gone girl (tw)

traits de caractère /


Elle est sale ton âme barbie, d’obsidienne comme les billes qui prétendent donner vie au pantin défiguré. Dans le temple profané, ils ont tout emporté. La tendresse, l’empathie, les désirs simples de la vie. Elle est morte barbie. Enterrée vivante sous les affres vacillantes. L’âme oscille vers l’extrême. Ces ténèbres brillantes dans lesquelles l’esprit perfide se réfugie. L’instabilité barbie. Celle que tu manies. Quand la lame glisse sur la peau, que les perles écarlates épousent la moquette de ta chambre. Le souffle luciférien, de la poupée à la chair entamée. Coupable du cataclysme chaotique qu’ils ont inscrit dans l’encéphale. du poison sur la langue, la vipère crache souvent, plante ses griffes sur les visages qu'elle déteste. la vilaine n'est pas belle. la vilaine est malsaine. des vices, elle se nourrit. comme pour affirmer que ce monde n'est que pourri.

poupée de cire

d'entre les jambes immobiles sillonnent des gouttelettes. les livides, les blafardes qui s'épuisent à venir s'écraser sur l'asphalte putride. l'immaculée se teinte parfois de rouge quand les morceaux de vie s'écroulent devant la pointe des pieds. le vermeil est poisseux, liquoreux, il pleure ceux qui s'éteignent avant même d'avoir connu l'esquisse d'une lumière. les larmes ont ruisselé tant de fois sur ces joues creusées. des paupières éclatées, elles dégringolent, viennent purifier le visage des souillures sempiternelles. elles nettoient cette crasse qui s'incruste, s'immisce sous les plaies, contamine l'âme et ses traits.
dos au lit, la carcasse se pare sous les tissus miteux. les courbes se dissimulent, mettent fin au mythe qui ne vivait que pour lui. les doigts machinalement époussettent les poussières accrochées au pantalon troué. et derrière toi barbie, les mains viennent effleurer les tiennes sans qu'aucun frisson ne parcourt l'épiderme. c'est la douceur qui en émane pourtant, dans ces rares moments où le temps se suspend.
« viens on s'casse, on s'en va, on s'enfuit, barbie »
vers ces contrées infinies où la mer n'a plus de frontières. la grande bleue étendue devant ces yeux qui se posent les lignes continues. celles que vous aimeriez effacer. pour que l'azur du ciel se mélange aux vagues marines, que les nuages de coton fondent ou transportent en leur sein ces oasis de bonheur. là où vous plongerez, ensemble, effaçant les affres impertinentes. mais ce n'est pas pour toi, barbie, même si le myocarde bondit sous la peau meurtrie.
« ça n'arrivera pas, rob'. parce qu'ils vont t'tuer. ils vont te fracasser, t'éclater les dents sur les pavés, t'exploser la cervelle à coup de revolver. dans la tête, dans le coeur. et sur ta gueule ils inscriront barbie, en gros, là sur ton front. et comme ça ils l'afficheront, comme un étendard, sous mes yeux pour que je me rappelle toujours que c'était d'ma putain de faute. »
la colère et le dégoût amer. car la sentence est implacable, frappe le visage comme une tornade infernale. barbie, t'es condamnée, devenue juste bonne à tirer. pour leurs mains dégueulasses, les poisseuses qui se baladent sur le corps qu'ils font leur. ils maltraitent, dans les palabres et les gestes, réduisent l'être à l'objet.


sur la chaise froide qui grince, les coudes s'ancrant sur le bureau délabré, les doigts perforent les orbites, les enfoncent jusqu'au cerveau étiolé. il y a les cicatrices immuables, près des veines, derrière l'oreille, sur les cuisses et sous les côtes. partout, le corps démange sans que tu puisses rien n'y faire. alors le noir apparaît comme un réconfort, près des mains aussi sales que les leur. parce qu'elles trempent dans la poisse. celle qui imprègne les draps, qui respire derrière les murs. les billets rangés près des sachets, du pistolet chargé et d'une lame aiguisée. barbie, la respiration est lente, juste ce qu'il faut pour te maintenir en (sur)vie. les échardes écorchent les phalanges qui s'agitent. dans le cri qui déchire, l'eau croupie du vase macule la moquette. il s'écrase, laisse échapper la poussière des fleurs fanées. le tourbillon de rage emporte les feuilles qui s'envolent en même temps qu'elles se déchiquètent sous les ongles dépravés. la gueule, elle se fracasse, barbie. le calme s'efface, exalte la tempête qui rugit et qui hurle.
la plainte est longue, elle maudit.
recroquevillé, le corps pendu à ce requiem infini.