la solitude de l'esprit est la véritable solitude | johana

L’impression de solitude. Malte a souvent ressenti cela, mais il ne le dit jamais à voix haute. La seule personne à qui il pourrait en parler et qui le comprendrait, il n’a pas de moyen de le contacter, il ne sait même pas où il est. Même s’il a passé de longues années de vie sans son frère jumeaux, il savait toujours comment le contacter, où le trouver s’il en ressentait le besoin. Là, de ne pas pouvoir, c’est comme si on venait de lui prendre une partie de lui, il ne se sent pas bien car pas entier. Alors, même lorsqu’il est accompagné, même s’il aime être seul, il y a des fois où ce manque le prend. Alors, quand c’est l’heure de prendre sa pause, il prend son Tupperware avec la bouffe qu’il avait préparé et sort du bâtiment. D’habitude il mange en salle prévue à cet effet, avec ses collègues il s’entend même plutôt bien mais là il a besoin de prendre l’air, il a besoin de se retrouver seul avec ses pensées envers son frère, le vrai Malte, celui pour qui il se fait passer depuis un moment, même auprès de son neveu. C’est tellement compliqué, même pour lui que ça n’aide en rien son état psychologique actuel. Alors, même s’il ne fait pas bien chaud, même si le soleil ne montre pas vraiment le bout de son nez, il préfère aller manger son déjeuner dehors, dans un petit parc pas loin. Le premier banc fera l’affaire. Il mange son déjeuner à la vitesse grand v, il ne profite pas, il avale par habitude c’est tout. Ses pensées sont bien trop concentrées pour se rendre vraiment compte de ce qu’il fait à l’instant t. Il n’a même pas l’impression d’avoir mangé. Mais c’est quelque chose d’autres dont il a besoin, il a besoin de nicotine. Il le sait, c’est dans sa tête car son corps ne le demande pas mais depuis qu’il a cette idée en tête il ne l’a pas ailleurs. Alors, lorsqu’il vit quelqu’un passer devant lui, il demanda simplement : « Excusez-moi, vous n’aurez pas une cigarette s’il vous plait ? » Malte n’est pas un fumeur, du moins il ne l’est qu’occasionnellement. C’est comme ça qu’il se détachait de son jumeau autre fois, l’un addicte à des tas de produit, lui qui ne touchait à rien qui puisse faire du mal à son organisme. Mais bon, ce n’est pas une clope de temps en temps qui va le tuer non ?

La solitude de l'esprit est la véritable solitude @Malte FisherTiraillée par mille flots que je ne contrôle pas, je vois mon destin s'écraser sous mes propres doigts. A la lueur de chaque faux pas, je comprends que je ne maîtrise rien, pas même moi. Tout juste sortie d'un rendez-vous à la banque avec un des avocats de son père qui voudrait la forcer à payer pour tous les préjudices qu'elle fait encourir à son nom, Joana avance avec fermeté dans la ville, cherchant à recouvrer ses esprits. Chaque contact avec une parcelle de son père, chaque petite chose qui lui rappelle qu'il existe et qu'il est de son sang, la tue progressivement. Mais il n'y a pas que ça qui la tue, il y a aussi le marmot qui pousse des dents dans son ventre. Bientôt trois mois, il est temps d'expulser la créature dans le caniveau et de faire comprendre à James qu'elle ne sera pas sa chose, qu'elle ne portera pas le fruit empoisonné de leur relation pourrie jusqu'à la moëlle.

Alors qu'elle sort son paquet de Dunhill de sa longue veste beige, un inconnu l'accoste pour une cigarette. Joana s'arrête et le considère d'un oeil intransigeant. « Vous voulez vraiment une cigarette ou c'est un prétexte pour me parler? » Elle ne bouge pas, ne tend pas son paquet à l'étranger. Habituée des rencontres provoquées par des hommes lourds et non désirés, elle l'analyse sans broncher. « Oh peu importe, tenez. » Elle cède à son propre besoin de se changer les idées et lui ouvre elle-même le paquet qu'elle s'apprêtait à explorer. La cigarette qu'elle allume pour elle au bout des lèvres, Joana sourit d'un air espiègle avant de se pencher pour inviter l'homme à allumer la sienne en la collant à celle de la brune. Son briquet dans la main, il serait plus logique et efficace de tout simplement l'utiliser. Mais elle cherche à se distraire, à oublier ce rendez-vous catastrophique avec Douglas Warner.
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