renata gubaeva sicecream (ava) ; drake (sign) ; vocivus (icons) max ; blake 1878 999 29 les relents amoureux occupent désormais une minuscule place dans le myocarde enivré d'une odeur qui te colle à la peau. l'armoire s'ouvre tous les jours pour laisser respirer les vêtements qui n'ont plus de silhouette à habiller les effluves ne dissimulent aucun secret. arômes mandarines, narines respirent les odeurs de jasmin mélange à la vanille, leur singularité ne t’échappe jamais. nez d’exception au destin prometteur qui s’abandonne aux plaisirs olfactifs. fragrances divines. attirance limpide. loin des miasmes pollués. cocon près de la baie. m o o d b o a r d
il y a des visages qui s'oublient. ceux qu'on croise au coin d'une ruelle, qui alimentent les rêves perturbés pour s'effacer dans les méandres mémoriels. les fantômes abstraits qui traversent les murs du temps. incrustés dans les jointures du béton, ils errent dans un monde qui finira par se passer d'eux, par les laisser partir vers des horizons plus flous. seulement parfois l'empreinte, elle reste, sur les épidermes tatouées par les âmes singulières. elle est de ces gens-là, messaline. la peau de porcelaine, les prunelles brillant d'une passion ardente. le corps fluet, les jambes si frêles qu'on se demanderait bien comment elles tiennent encore debout. la chevelure interpelle, s'enflamme sous les rayons du soleil. et c'est le phoenix qui jaillit de ses cendres lorsque la parole lui est donnée. oratrice à l'éloquence qui fait taire les assemblées, attire les oreilles curieuses, les silencieux convaincus. alors c'est l'admiration qu'on y lit dans tes yeux, oksana. doux mélange à cette fierté de compter la rousse parmi ton cercle restreint. parce que le ventre il papillonne quand elle s'exprime d'une voix douce mais affirmée. le myocarde manque des battements, s'emballe sans que tu n'y payes vraiment une attention particulière. bien trop souvent happée par l'aura séraphique qu'elle dégage. parce qu'elle a la hargne, les désirs violents de bouleverser les codes. bannir le monde pour en reconstruire un autre. bâtir une planète dans laquelle elle n'aurait plus à subir, où elle pourrait s'enfuir sans craindre qu'on ne lui coupe ses ailes. oksana t'aimerais être capable d'être l'architecte de l'utopie qu'elle décrit. de cette cité du soleil qui effacerait les affres qui affaissent ses épaules. tu ne connais pas le dualisme qui l'habite, oksana. le manichéisme permanent de celle qui veut échapper au prisme d'une société qui fait de la femme un objet, sans pour autant s'empêcher d'en devenir un tous les soirs. véritable martyr qui purge une peine pour éviter de l'infliger aux autres. parce qu'elle a accepté le fatalité depuis longtemps, messaline, et en assume chaque jour les conséquences. c'est pour des gens comme toi, oksana, qu'elle fait sûrement tout ça. même si tu n'en sais rien. son engagement devient une source inépuisable de louanges. impressionnée par l'ardeur de ses discours, les mots si bien choisis pour décrire un mal qui ronge les derniers os. oksana, tu ne saurais décrire la quantité d'émotions qui se bousculent sous l'épiderme lorsque sa voix s'élève. elle répète les quelques mots qu'elle a écrit. l'introduction est courte mais puissante. t'es impressionnée, oksana, par toute la vérité qu'elle parvient à mettre en lumière sous ses palabres. elle a ce don d'insuffler cette effervescence, d'embraser les passions des coeurs muets. c'est pour ça, que t'étais là aujourd'hui. tu voulais faire comme elle, défendre les femmes, leur cause, même si tes pas sont encore hésitants. tu n'as pas la même prestance, mais tu veux essayer. parce que, ce faisant, t'empruntes le chemin que ta soeur a souvent pris. celui de la contestation, des revendications qu'elle brandissait sur ses panneaux en carton. t'avais assisté à quelques manifestations avec yulia, pensant trop souvent à tort que ta présence n'était pas légitime. avec messaline, tu te sentais pousser des ailes. désirs secrets d'une proximité avec la rousse, de passer toujours plus de temps à ses côtés. tu n'arrives pas vraiment à expliquer pourquoi. ou peut-être que tu n'oses pas te l'avouer encore, oksana. « je suis vraiment impressionnée, t'as choisi les mots parfaits, comment tu fais pour écrire si bien ? » l'extase est totale, rompant le silence qui régnait dans la chambre après qu'elle a prononcé son discours. unique public puisque la maison est vide, tes parents sont partis pour la semaine dans une contrée lointaine du pays. alors les prunelles s'extasient. «qu'est-ce que j'aimerais savoir écrire comme ça, faire des discours pour les prochaines réunions, mais je crois que ce n'est pas trop fait pour moi. » le rire est cristallin, sans réelle amertume dans la voix. tu ne t'apitoies pas. parce que l'ombre t'a toujours convenu, oksana. concentrée sur les parfums et les odeurs, t'avais le don olfactif, pas celui des écrits lyriques. c'est aussi pour ça que tu t'entends si bien avec messaline. elle alimente des songes de gamine. comme si, avec elle, tout était possible. métamorphose d'orphée avec sa prose qui te permet de t'envoler.
Lily Nova Ethereal (ava) Orphée, Virgil, Grisha, Céleste, Eleusis 276 969 29 La fille des draps aux billets verts, elle appartient à tout le monde, à personne Prostituée pour payer son loyer. Et puis elle apprend les lois, double master d’avocate et de science politique.
Sujet: Re: la délicatesse ft. messaline Sam 22 Aoû - 19:50
La délicatesse
Messaline & Oksana
Messaline, dans une chambre qui ne lui appartient pas, dans une maison aux nimbes délicats, dans un quartier silencieux, apaisant, Messaline, assise sur un lit aux couvertures simples, accompagnée d’une amie. Elle a relevé ses cheveux de flamme, en chignon décoiffé, presque romantique pour sa tignasse, parfois a-t-elle envie de se les couper, de tirer les mèches, les décaper, de se découvrir une nouvelle tête Messaline. Elle se condamnera à une coupe de garçonne, heureuse quand elle y pense, pour fêter la fin des études, une nouvelle vie loin des échos de la débauche obligée, le corps allongé, et puis les cheveux, les commentaires, tu as un visage de modèle préraphaélite, une beauté atypique, ton visage taillé dans la beauté particulière et le corps, ton corps Messaline, droit, musclé, sans gras, sec et maigre, un corps de déesse et quand on s’y perd, sur son ton ventre, quand on s’y redresse, quand on s’y fond, Messaline. Les mots se voulaient lourds de séduction, jamais un remerciement, ils prenaient puisqu’ils payaient, clients rois, clients dieux. Dans cette chambre aux effluves de tranquillité, l’arrêt du temps et de la litanie des larmes, elle a séché ses plaintes, elle a déversé dans ses feuilles remplies de mots, des phrases de colère, du fiel pour son exigence car, si Messaline vit, c’est que l’espoir la porte, que l’espoir la foudroie. Oksanna a le visage de poupée, la voix de lumière et les yeux tourbillon ; Messaline pourrait se perdre dans la candeur, dévorer la fraîcheur, se perdre dans la jalousie d’un manque, celui de la gosse qui n’avait eu, pour existence que le fer et la misère. Néanmoins, le sentiment de la sororité abonda dans son coeur nécrosé, quand elle la voyait, elle ne pouvait s’empêcher de voir l’innocence et la timidité, cette fille qu’elle aurait pu être. Un reflet dans les iris opalescente de cette connaissance ; elle la nourrissait de douceur quand Messaline n’était que lourdeur. Devant son texte, les doutes la submergent. Elle n’a pas confiance en elle, l’estime tuée à coup de foutre, à coup de reins. Elle hausse les épaules, dédaigne les compliments. Non Oksanna, tu te trompes. Moi, je ne suis rien. Et dans le ton de ses pensées, juste la réalité. Non Oksana, tu te trompes. Moi, je ne suis rien. Une étoile dans le firmament des enfers, agenouillée ou allongée, sur le ventre, sur le dos, accroupie ou levée. En tailleur, elle regarde les mirages de son discours, l’envie de déchirer la possède, déchirer l’ouvrage puisque de cet ouvrage ne naîtra que discordes et critiques. On l’a appelé, des féministes engagées, radicales, elles collent des papiers et des mots, croient à la force des sermons et des punchlines, pour s’exprimer disent-elles. Et l’expression de Messaline fermée. Elle rêve d’idéal et d’égalité, l’égalité complète. Elles abreuvent twitter de hautes éducations, des thread sur la société patriarcale, mais rien ne change, jamais. Messaline a l’air dépité, le désir de se retirer loin d’un monde oppressant. Doris lui a dit, tu devrais… Tu devrais… me faire hospitaliser ? Elle avait craché son venin, encore une fois, son agressivité. Un souffle et le monde redevient stable. Le décor de la chambre, les couvertures fleuries, les oreillers moelleux, loin, loin de chez elle et du bruit. « Tu es bien trop gentille Oksanna, je crois que je ne mérite pas tes compliments. » Elle chuchote cela, apeurée par le positif, de l’amour de ses proches, Messaline rejette. C’est le ton de la mère qu’elle emploie, dans les phonèmes le tremblement de la gratitude tout de même, l’incompréhension se terre dans les questionnements de ses orbes tristes. « J’utilise ma colère. Mais la colère n’est qu’un tremplin. Tu connais Dorothy Allison ? » Elle se remémore les paragraphes, les élans de réflexions ; ils masquent les femmes écrivains, ils masquent les femmes qui se battent, car leur place, aux femmes, semblent attribuées dans la cuisine ou la maison, dans le lit et le plaisir accordés pour les hommes. « L’histoire de Bone. Banalité de l’adolescente et de l’enfant femme. » Elle souffle. Spontanément, violemment, il jaillit le geste. D’un coup elle raie le texte, le barbouille d’encre et de fiel. Parce qu’il était ignoble, hideux. Parce qu’il ne correspondait à rien qu’au néant puissant de son suicide.
renata gubaeva sicecream (ava) ; drake (sign) ; vocivus (icons) max ; blake 1878 999 29 les relents amoureux occupent désormais une minuscule place dans le myocarde enivré d'une odeur qui te colle à la peau. l'armoire s'ouvre tous les jours pour laisser respirer les vêtements qui n'ont plus de silhouette à habiller les effluves ne dissimulent aucun secret. arômes mandarines, narines respirent les odeurs de jasmin mélange à la vanille, leur singularité ne t’échappe jamais. nez d’exception au destin prometteur qui s’abandonne aux plaisirs olfactifs. fragrances divines. attirance limpide. loin des miasmes pollués. cocon près de la baie. m o o d b o a r d
les attentes sont multiples. les cheveux doivent être lâchés, en cascade dans le dos, flirtant avec le creux des reins sulfureux. les prunelles en amande, brillant d'une lueur charmeuse, pulpeuse et séductrice mais pour jamais vulgaire. les lèvres étirées, pour toujours parfaire ces sourires qui leur plaisent tant. les filiformes poupées de plastique. les marionnettes en chiffon. celles avec lesquelles ils s'essuient avant de les abandonner dans les bas-fonds. absurde est cette époque où tout se dénonce et pourtant rien n'y fait. comme si rien n'avançait dans ces têtes endoctrinées. l'encéphale manipulée pour mettre à mort le bonheur de ces dames. elle est drôle cette époque, oksana, d'une ironie grotesque dans laquelle vos âmes baignent sans arriver à s'en soustraire. alors il faut se battre. et les armes sont parfois ces palabres qui tranchent, lacèrent les esprits scandalisés alors que les mots ne font que décrire la violence de la réalité subie. comme celle qu'elle exprime, messaline, penchée sur sa feuille de papier froissé. il y a la lourdeur de ces poids inertes enchaînés autour de ses chevilles. le dos courbé porte une chimère qu'elle ne parvient pas à déloger. dans son combat, elle tente de survivre. dans son texte, elle exprime ces souhaits qu'elle aimerait que, tous, suivent. alors qu'elle, elle s'y est résignée. les cuisses ouvertes, la peau offerte, sur des lits miteux aux ressorts grinçant, sur des draps en satin qui glissent sous les coups de bassin. elle porte en son sein tous ces malheurs, s'en abreuve du poison dévastateur. c'est la rage, la hargne, la furie qu'elle dépose sur cette maigre feuille de papier. les cris et puis les larmes de toutes ces âmes qui ont souffert par les vices des hommes. elle dénonce et rejette. messaline se fait juge, par l'élégance des mots, elle condamne. tu serais prête à crier qu'ils périssent dans les flammes. d'une mort lente et atroce, comme les traces qu'ils déposent et qui ne s'effaceront pas, qu'ils brûlent sur le bûcher et ne reviennent jamais. « j'imagine que la colère nous aide à trouver les mots. à nous donner le courage de s'exprimer comme tu le fais. » il faut bien plus que du courage. comme messaline, il faut encaisser les balles, les utiliser pour fabriquer cette carapace. celle qui ne se brisera plus. devenue invincible, insensible, pour mener le combat. le destin est tragique, mais peut-être qu'il mènera à la fin d'une ère qui vous voulez révolue. la voix fluette ne te laisse pas le temps de répondre à la première interrogation. elle apporte les réponses, éclaire peu à peu les lumières. l'histoire de bone se résume en une simple phrase. celle qui forme un écho dans ton être quand la rousse s'exprime. l'enfant-femme. dans un souffle, l'effet d'un aveux à moitié confessé. dans ce souffle, tu imagines le poids qui s'échappe de la silhouette chétive. l'enfant-femme se personnifie devant tes yeux. pourtant, tu ne dis rien, oksana, terrifiée à l'idée de rompre le silence nébuleux qui, de son voile doux et délicat, se pose sur les myocardes. comme une entente tacite. comme une confession que tu acceptes de prendre et d'emporter dans la tombe s'il le fallait. « elle a dû tellement souffrir en écrivant tout ça. » ce sont comme des paroles qui ne s'adressent qu'à toi-même. un murmure, mais la chambre est bercée dans un cocon muet qu'un asymétrique battement du coeur pourrait rompre la beauté. « tu crois qu'on y arrivera ? à combattre ceux qui nous font du mal ? est-ce qu'on peut encore espérer à ce stade ? » candide se pare d'un espoir. une utopie trop grande, bien trop pour cet univers si mauvais. et comme pour freiner les ardeurs d'un monde parfait, oksana, tu assistes à la défaillance, quand les mains déchiquètent le papier. rayer les phrases, déformer les syllabes. pour ne plus entendre les profondes profanations. c'est la surprise qui imprègne le visage. par ces sourcils haussés, par les lèvres qui se décollent sans qu'aucun son n'en sorte. alors tu lui prends le stylo des mains, te saisis de la feuille, même s'il est déjà trop tard et que le geste a dénaturé les pensées. « c'est pas grave, on verra ça plus tard. » la douceur dans le timbre, pour réconforter la princesse brisée. tu ne sais pas, oksana, quel est ce mal qui ronge messaline jusqu'à la moelle. mais t'aimerais comprendre, aider, construire de multiples fenêtres pour qu'elle sorte de ce monde dans lequel elle est emmurée. « est-ce que... est-ce que tu... tu veux, peut-être, en parler ? »
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Sujet: Re: la délicatesse ft. messaline Jeu 1 Oct - 10:01
La délicatesse
Messaline & Oksana
Un texte de lambeaux et de douleur, elle prenait le crayon pour surpasser le néant d’un sens qui n’en était pas un, qui n’en serait pas un ; elle n’arrivait pas à s’approprier les doxas, ces idées qui formaient une société, qui fédéraient des peuples, qui manipulaient les cerveaux, en construisait un seul, elle n’obéissait pas, prétendait une posture qui ne lui appartenait pas. Un masque, une persona. Une chair autre qu’elle même. Messaline ne se supporte pas, elle ne s’est jamais aimée. Peut-être… près de son père ; il donnait à son existence une allure d’aventure, des jeux qu’il inventait alors perclus de souffrance physique et d’aliénation, la dépression guettait, c’était son dos et les problèmes financiers, son état, de polonais, il n’était pas Américain, il était européen, ouvrier, il ne parlait pas l’anglais, possédait des difficultés à manipuler cette langue d’adoption. Comment faire quand on se sent déjà rejeté pour s’intégrer dans un pays qui ne semblait qu’indifférence ? Messaline n’eut pas cette sensation d’apatride, née sur le sol de l’état de New York, elle est enfant d’Amérique. Mais femme toujours. La plaie béante d’une malédiction, un sexe dont on ne voudrait jamais. « On combattra personne. » Elle tranche l’espoir, le tue. Messaline aimerait se fondre dans sa couette, ne jamais en sortir, dormir des heures et vivre deux heures, c’est suffisant se dit-elle, pour apprécier juste un moment d’action, un thé, une cigarette. Oksana ne mérite pas son agressivité, assise près d’elle, elle s’excuse. « Parfois je suis d’humeur… comme si tout allait basculer, que tout allait mourir autour de moi. Mais je crois que je projette, la mort est en moi, et je ne sais pas comment faire pour être heureuse, comme la société le demande. Sourire, rire, feindre la force et la volupté d’une vie que l’on a construite. » Messaline ne s’épanche pas plus, dans les paroles des analyses afin de prendre la distance nécessaire à ce jet d’émotion, car l’on demande aussi des émotions maîtrisées, taxée d’hystérique si l’on peine à se dominer. Plus particulièrement les femmes. Aux questions d’Oksana, Messaline garde les embruns, l’esprit délie des interrogations nouvelles, mais ce sujet, le féminisme et la condition des femmes cognent ses retranchements, ses ronces poussant tout autour d’un palais gelé, celui qui devrait resplendir dans l’énergie de la femme, combattante, révolutionnaire, fière de s’appartenir pour elle. Messaline fouille son sac, en retire un beau livre, de ceux aux pages lisses et blanches, propre, soigné, les reproductions chatoient de leur couleur sépias, des photographies en noir et blanc, des femmes aviatrices, des femmes guerrières, des femmes soldats, des russes, en 1942, premier escadron, une élite spéciale des forces armées composée uniquement de femmes. Et puis, le backlash, les années 1970 puis 1980, partout l’on prétendait que la révolution sexuelle libérerait les femmes, elle n’a fait que protéger les pédophiles, argument typique du « c’était une autre époque ! ». Il n’y a rien qui puisse l’apaiser Messaline, quand elle pense aux efforts, à cette transcendance qui liait la sororité, ils étaient plus forts, baignés déjà dans la solidarité fraternelle. « Ce livre m’inspire, je le garde toujours près de moi. Voir ces femmes qui se sont battues, qui ont vaincu. Je trouve ça émouvant, tous ces portraits, ces chevelures recouverts d’un casque. Elles partaient pour défendre une cause .» Dans ce recueil de témoignage, elle cherche sa propre force disparue dans les entrailles des hommes qui la pénètrent. Et cela, cet acte de domination cher au patriarcat la brisait chaque jour, l’éduquait. Elle apprenait par les coups de rein à se soumettre, aux billets, puisqu’il fallait manger. Elle apprenait par l’humiliation des débuts du passages, avant les coups de boutoir, à se détester elle, puisqu’il lui fallait de l’argent afin de pouvoir vivre, payer son loyer, payer ses études, payer ses affaires. « C’est quoi ta cause Oksana ? Celle qui te transforme, qui t’emporte, qui te permet d’encaisser. » On n’exige jamais de connaître cette réponse, une cause à défendre, la dangerosité d’un but, d’un objectif, mais d’un objectif anti-patrie, anti-obéissance, anti-civile, une cause, cela exige du courage pour chercher, déjà, aux tréfonds de l’âme, se découvrir afin de construire cette lueur et un sens subjectif. C’est quoi ta cause Oksana, celle pour laquelle tu vis chaque jour. Qui déploie des briques et frappe la démesure du désespoir ?
renata gubaeva sicecream (ava) ; drake (sign) ; vocivus (icons) max ; blake 1878 999 29 les relents amoureux occupent désormais une minuscule place dans le myocarde enivré d'une odeur qui te colle à la peau. l'armoire s'ouvre tous les jours pour laisser respirer les vêtements qui n'ont plus de silhouette à habiller les effluves ne dissimulent aucun secret. arômes mandarines, narines respirent les odeurs de jasmin mélange à la vanille, leur singularité ne t’échappe jamais. nez d’exception au destin prometteur qui s’abandonne aux plaisirs olfactifs. fragrances divines. attirance limpide. loin des miasmes pollués. cocon près de la baie. m o o d b o a r d
le silence est de plomb. maître des mots qu'ils dérobent, consument et dispensent, ces êtres égoïstes qui s’emparent de tout. ils transforment les poupées en cire, funestes muettes dont les larmes se retiennent de dégouliner sous le feu ardent des projecteurs luisant sur leur peau malmenée. alors les âmes prisonnières hurlent derrière le masque opaque, fatiguées de n’être remarquées que pour une quelconque notion de beauté. les carcans qu’elles réduisent en miette dans cet espace qui devient tribune. déliées, les langues s’articulent, crachent plus que ne posent sur le papier froissé les maux torture. et elles ont tout fait, oksana, de leurs petites mains agiles, habiles, elles ont construit ce qu’elles pensaient de radieux. cet avenir enchanteur où se file le voile invisible pour y laisser les ailes des harpies se déployer. salvateur est l’envol vers ces contrées où plus rien ne les soumet. pourtant, oksana, lassés de leurs propres immondices, les rois du monde piétinent les croyances d’un temps révolu. comme une cassette qui sans cesse se rembobine, retrouve cet austère cocon et ses injonctions délétères. les rêves s’échouent et s’écrasent contre la vitre de fer forgé, plafond de glace qui ne saurait être brûlé ni avant ni maintenant. et même messaline s’écroule sous les jambes qui déraillent, trouvant l’extrémité réconfortante d’un lit doux et moelleux. la main gauche sillonne le synthétique électrique du plaid déposé sur les draps, s’empare de l’homonyme dans un bref instant où se murmure un silencieux je suis là. parce qu’il n’y a que ça que tu puisses faire, oksana ; apposer sur le derme un pansement qui chasserait les chimères, viendrait combler toutes ces entailles que l’âme s’inflige à porter sur son dos la montagne de vos douleurs. de l’hésitation les lèvres se piquent. « j’ai parfois aussi l’impression de n’être rien d’autre qu’un fantôme, mess. moi non plus, j’sais pas faire semblant. pourtant ça n’veut pas dire que le reste ne mérite pas d’être vécu. à notre manière à nous. » il y a comme un décalage, un fossé interminable qui m’empêche d’être comme les autres. mais mess’ je sais pas si moi je veux être comme ça. encore plus vide que je ne le suis déjà. la gamine restreint l’envie de recoller la carcasse dans la vacuité d’une étreinte, car la chaleur viendrait fondre les derniers morceaux de la poupée brisée. les prunelles sondent celles dissimulées sous les boucles fougueuses, y décèlent la lutte hypnotique de la valse contenue des émotions entremêlées. tu ne dis rien, oksana, esquissant un sourire à demi-teinte, se voulant apaisant mais qui n’est que désolant. loin de cette pitié qu’arborent les inconscients, l'âme s'incline, impuissante devant l'immensité d'une tâche qui dure depuis des siècles. car tout n'est que recommencement, deux pas en arrière, un pas en avant, le tout sur le rythme effréné d'une danse de salon. mais la môme a fini par ne plus y prêter attention, affligée par les tourbillons hurlant, tandis que l'autre se berce d'un florilège d'oeuvres qui content une grandeur passée. celle qui, dans sa chute, pleure les lumières que les traitres éteignent. parce qu'ils effacent l'héritage et ses saillances hasardeuses qui ne feraient qu'attiser le feu de la vengeance. quand les doigts effleurent la couverture lustrée du livre, les pupilles pétillent de cette même rage, agacées par tous les préconçus, les images et les idéaux mal foutus. de l'encre noire, elle s'abreuve, messaline, boit les palabres chargées d'espoir dès que le corps sombre pour quelques billets presque déchirés qu'ils déposent sur la table de chevet. « pourtant il y a bien des femmes qui se battent encore aujourd'hui. elles aussi, défendent la même cause, tu crois pas ? » la tête se penche légèrement. car même avec des muselières greffées entre les lippes, les hurlements retentissent, condamnent ces abus que les prisonnières exposent aux yeux du monde, et ça... ça devrait compter mess... pas vrai ? puis l'interrogation déconcerte, creuse davantage le silence qu'elle impose. comme si t'avais besoin de chercher, sous l'organe écorché, derrière la mémoire parsemée, les vestiges d'une quelconque volonté. « j'en sais trop rien mess. j'aime me dire que beaucoup parviennent à se sortir de leur misère, qu'il y a des mains qui se tendent et qu'il faut savoir les saisir au bon moment. mais j'pense que c'est plus de la naïveté qu'autre chose. » parce que je m'efforce de survivre, mess, et je crois qu'à chaque pas que je fais, le goût s'efface sur ma langue et j'ai l'impression de ne plus croire en rien.
Lily Nova Ethereal (ava) Orphée, Virgil, Grisha, Céleste, Eleusis 276 969 29 La fille des draps aux billets verts, elle appartient à tout le monde, à personne Prostituée pour payer son loyer. Et puis elle apprend les lois, double master d’avocate et de science politique.
Sujet: Re: la délicatesse ft. messaline Sam 20 Fév - 9:17
La délicatesse
Messaline & Oksana
Dans les méandres de sa tristesse comme une pesanteur sur le coeur, lourde et angoissante, Messaline oublie ses proches, elle se les figure comme des ombres sur le point de disparaître, en effet, ils s’évaporent dans la détresse. Ces sentiments se mélangent aux désirs éreintant de la fuite, mais Messaline garde en son sein une dualité frôlant la folie. Elle aimerait se débarrasser des voiles qui la condamnent, se débarrasser de son sexe, de tout ce que l’on projette sur lui, l’Autre, le féminin, le sale, la boue, les immondices, et, de cela se faire une peau de chagrin, une peau masculine. Ce qu’elle aimerait devenir homme pour ne plus subir ! Vient s’engoncer la contradiction, la force de sa détermination, je ne suis pas un objet, je ne suis pas un homme, mais je pense, mais je vis, mais j’agis, je ne suis pas passive bien que tous nous observe tels des vases à remplir. La voix douce et emplie d’hésitation d’Oksana la guide vers la réalité, à trop se perdre dans ses pensées on efface l’essentiel. « On se bat pour des chimères. » Elle l’a déjà dit mais le répète, comme pour bien affirmer son nihilisme mugissant dans son thorax. La volonté de détruire semble fermement accroché dans les discours de la jeune femme, un bourgeon déjà fané par les années d’usure et de férocité ; elle a survécu jusque là, c’est une bonne chose… n’est-ce pas ? L’incertitude dégage ses infamies, remplace le bon, le noble, les valeurs pures, par des piques dissimulées sous la résignation.
Il n’y a rien de beau dans ce monde Oksana, et je suis désolée de paraître si mauvaise à toujours verser le poison dans mon vin. Elle ne possède pas le courage des idéalistes bien qu’elle écrive sur des feuilles volantes ses agonies et ses merveilles. « Ta candeur me touche. » Doucement, elle admire les traits de cette poupée russe, abîmée par le deuil mais non par la saleté des doigts de l’homme. Oksana semble une respiration dans ce monde où tout agonise. Elle tend alors la couverture rigide, la glisse dans les mains de sa camarade. « Je te le donne, il pourra toujours te servir. » Ainsi se lève-t-elle lorsqu’elle entend son portable vibrer, c’est un message d’un client, le gong de la décadence, de la dépression. Mentalement, elle compte mais s’aperçoit que ce n’est plus le besoin d’argent, c’est le besoin de se dissoudre, de disparaître. Il l’entraîne vers des contrées où nul ne se penche par plaisir, c’est un besoin insidieux, insistant, rompant la psyché de la victime. « Je vais devoir partir Oksa. Tu m’appelles si jamais tu as besoin de quoi que ce soit ! » Messaline ne refuse jamais, préfère couper ces éphémères moments de bonheur. Elle se maltraite elle-même puisqu’elle ne peut prétendre à la grâce.