SAVE THE QUEENS
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
(02.06.2023) STQ FÊTE SES 5 ANS HAPPY BDAY !
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez

 

 metanoia — Carmin

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




metanoia — Carmin  Empty
Message Sujet: metanoia — Carmin    metanoia — Carmin  Empty Lun 5 Avr - 13:03


metanoia
Comme un tambourin qui pleure sous les gouttes de la pluie
Comme les chansons qui meurent aussitôt qu'on les oublie
Et les feuilles de l'automne rencontrent des ciels moins bleus
Et ton absence leur donne la couleur de tes cheveux

  La bête humaine s’est revêtue de ses atours les plus légers, la gueule boudeuse et fermée tout au long du trajet qui les entraîna loin du cœur battant et rigide du Queens, sillonnant les veines de bétons comme un caillot de sang qui ferait venir la mort bien tôt tant leur duo est mortifère. Sa jambe dentelé de son collant à résille évoque la provocation, découvrant les zones pâles de ses cuisses malingres, observant le ciel, le monde, les visages qui passent sous ses yeux morts sans demander à Carmin où il les entraîne. Semblable à une adolescente qu’un père mènerait à un abattoir, elle est pourtant heureuse, autant qu’une fille comme elle puisse l’être, de se voir quitter les flots d’un univers appris par cœur. Sa mère se fichera bien d’où elle fuit à présent, de là où il l’entraîne. Quelques fois, son regard retombe sur le profil sévère du prêtre menteur, l’observant à la dérobée comme pour attraper un détail, quelque chose qui lui donnerait un indice sur ce qu’il compte faire d’elle. Car elle fut bien étonnée de l’entendre dire « Oui » à sa demande, les échos de sa caresse contre son visage revenant la hanter tant est qu’elle y passe ses doigts comme pour en effacer le souvenir dérangeant. Ils ne sont pas digne d’être appelé duo, couple, amants, ils ne sont rien de solubles car tout finira, entre eux, par revenir à l’état de poussières. Ils sont des cendres ayant pris vie le temps de fouler la Terre et une fois leur mission achevée, ils se jetteront dans le fleuve de la mort pour revenir à leur état de naissance : le néant. Un rien portant un nom alors eux portent-ils un nom à leur tour sans qu’elle ne le sache ? Rien n’est ordinaire aujourd’hui. Le soleil déploie un flot de joie et de chaleur sur eux qui jure avec leurs silences, sa main qu’elle effleure parfois avant de se rétracter, les souvenirs de cette nuit sous l’hospice du Chaos lui revenant en pleine tête. Elle observe les bandages dont elle a ceint ses bras pour qu’on perçoive rien de ce qu’il se cache sous la chemise qu’elle n’a pas enlevée. Elle se fiche bien de passer pour la pire des sans-abri, une putain perdue au teint enfarinée, à la fatigue flagrante, aux lèvres rougies par les baisers échangés. Amante de l’au-delà, la voilà qui s’égare, prête à le suivre là où il l’achèvera certainement.

 L’enfant qui rôde sous ses prunelles n’osent rien demander à l’adulte et lorsqu’elle aimerait entrouvrir les lèvres, elle sourcille en voyant le parking bordant le quai d’un ferry où il s’égare pour se déposer là. Troublée, elle observe l’eau qui oscille et brille, reflets moirés de soie bleu et jaune, sous le baiser de l’astre d’Apollon, les vagues bien calme alors que le froid est rude malgré le printemps qui s’étale doucement autour d’eux. Passant une main dans les cheveux sombres qu’elle n’a pas attaché, elle n’attend pas l’autorisation pour ouvrir la portière, se dégager de sa ceinture et poser une première converse usée sur le sol. L’air salin caresse son visage, la transcende un instant et il lui semble que le temps d’une poignée de seconde, elle sourit. Elle sourit devant la beauté du monde qui a pourtant achevé de la blaser. Mais le bruit des vagues, des oiseaux cerclant le ciel au-dessus d’eux, le lointain s’offrant à eux, le vent agitant la chemise trop longue pour elle et les filaments noirs de ses cheveux contre son visage, tout lui offre l’incertitude d’un voyage qui promet, le temps d’une journée et d’une nuit. Cela lui suffira. Ensuite, certainement qu’ils ne se verront plus. Sans attendre Carmin, elle marche lentement, encore faiblarde, vers l’entrée, paye les deux tickets sans demander à son compagnon de route, se fichant bien de froisser l’orgueil du mâle. Rapidement, elle prend place près des barreaux pour observer la mer, digne de ces gosses trop curieux, de celle qu’elle fut et qui n’avait pas le droit de se pencher, que sa mère, d’une poigne féroce, forçait à rester assise et à rester tête baissée. Elle sentait bien les regards curieux sur elle, elle sentait bien tout le mépris, la pitié et tous les sentiments qui se heurtaient dans les regards qui se plantaient dans la chair de l’enfant déjà meurtri par une mère ignoble, belle sans l’être car laide par son âme. Imra St-Clair voulait voir la mer et la toucher, y plonger et sourire comme toutes les enfants d’une simple chose, laisser sa main dans l’eau usée et glacée jusqu’à ce que ses doigts se plissent et en deviennent bleus. La morbidité de la chose lui semble aujourd’hui, encore normal, s’autorisant à se pencher par-dessus la barre, ses cheveux cachant un instant son visage avant qu’elle ne se détourne, entendant les suintements particuliers de baisers baveux échangés entre un couple de jeunes adolescents. Elle les observe un long moment, voyant leurs langues se livrer l’une à l’autre, l’amour glisser dans les moindres gestes qui détiennent l’autre contre le corps de l’amant et l’amante. Fascinée et écœurée tout à la fois, elle ne se rend pas compte qu’elle les fixe un trop long moment, assez pour attirer le regard de la fille aux cheveux de blé qui hausse un sourcil en la prenant sur le fait. Sans rougir ni se départir de son impassibilité, elle se détourne, posant un bras contre le fer pour observer autre chose que la banalité humaine, se demandant si elle devrait se comporter d’une manière ou d’une autre car quelque chose semble avoir changé sans qu’elle ne comprenne quoi, car des mots interdits furent prononcés mais elle voit la victoire de s’être faite délivrer de sa cage, de celle dans laquelle il voulait l’enfermer. Désormais, c’est une laisse qu’il y autour de son cou, une laisse invisible qui la pousse à le fixer un long moment avant qu’elle ne soupire « Bon, tu vas t’décider à m’dire où on va ? » Dans sa maigre maladresse, elle s’avance, se déploie pour se fondre contre lui, qu’il sente qu’aucune dentelle ni coton ne couvre sa poitrine où se débat le palpitant désœuvré, prêt à être arraché pour qu’il ne l’emmerde plus de ses battements incessants. Il fallait mourir la veille et l’envie de crever ne la quitte pas et il le sait bien. Elle élève pourtant son visage vers lui, lui laissant croire à un baiser avant de se détourner, souriant de sa malice venimeuse, déposant ses lèvres sur l’arête de sa mâchoire, déposant son menton sur son épaule pour ne rien perdre des rivages qu’ils quittent, du béton qui s’éloigne doucement, pour sentir et son parfum et la mer. « Pourquoi t’as dit oui ? » Elle ose enfin se faire plus bavarde, dévoiler sa conscience à l’orée de son oreille, n’osant l’enlacer car elle n’est pas de ces filles qui enlacent pour le bonheur de le faire, car elle ne connait rien des gestes qui mènent à la romance ordinaire et qu’elle sait ne pas en aimer la douceur. Pas tout le temps. Une caresse contre une joue est tout ce qu’elle peut supporter. Mais elle refuse d’autres « Tu es belle » qui ne veulent rien dire. Dans le fond, il le sait, la vermine ondoient et elle n’est rien qu’un corps mort essayant de se persuader qu’il peut encore vibrer de vie.  


(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




metanoia — Carmin  Empty
Message Sujet: Re: metanoia — Carmin    metanoia — Carmin  Empty Mer 7 Avr - 11:36


metanoia
Comme un tambourin qui pleure sous les gouttes de la pluie
Comme les chansons qui meurent aussitôt qu'on les oublie
Et les feuilles de l'automne rencontrent des ciels moins bleus
Et ton absence leur donne la couleur de tes cheveux

Où va-t-on? Où crèvera-t-on? Quel est notre sens ici bas? Quelle est notre destinée? Notre trépas?  

Les immeubles s'enfilent les uns derrière les autres et le regard noir et profond du prêtre s'accroche à la ville tandis qu'il s'apprête à la quitter. Sur la banquette, entre eux, un panier en osier. Un panier qui remonte à l'époque où la romance s'était installée dans son domicile. C'est la blonde qui avait apporté du vin et du pain français un beau matin. Une bouteille qui avait finie cassée dans l'évier, sous la rage des doigts de Carmin. Mais le panier était resté intact, planté dans un placard, attendant de trouver une utilité. Et cette utilité avait parsemé quelques uns des rêves fantasmagoriques du prêtre. Si bien que lorsqu'elle, la pucelle du bûcher, avait proposé de s'en aller, de s'échapper pour la journée, Carmin avait directement pensé au panier. Rempli de deux sandwichs, d'une bouteille des caves du presbytère et de quelques petits trucs à ronger, il avait attendu qu'elle sorte de la salle de bains. Débraillée, les cheveux lâchés, elle a ce look d'adolescente rebelle. Belle. Sans qu'elle ne s'en rende compte, sans qu'elle ne réalise le charme qui émane d'elle. La chemise laisse deviner ses diamants au bout des seins. Des diamants que Carmin a éprouvé sous ses lèvres la veille et dont les petits raisins suffisent à élever son désir et à provoquer sa colère.

Les immeubles défilent inlassablement et en silence. Quand le ferryboat se dessine sur les rives, Imra descend du véhicule pendant que Carmin règle leur trajet. En contrepartie, elle s'acquitte des tickets et l'attend déjà à bord. Ce silence de fin de matinée est agréable. Ses yeux se baissent sur ses poignets bandagés tandis qu'elle semble absorbée dans la contemplation d'un couple de morveux qui se donne en spectacle. C'est de ça que tu rêves Imra? Qu'on s'enlace en public? Qu'on soit des gamins au grand jour? Ses pensées raillent et méprisent. Mais peut-être qu'au fond, il est jalouse l'insouciance de cette jeunesse, libre de s'aimer sans se soucier du regard des autres passagers. Imra interroge enfin. Mais un peu tard... Carmin soulève un sourcil tandis que le ferry annonce d'un signal sonore son départ. Du doigt, il pointe la pancarte lumineuse qui affiche "Coney Island" sans pudeur. Le genre d'endroits qui ne verrait jamais Carmin ou Imra en temps normal. Il sourit, trouvant drôle qu'elle soit aussi naïve par moments. Où pourrais-je t'emmener après tout? Y a-t-il un endroit sur terre qui puisse t'éloigner de tes enfers? Posée contre lui, il hume son parfum naturel et baisse les yeux sur cette chemise qui lui appartient. Il avait vu juste, rien ne la retient. Sous cette chemise, les seins doivent se dresser sous les effets de l'air frais. Son sourire s'étend et ne se gâche pas quand elle ose une question qui semble pourtant interdite. «Parce que j'en avais envie.»   Aussi simple que ça. Rien de plus à dire que l'honnête vérité. Une vérité qui ne se représentera certainement plus ce siècle-ci. Alors autant en profiter. Il passe une main dans ses cheveux, aidé par le vent qui les chasse de son visage et agrippe doucement sa nuque, la poussant à se pencher vers lui. «Tu as promis d'être sage. Alors arrête de poser des questions et profite du moment avec moi. C'est ce que je veux. »   Ses lèvres s'accrochent aux siennes dans un baiser qui ne leur ressemble pas. Un baiser qui pulse de leur envie réciproque d'oublier qui ils sont et la fin dramatique qui les attend. Le baiser devient plus fort, moins chaste, plus inconvenant. La main du prêtre passe sous sa propre chemise, portée par sa maîtresse, et il freine l'envie d'aller défier les moeurs de leurs spectateurs en caressant les pointes qu'il fait poindre. Je t'aime. L'aveu pulse en lui, le tord, le rend fou. Depuis qu'il a entendu Imra oser l'incongru en le lui avouant cette nuit, les mots tournent dans son esprit. Il n'est pas fou au point de le dire mais pas dément non plus pour oublier. Ses doigts s'enfoncent dans le peu de chair qu'elle a au niveau des hanches et il glisse son nez vers son oreille pour murmurer « Je suis content de quitter le Queens pour quelques heures. Mais là, j'avoue que mon lit me manque...»   Sa voix est suave. Ses yeux jettent des étincelles trop heureuses, trop gaies. Carmin a laissé son costume sévère dans la voiture qui les a emmenés jusqu'au boat. Carmin a laissé tout de côté pour se consacrer à cette brebis égarée, le temps d'une journée. Et osant la folie au plus profond de soi-même, il questionne avec timidité «T'as pas envie de me le dire à nouveau? »   Un adolescent qui rattrape le temps perdu. A 13 ans, alors qu'elle était une simple gamine, il n'avait pas perdu son temps à quémander de l'amour. Il avait pris et s'était emparé de son âme. Mais aujourd'hui, elle panse des blessures graves, intenses. Et il est heureux de se projeter dans une journée de tranquillité avec nulle autre que... elle... Imra.


(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




metanoia — Carmin  Empty
Message Sujet: Re: metanoia — Carmin    metanoia — Carmin  Empty Mer 7 Avr - 14:45


metanoia
Comme un tambourin qui pleure sous les gouttes de la pluie
Comme les chansons qui meurent aussitôt qu'on les oublie
Et les feuilles de l'automne rencontrent des ciels moins bleus
Et ton absence leur donne la couleur de tes cheveux

  La douceur est étrange dans les mots qui se disséminent et plantes les graines d’un vain espoir en elle. L’espoir d’une vie banale qu’elle n’a jamais eu, de cette éternelle envie d’être comme tout le monde tout en se détachant de la masse. Elle se sait pourtant incapable et indigne d’être de ceux qui sont dans les normes, psyché brisée, fragmentée par une éducation qui lui apprit à haïr l’Autre, à le mépriser et à ne jamais le laisser entrer en elle pour qu’il puisse y voir que sous la glace se cache l’immense géhenne d’une puissance de vie irréfutable. Carmin y est entré sans qu’elle ne le perçoive, a forcé la porte cette nuit en lui arrachant ces mots qu’elle ne dira plus jamais, à quiconque. Il ne faut plus mentir contre de l’affection, il ne faut plus rien dire d’aussi grave pour avoir le droit à la douceur. Le réel ne l’atteint presque pas comme aux prises d’une bulle opaque dans laquelle ils s’enrobent pour ne plus rien entendre qu’eux, ne plus sentir que leurs parfums, qu’inspirer leurs fièvres communes dans le vent qui les épouse. L’iode et son parfum se marient avec une merveille qui pourrait la faire sourire si elle en était même capable, trouvant son refuge là où elle l’a toujours trouvé, malgré la haine crachée, les insultes, la manière détestable dont ils se traitent et se trainent dans la fange de l’irrespect de l’autre. Il n’existe entre eux aucune notion banale des sentiments humains. Et quand il échoue son aveu auprès d’elle, elle cille, ne bouge pas, sentant son corps trop réceptif à l’étreinte qui n’en est pas une, à cet élan qui fait ployer sa nuque vers l’arrière pour que leurs lèvres s’emploient à se délivrer leurs souffles embrasés, se fichant des yeux qui pourraient les poignarder, en ayant l’habitude, aimant la glissade de cette langue qui flirt avec la sienne avec plus d’audace encore, manquant de la faire gémir dans ce silence pourtant perturber par les ressacs de l’eau, par les discussions qui abreuvent le néant. Sa main s’enroule autour de sa nuque avant de frissonner sous la main qui serpente et remonte presque jusqu’aux monts qui exposent leurs fruits mûres prêts à être pourléchés, laissant s’écouler le mal d’un désir insatiable entre les cuisses où filent les langues du vent froid mais qui n’apaisent en aucun cas l’ardeur de ses envies perfides. Ses ongles se plantent dans l’échine comme pour le punir de la chercher ici, de l’assassiner d’un simple baiser qu’il sait être un poison pour son corps trop gourmand. Il s’éloigne pour un murmure qui la fait à peine sourire tant elle tremble d’envie, fermant les yeux « Y’a jamais eu b’soin de pieu pour ce que t’imagines. » Elle défie, se détourne pour lui offrir les puits sans fonds de ses yeux qui ont tant pleurés, le mirant sans expression palpable, leurs visages assez proches pour qu’on les confonde avec ces couples qui aiment s’exposer aux yeux du public, sans gêne et elle se fiche bien de l’attention qui se porte sur eux, sur ses bras bandés, sur son allure de jeune punk perdue aux blancs des yeux éclatés par la fatigue.

Prête à reprendre la danse lascive de leurs langues vipérines, elle se fige sous ses doigts, l’observant sans comprendre, la douceur du timbre la troublant tout autant que la caresse qu’il lui a abandonné sur le lit, que cette étreinte charnelle qui ne ressemblait à aucune autre de ce qu’elle a pu connaître. « Je ne peux pas aimer, Carmin. » Murmure désespéré qu’elle ne confie qu’à lui, le fixant de ses yeux noirs qui quémandent l’absolution, le pardon, la haine aussi car la rage n’est jamais loin. « Et tu ne me l’as pas dit non plus. J’ai pas b’soin d’une relation à sens unique. » Elle le fait avancer davantage vers ses lèvres pour qu’il soit comme la boite de Pandore y confiant ses plus ignobles démons et sévices, qu’il sente toute sa chaleur comme sa colère « Je veux qu’on m’aime à en crever. Je veux qu’on m’aime à en devenir taré. Je veux qu’on m’aime pour être laide, pour être ce que je suis, maudite et fade, morte et vivante à la fois. Pas pour ce que tu imagines que j’suis. » Un long échange de regards entre deux âmes pourfendues de malices, plus puissant et profond que tous les baisers qu’ils pourraient s’abandonner, le défiant alors qu’elle pourrait bien pleurer de la réponse qu’elle connait déjà « T’en es capable, toi ? » La gorge serrée, elle dépose le plus doux des baisers cernés de plume sur sa bouche « J’ai promis que j’serai sage, m’force pas à être une salope maintenant. » Laisse moi être humaine, laisse moi respirer un peu, l’air frais du réel avant de replonger dans mes noires chimères, dans mon Styx sans barque et sans oboles à donner à Charon. Épuisée, elle dépose sagement sa joue contre une épaule avant qu’une main qu’on ne voit pas se déploie jusqu’à son ventre, se délie pour venir tenter le diable qui urge entre les reins du faux pieux. « Je veux que tu me refasses l’amour. Peu importe où. » Elle ne pose son regard nul part, ne voyant pas les gens, ne sentant que sa présence et les battements de son cœur sous elle car Carmin est plein de vie là où elle est déjà éteinte, pâle contre sa peau qui semble presque hâlée, levant ses yeux vers lui, découvrant une mine timorée, hésitante, voulant connaître encore ce feu qui irradiait alors « Je veux que tu prennes du plaisir à être en moi, même comme ça. Ca t’a pas plu cette nuit ? » Et c’est bien la première fois qu’elle ose demander si elle fut satisfaisante ou non, si elle fut une piètre amante ou non, lui donnant l’arme parfaite pour frapper son orgueil de femme de vices, son propre myocarde hurlant de douleur, de crainte, d’envie, ses doigts jouant encore et toujours avec les tendres mais pourtant dur relief de son envie d’elle, cachée par les plans de la chemise et de son corps bien fin collé au sien.


(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




metanoia — Carmin  Empty
Message Sujet: Re: metanoia — Carmin    metanoia — Carmin  Empty Mer 7 Avr - 16:10


metanoia
Comme un tambourin qui pleure sous les gouttes de la pluie
Comme les chansons qui meurent aussitôt qu'on les oublie
Et les feuilles de l'automne rencontrent des ciels moins bleus
Et ton absence leur donne la couleur de tes cheveux

Je veux...  

Entre ce qu'ils veulent et ce qu'ils peuvent, la frontière a toujours été lourde de conséquences. A l'époque de son adolescence, Tybalt Fletcher ne voulait qu'une chose : échapper aux grillages de l'école et devenir un homme nouveau, loin de ces gamins sans avenir. Puis, manipulé par les désirs de ses parents, par les critiques de sa soeur, il avait conçu une envie nouvelle : celle d'être meilleur que les autres. Et comment être meilleur si ce n'est en étant l'exemple ultime ? Le prêtre. L'homme de foi, le pieu. Mais aujourd'hui, ce qu'il veut, c'est ce que lui veut. Lui. Pas, Tybalt le faible et manipulable gamin dont le sourire jaune vous renvoyait dans les fonds de la cour pour vous camer à souhaits. Non, lui, Carmin. Lui, le possédé par l'envie de détruire et de régner. Son empire : l'amour en désillusion. Son avenir : la décadence et la déraison.

Imra le taquine, le titille. Pas besoin d'un lit pour consumer leur folie. Ce n'est que trop vrai, ils ont déjà expérimenter divers endroits. La beauté endiablée ne s'est jamais contentée de simples draps. A vrai dire, le lit de la chambre de Carmin, c'est une exception bien plus qu'une réalité. Mais ... c'est une douce exception à laquelle il voudrait bien à nouveau goûter. Cependant, elle ne saisit pas l'allusion. Toujours fougueuse, toujours sauvage, Imra propose de se délier dans des états de carnage amoureux. Il sourit, incapable de la mépriser en ce moment même. Car le soleil fait luire des étincelles dans ses yeux, des étoiles qui la révèlent. Tellement belle. Et tellement inconsciente de ce qu'elle est pour lui.

Dans cet élan qui ne leur ressemble pourtant pas, il s'éprend d'elle. Plus fort qu'avant, plus profond, il les ressent qui battent là... des sentiments. Des sentiments vifs et viscéraux, prêts à l'accabler dès que battra le vent en sens contraire. Il soupire quand elle refuse de le libérer à nouveau au gré de sa voix. Mais elle n'a pas tort. Lui, il n'a rien offert à cet oiseau qui l'a enchanté de son glas. «T'as vraiment le sentiment d'être dans une rue à sens unique? »   Il questionne sans accuser. Curieux de savoir si elle ne devine pas que le blond n'est pas insensible à leur histoire, cette histoire qui se déroule depuis de longues années. Cependant, Imra est plus maligne, plus adroite et pointe du doigt avec intelligence que ce qu'elle veut : c'est plus. Il la laisse parler sans s'offusquer. Bercé par les rayons du soleil et par l'eau qui valse sous le ferryboat, il la regarde s'enflammer. On te donnerait le bon dieu sans confession. Cette pensée le fait frissonner car il n'est pas de ceux à profaner le nom de sa divinité. Mais il tique sur ses derniers mots et ne peut s'empêcher de les reveler. «Et qu'est-ce que je m'imagine que tu es exactement? »   Elle semble sûre d'elle, prête à vendre son âme sur ce que Carmin imagine à son propos. Alors il la confronte sans détour, cherchant à savoir ce qu'elle voit dans ses yeux.

Tu es incapable de comprendre que je suis là.
Je suis là, maintenant, auprès de toi.
Tu ne vois pas que si je t'accompagne depuis toujours,
C'est parce que je suis le seul à lire dans tes lignes, des poèmes... des histoires, des aurores au petit jour.


«C'est là tout le paradoxe de ton être. Même sage, tu seras toujours une salope, je crois. »   Ma salope. Son ton est affectueux. Il ne ressemble à rien de ce qu'elle a connu jusqu'à présent. Leur lien se tisse différemment. Plus ils s'éloignent du port et plus il y a dans leur histoire un reflet d'Ulysse qui est en mer et dont la femme tisse encore et sans relâche cette toile destinée à la maintenir célibataire pour lui. Imra est sa Pénéloppe fidèle. Celle qui promet de marier son corps aux autres mais qui ne cessent de défaire ce qui l'en rapproche pour se garder... à lui.

Sourire taquin quand elle demande l'amour à nouveau. Il approche sa langue du lobe de sa petite amie du jour, et murmure avec chaleur dans le creux de son oreille. « Je te ferai l'amour dans une des voitures ici, là, maintenant... on descend si tu veux. Mais dis-moi que tu m'aimes. »   Il joue, s'amuse comme un gamin de 15 ans. Mais cela lui fait du bien d'oublier qui ils sont. Vivement, il pose sa main sur sa bouche pour l'empêcher de protester. « Chuuut. Je sais, je sais...»   Il n'a pas envie de l'entendre argumenter encore ou de la voir changer d'humeur. Au lieu de cela, il plonge ses lèvres sur les siennes, jusqu'à ce qu'elle rompe leur baiser pour l'interroger. Et sans crier gare, le prêtre confesse ce qu'il pensait qu'elle savait depuis toujours. «Imra. De toutes celles que j'ai pénétrées ou possédées, tu es la mieux placée pour savoir que jamais aucune femme n'a pu me procurer plus de plaisir que toi, non? »   Sa main se referme avidement sur ses fesses qui sont toujours posées sur ses propres cuisses. « J'ai pris du plaisir cette nuit, les autres nuits... Je prendrai toujours du plaisir quand il s'agira de toi. Parce qu'il s'agit de toi. »   Aussi platement que ça, la confession sort. Plus forte que n'importe quelle déclaration d'amour. Son regard la possède soudain bien plus que ne le ferait son corps. Le désir n'est plus celui du charnel mais celui de l'âme. Ce jour, après l'avoir perdue dans ses bras, après qu'elle ait tenté de lui échapper pour l'éternel, il ne peut la laisser partir sans qu'elle ne comprenne à quel point elle lui est essentielle. Demain, il niera. Demain, il lui rira au nez et la traînera dans la boue. C'est certain. Mais demain n'est pas là. Et aujourd'hui, il est tout à elle. « Redis-moi que tu m'aimes Im.»   Sa voix est douce, son ton profond, ses pupilles dilatées. Délivre-moi. Berce mon coeur de ton chant de sirène. Aide-moi à m'empoisonner encore un peu au plaisir de ce conte qui ne pourra que mal se terminer. Son coeur bat la chamade. Car il espère réellement qu'elle va à nouveau le lui céder.





(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




metanoia — Carmin  Empty
Message Sujet: Re: metanoia — Carmin    metanoia — Carmin  Empty Mer 7 Avr - 18:58


metanoia
Comme un tambourin qui pleure sous les gouttes de la pluie
Comme les chansons qui meurent aussitôt qu'on les oublie
Et les feuilles de l'automne rencontrent des ciels moins bleus
Et ton absence leur donne la couleur de tes cheveux

  Désarçonnée, elle ignore ce qu’il veut sous entendre par sa question, elle ignore ce qui se cache derrière les brumes de ce regard qui sombre dans le sien sans avoir peur de s’y perdre. Beaucoup détourneraient les yeux de ces crevasses de corbeau qui n’offrent que de mauvais présages, un avenir sombre, où la mort hurle à en faire frémir les plus audacieux. Sourcillant, elle entrouvre les lèvres sans que rien ne sorte avant de soupirer un rire qui n’en est pas un, qui fait parler le trouble qu’il laisse naître en elle « Bien sûr que oui. Tu … Tu m’as dit qu’tu pouvais pas m’donner ça cette nuit. Tu m’as dit que c’était impossible c’matin. » Perdue, haïssant l’entente de son balbutiement, l’enfant lui donne toute sa détresse en le fixant encore et encore, se fichant bien des aléas qui rôdent sous la bicoque du ferry, des vagues qui giflent les flancs usés, sourde du monde, aveugle de tout sauf de lui « Tu m’as menti ? » Une énième question dont elle craint pourtant la réponse, refusant d’être de ces filles idiotes qui pensent qu’elles sont faites pour l’amour. Depuis sa naissance, la voilà condamnée à la solitude, à l’espoir d’être un jour aimé. Le soleil illumine leurs traits alliés dans une proximité malsaine, dans une incertitude qui mettrait mal à l’aise tous ceux qui poseraient leurs mirettes sur eux, la nausée d’un vertige dont elle ne connait pas la provenance faisant chanceler son corps plus violemment contre le sien. Et le sang revient tacher ses mains et les derniers gémissements de Dris lui reviennent et oscillant entre le passé et le présent, elle fixe Carmin, le détaille dans les moindres ridules, la barbe naissante, les cheveux qui se pavanent sous la houle du vent. « Le dernier mec qui a cru que j’étais digne d’un truc normal, d’un couple banal … Il est mort, Carmin. Ma mère l’a buté. T'imagines donc pas que j'suis capable de quoi que ce soit de beau avec toi. » Entre ses dents, elle persiffle la vérité, l’ignoble vérité dans un chuchotement imprévu et glauque, souillé par la rouille de la rage, par la peine qui ne la quitte pas, Dris glissant comme un fantôme autour d’eux, lui disant que le bonheur n’est pas fait pour les putains comme elle qui commettent d’immondes crimes sans même le vouloir. « Tu crèveras pas. » Promesse faite, férocité dans ces quelques mots qui veulent dire bien plus que tout ce qu’il pourrait lui quémander comme aveu. Car elle se refuse à le voir mourir de l’avoir un jour connu, car alors que deviendrait-elle sans lui, sans les racines noirâtres de sa vie désuète ?

Juste un voile déchiré, valsant d’une main à une autre sans plus connaître la chaleur de quoi que ce soit, portant en son sein-mausolée une autre tombe portant son nom. L’idée même de le voir mort la fait frémir et elle s’approche, s’accroche, se veut persistante avant de souffler un rire discret, cassé par la peine qui étreindra à jamais sa gorge, fille de chagrin, fille de saisons de déprime, elle est de ces fleurs qui fanent même quand vient le printemps, offrant le pétale de son oreille à l’aveu qui glisse, resserrant ses cuisses entre elles comme pour chasser la gêne qui y suinte, buvant ses mots jusqu’à la lie, prise au piège des belles paroles comme n’importe quelle humaine qui pourrait être assez idiote pour se laisser tenter. Mais cette demande lui revient et elle manque de s’éloigner, le corps transi de désir mais la peur suintant par tous les pores, découvrant tout le sérieux qui l’habite, ses ongles plongés dans la peau tendre de sa nuque, sa paume arrêtant ses desseins malhonnête entre ses hanches, elle tremble à nouveau, se trouvant prise au piège, comme la nuit passée, par cette demande, sentant une chaleur étrange remonter jusqu’à ses joues pâles, la voyant à peine rosir de son envie de lui, de son plaisir, de son soulagement juvénile d’être l’unique à lui faire sentir l’osmose qui les dévore, de sa crainte de lui redire les mots bleus, les plus beaux comme les plus malheureux. Un instant, il lui faut se déshabiller de ses croyances, se dire que tout cela n’est qu’un rêve dans lequel rien n’a d’importance, que demain ils se retrouveront dans l’ignominie habituel qui les rallie et entre ses paumes elle saisit son visage, laisse flirter ses lèvres contre les siennes, fiévreuse, comme les premières semaines qui voient les adolescents combattre leurs pulsions, ses seins aux pointes plus douloureuses, son ventre laissant s’écouler l’ambroisie interdite alors qu’elle souffle un « Je t’aime … mais j’sais pas comment faire. J’sais pas, putain. » Et le même choc la surprend, un éclair qui poignarde son cœur avant qu’elle ne plonge contre sa bouche, y délaisse un geignement peut-être trop bruyant avant de le surprendre, de le mener à l’étage du dessous, empressée, comme si la frivolité des premiers jours venaient de les prendre, comme un début de romance qui fait sourire mais dont on sent le tragique en toile de fond. Car tout finira par s’éteindre, se flétrir, par les pourrir de l’intérieur. Imra n’est à personne et ne pourra jamais que détruire ce qu’elle aime, quelques fois. Au travers des couloirs offerts par les rangs des bagnoles, elle se détourne, l’embarque dans la litanie de quelques baisers qui chantent les poèmes du supplice, du délice des baisers brefs,  l’aimant à l’arrachée, à la va-vite dans la fulgurante valse d’un amour qui nait et mourra à l’aube qui suivra. « Dis le moi. Dis le moi toi aussi. » Elle supplie, tirant sur toutes les poignées des portières croisées, ses cheveux noirs et trop long voletant autour de son visage de fille excitée par l'effervescence de la scène qui s'ouvre à eux avant qu’une ne s’ouvre pour l’y repousser, sur le siège passager. Peu importe l’intérieur empestant la clope et l’essence, elle est la violence du désir, délogeant un bouton et un autre de sa chemise pour offrir toute la vue sur sa poitrine arrogante, l’ondoiement de ses hanches ne manquant pas de la faire gémir dans le silence qui les entoure, perdant les baies de ses lèvres dans le creux de son cou. « Encore. Fais moi encore l’amour. Montre moi. » Et ce ne sont que des murmures cassés dans les prémisses d’une nouvelle étreinte, comme pour ne pas briser les fumerolles du rêve dans lequel elle se perd et viendra le vrai jour où elle s’éveillera, viendra ce moment où ses fantasmes la laisseront en nage dans les draps où il ne sera plus. De pâle, de rose, de brun, elle se recule pour lui offrir toute la vue sur son buste dénudé, pour s’offrir comme un fruit prêt à être cueilli, les sifflements de sa respiration altérée ne pouvant que prouver qu’elle le veut, lui, qu’il pourra encore signer son corps du vin de ses péchés. « J’veux que tu viennes en moi et j’te laisserai pas partir tant que t’auras pas jouis, Carmin. Pas cette fois. » L’arrogance est doucereuse dans le ton, pris dans la lueur moirée du soleil levant, un ange déchu qui grignote le temps et l’esprit, une immortelle aux lèvres de sang qui esquisse le plus beau des sourires pour tenter le diable qui hurle en lui.  


(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




metanoia — Carmin  Empty
Message Sujet: Re: metanoia — Carmin    metanoia — Carmin  Empty Mar 13 Avr - 17:17


metanoia
Comme un tambourin qui pleure sous les gouttes de la pluie
Comme les chansons qui meurent aussitôt qu'on les oublie
Et les feuilles de l'automne rencontrent des ciels moins bleus
Et ton absence leur donne la couleur de tes cheveux

Tu m'ennuies à me demander ce que je ne peux t'offrir.  

Soupir géant dans le néant qui lui fait office de coeur. Le prêtre ne réagit pas et pourtant, il a envie d'entremêler ses doigts à ceux de sa jeune brebis égarée et de la consoler. C'est là l'amour, le vrai. Celui qu'on veut offrir non pas pour se faire du bien mais pour apaiser l'autre. Et Imra, ainsi perdue, ainsi offerte à sa merci, Carmin l'aime. Malgré lui. « Tu n'entends que ce que tu veux. »   Il grogne et pose son index sur ses lèvres pour l'empêcher de continuer sa quête, pour lui interdire de pousser le vice plus loin. Sa mauvaise mémoire est insultante pour l'homme qui n'a dit ces mots qu'à deux femmes dans sa vie. Il y a eu Hazel et ensuite, Imra. Pas même celle à qui il a demandé la main, non. Cassey n'a pas eu ce privilège. Et à y regarder de plus près aujourd'hui, il sait pourquoi les mots n'ont pas franchi ses lippes. Le mensonge n'aurait servi qu'à la rapprocher de lui mais n'aurait en rien délivré son âme. Car il ne l'aimait pas. Pas ... comme elle.

« J'ai jamais voulu du beau dans ma vie. »   Si j'avais voulu du beau dans ma vie, j'aurais redressé le cap de mon navire pour chercher les levers de soleil au lieu de souiller les couchers. Elle lui fait une promesse qui sonne comme un serment d'amour. Ne pas le laisser mourir, dans cette hypostase, cela n'est pas une menace, c'est l'aveu de sentiments forts entre eux. Carmin sourit en dépit de ce qu'elle esquisse comme messages et soupire « Le moment venu, personne ne peut nous extirper des griffes de la mort. »   Carmin serre les poignets d'Imra entre ses doigts avec un vague à l'âme douloureux. Il souffre de se savoir incapable de la sauver si un jour les veines venaient à être de trop entaillées. Combien de fois encore pourra-t-elle esquiver l'inévitable?

Lame dans mon âme que de savoir que tu te destines aux enfers alors que je voudrais ton esprit soulever, ton amour transcender.

Perdus dans les lignes de voiture, couchés sur une banquette dans un habitacle dont les odeurs sont obscures, Carmin la regarde se dénuder. Elle ne fait pas juste voler ses habits, elle enlève les couches de protection qu'elle a si précieusement enfilées au cours des années. « Cherche pas comment, laisse-toi juste faire. »   Voilà ce qu'il veut en ce moment. Qu'elle capitule devant leur amour. Il n'a pourtant toujours rien confessé et elle le lui rappelle sans prendre de gants. La gamine qui parfois endosse le rôle de putain revient à la charge, ressentant le besoin de goûter à cette drogue qu'il lui refuse. Si je ne dis rien, c'est parce que je sais que l'overdose serait bien plus dangereuse que tout le reste. Parce que je sais que l'atterrissage sera brutal. Parce que je sais que je n'ai pas assez de produit en moi pour te combler toute ta vie. Mais alors qu'elle implore qu'il le redise, ce sont des mots amers qui lui échappent du gosier. « Putain arrête de le demander Imra. Je te les ai déjà dits ces mots et tu as tout oublié. Alors... arrête! »   Il râle avec violence, empoigne ses bras sans aucune décence et l'embrasse avec une soif énervée. Il n'avait pas envie de s'humilier mais elle l'y a forcé. Alors il veut la faire taire, ramener entre eux un moment plus tendre si cela est encore possible. Imra se fait charnelle et commande une étreinte comme celle de la veille. Il sourit d'un air mauvais destiné à cacher son besoin de la combler. Ses mains la parcourent avec envie, la déshabillent du peu qu'elle a encore sur ses maigres os. « La jouissance n'est pas toujours physique Im... »   Il souffle doucement dans son oreille. « On peut atteindre l'orgasme sans jouir et jouir sans atteindre l'orgasme. »   Sa voix susurre dans le creux de son oreille tandis que ses mains la caressent doucement, la délivrant du tissu qui sépare leurs intimités. La pénétration est lente, interrompue par plusieurs baisers. De ses phalanges, il dessine des formes inconnues dans son dos, ramenant le corps de la belle tout contre lui. Indécente, la scène pourrait être découverte par n'importe qui à n'importe quel moment. Mais Carmin n'en a que faire. Il est avec elle, complètement avec elle en ce moment. Ses coups de rein sont freinés par la position difficile à garder dans cet endroit trop petit pour leurs deux corps adultes. Alors il presse sur la cuisse d'Imra, la remontant pour mieux la posséder, pour mieux se déplacer en elle. Les yeux plongés dans ceux de sa maîtresse, il la regarde sans rien dire, ressentant chaque pénétration, profitant de cet échange dangereux qui s'installe entre eux. « Je ne te le dirai plus. Contente-toi de savoir que je le ressens. »   C'est le mieux qu'il puisse faire. Déclaration timide et voilée d'un homme qui aurait pourtant juré de ne jamais aimer de mortelle. Il sourit et se penche vers elle, déposant un baiser cruel sur ses lèvres. Car il la torture entre l'amour et l'indifférence : lui offrant tout et rien à la fois.





(c) corvidae
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé;

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -






metanoia — Carmin  Empty
Message Sujet: Re: metanoia — Carmin    metanoia — Carmin  Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
metanoia — Carmin
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
SAVE THE QUEENS :: 
 :: boulevard of broken dreams :: versions #25 et #26 :: rps
-
Sauter vers: