cadavres exquis (lion)

ubiquity --
Un bébé-dérive, un môme-bascule, une mère française énième pute d’un américain polygame, polyglotte pour s’enfoncer dans plusieurs gorges. Une mère néanmoins, toujours malgré elle, tombée dans les bras de la mauvaise audace, piégée dans le cycle d’une solitude asséchée par toutes sortes de beauté. Et Gabriel déjà bien moins qu’un laquais, renvoyé à son père pour n’être qu’une tâche gesticulante devant tout ornement. Aux yeux de ce nouvel étranger, là encore, rien de sacré hormis son sang, donné en pâture aux domestiques pour l’élever à un certain rang, l’éducation donnée aux rois.  
golden boy --
Espiègleries annihilées, un enfant en proie aux ébullitions cérébrales de cette famille par dépit. C’est la pesanteur d’une existence au millimètre pour s’épargner le scandale houleux d’un abandon. Des façades de pauvre gens ravalées pour être fait comme digne héritier d’un empire de carton. Gabriel, garçon docile, supporte le poids d’un orgueil ancestral, si bien qu’il n’est plus capable de lever le nez ni de ses bouquins, ni de ses dessins. Il griffonne le papier, décore sans relâche son royaume jusqu’à voir son existence disparaître sous les brouillons gratifiants de ses années d’étude.
the unknown warrior --
Moins encombrant,
toujours invisible,
une vie de lâche aux saveurs insipides.
La fleur de sa boutonnière au fusil, l’existence futile qui s’imprègne du conflit. Il s’enrôle et disparaît, dans le sable, la poussière et les morceaux de chair éparpillés. Les premiers cris d’orfraie, le monticule de cadavres sur les routes afghanes, il s’enterre à jamais, devient Lion au service de l’armée.
En permission, l’Enfer. Les limbes sont à sa porte. Ça hurle à en ébranler la charpente, les flammes qui calcinent cette accalmie inventée. C’est là qu’il croit que pour éteindre un feu, il suffit de l’étouffer avec l’alcool.
Un toxico en treillis, sait plus si c’est la guerre ou l’absinthe qu’il le fait frémir. S’ensuit la Syrie, terre d’accueil de sa tumeur belliqueuse.
lord of sleep --
Au bout de sa carrière, prostré dans une réalité horrifiante où s’entrelacent les bruyants souvenirs au  silence hypocrite du Queens. Lion met son vivant à l’épreuve, fait tremper son être dans une gadoue de liqueur.
Marchand d’un sommeil qui ne fait que le fuir, Lion respire enfin aux poitrines paisiblement gonflées du souffle de Morphée. Parce qu’il faut bien vivre, il tient les reines de cet empire de satin cette fois, depuis l’arrière-bar, auquel la nuit se trouve bien incapable de le soutirer pour en dévorer les débris d'âme.
nightmares --
Les tourments se promènent dans cette caboche malsaine, l’esprit qui se perd dans des flashs d’antan. Où qu’il se trouve, il y a toujours un sanctuaire pour le suivre, des visages qu’il connait à ceux qu’il ignore défilent pour le nuire. Et sans les faire disparaître, l’alcool rend leur rage plus supportable.