menaces (amos)

traits de caractère / (je te laisserai des mots, patrick watson)
la fausseté de l'aura solaire se lit dans les creux du visage, à peine métamorphosée qu'on en voit déjà les maigres failles. les regards jetés se font trop doux, d'une lenteur calculée, presque chancelants tant la vraie cruauté se cache dans une âme déjà trop corrompue. amos n'est que le cygne noir se déguisant en blanc, se repentant silencieusement des réussites qu'elle n'a pas, de ses pieds bleutés, de cette haine qui se nourrit sûrement lorsque les autres se font plus méfiantes. le masque est posé lorsque l'aube vient illuminer ses rétines et retiré dès que le ciel se fait onyx, elle se pare de ces couleurs célestes pour danser encore, et encore, pour s'abîmer les os et tordre son corps au rythme des mélodies. pourtant, tout tente de rappeler à la gamine qu'elle n'est pas de ces étoiles dont les noms se font crier malgré toute la force qu'elle plonge dans sa quête à l'acharnement. alors elle se fait carnassière.
tu dois être la meilleure. jusqu'à en crever. tu dois voir ton nom en haut.
elle se maudit amos, à s'épuiser toutes les heures de ce qu'elle n'est pas ou de ce qu'elle ne deviendra pas si l'échec l'effleure. jamais les fêlures ne se font réellement apparentes, à moins que l'on sache décortiquer les êtres. elle s'écaille peut-être, sans doute, mais la môme ne lâchera pas, non, avant d'avoir abandonné son corps sur le lac des cygnes, avant d'avoir fait miroiter au public qu'elle est une divinité incarnée.

elle leur ferait croire que le monde n'est plus qu'à elle, et que dans une réalité où elle ne serait pas, il croupirait à ses pieds.
le corps s’époumone de grâce sur du chopin, se tord et se recompose dans de longs pas, ceux qu'elle répète depuis qu'elle est en âge de marcher. tout l'être n'est plus que dans la propre torpeur qu'amos s'est créée, si solaire mais d'une fragilité qu'on est loin d'imaginer. tout pourrait se briser et s'échouer contre l'azur qui se diffuse dans les prunelles, fendrait le myocarde encore un peu plus à chaque pas de cheval qui n'est pas correct, à chaque faute, le voile dans les rétines s'agglutinerait à l'endroit où il ne devrait pas être. c'est l'utopie de ce fardeau, une vie dont ils ne feraient qu'une bouchée.
alors la danse reprend, et la môme redevient en symbiose avec les quelques notes qu'on peut entendre, encore dans une transe dont personne ne la ferait sortir. les bras ne sont plus que d'immenses ailes pleines de promesses qu'on rêverait d'observer de plus près tant les gestes sont précis, d'une douceur à les faire pâlir.
toute sa maigre existence, amos l'a passé à tenter de devenir l'une de ces étoiles, l'un de ces astres dont les noms sont gravés quelque part, dans sa mémoire, lointains, comme elle l'avait promis, comme elle l'avait tant répété. la victoire est si proche, d'une lumière qu'elle n'aurait jamais pu espérer toucher un jour, tant elle brille d'un renouveau étrange.
pourtant, il n'y a qu'une place pour ce qu'elle désire tant.
l'humanité très vite délaissée, c'est un masque faussement tendre qu'elle pose sur son visage et qu'elle ne retire que seule, un masque qui lui permet de poignarder les autres avec sa verve, de leur enfoncer un couteau dans le dos, de réserver son propre triomphe dont ils seront tous témoins. en attendant, amos joue à la divinité, l'incarne parfaitement tant elle s'est préparée.
pourtant, malgré les menaces, l'autre concurrente ne recule pas.
alors, s'il faut l'abattre, amos le fera. s'il faut la blesser, amos le fera.
elle n'est née que pour ça, ce n'est plus qu'une passion malsaine qui retire chaque parcelle de ses sentiments.
elle crèvera sur le nocturne numéro vingt, comme annoncé.

to: amos
ils ont trouvé des morceaux d'verre dans ses chaussons
from: amos
dommage pour elle