la compagnie aérienne, repart le dos plus léger. Son sac à dos format cabine qui vient alors prendre la place du précédent sur ses épaules, ses deux mains enfin libres lorsqu’il va retrouver sa petite amie à l’entrée des files d’enregistrement. Sourire pas bien naturel sur les lèvres de la jeune femme, pourtant il fait mine de rien, à court de palabres réconfortantes. Parfois y a juste rien à dire et faut qu’il l’apprenne, ça, parfois la situation est juste sans issue, chacun étant trop campé sur ses décisions, pour qu’aucuns mots ne puissent y changer quoi que ce soit. Sa petite main qu’il saisit plutôt dans la sienne, hoche la tête à l’entente de ses questions.

- Oui, ça va être chouette, j’ai hâte de découvrir plus en profondeur l’Amérique Latine ! Et oui, on a encore… Cinquante minutes devant nous, à peu près.

Il sourit, Solal, mais les personnes ayant assisté à ses départs précédents sauraient que l’excitation qu’il feint à moitié aujourd’hui n’a rien à voir avec celle qu’il aurait en temps normal. Le jeune homme qui joue clairement avec le feu en donnant le diagnostic de cinquante minutes, c’est vraiment limite mais… qui va dire bip, il aime mieux être un peu en retard mais pouvoir grappiller quelques instants de plus aux côtés de sa petite amie qu’il ne reverra plus avant un bout de temps. Et suivant l’impulsion de la jolie blonde il s’arrête à ses côtés, la laisse s’emparer de ses mains ; et lorsqu’elle vient l’embrasser ses doigts dont il se dégage pour plutôt venir poser ses mains dans son dos, la serrer fort, si fort contre lui alors que leurs lèvres s’étreignent. Les contacts dont il s’abreuve car il sait que ce seront les derniers, et lorsqu’elle se détache doucement de lui il arque un sourcil, sourire en coin, l’air de demander « c’était pour quoi, ça ? », un petit éclat de rire à l’entente de ses explications.

- Tu tiens à te faire pulvériser sur place par une fille dans notre situation, ou quoi ? Cela se voit que tu n’as pas vu le regard que tu leurs lançais un peu plus tôt…

Car elle fait peur Riley quand elle regarde les gens comme ça, vraiment, le couple qui se remet alors en marche, décide sans tarder d’aller se poser dans un Colombus Café installé non loin de là. Les vitrines dont ils s’approchent pour regarder ce qu’ils proposent à grignoter, la tête qu’il ne tarde pas à relever vers Riley :

- Je suppose que cela ira plus vite si tu me dis d’emblée ce que tu veux manger et inversement, qu’on sache chacun quoi commander…

Car ils piquent tellement dans l’assiette l’un de l’autre – lui plus en réaction au fait qu’elle le fasse qu’autre chose – qu’ils feraient tout aussi bien de commander ce que l’autre va manger, puisqu’il va finir par picorer toutes les deux minutes dans son assiette. Et y a un peu de queue devant eux, alors il se permet de lâcher :

- Pfiouh, j’espère qu’ils ne vont pas perdre mon bagage… Cela m’est arrivé une fois, alors que je partais pour Rome. Tu sais où ils avaient expédié mon sac ? Dans un avion pour Osaka, je ne te raconte même pas l’histoire que ça a été pour le récupérer…
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Message Sujet: Re: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Jeu 26 Sep - 22:52


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( et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise )
ft. solal

Bah franchement… Tu ne serais pas contre si l’avion à deux heures de retard. Peut-être qu’avec un peu de chance Solal n’aurait pas encore passé les portes d’embarquement et vous resteriez assis sur les bancs en fer de l’aéroport à rire, regarder les gens pressé se bousculer dans le hall pendant ce long moment. Puis après ça, le vol serait carrément annulé et vous finiriez par décider qu’il vaut mieux rentrer à la maison, que c’est peut-être mieux pour – ton – le bien de tout le monde d’abandonner cette idée de voyage à l’autre bout du continent.  Un rêve, l’apogée de toutes tes attentes. Mais c’est impossible, ton karma est bien trop pourri pour que les choses se passent ainsi. Non, toi t’as juste le droit de regarder les couples amoureux se bécoter et ricaner en attendant leur tour. Tu peux pas t’en empêcher tu regardes méchamment, exaspérée. T’en viens même à souffler quand un éclat de rire se fait entendre, interpellant Solal. Tu te sens bien bête lorsque tu dois lui expliquer que tu rages à cause de ces couples trop heureux, trop amoureux à ton gout aujourd’hui. Tu sais bien que vous aussi un jour vous ferez partie de ces gens-là, qu’un jour on vous considérera comme le couple envié mais en attendant, vous vous quittez aujourd’hui pour un temps indéterminé. T’aimerais bien l’ajouter tout ceci, pour confirmer que t’es légitime à ce moment de rage mais déjà il reprend la parole le beau diable. Te dit que ce n’est qu’une façade, qu’on ne peut pas juger le bonheur d’un couple sur un seul instant de vie aperçu. Tu roules des yeux, minaudes tandis qu’il te dit que peut-être en réalité ce couple va très mal, que l’un des deux à tromper l’autre et que vous êtes potentiellement mieux loti qu’eux finalement. Il a pas tort - comme trop souvent - mais tu préfères nier que lui avouer qu'il a surement raison c'est faussement peu convaincue que tu dis :

- Mouais… T’as raison, aller file.

Que tu lâches en le poussant gentiment vers les agents qui s’impatientent en voyant leur prochain usager prendre tout son temps pour susurrer ils ne savent quoi à l’oreille de sa petite amie. Tu te recules alors, fixe la scène d’un air dépité, le cœur se serrant un peu plus à chaque instant. Les choses qui se concrétisent. Il va partir Solal et t’as absolument pas la main sur les choses, sur le futur qui te semble soudainement si brouillon. Mais comme faut pas se montrer accabler dès qu’il se tourne Solal t’adopte une attitude sereine, un trop grand sourire prenant place sur ton faciès de poupée brisée. Tu souris en l’écoutant te dire qu’il a hâte de découvrir l’Amérique latine. Tu peux le comprendre qu’il soit enjoué à l’idée de découvrir le monde. Il a toujours été fan d’aventure le brun, toujours été attiré par la moindre escapade pour s’éloigner du quotidien. Un simple voyage à Los Angeles et il était heureux Solal.  Heureux de découvrir des endroits qu’il ne connaissait pas, heureux de pouvoir marquer dans l’un de ces innombrables petits carnets les adresses qu’il pourrait refiler à ses amis les baroudeurs.

- Bon c’est cool, aller ne perdons pas une seconde si il nous reste moins d’une heure !

Les doigts qui s’emmêlent, s’entrelacent. Les pas qui se font précipiter dans le hall de cet aérodrome pour trouver un petit coin à se partager pour les cinquante dernières minutes que vous aurez en face à face. La fougue qui te pousse en plein chemin à lui donner ce putain de baiser cinéma, le cœur battant à tout rompre et les lèvres s’accordant aux siennes à la perfection. C’est doux, poignant. Y’a un brin de désespoir aussi. Une envie de montrer au monde entier que vous vous aimez, que c’est pas qu’une histoire de quelques mois, qui prendra fin dès que l’avion décollera. Tu l’aimes Solal, ça a pris du temps mais tu l’aimes vraiment. Tu sais pas à qui tu veux le prouver, aux gens autour de vous, à toi. À lui, surtout. Lui qui va partir, lui que tu ne suivras pas aujourd’hui mais ce n’est que partie remise.

Et tu ris, tu ris en entendant Solal te demandait si tu souhaites vraiment te faire tuer par une fille désespéré, aussi saoulée que tu l’étais un peu plus tot dans la file d’attente tout à l’heure en vous voyant des amoureux se donner en spectacle. T’hausse les épaules, te remet à marcher et lâche l’air de rien, désinvolte au possible comme toujours :

- Tant pis si je me prends des regards de travers, il me reste que quarante-cinq minutes pour profiter de toi, faut bien que j’embrasse mon petit-ami hein !

Pas de temps à perdre, vous voilà de nouveau en route vers le café le plus proche du hall d’embarcation d’où dépend Solal. Le choix qui s’arrête sur un Colombus café à défaut d’un Starbucks. Tu te fais pas prier pour entrer à l’intérieur, regarde la vitrine des snacking sur la pointe des pieds tant il y a du monde devant vous. Comme si il lisait dans tes pensées, Solal te demande déjà ce que tu souhaites prendre. Non, rectification. Il te demande ce que tu souhaites manger, comme si il souhaitait désamorcer à l’avance ton rituel qu’est celui de picorer dans son assiette. Mais t’es plus chiante que ça Riley, t’es un vrai petit diable et t’hésite pas à prendre ta moue de petite fille hésitante pour jouer le jeu.

- Je sais vraiment pas … Toi t’as une idée déjà … ?

Juste pour prendre la température, voir vers quoi il se dirige, si ça te plait ou pas. Puis, si tu peux lui soumettre une petite idée histoire d’avoir deux desserts qui te plaisent c’est encore mieux. Mais qu’il ne compte même pas sur toi pour que tu dévoiles tes plans. Hors de question, on ne change pas une équipe qui gagne. De toute façon, t’as pas encore une vue impérial sur ce qui est proposé, toi comme toujours faut que tu choisisses à la dernière minute, lorsque la vendeuse demande la commande et que Solal a passé la sienne. Tu passes toujours en dernière, prends deux minutes à te décider comme si il s’agissait d’un choix de vie ou de mort. T’aimes pas ça, t’aime pas faire patienter et c’est bien pour ça que t’essaie de voir à l’avance ce qui est proposé. Ecoute Solal que d’une oreille un peu distraite, t’entends que ça parle de valise perdu, de Rome et d’envoi à … Hein quoi ? Tu tournes la tête vers lui, sourcil froncé tout de même choqué de ce qu’il vient de dire.

- Hein ?! Pardon où ça ??? À Osaka genre le Japon ?? Mais c’est quoi ce genre d’erreur ? Du coup t’as fait quoi ? J’imagine même pas l’angoisse de perdre toutes ces affaires …

Toi si ça t’arrive un truc pareil surement qu’avec ton caractère tu te mettrais à pleurer toutes les larmes de ton corps, perdrait ton sang-froid et mettrait une énième fois la faute sur ta mauvaise chance, ta mauvaise étoile qui te suit depuis toujours, entache ta vie de problème pareil.

- Tu faisais comment pour te changer du coup ? T’as vécu tout nu durant des jours ? Intéressant...


Jouer les imbéciles, battre des cils comme une idiote tu sais faire. T’es même super forte à ça, assez pour te faire passer pour une imbécile des milliers de fois aux yeux de Solal durant les premiers mois après votre rencontre. Maintenant c’est plus un running gag entre vous, une boutade sur la durée. Le beau brun qui n’hésite pas à te tapoter la tête comme si t’étais l’idiote du village et qu’il était le beau prince qui t’apprends chaque jour un peu plus de chose sur la vie. Ton diable qui va te manquer, ton beau norvégien que tu viens encercler de tes deux – maigrelet – bras, ta tête se collant contre son torse en soupirant, une énième fois.

- Dans l’assiette de qui je vais picorer après moi … ? T’as même pas pensé à ça en décidant de partir…

Puis qui va penser à te rappeler que t’as oublié tes clés avant de quitter l’appartement ? Qui va te rappeler que t’es une fille superbe et que tu peux réussir dans tout ce que t’entreprends ? Qui va t’emmener voir des expositions d’arts sur des artistes dont tu ne connais même pas le nom ? Qui va combler son manque ? Qui sera là pour te réconforter ; t'aimer ? Qui ?

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Message Sujet: Re: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Sam 28 Sep - 19:51


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( et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise )
ft. riley


Tendre étreinte dans les allées bondées de l’aéroport, ses lèvres un peu trop près de son oreille lorsqu’il lui susurre qu’à se comporter ainsi, elle risque fort de s’attirer les foudres des âmes en peine des alentours. Mais on parle de Riley, là, et la jeune femme qui s’éloigne comme si elle faisait fi de toute cette histoire, rétorque que s’il ne leur reste que quarante-cinq minutes à passer ensemble, elle a bien l’intention de les employer à bon escient. Et il aimerait lui rétorquer que si cela ne tenait qu’à lui il emploierait ces trois quarts d’heure d’une manière encore plus plaisante, mais cela manque un peu charme, puis en réalité, même s’il sait que son corps et leurs étreintes lui manqueront à l’autre bout du continent, c’est surtout sa personnalité, les bêtises qu’elle peut raconter pour le faire rire et leurs conversations toujours plus animées qu'il regrettera le plus. Alors tant qu’à faire, autant passer ces derniers instants en tête-à-tête, prendre le temps de se dire ce qu’ils ont à se dire avant le grand départ. Solal devenu un peu parano sur ce sujet-là, depuis qu’il n’a pu dire au revoir à son frère il craint toujours de ne pas pouvoir prendre le temps de faire ses au revoir, ses adieux aux personnes qu’il estime.

- Tu me fais donc passer avant l’image que tu peux renvoyer aux autres… Vraiment, tu me flattes, là, Riley…

Sourire en coin sur ces mots, il la taquine Solal, petite pique innocente bien trop tentante lorsque l’on connaît l’importance que la jeune femme accorde au regard des autres – suffisamment pour manquer cruellement de confiance en elle, en tout cas. Les deux jeunes gens qui finissent par se diriger vers l’établissement le plus proche, à savoir un Columbus Café, prennent place dans la file d’attente, le regard qui déjà s’égare vers les vitrines réfrigérées. Et Solal il lui demande ce qu’elle aimerait manger, car simplement lui demander ce qu’elle va commander est bien inutile lorsque l’on connaît Riley Arriston et sa propension à piquer comme une mouette dans l’assiette de l’autre. Réponse qu’elle refuse de lui donner, garde jalousement pour elle en esquissant une petite moue incertaine. Et il voit très bien ce qu’elle fait Solal, devine qu’en réalité elle a une idée plus précise qu’elle ne veut bien l’avouer de ce qu’elle souhaite commander, tout ce cinéma qui le fait sourire, le pousse à lui répondre, mimant sa moue d’hésitation :

- Je sais vraiment pas…

Car ils sont forts pour ça, Riley et Solal, imiter l’autre jusqu’à l’excès, tout faire pour le prendre à son propre piège ; que si elle n’a pas l’intention de lui révéler ses plans, il n’y a pas de raison que lui le fasse. Le regard du brun qui s’égare plutôt sur les personnes alentours, les gens qui, comme lui, s’apprêtent à prendre le départ ; ce qui s’apparente à un groupe d’amis, un autre couple et un père de famille accompagné de ses deux petits garçons. Maigre file d’attente qui les précède, c’est moins impressionnant que cela en a l’air lorsque l’on considère le fait qu’il faudra seulement le temps de prendre trois commandes avant que n’arrive leur tour. Mais il leur faut quand même attendre un minimum, alors Solal il reprend la parole, raconte à Riley cette fois où sa compagnie aérienne a réussi à égarer son bagage à des milliers de kilomètres de sa destination. Une anecdote qui fait son petit effet, la jeune femme qui cesse de se contorsionner en tous sens pour tenter de discerner le contenu de la vitrine, braque plutôt sur lui ses prunelles, lui demandant de répéter car elle ne semble pas avoir très bien entendu ; un sourire en coin lorsqu’il lui répond :

- Eh bien non voyons, Osaka en Chine, révise ta géographie Riley ! Mais oui, je ne te cache pas que mon arrivée à Rome n’a pas été de tout repos, du coup… Entre les heures que j’ai dû passer à faire le pied de grue à l’aéroport et mes premiers jours de tourisme avec le minimum syndical… Heureusement, ils ont réussi à récupérer mon sac et à le renvoyer à Rome, mais je ne te cache pas que l’attente ne s’est pas faite sans stress.

Car sur ce coup-là, même l’insouciant Solal s’est fait du souci ; le budget plus que limité pour ce voyage, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est parti si près, le séjour qu’il a même failli annuler tant il était juste question finances. Mais il est allé, finalement, par amour du risque, une décision qu’il a instantanément regretté lorsqu’il a compris ce qu’il était arrivé à ses affaires. Car bien sûr ce n’est jamais lorsque l’on débute un voyage confortable, sans difficulté financière majeure que nous arrive une telle mésaventure. Non, c’est toujours quand on est ric-rac qu’arrivent les problèmes, ce serait trop beau sinon. C’est aussi pour cette raison qu’il ne s’est pas amusé à aller acheter de nouveaux vêtements pour se changer en attendant le retour de son bagage ; le Norvégien qui, le temps de quelques jours, a dû faire seulement avec son petit sac à dos cabine et sa chambre d’hôtel. Mais les palabres de Riley qui chassent loin, bien loin ces mauvais souvenirs ; petite amie tendancieuse qui ne se gêne pas pour lui demander comment il a fait pour se débrouiller sans bagages, s’il s’est donc promené en tenue d’Adam dans les rues de la cité italienne des jours durant. Un éclat de rire qui lui échappe, Solal qui entre volontiers dans le jeu de « Riley l’imbécile » ; on ne se refait pas.

- Tu aurais aimé voir cela, hein… Mais non, navré de te décevoir mais il faut que je t’explique un concept très en vogue dans notre société : on n’a malheureusement pas le droit de se promener dans le plus simple appareil en dehors du domaine privé. Alors tu comprends, si je m’étais risqué à faire cela, ç’aurait été m’exposer à me faire arrêter pour exhibition… Ce qui n’est pas réellement la manière idéale de débuter un séjour, tu en conviendras, je crois que c’est même encore pire que de perdre son bagage. Donc non, j’ai simplement dû garder les mêmes vêtements jusqu’à ce que je récupère mon sac… Je n’avais pas trente-six solutions.

Un ton très paternaliste, supérieur à en mourir tout le long de cette tirade, et sa petite tête blonde qu’il vient lui tapoter comme s’il venait là de lui apprendre la vie. Le personnage qu’il quitte pourtant bien trop aisément lorsque, sur ces derniers mots, il se contente d’un petit haussement d’épaules, l’Anglaise qui déjà s’approche pour l’étreindre. Sa tête qu’il sent venir s’appuyer contre son torse, un bisou déposé sur le haut de son crâne avant de lui répondre, taquin :

- Mais si, pour qui me prends-tu ? Bien évidemment que j’ai pensé à tout, j’ai demandé à Tazmin de te garder jusqu’à mon retour ! Tu es entre de bonnes mains, ne t’inquiètes pas, je suis même sûr qu’elle te laissera plus que moi chaparder dans son assiette !

Riley dont il parle comme d’un enfant ou d’un mignon petit animal de compagnie à faire garder pendant son absence, juste pour l’embêter, l’agacer toujours un peu plus avant son départ – peut-être le voir partir sera-t-il plus facile pour elle s’il a un peu trop joué avec ses nerfs à son goût. Toute façon la vérité c’est qu’il l’estime bien plus que cela Solal, malgré le nombre incalculable de fois où il peut la traiter comme une imbécile ou quoi que ce soit du genre, et elle le sait. Simple jeu entre eux, comme lorsqu’elle le charrie sur la façon qu’il a d’étaler sa culture comme de la confiture, sur sa manière de parler. Et enfin leur tour arrive, un sourire aimable qu’il adresse à la serveuse lorsqu’elle leur demande ce qu’ils souhaitent commander, jette un coup d’œil à sa petite amie pour la laisser commander en premier… mais non, sans surprise la jeune femme semble en proie à un débat intérieur sans merci, aussi il prend la parole :

- Je prendrais une part de tarte au citron meringuée avec un thé glacé, s’il vous plaît. Et toi, Riley… ?

Regard curieux soudain braqué sur elle, y a bien quelques instants qui s’écoulent avant qu’enfin la jolie blonde ne tranche sur un goûter. L’employée qui dispose leur commande sur un plateau pendant que Solal règle le tout, et les deux jeunes gens qui s’éloignent déjà vers une table libre, les gâteaux et boissons que Solal dépose devant eux.

- Tu ne m’as même pas dit… Quels sont tes prochains contrats ? Du Chanel et du Dior à l’horizon… ?

Il lui a littéralement sorti les deux seules marques de mode féminine qu’il connaisse, Solal – étant déjà plus doué lorsque l’on s’intéresse au style de ces messieurs. Mais au moins il essaie. Fait des efforts pour s’intéresser à cette carrière qui le fait grincer des dents, mais qu’il sait pourtant si chère à sa petite amie.
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Message Sujet: Re: fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley)   fb/ et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise (riley) Empty Dim 29 Sep - 23:59


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( et dans ses iris, le reflet d'un arc-en-ciel noir se brise )
ft. solal

Osaka en Chine ? T’arques un sourcil, fixe ton petit-ami en cherchant à lire dans ses opalescences si il est en train de te charrier ou non. T’étais quasi certaine qu’Osaka ça se situait sur le pays du soleil levant. T’es si nulle que ça en géographie ? Peut-être bien, tu ne sais pas. Il te donne pas d’indice ce salopard. Tant pis, tu t’en fiche, c’est pas le plus important en soi dans toute cette histoire. Tu te concentre plutôt sur son histoire, drôle de storytime qu’il te raconte là, Solal. Une mésaventure que tu n’avais jamais encore entendu et pourtant dieu seul sait ô combien le norvégien est un moulin à parole, ne manque pas de raconter sa vie en long en large et en travers dès qu’il prend un peu la confiance. D’ailleurs toi, t’en a mis du temps à l’avoir sa confiance. Des mois, quasi une année peut-être pour apprendre quelques bribes de sa vie. A la base, t’étais même pas au courant qu’il avait tant de frères et sœurs, certainement pas qu’il avait perdu un frère dans un accident de voiture il y a de ça quelques années. Et des fois, tu t’imagines tout savoir. Des fois, tu crois avoir fait le tour de sa drôle de vie, avoir tout entendu, le connaitre comme ta poche et voilà qu’il t’étonne de nouveau. Trouve une nouvelle chose à te raconter tandis que toi, t’as l’impression d’avoir déjà tout dit.

- Dit m’en plus …

La file qui avance, un pas qui se fait en avant automatiquement tandis que t’es suspendues aux lèvres de ton petit-ami qui continue ainsi son histoire. Te rappelle qu’il n’a pas pu trainer tout nu en Italie car c’est tout bonnement interdit d’être dans son plus simple appareil sur les voies publiques. Est-ce que tu le savais ? Oui. Est-ce que tu préfères tout de même imaginer Solal tout nu ? Carrément. L’idée qui te fait sourire, d’autant plus quand t’imagines Solal dans une pièce barricadé. Les menottes aux poignets. Il te vend presque un fantasme là et tu te mordille la lèvre, le regarde avec cette lueur charnel dans le fond des prunelles. Jusqu’à qu’il n’ajoute qu’il a dû garder les mêmes vêtements des jours durant. Là, ça vend du moins rêve, tu te mordille toujours la lèvre mais pas pour les même raison. Plus pour ne pas éclater de rire devant lui, ne pas te moquer de la situation de galérien de ton petit-ami.

- T’aurais pu t’acheter un jean et un t-shirt tout de même … Qu’est-ce que t’es rat des fois …

Que tu dis pour l’embêter, tandis que lui, vient tapoter le dessus de ta tête. Encore et toujours cette envie de taquiner, emmerder l’autre. Mais tu te rends vite compte que le temps passe à une allure folle, que t’as peut-être pas envie d’être chieuse pour ces derniers instants ensemble. Un brin bipolaire, tu viens te coller à lui, t’accroche à son sweat tandis que ta tête vient cogner son torse dur comme de la pierre. Le bruit étouffé des battements de son cœur que t’entends sous l’épaisse couche de vêtement, tout contre ta joue, contre ton oreille. Tu te demandes si tout comme toi lui aussi il a mal au cœur Solal, si son palpitant est au bord de l’explosion, se contracte quand il pense qu’il vous reste quelque chose comme une demi-heure. Est-ce que comme toi il compte les minutes ? Regarde de temps à autre discrètement son smartphone pour voir le temps filer à vitesse grand V. T’espère pas, tu préfères t’imaginer qu’il est plus serein que toi. D’ailleurs, il te console le beau brun te dit avoir pensé à tout, jusqu’à te confier à Tazmin pour les mois à venir pour combler son absence.

- Mais c’est moins drôle dans les assiettes des autres, enfin…. Ça ne m’intéresse même pas, c’est la tienne que je veux. C’est pas la même saveur ailleurs…

Tu fais ton bébé, boudine la bouche en cœur pour te faire remarquer. Le conflit qui finit par se régler par un baiser échangés et la voix de la serveuse derrière les vitrines qui vous demande qu’elle sera votre commande. Comme toujours Solal commande le premier et t’apprends par la même occasion sur quoi son choix s’est porté. Mouais, t’es pas convaincu. T’aime bien mais sans plus, va falloir que tu te rattrape avec ton propre choix du coup et c’est après quelques instant d’hésitation que tu finis par demander :

- Un thé glacé citron vert et un muffin au nutella s’il-vous-plait !

Un agréable sourire que t’adresse à la serveuse. Un brin de compassion pour celle qui doit en avoir marre de servir des gens à la pelle, sans relâche tout en devant garder un sourire sur le visage même devant ceux qui – comme toi – prennent leur temps pour choisir ce qu’ils veulent. Juste le temps pour Solal de payer votre commande et à la jeune fille de tout poser sur un plateau et vous voilà déjà à la recherche d’une place libre, une petite table sur laquelle vous jetez votre dévolu. A peine installé, tu prends ce qui t’appartient sur le plateau, ouvre l’emballage de ta paille que tu plantes dans ta boisson et écoute Solal te demander tes prochains projets professionnel. Ça te fait sourire quand il te sort avec tout son sérieux des marques comme Dior et Chanel.

Si seulement t’avais ce genre de contrat… T’aimerais bien toi bosser avec des marques pareil mais pour le moment t’es pas dans la haute couture. T’es dans le milieu de gamme, le prêt à porter et la fast fashion. Il parait que des grands couturiers s’intéresse à ton profil mais pour le moment t’as juste entendu des « on dit » rien de bien sérieux. T’hausse alors les épaules, répond franchement à ton petit-ami :

- Non pas de Dior ni de Chanel pour le moment, je dois faire une nouvelle campagne pour la collection de l’été de Tommy Hilfiger et Calvin Klein mais rien d’autre pour le moment. Tu sais les grosses marque du groupe LVMH ils bossent qu’avec des grands noms et j’en suis loin, très loin !


T’en ris mais tu te demandes si un jour t’arrivera aussi loin dans ta carrière, si t’atteindra ce genre de marque malgré les quelques centimètres qui te manque, malgré cette cicatrice qui ne s’effacera jamais sur ta cuisse. Tu préfères ne pas trop te plonger dans ce sujet, trop déprimant, trop peu d’espoir à placer dans un avenir aussi brillant. T’as jamais été promise à un tel futur, c’est pas à ton image d’avoir autant de chance.

- Aussi Solal… Je voulais te dire que si j’avais pas ce train de vie actuelle, que je n’avais pas qu’une seule chance pour réussir dans la mode, j’serais parti avec toi aujourd’hui….

Les prunelles qui s’abaissent tristement, prunelles ambrées qui se posent sur le liquide infusé au citron dans son récipient transparent. Le cœur qui se fait un brin plus léger de lui avouer ça bien que ça soit peut-être encore plus triste finalement. Tu ne le suis pas car tu sais que si t’abandonne tout maintenant ta place sera prise par une fille plus jolie, plus talentueuse que toi. Et tu te sens horrible de faire ce choix là, de sacrifier des moments avec celui que t’aime pour une carrière qui peut-être ne ménera à rien. Mais tu veux en avoir le cœur net ; ne pas mettre la faute sur Solal si un jour tout s’arrête.

- Je tenais à te le dire car j’ai pas envie que tu partes en te demandant pourquoi je suis pas venu, je veux pas que tu t’imagines que je t’aime pas assez, car ça serait faux et jusqu’à maintenant j’ai encore envie de te suivre tellement je t'aime et pas envie de te voir partir ...

Mais c’est pas aussi facile. Puis peut-être que ça l’est, oui ? Tu sais pas ce que t’attends en lui confiant tout ceci… Peut-être qu’il te propose une énième fois de venir ? T’en sais rien, tu délires et tu finis par dire :

- Faudrait peut-être que j’installe whatsapp sur mon téléphone, je suppose que y’a que comme ça qu’on pourra communiquer à partir de maintenant non ?

Un – faux – éclat de rire qui sort d’entre tes lippes alors que tu te mets déjà à regarder sur l’apple store les applications pour communiquer. Surement qu’il saura mieux que toi quoi utiliser, laquelle sera la plus utile à partir de maintenant. Solal qui va devoir t’apprendre à vivre une relation à distance. Puis tu viens croquer un bout de ton muffin, t’as bien besoin de sucre pour affronter la frustration, la peine qui t’envahis. Tant pis pour le taille 32/34 que tu vises. La mode t’empêche de le suivre aujourd’hui mais ne pourras pas t’empêcher de manger pour calmer ton cœur endoloris.


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