requin-prose.

01. Jane à pratiquement appris à lire en consultant les dossiers de son père.  Les fous et les criminels ont peuplés bien trop tôt ses rêves d'enfant-reine. Loin de la choquer les actes odieux de ces repris de justice l’ont fascinée dès son plus jeune âge, plus le papier trempait dans l’hémoglobine plus elle était subjuguée. Dans un premier temps, tout ce qu’elle voulait c’était comprendre leur nature et les raisons de leurs agissements. Ensuite, c’est devenu autre chose. Une obsession presque mal-saine pour le sans-foi ni loi. Le jugement c’est effacé, n’est resté que cette forme abjecte de compassion pour l’auteur. 02. Enfant-reine, Jane n’a jamais manqué de rien, tant sur le plan matériel qu’affectif. Son père s’est très tôt érigé en modèle, personnalisation humaine de la réussite, as du barreau. Un modèle qui a tôt fait de se transformer en plan de carrière, Jane n’a jamais douté de sa vocation, c’est juste qu’elle ne la décrivait pas comme le commun des mortels. Jane ne voulait pas défendre la veuve et l’orphelin, mais seulement remporter le débat.  03. Jane n’a ni frère ni sœur, socle de ses humeurs capricieuses, elle a grandit en estimant que tout lui était dû. Pourquoi partager quand on peut tout posséder ? Couverte de bijoux avant l’âge de raison, gavée d’excès, mademoiselle considère que rien n’est trop beau pour elle et finalement, son univers luxueux la blase. Plus de saveurs, plus d’extase, la beauté n’émeut plus son œil expert, tout est normal. 04. Victime d’un violent accident de la route à six ans, Jane en garde aujourd’hui encore des séquelles psychologiques. Cette panique comme une petite mort, qui lui fait croire qu’elle va mourir si elle s’avise de conduire une voiture. Aussi courageuse soit-elle, elle n’a jamais surmonté cette peur. La catastrophe est encore trop la, mais la demoiselle est trop fière pour l’admettre aussi cache-t-elle cette phobie sous un faux prétexte humaniste : “il faut bien que les taxis gagnent leur vie”. 05. De petites peurs pigmentent sa vie pseudo-parfaite, des gênes qui rendraient presque son existence insupportable. Une claustrophobie prononcée qui la fait transpirer à l’idée de monter dans un ascenseur. Une terreur du vide qui lui noud l’estomac chaque fois qu’elle doit prendre l’avion, ce qui ne manque pas d’arriver plusieurs fois dans le mois. 06.  Jane n’a jamais pris de ces drogues illégales qu’elle méprise. Elle préfère les cocktails explosifs de champagne millésimés savamment mélangés avec les calmants dont la dope son médecin. Méchant penchant pour les grands crus, un verre jamais loin de ses lèvres, les cendres d’une cigarette, la fumée bleutée qui tue, de toute façon, elle a raison et c’est tout.