even my phone misses your call.

identité complète / gabin, un prénom aux consonances francophones, qui glisse doucement sur les lèvres et que tu entends bien trop de fois massacré par un accent ou par un autre. tes deux autres prénoms sont ceux de tes grands-pères. abraham et george. ça craint un peu à ton goût. curtis, le nom de ton père. tu ne sais pas franchement si tu le transmettras un jour ou non. tu l'espères, au fond. lieu de naissance et origines / canadien par ton père, américain par ta mère. c'est sur les terres paternelles que tu as poussé tes premiers cris et, plus précisément, à ottawa, pas très loin d'ici quand on y pense bien et pourtant ça en fait, des kilomètres, entre ces deux villes. dont une dans laquelle tu n'as jamais remis les pieds, bien malgré toi. études ou métier / tu as fais des études en psychologie, allant jusqu'au diplôme. pourtant, tu n'as pas continué dans cette voie. pas totalement. tu as continué tes études, dans un autre domaine, pour pouvoir devenir professeur des écoles. et avec ta formation en psycho, tu trouves ça d'autant plus intéressant de pouvoir travailler avec les enfants, essayer de leur apporter quelque chose durant une année ou plusieurs, d'essayer de les accompagner, de leur apprendre un petit bout de tolérance. parce que c'est important, ça, d'instruire les enfants. orientation sexuelle / tu préfères les hommes, tu l'as su assez tôt, d'ailleurs. et c'est comme ça, tu peux pas vraiment changer quand tu y penses vraiment et malgré tout ce qui a pu se passer dans ta vie et bien, tu t'assumes complètement. statut civil / célibataire, pas vraiment un amoureux des relations d'un soir, plutôt un amoureux de l'amour, si on peut le dire comme ça. sans doute un peu trop romantique, t'as pas eu beaucoup de relations sérieuses parce que les gens cherchent de moins en moins ça, les relations sérieuses. tu ne désespères pas.

traits de caractère / t'es pas facile à décrypter, ça, c'est certain. tu sais pas si, un jour, quelqu'un arrivera à te connaître mieux que ta sœur jumelle ne te connaît. non, sans doute pas. t'es trop compliqué à analyser, et sans doute qu'un psychiatre adorerait le faire. ouai, plein de blessures et de cicatrices, le cœur battant tant bien que mal par moment. t'es pas quelqu'un de foncièrement méchant, ça, c'est certain. t'es même quelqu'un de doux, tu prends soin des autres toi, tu panses les blessures avec des mots ou avec des gestes, tu parles doucement et t'es rarement stressé ou énervé. plus maintenant, en tout cas. peut-être que tu l'étais avant, mais tu es résolument devenu un adulte calme et réfléchis. encore plus depuis que tu travailles avec les enfants. tu es à leur écoute, toujours présent pour essayer de régler les problèmes, même avec les parents. tu prends le temps, tu essayes de trouver des solutions. tu n'as pas toujours été comme ça. tu as simplement décidé de dire au revoir à ton ancienne angoisse, même sur cette dernière ne se prive jamais de revenir lors d'une crise de temps à autre, quand il se passe vraiment trop de choses dans ta vie. t'y peux rien, tu tiens ça de ton adolescence, des choses qui se s'y sont passées, des traces laissées ça et là.

s'il y a bien un truc que ta sœur te reproche souvent, c'est d'être trop terre-à-terre. trop cartésien. mais ça non plus, t'y peux rien. tu crois pas à tout ce qui touche au paranormal, t'es un scientifique dans l'âme, t'as du mal à lâcher prise avec la réalité. tu devrais, sans doute. ça te ferait du bien, mais t'as besoin d'avoir un certain contrôle sur ta vie, dans toutes ses facettes. t'as besoin de ça et de stabilité. surtout émotionnelle. vivre avec ta jumelle. être dans une relation stable - ou tout du moins avoir été dans une relation stable.

et derrière tout ça, quand on cherche encore un peu, quand on veut vraiment voir, y'a sans doute une petite couche de rancune, quelque part. pour tes parents, pour elisa. tu sais pas, y'a toujours eu ces histoires un peu étranges, d'esprit, que t'as jamais comprises. et ça a prit du temps à tes parents de calmer ta frangine, toi à côté t'avais rien à dire, rien à montrer pour avoir un peu d'attention. mais t'es pas conscient de tout ça, tu sais pas, t'as l'impression que cette sensation a toujours été présente alors t'y fais pas spécialement attention. triste. et puis t'as un peu peur de l'inconnu, peur d'aller vers les autres, peur d'être seul, la nuit, dans des quartiers pas forcément bien fréquentés. peur de beaucoup de choses que t'as jamais admis, peur, par moment, d'être toi-même.