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 Cent ans de solitude (James)

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Orphée Lessing;

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Orphée Lessing



Moya Palk
Celestial (avatar), Ethereal (icons)
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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Sam 6 Fév - 19:03

Cent ans de solitude
Orphée & James

    Résonne dans les pensées l’heure tardive d’un rendez-vous aux lueurs de peines et de mémoires ; le père, alors oublié, renié, placé bien loin dans l’inconscient, se révèle la présence méphistophélique, une présence fantomatique. Hier encore avait-elle fouillé dans les papiers, avalée dans l’immense grenier de cette maison dont elle n’avait pas foulé le sol depuis des mois ; Orphée avait ouvert la brèche, les maux s’étaient enfouis dans les rêves rares d’une maison dangereusement sordide et chaque jour, Orphée s’éloignait des décombres ; il y avait dans cette bâtisse une souffrance vibrante jusque dans les murs sanglants. Cette maison c’était la sienne, elle refusait de la vendre et, chaque jour, Grisha avançait ses pions, lorsqu’elle était contrainte de le voir pour sa séance hebdomadaire.
  Cette maison, c’était la sienne ; les arbres ployaient sous le poids des fleurs invisibles, les merles chantaient les louanges d’une déesse inconnue tandis que l’ocre effaçait l’émeraude de l’été. Elle avait pleuré, les sanglots arrachèrent la gorge, les sons s’entourèrent de faiblesse, ses paupières se baignaient des larmes du deuil, du souvenir éreintant de la figure fraternelle. La solitude alors, vint combler par son poignard la douleur insurmontable du manque. Comment vivre maintenant ?
 Elle s’était assise sur le sol de la cuisine, dans l’ombrage d’un meuble ikéa, le seul d’ailleurs, bon marché saveur des moyennes classes dont ses parents avaient peur. Le père n’avait laissé à sa fille qu’un maigre héritage et plusieurs millions de dettes. Les papiers le prouvaient quand, jonchant le sol grinçant de l’étage elle avait fouillé dans les cartons afin de reprendre contact avec les morts. Bien sûr, il n’avait rien dit, toujours impeccablement habillé, l’odeur de l’après rasage et l’emprunte de ses lèvres sèches quand il daignait embrasser sa fille dans une mascarade de vie familiale. Au casino, l’argent avait flambé dans les jeux illusoires, il avait perdu plus qu’il n’avait gagné. La maison était sauve, dernier vestige d’une famille décimée par un tueur en série.
 Orphée s’était perdue, dans ce logis d’hôte, la grande demeure Orlov, elle avait traversé les couloirs, avait pris son portable caché sous l’oreiller, s’était enfermée dans cette chambre qu’elle ne possédait pas mais qui la possédait, elle, orpheline. Traumatisée. Le nom apparut, et, spontanément, la jeune fille lui écrivit, le coeur déchiré par la responsabilité. Car elle souhaitait rembourser, réparer les fautes du père. Elle se souvenait de sa voix, de sa force, elle se souvenait de son visage, de ses yeux, elle se souvenait des conversations entremêlées, chuchotées à travers les conventions sociales, des affaires à demi mot pour ne pas éveiller les soupçons de l’épouse, des enfants. Dans ce tableau amical tremblait les secrets.

  Jusqu’aux enfers de la nuit l’Orphée s’inquiète, regarde toujours derrière elle, l’angoisse de l’obscurité où les loups rouges attaquent sans prévenir, elle ne ferme pas ses yeux, n’affronte pas la peur qui submerge ; seule, à vingt deux heures trente sur le pavé d’un quartier aux néons agressifs. Elle traverse l’entrée, se dirige vers les coulisses, légèrement apeurée par les figures masculines surveillant de leur œil les dangers anticipés, la violence d’un monde se crée aux étincelles mordantes du charbon, dans l’étroitesse de l’étreinte du noir ; la nuit, les cris se morfondent, l’on entend les coups dans les chaumières et les disputes dans les appartements, les lumières des fenêtres laissent apercevoir les silhouettes des habitants, parfois serrés les uns contre les autres dans un habitat trop petit pour les accueillir.  « Je dois voir James Marlowe. » La difficulté de la présentation s’entend dans les hésitations de sa voix, elle se redresse, se maintient droite pour assurer une apparence confiante. L’homme lui demande de le suivre dans entrailles des couloirs sales, un labyrinthe où le minotaure pourrait se tapir dans les recoins du gris des cloisons, Orphée s’imagine un autre espace, une dimension autre que la réalité tangible qu’elle ne considère plus que comme lointaine. Parfois, l’enfant fait des crises que l’on nomme dépersonnalisation, ce moment où la mort transparaît rapidement dans les veines, dans le sang, abreuve le corps, fait disparaître l’esprit. Où suis-je, se questionne-t-elle, mais pourquoi ? Elle aurait pu ne rien dire, faire fi de son existence, puisqu’elle n’a pas l’argent pour colmater le trou béant de la dette.
  Elle avance, peine à respirer, jusqu’au large bureau où l’attend cet être autrefois apprécié. Elle se souvient de ce sentiment quand elle se trouvait près de lui, l’intimidation par le charisme imposé. Elle a perdu sa voix, elle qui, pourtant, égaie la vie par ses discours et la sonorité de cristal, quand elle parle Orphée, c’est l’innocence, la naïveté, la joie aussi, feinte certainement. Aujourd’hui, elle se dévoile, nue dans sa tristesse, elle a les yeux qui pleurent déjà, la fatigue du désespoir, la souffrance de la solitude. Tout, en elle, hurle une métamorphose proche ; Orphée grandit, elle ne se ressemblera plus.  « Je suis vraiment navrée pour ce que mon père a fait. » Quand l’ombre de James s’approche, Orphée ne bouge plus, honteuse d’un atavisme indésirable.

@James Marlowe

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vent d'est, vent d'ouest
Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Dim 7 Fév - 21:35


cent ans de solitude
@orphée lessing

dans le bureau vide, la confusion des heures perdues, à renoncer peu à peu aux aspérités qui le hantent. sous la pulpe des doigts, à chaque fois, l’épiderme trompeur de celle qu’il s’est empressé de dévorer, pour mieux confondre l’errance et chercher l’extinction d’un vice de plus en plus prégnant. depuis, les heures se balancent sous le regard amorphe, des automatismes à recouvrer pour continuer de paraître entier. alors que james est amputé, incapable de comprendre ce gouffre béant devant lui, s’y abandonnent les discours trompeurs, les instincts de lutte, les envies de se dissoudre dans un autre corps pour ne jamais pervertir le sien, temple sacré de ses infinis dévoilés. il ne peut rencontrer de nouveau les vertiges dans son regard d’acier, et la peine de se savoir projetée à ses côtés, dans ce même gouffre qui saura les consumer. l’un et l’autre. l’un par l’autre. l’heure n’est pas encore venue, il faut détruire encore, pour n’être point déchu. s’appuyer sur un monceau de cadavres sanglants et de chairs offertes, pour y puiser l’indicible, la pulsation méthodique de sa monstruosité, qui toujours se relèvera, dans ses chairs se glissera, oripeaux en partage de ce destin devenu plus qu’un enfer. il y a celui qu’il pave depuis l’enfance, il y a celui qu’il découvre à trop s’égarer dans le néant qui fut chanté, tout contre elle. parce qu’elle échappe, parce qu’elle craint désormais les gestes, les caresses, la fièvre de ses yeux qui dévalent d’étranges idées sur son corps paré. mille fois déparé en songes. il se débecte. il se hait. de vouloir l’inavouable entre ses poings serrés, comme pour rencontrer son double, l’envahir, la transpercer de ces idéaux qu’il ne peut plus détenir dans la solitude de ses échecs, de ses écueils. il lui faut la consommer, faire chanceler le seul rempart à la folie pour la saisir, la rencontrer, la caresser jusqu’à l’agonie. l’alcool, et le travail, les insomnies et les pensées anéanties, ne suffisent plus à absoudre la démesure de ce qui le laisse fébrile, fragmenté. la bête se découvre, dès lors que ses regards parviennent à saisir l'indigne lueur qu’il appose sur lui-même, sur le verre dépoli de son bureau. lumières tamisées qui lui renvoient de trop multiples et menteuses ombres, qui se retrouvent toutes ici, pour fomenter sa chute.

il a oublié. le rendez-vous fixé, l’heure dite n’est plus qu’un grain de poussière au firmament de son trouble. pourtant, les mots échangés le poursuivent, le guettent, ils reparaissent parfois à l’orée de la mémoire. enfers ouverts pour infinis espoirs, qu’il lui suffirait d’étrangler une toute dernière fois. la jeunesse et l’innocence, l’écho d’un âge où il ne chancelait guère, où sa maîtrise, impériale maîtrise, ne lui échappait pas, glissant comme une langue vipérine sur son épiderme plein des frissons de ses hivers perdus. sans elle. sans avenir. sans force, voilà le pire, pour celui qui s’est imaginé Hadès au sommet de son empire. la chute est abyssale. et parfois effroyablement tentante également. il ne survit cette nuit que pour le vertige qui s’éprend de lui, amante insolente qui revient telle une vague, sous le souffle trop lourd où s’alanguissent les maux abandonnés là. pour y pourrir, dans la ferveur, dans la fièvre. l’incursion soudaine de vega dans le lustre de son palais abandonné le laisse un bref instant songeur, il a trop bu déjà, les idées se morcellent et deviennent impures, il ressent la tromperie d’un père dans la silhouette abandonnée de sa fille. l’avidité de la chair qui s’immisce dans la banalité d’une histoire d’argent, de quoi porter les outrages aux nues sous le regard prédateur, qui lentement s’élance dans la direction de son ombre à lui. sur le verre dépoli, des silhouettes monstrueuses, la sienne, puis celle de l’inconnue qui fut miroir d’un autre passé, héritage de ces années pleines de fierté. atlantic city, son lustre, et ses affaires faciles, l’orgueil n’avait pas encore sa blessure suppurant l’amertume, il y avait dans les mots et dans les prunelles l’infini à dévorer, à dévoyer. la conquête sous chaque pas. un pas vers elle, ce soir, il ne le dessine pas. pas encore. il demeure là, à lui tourner le dos, le costume quelque peu froissé, le col de sa chemise ouverte, la cravate abandonnée sur le bureau, son verre presque vide à la main. et l’aigreur dans le creux du ventre. c’est une virulence, comme une blessure qui se rouvre lorsqu’orphée paraît, ses mots dans son sillage. vega a disparu, james ne sait même pas s’il a élevé un ordre ou bien un unique silence, comme une muraille à sa solitude. à sa déchéance. pourquoi est-elle venue ce soir, pourquoi avoir obéi, sous l’inflexion de sa candeur, de sa si infamante vertu. c’est comme lui cracher à la gueule la difformité qui l’accable depuis qu’il a parlé, qu’il a mis des mots sur le mal qui le dévore. et pourtant, la peine, la tristesse, c’est là ce qui navigue sur les syllabes de son timbre fragile, de quoi ficher dans la douleur une once de ce deuil, qu’il partage avec elle, malgré lui. malgré sa détermination à arracher toute beauté à la toile de son existence, vitriolée par ses excès. et pourtant, la peine, même sincère n’a jamais su ôter le masque hideux de la réalité. votre père est mort, et il vous a laissé des dettes. il a un rire, froid, et brisé aussi, car il connaît le poids de l’héritage, ce qu’il y a de douleur et de contrition quand il faut céder la place à l’existence déparée de ces piliers qui la soutenaient. qu’importe si le pilier est pourri, et combien l’on a su y écorcher les débuts de sa vie, il faut désormais contempler les plaies et les cicatrices. et vivre avec. quelles sont tes cicatrices, orphée ? cet héritage qui vient dessiner ta peine, ta détresse, pour emplir mon espace de cette fragrance insidieuse, qui se mélange aux notes doucereuses de ma corruption. quelles sont tes cicatrices, orphée ? il boit, une gorgée, et puis il finit par se détourner de leurs reflets, pour rencontrer le corps de celle qui fut enfant, devenue presque femme. devant lui, l’allure de celle qui pourrait saisir bien plus qu’elle ne l’imagine encore, les iris de james dévoilent et cherchent les échos du passé qui fut leur, cherchent les traits d’une gamine sur un visage désormais tentateur. le prédateur excite ses délires qui n’ont rien de désirs, c’est plus prégnant encore, c’est une mécanique enclenchée, dans la nuit ténébreuse d’une autre condamnée, et qui appelle cet encore, cet encore, pour continuer de ramper. dans les gouffres, l’implacable volupté offerte par l’affliction du seul plaisir qu’il continue de s’interdire. vous n’auriez pas dû obéir à cet élan dicté par le devoir. je ne vous aurais pas poursuivie. et vous auriez repris votre existence. j’aurais repris la mienne. tout aurait été clair. il fait un geste gracieux et empli de cette déraison qui continue de trahir celui qu’il crut pouvoir devenir.
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Message Sujet: Re: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Lun 8 Fév - 18:03

Cent ans de solitude
Orphée & James

   
 Elle ne bouge pas, ses orbes se mirent sur le sol dallé, un souffle pour évanouir la terreur du choc, ce retour vers le passé marqué par la silhouette d’un homme autrefois observé, admiré… Peut-être admiré, quand il s’asseyait sur la chaise, près de la table garnie, dans le jardin, pour parler affaire mais jamais une once d’affection puisqu’il s’adressait au père, alors, l’enfant partait cheminant dans sa chambre, près du frère, s’enfermait. Elle avait dessiné les yeux et la forme, la carrure, sur une feuille vierge, comme lorsqu’on repousse un souvenir pénétrant, hantant, vengeur, et, sur la deuxième page, le personnage d’un chaperon et de trois sentiers. Elle avait lié James, confronté son essence à un désir brûlant, bruissant, le premier émoi de l’adolescente en devenir. Et avait oublié, obnubilée par les affres d’une métamorphose, Orphée devenait collégienne, les difficultés du relationnel, puis cette angoisse bientôt du regard que l’on portait sur elle.
 Toujours ses yeux observent, récupèrent rapidement les informations. Cet homme lui offrant son dos, sa main serrant fermement un verre vide où l’emprunte de l’alcool bruisse encore la déraison de la tristesse. Le coeur s’envole vers les outrages de l’absinthe plutôt que d’affronter armé de ses larmes. Il est mieux d’éviter plutôt que de combattre. Soudain, elle n’hésite plus, elle enracine ses océans dans la terre sienne de son interlocuteur, elle s’empare de l’identité, curieuse de le revoir, de sentir. Sentir les tourments délivrés par la posture de cet être se tenant éloigné, à bonne distance de ses excuses. Il rit comme pour jeter à l’abysse glacée des inquiétudes, des obsessions ; il ne rit pas d’elle, elle en a la certitude, ce n’était pas le bon moment. Lui, noyé dans la souffrance dont elle devine pas le sens, elle, apeurée, inquiète, coupable.  « Je tiens à rembourser ce qu’il a dépensé dans votre établissement, je ne sais pas ce qu’il a fait, ce qu’il a commis. J’aimerai juste rendre justice. Ce qui a été pris doit être restitué. » La passion de l’égalité possède le sang de la jeune fille, si petite, si chétive, habillée de sa naïveté, destituée du vice et de la manigance. Orphée s’est offerte sans moyen pour tenter de combler les brèches et cette maison est la sienne. L’image de la bâtisse transperce ses rétines, le désir de trouver autre chose que de vendre la mémoire, que de vendre la souffrance, que de vendre le bonheur. Orphée ne s’assoit pas sur une chaise, il ne lui a pas demandé de s’installer, debout et tremblante, son corps gaine automatiquement, ancien geste de danseuse, talentueuse ballerine déchue par l’événement d’une faucheuse récoltant ses âmes. Après cela, après les pas sur le parquet, et la voix grave du meurtrier, il y eut l’hôpital et l’éternelle compagne, la solitude. Elle se souvient alors, qu’elle avait pensé à lui.
  « Je ne vous connais pas très bien, mais j’ai confiance en vous. » Les paroles ne se filtrent pas dans la gorge du merle, les mots sont un langage de douceur et de valeur, Orphée les utilise afin d’apaiser les situations contrariantes. Et, dans le coeur, la peur. Dans le sang l’intimidation. Et la touche de fascination. L’homme Marlowe possède le charisme d’un roi, l’autorité d’un ogre. Orphée continue, tente d’expliquer sa pensée.  « J’ai confiance en votre expertise et je ne doute pas que… » Le silence du dilemme assène sa hache sur l’espérance.  « Vous avez raison, je n’aurai pas dû vous recontacter car je n’ai aucun moyen pour vous restituer votre bien. » Alors pourquoi ? La question vole dans les pensées labyrinthique ; aux tréfonds la réponse résonne, et se meurt dans le chuchotement, une dernière parole.  « Vous dites que tout aurait été clair, mais je n’y vois que de l’obscurité, dans cette vie. Rien n’est clair et l’on nage dans l’opacité. Si je ne rembourse pas ça fera de moi quelqu’un qui ne se supportera pas car elle aura toujours à sa charge une dette à payer. » Et de souffler l’amertume, et de respirer la réponse qui, doucement, se teinte dans le regard. Si je vous ai appelé, c’était pour trouver l’écho d’un passé entaché de mystère, d’abandon et de perte, vous étiez pour mon père un modèle, un ami, enfin un repère. J’ai besoin de vous connaître, sans vous le dire, pour trouver en moi des étincelles d’existence, des morceaux d’héritage pour tisser mon avenir.

@James Marlowe

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Message Sujet: Re: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Mar 9 Fév - 21:04


cent ans de solitude
@orphée lessing

il se souvient du timbre de son père, il se souvient de son regard parfois clair, et de cette sorte d’entente qui s’était tissée sans avoir à la forcer. oh bien sûr, il n’avait pas cédé à la facilité de l’illusion que lessing tentait de plaquer sur sa vie, sur son visage. des apparences, des masques qu’il revêtait, tel un homme d’affaires habitué à la perfection. à ce que l’entourage s’y laisse prendre du moins. mais james n’était pas quelqu’un de l’entourage, il était uniquement de passage, âme noire venue tenter ou tancer, phrases fleuries, phrases choisies, pour conserver l’un de ces joueurs que l’on sait tenir, toujours tenir, par la fièvre que peut insuffler le hasard. ces joueurs-là, james a pris l’habitude de les détenir sans jamais se risquer à les étrangler, mânes infinies qu’il suffit parfois uniquement de racler, histoire d’arracher et cette extase factice, et ce firmament trompeur que le jeu peut peindre. riche aujourd’hui, à terre demain. sisyphe sur un tapis vert. puis quand il venait parfois, parler affaires, car lessing connaissait du beau monde, il y avait orphée, pâleur presque enchanteresse, toujours à l’orée d’un seul regard abandonné. comme perdue à la lisière d’une vie à laquelle elle ne pouvait appartenir. il y avait orphée, quelques mots, quelques sourires. parfois même un rire. oui, il lui avait confié son rire, james, lorsqu’il riait encore, lorsqu’il n’avait pas passé la frontière, empli son avenir des ombres d’un crime que l’on nomme patricide. le charme avant de plonger dans d’autres enfers, et aussi cette étrange fierté que conçoivent les hommes quand ils savent exciter les désirs encore innocents chez les toutes jeunes femmes. car elle allait devenir femme, et james avait toujours su plaire.

tonalité chaude, d’une nuit d’été, oubliée, oubliée, enfouie ou enfuie quelque part, et qui s’érode tout contre le silence et ces mots plus durs qu’il lui présente. le passé ne pourra jamais réconcilier les avenirs qui dansent, qui se chevauchent, et qui accouchent de la monstruosité qui bruisse dans son coeur. la monstruosité plaquée contre l’image qu’elle lui renvoie, disharmonie qu’il ne sait interpréter, et qui le dérange, l’accable plus encore qu’il ne l’est déjà. les mots empruntent un autre sens, elle croit interroger la vertu, elle croit venir ériger son devoir telle une stèle funéraire sur le corps putréfié de son père, quand lui a l’impression de sentir le parfum âcre de ses exactions. à sa réplique, il oppose une sorte d’adage, le seul qui puisse résonner dans tout le vide où il se débat. ce qui est pris ne peut jamais être restitué entièrement orphée. presque un anathème que de mêler son doux prénom à cette affreuse prophétie. il la regarde alors et il se demande ce qu’on lui a pris. ce que d’autres que lui ont su saisir, caresser, froisser, boire sur sa peau de lait, insinuer dans son corps et dans ses pensées. pour mieux les déformer. la fièvre qui l’éprend rencontre celle qui menace james, c’est un drôle d’ensemble, qui pourrait bien recouvrer un tout autre genre de perfection, bien éloigné de celle à laquelle aspirait son père. l’innocence. l’innocence conviée au seuil de l’antre. et ça pulse, et ça pulse. au dedans, je ressens, ce que tu pourrais être, ce que tu devrais être pour moi. une autre victime, une autre profanation, quelque chose à ébranler pour mieux me relever du gouffre dans lequel tout mon empire est en train de péricliter. au dedans, au dedans, je ressens. dans les mots clairs, les ombres à ficher, pour pervertir l’image, ton image. et la mienne plus encore.

ils demeurent, debout, l’un en face de l’autre, éloignés, et cette confiance qu’elle clame lui donne l’envie de hurler. il la regarde longuement et ses sourcils se froncent quelque peu. les mots sont plus vifs, plus resserrés, précipités sur elle pour mieux comprendre, pour mieux continuer de surnager. confiance en quoi ? en ma capacité à vous entendre ? à trouver un terrain d’entente ? je crois que vous ne comprenez pas. mais elle se précipite aussi, dans la brèche, elle combat, elle descend sonder les errances pour mieux les rencontrer. et pourtant, elle contredit et la cause, et la conséquence tragiques. james secoue la tête, il a fait l’exacte même raisonnement et il souffle. vous n’avez rien. rien qui puisse seulement m’intéresser. il se défend, il cherche à l’épargner, à contraindre son corps à ne pas crever de la dévorer, parce que la bête exulte de ce cadeau qu’elle n’aurait même pas su rêver. il plisse les yeux, la migraine remonte sa nuque et vient battre tout contre sa tempe, pulsation dédiée à l’envie qui se confond aux songes qu’elle délivre. qu’elle tisse devant lui. il approche, il ose à peine entrer véritablement dans sa sphère, dévisager les traits de cette femme revenue le hanter, emmenant dans son sillage, d’autres cadavres à contempler. comme s’il avait pris part au drame qui se grave, dans les iris qu’il rencontre et qu’il sonde. il n’y a plus que l’obscurité. pour des gens comme vous et moi, il n’y a que cela. vous ne trouverez ici rien d’autre. ne me contraignez pas à demander l’ignoble juste pour que vous puissiez soulager votre conscience. votre père était un joueur, il aimait cela, le hasard, s’y confronter, cela le grisait. il se fichait des dettes, et des méfaits sur lesquels cet argent reposait. vous croyez alléger votre peine, vous débarrasser d’une dette mais vous n’en avez pas le pouvoir. tout est là. le pouvoir de donner, le pouvoir de reprendre, le pouvoir de céder, le pouvoir de s’étendre devant celui qui pourra à son tour vous posséder. qui est la pute ce soir, si ce n’est lui, qui ne sait la renvoyer, qui ne sait la destituer, qui se retrouve perdu devant une gamine armée de ces fadaises qui parcourent l’humanité ? qui pourrait quémander, les mots, le vice, le souffle, tous les délices qu’elle pourrait abandonner, éperdue et trompée, par le seul sentiment de lui être redevable ? vous savez ce que les hommes comme moi demandent quand on ne les paye pas ? et vous me faites confiance ? il crache presque ce mot qui lui semble être une douloureuse épreuve, le subir est une nouvelle injure. qui est-il pour mériter la confiance de l’agneau qui se présente, son regard clair et son âme fière. il approche encore, mais dans sa posture il ne se niche ni menace, ni envie de porter l’effroi dans la fragilité qu’elle immole devant ses regards blessés. je me souviens de vous, je me souviens de toi. et des quelques rires parfois. tu avais de l’esprit, tu avais des envies, tu souhaitais tant me plaire, et tu y parvenais. tu me faisais penser à ma plus jeune soeur, la perspicacité et le rêve enchaînés. alors ne me demande pas, non, ne me demande pas, d’entacher ces quelques images qui n’ont de valeur que cette douceur que tu portais en toi. et qui parfois rejaillissait sur moi. ne me demande pas ça.
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Orphée Lessing;

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Message Sujet: Re: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Mer 10 Fév - 0:21

Cent ans de solitude
Orphée & James

   
  Le mot jaillit dans les méandres de ses pensées fusées, naïve, adjectif honni que celui-ci, haï, il représentait la déliquescence de son innocence. Elle se souvient des avertissements affectifs du frère qui, parfois, venait la chercher à la sortie de son lycée, une boite de brownie, un paquet de bonbon, un livre pour la féliciter, aujourd’hui tu n’as pas séché les cours petite sœur c’est cool ! Et pour son regard, pour son amour, pour le soin qu’il prenait à lui donner une vie, Orphée souriait, se promettait de continuer ses efforts. Alors, les camarades, le harcèlement, les railleries. On la mettait à l’écart car elle était différente, n’est-ce pas, trop intelligente, plutôt conne je dirai, avait-elle entendu une fois quand elle rangeait ses manuscrits dans son casier. Elle s’était enfuie vers les arbres, escaladant les branches afin de trouver refuse près des cieux. Dans ce bureau aux idées noires, la tristesse se cogne contre les cloisons indélébiles d’un territoire dirigé par un homme qu’elle ne reconnaît plus. Les souvenirs gardent l’emprunte du fantasme, de cette présence masculine assez confiante pour enivrer les histoires que se racontait l’enfant, de beaux princes, de beaux rois, et de loup toujours guettant entre les sentiers menant à l’autonomie. La mère ne l’avait pas averti du désir de ces dieux grec, puissants et virils. Elle écoute, le visage baissé sur les réflexions, les solutions, ce que j’ai c’est le temps, se dit-elle, mais de cela elle n’en dira mot.

Naïve. Il revient, pousse les retranchements, pousse les cordes de la confiance à se défaire, délivre les larmes discrètes qu’elle essuie prestement. La souffrance s’égaie royalement dans les tremblements de souffrance, elle a entendu la vérité, crue, obscène sur le paternel. Votre père était un joueur, il aimait cela, le hasard, s’y confronter, cela le grisait. il se fichait des dettes, et des méfaits sur lesquels cet argent reposait. vous croyez alléger votre peine, vous débarrasser d’une dette mais vous n’en avez pas le pouvoir. tout est là. Les sanglots deviennent vagues, elle se noie. Alors, sa main défait l’élastique qui retenait ses cheveux captifs afin de cacher sa peine sous la chevelure de boucles et d’ébène. Elle pleure Orphée pour exprimer ses joies ou sa colère, elle pleure devant tous, montre sa fragilité car la créature l’assume, cette fragilité candide tant décriée. Son père n’était rien de plus qu’une âme encombrée des préceptes bourgeois souhaitant se hisser jusqu’au sommet, non pour le pouvoir grisant mais pour le regard et se sentir vivant. Elle n’a rien que le temps se dit-elle, encore, chuchote-elle au sol. Elle n’affrontera pas les orbes de son interlocuteur puisque, honteuse de la faute d’un autre, elle porte sur ses épaules une culpabilité qui n’est pas la sienne. Enfin, il assène ce qu’elle avait pressentit, ce désir impérieux des reins, le brûlant massacre de la fureur.

Elle ferme ses yeux au dégoût qui l’envahit, à cette odeur des morts, dans cet entrepôt, tu te souviens Orphée, des mains qui t’ont forcé à t’agenouiller devant le priapée de l’ogre, la force de la demande et toi, enfant, ouvrant ta bouche pour le plaisir d’un autre. Et lui, dans ta chambre.  « Non. Maintenant j’ai peur de vous. » J’ai peur des hommes, malgré moi, le danger toujours suintant, regardez comme je tente de me défaire de votre douleur d’homme, celle que je ne comprends pas, celle qui me terrorise, la souffrance du sexe.  « Pourquoi ? » Une pause, elle respire, en difficulté face à l’intransigeance du Marlowe.  « Je ne comprends pas pourquoi. » En elle s’écorche l’expression peinant à se rendre accessible par les mots, expliciter l’effroi d’une femme en prise sous une domination, de l’autre plus grand et plus fort.  « Sont-ce là vos seuls intérêts ? C’est un plaisir éphémère ! Et ce plaisir… ce plaisir… vous vous sentez obligé de voler ou de réclamer, comme s’il vous possédait entièrement ce désir des jambes ! » Elle expire, se calme.  « J’ai peur de vous à présent parce que j’ai vécu ce qu’ils font… aux gens comme moi. Je suis sans défense, j’en suis consciente, si vous décidiez maintenant de me tuer ou de me violer je ne saurai rien faire d’autre que de me pétrifier et de me laisser faire, parce que je n’aurai pas la force de combattre et je ne le pourrai pas. » Elles étaient naïves ces histoires que l’on racontait aux fillettes, d’hurler face à l’inconnu qui vous dévore, dans la réalité, la fillette s’étrangle par sa sidération. Orphée n’a pas pris conscience qu’elle s’est assise à l’ombre du bureau boisé, dans le coin reculé d’une frontière brisée.

@James Marlowe

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Message Sujet: Re: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Sam 13 Fév - 20:28


cent ans de solitude
@orphée lessing

que s'est-il passé ? quel accident tragique a fait des évasions d'autrefois, qui s'entrechoquaient aux haies bien entretenues de ce joli jardin, des reflets pleins de dangerosité qui se plaquent sur le granit de sa silhouette ? homme de pierre, les failles s'exposent et murmurent des psalmodies mensongères qui l'éloignent de ce rôle qu'il devrait adopter devant elle, aussitôt qu'elle lui revient. écho d'un passé trop lointain, doux hommages à une amitié qui n’a pas pu éclore. la confiance qu’elle invoque n’est pas une réalité, n’a jamais été une réalité, et pourtant, alors qu’il la griffe et tente de la dépecer, tel le prédateur froid qu’il est en passe de devenir, il a l’impression de dévoyer les éclats d’un serment qu’il ne savait pas porter. comme si dans leurs yeux parfois, qui s’interrogeaient dans le silence de leurs rencontres, s’étaient gravés des mots oubliés, parcheminés par une langue qui lui est devenue étrangère. james aimerait l’apprendre de nouveau, s’abreuver à ces sonorités qui vibrent trop fort dans un bureau bien trop grand où il se perd. où il la perdra aussi, il en est persuadé. car cette innocence qui le frôle ne peut que se retrouver putréfiée par ses actes passés. si tu savais la maladie qui me ronge, si tu savais ce que j’ai su omettre dernièrement pour rencontrer le profil dégénéré de ma fausse toute-puissance. regarde, regarde, il n’en reste rien désormais, je ne suis qu’un roitelet qu’on a juché sur un trône. j’ordonne mais les ordres deviennent sourds, se figent dans le temps qui file entre mes poings serrés, s’engluent dans l’amertume de la faute infligée à l’épiderme de ces autres compagnes. des âmes mortes, des âmes qui conspuent celui qui aura su les détenir, les souiller. et ton âme à toi ? et ton âme à toi orphée ?

le temps. le temps c’est ce qui lui reste, c’est ce qui leur reste. tout ce temps qui fragilise le vide dans lequel tombe james, le désespoir sous la chair, l’hérédité comme une armure qui ne le protège plus, ni des coups, ni des sentences sombres qu’il murmure contre lui-même. alors pour échapper à l’effroi de ces mots crus, abandonnés tout bas, il balance ceux qui viendront la blesser à son tour, afin qu’elle chemine malgré elle, dans les méandres où chante sa langue vipérine. il aurait pu épargner le souvenir de son père, il aurait pu élever des espoirs factices qui auraient aussitôt parés le cadavre de ces costumes somptueux dont il s’embarrassait, pour que la fille malgré la mort croie en ce père qui l’a abandonnée. car ils partent tous, tu sais. ils finissent tous par partir. les flots, les flots qui endiguent sa chute, qui invoque une brutale noyade afin qu’il dessine un trépas plus douloureux mais plus rapide, se déversent sur elle, viennent rencontrer sa peau et envahir ses prunelles. paupières lourdes d’un péché qu’elle n’aura pas commis, il n’y a rien de plus magistral que cette rédemption que l’on cherche pour un autre que soi. et qu’on ne trouvera pas. il contemple, dieu aux visages changeants, le lustre de ces meurtrissures qu’il vient de lui confier, les trésors gravés entre les mains blanches de la douce enfant ne sont en réalité que des éclats de verre qui viennent trancher la chair et la faire saigner. larmes de sang, transparence de ce vide qui doit tout dévorer. sombre, sombre, à mes côtés. il n’esquisse aucun geste, il exhale uniquement ce souffle, toujours perclus par son animalité, respiration toxique, qui ne dissimule ni les tourments ni la cruauté de celui qui gronde. bête blessée dans les entrailles de la terre, pourquoi, pourquoi as-tu souhaité la rejoindre en enfer ? miroir de cette fragilité qu’il n’a plus la force de maquiller, elle est parfaite ainsi, nymphe dévoyée par le drame qu’il fouaille avec déraison, pour ensevelir ce calme qu’elle était venu lui infliger. une autre blessure aux côtés de toutes celles qui constellent ses heures échues, ses heures violées par sa hargne. le temps. le temps. encore du temps qui leur paraît compté, comme si les secondes se déchiraient aussitôt que james souhaite les arrêter. regard noir, les sursauts de son corps défilent sous l’inspection qui parachève le rêve difforme de sa bestialité. il prendra tout, il prendra tout pour que cela s’arrête enfin. il l’avoue, avec aigreur, les mots qui gravent la peur, sa peur, la leur aussitôt qu’elle comprend ce qu’il présage. enfance convoitée pour ce qu’il saurait y dissimuler, la carcasse du damné entièrement enchaînée à l’âme bercée de luxuriantes croyances. un monde, un autre univers, en collision du sien, à pénétrer pour qu’il brûle tous les chemins qu’elle aura su trouver. si s’enfuir est impossible, il n’y a plus qu’à crier. ce cri, il l’entend, ce cri il le ressent en lui, aussitôt qu’elle avoue. ténèbres immobiles qu’elle regarde et qui portent l’effroi sur tout ce qui demeure d’elle. les images sont des vestiges, sons gutturaux qui lui infligent une honte qui dévale sa gorge, alors qu’elle le questionne. pourquoi, pourquoi ? pourquoi toujours vouloir déchirer, décharner, envahir le corps pour le trahir ensuite. pourquoi. il est incapable de le lui avouer, de le dire alors qu’elle est assaillie par des idées, des contes monstrueux bien plus dangereux que l’ombre portée par sa silhouette arrêtée. le temps. le temps. il n’a guère su le retenir, mais elle, orphée, en le regardant ainsi, en voyant toute la pâleur de son agonie d’homme, épris du désir plus que de ce plaisir qu’elle dénigre, orphée aura compris comment l’arrêter. le temps se fige, le temps s’arrête, le temps s’entête, mais qu’importe sa frénésie, figée dans les battements du coeur de l’impie, il ne peut plus ni déposer l’offense, ni graver les mots meurtriers. ça n’est plus le vide sous ses pieds, c’est la tempête qui après un dernier hurlement, s’abat sur sa silhouette, et pourfend sa cruauté, pour lui arracher et la haine et le désespoir tout entiers.

comme autrefois, soudain je te vois, soudain je suis touché par cet unique instant de grâce. celui que seule la rencontre mutique peut confier, même à un homme comme moi. j’avais oublié. j’avais oublié, la beauté de ces instants-là.

james ferme les yeux, il se rend une seconde au néant qu’il insinue sur son monde disparate, il ferme les yeux et il reçoit, la peur, la peur et l’incompréhension qui choit, à ses pieds. et il entend, il entend les sons discordants de la bête rendue à sa prison de chair, bornes de sa cellule trop restreinte, apposée juste sous la peau qui tremble. il a si froid, il a si froid. il l’entend bouger, se tapir, loin de lui, loin de tout ça, il écoute la symphonie de son désarroi, et il aimerait chanter sa peine à ses côtés, il aimerait savoir encore lui parler. il rouvre les yeux, et alors qu’il accompagne sa fragilité repliée d’un regard différent, l’existence lui paraît un tout petit peu moins laide. il avance, un pas, puis un autre, doucement, sur la moquette claire, pour rejoindre l’enfant et s’accroupir devant elle, retenant un geste apaisant qu’il ne se croit guère en mesure d’apposer, sans la blesser encore. je suis désolé, orphée. jamais je ne serai celui qui viendra prendre de toi ce que tu ne pourrais donner. tu n’as pas à avoir peur. tu n’as plus à avoir peur. il soupire, doucement, dans le silence qui retombe sur ses épaules nouées, et il s’assied à son tour, auprès d’elle, mais le dos confié à son bureau de verre, drôle de frontière offerte par ce corps qui aurait pu verser les parfums honnis dans le temple juvénile, et qui pourtant devient comme un rempart à la perdition qui la saisit. tu te souviens, des fleurs de l’oranger, qui revenaient à chaque fois que la belle saison passait ? c’est à ce moment-là que j’aimais venir vous voir. il regarde dans le vide, il regarde dans les sensations de ces souvenirs imparfaits, vu qu’ils sont désormais ancrés dans la mort. quelque chose est mort et ne revivra jamais. quelque chose est mort pour eux, pour eux deux. âmes endeuillées qui se rencontrent enfin. j’aurais dû revenir vous voir. avant… avant le drame, qu’il a lu, comme tous les autres, sur les pages froissées des journaux sans chercher à savoir ce qui lui était arrivé, à elle. sans chercher, sans rebrousser le chemin d’une humanité cerclée par une douceur que la bête ne parvient plus à tolérer.
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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Re: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Ven 19 Fév - 19:12

Cent ans de solitude
Orphée & James

   
  L’enfant traîne sa peine dans ses pupilles de mer, il y a tant de tristesse se réveillant sous les vagues des échos passé, il y a tant de remords et de regrets ; elle s’est assise pour apprécier le vide de la nuit, s’imbiber des exigences du souvenir. La mémoire éclot des images mortes, c’est affolant comme ça déraille dans le coeur, comme ça grince, comme ça mord, et le sang qui jaillit des larmes qu’elle essuie, pensive. Il y a des soirs qui se terminent sous la couette, l’absolution dans le ventre et les pensées noires chevauchent la raison. Assise sur la moquette, elle a fermé ses paupières, la voilà dans l’abandon, pour ressentir la douleur et la jeter au loin, loin d’elle. Ses mécanismes de rejet sont épuisés, elle n’a pas la force de prétendre la force quand elle se sait vulnérable, elle assume enfin sa fragilité car elle sait bien qu’elle n’est pas que ça. Ce soir, peut-être, si. Orphée respire lentement, songe au visage de son père qui ne se manifeste plus ; il avait des cheveux de sel sur des épaules fines, un visage altier et une bouche sèche, quand il embrassait sa mère ses yeux chatoyaient d’amour, mais il n’avait jamais su correctement s’occuper de sa descendance. Il avait joué, à en perdre la raison, puisqu’il avait de l’argent à dépenser. Il avait gardé la maison. Elle se raccroche à cet infime espoir, que ce geste fut un geste d’amour avant de crever. Orphée veut mourir elle aussi, elle veut vivre aussi, elle ne sait plus mais, quand James esquisse des paroles salvatrices ses agates s’accrochent à lui. Elle s’enracine dans les prunelles de cet homme qui l’intimidait afin de puiser en lui des morceaux de conviction, que la vie peut être belle, vécue.

Il s’est assis en face d’elle. De sa voix légèrement rauque, de sa prestance, son aura console, il a l’habit du sauveur et le visage du mélancolique. Orphée, alors, contemple l’expression abîmée qui la reflète, deux êtres damnés que le destin a marqué de son sceau. Il y a des personnes qui ne vivront rien, il y en a qui vivront tout, dans le malheur plutôt que la tendresse. Le geste se sublime, l’élan spontané d’un désir, celui de se sentir tout contre quelqu’un pour trouver un repère. Parfois, son environnement disparaît, elle ne sait plus où elle se trouve, Grisha a appelé ça des transes, quand le stress prend en étau sa lucidité. Elle le serre dans ses bras, tente de retrouver la lumière par ce contact, innocent et plein de rêveries mensongères. Elle dure cette étreinte pour que l’enfant puisse se bercer de l’illusion d’un lien, un nœud. Juste une rencontre pour perdurer demain.  « Je me souviens que tu venais toujours bien habillé et que ce costume que tu arborais m’intimidais. Je me souviens que je jouais du violon quand tu le demandais. » Pour lui, elle a composé des arabesques musicales, des phrases aux sonorités joyeuses, elle souhaitait taire dans son œil le gris de la détresse. « Toi aussi, tu es triste. Comme si un ouragan t’avais enlevé ta joie. » Il n’avait pas l’air joyeux, il avait l’air sérieux. De tous les moments où il venait et aujourd’hui, aujourd’hui beaucoup plus. Ses mains s’attachent à ses joues, maintient son visage, naturellement, gentiment, pour voir à travers le rôle joué, la vérité. Alors elle ressent. Elle ressent le dénuement, une désolation, dans l’air cérémonieux de James se superpose certainement des lambeaux, elle a, face à elle, des morceaux d’homme qui se désagrègent. Enfin, l’imagine-t-elle. Les connecteurs miroir assemblent des traits, dessinent des suppositions, elle se trompe peut-être néanmoins, son instinct ne lui a jamais fait défaut.  « Tu avais certainement des choses à faire. » Elle se laisse choir, allongée ainsi, les yeux sur le plafond, l’originel de la visite disparaît. Dans sa voix ne sonne aucun reproche, une constatation objective, James passe sa vie à déployer ses efforts pour faire fructifier son empire.  « Est-ce que ta sœur va bien ? » Comme ça, sans introduction, la question lui échappe. Le visage d’une femme apparaît dans sa rétine, la blondeur du soleil et la froideur des steppes, le corps souple et suffisamment armé pour se défendre, elle accompagnait James, le soutenait. Orphée se souvient de ce sentiment d’admiration pour cette image qu’elle n’a jamais rencontré. Elle a seulement péché des bribes de confession bien rapidement disparu, comme l’on parlerait d’une connaissance ou d’un être que l’on adore. Elle penche pour la deuxième, puisqu’elle-même ne parlait jamais de son frère aux autres, ce frère adoré.  « Par là je voulais simplement demander si tu n’étais pas trop seul. On doit se sentir bien seul dans ce vaste paysage brillant la richesse. » Tout pour éviter de parler de soi.

@James Marlowe

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Message Sujet: Re: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Dim 21 Fév - 2:15


cent ans de solitude
@orphée lessing

la turpitude du désir sans cesse inassouvi enfin se détruit, dans la détresse de son corps lentement crève la bulle amère de sa détestation. entièrement tournée contre lui, et contre celle qui fut et qui est encore son agonie. dans le silence de nuits désabusées, parfois il conte à son propre reflet les émotions taries, amours meurtries dans un autre corps, les mots inavoués encore sur ses lèvres froides. il crève d’embrasser son double, de le recouvrer dans la pâleur de son sein qui se soulève d’un mal ancré trop profondément pour qu’il ne sache l’arracher. alors il perpétue ses accents brutaux, soubresauts sous la cage thoracique. mais plus à présent. plus à présent, alors que les pleurs de l’enfant viennent noyer les flammes, taire leurs mensonges pour révéler la faiblesse d’un seul souffle, qui s’allonge, qui s’échange, dans l’atmosphère secrète du bureau endeuillé. la nuit tombée, le casino qui au loin bruisse de ses artifices, le linceul pourtant ici se tisse avec lenteur, prenant deux âmes dans sa naphte soyeuse. deux âmes pour une seule qui fut coupable d’aimer trop, deux âmes pour une autre qui crut que la faute d’un père devait diriger ses pas jusqu’au seuil du monstre. mais il n’est plus un monstre, les larmes absolvent les offenses, débarrassent les chairs des poisons qui narguent chaque fibres, et les échos d’un passé se rencontrent, se retrouvent, resserrent deux âmes errantes l’une contre l’autre pour éveiller la trêve dans l’éclat d’un regard en fusion. miroir ouvert sur la mémoire offerte, conjuguée à la sienne. cette mémoire, c’est la même. dans les yeux clairs de l’enfant, il y a l’homme qu’il fut, sans honte devant la fierté de ses rêves éblouissants, sans remords face au crime qu’il avait dessiné pour celle qui ne le haïssait pas encore. dans le regard d’orphée, james survit, james arpente des lointains où le doute ne fleurissait pas, ses racines brûlées dans la fureur de ces rêves affirmés. grandeurs et noirceurs enchâssées sans que l’affront du vice ne s’y distingue alors. quand il croisait l’enfant, il n’était pas vide, james, il était empli de ses projets, des idéaux de puissance, des firmaments parsemés d’or qu’il caressait avec une fausse bienveillance. lueur constante, et éblouissante, qui ne dessinait pas ce chaos qui aujourd’hui la déchire, en un prisme aussi fascinant que dangereux. il y a dans l’éclat du néant des tonalités trop captivantes pour seulement y échapper. dans mon néant, la pâleur de ta peau pour offrande. ta jeunesse en partage pour repousser les ténèbres amantes. dans mon néant, soudain le calme, de ma solitude qui frôle la tienne.

et il se demande quels chemins elle a su emprunter pour revenir à lui, ainsi nimbée par cette absolue confiance, et manipulée aussi par l’inflexion trouble de sa clairvoyance. car elle le voit, orphée, elle le voit tel qu’il est et pourtant elle ne cherche déjà plus à lui échapper. au contraire, s’il interdit la fulgurance d’un geste, aussitôt elle le complète, nouant une étreinte pour renouveler l’alliance mutique de jadis, qui fut entre eux symbolisée par tant de silences qu’il s’y abandonnait souvent, revenant dans le jardin d’un eden trompeur pour ressentir la ferveur de l’enfant. la même ferveur amie, qui se lie à son corps, et qu’il retient aussitôt, enlaçant la silhouette qu’il recueille contre la douleur de son être. il expire quelques souffles tourmentés, il expie toutes les fautes récentes, et celles passées, habillées de sépia qui dansent uniquement des lignes, des courbes, des sensations plus que des images, désormais que les souvenirs ont été dévorés par l’infernal désir. il glisse ses doigts dans ses cheveux d’ébène, soie du linceul qu’il accueille, et qui en cet instant n’applique plus sa brûlure indigne sur son épiderme tremblant. elle est là, ça n’a jamais été aussi simple que ça, ça n’a jamais été aussi proche d’une vérité oubliée, qu’il a enfouie quelque part en lui, entre les chaleurs d’ambre du jardin et l’acier de l’empire. et la mémoire chante, harmonies diffuses qui reviennent faire vibrer la mécanique du coeur. est-ce que tu joues toujours ? j’aimerais un jour t’entendre comme autrefois. ta musique m’apaisait. parce que tu me renvoyais l’image menteuse d’une famille que je n’avais jamais eue. et que j’enviais parfois. et parce que tu savais le voir en moi, ce besoin d’arrêter mes envies, de les suspendre à un semblant d’éternité, pour rencontrer un instant de contemplation. il sourit, l’étreint un peu plus fort quand ses mots viennent frôler sa détresse. j’ai toujours été triste. mais toi, toi, tu savais feindre n’est-ce pas ? sais-tu toujours le faire, orphée, sourire à la vie qui cherche à tout te dérober ? il caresse un instant sa tête, comme s’il cherchait à apaiser ce chagrin qu’elle vient d'épancher pour la toute première fois devant lui, peine immense à l’aune de la tragédie qui vient de la broyer. tragédie que peut-être elle entrevoyait déjà, dans son âme innocente. car l’innocence lit bien plus facilement les sursauts ignobles qui la convoitent. alors qu’elle l’observe, il se laisse lire, sans chercher à plus prétendre, il laisse le vide hurler dans ses yeux redevenus clairs, et les regrets de ne l’avoir jamais retrouvée. avant… avant que tout ne lui soit dérobé. comme s’il avait pu empêcher quoique ce soit, l’horreur infligée à l’enfant, sacrifice au front de l’injustice qui le renvoie à sa propre impuissance. des choses à faire. il hausse une épaule, comme si c’était devenu là le cadet de ses soucis, alors que dans ce bureau se jouent les avenirs qui se parent de noir. il la regarde s’allonger sur la moquette claire, les cheveux en corolle tandis qu’il demeure nonchalamment appuyé et la question le saisit, enfonce sa lame profondément, dans la blessure fraîchement ouverte. le silence accueille l’étendue de sa lassitude et il secoue la tête, la gêne notable qui dévale ses traits, et son poing qui se referme au sol comme pour renfermer ce hurlement continu qui résonne encore et encore depuis qu’elle s’est enfuie. non… pas vraiment. et c’est ma faute. mais quelle importance au fond, la faute de qui, les raisons d’une blessure n’ôte en rien la douleur que l’on ressent. elle complète sa question d’une justesse qui le fait sourire avec amertume et mélancolie. je me sens si seul si tu savais, si seul. je me suis senti seul depuis qu’elle s’est suicidée. et je me sens seul dès lors que médée n’est plus tout contre ma chair, mes idées, mes pensées. la solitude. tu connais ça, n’est-ce pas ? je ne te dirai pas, comme tous ces autres, ces condoléances d'usage. ce sont des mots et les mots ne comblent jamais le vide.
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Message Sujet: Re: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Lun 8 Mar - 17:53

Cent ans de solitude
Orphée & James

   
    La chaleur de ses bras tout contre elle. La chaleur de l’étreinte puise une rencontre aux abysses d’une solitude profondément ancrée dans le coeur, il serait temps de la déloger. Rarement avait-elle ressenti un climat de douceur face à ces êtres que l’on nommait masculins, que l’on acclamait, que l’on déifiait. Seule, dans un bureau fait de plâtre et de marbre, seule, accompagné d’un mâle. Orphée ne songe pas aux horreurs qui, parfois, condamnent l’âme d’une jeune fille ; elle a vécu l’horreur dans un champ de ruine, plusieurs terreurs amassés dans l’esprit. Dans ses bras, elle s’abandonne au vide serein d’un sommeil exalté, elle met son âme en repos afin de poursuivre demain les affres d’une routine qui ne lui appartient pas. Elle se sent dépossédée. D’elle. Parfois se questionne-t-elle sur son essence, devant le miroir, déboussolée. Et, dans ce miroir mouillé de la salle de bain, elle voit les ombres de ces quatre loups la maintenant, la possédant. Alors elle ferme les yeux et se dit que ça n’a jamais existé. En arrière plan, l’enfant réfléchit à une solution, le payer sans argent serait absurde, l’on ne batit des nations sans le sous. Il y a plus que les billets verts quand l’âme se meurt dans le silence. Elle se relève, adossée contre le mur froid, maintient le regard de James, s’abreuve de la mélancolie. Il la serre encore plus étroitement quand il se souvient à son tour des moments de liesse, des instants morts à la saveur amer ; ils étaient imbibés de mensonges… tout de même, ils furent des heures d’harmonie.  « C’est comme ça qu’on vit, on fait semblant. » Elle savait feindre pour faire taire la détresse et les cris. Elle muselait les ravages de son coeur et jamais n’avait-t-elle pensé à se débarrasser de la fatalité, elle vivait, pleine d’émotions, pleine de soleil. On fait semblant pour ne pas inquiéter nos proches, je jouais à prétendre l’étincelle de bonheur qui charmait avant de fermer ma chambre où je m’immergeais dans les rêves obscurs. Je rêvais des mondes féeriques sur lesquels n’avaient pas lieu l’indifférence de mes parents puisque je les effaçais.

Et soudain, l’envie fugitive de l’embrasser comme pour apposer sur lui un papillon d’espoir, non par désir charnel car celui-ci a disparu dans l’agonie d’un viol, ni un désir d’amour comme une femme aimerait un amant. Comme une âme éperdue sans corps qui chercherait sa sœur. Orphée, pourtant, hésite, sait qu’elle se compromettrait par ce geste. Tu sais, je cherche pas grand-chose à part soulager la souffrance de mes camarades, s’ils souffrent, je souffre aussi. Cette peine – grandiose - jaillit de l’aura du Marlowe. Mis à nu devant elle, insignifiante enfant. Je ne suis pas une amie et je suis bien plus jeune que toi, le sais-tu pourtant, l’âge ne compte pas, on ne compte pas les malheurs qui surgissent et entraîne avec lui dans son sillage toute la stabilité, toute la sécurité. Moi, je voudrais t’offrir un havre.  « Et si on se faisait une promesse… Une sorte de pacte qui rembourserait mes dettes. » L’idée bourgeonne. On la dirait naïve. Ce que l’on souhaite se situe dans le matériel, rutilant de pouvoir et de convoitise, si tu n’as pas d’argent tu n’es rien. Orphée possède la lucidité de l’idéaliste, la richesse, elle n’en a que faire quand elle ressent toute la géhenne de cet homme presque inconnu paradoxalement reconnu.  « On a tous deux besoin de soigner nos souffrances. » L’expiration lui permet de chercher ses mots.  « Chez moi tu trouveras un exil si tu le veux, quand la souffrance est trop forte. Je comprends, je l’ai déjà ressenti, ce néant qui habite le corps, ce jaillissement d’impuissance de contrôler sa vie, se sentir si perdu et sans repère. C’est dans ces cas là que j’ai besoin de quelqu’un. D’une personne à mes côtés. » Je te construirai un exil pour illuminer tes nuits éternelles.  « Je suis pas pauvre mais je ne suis pas riche non plus, et je n’accorde que très peu d’importance à l’argent. Pour moi c’est pas nécessaire. Mais le contact humain, la rencontre et la découverte d’une âme autre que la sienne, c’est ce qui me retient à vivre. » Grâce à Misha, elle a pu découvrir le sens d’une guérison. Ce phare qui éclairait les nuées de ténèbres. Dans son sourire se lit la joie innocente du souvenir sacré, de l’amour enfin, ardent.  « Je t’offre un abri pour tes obscurités. Parce que parfois on a juste envie de fuir tout et trouver quelque chose d’autre, loin du quotidien qui embrase, qui brûle, qui incendie. »

@James Marlowe

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vent d'est, vent d'ouest
Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: Cent ans de solitude (James)   Cent ans de solitude (James) Empty Mar 13 Avr - 16:59


cent ans de solitude
@orphée lessing

c'est étreindre l'interdit pour imaginer encore vivre un peu en dehors de ce qui le dévore et le démunit. elle est partie si loin que la fêlure élance en lui une multitude de sensations qui se contredisent entre elles. surnagent au-dessus du marasme l'envie de tuer et celle d'abdiquer. la couronne a un poids qui lui semble immense, mais entre ses bras, avec la gamine contre lui, il pourrait imaginer l’ôter quelques instants pour se souvenir de qui il était, ou de celui qu’il aurait pu devenir, sans la malveillance d’un père, sans la douleur de l’absence aussi, ce vide qui tournoie toujours en lui. elle a l’âge de sa plus jeune soeur, alors il ne devrait pas. c’est une pensée qui revient fouailler dans les plus infinis de ses désirs, ces moments de glissement, lorsque le masque se soulève et évoque autant de la laideur que des plaisirs qu’il traque, en chaque personne qu’il croise, dévore, déchoit, brutalise ou tue. à cet instant, orphée est la fenêtre sur un passé qui se décompose, qui n’a jamais existé, et qui pourtant fleurit dans l’imaginaire du roi, les fleurs se tressent sur son empire d’acier, où il fait toujours froid. fleurs d’oranger sur le soleil qui saigne son désarroi, il n’y aura pas d’aube nouvelle, il n’y aura que le prix à payer. la douceur d’aujourd’hui sera la brutalité qu’il faudra réapprendre, et la douleur y coulera lentement. chair corrompue, contre la pâleur de la poupée diaphane. il a l’impression, dans l’entre deux du songe, qu’elle n’existe pas. elle n’existe pas. voilà pourquoi il s’y raccroche ainsi. par erreur. ou bien plus que ça. on fait semblant, on fait semblant, c’est ce qu’elle dit, et vivre ainsi, c’est ce qu’il a appris. faire semblant face à son père, faire semblant quand médée était là, juste là, à côté de lui. faire semblant jusque sous les couverts de la nuit. faire semblant d’être sûr de lui. faire semblant de ne pas regarder les profondeurs de la chute. faire semblant de ne pas appeler l’hérésie du suicide, le seul héritage qu’il ait véritablement. faire semblant. il ne lui dira pas qu’il en a assez, car il est bien conscient qu’il n’a pas le choix. pas le choix que de continuer. il l’écoute après cela, regard troublé, regard tremblant, sur ce qu’elle imagine de leur futur relié. il n’est pas très doué pour ce qui est de promettre, mais il pourrait ce soir graver des mots qui seraient le linceul de leurs deuils échoués. elle a tant perdu, elle aussi. et james perdra tant et plus demain. il le pressent. je t’écoute. il y a un fin sourire, on ne joue pas devant lui, on ne peut bluffer qu’il s’emparera de la mise avant même que les cartes ne soient déposées sur le tapis de velours. il n’est pas certain au tout départ d’avoir bien compris, c’est soudain et pourtant si clairvoyant de sa part, ne s’est-il pas senti là-bas comme dans un foyer, à chaque fois qu’il venait ? n’a-t-il pas égrainé sur le chemin secret de l’allée, quelques rêves de grandeur à peine ébauchés. tu sais que ce que tu viens d’offrir, tu ne pourras pas le reprendre plus tard. l’ombre passe sur son front, il ne prophétise pas, il sait. le trouble et l’infamie qu’il charrie derrière lui, roi habillé de ténèbres. qu’a-t-elle donc promis, la princesse poupée, virginale et désoeuvrée ? je viendrai jusqu’à toi, et je ne serai guère assagi par ces accalmies que je ne ressens pas, non. je viendrai auréolé par le tourment qui me frappe chaque fois. je viendrai lorsqu’elle me manquera, médée, et que cela ne pourra guère être confié. je viendrai quand plus rien ne me retiendra. je viendrai te conter ceux que l’empire dévoient. je viendrai habiller ta demeure de cendres, et il faudra les avaler jusqu’à ce que tu saches transformer les fureurs de l’incendie en poésie assagie. des rimes amères qu’il faudra faire chanter. je viendrai te trouver, orphée. c’est une promesse, c’est en effet un pacte, et lorsqu’il se relève et la relève avec lui, il lui embrasse le front. la baptise, et la condamne aussi.
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