teen idle

on fait le tour de la ville. sur le toit du monde. au plus haut de la colline. là où on frôle ces mêmes étoiles qui émerveillent ceux qui foulent l'asphalte d'un hollywood bien plus embelli par la poussière scintillante d'un imaginaire fantasmé. celui dans lequel on s'enferme, on s'accroche, se cramponne sans voir forcément que les pieds s'enlisent dans une boue visqueuse menant aux abysses. blake n'a fait que côtoyer la triste réalité de la mondanité dévêtue de sa voilure opaque. planquée dans les toilettes des boîtes pour une fine ligne de poudre blanche aspirée sur le rebord d'un évier poisseux. que des filles et fils de que blake envie parfois. leur frivolité dissimulée sous l'irrévérence, leur sang bleu issue des flots intarissables de billets verts que leurs parents récoltent gaiement. y'a jamais eu la place pour ramasser simplement les coquillages le long de la plage. comme si y'avait jamais eu d'enfance, petit pion englouti par les excès de l'adolescence précoce. qui veut du soleil et des liasses. en un millier de morceaux de verre, leur monde s'est effondré. la tour d'ivoire fracassée sans que l'ombre d'un doute, d'une remise en question quelconque ne plane au-dessus de leurs têtes couronnées. parce qu'ils étaient intouchables. rois du monde, les grayhall jouissaient de leur réputation immaculée. l'intégrité manifeste poinçonnée dans le hall de ce groupe qui ne désirait rien de plus qu'aider son prochain, permettre à d'autres de grimper l'échelle sociale frelatée. fallacieux rêve américain, réduit en cendres mais dont quelques braises subsistent assez pour raviver l'étincelle. les traînes-malheurs se sont agglutinés auprès des litanies capiteuses. les palabres si mielleuses qu'elles ont emprisonnées les butineuses aveuglées par le soleil brûlant. le père grayhall aura fini par se brûler les doigts jusqu'à embraser l'intégralité du cocon cinq étoiles qu'il avait construit. le drapeau noir s'élève et signe le deuil d'une trahison que blake porte à bout de bras. fall back into place. la débâcle a poussé blake à partir. sans aucun mot, le sac à dos rempli du strict nécessaire pour s'envoler vers d'autres horizons. on dira de lui qu'il est parti comme un lâche, ou qu'il a su prendre la bonne décision. juste avant de devenir le témoin de déchirures qui ne se recousent pas. des craquèlements parsemés ça et là ont mené à la ruine d'une façade que le couple grayhall avait su maintenir contre les premiers affronts des gros titres du journal local. grayhall l'ennemi. grayhall et sa bienveillance à vomir. les dessins grossiers de son visage empalé sur les fourches de ceux qu'il aura arnaqué s'amoncellent sur le pas de leur porte. secrètement, blake imagine des visites sibyllines en prison, les mains moites maintenant difficilement le téléphone à l'oreille pour écouter les élucubrations d'un père en qui il ne croit plus. time flies and i can't do shit about it. fâcheuse impression que tout le dépasse, le domine à l'instar des grattes ciels inaccessibles qui domptent les artères de manhattan. il a ces allures de vagabond qui arpente les rues sans savoir où il va, se perd presque parfois dans les artères du queens en espérant trouver ce coeur brassé par le passage des foules. blake se laisse gaiement emporter par le mouvement de la masse, se résigne à n'être rien de plus qu'un grain de poussière de plus parmi des millions d'autre, cherchant à mener sa barque en évitant les rapides envoûtantes mais qui mèneraient à une fin prématurée. bloqué dans son extase du pays imaginaire, blake n'aspire qu'à y mettre les pieds. fouler la terre de l'éternelle jeunesse sans être forcé de regarder le temps défiler à une vitesse qu'il ne maîtrise pas.