Well, I'm looking on the bright side now trying to figure out somehow none of this is real, no you can give the act up now go ahead and take a bow.
sarasvati
( ootd. ) Les manches de son pull rouge remontées sur ses avant-bras, il nettoie. Il s’échine. Avec véhémence. Comme pour effacer les traces trop incrustées dans son cœur. Mais il ne s’agit là que d’un maudit fauteuil du cinéma dans lequel il travaille. On lui a dit, ce soir, il n’est pas au guichet pour vendre des billets aux clients. Non, ce soir, il doit se contenter du balai et des éponges pour gratter tous les déchets qu’ils laissent derrière eux. A croire que personne ne s’en charge jamais car les salles sont encrassées. Ça lui donne envie de vomir – mais il n’a pas le choix. Les genoux pliés, il ramasse sous les sièges les cornets de pop-corns que personne n’est capable de jeter à la poubelle. Dans toutes les rangées, il se penche pour vérifier, frotter un instant ou deux, éponger une boisson qui a coulé le long des marches. La rage dans la mâchoire serrée. Ce n’est pas le plus gratifiant pour l’étudiant en audiovisuel. Au moins, ça lui permet d’être seul, de réfléchir, peut-être, à ce qui s’est passé l’autre nuit.
Mael.
Un fantôme du passé qui, vraisemblablement, ne s’est jamais contenté de ce prétendu passé. Avançant dans l’avenir avec son souvenir, sa présence manquante à ses côtés depuis ces dernières années, quelle fut la surprise lorsque leurs regards se sont à nouveau croisés. Ici, à des milliers de kilomètres de leur Corée natale. Anan déglutit, s’acharne davantage sur un chewing-gum collé sur un accoudoir en tissu ; bien sûr. Impossible à décrocher sans un grattoir alors tant pis, il restera là encore longtemps. Jusqu’à ce qu’un autre étudiant soit mis au ménage et aux tâches ingrates pour obtenir une paie minable. Voleurs, menteurs. Il n’est guère meilleur. Le seau d’eau sale dans une main, l’éponge qui flotte au-dessus, le balai coincé sous son bras, le jeune homme titube pour arriver jusqu’en bas des quelques marches. Cette salle est la dernière qu’il devait remettre en ordre et il espère pouvoir quitter l’établissement d’ici peu de temps. On l’a invité à une fête et bien que l’envie n’y soit pas, ses amis n’ont eu de cesse de lui envoyer des messages pour l’enjoindre à venir. Il soupire et, à l’instant où il va descendre la dernière marche, la lumière s’éteint d’un coup. Anan se retrouve dans le noir complet, hormis le logo de la sortie de secours qui clignote de sa lueur verte. — Il y a quelqu’un ? Parce qu’à l’évidence, lui, il est toujours là.