Céleste Gainsborough;
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Nastya Kusakina WALDOSIA (avatar) Grisha, Virgil, Orphée, Messaline, Eleusis 303 969 33 Elle n’a d’yeux que pour son mari. Dans la chaleur du temps et des notes, dans l’ardeur du violon et du piano, de la harpe et de la flûte. Nous pouvons la voir sur quelques scènes qu’elle choisit avec méfiance, toujours son air légèrement inquiet.
| Sujet: Claroscuro (Sonny) Lun 22 Fév - 12:46 |
| Claroscuro Moi qui suis née avec dans les yeux les couleurs jouissives d'un lagon, je suis ici face à une mer toujours grise, toujours immense, toujours indifférente au sort humain. Ananda Devi Elle erre dans les ruelles fleuries de la grande ville, ombre parmi les passants pressés, elle flâne, pensive. Lentement ses pas la perdent, elle suit un fils qu’elle ne conçoit pas comme un but, Céleste aime vagabonder, elle ne décide de rien, seul son instinct l’emporte vers des découvertes incertaines que d’autres considéreraient comme insignifiantes. Elle s’est levée angoissée, ce matin où la monotonie de la journée lui semblait un poids sur le coeur ; elle a lassé ses chaussures, mis son manteau, elle est partie. Sous les nuages grisonnants, sa silhouette découpe une lenteur, elle s’arrête pour observer les détails, ses yeux suivent des lignes dans les cieux, se posent sur les détails de l’architecture, admirent les contrées invisibles, ces microscopiques petites choses qu’on ne perçoit jamais. Ils galopent tous à la recherche d’un stress, angoissés, rapides, les objectifs les transportent vers le rationnel, cette manière de réduire le monde, l’espace, la nature, l’environnement, dans une case. Céleste se souvient de ses journées dans le bureau, ses yeux fixés tantôt sur l’écran d’un ordinateur, tantôt sur les dossiers, les photographies. Des horribles images venaient s’ancrer sur sa rétine, elle n’a pu suivre les dix années requises d’expériences, elle a démissionné, elle a préféré l’oisiveté reposante aux hurlements déchirants. Avalée par les précipices des psychés marginales, elle a vu, elle a entendu, elle a questionné, elle s’est éreintée. Ici elle s’abreuve d’un moment de grâce où le vide semble une inespérée joie.
Céleste comme la patience d’une femme discrète, elle s’avance derrière la silhouette reconnue et appréciée, de longs cheveux sur des épaules frêles, un tremblement qui déborde lentement, le tremblement du talent, de la passion, de la tristesse, l’expression des doigts félins lentement s’esquissant sur les feuilles à grands grain. De la voir, assise sur le rebord de la fontaine, dans ce quartier latin où l’histoire se mêle à la modernité c’est comme approcher la beauté, Céleste s’émeut des doigts qui tracent des lignes, qui battissent un paysage, qui dessinent des portraits. Elle reste un moment, apaisée, à contempler le mouvement d’un corps ami, les lignes qui forment des ombres, les hachures qui terrorisent la lumière. Dans les œuvres de la jeune fille se révèlent un inconscient trouble, proie des tourments, des questionnements incessant. « Sonny ? » L’appelle-t-elle doucement. Il ne faudrait pas éveiller les noirceurs de cette enfant concentrée à donner la vie aux fantaisies. Alors Céleste s’assoit près d’elle, attend. Elle mire ses agates ensoleillées de bleu dans l’azur d’un ciel dégagé de ses tâches cotonneuses ; elle s’éblouit de la lumière. « J’aimerai te demander un service, tu n’es pas obligée d’accepter. » Céleste est émerveillée par les études tachetées d’encre et de couleur, par ce noir, par cette obscurité, par ces figures qui se révèlent dans le clair obscur ; elle aimerait, comme de nombreux artistes avant elle, mêler la peinture à la musique, créer une œuvre totale où les notes de sa harpe s’unirait aux épis malicieux des images flottant autour de la scène. « Je donne un concert le mois prochain. Pourrais-tu me dessiner quelques planches ? Ou… me créer un décor. Des dessins seront suffisant. » Céleste comme une voix posée, une voix fantomatique, prenant son temps pour parler, pour tisser les mots. Elle ne rougit pas mais la timidité de la jeune femme se montre dans l’hésitation de la requête, elle ne voudrait pas effrayé l’oiseau Sonny, si apeurée parfois, par l’existence.
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