no black bag
no gloved hand
ça pue la crasse, la sueur des soirées fauves, des carcasses qui s'enlacent et se délacent sans complexe devant les regards lascifs dont on ne sait jamais vraiment s'ils sont faits de fantasmes ou du vide que des substances inconnues leur ont laissé pour unique reste.
ça pue la débauche et la luxure, le parfum des bières pas fraîches, du dégueulis encore chaud du sale con qu'a jamais su tenir l'alcool, et les exhalaisons bouillonnantes des désirs exacerbés par la promiscuité des corps.
t'as perdu mess dans l'bordel, masques la détresse en parallèle - faut pas qu'il sache que t'es paumée. dans si peu d'mètres carrés, qui comprendrait ? qu'c'est le manque de ses bras qui t'fait perdre le nord.
on rirait de la pathétique, de la chienne qui se dit sauvage mais qui vendrait son âme pour un regard du loup - à défaut d'vendre son cul parfois, y'a bien que toi pour te demander encore ce qui est le pire.
un rire mesquin s'échappe de tes lèvres, étouffé néanmoins par le brouhaha ; les gueulantes, les jacasseries incessantes et la musique qui hurle en dedans des enceintes.
c'est rien.
tu t'en fous.
t'as pas b'soin de lui, oona.
des gens, y'en a plein d'autres tout autour - des torchés, des philosophes du dimanche, des outcasts, des obsédés. puis p'tet quelques uns à peu près normaux recroquevillés dans l'coin du canapé.
au fond, ils feront tous l'affaire, pourvu qu'ils puissent éveiller la jalousie de la seule attention que tu daignes convoiter. parce que tu sais, gamine, que ses yeux sont rivés sur toi, quelque part. ici ou ailleurs -
c'est l'jeu du prédateur. mais la proie cherche d'autres dents pour se faire croquer.
alors tu laisses aller ce corps qui prétend être intéressé par le désir des autres, tournoie au milieu des inconnus jusqu'à en perdre la tête ; jusqu'à ne plus voir clair. t'oublies un instant comment tu t'appelles, et l'état cabossé d'une vie qui n'en a que le nom. t'oublies qui tu es, et de qui tu crèves, aussi.
t'oublies que t'es là oona, aux mains de ceux qui eux, te voient.
c'est quand tu sens une pression peu anodine au fond de la poche de ton jean que tu reviens à la réalité.
«
eh ! tu fous quoi là ? »
les doigts frêles s'accrochent fermement autour du poignet malin, tentant de le freiner dans sa course à une quête encore floue.
«
qu'ce soit pour me tripoter le cul ou me faire les poches, t'es tombé sur la mauvaise nana. »
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