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 I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)

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Orphée Lessing;

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Orphée Lessing



Moya Palk
Celestial (avatar), Ethereal (icons)
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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Sam 17 Oct - 10:01


I'm gonna live like tomorrow doesn't exist
And I'm holding on for dear life, won't look down won't open my eyes
Keep my glass full until morning light, 'cause I'm just holding on for tonight
Help me, I'm holding on for dear life, won't look down won't open my eyes
Keep my glass full until morning light, 'cause I'm just holding on for tonight
On for tonight
On for tonight

  Ses mains tachetées d’aquarelle dévorent le papier crépon, la création semble une météorite d’abstraction, des couleurs partout des couleurs, dans le regard l’apaisement. Elle se souvient de la première fois où ses yeux se posèrent sur la chambre préparée pour elle, des mots de Grisha, un roulement de placidité mêlé dans la sécurité, tu es ici chez toi à présent Orphée, elle n’avait pas considéré cette place les premiers jours, elle avait pris ce qu’on lui offrait, ses yeux virevoltant mais ne se posant jamais puis il était apparu. Il avait le visage de la froideur, de la méfiance ; elle avait les orbes rieuses, les pupilles chipies, prompte à apposer sur la joue de l’inconnu un baiser de fantaisie. Pour elle. Pour lui. Ce visage de garçon lui rappelait son frère, elle s’en souvient, vite disparu pour laisser place à la lumière étincelante d’un autre qui se nommait Misha. Misha Orlov. Elle chuchote son prénom, le soir, avant de s’endormir, comme un rituel, un mantra, un attrape rêve. Il supprime les cauchemars et efface la solitude, celle profonde qui inonde le coeur, noie l’âme. Aujourd’hui, Orphée se sent triste, les larmes de pluie coulent sur ses joues, chutent sur le bureau, sur les draps dans lesquels elle s’est emmitouflée pour taire les ruisseaux impressionnant de sa tristesse, elle la tasse dans le coeur, et celle-ci réapparaît lorsque les pierres ne suffisent plus pour bloquer le surgissement des sanglots. Elle a gravé des mots, des phrases qu’elle a écrit pour se confier, comme une urgence de dédramatiser les lourdeurs du myocarde et de l’âme qui s’échoue sur les rivages d’un morcellement psychique. Ce que l’on voit, c’est une Orphée heureuse et épanouie. Ce que l’on ne voit pas c’est une Orphée en prise avec les rugissements éternels de ses réflexions, de ses doutes, de ses frayeurs. Il a promis qu’elle ne mourrait pas, elle l’a cru mais la logique s’est remémoré l’impuissance des jeunes gens, ces jeunes en mal du siècle, épris des ivresses sanglantes.

 Orphée s’habille de coton, une jolie robe d’épure et de simplicité, blanche et ornée de bleu, sur laquelle on a cousu des perles pour égayer la joliesse du corps. Pas de maquillage ni de coiffure élaborée, cela ne servirait à rien puisque, elle le sait, cette sortie dans une boite de nuit, lui permettra de noyer sa peine dans les verres remplis d’alcool. Se changer les idées par l’oubli, le massacre du foie, boire, boire, boire, et égarer sa lucidité, égarer son esprit. Les deux filles, ce matin-là, l’avaient jugé, d’un regard méprisant, assuré de leur supériorité, on ne la voit jamais et elle ose être impertinente envers le professeur, celui-ci avait répondu à ses questions, sympathique, patient, d’une douceur avec sa voix grave, elles étaient françaises, elles ne comprenaient pas que l’institution américaine, l’éducation de ce continent promouvait la sagesse et la bienveillance, pas tout le temps. Elle s’était sentie blesser, un peu comme une lame qui transperce, parce que ce n’était pas la première fois qu’elle se cognait contre les jugements et les préjugés de ces camarades qu’elle voulait connaître. Au lycée, au collège, les parents. Seul Ainsley lui lâchait des compliments, des mots d’affection tendre, de miel et de rire, le soir après les cours, quand, tous les deux, ils se trouvaient dans la cuisine et que monsieur manquait de gâcher son énième plat. Il avait la persévérance dans les veines et l’humour noir dans les agates. Le frère soignait les plaies d’un rire amène et joyeux, et sincère. Si Orphée arbore ce sourire des bonheurs, c’est bien pour rendre la vie à ce mort qu’elle chérissait, qu’elle admirait ; il représentait son modèle.

 Et Misha ? Ni son frère, ni son petit ami. Un ami. Des brisures et des douleurs, dans ses ébènes, un regard dominant les obstacles. Elle ne s’exprime pas mais ressent, le bien qu’il lui fait, ce qu’il lui donne, sans s’en apercevoir, l’attachement. Elle n’ose pas – et cela est rare, nous le précisons – parler de ce sentiment qui, depuis la nuit des temps, a fasciné les êtres et les poètes, l’amour. Je l’aime. C’est dans sa tête, partout dans son esprit, partout dans son corps. La porte claque, la présence assène ses litanies de joie, il a, de ses chaussures vernies, supprimé les vertiges. Orphée l’accueille sur le pas de sa porte de sa chambre, le sourire peine pourtant à s’égayer, il y a encore les paroles des filles qui percutent les pensées.  « C’est quand que tu arrêtes d’être aussi beau ? » et ses lèvres esquissent l’énorme sourire des factices. Beau, son charisme. Belle, son âme. Attendrissant son esprit.  « En fait je vais pas te faire honneur ce soir… quand je vois comment tu es habillé à la perfection, ça me donne envie de te voler ta dernière chemise. » Elle taquine, son expression d’ange, maligne et enjouée.  


(c) corvidae

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vent d'est, vent d'ouest
Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Dim 25 Oct - 10:52

like tomorrow doesn’t exist
Orphée & Misha

« You're beginning to feel less like a friend and more like home.  »
C’était la différence fondamentale, entre Orphée et le monde. Lorsqu’elle lui avait confié par messages pixélisés souffrir quelque peu des commérages alentours, la fronce des sourcils de Misha avait corroboré son courroux. Et avec ce naturel désarmant suintant l’agacement farouche, contre le monde et non contre elle, il s’était bien arrogé le droit de tous les insulter puis lui proposer sa compagnie. Ces langues médisantes et jalouses, le russe ne les avait guère supportées puisque c’était elle. Puisque y en avait pas deux comme Orphée, à éveiller en lui la braise dormante des belles protections, et qu’il suffisait d’une brise pour réveiller le feu. “Qu’est-ce que t’as ?” La pupille de Sergueï percuta le reflet du rétroviseur comme il put voir le faciès rembruni et fermé de Misha. Ses yeux sombres se fardaient d’éclairs et y avait rien à y faire, lorsqu’il se trouvait dans cet état. Mutique, l’héritier du crasse business se refuse à répondre, tant le palpitant se loge furieux contre sa gorge. “Langues de putes”, finit-il par concéder, pour lui, bien lové contre ses sales pensées. Ce sifflement des géhennes, bien enrobé de fiel, résonne comme une ultime menace lorsque les lippes appuient bien sur les syllabes. Que la langue tranche autant que ce qu’il s’imagine sous la coupe d’un crâne furieux, qu’autant de têtes ne tombent sous son courroux. Certes pour pas grand chose, de menues histoires de vipères excitant sa rage. Mais qu’est-ce qu’il y peut, lorsqu’il s’agit d’Orphée, de comment son myocarde tambourine contre le poitraille. Sensation nouvelle n’éveillant pas encore ses interrogations ni les suspicions des sentiments. Orphée c’était d’abord l’espoir d’une famille recouvrée, la soeur qu’il n’avait pas eue. Puis la figure s’était muée en colocataire, connaissance, amie. Amante. Et peut-être autre chose encore. Incapable qu’il est de mettre un coup de frein dedans, ralentir le wagon, remettre de l’ordre dans ses idées. De ce qu’il en sait mais dont il s’indiffère encore, c’est que viendra le moment où Misha fera tout valdinguer contre les murs de ses petites craintes. Les sentiments comme ça, ce qui est sûr, c’est que lorsqu’ils se logent dans le myocarde de Misha, ils peinent à s’en tirer.

L’accueil est baveux, lorsqu’il pénètre la fastueuse maison. Iouri s’est précipité aux pieds de son maître, frétillant de l’arrière-train. Ce molosse a beau avoir la gueule des chiens de garde fardée d’acier et de tenailles, c’est la tendresse qui le pétrit lorsqu’il avise Misha, bien accroupi à sa hauteur et peinant à réfréner sa joie enhardie. « C’est quand que tu arrêtes d’être aussi beau ? » La voix familière l’interpelle et lui fait plier la nuque. Vue d’en-bas aussi, c’qu’elle est belle. C’est dingue. Même avec son faux sourire brodé sur ses lèvres. Parce que ça s’voit bien, Orphée. Ce que tu sembles faire avec une facilité déconcertante te demande en réalité des efforts incroyables. Ca s’voit dans tes yeux, de comment ils pétillent moins, que tu couves un truc sans vouloir lâcher l’affaire.

C’est placide que Misha se redresse. L’envie de fermer sa gueule et un peu moins les yeux sur la tristesse qui habite Orphée. Et ce qu’il aimerait la prendre dans ses bras sans savoir le faire, ça lui gratte la gorge d’autant de menues colères à son encontre. Mettant en route et dans ses synapses un tas de conneries pour expliquer l’absence de gestes tendres à son encontre, se dire que le bien-être, c’est la distanciation.  « T’es très jolie comme ça, pas besoin de t’changer. » C’est un fait, pas un compliment. Alors le jeune homme ne sourit pas, se contente d’aviser du coin de l’oeil l’éclat perdu de son regard bleu. Puis, tout de même, tend à les extirper un peu de cette sale situation. « Tu voulais me montrer quelque chose ? » La fausse placidité en étendard, il se trahit pourtant, dans son timbre suspicieux. Des doutes qui l’assaillent lorsqu’elle feint foutrement bien le bonheur usuel.


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Message Sujet: Re: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Dim 25 Oct - 18:15


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And I'm holding on for dear life, won't look down won't open my eyes
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  Elle feint le bonheur, l’a assimilé à l’illusion demandée, sur les grandes affiches, sur les millions d’images exposées aux yeux de tous, le bonheur aussi en société prédomine sur le regard morose et livide ; Orphée a observé ces figures figées, ces terribles personnages de papier immortalisés dans la beauté statique et l’artistique vaporeux ; c’est comme cela qu’on sourit, qu’on hausse les sourcils puis la voix, n’oublie pas les trémolos factices de joie, pour le protéger, pour ne pas qu’il s’inquiète, Ainsley. Elle a imité le bonheur de ce frère qui, lui, vivifiait, sublimait les horreurs dans les iris pailletées de la sœur ; comment tu fais pour être aussi joyeux, j’occulte les petits soucis et je m’occupe des grands à la serpe, un trait d’humour, un bonjour, un sourire, puis c’est bien les relations humaines, tu rencontres des gens, tu ris avec eux, tu ne te sens pas seule. Orphée ne lui avait pas dit la souffrance logée dans le coeur quand elle allait au lycée, cette douleur ressemblant à des poignards dans le sang, et le ventre tordu par l’appréhension, de tout cela, de ces moqueries incessantes, ces petites phrases qui ne semblaient rien pour les autres mais qui étaient tout pour la gamine d’alors elle n’en avait jamais parlé à personne, pas même à son frère. Si je lui dis, il risque de m’en vouloir, il risque de me dire que je ne fais pas d’efforts pour m’intégrer, alors je vais prétendre et m’inventer des amies. C’est ce qu’elle avait fait. Elle avait façonné un masque, une persona avait-elle su plus tard, pour s’intégrer comme suggéré. Et là, en face de Misha, Orphée dégaine la joie sensible, un semblant de sourire vite trahie par les yeux aux larmes qui s’essuient rapidement, prestement. Parce qu’elle n’a pas besoin de mots pour constater que l’ami n’est pas dupe du subterfuge.  « C’est pas grand-chose, j’ai juste rénové le grenier. J’ai repeins les murs et j’ai dessiné plein d’étoiles pour me souvenir de notre voyage à Allentown. » Elle hausse les épaules, la fatigue frissonnant son corps de jeune ballerine ; elle n’a plus envie de rire, les propos des camarades lui ont détruit la vie ; il suffisait d’un coup, un seul et le monde bousculait, se fragmentait en million d’éclats de sel.

 Dans le couloir, Orphée se sent maladroite à rester près de la porte de sa chambre, son envie première la fuite dans l’antre de silence, parfois elle souhaite simplement fermer la porte, se morfondre peut-être, s’allonger et contempler le plafond et oublier, oublier les terribles échos de l’écart. Orphée se sent dépérir sous les questionnements qui cognent dans les synapses, cette rapidité à interpréter, surinterpréter, mais pourquoi, qu’est-ce que j’ai de mal, pourquoi les gens ne me supportent pas quand j’ose défendre ma vérité. Elle observe Misha, enfouit ses bleus dans les jumeaux châtains, un instant elle s’apaise à vider son esprit, à admirer la beauté violente de ce compagnon n’ayant pas un geste pour elle. Orphée n’a pas besoin de grandes déclarations ni de mouvements d’affection, elle sait bien qu’elle dérange, quelque part, puisqu’elle ne correspond pas à la norme. Elle lâche, honnête, dans sa pureté de pucelle, le dessin de cette nuit.  « Si j’ai accepté de venir au Marquee c’est pour me rendre saoule. C’est le seul moyen que j’ai trouvé quand je suis triste puisque l’alcool ça rend joyeux et qu’on me demande d’être joyeuse. » Elle respire alors, car cette confession lui a demandé du courage, percutante, directe, sincère ; elle prévient qu’elle ne s’amusera pas, qu’elle ira bien avec lui mais seulement pour épouser les viscères de l’alcool et sa douce mélancolie. Inconsciemment désire-t-elle qu’il revienne sur sa décision, qu’il lui dise non, qu’ils feront autre chose, une activité à deux. Un film, une série, écouter de la musique, prendre un bain ensemble, une escapade nocturne. Mais la jeune fille a compris que Misha était libre, comme elle était libre. Elle refoule ces mouvements de couple, vouloir la présence de l’autre quand l’autre n’est pas prêt et ne le sera peut-être jamais, c’est de notre génération de toute façon, de ne pas s’attacher car nous ne voyons pas vulnérable, car nous le sommes déjà trop.    


(c) corvidae

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Message Sujet: Re: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Lun 26 Oct - 11:40

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Orphée & Misha

« You're beginning to feel less like a friend and more like home.  »
Elle a le regard de l’amie encline à s’effacer derrière le voile humide de ses tracas, tâchant de lui mentir le moins possible. Et ce qui la pétrit de l’intérieur, ce qui la broie, ce qui la casse, Orphée le ravale à grand renforts de petits mots pansant les plaies. Le courage en étendard lorsqu’elle se tient face à lui, ce qu’elle lui met comme leçon de vaillance dans sa belle gueule de condamné sentimental, ça le fait vaciller quelque peu. Misha a ainsi hésité à la laisser se lover contre sa solitude qu’elle appelle sans doute en silence, mais s’est ravisé subitement lorsqu’il s’est souvenu qu’avec elle, il n’est de départ que vers le soleil. Et que ce qu’il peut lui donner, à défaut de grands élans de tendresse, peuvent tout autant s’imbiber de l’amitié qu’ils entretiennent encore. Ainsi sous l’abandon de ses paroles qu’elle accompagne d’un mouvement d’épaules trop las, se refusant à lui révéler ce que pourtant elle lui avait promis, Misha tente le trait d’humour. « J’suis sûr que c’est très beau, faut pas t’en faire pour ça. Si tu m’avais vu à l’oeuvre avec un pinceau, là t’aurais pas fini d’pleurer. » Chercher l’amitié dans le creux de sa pupille et se pencher quelque peu afin de percuter l’iris. Sans avoir grand chose d’autre à faire, si ce n’est de dissimuler ce qui le perturbe ; cette pluie fine sur le visage d'Orphée, les rayons du soleil qu’elle jugule dans son indolence inusité. Sa façon qu’elle a, de ne pas le toucher, soupirer ses supplices. Puis le silence s’installe, puisque Misha ne saurait la contraindre à ce qu’elle ne souhaite pas. Lui qui pourtant couvait sous le courroux l’impatience de ce qu’elle lui promit, rabroue son revers sous un sourire vrai.

A la faveur de son humeur lasse, les deux jeunes gens demeurent dans le couloir. Embarrassés de leurs corps qui ne savent plus se répondre, de ces bras ballants que l’on fourre dans les poches, ces oeillades qui s’évitent et ces bouches qui se taisent, ces instants silencieux ont implanté la gêne. Il ne l’avait guère invitée, pourtant. Cette froideur indésirable s’immisçant dans les recoins de la vie quotidienne. Mais elle demeure, entrave, s’enracine. Se joue même de lui, dans la soudaine réplique d’Orphée. “En fait, si j’veux bien venir, c’est pas tant pour toi, mais c’est bien pour boire. Y a que l’alcool qui sait museler mes démons, tarauder ma tristesse.” Ce qu’elle lui souffle en filigrane, de ces envies de solitude et d’accompagnement forcé, Misha le ravale péniblement. Dans quel silence la laisse-t-il donc lorsque son faciès se rembrunit et se strie des pâleurs courroucées, lorsqu’il détourne enfin la tête, rabroue péniblement un soupir. « Et qui te demande d’être joyeuse ? Tu t’en fous. Si tu veux gueuler, gueule. Si tu veux pleurer, pleure. Et si tu veux te casser, casse-toi. » Le jeune homme conscient de sa bévue comme d’être allé trop loin dans sa franchise, hausse les épaules comme pour adoucir ses sermons. « Ce que j’veux dire c’est que faut pas te forcer à dire oui, si t’en as pas envie. T’étais pas obligée d’accepter de venir. D’ailleurs, si tu veux mon avis, tu raqueras moins à te saouler ici qu’au Marquee. » L’agacement de la savoir bridée, engoncée dans la prison de son esprit comme de cette maison, puise sa source sur sa langue abrasive. Et lorsque Misha s’avance à travers le couloir, dépasse Orphée et ne pose sur elle qu’un regard des soupirs, le jeune homme assène encore. « Ca tombe bien de toutes façons, j’avais plus tant qu’ça envie d’y aller. » Le mensonge savamment dissimulé la percute depuis le salon dans lequel Misha s’attèle à déchiqueter des enveloppes. « Allez viens reste pas dans l’couloir. On se trouvera des fonds d’vodka. Mais franchement, est-ce qu’elles en valent la peine, ces langues de pute ?  » Il sait bien pourtant, que les seuls commérages ne suffisent pas à cette peine. Que d’autres douleurs se confondent dans le sel de ses larmes tues. Et comment ça l’étrangle, cette volonté de la prendre dans ses bras sans pouvoir le faire. Pas bien foutu de comprendre si elle appelle à la solitude, à sa désertion, ou à sa compagnie.

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Message Sujet: Re: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Lun 26 Oct - 22:28


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  Son visage annonce les tempêtes de la colère, elle voit son air placide révéler la déception, ou est-ce plutôt du questionnement, à cet homme qu’elle observe, qu’elle contemple, qu’elle aime. Car dans le coeur, des flots d’amour et d’émerveillement, pour lui quand il est absent, elle repense à sa figure, son corps, sa voix, Orphée, le soir, lui écrit un texto qu’elle efface, parce que ça fait trop, parce que je le dérange, parce qu’il n’est pas construit du fer de la stabilité. Ce n’est pas méchant, c’est de sa génération. De consommer les baisers et les danses lascives sur les draps, de mouiller par l’éros les voluptés. Et puis de partir, c’était cool mais maintenant chacun chez soi. Quand Misha tout droit, dans le salon, entreprend de déchirer les enveloppes, de lire le courrier, elle se surprend à l’admirer. Cette rigidité, cette dureté appelle à sa sécurité, elle se sent rassurée. La jeune fille respire, essuie les larmes, ne sourit pas mais semble plus détendue, les bras, les jambes, sa colonne vertébrale et sa posture de ballerine toujours souple, toujours droite, le maintient élégant d’un corps de beauté juvénile. Il lui a dit qu’il resterait près d’elle cette nuit et cela, Orphée, ça l’émeut terriblement. Et comme elle ne semble pas pouvoir garder de secrets, comme elle ne semble pas masquer par une pudeur respectueuse ses élans de vérité, elle le dit.  « Tout ce que je veux c’est rester avec toi. Et si possible dans tes bras. » La voilà enfin espiègle, le sourire perlant à ses joues, ses lèvres comme deux boutons de rose agrandit par la sérénité. Il suffisait d’un mot provoqué joliment afin de taire les voix des ombres, un problème disparu puisqu’il n’était rien.  « Mais avant on va vider une bouteille de vodka, pas un fond, une bouteille. Grisha il descend toujours à la cave et il en revient les bras chargés. C’est nul de ne pas partager. Toi aussi je t’ai vu faire ! »

Dans l’oreille du comparse, elle enfouit ses observations, les grains de sa voix, malins et enjoués. Toute proche, elle le serre enfin dans ses bras, respire et savoure les odeurs de muscs et de sueurs, une légère effluve qu’elle ne devine pas mais qui l’enivre, une senteur subtile de cannelle et de tendresse, une chose douce et raffinée mêlée de violence et de protection. Elle a ses bras fins tout autour de la taille de l’homologue, son visage lové dans son cou arrosé de ses mèches brunes. Elle a fermé ses paupières pour se ravir du monde intérieur, de ces rêveries dont, parfois, l’on éprouve de la honte. Parce qu’il n’est pas pour moi cet homme là. Il lui faudrait une femme de son âge, plus âgée, plus mature, quelqu’un qui saurait effacer les douleurs passées en faire de l’or, et moi je ne suis rien mais j’ai décidé de profiter de ce que la vie m’offre encore pour quelques années. Car Orphée ne se représente pas son avenir, quand elle se projette dans une dizaine d’années elle se voit morte. Tu auras beau me dire que tu me protégeras et j’aurai beau me sentir en sécurité près de toi, on n’arrête pas les monstres tueurs. Mon frère aussi, tu sais, il avait de beaux muscles, la silhouette sculptée par l’escrime et le tennis. Et il est mort. Moi je préfère périr. Mais je ne souhaite pas vivre une minute de plus avec un quatrième cadavre qui tremble mes vagabondages nocturnes, lorsque mon inconscient s’exprime c’est souvent avec la terreur de constater encore une charogne, la charogne de celui que j’aime.  « Misha, tu te vois comment dans dix ans ? » Je suis désolée, ce soir je ne pourrai pas m’émerveiller mais j’écouterai les sous entendus, ce que toi tu estimes de beau ou de laid dans cet avenir qui me terrorise ; parce qu’il y a rien de beau pour moi, depuis que Grisha m’a prise en charge, et pourquoi ? Pourquoi suis-je ici ?  « Misha, je sais que tu veux me protéger mais… tu sais t’es pas obligé. » L’enfant se montre, nue dans sa candeur, dans ses peurs, elle se montre dans sa fragilité, la vraie Orphée morcelée. Parce que cacher les peines et encaisser des heures, des jours, des semaines, des mois, sans rien dévoiler, sans rien dire, à personne, isolée, ça pèse, une lourdeur dans le myocarde qui se noie dans l’abîme infini des angoisses.

 « Je sais pas pourquoi tu as ce désir de me voir vivre, je le vois dans tes yeux, que tu es bien près de moi et je sais pas pourquoi. Ça s’explique pas je sais, mais moi je suis pas quelqu’un qui apporte la vie. Ils sont mort, ils sont tous morts alors que je dormais tranquillement dans ma chambre, je crois. » Au fond elle sait que ce souvenir s’éteint dans la fausseté.  « Je me suis cachée dans l’armoire quand il a monté les escaliers, je me suis cachée. Et je l’ai vu, il avait les mains barbouillées de sang et il guettait. J’ai pas respiré et je n’ai pas bougé, mais j’aurai dû peut-être. Parce que c’est injuste ! Parce que j’étais lâche et que je voulais vivre. Maintenant je sais plus. » Les confessions jaillissent dans les sanglots, elle pleure, elle pleure énormément, défait les nœuds qui la tourmentaient depuis le traumatisme ; de ce souvenir elle l’a gardé pour elle, elle a dit qu’il n’y avait personne quand elle s’était réveillée. Aux policiers, à Grisha, elle est restée statique, muette, pétrifiée, je ne l’ai pas vu ne cessait-elle de répéter.  « C’est pas la peine de prendre soin de moi Misha. Je mérite pas. » Elle plonge ses prunelles voilées de larmes dans les ornements du tapis orientale, assise sur le canapé, elle se ronge les ongles, en sang.    


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Message Sujet: Re: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Mer 28 Oct - 12:25

like tomorrow doesn’t exist
Orphée & Misha

« You're beginning to feel less like a friend and more like home.  »
A-t-il eu dans toute sa vie, un soleil aussi vif, une bourrasque aussi radieuse, une beauté aussi blanche ? Misha s’en émeut en silence, le regard perdu sur les missives qu’il ne lit pas et retranché dans les pensées dépareillées soumises à ce simple constat : Orphée n’a pas la prérogative du bonheur chaud des soirs d’été. Aussi, et dans cette idée confuse qu’elle ne pourrait jamais éprouver ce spleen des automnes empourprés des arbres morts, il laisse ses désirs errants se jeter loin dans les combes de son pays natal. Ce qu’il la désire, lorsqu’elle rayonne, bonifie son oxygène et vivifie l’espace. Et comme il se rembrunit lorsque l’ombre passe sur son jeune faciès, c’est un vallon sans soleil qui l’accueille. Mais le temps dissout sa froideur lorsque pugnace, il dégèle les petits tourments appuyant la fronce des sourcils. Misha ne saurait la laisser macérer dans le marasme de ses angoisses, et c’est dans un soupir tu qu’il lève les yeux lorsque la petite arrive. Vidée de ce qui l’habita autrefois lorsque ses pas l’arrêtent face à lui et que s’envole derrière elle un dernier ombrage. « Tout ce que je veux c’est rester avec toi. Et si possible dans tes bras. » Et si je souris sommairement, ce qui craquèle à la commissure de mes lèvres ce n’est pas tant du simulacre. C’est que j’aime à te voir heureuse et je subis à te voir dépérir. C’que tu perçois de cette joliesse fourbe, c’est avant tout de l’égoïsme. Parce que y a rien qui ne me rassérène plus que toi, pourvu que t’allumes encore la lumière.

Et de ce qu’elle se confie alors, tentant de se raccrocher aux rayons de sa personnalité solaire, Orphée y parvient quelque peu. L’espace d’un instant recouvrer la joie qui la drape usuellement, s’en remettre à l’éclat de ces yeux mutins, déloger sous la langue des monceaux de palabres primesautières. Néanmoins le fantoche de son esbroufe fendille encore ses peines, lorsque sa voix ronde se gorge du chant des tristesses. Ainsi la serre-t-il à son tour dans ses bras, assez fortement pour mesurer la frêle carrure de l’amie. Ces hanches souples et cette taille fine, comme il pourrait les broyer si l’envie de l’avaler tout entière l’assommait de ses vices. "Tu te vois comment dans dix ans ?" De nouveau Orphée interpelle, interroge et surprend. Elle opère en lui l’acte chirurgical des petits aveux, de ceux que l’on arrache usuellement par le fer de la torture et qu’elle manie pourtant avec une belle facilité. Interdit, le garçon lève un sourcil lorsqu’il conçoit qu’aucune projection de son avenir ne s’impose à sa vision. Y avait-il seulement songé, lui qui s’enracine farouchement dans le présent. Le dégoût du passé comme la crainte de l’avenir ont falsifié la courbe de son temps. « Avec dix ans de plus. » Sommairement, il hausse les épaules lestées de pragmatisme. Et y a rien de plus véritable dans ce qu’il avance. Dix ans de plus et toujours ici à maintenir ce sale business en vie, se nourrir d’adrénaline et des corps à valeur marchande. Et ce qu’il aimerait lui dire encore, que rien ne l’oblige à la maintenir vivante près de lui puisqu’il le désire ainsi. Que ce n’est pas le devoir qui opère en lui puisque l’âme a nécrosé sa bienveillance mais bien l’égotisme cristallisé de l’entendre rire encore et de puiser en elle tout ce qu’on lui refusa.

Puis sur le fauteuil lorsque Orphée y trouve refuge, et qu’elle glisse à ses lèvres ses monceaux de confidences mouillées, comme elle paraît coupable et comme elle se sent criminelle. De ces confessions aux odeurs ferreuses d’hémoglobine et de violence, Misha les ravale à grand peine. Il s’est assis à ses côtés, silencieux, et lui a tenu la main. C’est que le cerbère a beau errer dans les géhennes et asséner les supplices aux pauvres âmes qu’il condamne, à ces corps qu’il blasphème, y a pas la place pour la violence dans le monde solaire d’Orphée. Ce qu’elle lui confesse, dans sa sagacité mature et dans ses craintes coupables, ça se sent qu’elle porte sur elle la couleur des tourments. Qu’elle lutte chaque jour à la faveur de son masque solaire, de ce qu’on lui impose, le devoir d’être heureuse. Comment elle se sent en dedans, profanée et condamnable, ça se voit qu’elle s’y raccroche trop fortement. Ses dernières pensées comme des substances illicites ; et si j’ai survécu, c’est bien de ma faute. Et si je vis encore, alors que l’on m’achève. Puisque je me rends blâmable de respirer encore. Alors Misha s’oppose au sombre de ses réflexions, déployant sur elle le brise-vent fendant les tempêtes de son crâne. « T’es pas lâche, Orphée. T’as le courage de tes opinions, et t’as l’courage d’être ce que tu es. Par-dessus tout, t’as le courage de vivre et ça, j’sais bien que c’est pas facile. Surtout quand on vit sous l’même toit que Grisha. » Un sourire bref, pour un peu d’humour. Et espérer tarir ses larmes par un peu de frêle gaieté. « Le seul coupable c’est le meurtrier. Et toi... » La main intime le menton à se lever. Fondre dans ses yeux et y déloger le plus mirifique des bleus. « Toi t’es la victime. Et c’est pas un gros mot. T’as subi, mais t’es toujours debout. Et c’est pas grave, si des fois tu t’effondres. Le tout c’est d’se relever. Et j’serai toujours là pour t’aider. Ca vaut p’têtre pas la vodka mais, techniquement, j’donne pas les effets secondaires de la gueule de bois. Du moins j'crois pas. » Le sourire des malices et le baiser tendre se pose sur le front. Pas certain que le laïus pansera ses plaies sur le long terme, mais espérant tout de même endiguer l’hémorragie du myocarde.

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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Re: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Mer 28 Oct - 22:38


I'm gonna live like tomorrow doesn't exist
And I'm holding on for dear life, won't look down won't open my eyes
Keep my glass full until morning light, 'cause I'm just holding on for tonight
Help me, I'm holding on for dear life, won't look down won't open my eyes
Keep my glass full until morning light, 'cause I'm just holding on for tonight
On for tonight
On for tonight

     Elle entend encore les pas, qui doucement montent les escaliers, l’enfant de dix sept années habitait alors dans une maison de verre, près d’une vaste étendue de verts ; la forêt d’acacia et de pins, des senteurs savoureuses qui, chaque matin parfumaient l’espace aérien et léger de sa chambre de jeune fille ; il y régnait un désordre de tornade, une vie intérieure mouvementée de gestes de ballerine raffinée. Elle habitait dans cette demeure moderne, à l’architecture impeccable, un peu bourgeoise parce qu’elle était riche mais insoumise aux règles et aux codes. Puis, un soir, comme dans un mauvais rêve, un conte nocturne, macabre, vint la mort armée de sa faux, un fléau puisant dans les entrailles de trois victimes. Orphée se souvient de la peur, de la terreur, elle se souvient de la sidération, cette sensation de pétrification, son corps plié, ses frissons, cette glace pénétrant le sang, et les pensées et l’appréhension et la lâcheté et la culpabilité. Elle n’avait pas pleuré, elle n’avait pas hurlé quand elle avait vu les charognes dans la cuisine, quand elle était descendue, apeurée, traumatisée. Automatiquement elle avait pris le téléphone, avait demandé à joindre la police, n’avait pas su expliquer ; s’il vous plaît, venez, s’il vous plaît. Elle pleure les regrets de ne pas avoir su les sauver. Assise sur le canapé dans ce salon bien décoré, elle ne se sent pas chez elle, mais se sent en sécurité. Elle pleure pour les parents et son frère. Longtemps était-elle restée dans cette chambre de clinique spécialisée, et puis l’homme était venu, je m’appelle Grisha. C’est pas chez moi mais il m’offre un abri pense-t-elle, le déluge sur ses paupières. Le fils du roi apparu auréolé de force et de sécurité, il apportait dans sa main le flambeau rougeoyant d’un soin, Shéhérazade Misha apaise les plaies de la fée Orphée.

 Et quand elle l’écoute elle essuie ses larmes. Et quand elle l’écoute elle ne tremble plus. Et quand elle l’écoute elle se serre contre lui, contre la chaleur qu’il lui offre sans détour. Elle se mire dans ses yeux châtain, des iris percluses de beauté masculine, elle se fond dans les ombres de ses mystères, ce désir, toujours, de protection. Il loge sa pupille dans la sienne, tente d’en tirer les fils noirs de la tristesse ; un baiser tendre sur son front pour permettre les doux rêves.  « Si t’étais pas là je ne sais pas ce que je deviendrais. Tu repousses les horreurs de ma tête, tu les fais disparaître et je me sens si bien près de toi. Chaque jour qui passe et je me rends compte que, quand tu n’es pas là, tu me manques. » Tu n’entendras pas mes chants d’amour car je sais que tu n’es pas prêt à les accepter. Cette lueur d’angoisse que j’ai aperçu, qui m’a ému lorsque tu te confrontais à ta mère. Je porte mes fardeaux que tu allèges, j’aimerai porter les tiens aussi, t’en défaire. Mais je ne peux que garder le silence en espérant que tu puisses un jour regarder les cieux avec l’œil ravi de la sérénité. Orphée répond au baiser doux, le front préserve encore l’emprunte chaude de ses lèvres, elles se déposent maintenant sur les siennes. Lentement, il a le goût du respect, de goût de l’amour, le goût du miel de la candeur et de l’innocence. Orphée prend son temps, ne se détache pas de l’aimé.
 
  « T’embrasser c’est me sauver. » qu’elle lance dans sa naïveté ; parfois Orphée ne sait pas dire simplement, elle utilise les métaphores, elle se remplit de beauté. Mais la beauté c’est lui, tout nimbé d’un je ne sais quoi attirant la fragilité de la fillette. Elle a compris qu’elle se nourrissait de lui, il comble ses manques.  « Ce que je veux dire c’est que je t’aime . » Spontanée, cet aveu percute les dentelles de ses souhaits de ne pas le brusquer, alors elle se rend compte de son erreur, couvre ses lèvres de ses mains sanglantes, ses agates flamboient de passion pour lui.  « J’aurai pas du ! Je suis désolée ! Ne m’en veux pas c’est sorti tout seul et c’est si sincère que je risque encore de pleurer mais par émotion, parce que tu sais Misha, je t’aime et c’est irréversible je pense. » La main lisse se glisse dans celle plus grande, plus virile comme pour ne pas la laisser partir.  « Et t’aimer me rend si heureuse ! » J’espère que tu y crois à mes paroles Misha, parce que je te les donne, et je me donne à toi.    


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Message Sujet: Re: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Ven 30 Oct - 10:39

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Lentement, la soie de ses lèvres tiédissent sur les siennes, sous ses reins, et les langues s’abandonnent peu à peu à cet inépuisable baiser. A ses côtés le corps se fait souple et détendu, c’est la fonte des frustrations et des angoisses de tout à l’heure. Et tout le reste demeure silence. Ce passage muet, rompu simplement par le murmure des embrassades, porte la beauté des contacts appuyés dont il se refusa si souvent. Une confuse lumière stagnant dans la pupille commence à poindre lorsqu’il rouvre les yeux dans un soupir. C’est le souffle d’étendu de l’après, repu de son parfum, de ce qu’elle goûte, de ce qu’elle offre. Orphée fortifie la cloison séparant ses deux mondes ; pas un bruit, pas un soupir, pas une pensée ne transperce le galandage érigé entre elle et le reste du monde. Le macrocosme des putains dans lequel Misha se fait roi puis vampire, avide de se repaître de leur chair par la méprisable souveraineté qu’il leur impose, c’est évident qu’elle n’en saura rien. Qu’il lui bandera les yeux, occultera ses oreilles, qu’elle ne voit ni même n’entende l’ombre comme le souffle de ce Misha abject, de celui qui contraint, régente, crucifie et viole. Et comme il serrera si fort ses mains sur les tempes de l’aimée, il éprouvera bien en la lovant contre lui la volonté d’embrasser son front tout en la préservant de ce qu’il est.

Puis la fraîcheur d’Orphée, insatiable et belle, perle à nouveau à ses lèvres lorsqu’elle dissout les silences de sa juste hardiesse. “T’embrasser c’est me sauver” Misha sourit, ces petits mystères le secouent et l’interpellent. L’envie de glisser une énième taquinerie brode ses lèvres closes ; “je suis donc un prince charmant” le taraude. C’est qu’il n’envisage guère, bien sûr,  de s’ériger au titre des démiurges faits hommes salvateurs de ces infantes de contes de fées. Il a la férocité rituelle de la nuit lorsqu’il opère son sale business des corps souillés, et ces toniques violents quotidiens répand sur lui la couleur des abysses. « Ce que je veux dire c’est que je t’aime . » L’aveu s’est levé de sous les confidences bien enfouies sous la langue, d’une si belle manière qu’Orphée pose à sa bouche traitresse ses mains qui ne sauraient plus contenir le secret. Le myocarde loupe un battement, le souffle court engorge le gosier peinant à avaler. Y a cette brume dans son cerveau, nébuleuse et opaque, empourprant les synapses, la pupille et la langue. L’incompréhension jaillit à son flanc comme un oeillet noir lorsque Misha, lentement, secoue la tête. C’est pas comme ça que ça doit s’passer. De ces aveux que j’arrache usuellement du coeur de mes amantes, de ces façons que j’ai de les braquer, ce flingue sur leurs belles gueules pour mieux les dépouiller de leurs sentiments. Qu’ils soient laids ou bien factices, qu’importe, tant que je m’en nourris. Mais toi Orphée, t’es pas censée l’dire, puisque t’es pas censée m’aimer. T’as pas saisi le diable dans le détail ni les offenses que je te ferai subir. Pour me soustraire à l’abandon et pas me voir croupir. T’es si belle dans tes sentiments, que mon coeur déjà se fume à t’imaginer dépérir.  « C’est rien, ça va t’passer. » Comme une issue aux problèmes érigés par son inconscient, Misha s’entend souffler les palabres de la convalescence. Rien n’est grave, t’en fais pas, c’est éphémère. Et comme c’est périssable, les sentiments que t’as pour moi. Puisque c’est évident que tu te lasseras, car c'est ainsi que ça marche pas vrai ? L'amour puis les tourmentes puis l'abandon puis le vide. Typique de ce qu'il demeure. Mais rien n’est grave, j’t’assure, ne t’en fais pas. Perdu dans la tempête de son crâne, Misha n’a rien écouté des confidences de la jeune fille. Y a ce sourire tout de même, un peu fantôme, qui subsiste à ses lèvres. Et ce regard englouti par les doutes et les angoisses de ce qu'il opèrera plus tard. L'acculer au mur de leur histoire et la convier au-dehors, la mettre à la porte de ce qu'ils furent y a qu'ainsi que Misha survivra à la désertion prochaine d'Orphée.

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Message Sujet: Re: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Ven 30 Oct - 12:10


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      Le silence égratigne le salon ; Orphée a avoué, directe, simple, candide, son amour pour lui, pour Misha, ce garçon perdu qu’elle ne connaissait pas il y a quelques mois. Songeuse, elle dissèque les raisons de ces sentiments ayant grossis dans le myocarde rouge passion. Elle ne peut poser des explications et cela la conforte dans ses confessions, car il est mieux de ne rien savoir, juste de ressentir et ressentir fort, fort, fort, jusqu’à déglinguer les peurs et les effrois. Quand on aime on ne pense plus au malheur. C’était quoi aimer d’ailleurs ? Etre près de l’autre. Le voir heureux. Le désirer. L’admirer. Rêver de lui quand sa présence se fait absence. Orphée ne se considère pas comme romantique, elle ne se considère pas comme séductrice, elle n’aurait pas imaginé un si grand sentiment, un océan d’amour pour un homme qu’elle ne connaissait pas. Il a foudroyé son coeur de sa flèche nimbée de couleurs. Dans ses bras elle se sent forte, nourrit de sa chaleur et de sa présence. C’est ça aimer aussi, soutenir et partager. Les mots ne pourraient définir la puissance de ses sentiments et, quand elle entend cette unique phrase, synthèse de son dépit à lui, de son désespoir aussi, Orphée fronce les sourcils. Elle oublie les images douloureuses de la perte, puis celles de l’assassin, elle oublie la solitude, les petites remarques dénonçant surtout un manque d’intelligence chez certaines de ses camarades de fac. Elle oublie le mal qui la rongeait pour se concentrer à l’intelligibilité. A comprendre ce qu’il veut dire, ce qu’il lui apporte. Ça passera Orphée. Tout passera.

 « Tu refuses l’amour que j’ai pour toi. C’est triste. » Première sommation. La belle semble réfléchir, amorce encore une pause. C’est rien ce que tu ressens pour moi Orphée, ça va te passer.  « Tu parles de mes sentiments comme si j’avais acheté une baguette de pain que j’allais manger. » Enfin elle comprend qu’il parle d’amour comme une valeur à consommer, à enflammer, puis à éradiquer. Les pressentiments n’étaient pas faux ; ils étaient justes. Ceux de ne jamais dévoiler le ressenti pour ne pas l’effrayer, car un garçon n’apprécie pas les épanchements de ces filles de lune aux phrasés trop sentimentaux. Puis la mère réapparaît dans l’esprit et l’abandon et les souvenirs que lui a confié Misha. Tout s’imbrique, l’empathie se réveille.  « Je suis un peu en colère et en même temps je ne t’en veux pas de penser ça. C’est dur à croire je sais, mais moi je t’aime. J’attendrais. » J’attendrais que tu sois prêt.  « Je suis maladroite mais j’assume mes sentiments pour toi. C’est tellement fort ! » L’ange prend la main du russe, la dépose sur son coeur. Mais le tissu enlève du symbole ; Orphée se déshabille, révèle les monts de jeunesse. Recommence. Elle place la main du jeune homme sur son coeur.  « Il bat pour toi et ça ne passera pas. » Elle s’exclame, sérieuse dans son entièreté. Là, à demie nue, pour lui.  « Je peux pas l’expliquer. Ça me blesse ce que tu penses, le fait que tu dises que t’es un homme que je vais consommer. » Les larmes jaillissent de ses paupières, la sévérité de ses aveux. De ces histoires que l’on raconte, que l’on vit, maintenant l’ère capitaliste a pris en otage même l’amour et sa beauté, viens que je t’embrasse un jour deux jour trois jour et que je disparaisse bien repue mais ennuyée de toi.  « Je ne consomme rien du tout, je veux que ça soit éternel. Et j’en suis sûre d’ailleurs, de l’amour que j’ai pour toi, ça disparaîtra jamais. Si tu ne veux pas de moi c’est pas grave, je sais bien que ça te fait peur. Mais arrête de dire que ça me passera ! Parce que je peux t’assurer que mes sentiments sont sincères ! » Et la voix s’emporte dans les décibels élevés.  « Ta mère, ton adolescence, ton enfance, on t’a volé et on t’a rien montré de beau. Je leur en veux à tous ces gens là. Parce que maintenant tu t’es enfermé dans un bunker de sentiments glacés. Je suis pas apte à te montrer que le monde peut être merveilleux quand on est à deux. Parce que je suis tout aussi traumatisée que toi et pas pour les mêmes raisons. Mais ce que tu me dis à chaque fois pour me rassurer et me protéger moi je les garde, j’y pense chaque nuit avant de m’endormir. » Une respiration.  « T’as de la valeur à mes yeux Misha, je dis pas à n’importe qui que je les aime. T’es le premier homme et certainement le dernier et quand bien même tu n’y crois pas et que tu n’en veux pas, tu ne peux pas m’obliger à ne plus t’aimer. Moi je peux pas t’obliger à m’aimer et c’est pas ce que je désire, que tu m’aimes. Mais moi je veux t’aimer et je t’aime. » Les mots se perdent, révèlent des embruns d’inconscient. Une innocence et une gratuité de celle qui ne demandera jamais rien.  « Ça me va un amour à sens unique. Je veux juste être là pour toi. » Et Orphée se lève, essuie enfin ses larmes. Bien plantée face à lui, à se noyer dans son regard afin de déceler ses secrets, pour mieux comprendre l’essence de l’adoré.


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Message Sujet: Re: I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha)   I'm gonna live like tomorrow doesn't exist (Misha) Empty Jeu 12 Nov - 11:18

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Cette belle innocuité qu’elle porte n’a pas su mettre à la marge ses craintes de l’abandon, bien enroulées autour des viscères comme un sentiment de trop plein. Et s’il pouvait lever les mains face au braquage sentimental, de ces sales innocences que l’on s’inflige dans un souffle ; “c’est pas toi, c’est moi”, et s’assurer que le train des commotions du coeur ne rate pas le mur de parpaing. Il n’y a qu’ainsi que Misha s’en sort, en pavant l’Enfer de ses sales intentions, et par les crevasses, les fondrières et les cassures, s’assurer que le tout déraille bien. Ce n’était pas ainsi que leur histoire était censée se déployer. Pas avec les belles paroles ni les beaux sentiments. Orphée ressentira la première déchéance lorsqu’elle frôlera seulement le bonheur à ses côtés, elle s’en ira ailleurs, dans les bras d’un amant primesautier fleurant bon la craie des tableaux noirs et l’usure des bancs d’école. Il n’y avait qu’ainsi que tous deux pourraient survivre, lorsque certain d’avoir bien affûté sa harangue comme son faux mépris, Misha l’aurait poussée jusque dans ses retranchements. Et soudain la beauté sous la langue fendue par des aveux qui les transcendent. Ce je t’aime lui arrache un frisson des espoirs, raideur des misères, souffle de la fatalité. La peur s’enracine dans son ventre lorsqu’il détourne la tête, fautif. « Tu refuses l’amour que j’ai pour toi. C’est triste. » Bien sûr, et quoi d’autre. Quel autre crime que son rejet puisque Misha connaît l’issue. Il déblaie le terrain, s’assure que la chute ne sera pas trop rude, qu’à défaut des gueules cassées les cœurs ne s’éparpilleront pas en morceaux. Cette rebuffade qu’est la sienne, il le sent, lui permet au moins de la préserver. Rien ne sert d’aimer trop fort et de polir les belles vitrines de ton âme lorsque le casseur s’assigne la tâche de bien tout défoncer.

Puis elle s’engage dans son laïus enrobé de franchise. Ce qu’elle assène avec droiture, de sa posture de femme-enfant, en proie avec ses sentiments bien déterminés à déblayer les scories d’infortune de l’amant. L’amour parfait se raconte sous sa langue, d’une honnêteté si abrasive que le regard de Misha papillonne de ses iris au vide alentour, de sa gueule fardée de crimes et de délits. Sa distance n’ébranle pas l’âme éprise qui s’élance, se maintient, constate, lorgne sur la flétrissure sans en avoir peur. Et soudain la main empoignant la sienne, en quête d’une peau chaude à toucher. Sous le poitrail le tambour intimant à Misha de croiser le sel de sa pupille et de s’y noyer enfin. « Il bat pour toi et ça ne passera pas. » J’sais pas quoi te dire perle à sa lippe avant qu’il ne ravale son ineptie. Alors dis rien, intime le cerveau en proie à une raison bien arrimée. Misha l’écoute parler encore, de ses yeux bruns piégés dans les eaux troubles, sent sa gorge se serrer sous la hardiesse de ses élans, la véracité de ses allégations. Ce qu’il aimerait lui dire, sans trop le faire encore, c’est qu’il a gelé son myocarde pour un peu de sûreté. Y a ces reflets de couardise qui se miroitent alors dans la pupille, et ça se sent, comme il aimerait y croire, s’investir dans cette histoire sans parvenir à se défaire du fatum qu’il brode encore. Misha préfère la rétention, tant qu’il n’a pas bien nettoyé cette cavité qui lui sert de coeur de ses bévues antérieures.

C’est puissant, ce qu’elle allègue. Ca lui a donné le tournis l’espace de quelques instants, pas bien certain d’avoir tout avalé encore mais sans omettre l’essentiel. La petite a sorti les griffes dès lors qu’il a prétendu connaître ses émotions avant elle. Typique du mâle moderne englué dans un sale patriarcat des superbes. Le silence s’invite au-dessus des têtes, prenant place confortablement sur le sofa. Cet invité indésirable ne s’évapore qu’après de longues secondes d’agonie, de cette torpeur qu’il déloge à grand peine fracassant toute sa trachée. Comme il aimerait lui confier l’émotion troublante qu’il ressent face à la beauté de ses mots, de son courage et de son abnégation. Mais la langue trébuche, pudique et couarde, s’y reprend à plusieurs fois avant d’enfin libérer la palabre. « J’aurais pas du parler à ta place, j'ai été con c'est vrai. Ce que tu me dis là, c’est... » La pudeur s’encrasse. « Merci. » Opiner du tête avec franchise et ne jamais déloger les yeux des siens tandis qu’il gratte désespérément la gorge à la recherche de sa sincérité. Misha peut toujours faire le malin, avec ses beaux sourires et l'ascendant qu’il a sur les putains et sur ses hommes, ça se voit qu’en terme de sentiments tout s’ébranle. « A mon tour d’être franc. Faut que je te confie un truc. » Un secret, un aveu, une faiblesse. Un truc, ça glisse mieux. Le jeune homme s’est efforcé d’amorcer la confidence afin de ne plus faire marche arrière. Acculé par lui-même comme le tourment caractéristique de sa solitude entretenue par ses peurs. Prendre une bonne inspiration et bien confier son truc de connard. « De toutes les relations que j’ai eues, y en a pas une que j’ai pas bazardé. Je les envoie toutes dans le mur, à un moment ou à un autre. Je ne veux pas que tu cherches à savoir pourquoi. Je veux juste que tu comprennes. » Que y a rien que tu puisses faire, rien qui ne puisse me retenir. Comment la fin va nous meurtrir et nous fracasser. Toi, surtout, si tu t’accroches un peu trop fort.

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