on combat pas le racisme avec un stylo quatre couleurs. (ysra)

traits de caractère / l'enfant volontaire. celle qui désirait aider, même quand elle n'en avait pas les moyens. celle qui trouvait la force, sans savoir où exactement. tout n'est que trop contradictoire désormais. celle qui se bat pour ne pas craquer, celle qui se bat pour se faire voir. juste dire ; eh, regardes. moi aussi, je suis là. celle qui arrive à avoir les meilleures notes mais qui ne sera jamais vraiment reconnue par sa non-visibilité. par ce choix de vie obligée. ysra, l'enfant aux multiples connaissances, par les livres et les nombreux documentaires qu'elle regardait pendant que les autres dormaient. celle qui a le talent d'écrire, le talent de communiquer. celle qui sait choisir les bons mots pour avoir ce qu'elle désire, l'indépendante contre sa volonté. elle, qui a grandi si vite. le dernier mot, toujours le dernier mot. les cris, à défaut de se faire entendre. antipathique, à défaut de connaître la douceur et les belles choses.

l'enfant de la lune.
celle qui s'endort dès que le soleil est levé et qui sort dès que la lune apparaît.
celle qui vie différemment, pas par choix mais par obligation.
d'une maladie qu'on répare pas, qu'on subit. sois-même. qu'on fait subir à ses proches. celle d'un bébé de six mois qui n'a pas supporté les premiers rayons d'un soleil puissant. celle qui a dû faire dépenser aux parents une somme atroce pour protéger l'enfant lune des rayons d'un soleil qui traversait et embellissait la maison. c'était celle qui ne pouvait rejoindre le parc qu'à une heure où les autres enfants étaient déjà chez eux, en train de dormir. c'était celle qui ne se faisaient pas beaucoup d'amis. celle qui vivait parmi les livres, celle qui vivait dans un étrange monde finalement. celle qui se faisait gentiment charrier par son grand-frère. mais ce même grand-frère qui était prêt à tout pour la préserver et la protéger.
ce même grand-frère, mort, d'un coup, sans qu'ils soient prêts à un tel événement tragique.
l'enfant lune qui ne lui dira au revoir que quelques heures après l'enterrement. celle qui était prête à prendre des risques, à s'foutre de sa maladie pour être comme tout le monde, une seule fois dans sa vie. celle qui aura pleuré un long moment, toute seule, en imaginant chaque instant les moments d'une cérémonie d'adieu qu'ils n'avaient absolument pas à vivre.
sadek est mort.
et la famille l'a suivi dans cette stèle. les âmes sont parties avec le frère. et la sienne ? la sienne rôde encore, au dessus de la tête. la sienne essaye de chercher la chaleur d'un second frère qui a pris ses distances. la sienne cherche l'amour de parents qui pensent qu'elle n'a pas besoin d'eux. et celle qui a attendu la lune pour dévaler le cimetière aura toujours dû mal à réaliser l'ampleur d'un monde horrible. l'ampleur d'ceux qui pensent qu'ils sont des monstres. alors que non. c'pas le cas. ils sont humains, ils ont un coeur qui a explosé au moment des funérailles. ils ont ce lien qui n'existe plus, désormais. ce lien qui s'est brisé.
mais l'enfant lune survie. l'enfant lune essaye, du moins. l'enfant lune milite pour ses droits. l'enfant lune parle. se perd sur des forums à défaut de se perdre dans la rue auprès des manifestants. l'enfant lune s'pense forte, alors qu'elle est brisée. l'enfant lune essaye. essaye de crier pour qu'ils la regardent, mais non. personne ne voit qu'elle peine à respirer sous ce poids immense. on la voit prodige, parce qu'elle fait des études. on la croit forte, parce qu'elle est toujours vivante et qu'elle a toujours respecté le protocole.
mais c'est pas le cas.
l'enfant lune est seule. tellement, tellement seule. l'enfant lune désire cet autre frère, celui qui est là, bien vivant. l'enfant lune désire l'amour, pas seulement celui d'allah qui n'est plus assez fort aujourd'hui.
l'enfant lune désire vivre.
mais elle survit.