medicate me

01. la daronne kemper; elle balançait tous ses problèmes chez les autres. la responsabilité des pires années données à un système qui s'mettait à redouter un d'ses nouveau-né. puis lorsqu'ils tombaient dans la fleur de l'adolescence, elle se rendait en cour pour réclamer son dû. jusqu'à subir ce fameux phénomène; t'as mangé tes croûtes chez les brecht. le portrait familial bien lissé que l'on utilise pour les publicités d'yaourt vanillé. t'avais tout pour devenir un bon gamin; va savoir pourquoi c'est jamais arrivé. l'système a peut-être toujours été abîmé. même s'ils ont essayé de l'court-circuité. t'es né pour provoquer l'bordel; y'a pas une seule porte barrée pour t'empêcher d'le réaliser. 02. s'endormir aux premières heures de cours; chercher l'attention de ses pairs d'un crayon lancé au plafond; déranger la meuf en diagonale d'un papier froissé (veu tu sortir avc moi coche oui ou nn); tenter de troquer sa sandwich pour un bon plat préparé; lancer un food-fight à la fin des heures d'dîner pour éviter de retourner étudier; accumuler les heures de colle, poignet épuisé d'recopier; vaincre tout l'monde en vitesse d'calcul mental; s'étirer le cou pour copier les réponses des autres et feinter la contemplation du plafond lorsque le professeur lève les yeux. pas de tout repos, mais rarement condamné pour violence. tu savais que tes bras spaghettis n'pouvaient rien contre le bully de l'école. mais un coup de poing rapide sur le nez lorsque ton corps n'évoque aucune réparti, ça t'connaissait bien. t'as tout lâché à quinze ans; lorsque m'man kemper s'est r'pointé dans l'décor. c't'un peu triste, toi qui rêvait d'vivre la prom night (et spike le punch).  03. tu retires la terre comme tu peux, un poing fermé sur les tiges molles et brisées des fleurs arrachées. tu n'sais pas trop qui a pris la peine de les planter; tu leur poseras un sachet de graine sur le palier (tu l'feras jamais). elle va peut-être t'ouvrir la porte lorsqu'il y aura qu'les pétales pour couvrir le judas. peut-être même qu'elle se remettra à te répondre lorsque tu l'appelles. t'en sais rien. alors toi et tes douleurs au crâne, vous vous guidez jusqu'au logement d'la belle du moment. une patte qui tatonne les poches de tes vêtements en essayant de trouver un chewing-gum qui aura la force de se battre contre ton haleine d'lendemain d'veille. mais tu récupères qu'une cigarette pliée, légèrement déroulée. le bouquet de fleurs se perd sous ton bras le temps d'trouver un briquet ou quelque chose qui t'satisfera. rien, alors tu récupères les fleurs qui ont d'plus en plus la mine basse. suffira qu'tu mettes le pied dessus pour les achever définitivement. arriver à la porte; tu sonnes. tu sonnes, tu sonnes et tu sonnes. puis elle ouvre, d'une fureur blessée. aveugle à sa douleur, tu tends les fleurs qu'elle renie. --pourquoi tu m'réponds pas ?. --t'as baisé mon frère j'te rappelle ?. il y a c'petit moment d'flottement. damn right you did. 04. t'as laissé tomber toutes tes dépenses d'une vie, dans un seul sac, sur le plancher d'ta nouvelle chambre. ton colocataire (qu'est en fait un d'tes plus jeunes frères) t'épies du cadre de la porte, bras croisés. vingt-sept ans et d'retour chez maman. les comptes en souffrance, une fraude intraçable. pas d'assurance qui protège ton cul, tu enchaînes les prêts pour pas faire couler tes rêveries, ta prospérité. tu recommandes au plus jeune de s'acheter des bouchons, il tire la langue d'aversion. au moins, tu pourras plus aisément garder un oeil sur tous ces rats. ceux qui font autant d'connerie qu'toi; qu'on subit peut-être plus que toi. maman qui s'est retrouvée avec assez de mains pour l'aider qui s'est dit qu'ça sert plus à rien d's'en débrasser, une fois né. elle fait un peu une david wozniak d'elle, sans les bons côtés. heureusement, t'es plus dans l'âge où elle s'fait un malin plaisir d'faire coffrer ses enfants parce qu'ils ont dépassé l'couvre-feu. débile les kemper, débile.  05. fine line au thanksgivin'day, salle pleine. quelques jours déjà d'arythmie, d'brouillard psychologique. tu gueules tant l'angoisse d'une deuxième étoile michelin fait palpiter des élans de défaites dans tes tempes. et si tout n'était plus que flamme et poussière, une semaine après cette annonce de gloire ? deux employés en moins, tables supplémentaires installées, tu dois parfois prendre les assiettes que tu viens de concocter pour les déposer sur les bonnes tables. sans trembler, sans jurer, sans montrer que tous tes muscles sont en combustion. vous n'mangez pas; personne n'a l'temps. aucune pause, aucune inspiration. tout l'monde n'a eu que cinq heures pour assimiler la lourdeur d'une telle soirée; pour comprendre le menu compliqué que t'as travaillé depuis d'trop nombreux jours. tu les guides, tu les pousses; tu les tortures à réussir. qu'pas une seule assiette revienne en cuisine. ça viendrait t'anéantir.  et personne... personne ne pourra jamais être prêt à cette éventualité.

mais quand l'dernier client passe la porte,
sous les lueurs des lumières tamisées,
qu'la réussite se tient dans le silence de la salle à manger,
t'as compris qu'vous avez survécu.
et qu'pour une fois, ça t'fait chialer.
(et peut-être dégueuler aussi, un peu)


ÇA T'DIT ?
- de l'avoir comme pote ?
- d'avoir eu une histoire particulière avec lui ? (fille / gars / nb)
- de bosser à ses côtés ?
- de v'nir l'chercher quand il s'vomit sur les pieds ?
- de tenter de l'remettre à sa place ?
- de t'être déjà battu avec lui ?
- d'venir m'voir pour qu'on parle bien, qu'on parle lien ?