in the water -- / ryan

mama oh i swear. “mama, oh, i swear i will try to make you proud. mama, yes, i'm scared. what if i die inside a cloud?” — Des centaines de photos tapissent les murs, les traits de la matriarche dessinés des milliers de fois, sous la lumière des lustres de leur pied-à-terre de Richmond ou les doux rayons du soleil un matin d’été. Ils sont imprimés sur les rétines de l’aînée de la fratrie, gravés comme des lettres dorées dans le marbre d’une pierre tombale. Le sourire inanimé dépeint sur le papier, brillant sous les néons jaunâtres et frétillants, n’éveille aujourd’hui que des larmes, aussi silencieuses que incandescentes, creusant des ruisseaux le long de ses joues. Elle tente de se concentrer sur ce rire qui peine à remplir ces murs austères et non pas sur les gémissements de douleur parvenant désormais à ses oreilles. Et la gamine peut presque l’entendre, à travers les photos qui jaunissent elles aussi, sans jamais réussir à étouffer les pleurs maternels dont les échos ne cessent de lui parvenir lorsque le patriarche rentre tard le soir. Puis un jour, une nuit, vient le silence.

in the water. “with who we are today, could never make amends for what we've done. tainted blood, his eyes, his eyes are full of love, forgive them, release them.” — tw féminicide Les sacs sont faits dans la foulée, les vêtements jetés vulgairement à l’intérieur tandis que les jouets sont délaissés sur un sol aux allures de champ de bataille. Les deux enfants observent la silhouette maternelle danser devant leurs obsidiennes, leurs lèvres scellées sans pour autant y avoir été invités. Une partie de son être à elle sait que les mots doivent à présent être ravalés, étouffés, enterrés en compagnie de toutes ces questions auxquelles aucune réponse ne sera jamais apportée. Et lorsque le corps du patriarche entre dans la danse, ses lippes restent soudées. Ses yeux eux suivent les mouvements effrénés de ses parents, son encéphale refusant aujourd’hui de bloquer les cris féminins qui viennent faire bourdonner ses oreilles, alors que ses paumes couvrent celles de son cadet avec plus de force que nécessaire. Une fois les éclats suffoqués, c’est contre le torse du meurtrier que leurs deux corps se heurtent. I love you both so much, fait résonner cette voix continuant de la hanter autant que de la bercer, celle d’un père parfois aimant mais surtout d’un mari violent, d’un homme devenu monstre à travers les années.

uc. aftermath.

uc. dylan.

uc. army.

not angry anymore. “i'm not angry anymore. well, sometimes i am. i don't think badly of you. well, sometimes i do. it depends on the day, the extent of all my worthless rage, i'm not angry anymore.” — tw suicide La plante de ses pieds frôle le même sol bétonné, mais c’est maintenant seule que la militaire voyage jusqu’à l’objet de ses plus profonds tourments. Dès le moment où ses orbes se posent sur le patriarche, tout ce qu’elle ressent est une extrême pitié pour la personne qu’il est — et a toujours été. Sweetheart comme la mélodie d’un piano dépareillé à ses tympans. Un sourire, un factice, un qui ressemble bien trop aux derniers qu’elle a pu voir s’étirer sur les lèvres de sa mère. I just wanted you to know that I don’t hate you anymore. Elle marque une courte pause, ses yeux océaniques toujours plongés dans l’inexpressivité des siens, les larmes menaçant de s’y faire un chemin. I’m not waiting for you. After you. I’m my own person now and so is Dylan. We wouldn’t have done if you were still here. La jeune femme les autorise à couler le long de ses joues — comme un replay des fois où elles venaient brûler sa peau enfant. I truly hope you find peace someday. Il ne la trouvera pas, son corps retrouvé pendu dans sa cellule quelques jours plus tard. Et lorsque sa fille se penche sur son cercueil, seulement six syllabes s'échappent de ses lèvres dans un murmure à la fois à peine audible et puissant : I hope you rot in hell.

uc. joy.

uc. jace.