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 long island / dans le noir

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Message Sujet: long island / dans le noir   long island / dans le noir Empty Jeu 29 Avr - 1:08


dans le noir

L’aube grise s’élève et avec elle se dissipe les détonations d’une nuit chaotique. Les courbatures ne manquent pas de lambiner sous la peau désincarnée, les cernes sous les yeux grisés de cette blase qu’il faut bien enfiler pour ne pas s’effondrer, la chute après la montée lui rappelant les larmes qui ont manqués de couler, les cauchemars des cadavres qui s’entassent sous les balles qui pleuvent, elle s’élève de la crasseuse nuit dans laquelle elle a foutu les pieds. Lorsqu’elle quitte les draps, le corps nu frissonne et elle enfile la première chemise qu’elle peut bien trouver dans l’un des placards, tendant son flair vers le col comme pour sentir le parfum de l’amant quelque part, esquisser la faiblesse d’un sourire pour mieux piétiner le sol jusqu’à la salle de bain. La psyché la fait se figer, lui renvoyant l’horreur blême de son visage de tueuse. Le contrat est signé. La voilà rallié à une cause qui ne fait que la miner. Hier, j’ai tué, pourrait-elle confier à sa mère, sur le bord de sa tombe, déboussolé par cet éclat rougeâtre dont elle se souvient, ce corps lourd qu’il a fallu faire rouler dans le coffre, qui vagabonder à chaque tournant en des bruits sourds qui ont su la faire gerber de peur et de dégoût à chaque virage. Elle se fixe comme elle fixerait une apparition étrange, loin d’être mirifique, se voyant souillé de stupre et d’une maladie qui ronge, regret et remord. Elle n’espère croisé personne au lever du soleil qui viendra enchanté les lieux alors même que la mort rôde partout, sous ses ongles et ses paumes, dans les couloirs silencieux et elle ne peut plonger sous la douche pour décrasser, s’empêchant de frotter l’épiderme fragilisé comme prêt à se lézarder là où les cicatrices se font plus fines et décrivent les plissures à chaque mouvement, ses mains plongeant dans les cheveux noirs qui recommencent à pousser, qu’il faudra bientôt couper, ne pouvant s’autoriser à les avoir davantage longs, se rappelant trop sa jeunesse où ils furent son plus bel atout pour charmer les vieux cons qui voulaient bien d’elle. L’anxiété se palpe sous ses moindres tremblements, sous la moue boudeuse et triste qui tremblote, l’envie pernicieuse de chialer sa rage et son angoisse, soupirant sous l’eau qui s’écoule comme une pluie torrentielle sur elle mais aucune larme ne vient. Rien. Un vide, un blocage immense.

Elle assèche son corps avant d’enfiler chemise et jean, partant pieds nus à la recherche de la cuisine, ne pouvant que déplorer l’état des lieux, le décor qui expose son luxe ancien, ses pieds tannés foulant un sol où elle n’a rien à faire, n’ayant qu’une hâte : partir et ne plus revenir. Elle a compris hier que sa place n’était pas au sein de ce duo ni de cette famille. Elle ignore si la femme enceinte a survécu, elle ignore ce qu’il est advenu de cette mère qui a su aimer sa fille d’un doux baiser contre son front, l’enfant tendre et tant attendue qui a voulu lui parler malgré sa blessure, malgré le traumatisme qu’elle voyait briller dans ses yeux. Lorsqu’elle trouve enfin la porte menant aux cuisines, elle se voit accueillit par les domestiques, les voient se relayer pour offrir deux tasses d’un café brûlant et elle sourcille sans comprendre avant que le nom de Médée ne soit prononcé et que sa position ne lui soit annoncée. Elle se fige, n’ayant pas prévu d’être accompagnée à l’aube, pas par elle. Pas par celle qui a refusé son aveu, pas par celle qui la hait et en a tous les droits, pas par celle qu’elle aimerait tenir contre elle, dont elle aimerait obtenir ne serait-ce qu’une main qui s’entremêle à la sienne. Si on la voit blêmir aucun ne fait de réflexions et elle enlace les anses des mugs fleuris pour se diriger vers l’une des terrasses donnant sur les hauts jardins de ce qui semble, sous le jour levant, être un palais de roses et d’épines, un joyau maudit où l’on pourrait perdre un peu de son âme. Mais elle n’en a déjà plus, l’ayant vendu en tirant sur un homme. Sa nuit devenant floue sous ses paupières lourdes, le blanc des yeux rougies, elle se fige lorsqu’elle fait face à la fine silhouette de dos, se rappelle les baisers déposés sur les épaules délicates et d’ivoires, les chants érotiques qu’elle a su lui arracher, sa verve et sa prestance qui ont su la charmer. Et désormais que reste-t-il entre elles que les crevasses d’une trahison qu’elle ne peut pourtant regretter, victime d’un secret ignoble qui ne devrait être su de personne d’autres qu’eux deux ? Un pied posé sur le parquet du balcon et elle se racle à peine la gorge, se déposant avec douceur contre la rambarde, fixant le décor en contrebas, sans oser déposer une seule œillade sur le profil de la reine au sang froid, lui tendant la tasse fumante « On … On m’a demandé de te porter ça. » Le silence est ignoble et elle détourne à peine la tête pour la voir, enfin, de plus près, le plus vicieux de son corps voudrait violer son corps et ses lèvres, lui arracher vêtements et cris pour la faire réagir, un combat qui les verrait enfin mises à nues mais elle ne fait que lui tendre une simple tasse, la tête empli des plus mauvais fantasmes. « Prends la, s’il te plait. » Son flanc touche la rambarde pour s’offrir à elle, cillant, inspirant son parfum par mégarde, la trouvant belle même au lever, aux prémisses du jour qui ne promet qu’une bataille de plus. « M’le balance pas à la gueule. J’préfère un coup de poing si t’as envie … » Une légère supplique dans un murmure de sa voix brisée, cassée par la nuit tumultueuse, se sachant destinée à la voir l’ignorer ou la haïr, ses yeux cherchant les siens, en vain, en un chemin sinueux qui ne trouve pas la lueur polaire de ses opales.

Offre moi au moins ça,
Au moins un regard,
Au moins quelques mots,
Car il me semble ne pas avoir entendu ton timbre
Ni tes mots juste pour moi depuis des éons.





(c) corvidae
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Message Sujet: Re: long island / dans le noir   long island / dans le noir Empty Mar 11 Mai - 17:48


dans le noir
@cosima black

la nuit s'est enfuie, le sommeil avec elle.
médée n'a pas fermé l'oeil, le cerveau rempli des souvenirs de la veille, la douleur encore ancrée à sa peau, à son cœur qui a cessé de battre au même moment que le sien. ça ne devait pas se passer ainsi. l'inconscience a eu raison de leur empire, une erreur fatale pour l'homme qu'elle aimait et estimait le plus au monde. c'est la colère qui les avait poussé à agir comme des adolsecents, c'est encore cette colère qui avait avalé james tout entier pour n'en laisser que des cendres au creux de sa paume. les larmes n'avaient pas coulé quand elle s'était arimée à son corps avec force, lui murmurant des mots rassurants qui n'étaient que des promesses mensongères. il ne s'en sortirait pas. elle le savait, au moment même où elle l'avait vu s'écrouler. son monde était parti en fumée dès l'instant où il avait ployé le genoux face à leurs assaillants, par chance, ou par malchance -elle ne sait pas- elle en était sortie indemne. des blessures superficielles en comparaison à l'entaille béante qu'elle portait à présent sur son âme.

james n'est plus.
james ne sera plus.


les mots cognent entre ses tempes alors qu'elle est sur la terrasse de la villa, le soleil ne parvenant pas à réchauffer son corps exténué. médée fixe l'horizon inlassablement sans parvenir à stopper les rouages de sa cervelle. que vont-ils devenir ? tous, autant qu'ils sont ? et cet enfant, son sang ? des décisions vont s'imposer à elle et la blonde est incapable de trouver la moindre réponse. elle entend le pas feutré qui arrive derrière elle, ne se retourne pas tout de suite, espérant que l'intru s'évanouisse sans demander son reste. elle n'a pas le temps pour ça. elle n'a plus le temps pour rien. mais cosima n'a pas eu peur de la louve, s'est approchée, un café fumant entre ses mains. le visage se tourne à peine, l'oeil observe de haut en bas et elle saisit la tasse. merci. toute animosité envers la fille black semble s'être envolée. il y a des problèmes plus urgent, des choses qui comptent réellement. plus cette bataille infantile pour un corps qu'elle avait autrefois désiré. elle inspire l'odeur de la caféine, se remet à sa contemplation du néant et essaye d'entendre son propre coeur battre la mesure. en vain. plus rien ne s'agite en dedans. médée se montre sous son vrai jour, vide, de tout. aucune émotion. la peine ne l'atteint pas. la colère ne la frôle qu'à peine. elle inspire puis se tourne vers cosima. tu peux rester ici. le temps que tu voudras. le temps que tout ceci se tasse du moins. je n'ai pas envie d'avoir une autre mort sur la conscience. qu'elle lâche avant de se saisir du paquet de cigarettes qui trainait sur la rembarde. cigarette allumée, elle inspire sans cesser de l'observer. se rendant compte qu'elle ne se comporte certainement pas comme ce que les autres attendent d'elle. peut-être devrait-elle fondre en larmes, hurler. à voir une réaction un peu plus humaine. non. rien ne se passe. rien ne s'allume. la fatigue l'accable. tu n'aurai jamais dû être mêlée à tout ça. conclut-elle.
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