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 danser dans le noir - elio

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Message Sujet: danser dans le noir - elio   danser dans le noir - elio Empty Sam 29 Aoû - 20:51


danser dans le noir
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il n’existe pas un seul instant où son esprit n’est pas à la dérive. il navigue laborieusement à travers le silence pesant dans sa tête, trop souvent lancinante de ses nuits sans rêve et sans repos. il reflète une détresse illusoire quotidienne d’une vanité outrageuse. et quelquefois sous son poids invisible, ysée sombre, emprise d’une trop grande appréhension sur le lendemain. mais ce soir c’est le prénom d’elio qui vient effleurer le bout de ses pensées en premier. c’est à lui qu'elle se raccroche un instant, lui seul qui la sort du néant qui l'engloutit peu à peu. un ami dont elle chérit la présence en pointillé, peut-être même trop éphémère à son goût.

@ elio: même heure, même spot qu’habituellement ?

un regard en biais pour son reflet lui arrache une grimace enfantine. les cernes sous ses yeux paraissent s’agrandir chaque jour pour accueillir de nouvelles mélancolies feutrées. et c'est une main peu assurée qu'elle agite dans sa longue chevelure brune en désordre, avant d’appliquer un peu de couleur sur ses paupières et de disparaître dans le crépuscule naissant.
elle s’échoue dans les rues abîmées du queens, un peu soûle d’envie, où l'atmosphère porte le grondement d’un orage lointain. elle avance sans jamais se retourner jusqu’à se retrouver devant un ciel sans couleurs et bordé d’une mer de nuages. ysée est perchée sur un des nombreux toit du monde à observer les lumières de la ville clignoter face à l’obscurité déversant ses ondes sinueuses sur les immeubles défoncés.

le silence qui règne autour d’elle  lui rappelle celui de son enfance et devient presque insoutenable avant qu'elio apparaisse. sa silhouette se dessine, imperturbable, décriant cette rencontre dont elle n’avait jamais osé espérer. et lorsque leurs regards se croisent, l’obscurité semble irradier sous ses prunelles cristallines qui l’électrifient. elles respirent l’équilibre et la quiétude. la beauté brute, surréaliste d’un joyau trop précieux. et alors qu’il se rapproche, le palpitant résonne dans sa tête, se répercute jusque dans sa gorge pendant que ses lippes se resserrent sur la cigarette qu’elle venait d’allumer. elle peut entendre chaque millimètres de son corps se mouvoir et pulser par l’angoisse qui s’étire jusqu’au plus profond de son corps. ils auraient pu en rester là. ne plus se parler, se ghoster mutuellement puis s’amouracher des mots d’un autre suffisamment malicieux pour entrer dans leur jeu. mais elle est restée auprès d’elio, ysée, et à son plus grand étonnement, lui aussi.
elle a ce sourire franc et malicieux qui s’étire sur sa bouche mordue par le froid. c’est l’âme auto destructrice de la gamine qui rend les armes pour s'adonner à ce moment sincère. doucement, ses doigts glacés viennent pianoter un rythme silencieux sur la couverture d’un livre posé à ses côtés, comme une nouvelle invitation à l'un de leurs moments. « je t’ai apporté quelque chose » à laquelle elle ajoute une nouvelle bouffée de courage brillant au bout de ses doigts, avant d’écraser négligemment la cigarette contre le rebord du toit. « c’est l’histoire d’un homme qui tombe amoureux de son intelligence artificielle » elle le fuit un temps du regard, assise au bord du vide, où ses jambes s’agitent en attendant la présence réconfortante d’elio. elles batifolent au-delà de la masse grise et chaotique que forme new york devant leurs yeux souriants. peut-être que finalement elle ressemble à cet homme amoureux plus qu’elle ne le voudrait. peut-être que les quelques caractères bafouillés dans la pénombre d’une chambre lugubre ont suffit à ysée pour s’effriter devant ce grand taciturne devant elle. « sinon tu vas bien ? j’ai ramené de quoi grignoter » elio et sa présence lunaire. elio et son aura malicieuse et bleutée. ses iris perçantes et leur bulle de quiétude dans le quotidien sibyllin d’ysée.
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Message Sujet: Re: danser dans le noir - elio   danser dans le noir - elio Empty Lun 31 Aoû - 2:20

La majesté de ses prunelles s’abîme sur les aspérités de son plafond qui s’éclairent sous les diffractions de l’écran. GAME OVER. Le môme a perdu sa dernière partie et avale la défaite, jeté, grommelant, sur ses draps froissés. Enfant-roi un beau matin dans les yeux névrosés d’une mamma, par l’usure de son flegme s’affranchit des grands destins qu’elle a prémédité pour lui et qu’elle murmurait autrefois tout contre son oreille. Sous les claquements de sa langue, Elio aurait pu être n’importe quoi, du moment que de la pointe de son avenir il dessinait un empire. Peut-être que tu seras Roi de notre Italie, mais avant ça tu devras être homme. Avec sa façon de faire rouler l’affection dans le devoir, la mère vivait l’indépendance -que le machisme lui avait fauchée- par procuration, à travers ce chiard sans éclat dans la pupille. Finalement, Elio était-il brillant, il n’avait pas l’étoffe d’un roi et à peine pouvait-il porter la fourrure d’un homme. Les ambitions couchées dans la pénombre de sa chambre, l’audace des lâches est dérangé par les vibrations subites de son téléphone sur le chevet. C’est Ysée qui souffle sur la poussière de ses pensées, juste parce que ça lui plaît et que la gosse fait bien ce qu’elle veut des noeuds qu’il a dans sa cervelle.

La nuit le recueille comme s’il lui sortait de la cuisse. Un dionysos sans les excès dont la divinité s’affuble, puisqu’il s’extrait ce soir à la violence créant brêche sur les mâchoires et exposant les callosités de son âme. Il foule la naphte goudronnée suivant le parfum de sa réflexion à elle. Il sait déjà qu’elle est arrivée la première pour sermonner la vue déglinguée et lumineuse du Queens. Parfois il se demande ce que son regard chérubin vient flairer; la sensation du vide ou de l’immensité. À divers moments antérieurs, Elio observait Ysée, parcimonie germant dans sa rétine qu’il détournait souvent avant qu’elle ne l’attrape en plein vol. Il y voyait une brume que ses tergiversations échappaient. Cette machine épuisée de ne faire que songer ou s’engluer dans le marasme de ses épines, une lutte menée face au mur voilant les limbes. L’importance de ne donner corps aux démons. Elio, bien loin du compte, ne distinguait que les strates de l’intelligence.
La braise de la meurtrière qu’elle a calée entre ses lèvres l’appâte dans l’ombre où elle l’attend. Sous pieds craquèlent le verre, le sable et le délabrement de l’endroit qui pourrait bien les voir mourir sous ses fondations branlantes. Elio, il perd pieds ailleurs, peut-être dans ce sourire, la langueur de l’instant. Il sait seulement pourquoi ça lui fait du bien, et comment ça pourrait lui faire du mal.
“Je t’ai apporté quelque chose”, les vêtements se froissent dans l'aigu quand il s’installe près d’elle, à côté de l’espace accaparé par le bouquin.
Les azurs cernent le dévoiement de la môme quand elle déblatère sur le roman et le garçon contient le malaise en s’appropriant le bien, lorgne rapidement sur le synopsis.
“Nietzsche disait qu’il est important de souffrir pour se sentir vivre. Tu sais, savoir qu’on existe, ce genre de connerie. J’ai entendu la critique sur ce livre: qu’l’amour d’ce type est factice parce qu’il s’épargne la complexité d’une relation réelle. Comme si l’I.A rendait pas les coups, mais si elle a embobiné c’mec, d’autres aussi, et c’est au moins de l'infidélité ça”, il raille mollement faisant mine de ne percevoir le parallèle comme la nuit est encore jeune pour les contrariétés.
Il pose le livre près de lui, fouille dans le plastique pour lui tendre la boisson.
“Ça va, ça fait une semaine que je travaille sur une coiffeuse, ça m’flingue toutes mes nuits. Et toi, à part voler la librairie j’veux dire?”, sous airs givrés, il dissimule un sourire pudique et taquin. “Pourquoi tu fais ce job, d’ailleurs? Si tu voulais des livres gratuits, y en a à la bibliothèque du coin.”
Ysée a le crâne bien fait, mais mal dressé pour le conventionnel. Entre deux gorgées, il a bien envie qu’elle lui raconte ses voeux, tout ce qu’elle fait planer pour elle. Et il laissera s'écouler la nuit, encore, pour la quiétude de cette promiscuité.

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Message Sujet: Re: danser dans le noir - elio   danser dans le noir - elio Empty Ven 4 Sep - 14:12

sous le bleu de la nuit, ysée avance de façon impassible entre deux infinis. il y a d’un côté le vide qui la brûle en silence, un néant froid et austère dont les nébuleuses décrivent d’éphémères nymphes dont elle est la seule chorégraphe. une gamine malmenée au coeur trop branlant pour être aimé. alors que de l’autre, il existe un temps qui s’étire lorsque les secondes dérivent. le naufrage d’un moment tant attendu sous le regard des astres juges et la présence réconfortante d’un ami où elle plonge, le corps engloutis dans leurs pensées entremêlées. elle joue de cet équilibre, poussant elio vers des vérités pleines d’inconnues. les affres inédites qu’elle saurait calmer d’un seul mot ou d’un seul toucher. et elle se mentirait en évoquant l’infime possibilité d’autre chose qu’il laisse parfois apercevoir à travers ses yeux. un éclat de ciel ou bien une étincelle de soleil si imperceptible qu’elle jurait l’avoir espéré.  elle pourrait l’écouter parler toute une nuit, voir même toute une vie savourant la complaisance d’un baume qu’il applique de ses mots si adroits sur ses propres maux. de ces moments où l’aura de solitude enveloppant ysée semble s’évaporer proche de la chaleur d’elio.

ysée a le menton coincé dans sa main alors qu’elle écoute le garçon parler. elle l’admire, d’un regard voyageur, s’échouant trop souvent sur son visage. il glisse depuis ses azures jusqu’à sa bouche interdite, pour remonter vers son crâne, caressant au passage la rigidité de sa mâchoire. un spectacle d’or et de lumière où le feu des mots consume ses traits si résolus. détournant son regard trop insolent sur les contours d’elio. il la laisse songeuse de sa confiance feinte. « parce que vouloir se soustraire à la violence d’un amour, c’est mal ? » ses yeux divaguent vers la bouteille qu’elle saisit du bout des doigts, où ses ongles impatient viennent y claquer les pulsions d’un battement « c’est vrai qu’il aime le sentiment d’être avec elle, alors qu’il n’est avec personne en même temps. il évite une forme d’amour trop éprouvante, où l’autre peut se soustraire de la relation au prix d’une liberté fantasmée.» ses yeux mi-clos se concentrent sur elio qui la regarde à son tour. elio l’indomptable dont les brides de vie surgissent lors de moments feutrés, amortis par leur silence respectif. il cultive un bouillonnement grandissant dont lui seul à le secret, derrière les esquisses de sourires parfois si peu dessinés. souvent, elle l’imagine penché des heures durant devant ces pièces maîtresses de sa personnalité. les mains calleuses et abîmées par la matière brute qu’il façonne devant son énigmatique silence. une réalité latente amplifiée par ses sentiments accrus. « je pourrais peut-être te passer commande un jour, qui sait. » elle aurait un morceau d’elio au plus proche d’elle, une autre facette de sa personnalité joyau. “Pourquoi tu fais ce job, d’ailleurs? Si tu voulais des livres gratuits, y en a à la bibliothèque du coin.” son haussement d’épaules est un gros tout et rien à la fois « j’aime lire des histoires, pleins de mots qui sont échangés, consommés puis consumés. conseiller des bouquins, susciter la surprise. j’aime être payée pour ça. » ses yeux tombent sur la bouteille calée entre ses doigts un peu tremblant. « ils font cesser le bruit dans ma tête. les mots se font et se défont d'un mouvement perpétuel et seuls eux peuvent les stopper. vois ça comme une thérapie gratuite. » un rictus chancelant vient chanter le long de ses lèvres, comme une invitation au hasard. « et toi, t’aurais fait quoi si tu pouvais choisir de tout recommencer ? » parce que, dans le chuchotement de la nuit, le croissant de lune les nargue de son demi-sourire malicieux, si bien qu’ysée se demande encore quelles étaient les chances pour qu'il corresponde à ce qu'elle espérait trouver ?
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Message Sujet: Re: danser dans le noir - elio   danser dans le noir - elio Empty Ven 9 Oct - 10:09

Il ne cerne pas le visage de l’infante, peut-être n’a-t-il pas envie de découvrir les bavures de ses pupilles sur la berge de son coeur. Des bourrasques d’écume précieuse qu’il est assez sage d’éviter en détournant le regard. À moins qu’il sache déjà ce que veut dire cette profusion de léthargie à l’intérieur, cette tranquillité telle qu’il contemple l’envie de s’endormir avec elle. Une coucherie platonique, leurs corps sur les rives opposées du matelas, qui ne se touchent pas et se sont lovés contre la poursuite de la torpeur. Pour le moment, cela lui suffit bien d’être la proie des auscultations méticuleuses portées par la jeune femme à son profil, comme si elle pouvait y lire la transcription de ses pensées. Dans une lenteur certaine, le brun s’accoutume aux rivières de mots qui transpercent et aux oeillades en cascade qu’elle déferle d’une expression curieuse. S’il s’était retiré derrière la parole nietzschéennes, Elio faisait désormais l’effort de lui concéder sa pensée. Et il avoue ainsi n’en savoir rien. Lui n’avait senti l’amour à son paroxysme qu’à l’instant où l’échine se courbait sous la douleur affluente et croissante. Mais cela il ne lui dit pas. Il tourne sa lumière sur Ysée et ses propos obscurs pour s’essayer à son tour à l’ouvrage, mais il n’y perçoit pas la prose songeuse qu’elle aurait gratté dans sa boîte crânienne.
“Je te savais pas du genre à croire que l’amour est une prison que l’on se refuse de voir”, par-là il distingue un peu de nuit dans les yeux de cette fille. Ils se taisent enfin. C’est un silence que chacun cultive avec piété dans l’idée de ne pas saborder l’intime de quelques empressements. Pour éluder le malaise qu’il a fait naître entre eux, Elio s’empare d’une bouteille afin de dénouer la sécheresse qui lui gratte la gorge.
Quand elle parle de s’offrir un bois taillé par son art soigné, il s’empêche de s’interroger sur le caractère plus ou moins sentimental d’un tel objet à la portée de ses longs doigts de môme. “Qu’est-ce que tu commanderais?”. Il s’efforce d’imaginer un endroit, un vide qu’elle chercherait à combler, de la taille d’un buffet, d’un guéridon ou d’une poche peut-être, et qu’indirectement il viendrait remplir sans savoir pour quelles raisons.
Les azurs se dressent sur les hauteurs du Queens, il expire et fronce les sourcils quand Ysée parle des bruits qui gambergent dans sa maigreur. Il se tait plus longtemps, une révérence à ces sons qu’ils partagent. Ils ne sont pas les mêmes, probablement que ceux qu’elle possède beuglent un chant incisif tandis que les siens des notes ténor de sa catastrophe égotique. Elle se dévoile un peu, et l’autre n’y croit pas. Parce qu’elle souffle du même temps cette sensation d’étrangère qui donne suffisamment d’aspects de son ombre pour qu’on lui passe à côté. Elle ne cherche pas à être touchée, elle ne cherche pas être connue. Et ça le déstabilise. Les yeux froissés retombent sur le parterre, Elio se racle un peu la gorge et passe le dos de sa main sur son nez pour chasser ses contrariétés. “Je serais resté en Italie, à travailler dans une ferme probablement”, il rehausse les épaules et ses givres s’approprient la chaleur du minois à côté. C’est le travail du corps qui vise à l’extinction, pétrir le foin, retourner la terre, gravir les plaines la sueur au front. C’est la paix dans le capharnaüm de l’ignorance.
La rencontre annihile les grésillements perpétuels, puis son regard chavire ailleurs et le raffut reprend d’une octave. “Les bruits dans ta tête… Est-ce que tu peux entendre distinctement ce qu’ils te disent?”, et le gamin enveloppé de leurs échanges lunaires s’y risque, d’un air faussement désintéressé.

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Message Sujet: Re: danser dans le noir - elio   danser dans le noir - elio Empty Mer 14 Oct - 15:21

c’est l’univers tout entier, feutré au gré du silence fractionné, qui les couve, les choyant dans leurs envies impertinentes et leurs espoirs réprimés. en cet instant, tout semblait trop grand, trop vaste aux yeux d’ysée, perdue dans la redondance d’une mélodie dont l’écho la rend sourde à ces propres émotions tant elle aimerait les partager avec élio. parfois, le jour tombé, elle se demande si les souvenirs qui hantent dans ses rêves finiront par s’estomper. ou bien s’ils perdureront parce qu’elle s’efforce de se les remémorer, encore et encore, persuadée que les oublier c’est oublier son histoire et qui elle est. peut-être qu’en acceptant l’amour d’un autre, elle pourrait supporter sa réalité lorsqu’elle est trop lourde — mais pourquoi lui ou pourquoi pas.
si l’amour était une prison, elle pourrait se résoudre à rejoindre celle d'élio. hébergée au fil de ses humeurs et de ses récits de vies. elle serait étourdie par les sourires indolents du garçon aux yeux océans. elle s’y enfermerait par mégarde, de ces moments où elle n'a pas vu son coeur doucement se résoudre aux mélopées chantantes entre-eux. peut-être qu’il la ferait rire, elio, non avec paresse mais bienveillance. il lui arracherait ces moues franches trop peu connues, lorsqu’il passerait une main dans ses cheveux ou sur sa joue. elle serait coincée dans un monde qui n'est pas le sien mais elle apprendrait à composer avec. jouerait de ses sourires pour le faire fondre et trouverait enfin ce bonheur qu'elle se refusait. « avant d’avoir les moyens de m’offrir une belle pièce, je te demanderais très certainement un totem. un porte bonheur. quelque chose qui me rappelle nos moments à deux, que je pourrais toujours avoir avec moi. » les vapeurs de son imagination se dissipent encore lorsqu'elle secoue la tête, un rictus songeur accroché à ses lippes. son attention se reporte sur la voix d'elio où ysée l’écoute paresseusement, chacun de ses mots l'animant de curiosité. elle l’imagine en italie à travailler à même la terre. entouré d’animaux, de paysages colorés ; peut-être dans un vignoble, à se délecter d’ivresse rouge — ses azures bleues contemplant les couleurs chaudes et vraies d'une peinture qu'elle peine à imaginer. « mais on ne se serait jamais rencontrés. je n’sais pas qui de toi ou moi aurait été le plus triste. » elle sait que ce serait elle, mais elle feint trop d’être détachée pour l'avouer, d’être celle qu’elle n’est pas en sa présence.
et elle replonge, ysée, dans les bonheurs cachés de sa raison, jusqu’à ce qu’il ne vienne briser sa quiétude par la simplicité d'une question la troublant « et bien. ça dépend.» ysée se mord la lèvre éludant la mince barrière s’interposant encore entre son monde et celui d’elio. une fois prononcés ces mots, elle ne pourra plus se cacher derrière son oisiveté et son humeur versatile pour justifier ses absences. « tout dépend de si j’ai suivi rigoureusement mon traitement. lorsque c’est le cas, ça ressemble à un bourdonnement comme si j’étais restée trop longtemps trop proche d’un son trop fort.» elle se racle la gorge, embarrassée par sa propre gêne. « parfois il y a aussi des sensations. » ses doigts vinrent chercher ceux d’elio avant de s’y entrelacer un instant. le temps d’une hésitation où sa voix pourrait mourir dans le vent d’octobre — puis retourna sa main paume vers le ciel. « il y a des souvenirs plus doux … » qu’elle commence, la pulpe de ses doigts frôlant les lignes de vie puis celle de son cœur « un peu mélancolique, laissant une saveur à la fois agréable mais âpre quand elle s’évapore. » elle savoure égoïstement ce simple contact qui l'électrise bêtement un court instant « comme d’autres peuvent être plus abrupts et surprenants » qu’elle finit par lâcher claquant sa main contre la sienne avant de la serrer plus fort, sans pour autant chercher à lui faire mal. « quand ça ne l’est pas. ça ressemble plutôt à des images qu’à des sons. à des cauchemars qui me réveillent la nuit. » elle risqua un coup d’oeil anxieux vers son ami toujours silencieux face à cette partie d’elle. partie qu'elle réfute encore en son présent. « tu ne t’attendais certainement pas à ça quand tu m’as proposé d’aller boire un verre la première fois  » son corps qui n’était plus qu’à quelques centimètres du sien, absorbé, s’en détacha maladroitement, réinstaurant cette distance retenue presque vertueuse qu’ils s'infligent. elle récupéra d’une main sa bouteille abandonnée pour venir faussement trinquer avec lui. ysée feint de rire de façon détachée alors qu'elle sent son cœur se serrer dès que son regard croise celui d’elio.
en sa présence, la pluie dans son corps se disperse pour y retrouver un semblant de clarté, d'un soleil timide mais sincère. il est son brin de normalité et d'authenticité, là où sur ce toit, elle est prête à dominer le queens ou dominer un précipice bien plus mélancolique qu’elle ne saurait le décrire.
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Message Sujet: Re: danser dans le noir - elio   danser dans le noir - elio Empty Sam 5 Déc - 15:27

Le silence fait une courbe autour de leurs deux coeurs, abime sa régularité sur la rudesse des pensées fracassantes des enfants. Elio lambine sur la nuit magnifiée des non-dits, ces travaux de la conscience qui forment le noyau d’un désir tenu secret et interdit. À leur place, c’est la douleur qui répond; les leurs qui se répliquent, puis qui se confondent. Ces douleurs moroses, poreuses et peureuses. Ces douleurs raisonnables qui noircissent la toile des Vouloir et les fait chuter à l’état de regrets. Il pourrait les achever, les regrets bien établis entre leurs corps, d’un baiser, d’un élément d’amour qu’on dépose du bout des doigts. Et si jamais ils s’effacent enfin, il n’y a plus rien qui retient et c’est trop tard avant même d’avoir entamé l’éclosion des sentiments. Descendants d’Icare, Ysée et Elio entrevoient la chute sans même grimper la falaise.

Il est percuté par la franchise et la proxémie qu’elle a instillées dans sa parole pourtant barbelée de désuétude. La folle illusion d’un totem gravé, dont Elio ne discerne pas les moulures qu’il prendrait sous l’habilité d’une main qui articule la tourbe du sentiment. Ça voulait dire qu’il fallait faire quelque chose d’eux, se penser ensemble et dans la mutualité. Quelles sont ces formes qu’ils créent dès qu’ils se rencontrent; le repos, la pesanteur, le chagrin, un peu de peur. L’oeuvre sculpturale est immuable, inamovible à moins de l’ébrécher, mais il sent bien qu’ils ne le sont pas, immobiles. Ébréchés, c’est certain. Ils oscillent sur un trémolo singulier, mais peut-être qu’Ysée ne s’imagine le bonheur que coupé de tout et des secousses. Le totem prendra les coutures de l’instant particulier, une courte période forcément située dans le passé qui constitue là leur présent, ce tâtonnement alangui et haut-perché. « Ça ressemblerait pas à grand chose », Elio tombe dans la maladresse, il pense qu’elle comprend ce qu’il veut dire. On n’est pas figés. Si on l’était, ça m’aurait rien fait d’entrevoir la chute, et c’est sans doute parce qu’elle existerait plus.

La tête acquiesce sagement, rétorque une réponse évasive du museau en balancement. Il ne s’imagine pas s’attrister de quelque chose dont on ne sait pas qu’il existe quelque part, et qu’il existe pour nous. Elle lui parle des bruits avec un peu moins de ce trouble qu’il pensait déclencher avec sa curiosité. Il n’ose pas pour autant éterniser son regard sur elle, posant quelques limites à son intrusion. Mais quand il s’essaie à imaginer les couleurs de sa maladie dès qu’elle parle de traitement, Ysée trouve les doigts d’Elio dans l’espoir, croit-il, de le détourner de ses songes attendris. Elle raconte cette tessiture qui ferme, ouvre et suppure toutes les plaies. Il observe longuement sa main manipulée comme si elle était détachée de son corps, qu’Ysée lui avait volée. Pourquoi faire? Il n’en sait rien. Le garçon frissonne sous son manteau, n’ose trop bouger comme l’animal a subitement broyé la peur pour s’approcher. Mais il ne peut rien y faire parce qu’elle s’en va; elle presse sa paume, se retire abruptement, claque un rire et les goulots l’un contre l’autre. Il la scrute tentant de s’échapper de l’angoisse et du malaise, et tourne son visage glacé d’austérité sur la vue. « Je suppose que non. En même temps je ne peux pas dire que je m’attendais à quoique ce soit », il boit une gorgée, latence qui ne soulage certainement pas la jeune femme. « Moi aussi, j’ai des sons qui me poursuivent. Je crois qu’ils sont pas aussi importants que les tiens. Je les entends souvent mais ils sont pas là en ce moment… Je crois qu’ils se taisent pour te laisser parler. Peut-être qu’ils écoutent ton histoire », le gamin pouffe un peu, se raille lui-même puis passe une main sur son visage. « Je m’attendais pas à ça, non. Je parle pas de ce que tu viens de dire, je parle de ce que ça fait quand tu racontes ».

Chaque mot qu’elle prononce lui fait l’effet d’une étreinte, chasse un peu de cette colère infusée dans les conduits de l’existence. C’est cette sensation inintelligible d’un apaisement sincère, d’une vérité chuchotée à l’oreille de celui qui n’a connu que le mensonge. Et même les silences d’Ysée savent porter l’encre qui pèse derrière la poitrine du gamin. Néanmoins, dès qu’il a mis le doigt sur ce qui lui échappait jusque-là, la clarté de sa mine de môme s’éteint et les traits s’endurcissent. Chaque chose dont elle l’allège est forcément faite d’un prix qu’il en a emporté d’autres avant elle. « Qu’est-ce que tu tires de ça? Pourquoi on continue de se voir j’veux dire? », les azurs dressées sur Ysée prise au dépourvu. Il demande afin de savoir ce qu’il en coûte, d’eux au-dessus du Queens et, semble-t-il, du mauvais sort attenant.


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Message Sujet: Re: danser dans le noir - elio   danser dans le noir - elio Empty Jeu 10 Déc - 15:30

les mots du garçon orage offrent l’accalmie tant espérée dans la vie d’ysée. des mots tendresses dont elle rêvait d'entendre les mélopées nuit comme jour. mais devant l'insistance du garçon à ses maux, elle se surprend à regretter ses gestes. le contact si troublant et absurde de sa main contre la sienne, lui semble maintenant désuet face à l'intensité perçue dans leurs regards. elle se surprit à penser qu'elle ne serait à jamais que mal aimée, trop compliquée pour les autres, à combler les vides béants des corps venant se heurter contre le sien. et c'est ce qu'il semble lui confirmer, elio, par les silences de ses bruits. ils se taisent pour l'écouter, ne souhaitant qu'une trêve infime aux allures d'infini dans le tumulte houleux de son esprit. une accalmie précieuse, dont elle-même ne pourrait jouir. « je ne savais pas que tu avais tes propres démons. » qu'elle chuchote une fois les rires insidieux éteints. non pas qu'elle ne doutait des interdits silencieux occultant le bonheur d'elio, mais que jamais il n'y fasse allusion, comme elle.
face aux iris glacés du garçon dont elle parvient à accrocher le regard, elle pose quelque part une idée incertaine « peut-être que tu pourrais m'en parler, un jour. » l'innocence presque trop naïve d’une requête rêvée, offrant aux tourments du garçon de nouveaux jours et de nouvelles questions dont elle ne pourrait lui apporter les réponses. et elle voit bien, ysée, le malaise installé entre eux. peut-être était-ce son rire sonnant trop faux pour être tout à fait sincère, ou bien le détachement qu'elle s'empresse de feindre lorsqu'elle sent qu'elle capte son attention et qu'elle perd pied dans des désirs naissants. « ça te fait quoi exactement? » elle n’était pas bien sûre d’avoir formulé ces quelques bouts d’idées intrusives mélangés à ses propres espérances. elle avait pensé voir, entre deux battements de cils, l’espoir de quelque chose de nouveau. une main tendue vers les barrières si fragiles qu’elle s’impose pour un elio parfois docile le silence revenu.
là miroitait toute l’ambivalence de leur relation. un jeu d’amour ou d’échappée, à cette étreinte si prudemment donnée.

pourtant la surprise dont découle la question qu’il lui concède — et qu’elle écoute à la façon d’une mélodie pieuse, l’atteint violemment. elle fait place à une gêne piquante et nouvelle venant frapper les bords déjà abîmés de son cœur. elle ne s’était jamais complètement ouverte, de façon si intime et si décomplexée. parce qu'avec elio, les mots étaient simples. ils s'offraient à elle les uns à la suite des autres, d'une façon curieusement fluide voire audacieuse. mais peut-être n’étaient-ils seulement des énigmes n’appartenant qu’à elle, des ombres houleuses dévorant son visage une fois la nuit tombée. des démons somnolents dont elle partageait l'existence en son corps cruellement indifférent. elle n'avait craint d'être jugée — après tout, elio était le cavalier parfait de ces nuits fraîches en apesanteur. il l'avait toujours été, des premiers balbutiements d'amitié jusqu'à ces bouteilles trinquant dans l'obscurité d'encre.
ysée sent son regard se troubler. les secondes passées se transforment en des minutes complices de son mutisme. « tu penses que je cherche à retirer quelque chose de nos entrevues nocturnes ?» le timbre de sa voix trahit sans peine la peur grandissante en sa poitrine. égoïstement elle grandit, énormément, en compagnie d'elio. il lui prête pour ces moment la quiétude, une audace qu'il forge de ses questions hasardeuses et des sous-entendus qu'il paraît soutenir dans ses regards brûlants, parfois un peu trop pressant sur son visage. « sûrement beaucoup de choses tu as raison. » ysée laisse planer leurs doutes sur ses propres émotions en pagaille. son regard se perd au loin, en direction de tout et rien à la fois. la peur martèle son esprit, fige son aplomb et se meurt sur son visage. « quand je suis avec toi...» sa phrase se perd, incertaine de pouvoir continuer, en suspend dans un autre monde. un entre deux, peut-être virtuel, n'appartenant qu'à eux et remettant en doute les premiers mots rédigés sous fond pixélisés. un souvenir flou, maintenant incertain d'un futur conjugable. les mains désormais libres de sa bouteille presque vide, elle soupèse la rigidité du rebord du toit avant de pencher son corps vers le vide.
sous son poids vacillant, la réalité de leur moment semble se dérober à un mythe fugace comme l'illusion d'une réalité qui se pourrait alternative. ysée se sent étrangement vivante, le myocarde battant au gré des secousses tordant son ventre devant le vertige de ce néant. elle prit une grande inspiration, laissant l’air glacé frapper les contours de son visage mouillés par des larmes silencieuses, avant de se redresser et de reporter son poids contre le parapet. « ça me fait le même effet. » ses ambres fuyantes s'accrochent désormais aux azures d'un elio fuyant, les larmes perlant toujours à ses yeux. « j'ai le sentiment qu'en ta présence je peux tout perdre comme je peux tout gagner. » ysée reste immobile, face à lui. elle aimerait se perdre dans ses grands yeux océans, rire d'un rien semblant être leur tout à eux. l'hésitation pend à ses lèvres de tout ce qu'elle rêverait de lui dire mais qu'elle n'ose pas. leurs discussions trop platoniques n'avaient jamais égalé l'intérêt brûlant qu'elle portait à la personne d’elio et la curiosité titillant son imagination.
de lui, elle ne savait finalement pas grand-chose, seulement ce qu'il semblait parfois vouloir lui glisser à l'oreille. « mais ça, je suis certaine que tu le sais depuis plus longtemps que moi.» le silence vient parfaire ses mots tabous rehaussés de son aura lunatique. qu’est-ce que le ciel peut bien faire pour nos deux âmes solitaires, elio?
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Message Sujet: Re: danser dans le noir - elio   danser dans le noir - elio Empty Lun 8 Fév - 16:09

Derrière la transparence de ses iris les démons dont elle parle — et qu’elle n’a guère deviné présents — sont souvent là, imperceptibles et inaltérables. Ils s’éveillent dans l’immonde violence, ils sont orages et bourrasques courroucés et ne s’éteignent qu’après avoir dilué leur furie. Et l’emportement accompli, Elio alors se dulcifie et se revient ; dans ces moments, il peut encore sentir les inflammations de la colère dans le creux de ses paumes, les tissus musculaires distendus qui remuent une douleur lancinante qui tiraille puis levant la tête, il décèle finalement la tourmente qu’il a semée, le marquage du martyr. Cerbère s’est métamorphosé, devient ce gamin confus et coupable aux prunelles désolées.

Qu’en dirait-il, de ce qu’elle étouffe lorsqu’ils se retrouvent, de ces sévices justement assortis de la culpabilité et de ses tenailles dont elle réconforte la souffrance par sa bonté et l’estime qu’il lit dans ses regards. Ysée ne sait pas, seulement, qu’elle met sous coupe l’irrémissible. Sur les saillies de sa mâchoire il retient une haine envers lui-même du fourvoiement auquel il l’oblige. Il aimerait lui faire entendre ses excuses, et en même temps, il voudrait lui dire qu’il a besoin d’elle pour récuser ses afflictions, faire reculer la fureur qui irrigue les régions de son âme, tout ceci sans jamais lui promettre qu’elle ne finirait pas par s’abattre sur elle, la fureur. Il ne le fait pas. Et Elio n’a pas idée comme son mutisme continue de soudoyer l’Ysée, comme il fait courir vers elle son propre danger parce qu’il voudrait bien, malgré elle, malgré lui,  malgré eux, bouffer cette paix qu’elle insuffle. Et il lui revient, à l’insulaire paisible, à l’Ysée, ses opalines qu’il sent fendues à la rencontre de son visage, curieuses d’entendre la réponse. Il a un rire court et nerveux, puis il se tait, hésitant. « C’est comme l’eau d’une rivière, tranquille, calme, avec le bruit apaisant de ses courants » une eau dans laquelle ces deux-là ont pourtant peur de se noyer ou de faire naufrage en aparté.

C’est pourquoi il ne se mêle pas aux flots et s’immobilise presque soudainement sur la berge tandis qu’il balance sur la surface plane le galet de ses interrogations. Il la questionne de mots et de la pâleur de ses iris appuyées sur le profil. Aussitôt qu’elle détonne, la voix assourdie par la crainte, Elio est perclus dans la sienne, renaissante, suffocante. Désormais les secrets dont ils caressaient les reliefs n’en sont plus, Ysée confesse, se confie, place son être et le presse dans la paume cornée de la masculine. Elle est nageuse d’eaux troubles, qui n’a cure de la vase et des morsures de la houle. Parce qu’elle semble saisir le risque lorsqu’elle se suspend au-dessus du vide. Quand elle est avec lui, près de sa carcasse mais loin des états sentimentaux, elle est accueillie par la sécurité de leurs échanges, la distance créée par les mots. Et si elle saute, finalement, si elle ne sait plus comment résister à l’appel du vide et qu’elle se lâche en plein air, qu’elle enjambe l’espace qu’il y a entre eux et qu’elle avale leur doute ; si elle saute pour contenter le néant, il arriverait qu’elle se fracasse la boîte crânienne. Le crâne ouvert c’est ainsi qu’elle s’imagine finir à répondre aux sentiments, entend-il.

Il y a une pierre qui lui comprime la poitrine, fait larmoyer le coeur à une cadence effrénée puisqu’il se refait les images d’Ysée suspendue, qui se retient, puis qui disparaît dans le puit de la cité. Et quand elle tourne sa tristesse saline, il se force à la regarder dans les larmes pour se rappeler toujours l’instant. Au bout d’un temps, il baisse la tête les yeux assombris sur lui-même « j’suis désolé, j’pensais… », il pensait probablement qu’Ysée n’était guère de celles qui s’effraient de l’altitude et qui succombent au vertige, sans doute pensait-il aussi qu’elle s’était leurrée sur le jeu de son laconisme et qu’elle n’avait su percevoir le danger de se voir à deux. « J’pensais pas », il ne pensait pas et c’était vrai, il avait cessé de penser à l’impact de ses questions brutales sur l’âme vulnérable de Kleit pour entrevoir dans le don de ses larmes les traces de son attachement. Dans les fers sévères et tendus de son visage, il cache la honte qui l’accule et la douleur de serrer les épaules menues sans être foutu de le faire.

Doucement Elio se penche, glisse sa main contre la nuque d’Ysée le pouce près de l’oreille, ferme les yeux, la pointe de son nez glisse délicatement contre l’arête de celui de Kleit et s’arrête lorsqu’il en rejoint le bout. « Pardonne-moi. Je ne te ferais plus pleurer » il promet d’un souffle contre le visage chérubin, puis s’en écarte avec la plus grande diligence déjà remué par l’idée de ne savoir honorer sa parole autrement que par l’absence.
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Message Sujet: Re: danser dans le noir - elio   danser dans le noir - elio Empty Mer 17 Fév - 12:35

la nuit se fait plus douce au creux de leurs confidences. elle vacille, ysée pour ce qui ne ressemble pas plus à un sourire qu’à de vastes épanchements. elle se délecte de ces murmures volés entre deux respirations entrecoupées, l'esprit trop occupé à explorer mythes et utopies rêvées entre les mots d'elio. à son tour, elle s'imagine un instant paisible comme l'eau, se dépeint ce portrait fantasque de la créature hybride qu'elle serait dans son regard. peut-être une atlante échouée sur les récifs de ces amours exutoires ou forcée à l'exil, imprévisible voire chaotique, trop loin de cette tranquillité si bien décrite par les mots du garçon mirage. alors, ysée se contente d'ouvrir de grands yeux, acquiesce d'un air entendu l’esprit trop occupé à détailler ces duels indolents au fond d'elle-même. « toi aussi tu m'apportes beaucoup de quiétude. » qu'elle lui cède sans ciller.
elle regrette sa spontanéité, ses pieds volant dans le vide, son poids cherchant à s'échapper vers l'avant pour faire taire ces bruits dans le noir de la nuit. elle reste hébétée par sa propre cupidité d'avoir cherché un instant un autre ailleurs que son présent avec elio. « ne t'en fais pas ce n'est rien. » qu’elle glisse doucement avant qu’il ne se détourne en silence. de l’un de ces silences qui le sied de ses plus grands maux. « c'est pas comme si on se devait quelque chose. aujourd'hui je suis ici, demain… » sa voix se tord dans son habituelle appréhension mais elle ne cherche à finir sa phrase dont le dénouement serait propre à leurs imaginations.

elle n'a pas vu elio se pencher vers elle et effleurer son cou. elle n'entend plus que le vent qui lui siffle un de ces cris glaçants et la peur qu'il lui insuffle. elle balaye ses appréhensions d'un simple geste émotif, ferme les yeux, se repose sur son souffle et de ses lèvres sur son nez, quand de ses mots à lui, elle laisse s'échapper un dernier flot de larmes qu'elle ne saurait s'autoriser en sa compagnie. et lorsqu’il se détache, il emporte avec lui la promesse silencieuse qu'elle s'est murmurée en son cœur. plus jamais elle ne le forcera à se livrer. plus jamais, ysée, ne s’appropriera une de ces bribes de vie si personnelle. d'un revers de manche, elle chasse les dernières larmes dévalant ses joues pour n’y laisser qu’un sillage salé ; la môme s'efforce de sourire les yeux encore brillants et ses rêves au bord des lèvres avant de les souffler au loin. loin d'elio, loin d'elle-même.
elle pourrait se contenter de cet interlude. de sa main enserrant sa nuque et la ramenant de force dans leur présent si singulier, mais elle préfère oublier, le cœur porté vers ces mystères tourbillonnant entre eux. et sous les fragments d'une lune impassible, elle aperçoit enfin, ysée, les contours d'un coeur qu'elle pensait inaccessible, et par sa promesse la passerelle invisible qu'elle semble distinguer par son vif optimisme. « tu n'as pas à me promettre ça, elio. ce n’est pas ton rôle. »
il pourrait jouer avec ses sentiments qu'elle n'en dirait rien. elle lui donnerait une partie d'elle, un éclat de son cœur s'il pouvait lui appartenir pour toujours. mais ces toujours ne sont que fugaces et disparaissent comme les sourires sur son visage si rarement ouvert. ysée est consciente de l'intimité qu'elle a créée, une liaison presque tacite qu'elle lui a imposée de ses larmoiements piégés, égarés dans la confusion d'une action spontanée. une intrusion supplémentaire vers cette personnalité si énigmatique, un pas de trop vers un mystère lui offrant des illusions sentimentales. elle élude cet ami paraissant bien distant à présent, et pourtant elle sait qu'il n'émettra d'objection à ce qu'elle lui prenne à nouveau la main ou qu'elle s'affaisse sur son épaule. mais elle choisit de lui laisser de l'intimité. une pudeur sans vraiment en être une devant des sentiments présents sans vraiment l'être de son côté.

elle est désormais habituée à leurs silences. entendus, calmes et paisibles, elle ne cherche à le briser. elle tente de dessiner dans son esprit les contours de leur avenir incertain, sans y parvenir. alors, elle chasse l'angoisse grondante dans sa poitrine, se revêt de son flegme habituel pour une nouvelle question qui restera sans réponse tant les absurdités lui traversant la tête sont trop nombreuses pour qu'elle les filtre. « tu crois qu'on arrive dans cette vie pour résoudre quelque chose ? » perchés au-dessus du monde, le vent se lève, lui mord ses joues déjà refroidies par les pleurs. elle porte ses bras autour d'elle, enfonce sa tête dans son écharpe avant de poursuivre. « je sais que c'est un peu drôle comme question. ce que je me demande c'est notre légitimité à vivre cette vie. tu crois que si on saute là tout de suite sur un coup de tête, on se retrouverait dans une autre vie, peut-être toi en femme, moi en homme, à affronter les mêmes combats jusqu'à ce qu'ils soient résolus ? non pas que je veuille passer à une autre vie... juste... enfin bref. » elle s'échappe dans ses questionnements sans queue ni tête, prête à tout pour allonger d'une minute encore ce moment n'appartenant qu'à eux. se souviendra t'elle de cette froide soirée d'hiver dans quelques années ? vivra-t-elle suffisamment longtemps pour interroger ce drôle de souvenir venant hanter ses nuits dans quarante ans ? « je pense que oui», qu'elle murmure encore pour elle, avant de s'allonger face au ciel, les yeux tournés vers un infini absent qu'elle se contente d'imaginer, une nouvelle fois.
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