fleur & monstres.

traits de caractère / enfant du merveilleux. tu revêts l'innocence en préface, plastique délicate rehaussée d'une candeur qui s'esquisse en constellation sur ton visage ; minois fardé d'une ingénuité ostentatoire tendant à faire oublier cette force tranquille qui sommeille en toi.
le vague à l'âme et la psyché en liesse, le myocarde qui s'éprend pour la plus infime des merveilles. une prédisposition à prendre l'imaginaire pour refuge, à t'en faire une parade pour mieux survivre à cette réalité trop dure. tu es de ces privilégiés qui savent s'émerveiller de la danse des lucioles et du chant de la pluie ; qui s'obstinent à voir le beau au-delà de l'ignominie. ton bonheur, tu le trouve dans ces petites choses que tu croyais t'être à jamais interdites ; ces petits riens délicieusement futiles qui te font te sentir libre. l'étreinte de l'herbe contre tes pieds nus, le souffle d'une brise dans l'automne de ta chevelure, la caresse du soleil sur ton derme clair.
invisible jouissant de l'attention qu'on ne te porte pas, fleur d'ombre dont les pétales se subliment à l'abri des regards, ils sont rares ceux qui peuvent prétendre à effleurer les craquelures inhibées sous la porcelaine de ta façade ; restes de cette humanité écorchée que tu confines jalousement dans l'enclave de ta tour d'ivoire.

y avait ses yeux, couleur galaxie. et puis sa crinière, d'une douceur infinie. "maman". il ne te reste d'elle que des souvenirs. partagée entre la maison et le lit d'hôpital. cadavre ambulant qu'on pointait du bout des doigts. silhouette frêle, qui n'arrivait plus à suivre ses pas. elle avait le corps fatigué, dévoré par la maladie. le cancer qui s'installait. la laissait dépérir. ses cheveux qui tombaient, pour ne plus revenir.

mais maman. y'a ton sourire qui perdure malgré tout, dans mon esprit.

lila, tu es une enfant perdue, qui se construit sans repères. bercée entre les sautes d'humeur et l'alcoolisme de son père. incapable de sortir la tête de l'eau, de s'épanouir autrement que dans le chaos. ton père, ton fléau. le désespoir qui le ronge, qui s'ancre en lui tel un poison. les désillusions. la dépression. une môme trimbalée dans des apparts miteux, dans des deux pièces poisseux.

qui es-tu ?
y a les échos d’une voix féminine qui t’appelle,
y a ce doux parfum de fleur qui t’envoie dans un monde parallèle.
dans une autre vie qui est si loin d’aujourd’hui.
aujourd’hui. y a que lui. lucifer se cachant sous le voile du grand soleil. l’homme aux biscuits, celui qui pour la première fois de ta vie a été gentil.
écoute toujours ce que je dis. et tu le fais lila, tu le fais bien. des mains sales qui caressent la peau de porcelaine, aux sourires sincères. des mots cochons, aux jeux abjectes.
impératrice du vice alors que le visage dépeint toujours les traits d’une enfance spoliée.
détentrice d’artefacts interdits pour un si jeune âge, t’es l’enfant du pêché.
bridée par tous les maux, tu ne te rends pas comte. jamais. de la tendre enfance jusqu’à maintenant, tu fais du sale sous couvert qu’un jour, tu puisses le voir sourire lui aussi, comme il te fait sourire.
qui es-tu ? tu ne sais plus lila,
ta seule vérité n’a plus qu’un seul nom aujourd’hui, et c’est grisha.