roar.

le talon impatient martèle le sol glacé de la solitude qui accompagne la divine, le coeur dur d'avoir déjà conscience que les pas de tripp ne le fouleront pas. parce qu'il est tard.
très tard.
trop tard.
elle déteste ça betsi, qu'on ne respecte pas ses règles. son absence, c'est le coup de trop dans le trône de la princesse, forcée de dégringoler de toute la hauteur de son ego et de retrouver la terre trop basse pour une si haute estime.
l’effervescence du queens enveloppe sa solitude de si près qu'elle en fait ressortir toute l'essence jusqu'à la rendre si oppressante qu'elle se décide finalement à quitter ce trottoir qui venait de voir naître la honte sous le rosé de ses joues - rouge colère.
le mouvement saccadé des pas rageurs ne l'empêche pas de sortir son téléphone dans l'intention d'incendier celui qui venait de raviver la femme-brasier.
t r i p p -
amant de pacotille.
quand la môme ne veut pourtant que ce qui brille, lui ne brille que par sa médiocrité. ce soir encore la preuve est donnée.
ce soir encore, elle lui en voudra à outrance.
mais ce soir encore, elle ira le chercher.
le cliquetis des ongles manucurés sur l'écran annonce la mélodie que nul aurait la naïveté de penser jolie.

from : betsi
to : tripp
- t'es qu'un putain de connard (9:23 pm)
- ouvre-moi dans 5 minutes (9:25 pm)
- ouvre-moi j'te dis.
je suis à la porte de chez toi (9:29 pm)

et elle a filé, plus rapide que jamais, portée par la colère fiévreuse qui n'avait eu de cesse de faire bouillir la moindre de ses cellules. et quand elle arrive enfin devant chez lui, le volcan est prêt à érupter.
pas le temps de prendre son inspiration.
pas le temps de réfléchir au discours à servir.
lorsque les points s'abattent contre la porte, elle scande son nom une dizaine de fois sans même penser un seul instant aux voisins - son égocentrisme ne le lui permet pas. et fort heureusement, pour eux comme pour elle, le jeune homme finit par ouvrir - enfin.
mais les salutations sont désormais à oublier.
« t'as intérêt à avoir une bonne excuse, tripp. »

aussitôt le pied mis hors de la salle de bain, la planification vient de prendre une autre envolée. trouver l’plus jeune le nez enfoncé dans tes saloperies, l’chasser à bout d’bras, nul-cul parce que la serviette est mal nouée. ça fait gueuler une des gamines qui venaient t’montrer un peu d’saleté sur une feuille de papier froissée. t’as essayé d’trouver mom, aucune pièce la dissimule; aucune porte barrée. il y a aucun adulte pour gérer la marmaille. y’en a jamais eu. ça geint qu’ça faim, ça veut un peu d’compagnie pour défoncer une horde de zombies, ça veut être plus grand qu’toi, touché l’plafond dans tes bras. t’as pris tant d’temps sous la douche ?
tu poses l’dernier bol de céréales sur la table; collation nocturne. puis tu grimpes à grande enjambées les marches lorsque t’entends ton frère ruminer qu’ton téléphone n’arrête pas de vibrer. pour une fois que t’es responsable, tu te claques un oubli entre les deux yeux. betsi. ô somptueuse betsi. tu r’sens la tempête à des milles. et elle est inévitable. peut-être que les murs vont l’encaisser sans trembler, cette fois-ci. et pour une fois que tu ne l’as pas laissé en plan par pur plaisir. t’es damné, c’est tout.
t’as pas le temps pour rien, pas même enfiler un pantalon propre alors que t’as préalablement cessé de perturber la famille en t’flanquant un caleçon. l’frère tente de plaquer quelques unes de tes mèches de cheveux en grimpant sur ton lit, mais c’est vain; les poings frappent et ton nom grince. c’est pas comme si tu pouvais l’impressionner de toute façon. betsi, pour qu’elle se trouve de l’autre côté de la porte; c’est qu’elle est déjà intéressée. ou elle a pas mieux à faire de ses soirées et ça, c’est triste.
c’est pas toi qui tourne la poignée, mais c’est ta carrure qui bloque l’entrée. du genre avant-bras appuyé, tête penchée, pas assez vêtu. t’oublies parfois qu’elle est petite la betsi, malgré ses grands airs. et toi, t’as l’sourire qui détend tous les traits de ton visage. - on accepte pas les colporteurs ici. les sourcils s’haussent sous la mauvaise blague. ça gigote derrière, la vermine intéressée. le haut d’un corps se faufilant entre tes jambes que tu retiens de justesse entre tes mollets. t’as l’index qui la désigne, l’analyse effrontée. - c’est qu’t’es pas mal. l’attente n’t’enlaidit pas d’un plis. pas trop mal aux talons ? t’es cinglant, sans raisonnement à lui donner. l’une des évidences se démène à s’extirper hors de ton emprise. - tu veux entrer ? l'invitation qui ne propose aucune logique. c'est que t'es peut-être pas prêt de la voir disparaître de dos, alors que tu commences à peine à t'délecter de face.

@betsi braxton