l'coeur à l'envers (alba)

traits de caractère / l'coeur vibrant pour chaque découverte d'ce monde. les voyages au travers des continents pour apprendre, s'faufiler entre les peuples d'une autre vie. poupée qui s'acclimate autant qu'elle laisse les éclats d'rire s'fondre au milieu des accents dérapants sous la langue. cette vie d'avant ancrée dans l'myocarde et sous l'échine. les traces noircies à l'aiguille vibrante et l'encre pour s'rappeler. alba, oh belle alba, les yeux des autres stoppés sur les formes d'ses courbes, ceux qui ne voient en elle qu'une poupée d'porcelaine, attrayante, assez pour échauffer les muscles. la première à donner. la première à offrir. la première à penser aux autres. et la dernière pour poser des mots sur l'constant pathétique de son existence. corde autour du cou et l'diamant à l'annulaire en pensant que ça effacerait la plaie béant d'un mal(amour). oh alba, fragile et sensible. les émotions au placard qu'elle ne montre que dans de rares moments. les larmes refoulées qui font couler l'mascara dans l'ombre d'une vie éteinte depuis longtemps. femme trophée. femme exposée dans la galerie des envies d'son mari. être. paraître. et ne même plus savoir ce qu'elle désire vraiment. des rêves écrasés par le talon d'ses escarpins hors de prix. des envies assassinées par les mots moqueurs d'son époux. là pour briller en société et prôner l'amour parfait. pas plus. pas moins. mélancolique souveraine qui hoche la tête et s'mord la joue au sang. goût carmin pour rappeler l'erreur et la rancoeur. elle voudrait s'échapper, laisser ses rêves s'exalter, créer son association, aider les autres à d'se sauver elle-même. ne plus rien attendre de personne. briser ses chaines. exister comme la fille solaire qu'on décrit, comme la fille engagée qu'on admire. piétiner les silences qu'elle balance en guise de réponse pour dépeindre la passion qui creuse les viscères. laisser alba existait pour autre chose que la brave madame vanderbilt. passionnée. passionnante. uniquement quand elle le décide et qu'on creuse les couches anesthésiées par l'emprise de son mari. rose fanée. épine vénéneuses qu'elle rêve de planter pour retrouver sa liberté. abandonner l'fric et l'confort pour s'émanciper. redevenir celle d'avant. retrouver l'audace de ses vingt ans. oser. oser plus fort. oser tout le temps.

(je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai) // l'histoire, elle est triste. comptine d'hiver où la prose n'prend plus. rimes trop désabusées pour devenir enchanteresses. langue perfide qui remue sous l'palais. sifflement des insultes. celles balancées quand l'courage s'fait roi. armure défoncée par l'ignorance et les silences. l'amour s'marre, retourne l'coeur et s'fait la malle avant même de s'y être accroché. naïve. le mot résonne, fait écho et provoque la douleur. alba, assez conne pour y avoir cru. mythe forgé du grand amour, celui censé durer mais qui s'termine dans les cendres d'un incendie consumé trop vite. rien que des sourires pour faire semblant. des mots tendres qui ont l'effet d'un pieu dans l'coeur. ça fait plus boom boom. ça devient que de l'acide pris dans la tronche. aie. elle voudrait l'dire. pour les heure de souffrances. pour les heures dans l'noir. corps recroquevillé dans des draps hors de prix. l'regard placardé vers le plafond. compter les démons et s'demander quand satan a gagné. prières, les mains liées qui servent même plus à rien. la croix d'abuela arrachée avec l'humidité des larmes contre l'bout des phalanges. femme trophée trimballée par l'mari pour donner l'illusion d'la famille parfaite. demeure impeccable dans le queens huppé. étendu de verdure où l'chien s'balade. dorures aux plafonds. bon chic. bon genre. le cristal des verres qui claquent les uns aux autres. trinquer au meilleur. se bouffer l'pire. ramassis d'cliché qu'elle vomi, alba. même les baisers sont saveurs. les caresses deviennent fardeaux. elle l'a aimé pourtant, son mari. si fort qu'elle a cru que ça suffirait. si fort, qu'elle s'est dit que lui aussi finirait par crever d'amour pour ses yeux noirs. qu'un trottoir contre les dents et une explosion dans la poitrine. organe flambant d'sang quand la conclusion s'termine sur un faux-semblant d'plus. la carrière au premier plan et les mensonges avec. de cette paternité qu'il enterre en laissant l'épouse au sol. de ces soirées où il disparaît et qu'elle l'attend encore. sombre conne pense-t-elle l'myocarde prêt à exploser. plongée dans la pénombre à chaque retour. les baisers qu'il cherche et l'gouffre qu'il s'prend. distance pour s'donner l'espoir d'avoir encore son mot à dire. rebondissement d'ses maux à elle. quelle belle connerie ce mariage. le diamant aiguisé sert plus à rien. ni même les cartes de crédit qu'elle aligne pour compenser. épouse tragique aux rêves éteints. elle les réanime en s'donnant de l'importance pour les autres. les aider pendant qu'elle sombre. les sauver pendant qu'elle appelle à l'aide.
un silence de plus. il n'y a plus personne dans sa cour.
plus qu'un coeur émietté.
canibal d'mari.

(nous on a craqué l'allumette pour l'étincelle de nos débuts) // y a l'coeur qui s'accélère. l'espace d'une seconde. d'un rêve inavoué. d'une chimère évaporée sous l'audace d'un sourire. un rictus. un simple rictus sur l'rouge d'ses lèvres. elle se sent partir, alba. une ivresse qui réchauffe les muscles. un désir qui parsème l'échine. ça paraît fou, insensé. interdit. le mot glisse sous l'palais. et ça la pousse un peu plus au bord du précipice. elle pourrait y plonger. la tête la première. et l'palpitant à ses pieds à lui. elle le nomme pas. ça deviendrait réel. elle l'imagine. au creux d'ces nuits qui défilent. sous la cambrure d'ses reins. quand les phalanges s'baladent. quand les dents dérapent. les souvenirs d'cette première rencontre. une salle bondée d'monde. une soirée caritative d'plus. les verres qui claquent. les voix en écho. mais quand leurs regards se sont croisés, durant un lapse de temps aussi filant qu'une étoile, il n'y avait plus qu'eux. un cliché dégoulinant. et pourtant, elle s'revoit, alba. avec sa robe pour dessiner ses courbes. avec l'corps tremblant et le souffle coupé. des pulsations irrégulières, rattrapées par l'pas de recul. mariée. t'es mariée, idiote. elle l'a répété. une fois, deux fois, puis elle a arrêté d'compter. bouffée par l'ombre d'un mari absent. détruite par des sentiments meurtris et fanés. réveillée par c'regard différent. bouleversée par l'intérêt qui semblait s'profiler. y a eu cette approche. ça paraissait banal. ça a commencé sur les bulles d'champagne, ça s'est terminé sur des éclats d'rire. et ce qu'elle paraissait belle, putain. pleine de vie, audacieuse, charmeuse. elle n'avait plus rien d'un fantôme à peine vivant. elle n'était plus seulement un trophée trimballée et abimée. et depuis elle s'laisse emporter pour l'noir d'ses yeux. kemen. elle aime l'souffler tout bas quand ils s'croisent. elle aime le murmurer sans qu'il ne l'entende. kemen. peut-être qu'elle fonce droit dans l'mur. folie qui fleurit sous l'soleil d'son rire. folie qu'elle arpente quand l'temps se suspend. elle l'explique pas. elle l'comprend pas non plus. première fois qu'elle s'imagine profaner la promesse d'éternité. première fois qu'elle s'imagine s'perdre contre l'corps d'un autre. froisser les draps autant que son mari froisse son coeur. plonger. plonger et se mêler aux vagues tentatrices. pour sa gueule à lui. pour les mystères qu'il sème. pour la différence qu'il marque au fer rouge. et elle pourrait y passer des heures alba. à parler d'ses voyages à travers l'monde. d'sa passion pour l'art. d'sa maladresse qui en devient tendre. de ses rêves achevés trop tôt. d'cette association qu'elle dessine dans un creux d'son coin. elle pourrait s'nourrir d'son odeur. d'ce parfum qu'elle reconnaîtrait maintenant les yeux fermés. sens en alerte. de l'ouïe au toucher. à la vue quand les regards s'croisent et paraissent flamber à l'unisson. elle l'explique pas. elle l'comprend pas. elle pose pas de mots quand il apaise ses maux. mais ça lui fait du bien à alba. tellement de bien que l'écart s'creuse avec son époux.
et pour la première fois, elle voudrait penser à l'instant présent.
arrêter d'être qu'un pantin.
puis respirer à nouveau.