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 concrete bed | Beanis #3

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Message Sujet: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Lun 15 Mar - 10:04


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Dans le taxi qui les a menés jusqu’à son appartement, le visage de Beatrice sur ses cuisses, le regard d’Adonis s’est égaré dans la ville endormie et ses doigts se sont perdus dans les cheveux châtains de Bee. C’est sans un mot qu’ils sont arrivés devant son appartement, sans un mot qu’il a ouvert la porte, sans un mot qu’il a déposé son amante sur le lit. Ses lèvres ont épousé chacune de ses formes, ses mains ont caressé le moindre centimètre de sa peau. Adonis a accordé à Beatrice une version de lui qu’il pensait pourtant disparue. Il a fait preuve d’une douceur et d’une tendresse qui ne l’avait jamais défini avant. Ses yeux dans les siens, dans chacun de ses soupirs respirait son amour inavoué, dans chacun de ses mouvements de reins se glissait une désir passionné, irraisonné. Sur ce matelas à même le sol, leurs deux âmes se sont mélangées pour n’en former plus qu’une. Adonis a aimé Beatrice en silence et avec délicatesse, comme il ne l’avait jamais encore fait. Et dans sa poitrine ont explosé de grands feux d’artifices, ont jailli des couleurs flamboyantes au milieu du noir. Sur ses lèvres il a goûté à l’infini, en elle il a trouvé un paradis. Et son plaisir il lui a donné, il lui a offert, et il n’a pas perdu une miette du sien, il l’a regardé grandir dans ses pupilles, il l’a accompagné avec précision, avec application, jusqu’à la voir éclore entre ses mains, jusqu’à voir l’éclair d’un plaisir fulgurant illuminer le ciel de ses yeux.


Son visage se perd une dernière fois dans son cou, y dépose un baiser tendre et délicat avant qu’Adonis ne se retourne et s’allonge sur le dos près d’elle. Il l’invite avec l’un de ses bras à venir se blottir contre lui, toujours pas décidé à instaurer à nouveau la distance qu’il devrait laisser entre eux. Ce soir elle est à lui, pour quelques heures, rien que pour une nuit. Quand sa tête se pose sur son torse il dépose sa main dans ses cheveux et ses doigts viennent à nouveau s’y glisser, comme s’ils venaient retrouver la place qu’ils ne doivent jamais quitter. Sa poitrine se soulève encore sous l’effet de profondes respirations, vestige de l’effort qu’il vient de lui dédier. Et si jusqu’à présent le silence les enveloppait, la voix d’Adonis vient à nouveau résonner dans l’air. « Reste avec moi cette nuit, tu veux bien? » Ne t’en vas pas tout de suite, ne disparais pas sur la pointe des pieds comme la dernière fois. J’ai besoin de te sentir encore un peu près de moi. « Tu sais que ça doit être la dernière fois, n’est-ce pas? » Sa voix est douce et calme. Il vient de tout lui donner, mais il compte tout lui reprendre. Car Adonis ne peut pas prendre le risque d'être celui qui éteindra sa flamme, il n’est pas capable d’être celui qu’elle demande, celui dont elle a besoin. Alors il profite de chacune des minutes, savoure chacune des secondes qui lui restent à passer dans cette intimité qu’il ne doit plus jamais lui accorder une fois le jour levé.


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Message Sujet: Re: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Mar 16 Mar - 14:35


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A la nuit tombée, ne m'abandonne pas.

Confusion totale des sentiments. Elle s'élève du haut de ses petits centimètres, se révèle en oubliant qu'on ne demande pas à être aimé... Et elle se laisse emporter par la folie qui les guette tous les deux. Dix ans. Dix ans que vous êtes faits l'un pour l'autre, que vos bras se guettent comme autant d'armes qui pourraient tirer sur la gâchette sans jamais y arriver. Dix ans que votre soif d'amour est étanche, vrombissante... Dix ans que vous voulez en arriver à cette nuit. Et dix ans que vous la tapissez dans l'oubli le plus total et obscur, persuadés que c'est vous qui en avez décidé ainsi. Mais Bea... regarde donc cet homme qui pose ses mains sur toi. Regarde-le bien. Regarde ses mains. Regarde son corps. Regarde le. Lui. Lui dans toute sa splendeur. Avais-tu vraiment eu pour but de ne pas voir cet animal dans toute son envergure? La nuit les englobe, les aspire dans son vortex infernal.

Lorsque les corps sont ainsi mélangés, lorsque les âmes se touchent sans se défier, c'est l'osmose la plus parfaite. Comme une feuille qui tremble sous une brise caressante mais proche de la faire tomber, Beatrice soupire son extase avant qu'Adonis ne la libère de son étreinte. C'est là. Là, elle le touche. Tout ce qu'elle a jamais rêvé d'atteindre avec un homme. Une complicité intime, un amour puissant, une compréhension sans limite. C'est là et pourtant, un seul coup de feu dans la rue, un coup de klaxon ou même le ronronnement d'un chat à l'étage en-dessous... tout suffirait à les séparer. Car ce genre d'équilibre est tellement instable. A l'image de ses protagonistes, l'équilibre vacille.

Se rapprochant de lui à sa demande, elle respire son parfum avec un hoquet douloureux. Car c'est toi que je sens, ton odeur, ton essence. Je te sens dans l'accomplissement des sens, dans l'épanouissement de notre magnificence. Elle hoche la tête, incapable de lui refuser ce geste qui n'est même plus une faveur à ce stade. Partir? Partir où? Partir pourquoi quand sa place est définitivement ici. Mais Adonis est déjà réveillé et l'idylle se brise lentement. « Chut. » Ne gâche pas tout en nous rappelant qui nous sommes. Elle pose sa main sur son torse, frôlant la peau avec une légèreté destinée à contrecarrer ce qu'il est en train d'esquisser pour eux. « Ado... » elle murmure. « Ne me laisse pas atterrir. Je préfère l'overdose à la réalité. » Je préfère mourir que de m'écraser en me réveillant et découvrant que tout ça n'était que l'effet de l'acide, un acide peu comique, un acide tragique que nos corps ont dans la démence de l'amour... partagé.

Fatalité.
Drame.
Inévitable issue.
Destinée.


« Ado? » Elle le cherche dans la nuit, dans les étoiles qui ne couvrent plus leur ciel. Sa main agrippe sa peau sans le vouloir. « Ado, dis-moi. Quand tu planes... ça te fait quoi? » C'est bizarre comme question mais elle sait qu'il saura. Car en ce moment, elle chasse leur réalité pour perpétuer leur moment de béatitude cosmique. En ce moment, elle vole haut, camée aux odeurs de son apollon.


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Message Sujet: Re: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Mar 16 Mar - 23:58


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Beatrice contre lui, ses lèvres sur sa peau, Adonis goutte à la saveur de son cœur. Il oublie tous les combats passés, tous ces affronts qu’ils ont tous les deux provoqués. Et tout prend soudain forme sous yeux, il la découvre telle qu’il ne l’a jamais vue, à la merci d’un amour qu’ils ne contrôlent plus. Dix ans qu’elle fait partie de sa vie, qu’elle y est rentrée contre son gré, contre sa volonté. Il ne voulait pas d’elle, elle était de trop, et il s’est appliqué à le lui dire, il a tout fait pour lui montrer. Mais ce soir, dans l’obscurité de son appartement, dans ce monde violent et turbulent, il ne voit plus qu’elle et ses yeux qui pétillent, il n’y a qu’elle et son cœur qui chavire.

Le long de ta langue j’ai trouvé le goût de l’oubli,
Au creux de tes reins j’ai consumé la nuit,
Tu es la reine des étoiles oubliées,
L’impératrice de mon cœur brisé.


Il souffle son effort dans la vallée de son cou et ses lèvres devinent une dernière fois sa peau. Bea maintenant dans le creux de ses bras, ils chérissent un souvenir qu’ils n’oublieront pas. Adonis n’a jamais aimé quelqu’un d’autre, quand Anthea est partie elle lui a volé son cœur et a piétiné sa vie. Et Beatrice l’a pris par surprise, elle est allée au plus profond de lui chercher les débris et cette nuit elle semble avoir trouvé la bonne manière de les assembler car le cœur d’Adonis est en train de battre à nouveau. Faiblement, difficilement, mais il est là. Une erreur, une folie. Elle demande à sa raison de se taire et Adonis l’écoute, car il veut profiter de ces quelques heures avant que la réalité ne les rattrape, avant qu’il n’ait à lui fermer la porte à nouveau. Il sait qu’il ne pourra pas se laisser l’aimer plus longtemps, qu’il ne doit pas prendre le risque qu’elle puisse elle aussi devenir victime de son cœur maladroit. Mais pour l’instant, il la veut contre lui. Il l’écoute lui demander un peu plus de temps et son silence lui dit oui. Il caresse la peau de son dos, dépose ses lèvres sur le sommet de son crâne, vénère le dernier instant de ce que demain ils ne seront plus.  

Fatigue d’un cœur abîmé,
Douceur d’un geste inachevé,
Demain tu t’envoleras,
Et moi, je ne te retiendrai pas.


Puis elle s’agite, se questionne, panique ? Aurait-elle peur de l’oubli qui s’annonce ? Ses petits doigts agrippent sa peau, et la main d’Adonis vient envelopper celle de Beatrice. Il se retourne pour lui faire face, son autre main venant se glisser sur sa joue. « Quand tu planes, t’oublies. Ça enlève le poids de la vie. Puis la réalité te revient en pleine face, t’écrase sans prévenir. Et c’est pour ça que tu recommences. Pour oublier. » Son visage posé près du sien, il fronce légèrement les sourcils en la regardant dans les yeux. « Pourquoi tu veux savoir ça Bee ? » Et il s’inquiète, car soudain il se rappelle d’elle sur le rebord du vide. « Prends pas le risque de devenir comme moi. » Il passe son bras autour d’elle pour rapprocher un peu plus son corps du sien. Il sent la fatigue s’abattre sur lui, mais il accroche ses yeux aux siens, décidé à rester près d’elle jusqu’au petit matin. « Je crois que je t’ai jamais dit comment j’ai commencé ces conneries. » Il dessine un léger sourire sur ses lèvres, amusé à l’apparition des souvenirs dans son esprit embrumé, prêt à lui partager une partie de sa vie.


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Message Sujet: Re: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Mer 17 Mar - 7:55


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Il ne sont que des enfants, des gamins de la vie, perdus dans le tourbillon d'une peine sans âme, sans fin. Ils ne sont que des marmots échoués sur les rives de sentiments qu'ils ne comprennent pas, maitrisent pas. Beatrice, ange sans limite et sans contrainte, volant d'un amant à l'autre sans se poser, sans rien déposer. Et Adonis, éphèbe aux moeurs si compliquées à appréhender, si délicates et fragiles qu'on peut à tout moment le froisser. Deux gamins, deux enfants oubliés dans la nuit... qui le temps d'un instant respire l'air frais du matin et s'imaginent que l'aurore les caressera peut-être demain.

Mais il n'y a pas d'aurore pour eux. Il n'y a pas de crépuscule, pas de soleil. Juste la nuit constante et ravissante qui leur vole l'étincelle de chaque étreinte, qui fait briller leurs corps telles des étoiles avant de les couvrir d'un voile de nuages. Et le voile s'approche. Adonis le repousse, demande à la libertine de ne pas déjà s'échapper. Et Bea coopère sans s'opposer. Elle restera le temps qu'il faudra... ou peut-être pas.

Mais si je reste... Dis-moi pourquoi.


Elle parle très fort sans énoncer aucun mot. Ce sont ses émotions qui parlent pour elle. Et le brun les ressent, les saisit, les fait tourner en lui avant d'y répondre avec un sourire doux qu'elle entend dans sa voix. « Parce que... » Elle ne finit pas sa phrase, elle ne finit rien, il capte les vibrations de l'air, les dangers de la liberté et de l'extase. C'est comme s'il plongeait dans son âme, capturant l'essence de ses pensées. Elle a vu le vide sous ses pieds, elle l'a contemplé et l'a même désiré. Si seulement tu savais toutes les fois où je l'ai envisagé. Ce soir n'était pas le premier. Elle sourit à son tour. « T'es mignon Ado mais qui te dis que je ne le suis pas déjà? » Un brin condescendante, elle se tourne vers lui et plonge ses yeux dilatés dans les pupilles de celui qui a fait froisser les draps pendant de longues minutes. La drogue vous rend parfois impotent, parfois plus endurant. Mais Bea ne l'a plus senti martyre des veines qui pulsent. Pendant leur ébat, il n'y avait que l'adrénaline des sentiments pour leur faire perdre la tête. L'adrénaline des sentiments. Voilà ce qui l'a poussé dans ces travers idiots, elle en est sûre. « Raconte-moi.  » Et là, dans le noir, elle se tapit contre lui, laissant ses yeux se balader sur le plafond éclairé par les lumières de la ville. Ils n'ont pas pris la peine de refermer quoique ce soit dans leur chemin, trop pressés de se consumer l'un l'autre. «  Raconte-moi qui elle était. » Sa voix se brise, jalouse un instant de ce fantôme qu'il n'a pas encore mentionné mais qu'elle sent vivant dans son bien-aimé. Elle, qui est sans chaîne, est en proie à une peur qu'elle ne comprend pas. Je veux savoir, savoir tout de toi. Et pourtant... je crains de découvrir que jamais tu ne m'aimeras comme tu l'as aimée elle. Elle, cette inconnue qui n'appartient qu'à toi, qui ne sera jamais moi, qui t'a volé... toi. Mon toi.


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Message Sujet: Re: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Mer 17 Mar - 9:18


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Perdus dans la volupté d’un instant, ils s’accrochent à ce qu’il reste d’eux avant que le vent du matin ne les sépare. Car ils ne peuvent exister que la nuit tombée, presque comme s’ils vivaient cachés. À l'abri du regard du soleil, à l'abri du regard de la vie. Adonis ne devrait pas se laisser aller à cette folie, pourtant il est à la lui demander de rester un peu plus longtemps contre lui. Faible, il ne parvient pas à mettre fin à ce moment de communion qui est bien trop agréable pour lui être réellement accordé. Et le temps d’un temps d’un instant il se demande, il commence à douter. Se pourrait-il qu’elle n’ait jamais été là ? Se pourrait-il qu’il s’agisse d’un tour que lui joue sa folie ? D’une punition pour lui avoir sourit ? Alors il passe ses doigts contre la peau de la jeune femme, il respire son parfum et se concentre sur sa voix. Il cherche la présence d’un défaut, un indice qui pourrait laisser comprendre que ce tableau-ci est un faux. Et c’est comme si elle l’entendait car elle s’agrippe à lui pour lui démontrer qu’il s’agit bien de la réalité, que leur amour n’est pas un fantôme du passé. Et il se demande s’il n’aurait pas préféré l'avoir halluciné, il commence à mesurer le danger de l’équilibre auquel ils ont goûté.

Elle lui pose des questions, et il ne comprend pas vraiment où elle veut en venir. Il décèle une mélancolie dans sa voix qui lui fait peur, car l’image d’elle au bord du vide ce ravive sur les notes de cette étrange interrogation. Il lui demande pourquoi elle veut savoir tout ça mais elle ne lui répond pas. Et ce silence lui déplait, alors il l’avertit, il lui demande ne de jamais devenir de comme lui. Vide et errant, abject et décevant. Elle insinue qu’il est peut-être déjà trop tard mais lui sait qu’elle a tort, même s’il elle ne semble pas vouloir y croire. « Parce qu’il existe encore une lumière en toi qui s’est éteinte il y a longtemps chez moi. » Il lui parle sincèrement, avec des mots qu’il ne choisit pas mais qu’il ressent. Elle le regarde et il la sent partir, même si elle ne bouge pas il la voit déjà s’éloigner sur les rivages de la mélancolie et de l’oubli. « Je devais avoir quatorze ans pas plus, on a trouvé les pilules en cherchant du fric dans les poches de ma mère. Y’avait pas de thunes alors je me suis dit que ça ferait l’affaire. Elle, elle voulait pas en prendre alors j’ai tout bouffé… » Il s’arrête un instant comprenant qu’il vient de la signifier à voix haute, elle, le fantôme de sa vie. Et la voix de Beatrice s’élève à nouveau, pose la question qu’il n’attendait pas. Et c’est son âme qui se brise un peu entre ses bras. Il se fige dans un silence, il se demande si prononcer son prénom pourrait enfin la faire apparaître. « Ne me demande pas ça. »  il se redresse, délogeant Beatrice d’entre ses bras au passage, animé par une douleur jamais passée qui recommencer à rugir. « Anthea est morte il y a très longtemps. »  Son prénom lui écorche le cœur sur son passage, et il vient résonner dans la pièce si fort que soudain Adonis n’entend plus rien. Il se penche pour attraper une bouteille près de lit et avale une grande gorgée pour lui faire passer l’envie de pleurer. « Tu ne me parles pas de tes fantômes, je ne vois pas pourquoi je devrais commencer à te parler des miens. »  Assis sur le lit, la bouteille encore entre les mains, son regard se perd dans le vide, abattu sous le poids d’une terrible réalité. Il a peut-être prononcé son prénom, mais elle n’est toujours pas là.


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Message Sujet: Re: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Mer 17 Mar - 14:28


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Je glisse sous ta peau, le temps d'un instant, d'un mouvement. Je rêve de cauchemars qui font mal dans la chair, qui font mal dans le noir. Mais je rêve de la lumière auprès de toi, tard, ce soir. Je rêve que tes mots se déposent dans nos airs et émerveillent nos célestes désirs. Je rêve, je rêve, je rêve. Car tout cela sera fini au petit matin, car tu m'éveilleras et il ne restera rien. Mais dis-moi que pendant quelques minutes encore, quelques heures peut-être, ce n'est pas juste nos corps... c'est nos êtres que l'on scelle ensemble. Alors vas-y Ado.

Vas-y.

Raconte-moi.


La lumière éteinte chez lui, elle ne rouspète pas car elle sait qu'il a raison. A quoi bon contredire ce qui est évident. Il est comme un fantôme aveugle qui déambule dans les couloirs d'un manoir hanté par des souvenirs trop sombres pour la vie, pour la survie. Et elle, elle déambule non loin, mais avec un sourire juvénile sur le coin de ses lèvres, prête à s'accrocher à la vie, à l'amour, comme un poète. L'histoire des pilules la fait sourire malgré le drame que cela raconte. Un gamin déjà tellement amoché qu'il volait les médicaments de sa mère en lieu et place d'argent. Mais l'esprit de la brune part ailleurs, il cherche autre chose que la mère. Elle ne sait pas Bea, elle ne sait pas qui elle cherche mais elle la sent présente, là, non loin d'eux. Alors, malgré qu'elle sent qu'elle devrait éviter encore et toujours cette ombre qui plane entre eux comme une menace sempiternelle, elle demande.

Parle-moi d'elle.
Parle-moi de toi.
Parle-moi de...


Anthéa. Voilà le prénom qui s'inscrit en elle comme une gravure sur une pierre morturaire. Anthéa. Prénom qui signe la tombe de leur relation. Elle le sent à la façon dont il souffle son nom. Morte. Un frisson la parcourt et elle souffre de comprendre qu'elle ne pourra jamais faire face à une morte.  « Je vois.  » Mais elle sait qu'elle ne voit rien, pas même la moitié de la frasque. Et Adonis qui lui renvoie au visage ses propres secrets comme justification de son silence. «  Mes fantômes n'apaiseront pas les tiens. » Ses yeux sont pétillants d'une lueur larmoyante. Elle le sent qui se défait d'elle alors qu'elle voulait se rapprocher. « Mes morts ne sont pas...  »  Sa voix se casse. Les larmes sont trop présentes. Si elle continue, elle ne pourra les retenir. Le souvenir de la madre ressurgit et le parebrise qui éclate lui saute aux yeux avec la même violence que des années plus tôt. Morte. Son grand amour à elle, est morte elle aussi. « Je devrais partir.  » souffle-t-elle en préférant fuir que d'affronter cette douleur pendant si longtemps refoulée. Mais elle ne bouge pas, paralysée par une douleur lancinante. Une douleur qui sévit, là, en elle, bloquant tout, détruisant tout.


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Message Sujet: Re: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Mer 17 Mar - 23:29


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Au milieu de la nuit, loin de la lumière et de la vie, j’ai vu dans tes yeux un monde aux milles merveilles, j’ai découvert sur tes lèvres un univers qui n’a plus besoin de soleil. Et pourtant l’air froid de la réalité est à nouveau en train de souffler. Il se glisse entre nous, il se faufile dans les brèches qui nous habitent. Et je le déteste car je sais que ce vent te fera t’envoler loin de moi, parce qu’il sera capable de me rappeler ce que je suis moi. Alors je m’estime chanceux du peu que nous avons eu et me résigne face à la vie qui nous rattrape, m’incline sous l’emprise de notre destin.

Elle lui parle et lui demande la couleur de l’artificiel, le goût du mensonge. Beatrice sait qu’il connaît les paradis où la lumière est synthèse et le bonheur acide. Il est tombé dedans à l'aube de son adolescence et son cerveau a fini de se développer dans la brume de la défonce. Toujours dans l’excès, jamais dans la retenue, Adonis est le genre de d’homme qui ne connait que les limites qu’il dépasse. Et la drogue aujourd’hui fait partie de lui, tellement, qu’il a besoin de constamment augmenter la dose pour continuer à la sentir exploser en lui. Il regarde Beatrice et il admire sa capacité à embrasser la vie au milieu du chaos quand lui se contente de couler lentement vers le fond. Et elle ne le contredit pas quand il exprime ce constat, car elle sait aussi bien que lui qu’il a perdu le goût de vivre quand elle l'a retrouvé.

Au milieu des draps encore froissés de leur union, Adonis se laisse aller à une confession sur cette enfance dont il ne parle qu’à demi-mots. Il lui laisse apercevoir l’origine d’un mal qu’il n’explique pas, dont il ne décrit pas le paysage violent et terrifiant. Car il n’aura jamais les mots pour en parler, car il n’est même pas vraiment capable de s'avouer tout ce qu'il s’est passé entre les quatre murs de l'appartement miteux où il a grandi. Et sans prévenir, sans crier gare, elle se glisse entre ses lèvres ; il prononce son prénom et son cœur s’arrête à nouveau.

Non, tu ne vois pas Bea et tu ne verras jamais. Tu ne verras jamais à quel point elle était belle, tu n’entendras jamais le chant de son rire, tu ne verras jamais comme on a pu être heureux, malgré tout. Non. Tu ne verras jamais comment son regard s’est éteint, tu ne verras jamais comment elle est morte entre mes mains.

Le whisky lui brûle les muqueuses mais n’emporte pas la douleur sur son passage. L’espace d’un court instant Adonis a cru qu’Anthea allait apparaître, qu’il allait sentir son regard de poser sur lui. Pourtant, tout ce qu’il voit c’est la même obscurité dans un appartement qui n’a jamais connu sa sœur. Il renvoie la vérité à Beatrice, un fait qu’elle connait mais qu’elle a pourtant tendance à oublier. Elle persiste à lui demander de tout de lui dire, elle s’acharne à vouloir le faire s’ouvrir quand elle n’est pas capable de lui parler, quand elle demeure cachée. « Et toi, tu ne dois jamais rencontrer les miens. »   Car ils sont capables du pire, et ce pire ne concerne que moi, ils ne doivent jamais pouvoir s’approcher de toi.  Il ne la voit pas pourtant il devine la douleur dans sa voix, il entend les larmes qui se glissent dans sa gorge, qui empêchent les mots de continuer leur chemin. « Ne sont pas quoi  ? » Toujours assis, la bouteille entre les mains, il attend qu’elle lui réponde, il veut l’entendre lui dire ces quelques mots. Mais elle se dérobe et lui dit qu’elle devrait partir. Il se retourne alors, et l’observe un instant pensant la voir s’envoler. Pourtant elle reste figer-là, et la douleur qui l’agite attire Adonis un peu plus près d’elle. Il s’approche à nouveau, glisse sa main dans son cou et lui murmure « donne-moi ta douleur Bee. Je peux la porter pour toi. » Il le ferait pour elle, il en serait capable si elle le lui demandait. Il donnerait tout pour que sa douleur s’envole et qu’il ne reste plus rien d’autre que son sourire. « Elle t’aurait beaucoup aimée, c’est sûr. » Un léger sourire se dessine sur ses lèvres et vient contredire son regard triste. Il en est certain, Anthea aurait adoré Beatrice. Et l'oiseau de nuit l’aurait sûrement aimé en retour, peut-être même plus qu’elle ne l’aimerait lui.


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Message Sujet: Re: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Ven 19 Mar - 18:17


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Je te donnerais tout si je le pouvais. Mais je n'ai plus rien.
Je te donnerais le bon, même le mauvais.
Mais ça ne serait pas bien.  


Couchés dans ce lit, leurs corps se sont réunis pour ensuite laisser les souvenirs du passé les déchirer. Adonis n'est pas l'homme qu'on imagine en le voyant. Tellement fort de son charisme, tellement séduisant, l'apollon semble fait pour écarter des cuisses et rire aux éclats avec une vieille clope dans le bec. C'est cette apparence à la french qui a séduit Bea. Dès le début, alors qu'elle haïssait chaque pore de l'étalon, elle en désirait aussi tous les recoins. Car il est de ceux qui charment sans parler, qui charment dans le silence des profondeurs. Et tes profondeurs, je les ai guettées autant que je les ai redoutées. J'aurais voulu te tuer mais mon âme me suppliait de t'en donner plus, encore, toujours. Et là, alors que leurs âmes se dévêtissent à tour de rôle, ils savent qu'ils salissent l'accord tacite qui les a toujours unis. Bea prenait ses affaires en plein milieu de nuit et partait sans jamais demander plus. Bea savait que leur histoire n'était qu'une histoire parmi d'autres, une relation qui avait ses hauts et ses bas mais surtout sa constance. Et cela lui suffisait. Car Adonis était Adonis et elle ne cherchait pas à le contrôler ou à le posséder.

Bee, comme une abeille. Tu butines, tu voles.
Libre. Toujours...


Mais l'abeille semble sur le point de piquer son dard, semble sur le point de se vider de son venin et de sa vie dans les draps de satin de son acolyte. Elle a demandé, elle a posé sa voix là où elle ne devait pas. Le froid l'a ensevelie soudain. Car Adonis ne parle pas d'une de ses catins. Il parle d'elle. Elle, cette silhouette incertaine que Beatrice a déjà croisée dans les rêves agités du brun. Elle, cette femme qu'elle n'a pas pu rencontrer mais qu'elle redoutait d'un jour croiser. Mais elle est morte. Et elle ne sait si cette information la soulage ou la détruit un peu plus.

« Peut-être que nos morts se côtoient. » dit-elle en souriant. Elle imagine sa ravissante mère qui étreint la fiancée inconnue d'Adonis. Elle n'aime pas ça. Parce qu'elle commence à éprouver un sentiment qui lui était totalement étranger. La jalousie. Mais ce n'est pas une jalousie possessive, non. C'est la douleur de se savoir une rivale contre qui elle ne pourra jamais se battre. Car la mort sublime vos défauts, met en beauté vos traits, vous rend juste parfaits.

Elle secoue la tête, incapable de finir sa phrase, incapable même de savoir ce qu'elle voulait dire. Car lorsque la peine étreint votre gosier, elle paralyse votre tête. Infernale, insensible, la douleur la maîtrise. Bea veut partir. Il est si loin d'elle, trop loin. Mais Adonis a fait tomber une barrière ce soir. Il se rapproche d'elle et insiste pour qu'elle parle, pour qu'elle reste. « Je ne parle jamais d'elle. » répond-elle enfin. Parce que parler de sa mère revient à évoquer ce qu'il s'est passé. Parce qu'elle ne veut pas souiller la mémoire de celle qu'elle a tant aimée. Parce que les gens ne comprennent pas et qu'elle doit alors mentir. Et parce que mentir, cela fait atrocement mal, un mal de chien. « Tu crois? » Qui était cette femme qui m'aurait aimée alors que nous convoitons toutes les deux ton coeur? Beatrice se blottit contre lui, ravie qu'il ait abandonné la bouteille de whisky pour venir la chercher. Elle se colle au corps dénudé et respire son odeur, inspire ce futur souvenir olfactif. « Je n'ose pas te parler de ma mère et je te demande de parler de ton ex. Je suis terriblement hypocrite, j'en suis désolée. » Sa voix est triste, elle ne ressemble à rien, juste à un murmure pénible qui s'étire dans les airs. Mais de ses mains, elle s'agrippe à lui comme un animal sans défense... une image qui lui correspond si peu habituellement et qui pourtant est tout ce qu'elle est... intérieurement.


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Message Sujet: Re: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Lun 22 Mar - 22:17


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w/@beatrice vaughan



Dix ans de silence et de détours, dix ans passés à contourner les chemins qui les conduiraient jusqu'à ce moment précis. Dans l’abandon d’un amour qui ne peut avoir de lendemain, il lui a donné la clé d’un cœur qu’il pensait pourtant perdue à tout jamais. Gamine trouvée au coin d’une rue, pleine d’ambition et de secrets, elle s’est glissée dans sa vie sans en avoir l’autorisation. Il se souvient encore de la première fois où Monet lui a parlé de Beatrice : « tu verras, elle t’éblouira. » Connerie. Et comme souvent Adonis s’est trompé. Dès la première seconde elle a attrapé son regard, elle a pris son attention en otage. Et il avait beau la haïr, la détester si fort qu’il ne pouvait s’adresser à elle qu’au travers de l’agression et du défi, dès la première minute il l’a désirée. Bien trop fier pour l’accepter, les années ont dû passer pour qu’il parvienne à comprendre que sa colère n'était attisée que par sa terrible envie d’elle. Tentation d’un homme qui n’a plus le droit d’aimer, Beatrice est devenue le synonyme de l'interdit plus que celui du conflit. Petit oiseau apparu au milieu de la nuit, du champ de bataille elle s’est glissée jusque dans son lit. Un accident qui pourtant est devenu une habitude, sans qu’ils n’oublient chacun leur liberté ; tout en veillant à ce qu’ils ne deviennent jamais vrais.

Pourtant ce soir, entre le ciel assombri par la nuit et les draps enivrés de leurs soupirs, ils deviennent réalité. Des mots aux sonorités passées, aux couleurs effacées percutent le palais d'Adonis et lui glissent sur la langue, jusqu’à ce que son prénom éclose soudainement au milieu du silence, jusqu’à ce qu’elle éclate entre ses lèvres. L’incantation maintenant prononcée tout redevient réel, tout redevient vrai. Adonis se perd dans la douleur, il s’égare, appelé par l’écho de cette souffrance qui se n’éteindra jamais. Le noir s’agite à nouveau dans ses yeux et il entend l’appel du vide gronder en lui. Pauvre âme abandonnée par sa moitié, coupable de sa destinée, Adonis pleure sans qu’une seule larme ne coule sur ses joues en inondant sa souffrance criarde sous un whisky sans glaçons.

À la lumière de mon passé,
Dans l’ombre de ce que j’ai un jour été,
Tu me découvres tel que je suis,
Tu m’aperçois au milieu des débris.


Elle parle de fantômes, mais lui veut la préserver des siens. Il veut l'éloigner des ombres infâmes qui lui rendent visite la nuit tombée ; visages ancrés dans l’horreur d’une enfance volée, dessinés dans les souvenirs d’une enfance ravagée. Et à mesure qu’il se rappelle des coups, qu’il se rappelle du regard de sa sœur qui sort de la chambre de son père, les yeux bouffés par les larmes et les lèvres retroussées par la honte, Adonis s’efface encore un peu. Puis il entend sa voix, faiblarde, presque éteinte. Je devrais partir. Sa souffrance à elle devient alors bien plus insupportable que la sienne, et entendre l’éclat dans sa voix s’éteindre lui serait fatal. Alors, Adonis s’approche, enjambe une à une les barrières qu’ils ont tous les deux construit en leur âme et conscience. Il lui propose d’être celui qui portera sa peine, qui absorbera son obscurité pour la laisser briller plus fort et plus longtemps. « Je ne parle plus d’elle depuis qu’elle est partie. »

Pourtant, ce soir je te la présente. Et je l’imagine assise à tes côtés à t’écouter parler, à caresser tes cheveux pour apaiser ta peine comme elle me le faisait toujours. Anthea, douceur dans la nuit, soleil de ma vie. Tu partages son plus beau don Bea, celui d’éclairer l’obscurité.

« Je suis capable d’entendre le pire sans poser de questions. Le pire c’est de là que je viens Bee, et le silence est ma seule sagesse. » Ce soir, à cet instant précis il ne supportera pas de la voir s’envoler alors il lui propose de rompre le pacte tacite qu’ils avaient conclu, il lui propose de ne plus vivre cachée. Et c’est presque comme s’il entendait Anthea lui murmurer de prendre soin d’elle alors qu’elle ne peut pas le faire, c’est comme s’il pouvait lire dans ses souvenirs une amitié qu’elles ne connaîtront pourtant jamais. « C’est certain, elle me bassinerait avec ton prénom toute la journée. » Comme elle le faisait avec toutes les choses qui lui plaisaient, avec tout ce qu’elle aimait. Et sans qu'il ne s'y attende Bea, femme forte et libre, se blottit contre lui à la manière d’une enfant. Cette fragilité qu’elle lui avoue dans ce geste presque incontrôlé fait trembler le cœur d’Adonis en même temps qu’elle lui donne envie de la protéger du reste du monde. Il l’enveloppe dans ses bras, dépose ses lèvres sur le sommet de son crâne en emprisonnant son visage contre son torse dénudé. Ses narines aspirent le parfum qui émane de ses cheveux fins alors qu’elle lui annonce les prémices de ce passé douloureux, et qu’elle se trompe sur le sien. « Arrête de dire des conneries. » Il la détache de lui pour pouvoir planter ses pupilles tristes dans les siennes. « Tu parles sans même t’en rendre compte. Je suis désolé qu’elle t’ait fait si mal. » Il passe son pouce le long de ses lèvres comme pour y essuyer les restes d'une douleur dont il veut la délivrer. « Mais tu te trompes, Anthea n’est pas mon ex. » Il se penche sur le lit pour atteindre la pile de livres qui trône près du matelas et récupère celui qui est le plus près du sol. Il feuillette À la recherche du temps perdu sans se soucier des mots, à la quête d’un des rares vestiges de son passé. Il en sort un bout de papier qu’il tend alors à Beatrice. Il s’agit d’une photo de lui et sa sœur prise quelques semaines seulement avant la mort d’Anthea. Ils y apparaissent heureux, elle assise sur ses genoux avec ses longues boucles noirs lui caressant les joues. Et sur son visage a lui est dessiné un sourire éclatant qui n’a plus jamais été vu depuis qu'elle est partie. « Anthea était ma sœur jumelle. » Une conjugaison passive, douloureuse et fatale. « Garde-la un peu avec toi, elle mérite de prendre la lumière et moi je n’ai que l’obscurité à lui offrir... » lui dit-il en retirant ses doigts de papier glacé, la voix cassée, abattu par cette douleur qu’il est en train de lui avouer.


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Message Sujet: Re: concrete bed | Beanis #3   concrete bed | Beanis #3 Empty Mer 24 Mar - 16:21


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w/@adonis worall


Nos souffrances conjuguées.
Nos doléances imposées.
Hantises sur papier
Hypnotisent nos passés.


Elle ne le regarde pas quand il lui tourne le dos. Elle le regarde peu quand il lui fait face. Ils sont tous les deux plongés dans leurs maux, un peu comme un roman dont on connaît trop bien la préface. Ils savent que s'ils tournent la page, ils risquent de ne plus pouvoir faire machine arrière. Ils savent que rien de bon ne les attend une fois qu'on laisse tomber le rideau des tableaux de Vermeer. Ils savent... trop de choses pour leur âge. Ils savent mais ne veulent plus savoir. Beatrice regrette leur moment suspendu sur le toit de l'immeuble, elle regrette même la drogue dans les veines d'Ado. Elle voudrait s'abreuver à son sang, pour qu'il nourrisse sa beauté mais surtout qu'il lui fasse oublier leurs précédents.

Il ne parle plus d'elle depuis qu'elle est partie.
Et ne parle jamais de moi, même quand je suis là.
Dans l'ombre d'un fantôme sans répartie...
Je me tasse, me cache, et mal me déploie.


Elle souffre. Inlassablement. Elle souffre. De ce gouffre entre eux, de ces morts qui s'érigent tels des murs trop durs, trop insurmontables. Elle souffre de ce vide qui les habite sans qu'ils ne parviennent, aucun, à cacher que cet abysse les consume plus que cela n'est supportable. « Tu crois? » Sa voix est basse. Elle lutte pour ne pas être cynique. Il pense provenir du pire mais elle n'imagine pas. Elle ne se projette pas assez pour penser qu'il puisse comprendre ce qu'elle a traversé alors qu'elle était toujours une enfant. Elle crève de lui jeter au visage ses douleurs, juste pour qu'il retire ses mots, qu'il accepte qu'il se trompe. Mais le blocage demeure. Car si elle lui dit tout, même pour le blesser, c'est une autre qu'elle fera pâlir. C'est sa mère qu'elle fera haïr. Et sa mère... on ne touche pas à maman. Pensée innocente de l'enfant qui demeure attachée à ce fantôme qui a été sa seule famille de sang. Et aujourd'hui, dans les bras d'un frère choisi par une mère parfaite, elle hésite à rompre le pacte de l'hérédité pour se lier à jamais à un homme qui pourrait tout lui voler. Lui voler jusqu'aux souvenirs heureux qu'elle a avec cette maternelle suicidaire.

Car j'ai peur.
J'ai peur de te donner plus
Plus que ce que je n'ai.
Plus que tu ne peux garder.
J'ai peur de te donner et que dans ta rage...
Tu viennes un jour tout écraser.


Volatile, l'oiseau n'est pas non plus insensé. Elle sent son partenaire. Elle ressent son potentiel adversaire. « Pour toi ce sont peut-être des conneries... » mais pas pour moi. Sa voix est molle. Et malgré qu'elle lui en veut sans comprendre exactement pourquoi, elle se blottit, là contre lui, contre son âme, contre son épiderme chaud qu'elle aime encore.

Pas son ex. L'information tombe avec un temps de latence. Beatrice est surprise, choquée. Elle voudrait réagir mais elle est sous l'emprise d'une nouvelle paralysie. Adonis fouille sous le lit et déniche une photo. Capture d'une visage parfait, les traits de Worall sous un faciès angélique. Elle sourit, incapable de saisir la tragique vérité derrière cette image de l'enfer. Les doigts de Bea s'accrochent à la photo lentement tout comme ses yeux y sont parfaitement emprisonnés. Elle ne peut s'en défaire. Cette femme, cette fille, c'est lui. Lui dans une étrange forme, dans une solaire beauté. La tristesse s'empare du coeur de Bea tandis que des larmes perlent au coin de ses yeux. « Merci. » murmure-t-elle. Car elle ne peut que le remercier de s'être ouvert.

Sa soeur. C'est bien plus mortel qu'une ex. Bien plus douloureux. Alors elle se sent redevable mais elle galère à trouver sa voie. La respiration s'accélère pendant qu'elle décide de lui parler. Souffle saccadé, elle murmure « Un jour, le dernier jour de ma vie, l'essence même de ce que j'étais s'est évaporé. » Tu es tellement plus fort que moi. Je ne sais pas comment tu fais. Elle s'interrompt, peinant à continuer. Son regard se pose sur la photo qu'elle a déposée sur l'édredon et ses mains embrassent le corps d'Ado dans un geste désespéré pour le maintenir encore plus proche d'elle. « J'y arrive pas Ado.  » Criante confession, cri déchirant d'une femme qui ne parvient pas à lui dire ce qu'elle a vécu. Le traumatisme circule devant ses yeux, la voiture qui roule à toute allure, l'impact et le corps qu'elle voit quelques minutes plus tard tandis qu'ils parlent tous d'un miracle en se référant à elle. « Miracle. » souffle-t-elle absorbée dans l'imaginaire qui défile sous ses yeux. « Cela changerait quoi que tu saches au fond? » Elle le supplie des yeux, remontant son menton vers lui. Mais en vérité, elle a besoin de parler. C'est là qu'elle a mal. Parce qu'elle a besoin de trahir sa mère pour retrouver un peu de sa liberté à elle.



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