save tonight, tomorrow i'll be gone

20h37. Shea repose son téléphone et regarde par la fenêtre. Elle ferme les yeux. C’est le fait de savoir que Devon ait suggéré qu'elle la rejoigne qui rend les choses si difficiles. Un frisson la parcourt. C’est le même phénomène que la première fois. Elle pince ses lèvres, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus rester assise et cesse de résister. Elle fait les cents pas, les poings serrés. Elle reprend son livre, essaie de se remettre dedans, parcourant chaque mot lentement et à répétition. Mais un quart de seconde plus tard le livre est de nouveau sur le lit. Elle observe alors sa pile. Toutes ces connaissances et rien pour l’aider à éteindre ce feu en elle. Elle entend la voix de son colocataire s’élever dans le salon qui l’extrait de ses pensées. Pendant une seconde, elle se raidit, puis l’entend rire au téléphone. Elle ne supporte pas l’idée que Devon puisse, par exemple, le préférer lui plutôt qu'elle, question de fierté. C’est égoïste et hypocrite, mais elle ne peut rien y faire. Elle verrouille son téléphone : si elle ne peut pas le voir, peut-être qu’elle ne penserait pas à quel point c’est ridicule d’essayer de se convaincre qu’elle n’a pas envie d’elle.

21h21, elle se retrouve sur le trottoir, en robe, les pieds entortillés dans ses talons, à pianoter sur son téléphone. Cette boîte excessivement hétéro un peu plus loin dans la rue, est le dernier endroit au monde où elle veut se rabattre. Heureusement, elle a assez bu sur la route pour faire en faire abstraction, et elle est suffisamment sobre pour dissuader n’importe quel éventuel coq de s’approcher. Dans le taxi, elle a passé cinq bonnes minutes à regarder son selfie, le regard vissé sur les lèvres de Devon, sa peau à peine luisante. C'est plus que les quatre minutes qu'elle a mis pour trouver une répartie futée : les chiottes. Ben voyons. Elle aurait voulu qu’elle lui dise : emmène-moi dans ta chambre, voire mieux, j'ai envie de toi. Et bien entendu, elle aurait voulu lui dire oui et tout lui concéder. Mais très tôt, seule dans son loft froid, elle a compris que Devon l'a traitée comme elle-même traite la plupart du temps. Et tout aussi tôt, comme maintenant, elle frissonnerait à ce souvenir, ayant peine à croire qu’elle a failli laisser cette rencontre la dérouter autant.

Elle croise quelques collègues, échange une accolade avec son patron à peine surpris de la voir débarquer, ne veut parler de rien, ne rien avoir à expliquer qui pourrait paraître, sitôt formulé, pathétique ou ingrat. Elle aperçoit Devon au loin, lui fait un signe de la tête et se dirige systématiquement vers le bar à l'opposé de sa direction. Le club se dérobe à sa vue ; l’immensité de la pièce. Elle ne voit rien, acquiesce à tout, se croit un peu folle. Un regain de vie la traverse, une fièvre incongrue. « Il paraît que l'alcool est gratuit ? » qu'elle lance à la serveuse avec un sourire qui étire tous ses traits. Au moins Devon ne pourra pas lui reprocher de faire la gueule. Elle est gracieuse et belle, et l’alcool plonge chacun de ses sourires dans une sensation d'allégresse, mais Devon est plus belle encore et son appel est sans concession.

@Devon Willis

Quand elle se retourne, qu'elle lève la tête, fait un rapide tour d'horizon, elle met bien cinq secondes à se faire à la scène, et à la reconnaître. Puis tout son environnement se fige. Elle n’enregistre plus rien qui soit au-delà des vingt centimètres qui les séparent. Le club paraît se rétrécir, la foule s’épaissir, les lumières se tamiser, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elles deux dans la salle. Et Devon lance déjà les hostilités, mais il n’y a pas de réponse cinglante de la part de Shea, aucune réaction du tout. Elle ignore combien de temps elle reste plantée là, mais elle sait qu'elle se fait de nouveau interrompre, par la serveuse cette fois, qui lui tend son verre de Southern Comfort. Elle le glisse d'une main vers elle et finalement, elle hausse les sourcils puis affiche une moue d'indignation absolue et fustige tour à tour Devon et la serveuse du regard. Shea ne comprend pas ce qu'on lui reproche. Insatiable, c'est le mot pourtant. « Faudrait revisiter ta façon de m'accueillir, Willis. » Et pourtant, Devon est là ; elle lui a demandé de venir avec ses mots à elle, elle a lâché ce qui semblait être un amoureux transi et même si c’est indubitablement les effets de l’alcool, Shea ne peut s’empêcher de chuchoter quelque chose de surréaliste à ce stade de leur échange et qui n'atteindra jamais ses oreilles : « Salut… »

Par sa simple présence, Devon ressuscite quelque chose qu’elle a enfoui au plus profond d’elle sans rien résoudre pour autant. Elle a le temps de repenser à ce qu'elles ont échangé. Et leur dernière soirée, leurs lèvres qui s'entrechoquaient, pleines d'avidité. Elle s’était saoulée ce soir-là. Elle avait bu une grande quantité de whisky après son départ, et était partie avec pas une, mais deux filles, peu avant de s’écrouler, ivre morte sur le canapé du salon. Ça avait contribué à chasser Devon de son esprit, mais pour trop peur de temps. Elle se mord les lèvres et se met à sourire. Et son sourire s'agrandit, tant elle pense que pour une fois dévoué et sincère, il est teinté d'un espoir sans précédent. Sans doute s'imagine-t-elle qu'il l'immunise contre toutes ses erreurs passées - et futures. « Je crois que ton mec t'attend là-bas. » qu'elle affirme en lançant un regard dubitatif vers celui qui quelques secondes plus tôt, semblait ébloui par sa collègue. Elle renchérit avant de plonger dans son verre : « Et je sais que tu serais pas partie. » Elle repose enfin sa liqueur sur le comptoir à la façon d'un businessman alcoolique et dirige son attention vers la serveuse : « Je te présente ma collègue Devon, un vrai rayon de soleil. Je vais prendre la même chose qu'elle, c'est elle qui paie. » Un brin acerbe ? C'est possible. Elle apprécie la facilité de ses relations. Pas d’efforts à fournir, pas d’encouragements et, en définitive, pas de mauvaises surprises. Avec Devon, c'est autre chose, c'est inédit et récent et elle ne peut pas mettre de mots dessus, c'est pourquoi elle est contrainte de toujours être vigilante. Et comme pour insister sur le ton de la soirée qui ne semble être que provocation, Shea sort un billet de vingt dollars de son soutien-gorge et le dépose en pourboire. Avant de le tendre à la blonde, elle y inscrit son numéro de téléphone. Un classique. Satisfaite de son coup, elle retourne enfin son attention vers la brune à ses côtés : « alors, cette danse ? » et pour éviter de lui donner la chance de revenir sur sa décision, elle saisit la main de Devon et l’entraîne vers la foule où elle raffermit son emprise sur ses doigts, pour des raisons qui lui sont inconnues.

@Devon Willis

Il lui semble n'avoir vu aucune rancoeur dans les yeux de Devon, aucune trace de ce qu’elle a dirigé vers elle la dernière fois. Sans plus davantage d’hésitation, elle glisse ses mains dans le dos de Devon pour la rapprocher d’elle, s'agrippant un peu plus à son pantalon. Elle ressent tout, de sa respiration à la chaleur de son corps. Ses mains s'agrippent à elle comme si sa vie en dépendait et elle déteste tout de cette sensation de soumission dans laquelle elle la plonge. Cette petite capitulation lui confirme ce qu’elle sait déjà : Devon tient les rênes. Elle la voit devant elle - non, contre elle. Ses mains sont dans sa nuque et sans doute qu'elle pourrait poser ses lèvres dans son cou si invitant, plaquer davantage son corps contre le sien et se dandiner légèrement, la musique aussi est invitante. Shea ne pense pas à quel point elle a envie d’elle, contre le mur à sa gauche, en cet instant inapproprié, devant tous ces gens. Elle ne s’y projette pas parce qu'elle ne peut plus penser à rien. Elle ne lui propose pas de la rejoindre aux toilettes ou de s’enfuir d’ici parce que sa bouche est sèche et elle ne répond plus de rien non plus. Elle se rapproche alors un peu plus contre elle, se mord la lèvre comme elle le fait souvent, ses lèvres sont contre sa mâchoire et c’en est trop. Elle apprécie la seconde de répit que Devon lui accorde lorsqu'elle se détache. « 'Devant tous les collègues' ? » répète-t-elle bêtement, mais sa voix est couverte par la musique et elle ne sait pas si Devon l'a entendue. Et franchement, elle en a que faire des collègues. Elle fait mine d'ignorer sa question suivante parce qu'il y a tellement de réponses possibles que Shea préfère la laisser s'envoler, et bourdonner plutôt aux oreilles de Devon, comme un petit chant de triomphe : « Je me rabats pas sur toi, j'ai bien compris que c'était sans issue. » Parce que s'il y a quelqu'un sur qui elle se rabat c'est bien sur la serveuse.

Malgré cela, il lui faut encore afficher son impassibilité. Elle maudit un peu Devon. Elle maudit son air satisfait et ses remarques. Elle maudit son intelligence et son sourire. Elle maudit sa taille, sa beauté ridicule, ses yeux magnifiques et la courbe de sa mâchoire, de son menton, l’angle de son nez… Et ça n’aide pas que Shea ait dû se presser presque entièrement contre elle. Où donc est passée sa dérision, son égoïsme, son je-m’en-foutisme et les ambitions qu’elle a si fièrement apporté avec elle à New-York ? Se sont-ils perdus à l’arrivée de Devon ? Pourquoi déjà est-ce qu’elle se trouve là, à cet endroit à scruter le fond de ses yeux ? A réclamer un baiser qui ne viendra jamais ? A être sur le point de s'abandonner à elle complètement plutôt que de se pavaner devant n'importe quelle inconnue dans un mutisme orgueilleux ? Mais sitôt qu’elle se laisse le temps de réfléchir dans les dédales de son esprit, elle perçoit, au-delà de sa propre censure, la vision de Devon. Sans cesse, depuis quelque jours, son esprit se tourne vers cette dernière. Une marée surgit en elle, des flots sombres, une cohorte de visuels et de souvenirs. Elle sent éclore l’appel irrésistible, la faim insatiable de son corps, comme un chant de sirène, vraiment. L’idée que cette attraction soit le fait de quelque chose de plus profond la submerge de terreur. Comment peut-elle retourner dans ses bras alors qu’elle vient tout juste de parvenir à s’en extraire ? Shea lutte contre une nervosité violente et sournoise et s’accroche soudainement au bras de leur collègue Lucy d’un geste vif, s’accroche aussi du regard à chaque détail de chaque individu autour d’elles pour s’y retenir, chasser Devon de son esprit. « Hey ! » qu'elle fait machinalement avant de scruter le verre de la rousse : « tu bois quoi ? ». Elle lui parle mais Shea n'écoute qu'à moitié et ça doit être visible parce que la rousse repart avec cet air qui lui intente un procès à sens unique. Elle comprend en retrouvant le visage de Devon qu'elle ne parviendra sans doute pas à tirer quoi que ce soit d'elle de cette façon. Elle penche alors la tête et se rapproche pour que cette fois, elle soit certaine d'être entendue : « qu'est-ce que tu veux Dev' ? » A l’issu de cette soirée, de leur relation, ou d’elle, plus spécifiquement. Elle se demande si elle va devoir clarifier. Elle ne réalise pas qu'elle s'accroche à sa main comme si elle avait peur qu'elle ne s'écarte et que son pouce trace des lignes invisibles sur le dos de sa main.

@Devon Willis

Shea la contemple, trop longuement. Elle revoit la Devon arrivant en retard, les pourboires qui pleuvent, sa façon particulière de faire des bloody mary, déambulant d’une table à l’autre en ignorant les clients. Sauf que cette fois, elle a un regard irresistible, sans doute dix grammes d'alcool dans le sang et que Shea est suspendue à ses lèvres. Elle les yeux au ciel, néanmoins, décide que l'humeur et les envies de Devon lui importent peu. Elle lui emboîte le pas, indécise. « Si tu crois que - » Que quoi ? Et où allait-elle déjà avec cette phrase ? Le contact de son dos contre le mur est brusque, la laisse pantoise, le regard embrumé par l’envie et le souffle court.

Elle se raidit quand Devon émerge dans l’insignifiant espace qui les sépare, et referme ses lèvres autour des siennes. Enfin. Elle ne réprime pas le frémissement de surprise. Elle ne réprime rien du tout, laisse même échapper son nom. Shea se complait dans le soudain débordement électrique qui la saisit jusqu’à la moelle. Elle ne sait pas si Devon l’embrasse pour se donner raison ou se jouer d’elle, et décide que ça aussi, ça lui importe peu. C'est elle qui reprend ses lèvres, avec une force presque violente, agrippe ses hanches avec toute l'énergie retenue dans sa frustration et projette son corps contre le sien d'un air demandeur qui la dépasse. Elle sent un gémissement s'échapper de ses lèvres, bien malgré elle, se heurter contre le souffle de la jeune femme et pour la première fois, véritablement, elle s'autorise à prendre conscience du désir qui la consume. Elle se laisse reconsidérer le goût des lèvres de Devon et le souffle court qui s'échoue entre leurs visages ; agrippe ses cheveux pour la simple envie de lui provoquer un gémissement à son tour. Les baisers qu’elles échangent sont fiévreux, témoins de leur grande frustration et de la tension qui ne semble jamais s’apaiser. Un désir dont elle n’aura jamais été capable de saisir la portée avant cet instant où, quand Devon se détache, elle n’a plus qu’une envie : mourir si elle ne peut pas immédiatement retrouver ses lèvres. Elle secoue le visage pour lui laisser entendre que non, elle ne dira plus rien.

Cette fois, c’est elle qui pousse Devon contre le mur opposé, l’intimant d’une pression des mains sur ses hanches à rester en place. Elle ne peut plus échapper à ce qu'elle lui fait ressentir. Ou peut-être qu'elle n'a jamais pu. Peut-être qu'il y a toujours eu cette attirance magnétique, attendant son heure. Elle se demande si Devon avait conscience de ce potentiel. Shea est submergée ; elle en ressent trop, et trop vite. En se battant avec la fermeture de son pantalon, elle espère libérer quelque chose qui la brûle de l’intérieur. Elle se rétracte un moment, le temps d’observer sa réaction. Elle réalise qu'elle se meurt de désir pour elle, un désir tout à fait intacte à la première fois où elle l’a vue ; également intacte à la dernière fois. Elle se referme contre elle pour embrasser chaque partie de son cou, de l’arrière de son oreille à ses clavicules et son pouce vient se glisser sous l'élastique de son sous-vêtement, griffant son ventre du bout des ongles, et malgré elle, en demande davantage : une combustion intense. Et pourtant. Il lui faut la force de mille hommes pour s’empêcher de descendre sa main, pour garder les yeux clos et pour la repousser, lentement : « t'as trop bu... » qu’elle murmure, et elle pourrait tout à fait en faire abstraction, elle pourrait sans problème tout abandonner pour lui dire de la prendre là, maintenant. Elle ne le fait pas, pour une raison qu’elle ne s’explique pas. Et le moment où les mots traversent ses lèvres, elle serait prête à se mettre une gifle.

@Devon Willis

Sa parole est suspendue par la main de Devon qui s'interpose entre elles et qui saisit son poignet. Il lui faut une grande concentration pour ne pas émettre un gémissement d'anticipation. Sa tête lui donne le vertige, des palpitations et sa nuque se met à suer. Shea l’observe joindre ses paumes à ses épaules, et sa posture n’annonce rien de bon. Elle lève les yeux au ciel, légèrement indifférente, légèrement agacée, toute son éloquence contenue dans ce geste et le mouvement de son corps. Devon parle encore et c’est dur de se concentrer sur ses paroles quand son parfum vient l’assaillir. Le coeur vient battre dans sa gorge et elle regrette amèrement d'avoir mis un terme à leur échange.

Elle s’imagine que si le bar ne les avait pas rapprochées, c’est ainsi qu’elles se seraient rencontrées pour la première fois : dans une boîte de nuit puante débordante de monde, mais que la présence de Devon aurait canalisé. C’est ainsi que ça se serait produit : elle aurait éprouvé un choc, une attirance physique. Ce qu’elle aurait ressenti, Shea n’aurait pu l’expliquer, elle sait seulement qu’elle l’aurait remarqué. Et pas seulement parce qu’elle a un corps de top model, pas seulement pour sa peau splendide et ses cheveux frisés ou son sourire. Elle aurait probablement regardé Shea avec un manque d’intérêt total et définitif. Elle aurait ses grands yeux verts entourés de cils obscurs. Il y a beaucoup de choses que Shea veut pouvoir dire, tant de chose qu’elle voudrait faire, et par où commencer ? Elle voudrait -
j'me tire.
Elle.

Le visage de Shea se retourne soudainement vers l'américaine qui disparaît aussitôt. Elle passe une main dans ses cheveux pour faire abstraction de ses gémissements qu'elle entend encore, ça commence à devenir une habitude. Elle revient sur ses pas en silence, un peu honteuse, un peu déstabilisée, la trouve au milieu de la foule, hésite à s'approcher derrière elle, la retenir d'un geste de la main et l'attirer contre elle, passer ses bras autour de sa taille et poser ses lèvres dans son cou, l'encourager à se cambrer contre elle. Les lumières sont tamisées, et de toute façon ça lui importerait peu qu'on les montre du doigt. Vautrée contre un des murs, elle s’empare de son téléphone et compose un message rapide, en espérant que dans ce boucan, Devon entende son portable ou le sente vibrer contre elle, comme une injonction. Pour s’en assurer, elle garde les yeux rivés sur elle alors qu’elle envoie : j'en ai envie tu sais. Bon moyen, il lui semble, de garder un quelconque contrôle distancié. Ne sait-elle pas déjà que Shea ne contrôle rien du tout ?

Elle rejoint de nouveau le bar et se penche sur le comptoir pour commander. C’est tout juste si elle n’impose pas de se servir elle-même, entre deux regards vers la piste de danse. Elle n’a jamais été prône à se remettre en question, mais face à Devon, les doutes se réveillent sans cesse et soudain, elle réalise, dans le plus profond de son esprit, qu’elle ferait mieux de se cantonner à ce qu’elle sait faire et à ce qu’elle a d’acquis, et d’arrêter de tourner autour de sa collègue - parce que ce détail revient souvent dans leurs conversations. L’alcool vient l’en dissuader, et l'ambivalence l'écrase pendant qu'elle reprend son téléphone avant même de prendre la décision de continuer : reste. Question pour la serveuse à qui elle n'accorde pas un regard : « c'est quoi ta boisson préférée ? » Nouveau message discrètement destiné à Devon, qu'elle ne quitte pas des yeux : t'es belle. Game on.

@Devon Willis