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(02.06.2023) STQ FÊTE SES 5 ANS HAPPY BDAY !

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Coban Sorrentino;

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Coban Sorrentino



jacob bixenman.
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Message Sujet: figures (max)   figures (max) Empty Jeu 11 Juin - 19:12

FIGURES

C’est une de ces soirées moites, sombres, un peu sinistres si l’on y pense de trop ; de ces soirées où t’alignes les cartes, tu passes, tu perds, et tu recommences à une autre table. Les yeux dans les yeux, le rictus aux lèvres parce que c’est comme ça que tu te plais : devant un tapis vert et des jetons entre les doigts. L’ambiance du casino elle, ne change pas, les lumières sont ténues, fausse intimité pour mettre tout le monde à son aise, peut-être pour éviter de voir qui vous fait les poches par derrière ? Façon de parler. À toi on te fait les poches en te regardant droit dans les yeux, et tu n’as pas d’autre choix que de rendre la monnaie.
C’est une soirée moite, donc, fièvre au front et un mal de tête qui grandit, les parties s’enchaînent et la nuit qui s’accélère. L’heure tu ne la connais pas et n’as pas vraiment envie de la connaître, tout ce que tu sais c’est que ta concentration s’étiole au fil des secondes — et de ça tu n’as pas besoin.
Tu quittes la table peut-être un peu promptement, on va te prendre pour un amateur qui a un gros héritage à dilapider dans la soirée ; et c’est pas nécessairement loin de la vérité, mis à part que ça n’est pas ton héritage, et que tu n’es pas à ta partie d’essai. Ce serait bête de laisser la nuit continuer ainsi, alors après avoir vidé un scotch au bar, tu choisis une autre table, trois autres paires d’yeux, un bonsoir vite craché, toi tu veux placer des cartes, et vite. Un coup d’œil à ton jeu ; de quoi remonter le niveau de la soirée ? — et levant le nez vers les joueurs, tu croises le regard d’une jeune femme blonde, et, c’est pas la première fois que tu la vois, ce soir. Un pur hasard ? Peut-être que tu as un sourire irrésistible, aussi, et sans trop le vouloir tu as un autre petit rictus à peine étouffé, en plus de lui adresser un léger hochement de tête — du genre, je t’ai vue, tu m’as vu, quand est-ce qu’on y met les mots ?
(c) élissan.

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chose, tu rôdes et moi je n'ose parler.
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Max Fyres;

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Max Fyres



jodie
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t'aimes pas vraiment qualifier les choses. tu aimes les laisser en suspend, au bord des lèvres, à quelques centimètres du gouffre. tu joues, tu virevoltes au gré de tes intérêts, de tes envies.
l'arnaque. l'tissu de mensonges qui s'écrase sur tes lippes. pour en avoir toujours plus. avarice insatiable.
près de ceux au compte en banque pillé. ces hautes sphères que les doigts ne font qu'effleurer. les happy few qu'ils diraient.
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Message Sujet: Re: figures (max)   figures (max) Empty Ven 12 Juin - 23:22

Figures - ft @Coban Sorrentino  figures (max) 3227196488

Si tu devais choisir de passer le restant de tes jours dans un seul lieu sur terre, tu dirais sûrement l’casino. Réponse probablement atypique, inattendue alors qu’tout le monde répondrait une de ces îles désertes où les plages s’étendent sur des kilomètres, ou ces villes qui ne dorment jamais mais qui offre multiples opportunités. Mais rien ne peut rivaliser contre le temple des pêchés. Là où toute notion de temps est occultée par celle de l’argent. Et l’espoir d’empocher ces billets verts rythme les pulsions cardiaques des âmes les plus avides. Le bruit du jackpot est fantasmé, bien plus que les plaisirs charnels de deux corps échaudés. T’as passé des heures à observer méticuleusement le péché capital. L’avarice. Ou certains l’appelleront capitalisme. Tu les juges du haut de ta tour. Comme si t’étais immunisée face à ce monde-là. Alors que t’es pareille qu’eux, max. La frontière est bien trop fine pour que tu te rendes comptes que tu l’as déjà franchie. À grandes enjambées, pour te retrouver sur la même case que tous ces joueurs.
Celle d’la banqueroute à tous les coups. Ou d’la prison. Le choix est l’tiens.
Ce soir-là, c’est ce jeune homme qui attire ton attention. Parce qu’il a pas l’air de savoir ce qu’il fait. Parce qu’il est pas au bon endroit. Autrement dit, il est parfait pour toi. Tu l’observes du coin de l’oeil, jouant avec l’olive du martini que tu viens de commander. L’argent qu’il dilapide sans réfléchir. Il perd patience. Se déconcentre. Et toi tu jubiles face au catalogue de possibilités qui s’offre à toi. Ton coeur s’emballe quand tu réalises que la pêche sera très bonne ce soir.
Les lèvres mordues d’excitation lorsque tu l’observes enfiler son verre de scotch sans prêter attention à tes yeux intrusifs. Perversité piquée à vif. Tapie dans l’ombre devant ta proie qui va et vient entre les tables de poker. Les cartes en main, les jetons glissent trop rapidement entre ses doigts. Il les jette éperdument sur les tables vertes en espérant décrocher le full. T’as jamais beaucoup aimé ça, le poker. Ses hasards qui ne servent qu’à mesurer la testostérone des hommes frustrés. Les regards de ces mêmes hommes quand tu t’assoies à leur table. Faut croire qu’les instincts primaires reviennent toujours au galop. Sexisme glorifié qu’ils te jettent à la gueule. Ils te dévisagent, te décrédibilisent. L’intruse dans leur décor funeste. Parce que l’idée même qu’une femme s’assoie à leur table les dérange. Et pire encore quand tu gagnes. Mais au final, ça te facilite la tâche. Les scrupules ne te rencontrent jamais. Tu les piétines sur le tapis rouge de l’entrée.
T’as fini par rejoindre une table, persuadée que l’inconnu crédule finirait par s’pointer. Et ça n’a pas loupé. Les salutations sont brèves. Le temps c’est de l’argent comme on dit. Alors quand on peut l’balancer aussi vite que possible, on saisit l’occasion. Et t’es étonnée, quand tu croises son regard, qu’y ait pas cet air condescendant que t’as souvent l’habitude de croiser. Y’a que l’envie de jouer. De tout balancer pour essayer d’toucher. Tu fais mine d’être sensible à cet échange silencieux. Baissant les yeux, scrutant tes cartes. Le croupier mène la danse mais tu l’écoutes d’une oreille distraite. Cette partie n’a pas de valeurs pour toi. C’est juste lui qui t’intéresse. Mais d’abord, tu dois te débrouiller pour l’faire gagner. Reculer pour mieux sauter. Gagner pour mieux perdre. Ça marche bien non ?
"Vous avez l’air de bien vous y connaître" que tu murmures quand il remporte ses premiers gains. Tu t’es couchée à la plupart des manches et t’as joué tes plus mauvaises. Ça provoque quelque chose chez lui. Tu notes la confiance qu’il commence à retrouver. L’excès d’assurance parce qu’il croit tout maitriser. "J’dois vous avouer que je compte sur ma chance de débutante". Tu l’irradies de tes mensonges mélodieux. La voix tremblante, mal assurée.
Le bluff parfait pour l’attirer dans tes filets.

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Message Sujet: Re: figures (max)   figures (max) Empty Lun 15 Juin - 15:58

FIGURES

C’est la concentration qui s’effiloche, parce que les nuits comme celles-ci tu les enchaînes ; enchaîné à ces misérables cartes comme à un boulet. Tu pensais qu’un verre allait te réveiller pour de bon, tête froide et sang bouillant pour continuer dans ta lancée, lancée certes désastreuses mais les dés ne sont pas encore jetés, n’est-ce pas ? Choisir une autre partie, s’installer, jauger la concurrence et regarder son jeu — pendu aux lèvres des autres quand les choses sérieuses vont commencer, tu croises les yeux d’une jeune femme qui n’a pas tellement l’air dans son élément, mais tu sais qu’on bluffe comme on respire ici.
Le mensonge, prétendre, toutes ces choses, c’est l’essence de ces soirées et c’est peut-être — sans doute pour ça que tu t’y plais si bien. Tu es dans ton élément. Un cafard parmi les cafards, l’œil jamais sur la montre parce que le temps s’écoulera bien trop vite, comme on boit cul sec de l’alcool fort ; le jeu c’est pour oublier aussi. Ça brûle un peu dans la gorge, mais ça a ce terrible goût de reviens-y, et pour y revenir tu y reviens, un peu trop peut-être ? Parce que ce soir n’est pas ton soir. Pas jusqu’à ce que cette partie commence.
Tu joues ; la chance tourne on dirait, parce que tu commences à gagner un peu, faut dire que la joueuse en face ne sait pas bien y faire. Elle te brosse même dans le sens du poil. « C’est un sport comme un autre... » Un sport mental, un sport qui n’est bénéfique qu’aux plus expérimentés. Y a que les requins qui trouvent leur compte ici, les autres peuvent aller noyer leur frustration au fond là-bas, où le barman se fera une joie de maintenir votre verre plein. Tu souris, t’es poli mais t’es surtout flatté, et hausses légèrement les épaules lorsqu’elle parle de la chance des débutants, faudrait pas qu’elle compte trop là-dessus, parce que ça n’a pas l’air de fonctionner. « Qu’est-ce que vous faites ici ? » Ce n’est pas qu’elle jure avec le décor ; des femmes comme elle il y en a d’autres, mais juste, si elle débute simplement, que fait-elle toute seule ? On ne commence pas comme ça, si ? Ceux qui jouent pour s’amuser viennent en groupe, ils fêtent quelque chose, ils crient fort et rigolent au bar entre deux parties, or elle a l’air désemparée devant son jeu, comme si elle subissait les cartes plutôt qu’elle ne menait la danse. C’est une danse pleine de pièges et dangereuse ; on s’y écrase les pieds. Alors, quelque chose ne colle pas. Tu ne saurais mettre le doigt dessus, ça n’est pas son air ni ses vêtements ; le décor elle y sied à merveille et pourtant. On reprend un ton sérieux quelques autres minutes ; cartes sur table, tu remportes aisément les manches qui suivent. C’est presque trop simple, et ça te déconcerte un peu. L’adrénaline perd sa course folle, on s’amollit et tu n’aimes pas trop ça.  « Ce n’est peut-être juste pas votre jour. » Comme ce n’était pas le tien avant qu’elle ne s’assoie à cette table. Mais comme on dit, la chance tourne, à partir du moment où on a trouvé plus poissard que soi.
(c) élissan.

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Message Sujet: Re: figures (max)   figures (max) Empty Dim 28 Juin - 0:32

Figures - ft @Coban Sorrentino  figures (max) 3227196488

L’euphorie du jeu lancée à toute allure. Le destin placé dans les mains du hasard qui laisse souvent hagard. L’ivresse du jeu. Dont on se délecte bien plus que tous ces verres insipides ingurgités dans les bars miteux du queens. Le casino c’était pas pareil. Un monde parallèle. Les cliquetis frénétiques des machines à sous. Les néons incessant qui viennent aveugler les perdants. Les cartes qui s’abattent passionnément sur les tables. Les nerfs irritables. Les âmes irritées. Quand le flop déçoit et que le bluff ne passe pas. Et la main gagnante ne quitte plus jamais l’inconnu en face de toi. L’excitation grandit dans le creux de ton être. Les prunelles ne quittent jamais son jeu. T’es comme obnubilée, max. Comme un chat devant sa pelote de laine. Les pupilles dilatées d’une exaltation frivole. Les poils se dressent sur ce frisson qui parcoure toute la surface de ton épiderme. La table se vide peu à peu. Les malheureux au jeu partent noyer les pertes dans quelques verres de plus. Un peu comme il avait fait lui. Le cul sec qui avale les déceptions pour repartir de bon pied. Pour pas couper le rythme du marathon dans lequel il s’est lancé. T’as vite compris, max. Que c’était pas sa première fois. Que le sport mérite entraînement. Qu’on se lance pas aux championnats du monde en brûlant des étapes. Il est loin d’être amateur. Loin d’être facile à duper. C’est ce qui rend la prise encore plus excitante. Encore plus grisante de savoir qu’elle est tienne.
"Vous avez l’air étonné de me voir à votre table." Haussement de sourcils surpris. Comme s’il venait d’insinuer que ta place n’était clairement pas ici. Tu fais mine d’être vexée. Le regard fuit dans un malaise que t’essaies d’installer. Pour le déstabiliser. Alors que l’intérêt qu’il te porte est salvateur. Le plan se déroulant presque trop facilement pour le moment. Les quelques regards partagés sont brefs. Concentré sur le jeu qu’il gagne encore et encore. Désespéré d’un fameux jour de chance qui ne venait pourtant jamais. Espoirs gaspillés dans ces jeux où tout le monde sait qu’il y en a jamais, de la chance. Que c’est qu’un truc à la con auquel les gens s’agrippent. Le destin. Le karma. La chance. Croyances candides. Qui ne servent qu’à parfaire les mondes déjà étriqués de ceux qui vivent dans leur petite cage dorée. Certains même se persuadent que ce n’est que le talent. Que le hasard n’a pas sa part. Tu préfères t’éloigner de tout ça. C’est pas vraiment fait pour toi. Laisser les autres s’y adonner. Pour que tu puisses mieux les piéger. Y’a que ça pour toi qui compte. Le nombre de billets qui finiront dans ton sac à la fin de la soirée.
Il doit se dire que t’es une piètre adversaire. Que t’as pas bien compris ce que tu faisais ici. La partie se termine à une vitesse fulgurante. Il a quasi tout gagner. T’as perdu la quasi totalité des quelques mains que tu jouais. "Y’a pas un truc qui dit ça ? Malheur au jeu, mais heureux en amour ?" Même si l’expression se fait plutôt dans le sens inverse, le sourire vient illuminer ton visage fallacieux. Les traits sont doux, tout comme ta voix. Un vrai bonbon édulcoré. Tes yeux cherchent les siens. Volupté affirmée. "Non pas que j’insinue la situation inverse pour vous !" Les lippes laissent échapper un rire cristallin. Tu regardes la table qui ne se remplit pas. La roulette du blackjack vient achever les dernières cellules grises des joueurs. Ceux qui sont trop épuisés pour continuer à bluffer. Vous n’êtes plus que deux et le croupier qui attend. La défiance emprunte les traits de ton visage. La tête se penche sur le côté. Joueuse. Charmeuse.
"On s’en fait une dernière ? Juste vous et moi ?"
Paroles capiteuses mais enjôleuses. Le tête-à-tête alléchant. D'une facilité déconcertante, autant pour lui que pour toi.
Alors ce sera quoi ?
T'oses faire tapis ou pas ?
 

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Message Sujet: Re: figures (max)   figures (max) Empty Jeu 2 Juil - 11:54

FIGURES

On bat les cartes et elles s’abattent, on bat les cartes comme elle bat des cils ; rapidement et avec expérience, comme si c’était quelque chose qu’elle avait appris à faire avec le temps. Battre des cils, jouer d’un charme sûr pour énoncer des choses, elle t’attribue un étonnement qui doit se lire sur beaucoup d’autres visages. Et sur le sien, un haussement des sourcils, l’air presque boudeur ou vexé. Tu ne pensais pas l’offenser en lui demandant ce qu’elle faisait ici, mais c’est vrai que c’est ridicule en y repensant, ce qu’elle fait ici tu le fais aussi. Vous jouez. Vous jouez, et vous perdez beaucoup, jusqu’à ce qu’un plus malchanceux perde pour vous. C’est la mécanique habituelle, la sélection naturelle de ces lieux avides, faut savoir s’arrêter si on ne veut pas être englouti. Le problème, c’est que tu ne sais pas t’arrêter, tu ne sais pas te dire que c’est fini pour ce soir, qu’il n’y aura pas mieux et qu’il y aura surtout pire.
Parfois c’est faux.
Parfois tu te félicites d’être enchaîné à la table, parce que, comme ce soir, y a des petits poissons dans le bassin des requins, et sans être carnivore tu es assez profiteur pour sauter sur l’occasion. Cette femme, aussi charmeuse et charmante soit-elle, est surtout une piètre joueuse, à se demander si elle ne fait pas exprès. « Oh non, pas du tout. », tu réponds finalement, avec un petit sourire. « Mais il y a beaucoup de profiteurs ici. » Sans sous-entendu, bien sûr, tu prends même un air tout à fait innocent ; après tout, n’es-tu pas un de ceux qui profitent aveuglément ? « Alors je m’étonne juste que vous soyez venue seule, si c’est votre première fois. » C’est très risqué de compter sur la chance, celle des débutants qui plus est, car il n’y a rien de plus fragile que la chance. Mais votre partie est suffisamment démonstrative pour que tu ne prennes pas la peine de le dire à voix haute, qu’elle dilapide son argent comme bon lui chante, ce n’est pas toi qui irais l’en dissuader.
Alors on continue la partie, les manches s’enchaînent et tu te sentirais presque coupable de tout remporter aussi facilement. Tu ne sens plus la tension te mordre, ce n’est plus parier sur la réussite, c’est en être assuré. Et même si tu ne peux t’en plaindre, c’est assez déconcertant pour que tu ne fasses une remarque à ce sujet. Ce n’est pas son jour, comme si la date comptait un tant soit peu lorsqu’on a des cartes entre les doigts. Mais c’est une formule toute faite, une formule qu’on sert comme son proverbe, juste pour dire quelque chose. Malheureux au jeu, heureux en amour. On dit plus l’inverse d’habitude, mais tu supposes que ça s’applique bien à son cas ainsi. « Si, c’est ça. Enfin, je ne peux  témoigner que pour la première partie. » Le reste, ça la regarde ; tout comme la réciproque te concerne. Tu souris par politesse lorsqu’elle rit, mais à l’intérieur ça se fait la malle. Sans le savoir sa répartie a touché exactement là où ça faisait mal — le genre de douleur qu’on oublie facilement après un verre ou quelques parties de cartes, mais quand elle revient, elle est plus lancinante, insistante, comment as-tu pu oublier que j’étais là ? T’es malheureux d’un bonheur fabriqué.
Tu prends sa proposition avec un soulagement soudain, c’est vrai que les autres joueurs se sont effacés de votre table, et le croupier s’impatiente, spectateur fidèle au poste de la misère humaine. « Vous pensez que la chance peut tourner ? » C’est dit avec légèreté, la chance ne tourne plus passé un stade, parce qu’il n’y a jamais de retour pour les plus aventureux. « Mais je ne peux pas refuser. » C’est le chant des sirènes, l’appel des profondeurs, tu te jettes avec envie dans l’abîme. Et le manège reprend, on redistribue les cartes, et même si ta main n’est pas excellente, tu as la certitude de connaître l’issue de la partie. Alors tu décides de faire différemment. De tenter le diable, de voir si ça n’est qu’une histoire d’expérience ou si elle ne joue que pour perdre. Sans la laisser gagner trop facilement, tu augmentes tes chances d’échec ; restes impassible comme le jeu le veut mais laisses quelques froncements de sourcils s’échapper tout de même ; toi aussi tu sais enfiler les masques et prétendre à merveille.
(c) élissan.

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Message Sujet: Re: figures (max)   figures (max) Empty Dim 12 Juil - 1:20

Figures - ft @Coban Sorrentino  figures (max) 3227196488

ce n'était pas contre lui. silhouette tombée entre tes mains au mauvais endroit, au mauvais moment. l'amateur mal déguisé qui flotte dans son ensemble simplet. les poches tellement remplies que les billets s'évadaient eux-mêmes. désespérés de se jeter sur le tapis de velours. et toi t'es la première à mettre les pieds dessus, à les enfourcher de l'aiguille de ton talon. empilés jusqu'à effleurer la cheville. t'as jamais trop compris pourquoi tu faisais ça, max. attendant que les malheurs des autres contribuent à ton bonheur éphémère. car il n'est que ça. une euphorie vacillante, chancelante, qui bascule à la moindre brise légère qui la bouscule. trop vite rassasié. jamais satisfait. l'estomac sans cesse gronde. la limite que tu repousses. parce que c'est trop facile tout ça, max. les grands sourires hypocrites, les caresses toujours calculées. chaque palabre vienne parfaire le monde que tu décides de créer. et tu te plais dans les illusions presque réelles. c'est presque si tu ne souffrais pas d'un trouble de l'identité à force des jouer les effarouchées, les têtes brûlées, les fleurs fanées. tu te dis que ce sont des compétences comme les autres. quand certains brodent des ornements sur des chemises en soie, toi tu tisses des mensonges sur les toiles qui encerclent tes proies. un boulot comme un autre. occupation devenue véritable vocation. tellement passionnée par ce que tu fais que tu ne cesses jamais d'innover, d'aller toujours plus loin. parce que plus c'est risqué, plus ça rapporte. puis il y a l'excitation grisante de danser sur un fil tendu au-dessus du vide. tâtant de près les nombreux risques de se faire prendre sur le vif. tous attendent que le pied du funambule dérape et qu'elle se fracasse la tête contre les roches saillantes. seulement, tu tiens bon, max. comme s'il y avait plus qu'une bonne étoile au-dessus de ta tête.
la voix concentrée de l'inconnu t'extirpe de tes pensées. écho lointain qui te ramène au sein du temple, au-dessus de la table de poker. l'espace d'un instant, il apparaît perturbé, à se demander les raisons de ta présence ici. tu ne cherches pas à relever les réthorique interrogatives pour ne pas t'attarder sur ta propre personne. pour ce soir, narcisse se tait et pointe son attention ailleurs. observant les faits et gestes de l'interlocuteur surpris de gagner mais pas moins content. le dicton évoqué exprime alors une certaine vérité. les paroles qu'il prononce presque automatiquement, sans une émotion venant perturber les événements. les sourires qu'il renvoie sans prêter attention, les prunelles toujours rivées sur la rivière. il ne remarque pas les tiennes qui le dévorent avec avidité. les dents se plantent dans les lèvres à en faire perler le sang. tu le tiens. t'en es quasi sûre. à ce moment précis. quand la confiance le gagne. irradie toute son âme. le torse se soulève d'une croyance nouvelle ; celle de penser que la roue a tourné. que le malheur t'accable pour augmenter ses gains. c'est là que la proposition claque sous ton palet assoiffé. mélodie susurrée par le chant de circé.
"une partie de plus ou de moins, au point où j'en suis, vous savez..."
le pacte est scellé bien plus vite que tu ne le pensais. "parfait." les dents se dévoilent avant que la bouche ne se fige dans un visage qui se ferme petit à petit. le silence laisse parler la valse des mains, des cartes et des jetons. c'est une tout autre partie qui se joue ici. et les plaisanteries ne sont plus de mise. les manches s'alternent, tantôt remportées par l'un, tantôt par l'autre. le ricochet virevolte dans une symétrie parfaite. jusqu'à que les erreurs s'accumulent du côté de l'inconnu. ses sourcils se froncent. son visage se disloque. tu n'es pas dupe, max, devant le jeu qu'il essaie de maitriser.
"ne me faites pas croire que vous êtes en train de me laisser gagner."
fausse crédulité qui tombe pourtant à point nommé. tu perds une grosse manche dans une bataille entre une paire. les reines contre les rois. tu t'inclines pour cette fois. soupir agacé, le corps gesticule sur la chaise. puis vient le coup d'après. le croupier balance les cartes que tu t'empresses de découvrir. as de coeur. trois de coeur. le pot commence fort. en face, il répond. le poing deux fois sur la table. il suit. les cartes se dévoilent dans le premier flop. deux de pique. quatre de coeur. valet. coeur. ça fait un bond dans la poitrine, max. t'attends quelques minutes, pensive, pour savoir ce qu'il cache derrière son masque à lui. une paire de pique ? probable. il ne suivrait peut-être pas dans le cas contraire. "oh et puis tant pis, on est là pour jouer non ?"
tes phalanges viennent faire valser les jetons vers le milieu de la table. il n'y en a pas un qui reste devant toi.
tapis.
tu hausses les épaules, désinvolte. comme si tout ça ne valait pas grand chose au final. prise au jeu du hasard, max, ton destin n'est plus le tien. ne reste plus qu'à savoir s'il est cap ou pas cap de tout miser sur deux malheureux bouts d'papier.    

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Message Sujet: Re: figures (max)   figures (max) Empty Jeu 23 Juil - 15:13

FIGURES

En fait, loin de l’ennui chaud des fins de soirées, tu t’amuses, réellement. L’adversaire n’est pas de taille, l’adversaire n’essaie même pas de l’être, mais comment en être sûr ? Ses paupières sont sans cesse baissées vers le jeu de cartes, paupières lisses comme un pétale, ourlé de longs cils délicats. Ce n’est qu’un jeu d’apparences, tout ça, à qui en montrera le moins, mais face à elle tu te surprends à en montrer un peu plus. Tu ne sais pas exactement pourquoi. Parce que c’est votre dernière partie et l’air est devenu moite ? Parce que ça a cette odeur de fin et la faim qui te tiraille les organes ne semble, elle, pas avoir de limite ? Cette faim qu’on appelle cupidité dans certains milieux, parce qu’ils faut savoir être honnête et ne pas se voiler la face, mais c’est dur de ne pas se voiler la face lorsqu’on joue à ce jeu.
Ça a une autre odeur, aussi, celle d’un défi qu’on lance sans trop savoir ce qu’on voudrait prouver, parce que ça semble simple, et qu’on a aussi faim de simplicité. La réussite facile, l’argent certifié. La réussite modeste que tu aurais eu sur un plateau si tu n’avais pas tant voulu avoir un mauvais rôle. Le rôle que tu joues maintenant il est tout autre, tu prends des airs et tes manières seraient ridicules dans un endroit autre que celui-ci, mais on t’a toujours dit que tu savais bien les jouer, ces rôles. Tu sais à peu près tout jouer si on te promet quelque chose en contrepartie.
« Bien sûr que non, je ne vous ferai pas cet affront. » L’affront de la laisser gagner, l’affront de lui dire, silencieusement, je suis meilleur de toute façon. Et pourtant c’est bien ce que tu fais, délibérément. Parce que cette femme doit être sacrément riche pour oser tout miser ainsi sans avoir plus de sueur au front, ou bien sacrément désespérée — lasse, envie de tout gâcher ? Autre chose. Elle sombre ou cherche à remonter, tu oscilles, hésites entre les deux possibilités, mais lorsqu’elle pousses tous ses jetons devant elle, tu penses que c’est de trop. Ses yeux ne disent encore rien, rien toujours, juste des mots préfabriqués, le genre de formule qu’on n’entend qu’au cinéma. On est là pour jouer. Exactement. Alors pourquoi ne joue-t-elle pas ?
Tu souris à ton tour, regardes tes propres jetons, ce que tu avais perdu, et tout ce que tu as amassé depuis qu’elle est assise à ta table. Il y a quelque chose à voir, mais tu as l’esprit embrumé tout à coup, et décidant que les mots préfabriqués ont le mérite d’avoir été approuvés par beaucoup, tu pousses les jetons au centre de la table à ton tour. D’accord, tu suis. Qu’as-tu à perdre de toute façon ? Un brin de dignité ? Peut-être, sûrement qu’elle t’a mené en bateau tout le reste de la soirée jusqu’à ce moment, peut-être qu’elle est juste comme toi, plus maligne même, et que t’es comme tous les autres mecs dont on baisse la garde avec quelques battements de cils.
Ce fric n’est même pas à toi, de toute manière.
Mais c’est fait maintenant. Et comme l’instant semble laissé en suspens, pendant de longues et interminables secondes, juste, à attendre le moment fatidique, tu as ton cœur qui se met à battre bien vite à tes tempes, l’adrénaline envahit tes veines, c’est ce moment, le plus ardent et le plus fort, ce moment que tu préfères : on abat les dernières cartes.

Tu supposes que tu aurais dû t’y attendre, mais tu t’étais imaginé un tel scénario quelques secondes plus tôt que ça te laisse un instant silencieux. Tu as gagné. Elle a perdu. Tu t’es monté la tête et le regain de confiance est puissant, doucereux, vicieux aussi car pour le coup, tu baisses véritablement ta garde. Tu souris enfin, avec un air un peu suffisant que tu n’aimes pas voir sur d’autres visages, mais puisque c’est le tien. « Je suppose que je peux vous offrir un verre maintenant. » C’était teinté d’ironie mais ça peut être mal pris, enfin, elle n’a pas l’air tellement effondrée par sa perte non plus. « Si vous ne m’en voulez pas trop ? »
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l'arnaque. l'tissu de mensonges qui s'écrase sur tes lippes. pour en avoir toujours plus. avarice insatiable.
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Message Sujet: Re: figures (max)   figures (max) Empty Mer 29 Juil - 23:36

Figures - ft @Coban Sorrentino  figures (max) 3227196488

la défaite fait rarement partie de ton vocabulaire, max. la trace rouge sur les joues est souvent celle que tu laisses. pas celle que t'encaisses. seulement les cartes sont là, silencieusement déposées sur le feutre vert. témoins de la dégringolade. la tienne. alors que tu te voyais déjà sortir fièrement du casino, le sac presque trop lourd sous le bras. seulement les plans s'écroulent lorsque le croupier dévoile le reste. la bile que tu sens remonter jusqu'au bord des lèvres. l'aigreur du destin dépouillé grince entre les dents. âpreté que t'as pas l'habitude de goûter. parce que ça fait mal, max. quand c'est toi qui perds tout. quand ton propre filet se rabat sur toi alors que la proie n'avait rien d'extraordinaire. revirement spectaculaire. l'inespéré miraculeux. lui, qui appartient désormais au cercle fermé de ceux qui parviennent à t'échapper. par leur crédulité. par les derniers espoirs innocents qui les animent. ceux qui avertissent le myocarde du danger qui ne tarde jamais à sévir. comme si l'encéphale envoyait des signaux de détresse. ultime instinct de survie devant l'arnaque qui pointe le bout de son nez.
le hasard que t'as provoqué n'est finalement pas en ta faveur, mais en la sienne. ses prunelles s'éveillent d'un sentiment nouveau. celui qui l'avait quitté toute la soirée. dame fortune vogue derrière son ombre, le gratifie d'une paire d'ailes qui l'emmène droit sur un nuage. et la brume cotonneuse l'empêche de voir ta détermination, max. parce que t'as jamais cru que ton avenir pouvait se résumer avec quelques bouts de cartons imprimés. la partie se finira quand tu l'auras décidé. et surtout quand t'auras tout raflé. les pupilles brillent sous les néons tamisés. distendues sont les pulpeuses, renvoyées dans sa direction. parce que tu vois une fenêtre qui s'ouvre. la brèche dans laquelle tu t'immisces en même tant que la confiance qui l'irradie. le coeur il gonfle, il palpite, trop heureux d'avoir enfin vaincu les malheurs des jeux hasardeux. c'est ta stratégie qui se renverse. t'oublies aussitôt la vision des jetons qu'il ramasse avec une joie à peine contenue. la déception n'effleure même pas les traits de ton visage, comme si la partie n'avait jamais eu lieu. comme si tout ceci faisait partie d'une mascarade bien plus grandiose sans que tu l'aies réellement prévu.
"il m'en faudra plus d'un pour que l'idée traverse mon esprit."
il t'en faudra surtout plus d'un pour tenter de récupérer ce qu'il t'as pris. t'es joueuse, ce soir, max, avec cet inconnu. parce qu'il est rempli de ces mystères que t'aimerais élucider. et c'est pas tous les jours que t'as l'occasion de mieux connaître les dépouillés. tu lui fais signe de te suivre, sur une table plus en retrait. la lumière est tamisée. le passage est limité. c'est presque le type de table pour des rendez-vous plus intimes. les quelques prunelles qui atterriront sur vous le penseront probablement. pour ce qui est du reste de la foule, l'endoctrinement des écrans les empêche de se targuer d'une curiosité mal placée. pour toi, l'idée est tuée dans l'oeuf, morte bien avant de traverser ton esprit. t'es pas vraiment intéressée par les traits doux qui se sont édulcorés à la fin de la partie. le sourire est certes charmeur, presque enchanteur, mais t'es pas là pour ça. faut dire que t'as jamais aimé mêler les relations professionnelles aux personnelles. c'est pas contre lui.
le cuir du fauteuil épouse légèrement tes formes. tu t'affaisses avec désinvolture. les méninges que tu prétends éreintées en poussant un soupir fatigué. les doigts massent le contour des yeux. quand le serveur s'approche, tu commandes deux scotchs. et en attendant les traitres breuvages, tu prends appui sur la table. les coudes s'ancrent, le buste s'avance.
"je m'appelle elena, et vous ?"
tu veux lui montrer que le bluff est loin, laissé aux côtés d'un croupier en manque de sommeil. il n'a aucune raison d'éprouver quelconque méfiance, max. parce que cette activité-là, il n'y a que toi qui en a la maîtrise. pourtant, il a de ces airs d'inaccessible. comme s'il n'appartenait pas à ce monde, qu'il se rapprochait plutôt du tien. venu d'ailleurs sans que tu comprennes vraiment d'où. la danse que tu mènes d'une main de fer. pour ne pas qu'il utilise des cartes qui éclipseraient les tiennes.
"alors dites-moi, vous venez souvent ici ? vous avez l'air de connaître l'endroit comme votre poche."
et les iris, elles scrutent, détaillent, les moindres parcelles de son visage qui trahiraient son occupant. il paraît aussi indiscernable que toi.
c'est presque si tu douterais pas de qui est l'imposteur ce soir.  

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Message Sujet: Re: figures (max)   figures (max) Empty Mar 4 Aoû - 0:22

FIGURES

Lorsqu’on remporte le pactole, on ne se permet plus de se demander si c’est mérité ou non. Si la concurrence était facile, si ce n’est pas un peu de la triche au final, si le dé était pipé depuis le début ou bien si la victoire nous a été servie sur un plateau. Tu as été fair-play. Tu as essayé de donner le change en début de partie, mais elle n’en voulait pas, de la carte de la courtoisie. Elle voulait jouer pour de vrai, sentir quoi, la dose d’adrénaline, faire tapis, entendre les bruits autour comme si ses oreilles étaient enveloppées de coton, juste le boum boum d’un cœur trop rapide, le feu aux joues et le sang aux tempes, jusqu’à la révélation finale.
Exaltante.
La victoire est un plat délicieux pour qui s’est affamé toute la soirée ; et tu as attiré vers toi les jetons avec un appétit de loup. Même si le résultat n’était pas surprenant en vue des parties qui avaient précédé, il n’en était pas moins exquis, terriblement apaisant, comme lorsqu’on touche une eau si chaude qu’elle nous glace doucement.
Alors tu t’es senti l’âme d’un gentleman, et tu as proposé un verre à ton adversaire. Au moins est-elle assez bonne joueuse pour accepter, ou toi bien assez naïf pour ne pas y voir une réponse intéressée. La victoire est un plat délicieux, et le ventre plein on se repose plus facilement sur nos lauriers.

Elle commande deux scotchs, et semble plus  mener le jeu à cette table-ci. Tu la laisses faire, guider la danse car elle en connaît visiblement mieux les pas ; sûre d’elle elle l’est, même si sa défaite semble l’avoir un peu ébranlée. À quoi s’attendait-elle ? Tu en reviens à te demander si elle est aussi novice qu’elle le prétend, mais enfin, maintenant qu’elle a tout perdu, elle ne peut qu’espérer regagner quelques dollars sous la forme liquide.
Elle te donne finalement son nom, qui ne colle, d’une manière inexplicable, pas exactement à son visage. « Coban. » C’est jeté sans plus de cérémonie, on peut faire dans la confidence aussi et prétendre qu’il y a quelque chose d’intéressant au delà de la main qui tenait les cartes jusqu’alors. Mais ce serait mentir. Le prénom qu’elle s’est donné convient à merveille à la femme qu’elle a été toute la soirée ; regard mystérieux, voix de velours et joues empourprées, mais tu mettrais ta main au feu que Elena n’existe plus passée la porte du casino. Grand bien lui fasse après tout, ce serait se moquer du monde que de blâmer son jeu d’actrice exécuté à la perfection — le décor aidant et sans doute que tu as été le partenaire parfait pour cette comédie pernicieuse : avide de ces airs et de l’argent facile qu’elle promettait. Tu te fends malgré toi d’un sourire ; elle a raison, cet endroit tu ne le connais que trop bien, et il suffit de tourner la tête pour se rendre compte que des Elena, il y en a des dizaines.  « Assez pour savoir que vous n’êtes pas tant étrangère au milieu que ce que vous prétendez. » Tu la fixes droit dans les yeux maintenant, y a plus de bluff qui tienne. « Pardon, j’aurais dû attendre le deuxième verre pour ça ? » Tu as un autre sourire, peut être un peu provocateur ; mais comme on arrive avec vos  boissons, tu reprends un air plus sobre. « Qu’est ce qui vous retenait ? » Elle n’a pas joué toutes ses cartes, tout à l’heure, tu en es persuadé. Si elle avait vraiment voulu gagner... ça fait un peu mal de se l’avouer, mais tu penses que c’est à toi qu’on aurait dû payer un verre.
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Message Sujet: Re: figures (max)   figures (max) Empty Mar 18 Aoû - 18:40

Figures - ft @Coban Sorrentino  figures (max) 3227196488

quand la frénésie du jeu s'envole, abandonnée à l'orée de cette table où l'atmosphère est plus tranquille, les masques tombent aussi. les mielleuses palabres se dissipent pour des révélations plus sèches. elles claquent sous les langues qui se délient. elles, qui brûlent sous l'éthanol ingurgité. alors elles recrachent toute cette aspérité dans l'air. et quand elles se fracassent sur ton joli minois, max, t'es assez surprise de la tournure de la situation. comme si ce n'était pas seulement le patronyme qu'il te révélait, mais sa véritable identité. l'âme du joueur dilapidant des milliers de dollars de ses poches qui jamais ne se trouent retrouve ses premiers instincts. les suspicions sont réciproques. derrière le prénom factice, tu vois bien qu'il ne tombe pas dans le filet transparent, trop habitué aux nombreux faux semblants. ceux qui s'érigent en fondations tenaces pour soutenir les murs du casino. le fameux coban devient plus nonchalant, renonçant finalement à jouer avec des pincettes illusoires. il n'est plus question de cartes, de jetons ou d'argent à gagner. les carcasses se dépouillent inexorablement. alors les imposteurs se reconnaissent silencieusement. mais c'est lui qui semble te percer à jour le premier. déchargé de la pression, il se libère à coup d'accusations tranchantes. ça te désempare bien plus que tu ne veuilles l'avouer, max. la silhouette se déracine de la table, s'affaissant un peu plus sur le fauteuil velouté.  
« je vois que vous cachez tout aussi bien votre jeu. »
bien avant que tu puisses t'adonner aux luttes acrimonieuses, les boissons que t'avais commandées arrivent. l'irruption du serveur instaure un silence salvateur. quand elles s'entrechoquent, les opales se toisent, désireuses de creuser l'intérieur des iris pipées. c'est une bataille qu'il lance, lorsqu'il braque les armes sur toi. pointée du doigt l'arnaqueuse qui ne le fourvoie pas. touchée, coulée max ? il t'en faudra un peu plus.
le scotch est pur, dénué de glaçons qui viendraient assombrir la folie brûlante dévorant l'oesophage. tu te délectes d'une gorgée suffisante pour raviver les sens, s'enivrer de l'âcreté que tu finiras par lui adresser. lui qui se berce de croyances illusoires en pensant avoir gagné toutes les parties. la graine douteuse qu'il tente de semer ne germe pas encore. tu la sens, lancinante dans le bas du ventre, mais refuses de lui laisser le temps de s'exprimer. alors tu la noies, avec cette gorgée bien chargée.
« j'ai jamais dit que j'étais étrangère à ce milieu, coban. on est à peine au premier verre que vous fabulez déjà. » 
les piques sont lancées sans aucune tentative d'en atténuer le sens. les fléchettes percutent la cible, droit dans le mile, comme il venait de le faire quelques minutes plus tôt. des lèvres pulpeuses s'échappent un soupir. tu poses délicatement le verre sur la nappe immaculée, lissant un pli qui obstruait les pensées.
« pour être toute à fait honnête avec vous, ça fait longtemps que je n'ai plus mis les pieds ici. c'est sûrement la simple idée de jouer qui me retenait. »  
il y a cette corde sensible sur laquelle la pression de deux petites phalanges s'exécute avec minutie. l'addiction si courante dans les milieux hasardeux ne s'invite pas dans tes mots mais il y décèlera forcément le sens. puisqu'il a dû assez côtoyer les machines à sous et les jets désespérés de dés sur des tapis branlants pour se mêler aux affres maladives. peut-être même qu'il en a souffert de l'effervescence compulsive. celle qui berne et aliène les coeurs vulnérables en proie à se perdre à un destin qui ne leur appartient plus. c'est qu'il n'y a plus de prix trop élevés pour essayer de réparer les dysfonctionnements des organes. alors le gouffre se creuse, avale les billets verts sans jamais en recracher un seul. et même quand le jackpot annonce une fortune durable, elle s'échappe tel des grains de sable insaisissables. parce qu'il n'y en aura jamais assez pour combler tout ce vide. ça te rappelle pas un truc max ?
« enfin, je voulais juste m'amuser un peu, et j'ai perdu, c'est tout. »  
comme une conclusion amère. les prunelles quittent le partenaire de jeu pour observer les pantins qui n'agitent que le bras pour abaisser les manettes. tu te demandes s'il avait déjà été dans cette position, coban. assujetti à des engins mécaniques. pendu au bruit sourd provoqué par les pièces qui dégringolent. t'espères que l'appât vienne apaiser ses doutes. que son visage se dévoile enfin face à ces aveux modelés pour mieux l'amadouer.

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