lost horse.

traits de caractère / écrire ici.

ça a toujours été une évidence. le truc limpide. s'il a pas toujours su qui il est, lev a toujours eu la certitude que sa place est dans l'armée. et avec un père qui y brille, il a été à l'entraînement avant même qu'il n'en soit vraiment question. colonnel merritt n'a jamais plaisanté avec la rigueur, sans être pourtant la représentation exagérée de l'homme dur. il est et a été exigeant, ni plus ni moins.
et lev s'est jusque-là dit que c'était grâce à cette exigence, qu'il avait pu s'engager sans être l'abruti de première ligne, d'être celui qui gueule plutôt que celui qui se fait engueuler. parfois il glisse, oublie les frontières, les lignes, la distance, joue la camaraderie avec des grades inférieurs, quoique son plateau soit plus souvent posé avec d'autres majors à l'heure du repas. pour le show, ça a bien du arriver qu'il insulte deux trois mères de soldats pas dégourdis, mais il n'est pas la brute aux allures de doberman mal tenu ; il est le taiseux, celui qui pince les narines et dont le regard se durcit si on essaye de lui résister. c'est l'autorité qui s'exprime dans la température qui descend et la distance qui se creuse, mais certainement pas dans le bruit et les gestes superflus.
pas comme le major général qui dans l'instant présent beugle à outrance, transpire à force de braire que c'est quoi ce merdier. c'est pas un moment agréable mais lev encaisse, le regard figé quelques centimètres au-dessus du crâne de son supérieur qui s'égosille. le visage est impassible, lissé à outrance pour n'être rien de plus que le mur sur lequel la balle de squash rebondit avec brutalité. les mains dans le dos, il tient la position raide pour signe de respect et d'inférence. c'était une putain de connerie.
il le savait.
il se l'est dit dès le départ, que c'était une idée de merde. dès la première seconde qui aurait pas du exister, celle où ses yeux ont glissé, celle où le coin de sa bouche a subi une légère flexion, un rictus qui a trahi tout ce qu'il pouvait penser de ce que ce soldat donnait à voir. rien que ça, c'était un erreur. la suite a été pire. laisser leurs corps se heurter, s'embrasser avec trop de désirer, le déshabiller et pas qu'une fois. y revenir jusqu'à ce que ça soit autre chose que la recherche d'une décompression facile.
y revenir jusqu'à se faire choper.
comme un abruti.
un abruti dans une situation de merde.
un abruti qui passe un sale quart d'heure, à s'entendre remettre des points sur des i qu'il avait déjà très bien ponctué tout seul comme un gamin pris en flagrant délit. alors les conversations il les écoute sans participer, ne cille pas quand le discours déraille, charge le soldat plutôt que le major : c'est l'autre qui a déconné, évidemment. et lev dit rien. la pupille ne dévie même pas un quart de seconde. ses phalanges se resserrent juste autour de son poignet dans son dos. virer le fautif, blâme le gradé, plus intérêt de l'y reprendre, se tenir, les histoires de cul ont pas leur place ici et caetera, qu'il se marie, et caetera bis repetita. et le major merritt, tout ce qu'il fait, c'est remercier son supérieur, parce que c'est comme ça que ça se passe quand on tient à sa place, quand on veut pas décevoir son père, quand on a pas le cran d'assumer quoique ce soit, quand on est trop réceptif à l'autorité,
quand on est un abruti.
un abruti qui se retrouve dans une situation de même, mais aussi un abruti qui en met un autre dans une situation encore pire.