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 Règne animal (Côme)

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Messaline Maraï;

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Messaline Maraï



Lily Nova
Ethereal (ava)
Orphée, Virgil, Grisha, Céleste, Eleusis
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La fille des draps aux billets verts, elle appartient à tout le monde, à personne
Prostituée pour payer son loyer. Et puis elle apprend les lois, double master d’avocate et de science politique.

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Message Sujet: Règne animal (Côme)   Règne animal (Côme) Empty Jeu 3 Sep - 20:01

Règne animal
Messaline & Côme

    L’appartement a la gueule de la terre renversée, l’odeur des jardins anglais et l’éclairci de la cruauté tamisée, il n’y a pas grand-chose, le strict minimum, Messaline n’a pas le temps, ni l’envie de décorer, de se dire que ces murs qu’elle loue puissent faire office de chez soi, elle n’est pas chez soi dans son corps, elle n’est de nul part Messaline. Son corps, un vaste empire de rien, le néant de la substance, le ressenti vide. Son corps, un frein, une terreur, une horreur, un déchet, une ordure, en apparence elle ressemble à quiconque avec son visage laid atypique, sa tignasse de soleil fanée, des boucles à coiffer, elle est si laide Messaline, se pense si laide Messaline, hideuse puisque d’autres corps plus forts et agiles, expérimentés et dominants dansent, valsent et assomment, absorbent le sien. Putain. Salope. Catin. Messaline ne se regarde plus dans le miroir qui orne la petite salle de bain dans laquelle elle invite parfois des client, parce que l’eau purge et détend les muscles toujours très tendus, blessés, en dedans. Elle ne se concentre pas, le livre dans ses paumes, les lignes sous les yeux qui ne suivent pas le fil, elle ne comprend pas, noyée dans les méandres de sa haine, immense, un mont de glaise, de vermine, elles poussent dru les herbes sèches de son mal amour, de sa mésestime, elle n’a pas de solution, pas de repli.

On frappe et elle ne répond pas. On frappe et Messaline sent l’élan de l’agression, de la peur et de l’angoisse. On frappe et elle ne bouge pas, laisse un moment, hésite, espère qu’il s’en aille. Elle ne se morigène pas, d’inviter ses clients chez elle, invitant le danger, la menace, partout la mort rôde, l’assassinat laisse ses empruntes, un memento mori qui s’installe et pénètre les artères. Et quand l’homme au visage de hargne, lui aussi perdu dans son immensité humaine se dévoile, Messaline souffle enfin. Régulier, il arrive sans prévenir, un vent dans le désert. Un visage taillé dans la serpe et l’expression ouverte, toujours douloureuse et violente.  « On n’avait pas prévu de se voir. » La voix sépulcrale garde toujours son arôme de féminité, le chuchotement de la femme bourgeon, le fantôme d’un rêve éclaté dans les reins des hommes, des barbares. Messaline a le regard de la méfiance quand elle scrute l’état du client. Décide cependant de lui ouvrir la porte car l’argent lui manque. Elle ne sait pas dire grand-chose de plus. Elle s’assoit, déboutonne sa chemise qu’elle garde cependant sur ses épaules, déroutée par l’apparition soudaine et indésirable. Face à lui, en tailleur, c’est elle qui retire sa veste qu’elle jette sur le canapé. Et ce moment de doute et de tension, ce moment où Messaline se braque et attend le désir de l’autre, celui qui nourrit la pauvreté de billets verts et la misère de richesse.

@Côme Bennett
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Message Sujet: Re: Règne animal (Côme)   Règne animal (Côme) Empty Dim 13 Sep - 17:30

Ce soir, il n’y a pas d’étoiles pour être témoin de ses martèlements sur la façade. Le chambranle tremble sous les impulsions d’un animal vorace, pressé de suivre les diligences d’un vautour. Il n’est là au bout d’un couloir émondé que pour remplir sa part du contrat, contresigner l’acte de vengeance par la cueillette assidue de fleurs que viendront ronger les insectes. Côme glissera bientôt Messaline entre les pages empoussiérées pour qu’elle s’y assèche, les boutons astreints à la mort dès qu’ils pourraient naître.
Il cogne fort comme ça l’agace de ne pas pouvoir piétiner le logis à son bon vouloir. Il voudrait que les événements s’accélèrent, pour ne pas ralentir la rétine sur les troubles qui révulsent et se révèlent quand elle ouvre la porte. Côme renifle l’aversion, cette victoire qui a planté le bâton sur le territoire de son âme de morveuse. Messaline n’a pas envie d’être vue mais force tout de même ce regard colonisateur qu’il s’efforce d’écourter en pénétrant la chambre rouge.
“Fais pas chier, j’te donnerai dix balles de plus pour l’dédommagement”.
La panacée, dix balles supplémentaires, c’est bien ce qu’elle vaut et ça lui suffit. Les doigts las des habitudes contraignantes s’acharnent sur les boutons de son chemisier. Il détaille les pans de peau à mesure qu’elle les dévoile: la clavicule décharnée qui exhibe l’ossature, les seins qui se tiennent dans une main de dentelle, le ventre plat, la peau laiteuse et les hanches peu marquées. On dirait qu’un jour, elle a cessé brutalement de grandir comme si ce corps d’enfant lui octroyait la fuite et l’inaperçu. Mais c’est bien parce que c’est une pute dans un corps de môme qu’elle attire. Des vampires qui s’abreuvent de sa jouvence pour s’éterniser. En lorgnant sur la sujette, il pourrait deviner les confins qui recueilleraient sa bouture. La blonde a la dignité des anémones, ce port fier et élégant qu’il aime saboter d’une mélopée crasse.
Au milieu de la pièce, il ne bouge pas, attend que ses tiges se balancent autour de lui, retirant sa veste et tout ce qui pourrait empêcher la besogne. Elle est appliquée mais s’exécute avec des précautions qui sont les siennes. Elle fait poindre l’hésitation et la main forte attrape son poignet pour instiller proximité.
“Si t’y mets d’la conviction, y a moyen qu’j’sois plus généreux”.
Côme glisse ses crocs contre les carminées, la main relâche et s’invite sur son cou, sensation de velouté sous les doigts bruts. Il observe dans le baiser la propension à se soumettre, à s’oublier définitivement. Il a bien observé comme il fallait faire, sans jamais frôler les bancs de l’excellence. Car certaines continuent de se souvenir et qu’il est pénible pour lui de faire face à leur essence. Dans le baiser enfin, l’ombre de Messaline déborde et Côme s’y arrache violemment.
“Putain, j’ai l’impression d’me faire un cadavre”
Sur son visage, la révolte, la tension. Il s’empresse de glisser une cigarette sur le baiser de mort et ses contradictions. Ses lunes étudient la minaude, furieuses de freiner l’incandescence. “Retire tes vêtements et allonge-toi sur le sol”, il somme, intraitable derrière sa fumée.

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Message Sujet: Re: Règne animal (Côme)   Règne animal (Côme) Empty Dim 13 Sep - 21:04

Règne animal
Messaline & Côme

      Le silence de plomb absorbe les quelques vertiges indifférents du désir, de la part de l’homme pénétrant son espace, peut-être y en a-t-il, ce souhait du pouvoir, maintenir sous sa poigne les éclats de la femme. Messaline a gardé sa chemise sur ses épaules, elle a dévoilé un fin soutien gorge qui ne garde rien puisque ses monts de beauté se parent d’invisibilité. Elle aimerait disparaître, dans son frigo l’on ne trouve que de l’eau et quelques fruits, rien sur la table envahie par les carnets, les cahiers, les notes, les discours, Messaline a entrepris de diriger sa vie au bénéfice d’un rêve égalitaire, elle a gravé quelques espoirs de projet sur des feuilles blanches, au loin peut-on lire le manifeste brouillon d’une association sensée aider les prostituées à se rhabiller, leur offrir un soutien pour défaire l’ichor de la domination.
Quand elle s’approche près de lui, Côme a la main affamée, il agresse le poignet, fabrique la proximité, le corps déjà dans celui de l’autre, le baiser qu’il lui offre a le goût de la morsure, le goût du poignard, il n’est pas doux, abject tant il démontre sa puissance et dévore sa réserve. Il la veut soumise et Messaline déborde du rôle qu’on lui donne. Soit femme, obéit. Soit pute, déteste toi. Elle lui a répondu d’un chuchotement, lassée par l’autorité de l’individu mais professionnelle. Apprend dans ce métier ? Est-ce un métier ? Elle a le devoir d’alimenter les fantasmes, de correspondre à la merveille charnelle, de présenter son anatomie, nue, son enveloppe vide, une chair blanche sur laquelle graver les supplices, les martyrs, la remplir de songes sexuels, les faire vrais. Elle connaît les positions, les vœux intimes. Elle rassure les clients timides, se dessine maternelle pour leur plaire, pour plaire surtout à l’argent qu’ils déposent sur la table de l’entrée. La majorité, toutefois, se vêt d’une excision de tendresse ; ils ont dans le ventre la pénétration de l’importance, l’orgueil mâle et possessive, la fierté misogyne. A ce commentaire désobligeant, Messaline contraste.  « C’est pour faire fuir les gars comme toi. » L’autodérision arrache sur ses sourcils un froncement qui se tait. Elle connaît Côme, son autoritarisme, son dirigisme, sa prétention à prendre sans demander, à consommer sans modération ; le respect a la saveur oubliée, on ne dit pas bonjour ni au revoir aux filles de noces.
On enserre le cou si on le veut, comme geste de terreur et de sublimation, pour distiller dans le sang la hiérarchie de cette mascarade, pas de parade nuptiale, ni de fausses douceurs obstruant la vérité crue d’un moment intime ; il n’y a d’intimité que l’asservissement de ce monstre porteur de vagin. L’homme allume une cigarette sans cérémonie, sans s’intéresser aux règles de la maison, or, Messaline répugne de l’odeur qui stagnera, acre, amère, l’odeur du passage de la semence et de la sueur.  « Je devrais même pas m’étonner, je n’ai aucune intégrité pour toi, je ne mérite pas ton respect apparemment. » De la minutie elle transforme, questionne sous des affirmations afin de, toujours, se rabaisser. Ce n’est pas elle le sujet, c’est elle l’objet. Ses perles grises dévoilent le courroux, cependant qu’elle se déshabille, plie ses vêtements, les range sur la chaise. Sur le carrelage alors que le lit s’offre dans sa chambre, des couvertures et le drap de coton, le moelleux du matelas. Elle crache alors, esseulée. Tard dans la nuit, la voix s’égratigne dans le reproche.  « Pourquoi le sol ? » Car tu t’en fous du mal que tu causes à une prostituée, ce n’est pas ton problème, tu seras au dessus d’elle et pénétrera le jardin conquis d’un coup de rein, tu pourfendra son ouverture puisqu’elle te semble destinée, toi assis mais jamais allongé.

@Côme Bennett
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Message Sujet: Re: Règne animal (Côme)   Règne animal (Côme) Empty Sam 27 Fév - 13:58

Règne animal
Messaline & Côme

       
La pétulante arrogance de la fille se déchaîne, ses yeux à lui pensent sur le sol, accueillent les échos imprudent dans le berceau d’une indifférence sinistre. S’il se tait, appuie son poids sur le mur et qu’il ne la regarde plus, il songe à l’équilibre de la sentence à donner. Il ne fallait pas punir les outrages au hasard; châtier assez fort de sorte à prévenir la fuite et l’invective, itérer la maxime « les hommes possèdent, les hommes dominent ». Mais dans la claque suffisamment de tendresse, cette pincée d’amour pour fabriquer la fidélité de celles qu’on appelle putes; dans la violence qui fait cracher le sang des narines, souffler des paroles attachées, lésion sentimentale et manipulatrice, pour creuser en elles le désespoir des éprises.
Côme se frotte le menton, la cigarette qu’il tient au bout des doigts radie une lueur orange sur son visage, il a jeté l’ordre en disséminant le goût de la révolte dans la tête blonde. Mais Messaline est une nouvelle fois entretenue dans un silence minutieux, son bourreau cultivant l’accablante solitude, faisant montre de ses écueils à ne savoir frapper la femme de paumes longtemps réchauffées par l’affection d’une soeur.
Le mâle traverse son fantôme, éclate sa visite récurrente au milieu du contexte austère de ses engeances. L’ombre disparaît dans l’atmosphère tandis qu’il s’accroupie au bord d’une enfant et de sa pâle vulnérabilité. Le mégot crépite une dernière fois, la fumée forme un nuage au-dessus de la blonde, il en écrase le reste tout près de ses boucles étalées sur le sol. « J’veux que t’aies froid, que tu frissonnes, que tes os souffrent à force de pousser le carrelage, qu’tout ça te rende mal à l’aise chez toi. Dans ta piaule et dans ton corps »
Il se redresse, emboîte le pas vers la cuisine, trouve dans le congélateur un moule à glaçon rempli avec précaution. Les chaussures piétinent à nouveau tout près du visage poupesque, les genoux tombent à proximité de la dépouillée, le corps souffrant déjà du moindre filet d’air qu’il échappe en s’agitant. Par la force de ses mains, le moule craque au-dessus du ventre nu qui boit les éclats de glace en même temps qu’il fait pousser les forêts froides et drues sur le derme. « Tu comprends hein? Que j’ai pas besoin d’toi à l’intérieur de ce corps. Qu’aucun des gars comme moi ou même des autres, qu’aucun mec qui t’saute, n’a besoin qu’tu sois dedans Messaline ». D’un geste brusque qui renverse la plaquette, il fait déferler les glaçons sur l’abdomen ; les blocs fracassent la peau, la cingle, certains y demeurent et d’autres glissent sur le carrelage pour la faire tremper dans une flaque de gèle. « Il vaut mieux qu’tu t’en ailles », l’index promenant le cube translucide sur les flancs, les seins, la nuque, les bras puis les mains, Côme s’adresse à l’âme martyrisée à l’intérieur. Dégage. Quitte les lieux, ce corps est à eux. « J’ai pas l’choix, Messa — ne bouge pas, arrête de trembler où j’ferais durer la chose — t’aurais dû la fermer » doucement, il déplace une boucle, l’étire contre le reste de la chevelure.



@Messaline Maraï
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Message Sujet: Re: Règne animal (Côme)   Règne animal (Côme) Empty Sam 17 Avr - 15:32

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        Tu comprends que l’on n’a pas besoin de toi à l’intérieur, ça résonne dans le corps, dans l’esprit, aiguise les pensées, alourdit la tristesse, cette vérité des dominants, des clients roi, quand la pute vend son corps ils réclament des fantasmes assouvis, réclament la mort du désir, dans leur illusion s’octroient des rêves de puissance, de pouvoir. Messaline s’est allongée comme il lui a ordonné, passive, son corps se rétracte, un objet mécanique sans âme. Pourtant, au-dedans ça bouillonne, cette force de tout envoyer valser, ces artifices de l’amour charnel. Il n’y a rien de vrai quand l’homme se déshabille et dévoile son sexe ; qu’il prend entre ses doigts sa verge pour le masser, parfois c’est elle qui stimule. Elle a perdu la honte dans le sillage de ses larmes, son mouvement dans les affres de son amitié avec la dépression. Du glaçon qu’elle sent sur sa peau, juste le froid mais jamais rien de plus, pas de colère, pas de rémission, pas de rébellion. Juste une lassitude de cent ans. Une solitude dans le corps qui impose ses murs, combat la raison, combat la motivation. Sans désir, pas de vie. Mais la femme ne possède pas de vie, n’en voit pas la nécessité, n’en voit pas le sens. C’est ça qu’on appelle une vie ? A quoi me raccrocherais-je demain ? aujourd’hui ? Elle ne comprend pas les lubies du Bennett, ce qu’il lui dit dans la panique, il ne semble pas jouir de son comportement ni de ses manies. Alors, paradoxalement, étrangement, la sève coule dans le sang léthargique, sans prévenir
Messaline se lève. « Je ne comprends rien à ce que tu me dis, Côme. » d’une froideur le ton, une distance imposée par la douleur, le souhait de s’éloigner de ses émotions à lui. « Je te rends ton argent. La séance est finie pour aujourd’hui. » Grâce à lui a-t-elle compris quelque chose de la nature humaine, de cette condition d’impuissant. C’est que les sentiments elle les explore sans en avoir le choix, ils sautent de l’âme de l’intru pour accaparer sa vision. Ce qu’il lui a montré… un écartèlement entre l’empathie et son contraire, faire subir la perversité, se montrer viril pour complaire à la société, ou suivre ses instincts. Je ne sais pas qui je suis. « Je te sers un thé. Et après tu t’en vas. » dit-elle, dans la cuisine minimaliste. Elle s’assoit sous la couverture du tatami, table caprice achetée du Japon, verse une tasse à cet énergumène, fronce les sourcils, pince les lèvres, souffle pour refroidir la boisson. « Tu es proxénète ? Ces paroles, je ne sais pas d’où elles viennent mais elles avaient du sens pour toi, elles te paniquaient. Je voudrais savoir si je suis en danger. » Messaline a le don d’une Cassandre, déploie ses hypothèses sans se trouver idiote, puisqu’elle se considère déjà les deux pieds au bord du précipice. Toujours le paradoxe, crever ou vivre, elle penche pour vivre, surprise de ces multiples décisions qui renforcent ses capacités de raisonnable, de courageuse.

@Côme Bennett
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