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 Goddess of courage (ft. messaline)

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Message Sujet: Goddess of courage (ft. messaline)   Goddess of courage (ft. messaline) Empty Jeu 1 Oct - 18:58

goddess of courage
Messaline & Misha

« Don't feel bad, I'm usually about to die. »
”Elle est à toi si tu veux.” Du pur trading spéculatif, la négoce des corps tapée sur l’écran, la proposition jetée sous les serres d’un corbeau. Misha avait hésité à attester de sa bonne foi, accepter l’offrande du père et se réjouir d’une nouvelle putain. Mais la pensée conditionnée au business comme le poumon à l’oxygène, le fils du roi avait acquiescé sans grande joie et dans l’espoir qu’il ne détourne un peu de malheur de cette catin déchue. Messaline avait été recueillie sur l’asphalte embourbée dans la mort, et le charognard s’était pointé, sentant la peine comme la misère, il lui avait proposé un toit, de la chaleur et bien peu de vie. Cela avait convenu à la donzelle essuyant la rage implicite de Misha, lui qui n’avait fait l’offense que de froncer les sourcils face à l’annonce salvatrice de Grisha. Et qu’il la trouvait légère, qu’il la trouvait morte, inhabitée. Se fortifiant d’un morne hiver comme elle s’abandonnait ainsi entre les griffes des proxénètes, trafiquants de la bonne chair. Et comme il lui en voulait de ne pas s’être confessée à lui, puisqu’ainsi elle aurait évité les barreaux, et la marque, et le fouet. Un air de paisible triomphe, la bouche rougie des carmes pieuses, le regard rehaussé d’aquarelle, il est vrai qu’elle demeurait belle et délicate. Mais c’était omettre la faculté du cerveau, de ce couronnement d’intellect qu’elle dissimulait modestement et qui lui promettait un grand avenir. Elle serait sienne, et de ce constat, Misha s’assurait que nul autre ne la toucherait, probablement pas lui, certainement pas les autres.

Le gamin a troqué l’éducation contre la loi de la besogne depuis quelques jours. Il a craché tout le papier, les bouquins, les articles et les décrets. S’investir entièrement au sein du réseau des chairs et du canon, prompt à marcher dans les pas du père, se saisir de ce que le hasard a fait sien. Abandonner les études, se dire que rien ne presse et pourtant, mettre en jauge son avenir puis rejoindre pleinement les rangs. Grisha a jeté pour l’occasion des festivités viriles, épiant l’héritage qu’il légua au fils et l’abreuvant de l’énergie mâle. Les bacchanales ont le goût des rires crasses, de la vodka aigre et des rituels insidieux puisque Misha a fini par monter dans la berline le menant aux Glaïeuls. Messaline t’y attend, avait clamé Aleksandr, les yeux vifs vissés sur l’omoplate du nouvel arrivant. Rufus, qu’il s’appelait. La trogne sèche et polie dans le marbre, pas un rictus pour salutation. Quelques grognements concis, lorsqu’il dut se présenter. Grisha avait lourdement insisté auprès du fils pour que le taciturne gaillard soit intronisé nouvellement garde du corps de Misha. Comme un accord de principe ; récupérer à moitié le flambeau puis se brûler les doigts. Mafieux, c’pas facile t'sais. Tu liquides, tu baises, tu fortifies et tu surveilles constamment ton cul, avait sifflé un de leurs hommes entre deux renvois de nicotine. « Alors, elle va s'appeler comment ? » En route pour le bagne des femmes matées, la pupille d’Aleksandr a percuté la silhouette de Misha se miroitant dans le rétroviseur intérieur. « Qui ça ? » « Ben la nouvelle. Elle va pas garder son prénom, si ? » L'annihilation de l’identité n’a rien d’un caprice puisque les hommes  dans leur froide sournoiserie, ont saisi l’importance de l’absorption de l'individualité. Ainsi Aleksandr le toise d’un air inquiet comme la pupille volubile lui parle sans ciller : tu vas pas faire ça hein ? C’est pas parce que tu l’aimes bien, la p’tite, qu’elle a l’droit de demeurer ce qu’elle est. « J’sais pas. J’aime bien Athena. Ca lui va bien. » Sur un soupir de soulagement, foison de brefs rires nerveux lui percutant la langue. Aleksandr ravale ses inquiétudes et, avec elles, l’angoisse de se faire aspirer tout entier par la nouvelle figure de Rufus.

Lorsqu’il a posé le pied aux Glaïeuls, Misha ne s’est pas empressé de monter les escaliers. Il a embrassé tout entier les lieux comme un regard de recueillement, a pris soin de se recoiffer puis a épousseté sa veste. La première impression, pas toujours la bonne, mais faire au moins office de mec pas trop désabusé, à défaut de ne pas être trop con. Il a fini néanmoins par se diriger vers la chambre non sans l’estomac en vrac, un peu retourné à l’idée de ce qu’il y trouvera. Messaline la putain, cela lui secoue le crâne de tant de rage. Misha ouvre pourtant la porte et sa silhouette s’est découpée sur le seuil ; c’est l’ombre des carnages qui se met en branle. Le silence a marqué la lippe comme il s’est avancé, s’assurant qu’elle ouvre bien les yeux face à l’inéluctable ; le fils de Grisha, le meilleur ami, l’étudiant, le lambda. Celui qui la tint dans ses bras, lui soufflant que tout n’irait que mieux, l’auréole du naïf bien plantée sur le crâne. Celui-là même, pointe son flingue sur les chairs, porte le parfum des courtiers des vices. Et sans doute même, qu’il s’en envoie plein. Des catins, des misères, des pleureuses et des désespérées. « T’aurais dû m’dire, Sissy. C’que tu traversais. » Le cliquetis de la serrure bourdonne comme un essaim lointain comme il s’assied sur le fauteuil de brocard rouge, la toise, soupire. « T’en serais pas là. Tous les deux, on n’en serait pas là. » La môme a condamné sa liberté, et ce qu’il en retient c’est l’amitié qui patauge dans la tourbe de leurs sales manigances.

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Prostituée pour payer son loyer. Et puis elle apprend les lois, double master d’avocate et de science politique.

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Message Sujet: Re: Goddess of courage (ft. messaline)   Goddess of courage (ft. messaline) Empty Jeu 1 Oct - 22:44


goddess of courage
Chaque histoire possède son monstre, qui les a rendues dures plutôt que courageuse, et alors elles ouvrent leurs cuisses plutôt que leur coeur, là où est blottie et cachée la petite fille du passé

    Elle s’était endormie lorsque l’homme était parti, la laissant dans les vagues de l’immobilisme et sa douleur dans le creux de l’âme, il lui avait parlé, condescendance aux lèvres et l’autorité mâle, il possédait cette posture maniérée, cette prestance de l’homme cultivé, puis son hubris, sa démesure jaillissant de sa peau, et ses yeux. Messaline n’avait pas regardé, n’avait pas ancré le regard dans ceux satin du sauveur. Un sauveur n’en ayant que le nom, vide de sens. Elle ne désirait pas être repêchée des abysses, si j’ai avalé ma pharmacie entière, c’était bien pour une raison. Elle avait pensé, jamais n’avait dit, conditionnée à l’obéissance des filles, de la prostitution, car le client est roi. Elle avait retenu une phrase, qu’elle n’allait appartenir qu’à un seul. Soudain, elle avait respiré, libéré la peur par le souffle, cette angoisse perpétuelle en son sein, en ses veines, je n’aurai plus de client, juste un, et cela lui était un soulagement. Elle n’avait pas réfléchi aux risques, n’avait pas plongé dans les affres du féminisme ; oublié toutes ces idées qui la maintenaient en vie, puisqu’elle se considérait aussi vide qu’une coquille. Elle s’était endormie, un peu apaisée, droguée par l’ambre s’échappant des tuyaux pour posséder ses artères. Les bruits environnants ne la dérangèrent pas, ces sons aux allures sensuelles, ces cris et ces gémissements.

 Elle avait ouvert ses paupières, esseulée, toujours aussi fatiguée, ses membres si mous, il lui avait semblé quitter son corps, tel une nuée évanescente. On avait pas frappé à sa porte, on avait vérifié puis retiré la perfusion, on avait pris sa tension puis on lui avait ordonné de suivre le médecin, Hyacinthe, ou monsieur, dans une large pièce immaculée, pour prendre le poids, la taille, indiquer les recommandations. Ils avaient employé des termes éloquents, on conseillera à ton maître, de la faire manger, trop maigre, anorexique. La sentence sur le papier, un dossier de quelques feuillets, sa photographie, ses mensurations, et puis, les questions. Tu prends la pilule ? Je ne sais pas ce qu’il décidera, s’il préfère la stérilisation. Tu n’es jamais tombée enceinte, pas d’avortement non plus. Des traitements ? Dépression ? Grisha viendra te voir une fois par mois, l’effondrement psychologique on ne le soigne pas, ça nous sert bien, mais il ne faudrait pas non plus que tu te mettes en danger une seconde fois. T’as eu de la chance, sans nous tu y restais. La réponse de Messaline s’est cognée dans les cloisons de la salle d’auscultation, moi j’avais rien demandé, je vous ai pas appelé. Il avait sourit, comme un père devant son enfant de trois ans, tu peux partir maintenant, je réglerai les détails avec ton maître. Il arrive ce soir, alors sois polie veux-tu, mais tu connais le métier. Comme un cran d’arrêt dans le coeur, sanglant et meurtri, ce ton de voix si sec et si clinique, sans un gramme d’empathie.

 Sur le dossier d’une chaise, une robe, de soie, flottante, comme de l’eau, simple aussi, courte pour relever les jambes, nuancée de bleue et de rose, à ses manches des perles et brodée ; une robe de créateur. Elle suppose qu’elle doit l’enfiler. Dans cette chambre aux teintes du désir, au tremblement de luxure, le rouge envahit les barreaux, seuls les draps apportent des tâches de crème et de blanc, pour apaiser les yeux de cette couleur abrasive, agressive. Elle se dirige vers la fenêtre, derrière une planche de métal faîte d’arabesque, elle ne voit rien que les ornements d’une cage. Enfermée, elle peine à maintenir son aspiration, le myocarde trébuche sous les rails de son absence de contrôle, puisqu’elle ne contrôle plus rien, elle est perturbée, cependant, dans les pupilles nage l’indifférence et le néant, plus de désir, plus de motivation, elle endosse la robe, automate de délicatesse et de beauté atypique. Elle n’a pas fait l’effort de se maquiller ni de se redresser, quand la porte s’ouvre sur la silhouette connue, elle s’est recouverte des couvertures, presque dormante. Le sommeil, élément indispensable à toute vie déchue.

 Il a fermé à clé, il s’est assis dans le vaste fauteuil de velours, les mains bien ancrées sur les bords. Il lui fait la morale, la colère dans la gorge, les orbes enflammées, accusatrices. Misha a le costard des cadres, chemise amidonnée et coiffé de manière élégante, surtout le maintient du dominant. Elle connaît, Messaline, les postures, les prétentions, les masques, les hommes, pour se sentir homme, déployaient des stratégies, des non dits, des gestes. Quand il assène de ses mots, Messaline se détourne, présente son dos, non pas dans un mouvement de défi, ni de rébellion, seulement d’éreintement.  « J’avais rien à dire, j’ai tout fais pour que tu ne sois pas au courant. » Parler lui paraît une souffrance, elle ajoute néanmoins.  « Je voulais pas que tu me vois comme ça, c’était pas utile. » Et, dans l’oreiller, les larmes qu’elle n’essuie même pas, laisse divaguer les maux, le regret de la survie et puis, dans les tréfonds, la colère. Que Misha la condamne par son égoïsme. Rigide, elle s’assoit, droite, elle semble transcender, pour un instant, les sanglots.  « Tu as choisi. » Trois mots pour la déduction, si Misha se dévoile à elle, dans cette maison harem elle sait bien qu’il s’agit de son propriétaire.  « Comme j’ai choisi. C’était pas mon meilleur choix, je le conçois. Mais toute ma vie c’était ça, des illusions de choix. » Un moment, elle grave ses iris dans les masculines, le regard se noie dans les yeux océans de l’antonyme, Messaline retourne dans les draps.  « C’est toi mon maître maintenant. Il y a quoi, une sorte de rite pour bien dire à la fille qu’elle n’est rien ? » La jeune femme chuchote, n’empêche pas ses analyses perspicaces.


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Message Sujet: Re: Goddess of courage (ft. messaline)   Goddess of courage (ft. messaline) Empty Mer 14 Oct - 10:34

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Messaline & Misha

« Don't feel bad, I'm usually about to die. »
Et j’te vois, maintenant. De ce qu’il en pense, la pupille charbonneuse percutant le dos qu’elle lui offre, Misha ne le glisse pas sur la langue lorsqu’elle déplore l’avoir protégé de ses démons. Le goût acre du courroux se déploie dans la gorge, tentaculaire et grotesque, comme un sale cancer qu’il ne parvient pas à combattre. Et comme cela se vérifie, lorsqu’il la toise sous la coupe de sourcils pliant sous le poids de la déception, ce qu’il aimerait tempêter, de sa bêtise à son spleen noir, que rien ne va. Que rien n’irait plus jamais. De sa cuirasse fissurée par la dépression silencieuse, Messaline n’est parvenue à rien, si ce n’est qu’à assassiner sa vie. T’as l’air d’avoir compris qu’une fois que t’as foutu les pieds dans cette geôle, t’en ressortiras qu’avec une balle entre les yeux si t’es chanceuse. Ca sert à rien de te morfondre, de te débattre, de te faner. Parce que de nos sales engeances si joliment vêtues, toujours en costard, j’sais pas si t’as vu, y en aura toujours un pour te garder salement en vie. Sous perfusion de violences et d’assauts. Mais tu vas survivre dans ces limbes suintant la rose, le sperme et le cuir.

« Tu as choisi. » Qu’elle objecte patiemment. Le dos droit, la pupille fondue dans la sienne, apathique et mouillée. Misha ne cille pas lorsqu’il l’observe. Il a croisé les jambes et a ouvert les épaules, cette posture du mâle trônant sur les enfers des putains. Il apprit la patience, auprès de Grisha. L’abnégation, parfois. Couver les palabres trop vivaces sous la langue mutique et laisser couler dans les veines ce sang glacé des steppes moscovites. De son silence, Misha approuve sans honte. Le choix des vices contre un peu - beaucoup - d’amour du père. Et puis ce serait bien mentir que de se lover sous l’excuse de la chaleur familiale comme du foyer aimant, lorsque l’on sait que le môme se réjouit de ses sales besognes. Des tortures de chair qu’il inflige, des regards de mépris qu’il dispense, de ce bitume martelé par les pas pressés, l’odeur de la poudre, du sang âcre, du stupre chaud. Rien que cette adrénaline lui fardant le myocarde, toujours bien vivant, allergique à la flicaille. (Anaphylactique, que lui avait soufflé Orphée sous le sourire des anges) Tout ce sale bazar, c’est c’qu’il aime, et ce dont il ne pourrait pas se passer. Misha néanmoins ne rétorque pas que ce choix lui est, rien qu’à lui, bénéfique. Puisque Messaline lui a de nouveau tourné le dos et qu’il souhaite débattre avec un vivant, la jeune fille se meurt sur l’oreiller sans prétendre à un intérêt quelconque. Pragmatique, sans nul doute, elle s’enquiert néanmoins de la tournure du supplice : « C’est toi mon maître maintenant. Il y a quoi, une sorte de rite pour bien dire à la fille qu’elle n’est rien ? » « Un ou deux trucs à prévoir de c'genre, ouais. » Ce qu’il assène, le regard butant brièvement sur la paroi du mur, un peu rêveur lorsqu’il glisse à la lippe une cigarette, c’est la condamnation légère. Des normalités qu’il inflige et qui ne perforent pas son âme, ce qui lui semble juste et louable pour un peu de matage en règle ; la marquer, lui imposer la contraception désirée par le maître, la dépouiller de son identité. Et comme il aimerait s’asseoir près d’elle, lui souffler que tout ira bien puisqu’il ne la touchera pas, Misha n’en est pas capable. D’une telle hypocrisie, sous couvert de l’amitié d’antan. Alors il lui concède un peu de baume sur les palabres, c’est pas grand chose, mais il y tient : « J’sais bien que ça te permettra pas de te sentir mieux, là, tout de suite. Mais t’aurais pu tomber sur pire. » Et c’est pas le pathos qui coule dans sa gorge, ni la morgue ni l’arrogance. Mais la fatalité et la décence, et l’inéluctable et le cartésien. « Je te toucherai pas, Sissy. Assure-toi juste de clamer au reste du monde le contraire. » C’que j’en dis, c’est pour toi. Pour moi aussi, faut dire. Que tu me craches bien dessus, devant les putains et les hommes, s’ils t’interrogent. Parce que c’est bien mon devoir, tu sais, que de passer mes nerfs sur toi, me repaître de ton corps, annihiler ton consentement. Mais ça, j’crois bien que tu l’as compris, bien avant de te pointer ici.

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Message Sujet: Re: Goddess of courage (ft. messaline)   Goddess of courage (ft. messaline) Empty Mer 21 Oct - 17:27


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Chaque histoire possède son monstre, qui les a rendues dures plutôt que courageuse, et alors elles ouvrent leurs cuisses plutôt que leur coeur, là où est blottie et cachée la petite fille du passé

    Elle entrevoit le rouge peint sur les murs, les quelques meubles et les objets de luxures, dans la grande armoire se cachent peut-être des jouets pour ceux que l’on nomme les dominants, elle sait Messaline qu’elle ne se trouve pas dans une maison de passe normale. Elle songe à ces souvenirs, parfois les clients l’emmenaient autre part, ailleurs que son appartement, exigeaient qu’elle vienne dans un love hôtel, ça fait fureur au Japon lui avait-on dit. Cette chambre sera la sienne mais la teinte du désir et du sang ne lui plaît guère, l’agressivité du sexe comme un rouage bien pensé des réveilles du fantasme. Messaline, pour se comprendre un peu, pour s’éveiller et combattre la torpeur de la décompensation, avait lu de nombreux ouvrages de psychologie, avait souligné les mots qui lui parlaient ; tu n’arrêteras jamais de lire, et tu en accumules des connaissances mais ne penses-tu pas que ça te met à l’écart, je ne veux pas te blesser ni te reprocher cette activité juste, je sais qu’il est difficile de survivre dans un monde de plus en plus inculte, l’on de te regarde bizarrement, plus encore lorsque tu es une femme, tu portes en toi la misère des courtisanes, les maux sales, les hits dégueulasses, arrête Messaline.. Elle ferme ses yeux aux néons pourpres, accueille le noir et l’absence, se concentre sur la voix connue, reconnue, appréciée de l’héroïque. Elle le devine assis sur son fauteuil et non le sien, sur ce velours des propriétaires, rien n’a changé, tout a évolué, la domination masculine a préféré s’invisibiliser et s’ancrer dans les détails ; l’on dit alors que les femmes ont leur place dans le marché du travail mais où se trouvent-elles dans les murs des grandes institutions du pouvoir ? Elle avait dit oui à Grisha s’obligeant à croire qu’elle avait le choix, la sidération bouleversait déjà son esprit anesthésié, la fatigue lui mordait sa raison, elle avait dit oui parce qu’elle n’avait pas le choix. Elle voulait vivre. Ou choisir sa mort. Une balle dans la tête ne lui plaisait pas.  « Si tu me touches pas tu me protèges, tu m’offres un temps pour me ressourcer. Tu ne le sais pas et peut-être que tu t’en fiches mais merci. » Elle s’est relevée, a dardé ses prunelles mordorées dans celle de cet être chthonien.

 « Ça te fait quoi Misha, de contrôler le corps des filles ? Ton père est un exploiteur d’esclaves sexuelles et tu n’as rien à dire dessus ? » Aucune émotion, la froideur comme rempart, comme digue aux flots puissants de l’horreur ; suite à sa visite chez le médecin dans cette… qu’était-ce d’ailleurs, une ancienne gare, un ancien opéra ? Elle avait longuement marché pour rejoindre l’espace réservé aux hommes, leurs barbes, leurs yeux, leurs mâchoires, des airs de cerbères sévères aux poings figés dans le marbre.  « J’ai vu une fille presque nue, les larmes aux yeux, elle pleurait et personne ne la rassurait. Et Hyacinthe, c’est bien son nom ? Il n’a eu que des mots atroces pour elle. Ici on nous appelle soumises et pas putes parce qu’on est réservée à un seul client, mais celui-ci a le droit de vie ou de mort sur nous ? Et toi Misha, tu pourrais m’assassiner ? » Pas aujourd’hui ni demain, dans ces années qui s’écrouleront, se morfondront, elle toujours enfermée dans ce royaume de spectres et de fantômes féminins gémissant leur non existence. Elle sait qu’il ne fera rien aujourd’hui, qu’il ne fera rien demain, mais elle sait que les mœurs évoluent, qu’elle n’est plus cette amie qu’il côtoyait entre l’architecture noble de la fac de droit, qu’un jour, peut être lointain, tu l’espères, il déclamera son droit sur toi, de t’écarter le marbre de tes cuisses car tu n’auras pas d’autre moyen que d’accepter sa suprématie sur toi. Et peut-être aimeras-tu cela. Les nuances azures de ses orbes se voilent des doutes et de l’appréhension, dans ces questions, ces rubans d’effroi, le désir d’être rassuré, au moins de comprendre les rouages. Comprendre c’est posséder. Elle se souvient des éloges mais surtout de la grâce qui auréolait l’ethnographe captive de Ravensbruck, Germaine Tillion, avait posé des mots sur l’innommable, l’inhumain. Poser des mots c’est déjà vaincre.  « Ils verront à mon visage triste et pas bien fréquentable que je suis un cadavre comme tous les cadavres qui errent dans cet ancien monastère. Tu n’as pas à t’inquiéter de ta réputation, elle sera sauve. » Car Messaline protège, telle une Marie, une mère.

Son corps entouré de cette robe de cristal, le tissu si friable, si fragile, révèle les formes enfantines, elle est maigre de sa joie, maigre de sa candeur, mâture, complexe, Messaline se guide vers les entrailles brûlantes de la cheminée, y récupère la tige de fer, l’ausculte, jusqu’à contempler le symbole rougeoyant d’une fleur de glaïeul.  « Vous nous marquez. » chuchote-t-elle. Elle avait lu, elle avait vu, le tatouage de certaines filles, dans la rue, mais jamais la cicatrice, jamais le tison. Dans l’âme la glace, les poignards dans le coeur. Un mouvement de recul et Messaline se pétrifie.


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Message Sujet: Re: Goddess of courage (ft. messaline)   Goddess of courage (ft. messaline) Empty Mer 18 Nov - 11:22

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Messaline & Misha

« Don't feel bad, I'm usually about to die. »
Cette sale ambiance des révélations se noie dans leurs résignations, lorsque Messaline l’a affublé d’un merci n’ayant pas inflexé les sourcils du geôlier. Il s’est demandé pourtant, l’espace d’un instant saisissant au vol les quelques réflexions réchappées de sa froide placidité, si l’amie ne procédait pas à une raillerie cinglante sous couvert de bienveillance. Mais il a ravalé cette pensée, toujours figée dans le marbre de ses expressions, lorsqu’il s’est souvenu que la soumise face à lui se nommait Messaline, qu’il la connaissait d’une autre vie, et qu’elle était toujours irrémédiablement pétrie de bonnes intentions en dépit de ce que l’univers lui mettait dans la gueule. C’est alors qu’elle s’est redressée, taillée de ce même flegme que son vis-à-vis, lorgnant à travers le nuage de nicotine afin de croiser le fer de sa pupille puis d’asséner sans révolte ni fougue autant de questions dépourvues d'ambitions éthiques. « Ça te fait quoi Misha, de contrôler le corps des filles ? Ton père est un exploiteur d’esclaves sexuelles et tu n’as rien à dire dessus ? » L’âme de Misha n’a pas tressauté quant à l’introspection soulevée, pas même un soubresaut, un frisson, un soupir. « C’est la loi du marché. » La froide rationalité se lit dans ses yeux lorsqu’il ouvre sa gueule, sans intonation des dominants. La voix ne s’écorche pas de valeurs éthiques ni de culpabilité soudaine, elle assène les préceptes du capitalisme et de la condition humaine : tant qu’il y aura de la demande, il y aura de l’offre. Sa propension à ériger des barrières entre les deux mondes, le mercantile du sentimental, lui permet de répondre sans état d’âme ni rage au coin des lèvres. Situation cocasse durant laquelle la captive et le geôlier échangent sur leur réalité du monde comme l’on bavarderait des étrangetés climatiques à l’heure du thé.

Messaline est pourtant bien disposée à pousser plus loin sa demande : qui es-tu vraiment ? Lorsqu’elle lui parle de Hyacinthe, cette ombre inquiétante se dessinant sur tous les murs, de la détresse des condamnées comme de leurs vies - alors bien misérables - soumises au bon vouloir des prépotents. « Et toi Misha, tu pourrais m’assassiner ? » Misha la toise, droit dans son âme, y fouillant bien profondément. Typique de ceux s’assurant de bien avancer les choses, certains dans leurs approbations, sans trembler ni ciller. « Si c’est nécessaire, bien sûr. » Bienvenue dans l’objetisation totale, de ce corps qui n’est plus tien et qui n’a de valeur que le bien qu’il peut me faire. « Tu connaissais la réponse avant même de poser la question. Tu sais ce monde. Tu sais dans quoi tu t’es fourrée. » Et par “ce monde” , ce que Misha entend grossièrement suppose les rouages crasses de l’exploitation de la misère à des fins salement sexuelles. Les lamentations sont superflues et la volonté de s’en sortir, parasite. Mais en dépit de ses réponses dépourvues d’humanité, Messaline déverse sur lui sa clémence, s'assurant de sa protection par son silence. Feindre qu’il la touche, c’est déjà mentir pour sauver sa peau. Que de paradoxes enchaînés à leurs pieds.

Misha s’est levé à son tour lorsqu’il l’a observée se traîner vers la cheminée ronronnante, et déjà l’esprit de Messaline dessine le bel intellect qui la pétrit. Elle a deviné le marquage, comme une ferrade sur une jument, à la simple vision du glaïeul sublimant le tison. Le geôlier s’est contenté d’opiner du chef, d’un geste sec jetant la cigarette au brasier, puis en silence a remonté la manche droite de sa chemise. Une camomille discrète estampée sur le poignet intérieur s’expose à la vue de la demoiselle lorsqu’il assène ; « Ce sera un glaïeul pour toi. » La paume s’est alors ouverte et a réclamé silencieusement l’outil des tortures qu’elle lui a alors remis. Sans hésitation ni grande offense. Comme une résignation de martyr à l’encontre de ceux qui, pour un peu de gîte et de couvert, lui assurent - affirment-ils - sa protection. "Assieds-toi, ce sera mieux", souffle-t-il d’une voix douce dont le contraste fracasse la cruauté de la réalité. "Dégage un peu tes cheveux, penche ta tête sur le côté". Les doigts effleurent, caressent. Ils ont l’expérience du matage alangui, doux et foutrement inquiétant. Puis lorsqu’il lui a conseillé de retenir un souffle, bien contrit dans les poumons, Misha a apposé le tison derrière l’oreille. Autant de secondes lancinantes rappelant des heures perdues. « A présent tu t’appelles Athena. » Le bruit de ferraille d’un tison que l’on repose accompagne l’affirmation liturgique.  « Tu as accès à toute la maison mais si tu souhaites sortir il te faudra en aviser les gardiens qui me feront part de ta demande. Tu ne peux aller dehors sans mon autorisation. Hyacinthe reviendra vite vers toi, concernant ton suivi médical. » Ou le choix que l’on imposera sur son corps de femme quant à sa contraception. Puisque vestale ou non, Misha ne peut que feindre jusqu’au bout son entreprise mensongère de combien il la consomme. « Des questions ? Autres que des insinuations morales, cela va de soi. » Puisque rien de ce que tu allègues n'ébranle la cuirasse que je me suis ainsi forgée.

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Goddess of courage (ft. messaline) RI3HmOT
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La fille des draps aux billets verts, elle appartient à tout le monde, à personne
Prostituée pour payer son loyer. Et puis elle apprend les lois, double master d’avocate et de science politique.

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goddess of courage
Chaque histoire possède son monstre, qui les a rendues dures plutôt que courageuse, et alors elles ouvrent leurs cuisses plutôt que leur coeur, là où est blottie et cachée la petite fille du passé

      Du haut de son perchoir d’observatrice, Messaline ne pleure plus car elle n’en a plus la force ; la force lui manque, a disparu des veines, à la place le néant d’un coeur. Ce rien que l’on ressent c’est toujours un tout. Elle sent dans les poumons les vagues du vide qui l’inondent et la terrorisent ; le pire, parce qu’il y a toujours des brèches jusqu’au feu de l’enfer, semble l’habitude que l’on prend à côtoyer la mort. Je suis vivante, mais je suis morte. Alors les paroles violentes de l’ami et du bourreau mêlé ne surprennent pas la jeune fille. A peine un haussement d’épaule pour répondre à la réplique. Elle aimerait s’allonger dans son lit, ne plus y bouger, devenir draps ou oreiller. Dans sa main, la tige innomée des actes barbares ne tremble pas, fermement serré par les ongles polis, taillés, les mains soignées. Et, lorsque l’homme ouvre ses paumes dans son ordre silencieux, Messaline ne se révolte pas, résignée par le fléau à venir. Il la marquera pour clamer sa possessivité comme l’on fait depuis la nuit de l’humanité avec ces femmes, ce sexe étranger dont ils n’ont su que faire de les considérer en objet. Assieds toi, ça sera plus confortable. Dans la terreur un grain de douceur ; il y a dans les gestes habitués une certaine langueur, lui n’aura rien, et sa marque à jamais gravée représente la gloire, tandis que la sienne représentera la honte. Quand la chaleur brûle la chair, elle ne retient pas le gémissement de douleur, n’ayant que faire de sa pudeur égratignée, fanée. Et, lorsque la douleur, lancinante, pénètre la chair alors que le tison a disparu loin de ses yeux pour reprendre place dans l’âtre de la cheminée, Messaline n’y touche pas, prostrée. Il lui dit ensuite qu’elle s’appellera Athena, elle ne pense pas à la référence de la déesse, n’y récupère pas un certain compliment se cachant sous ce prénom ; la sagesse qu’elle pouvait transmettre lors de ces moments complices à la fac ou par messageries. Elle s’installe sur le matelas, relève la couverture afin de s’en recouvrir, ressentir la chaleur pour déloger la noirceur. Ce qu’elle ne lui a pas dit c’est qu’elle n’avait pas le choix après tout, le parraine ne l’aurait pas laissé partir réalise-t-elle, mais, embourbée dans son fantasme pour reprendre confiance en elle, au moins relever un peu de narcissisme, elle a cru qu’il lui avait laissé le choix. D’un oui elle serait protégée, d’un non elle serait repartie vers la solitude de son abri. Des questions elle n’en a plus. Surprise par ses lèvres qui se meuvent vers une parole qu’elle espérait muette, elle dit.  « En réalité je n’ai pas eu de choix. J’étais au courant déjà qu’il y avait quelque chose de malsain ici quand je me suis réveillée de mon coma. Ton père ne m’aurait pas laissé partir, je savais déjà trop de choses. » Pour elle, pas pour Misha. A haute voix c’est rendre réel l’impensé.  « Tu m’en veux mais je ne mérite pas ta colère. » Elle ne mérite pas la sienne aussi, cette haine vouée à elle même.


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