(lima) étoile filante.

01. la banalité la plus extraordinaire. une enfance tout ce qu’il y a de plus normale et sans encombres. simplicité outrageuse. qui dégoûte et file la gerbe. une existence d'paillettes sans poussières. poudre de fée balancée au-d'ssus d'ton putain d'berceau. et cette gentillesse qui défini si bien ton patronyme. saupoudré d'générosité accablante. famille d'la haute qu'on envie et qu'on dévisage. qu'on adule autant qu'on déteste. ton sourire qu'attise les rictus puant d'envie. parce que t'as tout alors qu't'as jamais rien d'mandé.  parce que t'en as jamais vraiment joué mais qu'ça t'déplaisait pas d'en bénéficier. parce que ton compte en banque dégueulait déjà à ta naissance. parce que t'es d'manhattan et pas du queens. parce que tout. parce que rien.
02. tu parles couramment cinq langues : l'anglais, l'espagnol, l'portugais, l'italien et l'français. quelques notions d'allemand et d'mandarin. pas d'quoi tenir une conversation cela dit. juste étaler ta science quand vient l'temps d'impressionner l'jury de potentiels clients. gamine douée dans ses études. dans la vie, en général. qui s'démène pour arriver à destination. parce que même si t'as toujours tout eu, pour c'qui est du reste, t'es bien consciente qu'on a jamais rien sans rien. éducation d'tes parents qu'en a été pour beaucoup aussi, on n'va pas s'mentir. les chiens n'font pas des chats. et toi, lima, tu t'réinventes en permanence.
03. sans doute pas douée d'un talent particulier. tu n'joues pas d'un instrument d'musique bien qu'maman a essayé d'te faire prendre des cours d'piano. tu n'sais pas dessiner autre chose qu'des bonhommes en bâton, c'qu'est d'ailleurs bien triste. tu n'sais pas chanter non plus. t'es d'un ennui déconcertant lima. alors pour compenser, toi, t'as plus souvent la tête dans les bouquins. t'es aussi perdue au beau milieu d'un concert ou en train d'suivre les dernières tendances sur tiktok et instagram. poupée connectée. smartphone greffé dans la main. en même temps, ton boulot est très d'mandant aussi. enfin, c'est c'que tu dis pour t'justifier plus qu'autre chose.
04. y a p'tre une seule discipline dans laquelle tu t'débrouilles pas trop mal. c'est la danse. t'as jamais pris d'cours et pourtant, on n'peut pas nier qu't'as un sacré déhanché. sans doute naturel, pas vraiment travaillé. ça t'vient souvent tout seul, sans qu'tu n'forces. à croire qu't'as ça dans l'sang et encore, on n'saurait pas vraiment dire d'où ça t'vient. tout c'qu'on peut dire sans remord, c'est qu'tu bouges bien et qu't'as rien à envier à personne pour une débutante. pas pour autant qu'tu l'pratiquerais tous les jours, t'as pas l'temps. qu'tu répèterais en boucle, sans sourciller.
05. windell, sans qui l'monde ne s'rait pas pareil. enfin, sans la sœur surtout. très rarement l'une sans l'autre. malgré les épreuves. malgré la distance. l'importance d'une relation aussi forte que la vôtre. meilleures amies, pour toujours et à jamais. enfin, surtout quand vous n'étiez qu'des gamines. dépendantes et insouciantes. et pourtant, l'temps passe et rien n'semble changer. pas même les univers éloignés. tout ça pour une envolée d'un paternel d'une lâcheté exagérée. aguilar qui ne les ont jamais lâché pourtant. parce que dans l'fond, l'argent n'fait pas les amitiés et que c'qui leur est arrivé vous a tous secoué. très proches. trop proches. sans aucune ambiguïté. enfin, ça c'est si on r'monte à trois ans dans l'passé.
06. paris. élégante et attirante. pleine d'espoir enveloppée de désolation. savoureuse et audacieuse. la dame de fer t'a offert de magnifiques souvenirs. toi qu'a décidé de t'approprier la capitale française pour trois années consécutives. tes études que tu as poursuivi là-bas plutôt qu'ici. l'sentiment d'étouffer, l'urgence d'prendre l'air. ailleurs. sans savoir pourquoi. juste un r'ssenti qui t'a montré la sortie, l'chemin à suivre. t'aurais pu rentrer l'année passée mais t'as décidé qu't'y resterais jusqu'à la nouvelle année. pour ces liens que t'as tissé. pour cette magie que tu voulais pas voir s'estomper. bulle s'éclater. pour cet homme dont tu partageais l'lit. pour c'sourire qu'il avait placardé sur ton visage. malgré l'manque de tes racines. malgré la fin d'tes études. malgré la vie qu'tu pouvais mener chez toi plutôt qu'dans c'pays d'adoption. malgré tout. malgré rien. jusqu'à ce que la réalité absorbe l'illusion. jusqu'à ce que la vérité dévoilée érafle tes rêves. faussés. biaisés.
07. cœur éphémère. qui aime en un battement rouillé pour finir par s'évader en une fraction d'seconde. la douleur des ruptures que tu compenses en alcool en affichant pourtant un détachement irrationnel. comme si tu n'ressentais rien. anesthésiée d'avoir eu l'myocarde si souvent brisé. tu t'promets, à chaque fois, de ne plus t'attacher. et pourtant, tu l'fais quand même. tu l'montres pas, jamais. parce que t'as peur qu'on t'prenne pour une conne. parce que t'as peur qu'un jour, ton organe ne s'en remette pas. que ton foie ne supporte plus les litres d'alcools agressifs que tu t'enquilles pour ne pas avoir à montrer tes failles. et toutes ces petites fêlures qui s'accumulent. vase prêt à exploser alors qu't'as encore rien vécu. parce que, dans l'fond, t'es encore qu'une enfant. qui rêve et s'en r'met aux lectures aléatoires. de ces histoires qui ne se vivent qu'en bouquins ou au cinéma. soif d'amour étanchée par procuration. d'l'histoire d'tes parents. d'l'histoire des autres. d'l'histoire d'héros et héroïnes fictives. la vérité, c'est qu'tu rêves encore et qu't'en crèves.
08. art. qu't'as jamais compris. qu't'as jamais r'gardé. ou alors p'tre que si mais tu n't'en souviens pas. ou alors tu ne veux pas. déni qui sème le doute. parce que tu l'connais d'puis trop longtemps. parce qu'y a rien qui vous lie si c'n'est sa douce moitié. sa jumelle. ta meilleure amie. et son r'gard que tu croises trop souvent d'puis qu't'es revenue. son r'gard qu'a changé. intensité qu't'avais encore jamais décelée. qui t'laisse perplexe. qui nourrit même la plus petite de tes fantaisies. et toi, poupée farceuse -quand ça t'arrange- t'attises. tu souffles sur les braises d'une histoire qu'a jamais eu l'intention d'commencer. qu'a jamais été envisagée. rien qu'pour voir si ton palpitant y survivrait. rien qu'pour voir si ces pensées dérivées t'sont bien favorables ou si tu t'plantes sur toute la ligne. sans t'douter une seule seconde qu'tu pourrais sombrer. pour de vrai. quitte à n'pas te relever. cette fois-ci.
les infos en vrac. tu n'fumes pas ; tu bois comme un trou ; la weed en plaisir coupable d'temps en temps ; accroc à la caféine ; phobique des insectes ; t'as peur des grandes étendues d'eau ; allergique aux fraises ; couche-tard mais lève-tôt ; toujours partante pour un footing ; tu fais parti d'ces gens qui n'mangent pas la croûte d'la pizza ; t'as un chat qui s'appelle dumbo ; très présente sur les réseaux sociaux avec une jolie communauté d'followers et d'abonnés ; pas rares d'te voir participer à des œuvres de charité ou d'donner d'ton temps et d'ton argent à des associations diverses et variées.