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 tandis que j'agonise (messaline)

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Message Sujet: tandis que j'agonise (messaline)   tandis que j'agonise (messaline) Empty Jeu 13 Aoû - 13:09

Il est baigné dans une alcôve brumeuse où dansent une myriade de volutes translucides, quelque part dans les terreurs ensoleillées qui n’attendent pas la nuit pour se révéler. Bouffon et branleur, qui pianote de honte sur le cellulaire crasse des secrets vétustes qu’il renferme; celui du dealos et de la pute lettrée, désormais.
Qu’Allah regarde ailleurs ou recouvre l’oeillère.
Aminn comme un autre, est le larbin de désirs non-consumés qu’il est bien obligé de souffrir à défaut de ne plus savoir user du membre. L’opium sert à se débiner, en même temps qu’elle accable d’impuissance; c’est une monnaie coûteuse, avare qui plus est. La tête est un foutoir qui lui a rendu le corps dysfonctionnel, incapable de se livrer à des banquets d’orgie ou d’outrage. Il ne se déprave plus, s’il la fait un jour. Il agonise, le tube d’un joint dans le bec. Un mourant qui s’énerve de ne plus savoir comment baiser, éludé par tous les apparats du viril.
Impuissant. Amaigri. Faible.
La pomme d’Adam pétrie d’angoisse, et ses textos, de la maladresse du débutant. Messaline a le patronyme d’oiseau rare. L’est-elle, rare? Appuyé sur les clichés, il se dit qu’elle est aussi jolie que le requiert ses mauvaises habitudes d’enfant-mousseline. Il est frappé par sa blancheur, s’imagine qu’exposée au soleil, on pourrait deviner l’emplacement de ses organes; mais fallait-il encore qu’elle soit humaine. Messaline pourrait tout aussi bien être veuve noire, mante-religieuse ou succube, elle n’aurait rien à grailler qu’une viande infâme et réduite. Aussi, ne déglutissait-il qu’un désintérêt profond pour l’hypothétique cannibalisme qui faisait s’affairer la poupée.

20:00 passé. Le noctambule trépigne aux pieds de l’immeuble. Les mains liées par les coutures de ses poches, dégarni de tout couvre-chef qui pourrait le faire coupable avant d’être suspect. Il retire subitement ses mains du sweat de peur de ce qu’il pourrait y cacher. L’après-midi de fumette a plongé Rhiad dans une angoisse qui trace délicatement le chemin à la paranoïa. Au moment où il croit être cerné, jeté dans la fosse aux serpents, le môme s’échappe avalant les marches quatre à quatre. Dans sa tête peut-être, l’espoir de se voir pourrir dans l’acide gastrique de l’oiseau rare et se débarrasser de l’effroi. C’est lamentable qu’il échoue près de sa porte, lourdement, rompant le répit du voisinage. Il a réuni ses genoux contre son coeur battant à rebours, les enserrant de ses bras flageolants. Souffle court sur le pallier, la sueur imbibe ses vêtements. Le chiard pleure silencieusement, tandis que la cloison laisse l’aperçu d’un décor tamisé, tranquille. Messaline apparaît, plus humaine que les ombres à ses trousses.
“Pardon. J’suis en r’tard.”
Il renifle et essuie les rivières qui ont creusé sa peau d'ébène.


@messaline maraï
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Message Sujet: Re: tandis que j'agonise (messaline)   tandis que j'agonise (messaline) Empty Mar 18 Aoû - 22:26

Tandis que j'agonise
Messaline & Aminn

  Deux jours, le téléphone ne sonne plus, deux jours et le repos de l’âme, deux jours Messaline, allongée pour elle, sur son lit, les yeux grands ouverts sur le plafond repeint car la démangeaison de la propreté excédait, demandait, détruisait ; Messaline, la jeune pute, la jeune fille, l’étudiante, dans son regard, la lassitude, et un message apparaît sur l’écran, un nouveau client. Demain j’arrête, elle avait arrêté deux jours. Paupières fermées, lèvres serrées, la main crispée. J’ai dis que j’arrêtais ! Mais elle répond. Un message, l’allure angoissé, le débutant ; elle lit entre les lignes l’inquiétude, le commencement d’un pas, celui qu’on retient, celui qu’on refoule, celui qui surgit, qui jaillit, qui meurt dans les reins. Elle donne l’adresse de chez elle, bien que le choix fut risqué, il y a des jours qui s’écroulent et teintent de nihilisme ; si jamais elle doit mourir sous les coups d’un corps inconnu, sous les mains d’un homme, alors, elle n’y pourra rien. A vingt heure ce soir. Et elle éteint, ferme ses paupières. Respirer la haine, Faulkner au coin de l’esprit et les phrases qui chavirent. Misogynie et virilité, la violence dans ce personnage, Christmas avait le regard de pierre et l’innocence dans le fer rouillé de son âme malade. Elle ne fait rien, la journée s’étire et elle ne fait rien. La dépression l’oppresse et elle ne répondra à personne, ne se droguera pas au bruit de fond de son téléphone, le rap pour préférence et les coups dans les murs, les voisins gueulent sur leur gosse, les sirènes des carlingues qui dominent le quartier, les enfants, les adolescents postés au coin de l’immeuble, on se cache dans le réduit d’un hall, on marchande et on tend les billets, la nuit tombée, les damnées s’empressent de ressortir, le paquet de poudre bien à l’abri dans les poches, elle voit des mômes de riches défiler, se vanter de l’expérience à venir, et d’autre déjà les cernes et le teint livide, elle a vu des gamines se prostituer dans les toilettes ou le cagibi pour obtenir les billets et les remettre tout de suite entre les mains de leur dealer. L’opium du siècle se vêtait des couleurs de l’ennui, d’une absurdité de l’existence.

Il possède l’aura d’une vierge martyrisée, le déluge dans ses paupières et les vertiges dans les mains tremblantes, l’excuse au bout des lippes. Messaline le regarde, silencieusement, sans sourire, elle n’arbore pas sur son visage l’air sympathique, maternel, le simulacre d’une envie, d’une discussion, comme un rapport humain, elle est figée sur le seuil de son appartement, quelques secondes, l’attendrissement dans le creux de ses prunelles mordorées. Et elle le laisse entrer. Il a le visage de l’esprit perdu, la panique dans la voix.  « Tu peux t’installer et poser ton manteau n’importe où. » Avec lui, elle se sent étrangement calme. Confiante. Sans le sentiment de lourdeur qui atteint et plonge le coeur de cyanure, de peur et d’effroi. Dans sa cuisine à la taille minuscule, deux verres dans sa main et la bouilloire fumante. Elle verse le thé, s’assoit en face de lui.  « Je ne connais pas ton nom. » Froide comme elle paraît mais philanthrope et touchée dans le grain frêle de sa voix. Elle a déjà remarqué la fatigue sur le faciès de cet étranger. Mais pourquoi, pourquoi es-tu là ? Elle sait qu’ils ne feront rien, qu’il ne s’allongera pas sur elle, ne la possédera pas. Et, dans le sourire, un ravissement de quiétude.

@Aminn Rhiad

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Message Sujet: Re: tandis que j'agonise (messaline)   tandis que j'agonise (messaline) Empty Jeu 14 Jan - 23:18

Il est acculé, le môme-pleureur, par la splendeur du blanc dont la pute est nippée. Du blanc spectrale de sa peau, aux blancs reflets de ses cheveux dans la lumière jusqu’à celui, cassé, sur son chemisier. Les larmes cessent, reculent, elles-mêmes stupéfaites par l’immaculée resplendissante, jusque dans l’âme. Blanche et froide, et qui contrevient absurdement à la notoriété d’une fille de joie. Boucles d’or mettent un terme aux rouges des passions et de l’hymen, aux effusions échaudées d’une bouche sur un pan de derme, et prévient ainsi d’un spectacle pire encore. Il renifle, ravale le foutu déluge de la terreur. Messaline, rouge et chaude, sa notoriété est exaltée par sa trogne de gamine, de fillette à la candeur apparente qui dresse la gaule de vieux gredins affamés et soupirants. Aminn a subitement une gerbe qu’il dénoue en s’élevant sur ses jambes, emboîtant le pas à l’invitation de l’infante.

À l’intérieur, il n’ose trop lever les yeux, ni humer le parfum camphré de baume pour endolorie. Il suppose seulement qu’elle l’est. Que ses muscles sont ravagés par l’effort et l’inconfort de paumes inconnues et violentes, que la tension s’infuse dans tout le corps et en contracte les tissus. Son regard fuyant rend son malaise palpable, il ne sait plus pourquoi il est là, si c’est l’affaire du désir ou celle des injonctions. Non sans difficulté, Aminn s’exécute et s’arrache à son manteau, retenant des gestes amples propices à envahir des frontières outrepassés. Il hésite à poser le vêtement là où elle lui a indiqué, à toucher même indirectement. Il sacralise les lieux, temple d’un corps qui ne s’appartient plus, les dernières fondations à traverser jusqu’à elle.

Il hésite longuement, lambine. Il veut partir maintenant mais il entend l’eau bouillante qui se déverse dans le fond vide des tasses. C’est à ce son d’écoulement au milieu de leurs silences auquel il concède son premier regard, puis de l’avant-bras le môme essuie l’humidité autour du cerne et s’approche enfin de cette lumière plongeante au-dessus de la table. Ensuite c’est sur la porcelaine du visage doucement chatoyant qu’il pose les yeux, adressant la question avec méfiance. « Je te l’ai déjà dit dans mes messages. Mon nom est Adem » mensonge inepte, du baratin d’anonymat pour s’empêcher de penser qu’il est tombé bien bas. La sueur de sa nuque lui tombe dans le dos, mouille son tee-shirt, l’incommode dans sa posture et sa pensée. Messaline pendant ce temps lit tout le récit que sa gestuelle maladroite lui sert. « Je peux fumer ici? » il a l’air de quémander, les propos détachant l’hostilité de l’endroit de son propriétaire. Est-il permis de fumer là où traine encore l’écume de sudation et de la semence, à moins que la chanvre indispose, excède l’infranchissable barrière de la pudeur.

La flamme ronge l’extrémité de la feuille, le visage derrière s’éclaire tout encadré du brun de sa tignasse. Il tire sur le mégot un moment, recrache puis tend la modique victuaille à sa voisine. « Comment est-ce que tu fais avec les autres, il y a une marche à suivre? » la voix flotte, des résidus d’embarras dans les cavités. C’est qu’il ne se l’imagine pas qui minaude.


@messaline maraï
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Message Sujet: Re: tandis que j'agonise (messaline)   tandis que j'agonise (messaline) Empty Sam 20 Fév - 9:10

Tandis que j'agonise
Messaline & Aminn

      Elle lui a offert du thé afin de parfaire l’ambiance détruite d’une aura érotique, elle ne saurait pas faire, aujourd’hui, discuter comme une femme, une femme que les hommes désirent. Elle en a distingué des stéréotypes, elle a théorisé des caractéristiques, ils demandent parfois des femmes à l’écoute, des mères pour soigner les plaies, ils demandent parfois des femmes fatales, de sibyllines fleurs aux pétales létales, ce genre de femmes comme Monica Bellucci qui ravit d’un regard, touche le coeur et le désir du mâle. Puis, il y a ceux en marge, ceux qui se cherchent et atterrissent sur le parquet d’une pute, ceux-là gardent leur distance, comme s’ils avaient pénétré le danger de la langueur ou de la volupté, comme si le sexe semblait interdit, une zone grise où semait la violence ses graines de discorde ou de mort. Elle est morte Messaline, de trop de mains sur elle, de trop de baisers sur sa peau fatiguée, esseulée. Elle est morte et cela se voit, cette détresse dans le regard, cette détresse dans les pupilles. Pourtant, la femme ne se drogue pas, elle ne boit pas. Elle disparaît dans des frusques trop larges, qui s’agrandissent chaque jour que son corps saigne le souhait de la disparition. Un beau jour, son corps a dit qu’il ne mangerait plus qu’une pomme, qu’il boirait beaucoup d’eau, qu’il s’évanouirait certainement. Devant cet étranger, elle se sent, paradoxalement, en sécurité. Elle ne lui propose pas de le servir elle-même, cette fois, elle préfère se baigner dans la quiétude du silence, se baigner de l’absence de méfiance. C’est soudain, cette paix qui bouillonne dans ses veines, ce calme incandescent qui la berce.

 Un rire s’échappe, soudain. Ce prénommé Adem embrase l’ambre de la luxure, une cigarette à l’haleine des addictions, elle ne dit rien, sait que, dans le corps de l’interlocuteur se faufile perversement les outrages de la drogue, elle a perçu discrètement ce geste du vomissement non par dégoût pour elle, quelque chose de plus personnel. Mais elle a ri de cette question, spontanément.  « Généralement ils ne demandent pas, parfois ils me déshabillent sur le champ mais ils éjaculent sur le champ aussi. Puis parfois tu as des hommes exigeants, qui prennent leur temps. Mais toi, j’ai l’impression que tu te situes nul part de ces deux types d’homme. Tu n’es pas venu chercher du sexe. » La dernière phrase s’affirme dans la gorge de la fille qui le regarde, légèrement inquisitrice. Son air tranchant que l’on pourrait confondre avec de la force de caractère semble intimider, elle se fond dans l’âme de l’autre afin de récupérer leur faille ou leur morceau de bonheur. Vivre, mais vivre par procuration afin de se détester un peu moins, se déguiser en quelqu’un d’autre qui ne lui ressemblerait pas.  « La marche à suivre dépend des clients. Mais je demande toujours qu’on me paie à l’avance. » Avance-t-elle, plus doucement, pour ne pas l’effrayer. Pour éviter les vols, pour éviter l’humiliation, pour éviter le viol puisque le client, refuse de céder, de donner ces billets, par orgueil, car la pute n’est pas un être humain, simplement un objet de plaisir. On la surnommait fille de joie, elle errait dans les couloirs des maisons closes, elles aguichaient et l’on ne se souciaient pas d’elles. Dans les beaux livres d’histoires, dans les belles romances, les hommes considéraient la beauté néfaste de la prostituée comme une divinité à chasser, à martyriser, à tuer, on l’accusait et l’on jetait l’opprobre sur sa peau de nacre.  « Que viens-tu faire ici Adem ? » Elle ne demande pas dans l’agressivité, une sorte de curiosité mêlée d’effroi ; elle n’a jamais connu la bonté de la part de ses homonymes, seulement la cruauté.  

@AMINN BEN RHIAD

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