bad memories (do not open)

traits de caractère / (résumé) souriant, réservé, anxieux, charismatique, poli, perfectionniste, travailleur, maniaque, germaphobe, critique (surtout envers lui-même), déterminé, rêveur, sensible, étonnamment éloquent, (trop) empathique, altruiste, amical.

clarence n’est ni plus ni moins qu’une éponge. il n’est pas né pour exister ; il n’est né que pour rembourser les dettes du passé.
clarence est un homme avec une certaine élégance, jugé charismatique par ses pairs et que l’on écoute avec attention. il a une certaine aura, délicate, qui se dégage de lui et qui inspire confiance. peut-être est-ce son visage angélique, le sourire mensonger qui étire toujours ses lèvres fines ; il ne sait pas.
clarence met beaucoup d’efforts dans sa présentation de lui-même. il veut paraître abordable, aimable. il ne veut pas, d’ailleurs, qu’apparaître ; il veut être être.
clarence vit pour autrui ; pour les aider, les servir, les faire rire. il ressent leurs douleurs, faute de laisser vivre la sienne. il espère, sûrement, égaliser le mal du père par le bien qu’il fait.
clarence, quand il n’aide pas autrui, travaille. il est déterminé, perfectionniste, minutieux. il a le sens du détail, mais surtout il a un esprit si critique envers lui-même que rien, jamais rien, n’arrivera à la hauteur de ses propres exigences. il veut faire mieux, bien qu’il est perdu la notion même de ce mot à force de le poursuivre.
certains le qualifierait d’ambitieux, d’autres de rêveurs, mais le mot juste serait acharné. personne ne comprend ; qu’a t-il donc à prouver, celui-là ?
clarence garde les aspects les plus sombres de sa personne, de sa vie, pour lui. personne ne devrait avoir à partager les démons qui l’habitent. alors, sous l’apparence de l’aimable garçon toujours souriant, il y a un enfant terrifié. l’angoisse le ronge, à chaque minute, et seules ses mains légèrement tremblantes, ses ongles rongés, trahissent cet état de pensée.
mais, personne ne le voit, ça.

carl se rappelle de chacun de leurs noms.
neuf femmes. neuf corps. tous salis par un seul homme : son père.

il n’avait que huit ans, à l’époque, mais il se souvient encore que c’était l’un des sujets du moment.
il n’y avait que deux victimes à ce moment-là et la police avait déjà établi un profil correspondant à celui d’un homme blanc, entre 30 et 40 ans : un « monsieur-tout-le-monde ».
carl se rappelle que sa mère avait rit, nerveusement, face au téléviseur ; « des hommes blancs à new york, ce n’est pas qu’il manque ! » lui n’avait pas vraiment compris ; ça ne l’intéressait pas plus que cela, il faut dire. « ils n'ont qu'à arrêter ton père tant qu’à faire ! » que sa mère avait ajouté. ils avaient tous ris.
elle n’avait pas tord, pourtant.
au bout d’un an et demi de recherche, c’est le père de carl qu’ils sont venu chercher. c’est son père qui a été arrêté, et c’est son père qui a tout avoué, un sourire aux lèvres.
sa mère et lui, ils n'ont plus rit avant un long moment.
leurs vies entières ont été bouleversées.
carl senior n’a jamais eu à en vivre les conséquences. il avait déjà eu son heure de gloire, ça lui avait suffit et il a été retrouvé pendu dans sa cellule, laissant derrière lui les décombres d'un héritage macabre.
carl et sa mère se sont envolé à montréal, incapable de rester là où l’époux, le père, avait laissé s’épanouir son péché.
carl est devenu clarence,
mais clarence n’a jamais tout à fait oublié carl.  

carl était proche de son père. clarence n’a personne.
sa mère voit dans son regard la même lueur que celle qui brillait dans les yeux du paternel.
« vous êtes les mêmes. » qu’elle murmure, ou crie parfois, à son oreille.
silencieusement, il hoche la tête.
silencieusement, il prie pour qu’elle ai tord.

teresa a choisi d’oublier. elle n’a jamais pu encaissé ce qu’il s’était passé, et a préféré tout renier. elle a oublié avoir, un jour, aimé l’homme qui a péché.
elle s’est re-marié, a eu deux autres enfants, et s’est concentré sur son métier.
pourtant, certains soirs, un peu trop alcoolisée, les images reviennent la hanter. ces soirs-là, elle n’oublie pas de venir partager ces réminiscences indésirées avec son fils détesté ; la progéniture qu’elle aurait, aussi, voulu abandonner dans le passé.
le lendemain, tout est, à nouveau, oublié et mise à part son expression fatiguée, son regard hanté, personne ne devinerait qu’elle a quelque chose à cacher.

clarence, lui aussi, a oublié. un jour, il était carl. le lendemain, il était clarence.
clarence n’avait pas de passé et encore moins d’identité. clarence se contentait d’être, comme une âme égaré.
clarence n’avait jamais connu son père, n’avait de new york que des souvenirs étrangers.
clarence n’avait pas de père, mais carl en avait un.
le père de carl était un homme doux, réservé, avec lequel il s’entraînait à jouer au base-ball. le père de carl avait un job flexible qui lui permettait de venir chercher carl à l’école, d’aller s’entraîner avec lui. le père de carl l’écoutait toujours, prêtait toujours attention à son fils et embrassait sa mère, un sourire aux lèvres, tous les matins avant d’aller travailler.
le père de carl était aussi un meurtrier et un violeur. quand il se faisait absent, il était occupé à chasser. il épiait les gens, les femmes en particulier, et notait chacun de leurs mouvements. quand il était certain que l’opportunité allait être facile à saisir, que l’attaque serait parfaite, il se jetait sur sa proie.
ensuite, il rentrait à la maison et il redevenait le père de carl. le mari de teresa.
la question qui s’est posée à carl, probablement la même qui s’est posée à teresa, c’est : comment n’ont-ils pas pu le remarquer ?

clarence n’a jamais rien partagé de son passé.
il a continué à travailler, à traîner avec ses quelques amis, à mener une vie semblable à la normale.
il a continué à prétendre que le nom cumberbatch s’était envolé, et qu’aucune partie de son géniteur évanoui existait en lui.
il a ignoré la culpabilité qui est née, les souvenirs qui ont commencé à assombrir ses rêves et l’angoisse qui est venu lui couper le souffle.
pourtant, neuf noms continuaient à le hanter, comme si carl les lui murmuraient.
il n’est jamais arrivé à s’en défaire.
il devait y avoir un but à tout cela.
clarence était né pour accomplir une destinée.
il a cumulé les jobs, a mis de l’argent de côté, et à l’âge de 22 ans, clarence a mis toutes ses économies dans l’achat d’un billet d’avion.
bientôt, clarence foulait à nouveau le sol d’une scène de crime étrangement familière. un acte que teresa, jamais, ne lui a pardonné. un acte qui lui a coûté son existence dans la mémoire de sa propre mère.
bientôt, il rejoignait ces vestiges brumeux d'un passé que teresa ne reconnaissait pas.
bientôt, clarence retrouvait carl.
bientôt, clarence se retrouvait à prier pour que personne ne se souvienne d'à quel point les traits de carl étaient similaire aux siens.
personne, même lui.