The sound of wind blowing from the horizon, the warmth of the sun hitting the ocean waves, the vibration of sand beating like the hearts of youth. We’re at the starting point of this long journey.
sarasvati
( ootd. ) Les mains qui se sont agitées - en vain - sur le clavier tactile. Les autres l’observent, pourraient entendre son cœur battre sous sa poitrine s’ils tendaient ne serait-ce qu’à peine l’oreille. Mais ils ne le font pas. Se contentent de regarder la scène en, peut-être, le soutenant à leur manière ? Anan a l’intérieur des paumes moites, écoute la sonnerie résonner quelques secondes avant que ça ne décroche. Le paralyse. Il déglutit, l’entend respirer de l’autre côté du combiné. Que dire, que faire ? Pourquoi l’avoir ne serait-ce qu’appeler ? Anan cherche le réconfort dans les yeux de ses amis qui s’esclaffent, lui murmurent (un peu trop fort) de parler – parce que Mael a dit son prénom. Bien sûr qu’il sait que c’est lui ; il n’a jamais été du genre à donner son numéro à n’importe qui. — … salut. Il finit par s’éloigner, repoussant de la main les rires de ses camarades qui discutent désormais de cette situation qu’il trouve lui-même grotesque. N’ont-ils pas vécu des années ensemble ? N’ont-ils pas recouchés ensemble voilà quelques semaines ? C’est évidemment cela, le plus gros du problème. Anan n’a pas osé l’appeler plus tôt, n’a pas su quoi faire de ces chiffres griffonnés sur un morceau de papier – oublié chez lui. Mael attendait-il son premier pas ? Rien de tout cela n’a de sens et pourtant les revoilà. — J’ai terminé un projet, pour mes études, et j’avais envie de te le montrer. Tu me rejoins ? Les phalanges triturent, nerveuses, le bas de la manche de son pull rayé, un peu trop grand pour lui. Il aimerait se blottir dans les affaires chaudes de son ancien petit ami, avouer que cette flamme en lui ne s’est jamais éteinte. Anan se retient de lui dire encore qu’il lui a manqué et qu’il se sent un peu idiot à trembler de ce qu’il pourrait lui répondre. Cette sensation en lui n’a rien d’agréable. Elle n’est pas comme lorsqu’ils se sont connus. Elle n’est pas cette danse voluptueuse qui les a conduit dans des contrés particulières. Aujourd’hui, le plus jeune sait qu’il marche sur des œufs, il doit valser avec une précaution toute spéciale, effrayé (terrorisé) à la simple évocation qu’un faux pas briserait tout – encore. Existe-t-il vraiment quoi que ce soit recréé entre eux ?
C’est d’accord. Ah bon ?
Le myocarde s’affole et Anan n’est pas le premier à raccrocher. Le regard suspendu dans le vague, c’est grâce à l’un de ses amis qu’il se sort de cet état léthargique. Alors, qu’est-ce qu’il a dit ?Il a dit qu’il venait. L’étudiant en audiovisuel sourit doucement et l’ivresse de cette expression peinte sur son visage déploie un sourire sur le faciès de son ami. Il serre amicalement son épaule, sans rien dire de plus parce qu'ils le savent. Ils connaissent les maux qui ornent la silhouette du coréen. Pas tous, mais il était impossible pour Anan de ne pas avouer avoir retrouvé l’unique homme qui a fait vibrer son monde.
Sa caméra en bandoulière, il a envoyé l’adresse à Mael d’un entrepôt désaffecté où il vient souvent pour travailler. Il arrange son ordinateur sur le bureau de fortune (composé de palettes en bois) quand un bruit de pas l’interpelle. L’atmosphère se charge d’une aura indéfinissable, toutefois différente de celle qu’ils ont créé à la suite de la soirée au bar. Anan ne dit rien, lui fait simplement signe de s’approcher de l’écran. Il a terminé les branchements, ose croiser les prunelles de son aîné. — Le sujet était de s’inspirer de l’éphémère pour créer du perpétuel. Anan a choisi de faire une vidéo retraçant la vie d’un papillon dès la sortie de sa chrysalide, égrenant les jours et les nuits jusqu’à son épuisement. L’animal prouve ainsi le caractère éphémère du projet tandis qu’autour de lui, le soleil et la lune poursuivent leur cours. Cela lui a pris du temps pour tout mettre en place, utiliser les différentes vidéos, les relier, etc. pour un court-métrage de cinq minutes à peine. Une fois la vidéo terminée, Anan relève les iris vers Mael, ouvre la bouche comme pour reprendre la parole, mais se tait encore. Je n’ai jamais voulu te briser. Et ses doigts, lentement, se referment dans ses mains.
Sujet: Re: (mael) long journey. Jeu 12 Mai - 17:47
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sarasvati
( ootd. ) S’il n’avait eu de cesse penser à lui ? Quelle question, la réponse était d’une affirmative évidente. Il avait hanté ses nuits comme il les avait façonnées. Désarmantes et entêtantes, à la lueur de l’astre lunaire filtrant aux interstices des volets de sa chambre. Anan avait toujours eu peur du noir et il avait gardé cette habitude de ne pas les fermer complètement. Le soir, c’était machinal et il n’en avait pris conscience qu’en rentrant chez lui après avoir qu’ils se soient retrouvés. Quoi qu’il puisse en dire ou faire, il l’avait dans la peau. Écriture indélébile, marqué à vif et il aurait beau essayé de s’en détacher, son prénom résonnerait continuellement comme une douce mélodie amère. Le revoir, le retoucher n’avaient fait que réveiller les mauvais démons alors que stupidement il lui avait laissé son numéro de portable. Il crevait d’amour pour lui, il désirait que les erreurs du passé ne se volatilisent et qu’on ne le lui rende. Il n’a pas changé, si. Il t’aime, et il l’avait trompé. Il n’avait pas quitté son lit le jour suivant, accablé de remords à se ressasser que peut-être il n’en était que le seul fautif.
« Salut. »
Il avait décroché, il avait su que c’était lui d’instinct et il avait souri. Il avait senti sa fragilité dans sa voix, avait écrasé du pied la cigarette qu’il avait à peine commencé. Il le revoyait lui dire que ce n’était pas bon pour sa santé, c’est toi qui te retrouve à ne pas l’être pour moi aujourd’hui, Anan. Ni l’un ni l’autre n’osaient parler, il entendait ses amis rigoler derrière lui quand les siens l’observaient de loin. Il retint son souffle à sa proposition, se redressa et ne put faire l’ignorant face aux palpitations de son coeur. Il se passa une main dans les cheveux, les tirailla et ne put s’empêcher d’esquisser un nouveau sourire. Bien sûr qu’il viendrait, il n’aspirait qu’à le retrouver et espérer. Espérer, oui, peut-être en était-il capable plus que les jours passés, les pages de leur histoire brûlées à leurs pieds. Délicatesse émise autant par lui-même que lui et il attendit qu’il ne lui donne les coordonnées de l’endroit. Il entra dans l’entrepôt abandonné, leva les yeux en l’air et songea que cela lui apparentait bien. Au-delà du fait qu’il ait pu réaliser un court-métrage ici, il le voyait danser devant lui, tracer de nouveaux mouvements afin que l’histoire ne reprenne son cours. Cela serait-il possible ? Bien qu’il pressentait les écorchures et les brûlures que toutes leurs faiblesses allaient transcender leurs êtres désemparées. Il s’approcha, fut attentif à son projet. Sans surprise, son ancien petit-ami s’était amélioré avec le temps et avait réussi à rendre ce court-métrage d’une magnifique beauté. Le message était clair, limpide et il n’aurait pas été avare en éloge si en captant ses prunelles animées, il n’y aurait pas capté cet éclat qui lui rappelait qu’on disait que l’erreur était humaine.
« Sommes-nous éphémères maintenant, Anan ?, souffla-t-il en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille, Je pense que tes professeurs vont adorer. »
Il recula sa main avant de finir par avoir envie de la glisser à son cou et de s’y perdre. Il enfouit les mains dans les poches de son jean, relança le court-métrage et se rapprocha de l’écran afin de voir s’il n’avait pas loupé quelque chose. Il ne désirait pour lui que le meilleur et il y avait un détail qui l’avait marqué lors de la première vue alors, tout doucement, il se permit de lui dire d’ajuster la luminosité à cette seconde près. Non, pas comme ça, comme ça et ses lippes s’étirèrent en des couleurs vertigineuses. Avec ce même naturel, j’aurais pu déposer un baiser sur ta tempe. L’autre soir, ils s’étaient permis et à ce jour, ils étaient deux âmes blessées qui ne cherchaient qu’à se tempérer.
Sujet: Re: (mael) long journey. Ven 13 Mai - 21:33
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sarasvati
( ootd. ) Il ne sait pas, ou il ne sait plus. Comment se comporter avec Mael ? Comment agir devant lui ? Alors, lorsqu’il l’aperçoit passer la porte de cet entrepôt désaffecté, Anan a l’impression que ses mains deviennent moites quand son cœur s’échappe de sa poitrine. La gorge serrée, il lui demande en silence de s’approcher, de venir là, si près qu’il est aisé de deviner le boisé de son parfum. Mael est si beau dans sa tenue élégante. Durant les cinq minutes que dure le visionnage, le cadet se permet, du coin de l’oeil, de l’observer encore. De s’abreuver de sa présence à ses côtés. Il détaille ses iris concentrés sur le film qu’il a monté, sonder sûrement de part en part ce qui est intéressant ou ce qui est à refaire. Mael a toujours été son avis préféré pour être certain de ne rien faire de travers.
Et pourtant, Anan sait qu’il a tout brisé.
Sous les longues manches de son pull rayé, ses mains se sont resserrées en deux poings. Ne peut-il guère se frapper lui-même ? Cela ne changerait rien. Les ornements à ses poignets en témoignent quand, douloureuses, les cicatrices blasphèmes sur son cœur demeurent ouvertes. S’il ne se contenait pas, Anan sait qu’il s’effondrerait à cet instant. Ses larmes pourraient créer un courant si puissant pour repousser leurs âmes brisées. Il déglutit quand son amant avance cette main vers lui. Caresse qui repousse une mèche derrière son oreille. Paroles qui interrogent avant de le féliciter. — Non… Il secoue légèrement le visage, se mord la lèvre inférieure. Celle-là même où son grain de beauté est visible. Il paraît que ces marques sont les baisers préférés des amants il y a d’anciens temps. Je refuse que notre amour soit éphémère. Il ne peut déclarer cette phrase qui tambourine dans ses tempes avec frustration. — Toi, tu ne l’es pas. Tu ne l’as jamais été. Et il se meurt, Anan, de ce contact rompu. De ce désir ardent qu’il le touche encore, partout. Que ses mains s’agrippent aux siennes, qu’il l’attire dans ses bras et lui promette que tout finira toujours par s’arranger. Il sait bien que c’est faux. Rien n’ira jamais comme auparavant. Les fautes commises, irréparables, sont aussi irréversibles. Pardonner est un pas que même Anan ne peut se résoudre à faire. Pardonner, c’est expier. Pardonner, pourtant, ne signifie pas oublier. Le souffle coupé, l’étudiant en audiovisuel tâche de revenir au sujet pour lequel il a téléphoné à Mael. Il s’accroupit devant son écran, effectue plusieurs réglages en espérant que la vue de ses doigts tremblants sur le clavier ne soit guère relevée. La luminosité se fait sur les différentes séquences et il est évident que le rendu est encore plus agréable. Le papillon déploie ses ailes pour le voyage de sa vie. Au cours de son travail, Anan l’a longtemps envié. Il aurait voulu lui ressembler, ne vivre qu’à l’apogée de sa destinée avant de finir en cendres. Toutefois, il sait également qu’il n’aurait non plus jamais eu l’occasion d’aimer autant Mael. De le blesser, aussi. Il le remercie pour son aide, se redresse et n’ose qu’à peine pivoter sur ses talons pour être de nouveau face à lui. S’enivrer de sa stature, s’empourprer, un peu, quand ses prunelles rejoignent les siennes. Se montrent timides, choisissent de se mouvoir avec une précaution qu’il n’a jamais eu. — Mael, pourquoi tu es venu ?
Parce que la maladresse est tellement plus de son fort. Parce que débiter tout ça fait mal, mais il a besoin de savoir.
Quand ses mains souhaitent à tout prix le toucher, caresser l’arête de sa mâchoire, les veines saillantes à son cou, les esprits grondent et restreignent, honteux à l’infini pour avoir commis l’égarement inacceptable. Mais pour éviter d’appréhender, Anan revient vers son bureau de fortune. Il débranche son appareil photos, fait tomber sa trousse par terre. Les crayons roulent sur l’asphalte mal agencé et le jeune homme a l’impression d’assister, impuissant, au puzzle incomplet de lui-même. Pourtant, il est déjà à genoux pour tenter de remettre un peu d’ordre. Ne me regarde pas. Ne me regarde pas comme ça. A quoi ressemble-t-il vraiment maintenant ?
Sujet: Re: (mael) long journey. Jeu 26 Mai - 16:17
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sarasvati
( ootd. ) Il était fou amoureux de lui. Il l’avait compris en croisant son regard l’autre soir, ses sentiments ne s’étaient pas écrasés sous le poids de la douleur. Ils ne s’étaient pas rangés dans une case, enfermés à double tour, ils avaient attendus sagement de ressortir avec une pointe d’inquiétude. Et ils s’étaient développés, ils étaient devenus plus doux et moins compatissants. Il éprouvait pour lui un amour non mesurable et il ne cesserait de l’aimer parce que c’était inévitable. Il avait grandi avec cet amour, il avait évolué et il avait appris que ça ne changerait pas. Il aurait beau essayé de s’en détacher et de continuer à suivre un autre chemin sans lui, leurs routes se recroiseraient indubitablement. Anan était sa chrysalide, il l’avait entrevu à travers cette course contre le temps dans cette vidéo et c’était pour cette raison que ce projet plairait à ses professeurs. Il ne pourrait en être autrement. Alors à sa question, il se remit à sourire. Lèvres dénuées d’éclat, elles tiraillaient et il enfouit les mains dans les poches de son jean. Il s’éloigna de lui, marcha dans cet endroit abandonné. Il leva les yeux vers le plafond ou ce qu’il en restait et se mura dans le silence venimeux. Il avait plein de réponses, toutes pour la plupart surfaites, certaines fausses quand les autres étaient excessivement vraies. Elles se développaient à une vitesse incroyable et il ne savait guère laquelle lui servir sur un plat d’argent. Quoiqu’il arrive, elle ne lui conviendrait pas parce que cela ne s’assemblait pas correctement entre eux depuis que tout avait volé en éclats. Ils n’aspiraient chacun qu’à se retrouver, certainement, et dans quelles conditions ? À la fois n’était-il pas convaincu de vouloir faire des efforts à cette relation qu’il croyait malheureusement aujourd’hui vouée à l’échec. Mais n’est-ce pas plutôt toi que tu as envie de pardonner, Mael ? De l’avoir laissé filer au lieu de le rattraper. Les maux le rattrapèrent, ils étaient plus forts que lui dans ces batailles irradiées, et il rabaissa ses prunelles en les sentant déformer les traits fins de son visage.
« Dois-je réellement y répondre ? », lâcha-t-il finalement.
Il planta ses yeux dans les siens, et je l’ai toujours su que toi tu étais cette fragilité apparente à laquelle je n’ai pas su prendre soin. Il retourna près de lui et retira sa veste qu’il posa sur le sac posé par terre. Il n’avait pas l’art de savoir tourner ses phrases comme il le souhaiterait, il ne l’avait pas non-plus pour avoir toute la grâce qui se dégageait du corps d’Anan lorsque celui-ci s’élançait à même le sol. Mais il s’en sortait. Il lança l’une de leurs chansons préférées et traça des pas dans la poussière. Cet endroit l’avait inspiré à peine y avait-il posé le pied et il s’y laissa porter, écouler jusqu’à ce qu’il chute. Il en fut lui-même surpris et s’allongea au sol en se fichant bien de se salir. Il se mit à rire, ce fut douloureux et les courants d’air furent électriques à son irréversible renversement.
« Anan, l’appela-t-il après s’être calmé, je me suis renseigné et j’aimerais qu’on essaye. »
Il se redressa, s’épousseta les cheveux. Il s’assit en tailleur et lui sourit autant de ses yeux que de ses lippes tremblantes à ses émotions dépareillées.
« J’aimerais qu’on se lance dans une thérapie. »
De couple, accessoirement. Il ne l’avait pas prononcé car ils n’en étaient pas uns mais cela pourrait en être une finalité, n’est-ce pas ? Il avait écumé les sites, avait fait des recherches lorsque l’idée lui avait effleuré les esprits. Il en avait parlé vaguement à un ami qui lui avait dit que c’était une bonne idée. L’argent n’était pas ce qui lui manquait, contrairement à son ancien petit-ami, et ça ne le dérangerait pas de payer pour eux deux parce que c’était son envie à lui. Sa manière à lui de faire des efforts afin de cesser de le voir en état critique en visuel. Anan n’allait pas bien, il se retenait et ça créait d’interminables déchirements en lui. Il n’aimait pas le voir comme ça, il ne désirait que son bonheur tout en sachant que c’était lui, son bonheur. Ne le lui devait-il pas ? Il regarda ailleurs, attendit sa réponse. Lui, concrètement, ne savait pas ce qu’il souhaitait. Il avait cessé d’émettre des voeux le jour où ça avait explosé, il s’était détaché de ses envies avec violence. Bien sûr que ça le répugnait toujours de savoir que quelqu’un d’autre que lui l’avait touché, néanmoins, il avait été capable d’apposer sa peau sur la sienne durant cette soirée. D’y retrouver les contours, d’y reprendre ses repères et d’essayer un minimum de panser les cicatrices invisibles comme visibles. Il avait vu, Mael, ce que cette erreur lui avait autant coûté à Anan qu’à lui et il préférait aller jusqu’à s’effacer lui-même pour ne plus le voir se briser devant lui. Je ferais tout pour toi comme cesser d'être égoïste.
Sujet: Re: (mael) long journey. Mar 31 Mai - 17:30
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sarasvati
( ootd. ) Il est parti, Anan. Parti à l’autre bout de la terre pour être certain de mettre de la distance dans toute cette relation qui, bien que terminée, ne le sera jamais vraiment au fond de son cœur en miettes. Il a tenté d’oublier, de passer à autre chose, d’accepter, de se morigéner, de se haïr et de s’éteindre sur des dernières notes sans que rien ne fonctionne.
Jamais, il n’oubliera. Jamais, il se pardonnera.
Tous ces gestes, chacun de ces actes qui lui donnent aujourd’hui seulement envie de vomir. Il y aurait eu mille façons de rendre Mael jaloux, de le faire rager, et parmi toutes ces façons, Anan a choisi la plus déloyale. Et même s’il croyait, il croyait mal. Mael le lui a dit ensuite ; il ne l’avait pas quitté. Mais c’est trop tard, une fois que c’est fait. Anan ne se rappelle même pas du visage de cet autre homme contre lequel il s’est abandonné, contre lequel il a pleuré, hurlé, tout laissé se déchaîner. Ses doigts se sont refermés sur les stylos éparpillés, sur autant de morceaux de son âme qu’il n’arrive pas à restituer. Il ose à peine un regard vers son interlocuteur qui, pourtant, capture ses prunelles avec cette aura si particulière qui a toujours fait défaillir le plus jeune. Et il sait que Mael lit avec une aisance qui lui est propre dans ses esprits. Il sait combien Anan s’est perdu, n’est peut-être plus tout à fait le même. Il a chuté, il s’est pris à son propre piège et les sourires, factices, sont difficiles à être sincères. Quant à ses rires, tonitruants et chantants, ils ne sont que des renflements d’un hier sordide. Anan se déteste tellement d’être ainsi. Alors il s’émeut de cette danse que lui offre son aîné, comme ça, juste le temps de ces quelques minutes. Les phalanges blanchies sous la trousse qu’il presse dans sa main, le jeune homme observe les sentiments de Mael éclater dans tous les sens et il a envie de pleurer de rage, de tristesse. Il l’a tout brisé, il l’a usé, beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Les ecchymoses ne sont pas visibles, mais elles sont là, enfouies sous les vêtements, sous la peau, inscrites dans la carne qui s’évertue à se hisser vers le haut.
Quand le corps claque, et résonne ce rire si cher à son cœur, Anan sourit, du bout des lèvres, ignore s’il est heureux ou perdu. La suite est insensée, lui fait ouvrir de grands yeux, le fait manquer d’air. A sa recherche, il ouvre la bouche, la referme. — Je ne… je ne comprends pas. Il se rapproche de Mael, la poussière mordant les genoux de son pantalon noir. Le sang tambourine sous ses tempes, paraît tourner à toute vitesse dans son organisme. Une thérapie ? Une thérapie de quoi, de couple ? Est-ce bien ces mots sous-entendus ? Et si la vérité est là, que signifie réellement tout ça ? Anan est terrorisée par les pensées qui virevoltent dans son crâne. Il agrippe ses cheveux de part et d’autre de sa tête, de ses deux mains, relève les prunelles vers leurs jumelles. — J’ai tout anéanti et toi, toi, Mael, tu as toujours été celui qui cherche des solutions pour réparer le mal que je fais. Que je t’ai fait. Que je nous ai fait… Je… Je ne veux pas que tu t’éloignes. Égoïsme qui brise tous les codes sur son passage tandis que les mains d’Anan retombent sur ses cuisses, qu’il les fixe d’un air absent. Peut-il accepter ? Est-il prêt à essayer de guérir ? Ensemble, cela veut dire que certaines paroles seront dites quand ils ignorent chacun ce qu’a été la vie de l’autre au cours des derniers temps. Anan a honte de ses tatouages à ses poignets. Anan a honte d’être dans cet état face à Mael. Il a cru devenir fort en débarquant sur ces terres, mais son aîné à tout envoyer valser. — Mael, j’aurais besoin d’un peu de temps pour te donner ma réponse. Il l’aime pourtant, il l’aime tellement. Il l’a toujours aimé et n’a jamais cessé de ressentir toutes ces choses innommables à ses côtés. Aujourd’hui encore, il souhaiterait que son camarade le prenne dans ses bras, contre sa poitrine, et qu’il puisse écouter les battements rassurants de son myocarde. Malheureusement, il sait qu’il le dégoûte ; sa peau en a rencontré une autre. Anan ne peut lui en vouloir dès lors où il est dans le même cas. Il déglutit de travers, tousse un peu, se redresse, chancelant, pour ranger ses affaires dans son sac. Une thérapie de couple… une légère chaleur s’insinue là, nommée (dés)espoir.
Sujet: Re: (mael) long journey. Jeu 2 Juin - 19:41
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sarasvati
( ootd. ) Jamais il n’aurait pensé à lui vouloir du mal de cette façon. Anan avait cru après cette dispute qu’il l’avait quitté et il s’était égaré entre les bras d’un autre. Jamais il ne se serait permis de l’oublier en se jetant dans la désinvolture comme il l’avait fait. Il ne comprenait pas son geste, il ne l’assimilait pas, bien que ses sentiments envers lui soient brutalement puissants. Ce ne serait pas comme ça qu’il aurait vu les choses si, lui, il se serait fait quitter et ça l’avait ébranlé. Il n’avait pas pensé un instant qu’Anan ait si peu d’estime pour son corps et qu’il ait osé laisser quelqu’un d’autre que lui poser ses mains sur sa douce chorégraphie. Il n’était pas certain de lui accorder un jour complètement son pardon et malgré tout, il lui proposait d’aller de l’avant. Parce que. Parce qu’ils s’étaient retrouvés et que ce soir où leurs corps s’étaient emmêlés une nouvelle fois l’un à l’autre, il s’était senti douloureusement inférieur de n’avoir pas même essayé de le comprendre. Leurs chemins s’étaient recroisés et ça n’était pas sans signification. Il n’était pas celui qui irait clamer croire au destin, au hasard et à toutes ces choses factices qui apposaient des étoiles dans les yeux des plus tendres. Il en était un, tendre, raisonnablement épris dans la finesse, néanmoins, il avait appris très tôt avec l’éducation ferme qu’il avait reçu qu’il était plus sage de vivre dans la réalité. Et Anan était réapparu devant lui. Il lui en voulait encore, il avait du mal à l’approcher aujourd’hui. Tout son corps le réclamait comme il le repoussait, l’endocarde s’endurcissait quand le myocarde s’enlisait dans sa course effrénée. Il avait attendu son appel, un message, avec une impatience bouleversante et il avait été incapable de ne pas agir en conséquence. Essayons, au moins une fois. Nous sommes liés indéniablement et nous ne pouvons l’éviter. Était-ce une bonne idée ? Ils étaient jeunes et déjà ils en étaient arrivés à ce stade. C’était affreusement triste sauf qu’il ne lâcherait pas. Il ne le laisserait pas, il avait besoin de lui. Quand il lui répondit enfin, il retourna le visage vers lui et un sourire s’inscrivit sur ses lèvres. Anan était beau comme une étincelle, prompt à crépiter en des chatoiements imperceptibles. Il le laissa se rapprocher, apprécia de le voir plus près. Il le vit perdu, cherché à comprendre ce qu’il sous-entendait par là quand la vérité était manifeste.
« J’ai besoin de toi, lui dit-il simplement, Alors oui, je cherche des solutions. Le premier à avoir fait du mal, visiblement, c’est moi. »
Ses sclères transpercèrent les siennes, magnifiquement ténébreuses comme le ciel nocturne, entêtantes et aux vagues tumultueuses. Pris dans l’étau de ses décisions, pensées, il était le plus souvent impossible de le faire changer d’avis.
« D’accord, prononça-t-il en se relevant et s’époussetant, Mais, tu sais, Anan, s’approcha-t-il de lui et enleva-t-il un cil de sa joue, Tu dois cesser de te blâmer avec acharnement. Ça ne te ressemble pas, de ne pas persévérer. »
Il ne lui communiquait pas par là qu’il était déçu qu’il ne s’évertue pas à le récupérer, il lui faisait passer le message qu’il s’inquiétait de sa manière d’être sans réellement le faire. Où t’es-tu perdu ? Où puis-je récupérer un soupçon de ton hilarité désarmante ? Il l’aida à ranger et quand ils eurent finis, il se tourna vers lui en souriant.
« On va prendre un café quelque part ? »
Ils n’étaient plus ensemble, ça ne voulait pas dire qu’ils ne pouvaient pas passer du temps tous les deux. Ça ne dépendait pas que de lui, Anan n’en avait peut-être pas envie et là, il le comprendrait. Les plaies s’étaient rouvertes, elles étaient lancinantes et les fils ne se résorbaient pas. Cependant, il ne souhaitait pas le quitter, retourner à ses cours car il fallait bien commencer quelque part. Il récupéra son téléphone portable et vit qu’il avait reçu un message. On lui demandait comment ça se passait et s’il allait bien. Il le rangea dans la poche arrière de son jean sans réponse parce qu’il n’en savait rien. Il errait dans ses esprits combattifs et il avait mal à la tête. Il avait envie de hurler, pourquoi est-ce que tu m’as fait ça, de le supplier, s’il-te-plaît restes avec moi car tu es mon unique source d’inspiration. Il se passa une main dans les cheveux et les regarda s’égrener entre ses doigts.
« Et si je me décolorais les cheveux ? », lança-t-il, dubitatif, l’air de rien.
Sujet: Re: (mael) long journey. Sam 4 Juin - 12:53
long journey.
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sarasvati
( ootd. ) Comme un serpent venimeux qui s’infiltre dans les veines, s’insinue au plus profond de l’ichor, insidieux et perfide : la culpabilité. Elle le ronge depuis toutes ces années où, séparés, ils n’ont plus été que des souvenirs fragmentés. Des instants à la dérobée, qui n’ont plus eu aucun sens sans lui, sans Mael. Parce qu’avant, il suffisait d’un sourire, d’un geste, d’un mot, pour se sentir bien, pour avoir cette sensation éphémère de se sentir complet. Aujourd’hui, malgré l’envie d’avancer, Anan n’est pas serein. Emprisonné dans ses études afin de ne regarder nul part ailleurs, cumulant un petit boulot pour réussir à vivre correctement et payer tout ça, il s’enterre tout seul à l’intérieur de ce sentiment de culpabilité marqué à son corps. Mael a raison lorsqu’il songe qu’Anan s’est perdu. Il continue de voguer, la tête à peine sortie de l’eau sans pour autant avoir un jour espoir de passer à autre chose. Souvent, lorsque les regards s’étirent sur sa silhouette, il les chasse, conscient d’avoir fauté. Toutefois, en ces quelques minutes qu’ils partagent tous les deux, le jeune homme s’interroge sur les pensées de son ancien petit ami. Qu’est-ce qui lui fait dire qu’il a fait une erreur le premier ? Une dispute, ça vient des deux parties. Le résultat, ensuite, n’est que l'œuvre inconsciente et désoeuvrée de l’idiotie du cadet. Alors Anan a baissé la tête, n’a pas cherché à répondre. Lui a seulement demandé de lui laisser un peu de temps pour accepter ou refuser sa proposition. Elle bat à fond sous sa poitrine, lui crée un vide incroyable – ou un plein sensationnel qu’il n’a pas retrouvé depuis lui. Depuis Mael. Ses jambes se délient, le portent vers son ordinateur qu’il débranche, met dans son sac. Encore une fois, Mael le surprend, frôle sa pommette pour en retirer un cil, souffler quelques réconforts. Ah bon ? — J’ai changé. C’est tout ce qu’il lui dit. Oui, changé. Peut-être a-t-il appris de ses erreurs ? Peut-être est-il moins désinvolte ? Peut-être comprend-t-il que les choses ont des causes, des conséquences ? Que chaque parole déposée ne peut être jetée sans retour ? Anan est différent de l’être qu’il a été en Corée, comme une version nouvelle de lui – mais c’est difficile d’apprécier se regarder dans le miroir. D’ailleurs, il ne le fait pas. Ou plus. Plus vraiment, en tout cas. Au cinéma, il se contente de les nettoyer, sans les observer tout à fait. Pour y voir quoi, de toute façon ?
Un fantôme agrippé à son passé.
Ils terminent de ranger, Anan porte son appareil photos en bandoulière, son sac sur son dos. Mael sourit et il aimerait imprimer cette image dans son esprit pour l’éternité. — D’accord. A ses lippes gercées, abîmées, c’est enfin un soupçon tendre qui naît. Une caresse qui réchauffe son cœur déboussolé de cette présence qui a rejoint la sienne, qui cherche à ne pas l’effacer. A la faire briller comme elle l’a toujours fait. — Quoi, tu veux ressembler à tous les surfers de la côte ? Il plaisante, sait bien sûr que Mael sera le plus beau, le moins superficiel. — Je le ferai pour toi, la prochaine fois. Il ose encore. Il ose quand même. Une promesse aujourd’hui pour que demain ne soit pas dénué d’intérêt. Pour que les jours s’égrènent à la vitesse du vent et qu’ils se retrouvent vraiment. Anan a tourné le dos, a pris la route le premier – pour éviter de plonger dans ses yeux. Il rehausse son sac, désigne une enseigne à plusieurs rues d’où ils se situent et ils ne sont pas bien longs à la rejoindre. L’endroit chaleureux offre une large carte de choix et, une fois installé, le plus jeune la parcourt un instant. Avant, ils auraient tout partagé ; les gourmandises et l’addition. Maintenant, Anan connaît ses économies et opte pour un café avec un cookie tout chocolat. ça l’aide à se livrer, un peu. — J’étudie en audiovisuel dans un parcours d’échange international et je travaille dans un cinéma pour financer en plus des aides que je reçois… Tu sais, je suis parti pour tout recommencer. J’avais besoin de repartir à zéro, mais ça ne fonctionne pas comme ça. ça ne fonctionne même pas du tout. Un rire jaune, moqueur envers lui-même d’être malgré tout encore si crédule. Il souffle sur sa boisson, boit un peu en faisant du bruit, savoure un morceau de son biscuit entre ses doigts. — Et toi, Mael, tu aimes toujours autant la musique ? Parce que si Anan a cessé de danser, Mael a poursuivi pour lui. La mélodie tinte au creux de sa céphalée et il pourrait presque la tapoter contre le bois de la table. Valser, s’accroître, rêver, r e s p i r e r.
Sujet: Re: (mael) long journey. Mar 21 Juin - 13:14
long journey.
Everything in this world Hurts so much by your side Can I come over? Can I do that? Can I hug you?
sarasvati
( ootd. ) Il avait besoin de lui, cela sonnait pourtant comme une évidence. Il avait eu besoin de lui dès l’instant où ses yeux avaient croisés les siens. Il ne saurait l’expliquer, cela n’avait pas été un coup de foudre et cela y ressemblait point par point. Sauf que ça ne l’était pas. C’était particulier, il avait su en s’accrochant à ses prunelles électriques qu’il serait incapable de se passer de lui à l’avenir. Anan ne dénotait face aux autres, il se montrait différent comme toute autre personne et s’avérait malgré tout être une essence mouvante singulière comme toutes les autres. Ils s’étaient attrapés et ne s’étaient plus lâchés. Il leur avait vite paru certain que le lien se montrait friand et il se souvenait avec une exactitude écrasante du soir où il l’avait embrassé la première fois. Il n’avait espéré qu’il ne puisse ne regarder que lui et effectivement, sa présence ne s’était faite dansante qu’à ses côtés. Et il avait besoin de lui autant que du reste, il avait vécu ces derniers années dans un trou noir et bien que les douleurs ne s’étaient pas effacées, il avait compté de manière appliquée les jours qui les avait séparés de cette nouvelle rencontre. Ils avaient souffert tous les deux. Par le passé, ils leur avaient été impensables de s’imaginer séparer et c’était ce qui était arrivé. Le cauchemar réel, la mélodie avait pris fin et les moments marqués de leur histoire avaient plu avec acharnement sur leurs corps enchevêtrés. Mael avait oscillé dans des contradictions enfantines, parfois plus matures, et n’avait pas cru qu’un jour le monde puisse apparaître aussi assombri. Avait-il perdu de la vue ? Il s’était vu chuter plusieurs fois, s’était aperçu commettre les mêmes erreurs et avait fini par détester ce corps. Tous. Casque sur les oreilles, est-ce que la musique adoucira son coeur meurtri ? Il n’avait plus cru en rien. Partir serait peut-être la délivrance, mais même à l’autre bout du globe ton prénom résonne dans mes compositions. J’aurais dû te chercher, Anan. On lui avait dit de prendre du temps et d’essayer de le laisser s’expliquer, il n’avait rien voulu entendre. Ils ne comprenaient pas, ils n’étaient pas à sa place et ils n’entendaient pas les pensées intrusives qui injectaient leur venin avec minutie dans les veines vrillantes de son corps. Et pourtant… Cela se conjuguait en supposition, comme toujours, comme jamais. J’aurais aimé que tu te battes pour moi. J’aurais aimé qu’après que je t’ai quitté tu ne t’enlises pas toi non-plus. J’aurais aimé que tu ne viennes me voir et que tu cherches à tout prix que j’accepte ton pardon. J’aurais aimé que tu en sois capables comme j’ai toujours cru que tu l’étais. Mais, peut-être aurais-je plus aimé ne pas m’effondrer. J’aurais aimé être plus clair avec toi et te faire comprendre à quel point, punaise, tu es l’amour de ma vie. Tu l’as été, tu l’es et tu le seras éternellement. J’aurais aimé avoir la force de t’écouter, de t’entendre et de ne pas rire nerveusement de tes pleurs en croyant être celui qui en souffre le plus quand tu as eu autant mal que moi. Oh, Anan, nous ne sommes que de sombres idiots. J’aurais aimé, tant aimé que tu ne puisses n’appartenir qu’à moi. Suppositions malignes, quand la réalité était brutale. Ses lèvres tressautèrent légèrement en l’entendant dire qu’il avait changé, il aimerait répondre la même chose. Oui, il avait également changé mais il était resté le même. Éperdument fou amoureux de lui et avide sa présence. Héritier à ses heures perdues refusant de se perdre dans des conflits familiaux épuisants, mystérieux et à la fois si ouvert aux autres que son sourire continuait d’en faire défaillir plus d’un pendant que son amour perdu n’était plus que l’ombre de lui-même. Pourquoi ? Il aimerait le retrouver, lui promettre qu’à l’avenir il n’aura plus à avoir peur. Il décida de ne pas relever, préféra apprécier qu’il ne veuille lui-même lui décolorer les cheveux. Dans ce léger ton de voix, il l’avait au moins retrouvé.
« Okay, dit-il, décolores-moi les cheveux la prochaine fois. »
Il le suivit jusqu’au café, s’installa face à lui. Il ne prit qu’un café, un cappuccino, classique, il n’avait pas faim. Il se remit à s’imaginer qu’en tendant la main, cette fois-ci, ses doigts attraperaient les siens. Méticuleux, ils les caresseraient et les inviteraient dans une esquisse de mouvements dansants qu’ils n’avaient plus partagés depuis longtemps. Il l’écouta, sourit du coin des lèvres et replongea de nouveau des années en arrière. Même genre d’endroit, sentiments mêlés avec vivacité, et il se plaisait à l’entendre lui parler de ses journées avec douceur.
« Tu sais, je l’ai retrouvé, lâcha-t-il comme ça, Je ne sais même pas qui en est le plus ressorti rué de coups après ça, rit-il amèrement, Mais je l’ai entendu. Se vanter. »
De l’avoir touché, d’avoir été friand de son corps et d’avoir brisé ce couple si harmonieux dont apparemment ils se montraient si fiers. Ils avaient tous les deux leurs problèmes comme chaque relation, il n’avait pas vu en quoi il y avait de quoi se pavaner devant les autres à ce sujet. Il avait cogné si fort et il n’en avait ressenti strictement aucune satisfaction parce que ça ne l’avait pas ramené à lui. Anan. Bien sûr, on les avait séparés et il avait passé la fin de soirée à l’hôpital pendant qu’on le traitait d’idiot. Il releva ses yeux vers les siens et son expression fut lourde de sens ; il ne désirait qu’il n’appartienne qu’à lui.
« Moi aussi je suis parti pour tout recommencer et ça n’a pas marché non-plus, reprit-il, On a besoin de parler, Anan, dit-il la voix tremblante, On ne l’a pas fait à cause de moi mais il le faut parce que, tu sais quoi ?, releva-t-il en cachant ses mains qui commençaient à s’agiter sous la table, Tu m’as terriblement manqué, Anan. Il ne s’est pas passé une journée sans que je ne pense à toi. L’autre soir, je savais que tu me suivrais et si tu ne l’aurais pas fait, je serais revenu te chercher parce que c’est comme ça. »
Il sourit tristement, regarda ailleurs. Il avait voulu lui parler de ses études lui aussi, au lieu de quoi les émotions avaient pris légèrement le dessus. De toute façon, ils n’auraient pas parlé de la pluie et du beau temps en étant face à face dans cette tranquillité alors il avait au moins dit quelques mots qu’il avait sur le coeur. Est-ce que tu vas mieux respirer maintenant ?
Sujet: Re: (mael) long journey. Dim 26 Juin - 11:08
long journey.
The sound of wind blowing from the horizon, the warmth of the sun hitting the ocean waves, the vibration of sand beating like the hearts of youth. We’re at the starting point of this long journey.
sarasvati
( ootd. ) Lorsque les paroles de Mael s’abattent entre eux sur la petite table, Anan est propulsé dans un état cotonneux. Il l’entend déclarer tout cela, parler de cette faute qu’il a commise, de cet homme qu’il a retrouvé. Pourquoi faire ? Parce qu’il s’est vanté. Alors Mael y est allé pour le cogner. Le frapper encore et encore et Anan a l’esprit suffisamment alerte pour imaginer cette scène qui lui enserre la gorge. Aussitôt, comme une protection, il plaque ses mains contre son visage en secouant la tête. Il ne dit rien, les mots ne sortent pas – ne passent pas. Ses épaules s’affaissent et il sent très vite les perles d’eau salée qui imbibent ses mains, mouillent ses poignets, s’infiltrent entre ses phalanges pour s’échouer sur ses cuisses. Il est effrayé de ce qui a pu se dérouler, il déteste que Mael se soit mis en danger de la sorte. Il ne se rappelle même pas du visage de cet homme pour lequel il a tout abandonné. Parce que la dispute a sonné si fort comme une rupture qu’Anan a été transportée dans une dimension différente. Il s’est dit qu’il oublierait mieux s’il se laissait déjà toucher par un autre, s’il tentait de s’abreuver d’un parfum différent. Pourtant, depuis toujours, c’est celui de Mael qui lui colle à la peau. Il renifle, Anan, n’est pas beau à voir. Il repousse son café et son cookie, l’appétit rompu par la suite des palabres de son interlocuteur. Il croise à peine ses yeux, détourne les siens aussitôt pour les frotter du revers de la manche de son pull trop large. Les douleurs ont voulu être laissées en Corée lorsqu’elles ont traversé l’océan, seconde peau, ombre grandissante à l’arrière de la silhouette abattue. Mael lui explique que lui non plus sa tentative ne fonctionne pas. Et alors quoi ? — Qu’est-ce ça t’a apporté de le frapper, Mael ? Qu’est-ce que ça t’a apporté de faire ça ? Une litanie qu'il pourrait répéter à l'infini. Sa voix étranglée dans sa gorge peine à être audible. L’évidence est telle que les souffrances sont encore inscrites au creux des iris, peintes sur la chair, marquées à vif. Il n’aurait pas dû faire ça, mais ce n’est pas à Anan de le lui dire. Il a fait bien pire, n’est-ce pas ? Les leçons de morale, il peut bien les garder pour ses propres actes. Les mains d’Anan tremblent sur la table et il ne cherche pas à les masquer. Il est partagé en de nombreuses émotions avec la sensation que leur histoire prend un tournant particulier. Il aimerait tant que Mael vienne le chercher, là, au plus profond de lui-même, retirer tous ces pansements en lui murmurant qu’à présent il peut vivre sans. Et en même temps… il en est terrorisé. Faire semblant d’avoir tourné la page, d’avoir accepté, se montrer souriant aux autres et disponible, c’est facile. Mael est déjà en train de briser cette carapace si peu solide. — Est-ce que tu l’aurais vraiment fait, Mael ? Est-ce que tu serais vraiment venu me chercher si je ne t’avais pas suivi ? Pourquoi… pourquoi tu n’es pas venu me chercher avant ? Si les questions paraissent sonner comme des reproches, ce n’est pas le cas. Elles affluent dans la bouche du plus jeune comme elles viennent, s’enchaînent et peut-être que quelques regards se sont tournés dans leur direction. Qu’importe. Son souffle accéléré, les battements de son coeur prêt à bondir hors de sa poitrine, Anan a serré les poings de rage, de toute cette colère qu’il possède surtout envers lui-même. — Dis-moi la vérité Mael. Est-ce que tu regrettes qu’on se soit rencontré ? Ses larmes ont repris de plus belle. ça ne sert à rien qu’il les essuie. Anan craque et les vannes sont ouvertes. Il sait qu’il est encore parti trop loin, mais il a besoin d’entendre encore une fois que Mael est là, qu’il ne partira pas, qu’il ne fera pas les mêmes erreurs que lui. Il a besoin d’être rassuré lorsqu’il se rappelle de cette idée de thérapie à deux, pour eux, pour (re)construire. Cette pensée l’effraie et le console, un peu. Il se mord la lèvre inférieure, ses poings se desserrent et il glisse ses mains sous la table, triture le pan de son pull. Il a l’air idiot, il le sait. Il a changé, c’est comme ça qu’il est devenu ; il n’y a que Mael qui le sait et peut le comprendre.
Je t’aime tellement. Je me hais si fort. M’aimes-tu autant que tu me hais ? Je suis désolé d’être imparfait sans toi.