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 Féérie (Iskandar)

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Orphée Lessing;

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Orphée Lessing



Moya Palk
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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Mer 17 Fév - 16:43

Féérie
Orphée & Iskandar

      Sous un soleil d’hiver, les toits apparaissent dans leur grisonnement, ils maugréent le mal être de la captivité des nuages et, sous eux, la musique détonne, hurle de ses cordes numériques des voix différentes et des instruments barbares. Dans la chambre d’Orphée, au premier étage de cette maison isolée près des pins et des sapins, la jeune fille est allongée sur le tapis qui l’a vu grandir, ses nuances de rose nuancée de l’ocre tissent des arabesques usées. Le lit défait garde en mémoire la force de la gamine qui cajole à demie nue le dernier accueilli entre les cloisons solitaires. Le chat ronronne tout contre son ventre gainé par des années de pratique classique, mauvaise élève, ses cheveux s’étale sur le sol, ses yeux scrute le vide d’un plafond qu’elle a repeint la veille. Désirant mettre les souvenirs de cette nuit étoilée, elle a peint tout en noir avant de rester debout toute la journée de la veille afin d’éclairer l’obscurité par une peinture dorée. Mais l’effet est médiocre se dit-elle, les sourcils froncés par le mécontentement. Les épaules se haussent, au moins cela m’aura occupé et préserver de la tristesse de l’absence. Celle gigantesque de la chute. S’entourer de totem, ou de présence quand bien même elle choie parfois le silence pour se ressourcer des événements, Orphée a envoyé des centaines de textos à ses proches afin de tenter de faire disparaître le vide, absolu et abyssale de son coeur. Elle aimerait retrouver les bras protecteurs de son frère. Et ces derniers se superposent aux muscles fins et taillés d’un garçon nommé désir, Misha est parti, ils se sont quittés, éloignés pour se soigner. Il le fallait, songe-t-elle, larme aux agates bleues qui se morcellent. La musique canalise les tourments, la douceur du chaton sur sa peau de marbre et son chien tout près d’elle qui s’amuse avec ce jouet ramassé par terre. Elle pourrait y trouver une certaine paix, dans ce tombeau qui a vu naître ses parents dans la mort.
 Elle se redresse, éteint les enceintes. Elle a entendu un bruit. On frappe à la porte. Mais elle n’attend personne.
 Paralysée par l’effroi de l’anticipation, Orphée ne bouge pas, elle a certainement rêvé puisqu’elle n’attend personne. Mais le bruit continue, affirmé, inquisiteur, déterminé. Des coups qui surgissent d’une main inconnue. Alors l’enfant se lève, s’habille de sa tenue de maison traînant sur le dossier d’une chaise. Il partira avant qu’elle ne descende les escaliers puisqu’il s’est trompé de chemin. S’il reste, il doit être perdu. Elle scrute les bruissements, mais la demande s’est stoppée. Alors elle regarde par la fenêtre, distingue une forme. Cachée derrière les voiles nuits, c’est elle qui surveille sans se faire voir par les yeux d’un autre qu’elle ne se remémore pas. Ces épaules lui semblent familière cependant, les cheveux de lin et le profil en angle. Elle le connaît. Le coeur loupe un battement. Rassurée, Orphée dévale les escaliers jusqu’à la porte d’entrée, déclenche les serrures.
 Regarde la se taire face à l’homme qu’elle a rencontré, une fois, lorsqu’elle eu découvert l’agonie d’un cadavre.
 Intimidée par les pupilles adultes, elle préserve le silence se fixant dans ses veines. Elle pourrait s’exclamer, vous avez des nouvelles alors ? Vous avez retrouvé le meurtrier ? Il va y avoir un procès ? Est-ce que justice sera faite ? Est-ce qu’on va me rendre mon frère ? Par les paumes de dieu, les miracles existent-ils ? Est-ce que je peux me permettre de rêver ? D’effacer cette cassure, cela me brise monsieur et j’aimerai que l’on me répare. Les doigts se ferment sur la poignée, elle n’a pas lâché l’étreinte du fer semblant la consoler, le contact lisse et froid la protège d’une intimidation sidérante. Il a sur son corps des vêtements d’homme, de ceux qu’elle admire parfois, assise à une table d’une terrasse, ces silhouettes rigides, taillées dans la serpe des dominants, ils portent sur leurs épaules le monde dans lequel ils forgent des idées, ils n’ont cure de la moral puisqu’ils la fabriquent, ces hommes habillés de raffinement.  « C’est surprenant... » De vous voir devant ma porte. Elle hésite quelques secondes, une seconde où l’univers se déploie dans son obscurité, la méfiance alors se terre sur les lèvres du rossignol avant de disparaître, éclipsé par la bonté. En ce mois de février, le climat élance ses piques, pourfend les chairs de son gel.  « Entrez ! Faite pas attention au bordel j’ai jamais su ranger correctement. » s’exclame-t-elle de sa voix qui parjure les braises de l’enfer, une voix de cristal, pure, auréolée de gentillesse. L’enfant n’a jamais appris à se méfier, elle ouvre son coeur comme sa maisonnette à ceux qu’elle croise et qu’elle considère.

@Iskandar Wolf

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vent d'est, vent d'ouest
Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Dim 21 Fév - 21:07


féérie
@orphée lessing

il rebrousse le chemin, parfums d’hiver, images carmins, il rebrousse le chemin et il sait qu’elle l’attend sans même le savoir encore. elle l’attend, il le ressent dans ce pas qu’il allonge, comme pour différer des retrouvailles qu’il a longuement rêvées, les yeux grands ouverts sur les vestiges de l’humanité. elle est l’humanité toute entière orphée, ce rien que l’on peut étouffer, ce tout que l’on est bien incapable de contenir. lui ne contient rien, uniquement la respiration lente d’un cheminement précautionneux. le même qui la nuit venait traquer des reflets sur la haute fenêtre où parfois elle apparaissait. enfant perdue dans sa maison cercueil, enfant déçue par la solitude qui la pare de blanc. l’enfant, c’est elle, à peine regardée, longuement dévorée, dans les mirages de la vitre sans tain. doyle l’a interrogée trop longtemps, sans intelligence, sans le secours d’une âme qui aurait su la lire. la lire si profondément qu’il aurait fallu des trésors de concentration pour maquiller toute l’indécence de ce premier contact. alors il a retenu l’idée, la faisant danser à l’orée de ses regards morts, pour imaginer la rejoindre dans des ailleurs qui ne seraient qu’à eux. secret du dévoilement que l’on obtient toujours quand la première fois, l’on rencontre celle qui sera son autre. ton autre, la voilà, au bout du chemin où les arbres dessinent des contours écorchés à la maison abandonnée. là où tu as trouvé l’essence de la vérité, sans savoir qu’elle en serait le spectateur inconscient, à rebours du crime. témoin aveugle de la violence. de ta violence. le repos des âmes familières pour imaginer la peindre dans des coloris étranges. tu les a tous dessinés. et elle aussi sans savoir qu’elle posait déjà dans la fièvre de tes imaginaires, à un étage de toi. dissimulée à ton animalité que tu aurais tant voulu partager avec un être à ce moment-là. un être qui aurait compris le drame, qui aurait pu regarder l’infâme. un être. elle. elle. l’être. et le devenir.

il fume, inspire, expire, les souvenirs incohérents aux élans de nicotine. puis sans hésitation aucune, dans le naturel d’un geste parfaitement maîtrisé, il frappe contre le battant. un appel, un rythme, trois coups pour la déloger du rêve et la recouvrer vibrante d’une vie qu’il ne sait plus comprendre. puis il attend, regardant alentour comme s’il découvrait pour la première fois des dehors qui se pâment sous l’aplomb de ses iris froides. il appartient à ce décor, quelque part, il a toujours été là, à guetter l’inimaginable. langage indescriptible que la puissance d’une révélation. il porte la sobriété fière et parfaite d’un costume taillé pour sa silhouette sèche, contours du flic et âme du loup qui s’y dissimule. il y a quelque chose de toujours froissé dans sa chemise, comme si les nuits aux paupières arrachées avaient resserré leur étreinte sur le corps de celui qui les regarde avec patience se désagréger. au seuil de ce qui disparaît, tomber, tomber, dans l’iridescence du jour. ce jour levé, où orphée lui est rendue, dévoilée par des verrous qui n’arrêtent jamais les prédateurs les plus patients. le temps se fige entre eux, prunelles inconnues et qui pourtant se reconnaissent. se reconnaîtront toujours désormais, qu’importe la puissance de la mémoire et la destruction des sentiments qu’elle emporte. tu la regardes l’enfant, femme projet de ton ennui languissant, tu aspires à la frôler, à la saisir, à l’absorber. à la faire tienne pour la rendre au sublime où tu l’as toujours imaginée. elle est déjà tienne. elle ne le sait tout simplement pas. un silence, et puis ta voix qui s’appose, lentement, comme pour pardonner la retenue qu’elle adopte, peut-être par défense. vous ne devriez jamais ouvrir à quelqu'un qui ne s’annonce pas. pas un reproche, un simple constat, sans ironie aucune. il ne lui sourit pas, l’observe, reconnaît, revêt et réapprend, chaque souffle, chaque battement. l’impression est toujours entière. il ne s’est pas trompé en la choisissant. je suis passé car j’ai appris que vous aviez choisi de vous installer de nouveau ici. je crois savoir que l’inspecteur doyle vous l’a déconseillé pourtant. un amusement parade dans la férocité des yeux, comme si le mépris pour son agent ne pouvait longtemps se dissimuler. il reconnaît les quelques soupçons qui périclitent bientôt, jeunesse confiante, malgré l’horreur qui l’a baignée toute entière, l'a rendue trop tôt à une vie d'adulte souffrant. il entre donc, avec une prudence qui tient de la précaution, définit les airs de quelqu’un qui redécouvre un intérieur, la brûlure d’un intime qui n’est plus ni violé par les errances du prédateur, ni par les airs d’autorité de l’équipe scientifique qui mettait les preuves en sachet. enfermait la vie pour la disséquer. des charognards attirés par l’odeur du sang. le sang a été absorbé par la pâleur des murs. il s’amuse iskandar, opine et commente. je vois qu’en effet vous vous êtes réapproprié les lieux. mes équipes avaient dérangé votre “bordel”. le mot chante sur la langue, il aime cette façon qu’elle a de tisser les relations sans les déparer de leur spontanéité.
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Message Sujet: Re: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Lun 22 Fév - 16:33

Féérie
Orphée & Iskandar

      Son visage, taillé comme un couperet, alerte Orphée ; en lui la sentence de l’autorité, la posture d’un père, certainement, un père, sa cigarette entre ses phalanges, son air assuré, il ne sourit pas. Elle le laisse entrer, confiante quant aux bonne volontés, aux bons désirs de cet inconnu qu’elle n’a que trop peu perçu, dans les couloirs sordides de la maison policière, elle voyait son ombre toujours l’observant. Dans ses carnets elle a dessiné sa main, large et protectrice, dangereuse et fascinante, une main faite d’encre sur un fond blanc qui remplissait la page, noyait les grains. Elle a longuement pensé à lui bien qu’il n’était qu’une présence sans rencontre, une pierre jamais touchée, il était là quand, à l’arrivée au poste Orphée a répondu aux questions que lui posait l’agent, et ces autres jaillissant de partout, des millions de tentacules répondant malignement à la tristesse, la dépeçant, la calcinant. Elle se souvient de son état, esseulée, lessivée. Elle aimerait lui dire, à ce Wilde, qu’elle n’a pas apprécié les jugements dans les iris de ses collègues, ces petites phrases enrobées dans son histoire, ce soupçon, cette méfiance, ils n’osaient pas, dire, dire qu’enfin ils la considéraient comme la coupable. Comment vous en êtes vous sortie Orphée ? Où était-il ? L’avez-vous vu ? Vous ne pouvez pas me donner une description ? Que faisiez-vous ? Pourquoi n’avez-vous rien vu, rien entendu ? Vous mentez. Ils ne l’avaient pas dit mais ils l’avaient pensé, là, sur leurs lippes, ce léger pli de moquerie. Orphée s’était braquée, on l’avait accompagné dans une clinique afin de soulager son stress post traumatique. Quand Mr Loup la sermonne, Orphée en enfant têtue, hausse les épaules.  « C’est ma maison ici. Je veux vivre dans ma maison. » Elle se défend par ses maigres moyens, un argument sans saveur ni couleur ni sens, seule l’affection qu’elle porte à cette bâtisse rutile dans la voix toujours ouverte, toujours gaie de la demoiselle.

 En bonne hôte, elle verse l’eau dans la bouilloire, sort deux tasses du placard, les assiettes sales et les couverts dorment paisiblement dans l’évier, puis, adossée sur la planche en marbre contemple le visage de l’autre. Curieuse de sa visite, elle n’en comprend pas les motivations, il lui aurait dit, déjà, qu’il venait pour lui annoncer la suite de l’enquête. Rien, rien ne traverse la gorge du mâle. Une autre remontrance emplie la quiétude, Orphée croise alors ses bras, signe d’impatience, bien vite rejeté par un haussement d’épaule supplémentaire.  « L’inspecteur Doyle je lui fais pas confiance. Je ne l’aime pas. Je vois pas pourquoi je lui obéirai. » C’est ma maison ici, je ne la quitterai pas, quitte à mourir étranglée puisque le tueur court toujours, libre. Elle tend une tasse dans laquelle elle a infusé un thé précieux lui rappelant les saveurs exotiques d’une Russie fantasmée. Elle s’assoit, ses pieds sur la chaise, son corps souple, une position de l’enfant insouciant. Orphée comme un être dans le néant, comme un esprit fracassé, la maturité sublime le regard. Elle observe le salon étranglé par les vêtements, ce désordre. Désordre qu’elle a ordonné afin de faire taire la perfection. Donner de l’ampleur au vide, au silence, faire taire la solitude, faire taire le silence en y ajoutant du bruit, en colorisant le rien, en augmentant le plein. Pour se rassurer, pour se consoler, pour se dire qu’il ne viendrait plus, qu’elle pourrait vivre. Lui, le croquemitaine, le grand méchant loup, cet homme honni, cet homme… cette femme ?

  « J’aurai plein de choses à dire sur votre équipe. Mais je préfère me taire parce qu’on m’a toujours dis que j’avais un problème avec les gens et les codes, que je savais pas me comporter, que je savais pas être polie. » La colère rugit, tonne, esquisse le ressentiment de la gamine, une tristesse se tapie dans les paroles, celle de se sentir à l’écart, toujours, sans fin, en marge d’un monde qu’elle aimerait rencontrer, ces gens, qu’elle aime mais qui n’ont pour elle qu’un élan de sympathie puis l’enfer de l’indifférence. De ses doigts elle dessine les contours de la tasse, ses sourcils froncés, un signe de réflexion, de combat.  « Je ne vous accuse de rien, c’est juste que... » il me semble si lointain mon univers enfantin, ce cocon dans lequel je me sentais bien, je me sentais moi.  « Je me sens triste depuis qu’ils sont morts. C’est l’abîme en moi. » Révèle-t-elle, le regard plongé sur le sol, à contempler la fuite. Elle avoue ce qui la tourmente sans un regard pour lui de peur de son jugement à lui aussi.  

@Iskandar Wilde

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Message Sujet: Re: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Jeu 25 Fév - 20:13


féérie
@orphée lessing

la fumée dessine des arabesques pleines de mystère, dans l’air entre eux l’infini des impossibles qui se narrent déjà. un seul regard pour les observer vivre et mourir, se recréer le long de l’indistincte obsession qu’il laisse envahir sa tête sans jamais qu’elle s’épanouisse sur ses traits. il entre, il la suit, il laisse retomber l’ironie malsaine d’une situation qui s’imprime encore à l’orée de la mémoire, vive et trouble, comme l’impression d’un rêve, lui qui ne rêve plus jamais. uniquement de la chute et du sang qui envahit l’éther de ce monde qu’il traverse lentement. il s’approprie l’atmosphère, continue de cloper même s’il a quand même la décence de lui demander sur un ton presque doux : j’espère que la fumée ne vous dérange pas. c’est ce qu’il a fait, pendant les heures et les heures où on l’a écartelée de mots et de silences, gamine avouée, entachée sur le métal froid d’une salle d’interrogatoire. derrière la vitre sans tain, il réapprenait ses traits, l’innocence et la candeur d’une enfant, la fureur d’une femme, la peine d’une solitude qui résonnait dans son esprit comme une harmonie à la perfection indélébile. il était assis, les yeux rivés sur elle, les minutes s’écoulant avec trop de lenteur pour que la torture ne soit pas leur nouveau motto, la fumée de la morley qui habillait leur dualité. pas encore totalement opposée. parfois, de rares fois, il se penchait et murmurait dans l’oreillette de doyle une phrase que l’agent disposait dans la laideur d’une atmosphère glaciale. et la petite tremblait encore plus. il ne l’a bien entendu jamais considérée coupable, coupable de la mort, elle était bien au contraire coupable de la vie qui la laissait accrochée à des fils dansants une normalité imparfaite. poupée menant une existence dorée qui ne parachevaient pas les ombres qui la nourrissaient déjà. poupée brisée depuis, et pourtant, pourtant, le coup porté n’a pas suffi à la mettre à terre, la voilà parcourue de fièvre et de ferveur outrée, la même qu’elle revêtait au bord de la folie. pas encore plongée dans son étoffe opaque. il y a un sourire sur les lèvres minces, l’enfant s’insurge, elle a encore sa volonté avec elle, malgré ce que la mort lui a ôté. l’on vit de toute façon toujours un peu au milieu des morts. il n’a rien à redire sur ce choix qui au contraire l’enchante. il y voit comme une invitation, presque une justification posthume à leurs cadavres, qui le regardent alors qu’il lui emboite le pas, avec souplesse et détachement.

la cuisine, berceau d’un intime plus assassin encore, elle le sait forcément, car il s’agissait là de leur tombeau. tombeau ouvert sur leurs éveils aux enfers, alors que leurs corps paraissaient confiés à la convoitise du sommeil. une scène imprimée sur sa rétine tel un tableau symbolique, il y voit encore l’éternité offerte. l’éternité du néant, pour celle qui sera ariane dans le labyrinthe qu’il peindra pour elle. tu sais qu’elle est prête, prête à y entrer, prête à te suivre, prête à te contredire aussi pour te sortir de ta léthargie. tu sais qu’elle est la symphonie à ton malêtre, la note aérienne et abyssale, celle que tu chanteras le temps de survivre encore un peu, pour lui apprendre le monde qu’elle attend. qu’elle appelle. qu’elle appelait déjà quand tu l’as interrogée la toute première fois, simple témoin d’un autre crime, ses yeux grands ouverts sur le tourment de l’âme. il sourit plus encore lorsqu’elle caractérise doyle de son mépris hautain, si semblable au sien. l’inspecteur doyle est un parfait imbécile. et il en est d’accord, l’on ne peut accorder sa confiance aux idiots patentés. il s’assied, puis il hume doucement la tasse, laisse les arômes rencontrer les échos d’une mémoire fragmentaire. sa mère aimait ces saveurs chaudes et orientales, proches des agrumes qui ici fleurissent dans sa tasse. il la repose, avec un geste élégant, mais sa posture dans la chaise est plus décontractée, comme s’il était parfaitement à sa place, à côté d’elle. il la regarde longuement, l’enfant perdue dans le noir, qui est revenue à sa lumière, sans qu’il n’ait à la forcer à le faire. ça a été pourtant un deuil si long, de l’imaginer batifoler avec ce garçon, fils de psy, sans doute esprit de mauvaise vie. à peine le temps de se pencher sur des zones d’ombres qu’elle en réchappait brusquement. il a hésité à la laisser à la pâleur de ses jours endeuillés, il n’a pas résisté longtemps à son appel. car elle t’appelle, tu le sais, tu le ressens. tu ne l’expliques pas, et tu n’aimes pas trop cette mythification qui t’échappe, quand ta vie se confie à la certitude que rien n’a de sens. vous pouvez parler en ma présence, on m’a toujours répété exactement la même chose. mon équipe comme vous l’appelez, est constituée d’animaux faits pour la chasse, alors ils ont les travers de leur marginalité. tout comme toi qui es l’alpha de votre groupe éclectique. il inspire profondément, et vient chercher le réconfort d’une gorgée presque brûlante du thé qu’il apprécie tout particulièrement. bien sûr que si, vous m’accusez. les autres aussi. puis elle, pour être encore de ce monde et ne pas savoir ce qui s’y planque. pour ce vide qu’elle lui confie sans qu’il n’ait vraiment à gratter longtemps la plaie ouverte. ouverte même avant son passage. l’aveu qu’elle lui offre déclenche pourtant une réaction émotive chez lui, qui lui fait froncer quelque peu les sourcils parce qu’il ne s’y attendait pas. il a l’instinct aussitôt de panser l’abîme. ou bien de le creuser plus encore. orphée… il appelle doucement, le regard de l’enfant, qui retourne aux ombres pour s’y recueillir langoureusement. refuge classique d’une vie désavouée par l’injustice flagrante et l’absurdité de la mort. étiez-vous heureuse avant cela ? il penche la tête, soucieux de l’origine du mal, curieux également de s’être fourvoyé quand dans ses yeux bleus gris il a analysé une solitude bien avant de mettre un terme aux faux semblants.
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Orphée Lessing;

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Message Sujet: Re: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Ven 26 Fév - 10:57

Féérie
Orphée & Iskandar

     Son regard des airs flotte sur les mouvements de l’inconnu, il observe ses manières, ses gestes quand il pose la tasse sur la table, un écho à la grâce, elle se dit qu’il a dans le coeur l’amour du contrôle, l’amour de la domination pour son destin, car ce geste de la poser doucement, d’humer les odeurs, les saveurs, semblent un écho à son âme, curieuse mais tuée par l’enfer des autres. Elle ne le connaît pas, ne lui a jamais parlé réellement mais, soudain, dans le myocarde impatient des langueurs des rencontres bat follement une reconnaissance, Orphée a relevé ses yeux d’eau pour arroser le titan de ses questionnements muettes. Elle sourit alors, quand il ne rétorque pas, d’une honnêteté tranchante pour son collègue qu’il ne considère pas. C’est vrai qu’il n’a pas l’air très intelligent, lui aurait-elle dit. Le sourire illuminé servira de parole dans le silence bâtit dans les bruissements des branches tout autour de la maisonnée, les baies vitrées exhibent une lumière d’hiver qui se meurt, les couleurs s’habillent d’obscurité. Son Main Coon s’étire sur le canapé et l’enfant le rejoint, c’est qu’Orphée ne peut rester assise trop longtemps, ses pensées saturent l’esprit, elle les exprime par son corps encore fluet et sans forme. Parfois, devant le miroir, elle se demande si elle n’a pas décidé de grandir, de rester enfermée dans les illusions créées afin de survivre aux doutes, aux longues hésitations, aux larmes qui surgissent sans prévenir. Elle prend de la distance, s’assoit alors sur le plan de travail de cette cuisine honnie et détestable. Ses yeux, comme un réflexe, s’abreuvent de l’absence, ces images passées, ces traits flous, ils s’en sont allés, on a creusé pour eux une terre rêche, pour leur charogne on a récité des prières. Orphée était désemparée lors des rites funéraires, incapable de parler, elle avait utilisé ses cheveux pour masquer ses expressions hurlants la détresse, et les autres, tantes, oncles, cousins, n’avaient rien perçu, ils l’avaient jugé. Elle avait donc tout retiré de leur contact. Autant crever seule. Dans un élan spontané de colère, elle avait gueulé au téléphone ses insultes de gamine, orpheline à présent, choqués, elle n’avait plus reçu de réponse. C’est comme ça aux Etats Unis, on joue l’hypocrite. Orphée croise les bras, sa moue boudeuse, ses sourcils froncés.  « Ils sont doués ? S’ils sont doués pourquoi ça met autant de temps, de trouver l’assassin de mon frère ? » La question écorche ses lèvres pincées par la honte. Orphée souhaite effacer la colère en son sein, cette émotion si dure, si cruelle, cueille des élans d’agressivité sur des personnes qui ne le méritent pas. Je suis désolée dit son air contrit, les larmes au bord de ses paupières. Néanmoins, se félicite-t-elle, elle maintient maintenant la tristesse, elle gère mieux les tempêtes s’acharnant dans les sanglots. Orphée a envie de pleurer, d’arracher au monde sa tranquillité quand, elle, semble à l’étroit dans ces lumières vives que l’univers fait.

  « Non. » Je n’étais pas heureuse dans l’indifférence de parents qui ne possédaient de désirs que l’ascension sociale et le paraître.  « Mes parents ne m’aimaient pas parce que je ne correspondais pas à leur ambition, la belle famille bourgeoise, les beaux enfants, la grande maison, les amis qu’on invitait parce que c’est toujours chic, ça montre notre vie sociale, puis les départs en week end, pas nous, juste eux, mes parents. Ils étaient démissionnaires. Mon frère ça allait. Lui c’était un garçon puis il était populaire dans son lycée, très sociable aussi. Moi j’étais rien. » Le flot de l’aveu s’écoule rapidement, son analyse construite depuis ces mois où l’absence se terre dans le coeur, dans l’âme, elle ajoute, objective.  « Ils ne me manquent pas. » Pourtant, il s’agit bien de ses doigts qui essuient lentement les larmes, et le mouchoir sonne les horreurs en dehors de soi.  « C’est mon frère, il était tout pour moi. Sans lui je suis… déjà qu’à la base je suis pas grand-chose, mais ça me convient, c’est pas grave de ne pas être grand-chose. Mais lui il m’encourageait à vivre. Et il est mort avec eux. » Courageuse, l’enfant a planté ses yeux d’opale dans ceux du loup, elle sait qu’il était là lorsque ses collègues l’ont interrogé, il était cette présence d’ombre, une entité surveillant le déroulement des opérations, selon un schéma spécifique dû aux mystères des crimes. Elle aimerait bien lui crier qu’il ressemble à ses parents, qu’il n’a pas eu un geste, pas un mot pour la rassurer, alors qu’il était bien ce directeur en charge de coordonner toute l’enquête. Et l’enquête n’avance pas. J’aurai aimé qu’on me rassure, qu’on prenne soin de moi, comme une enfant. Son regard se voile, en elle le mouvement de la confrontation.  « Pourquoi vous êtes ici ? Pour voir si je suis pas la meurtrière ? Ils l’ont pensé vous savez, Doyle et une autre femme. C’est vrai, pourquoi j’ai survécu, c’est bizarre. Je les ai pas tué, j’ai découvert leurs cadavres et ensuite j’ai appelé les policiers. Et directement ils m’ont jugé parce que j’étais encore en vie. » Elle a ouvert les brèches, à ce Wilde venant lui rendre visite, sous couvert de gentillesse et d’intérêt à sa santé, à sa sécurité, il souhaite simplement récupérer des informations, peut-être comparer ses nouvelles paroles aux anciennes. Orphée décide de lui offrir sa vérité qui ne demande, d’ailleurs, qu’à jaillir de ses tourments.  « Je suis revenue ici certainement parce que je sais qu’il viendra pour moi parce qu’il m’a oublié la dernière fois, mais un jour il viendra et il me tuera. Et vous savez quoi, bah je m’en fous. » Nulle provocation dans le ton mordant de la gosse, juste une constatation, une résignation. Elle veut vivre, vivre de tout son saoule mais l’existence lui a appris qu’en tant qu’humain l’on ne pouvait rien obtenir de la part des Dieux se raillant de la fragilité d’un mortel.

@Iskandar Wilde

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Message Sujet: Re: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Jeu 4 Mar - 9:49


féérie
@orphée lessing

sur son minois charmant, l’oeillade bleue qui s’épanouit dans le silence d’un soupir plein de contentement. elle a des questions interdites sur les lèvres, et des envies de savoir ce qu’il ne saurait jamais lui exprimer par des mots, alors ses prunelles se plongent dans les deux océans, y abandonnent avec une sorte de reconnaissance une once de cette fragilité qui le constitue, et qu’il semble lui confier au détour de la rencontre qu’elle permet enfin. revenant à la source de l’indigne fêlure, où les hurlements tus s’immiscent tous, elle avoue sans une seule parole ce qu’il ressent déjà : la volonté de se confronter à l’ignoble pour savoir y survivre, et peut-être parvenir à se l’approprier. de la même façon que lui a vécu son transfert soudain de la vie à la mort, déambulant enfin dans ces limbes d’abandon qu’il ne sait plus quitter. il ne la connaît pas non plus, mais il l’a dessinée tant de fois que chaque reflet de ses allures lui semblent familier, mosaïque composite de fantasme et de réalité. le sourire invoque une douceur qui s’invite dans ses traits, et à cette seconde-là, il l’estime et il la plaint, parvenant totalement à se dissocier de la tragédie qu’il sut étrangler, rien que pour imaginer qu’elle puisse lui appartenir. il y a une sorte de connivence qui les étreint soudain, et il ne la combat même pas, la laisse pénétrer ses chairs et y porter de nouveau des caresses solaires qui sont si furieusement assorties au mirage de l’enfant. enfant femme qui court après la douceur animale pour contrer celle de l’homme, les lèvres d’iskandar étirent un sourire plus avenant, et il demeure assis, baignant son corps trop mince dans les lueurs de l’hiver. monstre oint par les cieux abîmés, les actes des hommes ont dessiné une nue orageuse qui couve la maison comme un brouillard épais. dans le sanctuaire encombré, deux âmes perdues, et le monde renvoyé à ses artifices lointains, qui gronde parfois de se voir ainsi mis à l’écart. la nuit tombe lentement, mais pour l’enfant et l’homme, la nuit est déjà là, dans le souffle qui allonge ce qu’ils ne s’avouent pas. il la suit du regard, patiemment, avalant une gorgée brûlante qui se love dans sa silhouette froide, une vie aussi factice que la beauté lointaine du monde qui crève au dehors. l’atmosphère tremblante se déchire pour exposer une somptueuse laideur, les morts se voient soudainement invoqués, spectres grimaçants au milieu de leur petit théâtre. iskandar prend la mesure de ce vide qu’elle ressent, et des indices qu’aussitôt il récolte avec la minutie de son esprit malade. le frère est là, victime viscérale, perdition nommée, pour des parents rendus à l’anonymat. à l’inexistence. parce que leur simple talent ne suffit pas à comprendre. il termine sa cigarette en la regardant plus intensément, et il se demande si elle pourrait entrevoir l'absurde qu'il lui narre. tu imagines lui dire, lui peindre les images couleur sienne qui s’ébattent sous ton crâne, des tons noirs et ocres pour peindre l’absurdité de ce que l’esprit rencontre lors du grand passage. ça n’est pas une chute, c’est un épanouissement, sans doute le seul qui soit, le seul qu’on puisse saisir, tu le sais pour le caresser bien des fois. instinct de mort sous tes doigts.

il accepte ses airs navrés d’un simple hochement de tête, il essuie la hargne si vive et si éphémère qu’elle vient de lui tendre. il aimerait savoir l’apaiser, en concevoir le pouvoir aussi odieux qu’il soit en considérant qu’il est à l’origine de son désarroi. il ne lui dit rien de plus et ose cette question qui la repousse dans les bras d’une tristesse plus profonde encore, car aucune colère ne peut alors l’en garder. la vérité crue qui filtre sur leurs lèvres, question qui rencontre une réalité que personne ne devrait dire, et que pourtant il comprend et conçoit mieux que quiconque. il l’écoute alors, légèrement penché en avant, attentif à chaque signe qu’elle dessine dans l’éther en se confiant à lui avec une facilité désarmante. et tout ce qu’il avait imaginé se révèle être plus implacable encore. la fresque se déploie, des parents qui ne la valaient pas, attentifs à des détails par trop éphémères. ce frère qui la retenait dans la frivolité de sentiments qui l’enfermaient à la marge d’un cercle bientôt brisé. brisé par sa main. quelque chose en lui répugne à cette définition d’elle-même, ce rien qu’elle ne dissimule même pas, échappant à la facilité troublante des fables. il se lève alors, quand elle cesse de parler, et la rejoint doucement, prenant prétexte de la tasse qu’il dépose dans l’évier juste derrière elle, une proximité attentive qui jamais ne la frôle toutefois, comme s’il se gardait bien de le faire encore. il penche la tête sur le côté, et il la regarde toujours, sans pitié, mais avec cette empathie qu’il parvient à recouvrer telles ces hontes que l’on ne saurait dissoudre dans le déni le plus opaque. vivre ne demande absolument aucun courage orphée. quand vous l’aurez compris, vous pourrez alors vous laisser porter. c’est ce qu’il fait, sans tenter de contrarier l’animosité d’un destin qu’il a depuis longtemps embrassé. dans l’air, c’est gracile, ce mouvement de rejet qu’elle opère soudain, de rejet ou de provocation pour l’autorité qu’il représente. il s’en amuse un peu au fond de lui, il le déplore aussi. doyle et sanchez. sanchez c’est le nom de la femme. détails, aucune importance, rien qu’une simple ponctuation alors que son calme semble retomber sur leurs épaules qui pourraient presque se toucher. sachez que chacun est coupable d’être en vie quand la mort a frappé. pour vous qui survivez, pour moi qui vous regarde survivre, pour eux qui tentent vainement d’envisager le pire. et il ne répond toujours pas à cette question qui pourtant est la seule qui revêt de l’importance. il attend le loup, il attend encore que l’enfant dévoile son cou, pour mieux s’y abreuver sans doute. peut-être vous-a-t-il épargnée pour une raison qui vous échappe encore. un constat si simple et pourtant si abyssal qu’il le balance ainsi, sans se soucier vraiment de ce que cela pourrait révéler de lui. il soupire, iskandar, et se détourne un peu pour regarder en direction du salon où la vie semble être devenue une maladie opportune qui cavale sur la chair de la grande maison. je suis venu jusqu’ici car nous avons reçu un message. un esprit un peu trop intelligent pour que l’on ne s’en méfie pas, et qui se joue de nous, dans l’anonymat. la presse le surnommera l’étrangleur dès que la Une des journaux demain sera parue. et on vous associera à lui, pour ce deuil qui vous frappe. voilà pourquoi je suis ici. pour vous y préparer et aussi pour vous dire que je ferai de mon mieux pour vous protéger de cette vague qui viendra se heurter jusqu’à votre retraite. ses paupières dessinent une expression presque tendre avant qu’il ne dise plus bas. si vous acceptez mon aide, bien entendu.
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Message Sujet: Re: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Mar 9 Mar - 9:11

Féérie
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    L'ire traduit dans ses prunelles d'enfant l'impuissance de l'être ; les bras croisés sur sa frêle poitrine, Orphée a froncé les sourcils comme une petite fille en manque. D'affection et de tendresse. Devant l'adulte elle ne sait plus maîtriser sa puérilité, mais tout à fait lucide, elle se juge en dedans. Cet homme près d'elle a la carrure d'un père qu'elle refuse. Plus âgé, porteur de maturité mais surtout d’autorité – mot haï, mot honni – elle a le désir de s’affirmer.  « Vous dites vraiment n'importe quoi. » rétorque-t-elle sans ambage. On ne lui a que trop reproché son manque de diplomatie, ce tact n'ayant de prise que chez les autres, jamais chez elle. Elle ne compromet jamais ses convictions, ne se détourne jamais de son idéal. Alors les lèvres se mordent avant que la gorge de lait ne grésille ce début de défense contre l'impitoyable cruauté de ce loup.  « Vous feriez mieux de vivre, monsieur. Parce qu'il me semble que vous en avez besoin. Vous êtes pétri de cynisme. » s'exclame-t-elle calmement, c'est la confiance surgit de ses intimes qui l'enserre et l'entraîne vers l'énervement. Si la vie avait du sens alors les suicides n'existeraient pas.  « Pourquoi y a-t-il tant de gens qui n'arrivent pas à vivre ? Parce que l'existence revêt sa part de barbarie dont certains ne s'en sortent pas. Vivre demande du courage, un sacré. » et de poursuivre puisque la jeune fleur se laisse posséder par l'énergie de la justice, restaurer la vérité, sa vérité.  « Je vis parce que je me dis qu’il y a encore des choses à découvrir, à goûter. Il y a des choses dont je puisse encore m’émerveiller, même si, en ce moment, je vais très mal. » Sans pudeur, l’enfant se livre. Elle ne possède pas cette peur commune qui consiste à se murer dans le silence. Assise sur le bord de l’évier, elle sent encore la présence du corps de l’autre qui l’a éveillé un instant, quand il a posé sa tasse sans la frôler. Lui, s’imagine-t-elle, domine son monde comme un marionnettiste. Et quand il est au lit… L’enfance s’empare parfois des images crues, les fabrique dans l’imaginaire qui se teinte d’ébènes et de noirceurs fascinantes, l’on ne peut en retirer le regard. D’ailleurs, Orphée avale les pupilles de cet homme fantastique au visage fait d’angles et de charisme, à la voix sirupeuse, exquise. Monsieur vous avez cette compassion qui se meurt dans vos yeux, vous semblez me connaître comme je me connaîtrais jamais. Elle secoue la tête pour se défaire de la lueur effrayante mais excitante qui voltige dans son expression. Iskandar, c’est comme cela qu’il se nomme. Prénom original à la sonorité exotique, Iskandar répète-t-elle, savourant les phonèmes et tissant les lettres. Comme secouer la tête ne la libère pas de l’attraction qu’il exerce, elle s’éloigne encore, jusqu’au canapé où son chat ronronne, allongé tel un sultan sur le cuir. Elle le dépose sur ses genoux recouvert du tissu doucereux d’un pyjama de lin.

Les hypothèses surgissent rapidement, chacune élaborent un sentier pour créer de nouvelles raisons ; quand elle se met à la place de l’assassin Orphée hésite entre la pitié et l’incompréhension, l’empathie et l’intolérance. On ne pardonne pas des meurtres, on les rejette loin de soi. Néanmoins, l’enfant ressent, elle puise dans les profondeurs des valeurs inconnues aux typiques, ces pulsions qui condamnent une âme à la folie de retirer la vie de l’autre. Elle ne fera pas de grands discours aujourd’hui, provoquera plutôt puisque la fillette se sent d’humeur capricieuse.  « Il attend le moment propice pour entrer dans ma chambre la nuit et me tuer en m’étranglant. Et peut-être me violera-t-il avant parce qu’il aime voir les filles pleurer. C’est un sadique. » Un haussement d’épaule ponctue la bravade, ce qu’elle a dit se teinte d’euphémisme. Si le meurtrier attend trop longtemps alors il lui réserve pire. Les dernières paroles achèvent le courroux, Orphée respire la chevelure de son chaton, recouvre son visage des ronrons thérapeutiques, l’animal apaise le coeur qui bat follement et menace d’éclater, la panique grandit quand elle se remémore les tags sur sa porte, les gens se permettant de la harceler en lui criant qu’elle est un danger car ils ont vu dans les films que le survivant était toujours le coupable.  « Ça n’aura jamais de fin. » chuchote-elle, assez fort pour que son invité entende cependant. Elle doute de l’aide qu’il pourrait lui apporter, à moins de l’enfermer dans une maison isolée, un chalet perdu dans les sommets des hautes montagnes, seule pour seule, jusqu’au bout de l’idée de cette solitude exécrée.  « Vous n’êtes qu’un humain tout aussi impuissant que moi. » La lassitude s’entend dans la voix de cristal, un murmure construit des briques de tristesse, des morceaux de résignation.  « Vous voulez me protégez, mais je suis pas sûre que vous le pouvez. Même si vous faîte parti de la milice des profilers qui sauvent les futures victimes de psychopathes. Je vais l’attendre sagement et il viendra pour moi. » Elle continue son chemin de défi, ne pense pas ce qu’elle dit, pousse à bout afin de voir la réaction de son interlocuteur, parfois cela la rassure de tester, et de trouver en eux des fragments d’harmonie, elle partage sa tristesse, souhaiterait qu’Iskandar ressente la même, qu’elle subit chaque matin au réveil et chaque soir au sommeil.  « C’est pas grave, j’ai l’habitude. » Et ces quelques mots sont vrais ; Orphée s’est construite dans l’affrontement quotidien des mauvais maux et les railleries, elle s’est destituée du monde afin de s’en créer un, pour elle, un unique, pour elle, dans lequel elle se sentirait bien.

@Iskandar Wilde

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Message Sujet: Re: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Mer 17 Mar - 21:26


féérie
@orphée lessing

dans la sobriété de l’instant, l’indocilité emprunte des voies qui fraient jusqu’à lui des sensations imprécises et changeantes. il n’est pas contrarié, il lui faudrait pour cela sortir de la gangue où l’emporte bien souvent son nihilisme atone, une sorte de parage à des sentiments si profonds qu’il se voit incapable de les extirper. du corps ou de l’esprit où ils s’enfoncent, et creusent des galeries qui rejoignent la terre, son odeur d’humus et les chants des frondaisons, comme des caresses indicibles. iskandar affronte le regard de l’enfant, et se plaît à répliquer doucement, en opposition au ton qu’elle emploie. le calme d’une sagesse factice face à l’effronterie d’une jeunesse qui ne saurait plus chanter. elle grogne, elle éructe, elle préfère s’insurger plutôt que de ployer. mais elle finira par le faire, enfant implacable l’on devient adulte désabusé, les rêves d’hier se substituent au éclats brisés d’un idéal. fragments, perles grisâtres emportés par l’onde. il est l’onde, iskandar, et il emportera orphée sur l’horizon imparfait de ses outrages, pour les lui murmurer, lorsque leur nuit sera tombée. le cynisme permet bien souvent d’y voir très clair, vous savez. mais aussitôt sa diatribe s’élance et devient mélopée, il l’écoute le flic, il l’écoute comme seuls les taiseux savent écouter, ceux qui analysent et dissèquent, tapis dans l’ombre, regard prédateur où se mordorent bien des idées qu’il ne délivrera sans doute jamais. si seulement il le pouvait en vérité. si seulement. cela demande bien au contraire beaucoup d’insouciance. le terme est grave, d’une fragilité certaine, comme s’il mesurait ce qu’un jour le temps lui avait arraché. à moins qu’il en soit né profondément dépourvu. cependant, son regard change, étrange, lorsqu’elle affirme aller mal, et continuer à vivre malgré cela. malgré tout, malgré lui et ses mauvais sermons, et tout ce qu’au dehors la cruauté désosse et décharne. découvrir, toujours. l’émerveillement, de surcroît, j’ose dire. vous vivez parce qu’il le faut, malgré la douleur. et vous espérez bien sûr. cela aussi. murmure un peu dédaigneux qui clôt la phrase, dans une délicatesse exquise, il sourit après cela. il lui sourit, à cette espérance endeuillée, qu’il a lui même revêtue de noir. il espère en vérité lui aussi quelque part, qu’elle attend bien des éternités, à parcourir encore. à ses côtés. à ses côtés, pourquoi se demande-t-il encore, sans trouver de réponse que ce qui s’épanouit à l’instant même dans son regard, un peu moins mort et un peu moins froid. cette douleur que vous ressentez, elle est d’une justesse qui j’espère vous aidera un jour. voilà l’espoir, voilà l’aube de ce qu’il lui offrira, de ce qu’il lui a déjà donné en vérité.

il s’approche, il avance, il la rejoint, la frôle à peine et pourtant conçoit la certitude d’aspirer à le faire. cela évoque des éclosions violentes, qui se peignent de rouge sang. elle est pâle et tremblante, images miroirs qu’il appose sur elle, tandis qu’elle le regarde, dévoie les idées vers d’autres abysses à visiter. toujours ensemble et côte à côte. je pourrais te chanter l’aube d’un monde, fait de rouge vibrant, où tes espoirs fleuriraient sur les tombeaux anciens. tu y courrais comme le lierre, et parfois je t’en arracherais, rien que pour te faire courir sur ma peau glacée. il a un frisson, unique, note d’éternité qui corrompt tous les nerfs et dessine une envie qui dévale son visage, une seule seconde. entièrement tournée sur l’enfance à chérir et à dérober. le chat devient parure, sur le pyjama blanc, soierie de petite fille, coton et fourrure. il aime l’image et la laisse dégénérer dans son esprit indocile. surgit alors un rire, profond, tout comme sa voix, parce que les imaginaires d’orphée l’emportent sur des pistes où l’assassin serait à traquer, quand il se voit déjà enfermé dans une prison de chair. sadique. hmm. peut-être. mais vous y avez abondamment songé je vois. pourquoi croyez-vous qu’il aime imaginer les filles pleurer, dites-moi ? un intérêt véritable, à la fois pour le crime commis et parce que les mécaniques des esprits criminels sont celles qu’il aime à comprendre, jusqu’à se les approprier. il la rejoint, et puis, il s’accroupit auprès d’elle, comme pour apprivoiser l’animal qu’elle tient. bientôt sa main longue et osseuse se glisse dans le pelage pour quérir la douceur qu’elle abuse. et ses doigts frôlent les siens. il s’arrête, abandonne le geste mais ne le retire pas, il reste en contact avec elle, et il lui dit très doucement. non orphée, ça n’aura jamais de fin pour vous. mais vous pouvez décider de sa teneur, de ce que vous ferez de tout ce que l’on vous a pris. et de tout ce qu’il reste. et son regard s’enfonce, sur les territoires que ses iris abritent. et cherchent à lui dérober. je n’ai que le pouvoir qu’ont les hommes. celui de protéger et de détruire. alors laissez-moi rester. rester le temps qu’il faudra. et son index caresse le dos de sa main, avec patience et avec une sorte de vénération qu’il alanguit en un souffle tremblant. et il lui répète : on pourrait l’attendre ensemble, qu’en dites-vous ? et imaginer un monde où je ne serai pas celui qui te prit ce qui fut pour toi, le dernier garde-fou. et s’allonger un peu sur l’onde si lascive d’une éternité de ténèbres, où tu fleuriras femme, comme tu le dois, à mes côtés pour un toujours qui saura te mentir. et faire du mensonge, un habit doucereux, à toute ma solitude.
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Message Sujet: Re: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Dim 21 Mar - 18:08

Féérie
Orphée & Iskandar

    La tempête de sa mémoire a renversé la rationalité et l’éloignement des affects pour causer l’agressivité : Orphée est repliée sur elle-même, le menton sur ses genoux bien serrés contre sa poitrine, son regard semble perdu dans l’immensité de sa forêt inconsciente. Elle ne cherche pas à rejeter les terreurs qui l’habitent, à les projeter sur son compagnon d’infortune, elle se meurt dedans et traversera le Styx afin d’y revenir vivante. Elle se souvient des phrases qu’elle a retenu, touchée au vif par la clairvoyance de Marie-Louise Von Franz alors, très souvent, ces pensées noires qui étaient prisonnières des profondeurs de l’âme apportent le pain dont on a besoin. En criaillant un peu, en révélant ses craintes, en provoquant doucement, Orphée semble revenir d’entre les cadavres qui se réveillent parfois de sa boite de Pandore. La douleur se tasse au fond du coeur quand elle sent les doigts bienveillants d’Iskandar Wilde sur les siens à travers la fourrure de son chaton qui ronronne, s’ébroue et s’en va trouver une place plus confortable. Il aura certainement senti que sa main a serré Hadès, ce roi démuni et solitaire, le roi infernal sous sa froideur opaque mais l’enfant Orphée ne pressent que la bonté qu’il lui donne et, gourmande comme une enfant en quête d’attention, en quête d’amour, épouse ce geste. Elle serre, serre sa main, s’accroche à elle fortement. Muettement elle demande certainement de l’aide, et les larmes comme un tsunami surgissent, les sanglots et les cris. On entend les détresses d’un bourgeon qui ne cesse de requérir une paix pour grandir, pour s’épanouir et ne le peut par les souvenirs qui enserrent, qui étouffent, qui meurtrissent. Devant les orbes de l’empereur charismatique, Orphée puise de l’apaisement, elle y voit ce qu’elle désire, ce qui lui manque ; cette posture de l’homme fort qui se vêt des attentions les plus charmantes, qui rassure de sa voix d’outre tombe, calme. Malgré le sens qu’il met dans ses paroles, il laisse une ouverture, affirme que l’on forge son destin. Elle se sent seule, si seule depuis la mort des repères qu’elle détestait mais qu’elle possédait tout de même. Ses parents avaient beau n’être jamais là, ne l’écoutaient pas, ne savaient pas faire, ils ne méritaient pas le cou tranché par une corde et son frère… Mais l’enfant n’ose y songer. Elle se perd dans les iris du loup, soudain, lâche sa main pour s’agripper à lui car la main ne suffit plus pour la ramener dans la réalité tangible.  « Je veux pas dormir seule chez moi. J’ai peur. Je suis terrorisée. » Les mots se saccadent, hachés dans le rythme de sa respiration effrénée, elle calcule les jours qui l’accompagnent inévitablement jusqu’à la mort, la gorge entremêlée du dernier sommeil, il viendra car elle a toujours rêvé de lui. Les meurtriers terminent leurs tâches, leurs obsessions les gouvernent, ils dessinent des sentiers macabres n’ayant peur de se soumettre à leur inconscient pandémoniaques. Eux, ont le courage de tuer quand elle n’a le courage de rien, juste de se cacher sous les couvertures et de trembler, paralysée par la passivité. La persona d’Orphée s’étiole, présente sa vérité construite de chagrin et de peine, d’effroi et d’éphémère. Fragile, en lambeau, elle a besoin de personnes autour d’elle. Qui ne viennent pas puisqu’elle ne les connaît pas, des chimères.  « Je sais pas me protéger, j’ai jamais su. A l’école on me raille et je ne sais pas quoi faire. Alors devant lui moi… moi je ne ferai rien que lui obéir parce que c’est comme ça qu’on survit. Et je ne veux pas mourir. Je le supplierai pour qu’il ne me tue pas, parce que je ne veux pas mourir. » Répète-t-elle, son âme droit dans les prunelles de l’ange masculin l’ayant prévenu de la suite. Un ange Gabriel porteur de destin blessure et de futur dramatique. Désemparée, totalement impuissante, les ravages de ses émotions creusent une crise de panique, Orphée n’arrive plus à respirer, la tête lui tourne. Par le regard qu’elle lui offre et qu’il lui donne, elle semble s’apaiser elle même. Après, elle a enfoui sa tête contre son torse, ses bras tout autour de lui comme si elle se maintenait sur la corde raide des néants, ses pieds ne pouvant la porter vers les cieux, mais vers le bas, là-bas. Une minute, une heure, elle confond les aiguilles qui se pourchassent, elles gravent l’instant dans la psyché, Orphée ne sait plus où elle est. L’unique contact qu’elle ait de la réalité paraît cet être à l’odeur de la fumée froide des cigarettes et son odeur plus personnelle lorsqu’elle se concentre sur les bruissements de son coeur, à lui.

@Iskandar Wilde

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vent d'est, vent d'ouest
Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: Féérie (Iskandar)   Féérie (Iskandar) Empty Dim 4 Avr - 18:23


féérie
@orphée lessing

l’aveu de sa peur éclot tout au creux de son coeur, c’est une floraison brutale où les effluves amères s’enchaînent à la fureur jadis oubliée. couchée sous les frondaisons orageuses, elle y était sans doute, l’enfant perdue, l’enfant paumée, dans l’immensité ténébreuse de ses songes enracinés à la terre. la terre s’ouvre désormais et les engloutit l’un et l’autre, ainsi enlacés, amants qui n’auront consommé que la mort de ces autres qui ne suffisent jamais. la voilà, l’enfant étreinte, l’enfant éteinte, il aimerait ne jamais la quitter, courir sur sa peau et s’y encrer, pour dessiner les songes qu’elle est si prête à lui confier. il ne laisse aucun mot franchir la barrière de ses lèvres qui aimeraient tant l’embrasser, dans le creux de son cou, où pulse la noblesse du sang ancien, celui qui dessine les rêves sans trêve. car malgré l’angoisse de la vie, et malgré la parure odieuse de la mort qu’il lui faut porter, elle rêve. elle rêve contre lui, elle rêve à celui qui viendra la sauver. et c’est lui iskandar qui le peut, car il l’a un jour condamnée. condamnée à lui et à la noirceur de ses pensées. tu ne mourras pas orphée. jamais je ne le permettrai. et il la serre, douce éplorée, contre la puissance de son unique et vile volonté. il la serre à l’étouffer pour ne pas laisser aller plus d’intime qu’il ne l’a déjà fait. les songes pourront devenir épopée, mais il faut attendre, il faut encore attendre. alors dans le regard qu’elle offre, il plonge et dérive, il perd le souffle, il apprend la ferveur d’un indécent amour, qu’il pressentait parfois rien qu’à saisir son ombre, épanchée à la nuit tombée. ce sont des mots qui furent entre eux, déjà secrets, pourtant tus. je t’ai raconté tant de fois ce que j’envisageais, et ce que serait la loi à laquelle tu obéirais. je te l’ai raconté, jusqu’à défaillir. il la regarde et frôle sa joue d’une caresse timide, presque pieuse et abandonne ses doigts à la soie une mèche de cheveux. c’est déjà trop pour le personnage qu’il voulait lui offrir. alors quand elle revient trouver refuge entre ses bras, il lui offre l’ombre et le silence. et ils restent là, enlacés et mutiques, sur la pierre des destins qui s’effrite lentement. il y a des oeuvres qui se tissent dans l’éternité promise. et elle en est le verbe, et le chant, qui tonne dans sa tête et résonne dans son souffle. elle est l’oubli et la fin de la solitude alanguie, sous la brume soyeuse des forêts d’antan, créature adorée et crainte, qui jamais ne meurt et qui toujours renaît, au fil acéré des saisons amantes. dans le creux de son oreille, il lui dit, une fois encore. tu ne mourras pas, je t’en fais la promesse. et j’en ferai ma loi. tu ne mourras pas, car tu es liée à moi. il demeure auprès d’elle, jusqu’à coucher son corps, près du chat qui relève la tête et regarde l’inconnu s’effacer au dehors. il demeure pourtant à l’intérieur. tout à côté d’orphée et de ses rêves allongés, arabesques qu’il caresse, en remontant l’allée. il en apprivoise les syllabes pour savoir les chanter. la mélodie lui reste. des heures. la nuit n’est plus qu’une mélopée, qui conte combien déjà il aimerait la retrouver.
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