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 It's a man's world (Misha) TW

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Orphée Lessing;

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Orphée Lessing



Moya Palk
Celestial (avatar), Ethereal (icons)
Messaline, Grisha, Virgil, Céleste, Eleusis
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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: It's a man's world (Misha) TW   It's a man's world (Misha) TW Empty Dim 23 Aoû - 11:48

It's a man's world
Orphée & Misha & Grisha

      Les étoiles se taisent sur la voûte céleste, du noir sur les toits et l’obscurité illuminée par les néons faibles, lueurs des ruelles jaunes et baignées par les vagues de cette mer sirupeuse et sereine, l’horizon a ses voiles de charbon, Orphée ne peut s’immerger dans la beauté de l’azur. Elle lève son visage vers les cieux tempétueux, mais elle ne voit rien, que le voile déchiré de l’obscurité par certains nuages gris qui s’assemblent et s’insèrent. Debout, immobile, ainsi, la jeune fille fête ses dix huit ans, accompagnée de la solitude ; elle comble les soupirs et les plaintes, aucun fantôme pourtant ne se dispersent à ses côtés. Elle a demandé à Grisha si elle pouvait se balader, juste cette nuit, après je resterai sagement à la maison, mais juste cette nuit, pour fêter ma majorité, j’ai besoin de marcher. Il avait eu cette expression fascinante sur ses traits, un mélange d’irritation mais de douceur et de politesse. Tu rentres à minuit. Et elle avait couru s’habiller. Sur les quais, le silence tremble de l’inconnu, aucune âme ne dérange, la lumière de l’écran de son portable, assise sur le sol froid, elle envoie un texto à ce colocataire soigné. Elle se souvient de son baiser, l’onirisme des lippes qui viennent frapper les jumelles, si particulier, il prenait l’odeur de la fuite, de l’envie de goûter, éphémère baiser. La fillette ne remarque pas les pas qui s’approchent, les quelques mâles qui, de l’autre côté de la rue, guettent.
 L’heure de la contemplation trépasse, Orphée se lève, respire, respire et rit, dans sa tête des mirages et des lumières, des rêves et des prouesses, le souvenir heureux et bruyant de sa famille ; nulle tristesse n’agresse, ni colère ; Orphée constate que son deuil s’enterre vers l’acceptation, dernier wagon d’un train de résilience. Non, l’enfant de remarque pas, penchée sur ses merveilles, ses projets, dans quelques semaines elle rejoindra de nouveau les bancs de la faculté, Colombia l’a de nouveau accepté, avec quelques éloges bien placés, des mots de ses anciennes amies, des rendez-vous donnés, des invitations aux fêtes, à se sociabiliser, l’enfant ne remarque pas les loups dans son dos, eux si discrets, leurs corps habitués à l’esquive, au cognement, à la bagarre, et aux dents sanglantes, quatre silhouettes s’étirent et s’emparent.
 « C’est elle ? »
 Et Orphée légèrement apeurée, aimerait changer de trottoir. Ils parlent d’elle comme s’ils la connaissaient. Quatre corps sculptés dans le muscle de la bataille, leur faciès taillés à la serpe. Le coeur retentit, tout contre les poumons, et le sang se fige, la parole ne jaillit pas, elle, d’habitude si prompte à adoucir, à apaiser, à se faufiler discrètement dans l’insoumission enfantine. La parole qui enchante et fait songer, disparue dans la prescience d’un danger. Imminent. Rapide. C’est elle ouai. Le deuxième sourit quand les trois autres discutent de pairs d’yeux bavant. Il faudrait pas qu’il la récupère avant… C’est le coeur qui manque trois battements et le visage de l’enfant pétrifié, ils se moquent déjà, mais regardez elle va pleurer ! Orphée aimerait changer de trottoir, ils parlent d’elle comme s’ils la connaissaient. S’approprient déjà sa présence comme si elle leur était destinée. Tu vas venir sagement avec nous, t’inquiète…
 « On va juste te montrer ce que font les Orlov aux filles. »
 Elle n’écoute pas. Ferme ses paupières à la violence qu’elle ne sait guère. Encore n’avait-elle jamais éprouvé ce sentiment, qui ravage, qui condamne, qui détruit. Il se glisse dans les veines, empoissonne les mouvements et l’enfant se laisse faire, incapable de défense. Elle n’a jamais su se défendre d’ailleurs, des camarades qui ne l’aimaient pas disaient d’elle qu’elle souffrait du syndrome de la gentillesse, elle est sympa, mais qu’est-ce qu’elle est chiante ! Le vide pénètre, et les pensées s’égarent. C’était cela alors ? Les filles ? C’était cela ? Elle était une fille, une chair, un corps, inférieur à ces gaillards qui l’entraînent vers un entrepôt désaffecté, qui l’agenouillent et l’entourent, ils sont quatre, deux lui maintiennent ses bras et le troisième… Le troisième dans une lenteur hagarde défait la boucle de sa ceinture. Orphée, elle n’a jamais fait ça. Elle n’a jamais voulu ça. Et le couteau sur sa joue. Et les paroles, sèches, acérées.
 « Tu vas être gentille maintenant, tu vas ouvrir la bouche. »
 Mais Orphée retrouve un brin de courage, un maigre sursaut de survie dans les affres de son évanouissement à venir. Elle parvient à secouer la tête. Et les pleurs alors arrosent le visage de l’enfant, le déluge de la fragilité. Et ils se gaussent ces insensibles, se permettent des commentaires. Elle aurait été parfaite dans la maison des Edelweiss, nan je crois que Grisha voulait la placer chez les Anémones maintenant. Elle ne veut pas entendre, elle ne veut pas obéir mais le poing sur sa joue la percute. Tu vas l’ouvrir ta gueule maintenant ! Et le couteau sur son cou l’oblige. Docile elle s’exécute. J’attendrai la mort, ou je m’enfuirai de la vie. Elles passent par là, le sentier de l’enfer, la damnation de la féminité, ces filles, ces femmes. Le cerveau s’éteint, les yeux restent ouverts.
 Orphée se recule. Le bruit mat d’une supplique d’un mur que l’on cogne dans l’espoir d’échapper au pire ; sur sa gorge l’emprunte de la jouissance masculine car elle a terminé, les larmes se mélangeant à la semence. Non s’il vous plaît, s’il vous plaît, pas encore. Allongée, elle n’entend pas le sépulcre d’une voix caverneuse, les coups qui retentissent.
 « Putain, ils arrivent ! Je savais pas qu’ils travaillaient encore ! »
 Le bruit de la fureur dans cette salle poussiéreuse et sordide. On tente de la déloger de sa cachette, des bras qui la prennent.  « Non. » Elle souffle la négation, ses oreilles recouvertes de ses mains.

@Misha Orlov

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vent d'est, vent d'ouest
Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: It's a man's world (Misha) TW   It's a man's world (Misha) TW Empty Dim 23 Aoû - 19:20

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Orphée & Misha

« You can say anything you want cause I've heard it all before. All you can do is pray for a quick death, which you ain't gonna get. »
Les semelles en cuir ont crissé sur l’asphalte humide, battant fort le trottoir de ces pas lestes et pressés. Puis lorsque les trois ombres se sont engouffrées dans la berline, elles se sont fondues dans l’obscurité d’une nuit à la moiteur malvenue. Les costume collant à la peau, de beaux vêtements dissimulant le haillon de leurs âmes encrassées, les a dressés dans les hauteurs des cols blancs. De ces hommes au charisme aussi aiguisé que le regard, comme ils ont claqué les portes. Lorsque le solide Aleksandr a déversé la couleur de ses yeux sur la silhouette de Misha, engoncée dans le siège arrière couleur crème, il a allumé dans la pupille les couleurs espiègles du gamin cruel. Où est-ce qu’on va, p’tit boss ? La question a roulé sous la langue d’une voix mielleuse, pleine de saveurs sucrées éclatant l’impatience sur le palais. Misha s’est fendu d’un bref rire comme il a soufflé du bout des lèvres la destination. L’entrepôt Orlov. La crasse de la bâtisse de tôle abritait encore l’attirail nécessaire à la bonne réception des nouvelles arrivantes de demain. La livraison est intéressante ? Sergueï s’est dérobé à sa réserve comme il a levé les yeux dans le rétroviseur intérieur, s’enquérant de la qualité de la marchandise à venir. C’est halal. Misha a sifflé entre les dents d’un haussement d’épaules, sinistre missionnaire des intérêts du père. C’est halal. Pur, licite. Vierge de toute souillure. Le russe a puisé dans le vocable boucher comme il s’est confiné dans la buanderie de la chair. Il a renié le suprasensible, répudié l’enveloppe humaine. A ce stade du reniement de l’intégrité de l’autre, la dissociation du corps et de l’esprit s’est déversée directement dans le nid damné du Phlégéton. Qu’à servir mon courroux tout l’Enfer se prépare*.

La secousse du téléphone lové dans la poche intérieure de sa veste a rameuté la main vers l’objet convoité. Ce n’est pas tant l’invective aguicheuse d’une conquête de fortune qui a avivé l’intérêt de Misha, mais les deux messages d’Orphée qu’il découvre alors.  La pupille heurtant l’écran s’est voilée d’anxiété lorsqu’elle s’est enquis des inquiétudes de la jeune fille sans avoir eu le temps de se nourrir d’autres angoisses. « Misha, regarde. » La langue d’Aleksandr a tonné l’alerte sitôt parvenus sur les quais, sommant les yeux du concerné à se lever. « C’est la voiture du connard d’Ecossais. » qu’il vocifère, l’estomac noué des interrogations d’Orphée. Je crois que je suis suivie. La prunelle a dardé la berline ennemie comme il darde le monde ; avec trop de venin sous la paupière. « C’était pas après-d’main, votre règlement de compte ? » « Il connaît peut-être pas les jours de la s’maine. Qu'est-ce qu'il fout ici ce con. » Misha a craché son mépris comme il a posé pied au sol. La facilité crasse de dégainer le flingue puis de crever les pneus comme ils se sont avancés vers l’entrepôt prétendument déserté à la recherche du propriétaire indésirable. La guerre des territoires a fardé leurs veines bleues d’autant de courroux lorsque les trois hommes se sont avancés vers la bâtisse éventrant la nuit noire. Les trois ombres s’y sont invitées comme chez elles, ont abîmé les secousses à l’intérieur. Ca s’est agité soudainement dans ce ventre poisseux, trois silhouettes fugaces se sont empressées de relever une gosse à l’inertie mortifère, la quatrième a bouclé la ceinture. Péroraison d’un délit, de ceux que Misha connaît si bien. Les derniers outrages à la chair morte comme une soumission, que l’on mate par le priape et que le masculin ne l’emporte. Comme toujours. Et dans ce fatras conséquent, Misha a reconnu Orphée. Pas eu le temps de s’élancer à ses côtés lorsque ses deux hommes ont donné l’assaut de leurs épaules râblées et de leurs poings vengeurs. L’écossais à la boucle défaite s’est glissé vicieusement sous les affres du choc. Il a profité de la brève confusion de Misha pour y verser son fiel : « Dis à Grisha de la foutre chez les Edelweiss. Cette môme a la bouche bien assez grande pour deux. » Tuer le poison. Fracasser le crâne. Misha a répondu par la violence à la provocation sourde, le poing est parti avec trop de vigueur et a percuté la mâchoire sous la résonnance d’un craquement. La mandibule déboîtée, ça valait bien cet effort. Mais l’écossais a rendu le coup par essence de fierté, puis l’ardeur des frappes s’est muée en pancrace et a percuté le sol. Misha sur la carcasse, s’est assigné la tâche de frapper encore, puis toujours. Sans discontinuation. Les os ont joué de cette musique jubilatoire, lorsqu’on les broie sous les phalanges. Il a frappé si fort et de tout son saoul, que sous le courroux rompu à l’ivresse Misha a regretté la mise à mort trop prompte. Et de sa poigne de fer a fini par soulever l’assaillant, l’intimer à se lever. Pourvu qu’il soit vivant, pourvu qu’il crève de sa fureur. Le gémissement du rival a parachevé son souhait dans un soupir.

C’est vivace que Misha l’a traîné au-dehors lorsque dans le ventre de la bâtisse se jouaient encore les dernières détonations de Glock-22. « Ouvre ta bouche. » La sommation crachée, tenue difficilement. L’écossais a tenté pourtant de vomir sa dernière bile sous la fierté, lui répondre qu’il l’ignorait de ce bord-là. Cela le chatouillait pourtant, de bien se lover dans l’humour crasse soumis à la virilité absurde, puis de bien l’insulter de sodomite. Mais sous la menace, l’ensanglanté s’est tu puis s’est exécuté. « Sur le trottoir. Ouvre ta gueule pour deux. » Il a désigné le bitume d’un mouvement du chef, l’a sommé d’ouvrir ses dents bien dans l’angle du macadam. Et d’un coup de pied, lui exploser le crâne, sa gueule vissée sur le trottoir. Le craquement s’est fait entendre sous la semelle souillée de chair. Essuyée à la va-vite sur la carcasse comme l’on se débarrasse de la fiente. « Misha ! » Dans l’entrepôt comme en dehors, l’accalmie a recouvré ses droits. Le thorax se soulève de trop de fureur, à peine rabrouée sous le joug des tremblements de l'après. Le temps de dégainer le téléphone puis d’alerter les nettoyeurs ; débarrassez la merde des quais, pour dernière sommation.

Lorsque Misha est retourné à l’intérieur, la pupille s’est vissée derechef sur la silhouette indolente de Orphée. De ses airs de poupée froide, matriochka lovée dans le giron de Sergueï. On a alerté Hyacinthe souffle-t-il de son timbre pieux, la prunelle affalée sur Misha. Misha inquiet, Misha furieux. Misha dont les bras tendus déjà la quémandent comme il finit par serrer la poupée contre lui. « Orphée. Orphée, on est là. » Dans le silence du recueillement, les vivants gisent parmi les cadavres. Le russe s’épouvante de cette petite mort enracinée en elle. De celles qu’il a déjà perçues, dans l’encre noir des yeux éteints de leurs putains. Celles qu’ils testent et dont ils abusent. Ca le secoue de l’intérieur, de la sentir fanée en dedans. Que la lumière ne rejaillit plus, ni sur lui ni sur les autres. Surtout sur lui. « Ca aurait pas du être toi. Ca aurait pas du être toi. » De ces mains qui caressent et qui ne tourmentent plus, Misha a la douceur de la soie lorsqu’il effleure les cheveux de la poupée. « Orphée, parle-moi. Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? » Ont-il réussi à te casser bien comme il faut ? Te fendre la chair et y germer leurs sales engeances à l’intérieur. T'auras beau prendre une douche, puis dix, puis mille, ça partira pas. J’suis du métier, j’sais de quoi j’parle. Et ça me tue.

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* Hippolyte et Aricie, Livret de l'Abbé Simon-Joseph Pellegrin

(c) DΛNDELION ; @orphée lessing
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Orphée Lessing;

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Message Sujet: Re: It's a man's world (Misha) TW   It's a man's world (Misha) TW Empty Lun 24 Aoû - 17:31

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Orphée & Misha & Grisha

       Elles ont disparu les lumières, elles ont disparues, l’ébène a remplacé le scintillement des lueurs enfantine, il a versé sur les fantaisie son encre charbon, poisseuse, gluante, il a éteint les  réverbères de la candeur, l’innocence se jette dans l’abîme de la maturité tempétueuse du choc. Le cerveau de l’enfant s’est écroulé, l’âme s’est morcelée. L’aveuglement comme premier pas. La surdité pour se protéger. Et le corps, le corps ravagé. La gorge sèche, la gorge étranglée, la gorge bafouée, souillée. Les rétines sur lesquelles la vision d’horreur se gangrène, le morceau mâle, le morceau de chair. Et sur les lèvres, la terreur. Orphée, tétanisée. Orphée pétrifiée. Orphée sidérée. Mais l’on dira que ce n’était rien, que d’autre, à sa place, ont subi plus qu’elle. Qu’une fellation ce n’est pas pire qu’une pénétration dans la chair, en bas, dans le jardin des femmes. L’on dira que ce n’était qu’une agression, que toutes ont éprouvé et que personne ne s’est plaint. L’on dira qu’elle exagère. Elle dira. Ne me regarde pas ! Je ne me regarde pas. Et les pleurs paraissent l’amertume d’une mort, en elle, sur elle. Elle ne remarque pas les larmes. Elle ne remarque pas les bras des sauveurs. Elle ne remarque rien. Moi… Moi je ne voulais pas. Je ne voulais pas. Elle répète, elle répète mais le cauchemar la possède, le moment, ce moment. Elle a ouvert sa bouche, elle a obéit parce qu’elle était trop faible pour se défendre. C’est de ma faute. Parce que je n’étais pas capable. C’est de ma faute. Et le corps se repli, encore, se recroqueville. Orphée disparaît dans les méandres de son déchirement. La gorge de lait emprisonnée dans la supplique. Elle s’était agenouillée parce qu’ils l’avaient obligés, parce qu’elle le devait, elle n’avait pas eu le choix. C’est de ma faute. Dans les bras de Misha, elle ne sent plus rien. La chaleur d’un autre corps la réchauffe mais l’ombre du bourreau la pourfend. Est-ce que… Est-ce… Est-ce que c’est fini ? Parce que moi, moi, j’aimerai disparaître. Et ses mains dans ses cheveux.
 Elle tremble, comme une feuille dans le vent de mars, elle tremble.
Ses mains ne s’accrochent pas sur la chemise luxueuse du rédempteur, elle a ouvert ses paupières dans le vide de sa psyché. Elle observe la salle de tôle et de fer, elle n’y retient que du vide. Elle devient fantôme, ne peut s’approprier l’espace et la matière. Elle se noie Orphée, elle coule et lentement glisse dans la résurgence de cet instant figé. Ils l’avaient attrapé, elle a senti les mains masculines sur ses bras, ils l’ont maintenu, très fort, et puis les mots humiliants, parce que ce n’était pas suffisant la douceur, parce qu’une femme devait ployer sous la domination masculine, parce qu’elle devait payer son existence sur terre. Elle entend des voix, ils parlent mais elle ne comprend pas, elle ne comprend rien. Les larmes se sont taries sur les joues, des sillons de pluie. Elle a détendu son corps qui s’oublie. Elle n’est rien de plus qu’un lambeau froissé. Misha lui demande, mais elle ne peut rien dire, parce qu’elle ne peut rien dire, muette, elle a perdu sa joie. Je ne la retrouverai jamais. Des échos de bonheur jaillissent, remplacent l’horreur mais l’horreur combat et revient, une houle, une ondée de stupre et de foutre. Elle touche son cou, la substance disparue, elle se souvient, c’est Aleksandr ou Sergueï, ils l’ont essuyé et c’était tendre, trop tendre pour sa culpabilité. Je veux disparaître et que plus jamais on ne me voit. Elle comprend que les voix parlent en russe. Quand elle se recule, épouvantée par les doigts d’un homme qui lui maintient le menton et manipule une lampe de médecin. Il fouille ses yeux. « Elle est en état de choc. Grisha nous attend chez lui. »
 Elle ne peut pas parler. Mais dans le coeur elle garde la tendresse surprenante de Misha, lui qui la porte puisqu’elle ne peut pas marcher.  « On rentre à la maison ? Je… j’ai mal à la gorge. » Et l’enfant s’effondre. Les sanglots éclatent, arrosent le tissu du protecteur, tout contre son torse elle serrent les manches. Ne me lâche pas s’il te plaît, ne me lâche pas, je t’en prie ne me lâche pas. On la dépose dans la voiture, et elle recule, met un pas de distance avec l’odeur qui répugnent ses narines. Sur la banquette, elle voit le monde défiler, des ombres et des flottements. Et dans sa main il y a la main de Misha, qu’elle serre pour retenir en elle un contact avec le physique. Elle se sent devenir esprit, Orphée, écorchée.

@Misha Orlov

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Message Sujet: Re: It's a man's world (Misha) TW   It's a man's world (Misha) TW Empty Lun 24 Aoû - 22:14

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Orphée & Misha

« Stand up for the innocent or go down with the rest. »
Le doc’ a fouillé loin dans la pupille de la condamnée, pressant le corps de femme mutilée au bon plaisir de ces mâles sans interroger le consentement. Le sursaut de la jeune victime n’a ébranlé personne. Les hommes n’ont pas vu ce frémissement d’émoi, n’ont pas saisi la violence du geste qui accapare sans demander, fut-il à dessein bienveillant. Ils n’ont pas compris l’inclémence de leur présence qu’ils lui imposent avec leurs statures de dominants à la tête de la pyramide patriarcale. Ils n’ont entendu que les mots de Hyacinthe, lesquels ont parachevé leur recueillement. Elle est en état de choc. L'affirmation a perforé le crâne de Misha, éclatant les résidus de sa conscience tout contre les parois. Sans un mot le russe s’est levé, saisissant la poupée indolente dans l'arceau chaleureux de son torse. Et lorsqu’enfin elle a parlé, de cette voix éraillée qui ne lui ressemblait pas, le coeur de l’apathique a loupé un battement. C’est dingue, comment on se persuade ne posséder qu’un myocarde pour pompe à sève et se rendre compte que ça se serre follement parfois.  « Oui on rentre. Tous ensemble. On est avec toi. » Sous le murmure et les pas, le silence a sommé les yeux de se braquer au sol. Les hommes ont l’allure des fossoyeurs accompagnant dignement la dépouille. Et cette aura mortifère, ce parfum nauséabond suintant fort la poudre, le sang, les larmes puis la semence, Misha a voulu naïvement l’en protéger. Un peu trop tard. Il a plaqué une main contre la tempe de la jeune fille, l’intimant tendrement à se lover dans le giron. Que ses yeux trempés ne dardent ni les cadavres ni son âme entière s’accrochant aux derniers vestiges de ce qu’elle fut. Mais elle a pleuré sous les décombres, et les quatre hommes ont serré la gorge.

La berline s’est engouffrée dans le ventre criard de la nuit sous un silence d’église. Ils n’ont rien eu à dire lorsque le moteur a ronronné derrière les feux du médecin les précédant. Aleksandr n’a pas claqué sous le palais ses boutades usuelles, Sergeï a braqué ses yeux d’ocre sur la route tout en toisant parfois la petite. Il la trouva absente, mais il n’en pipa mot. Misha a perdu de sa gouaille comme son regard se perd dans le vide, quelque part entre le dossier du passager et la bouteille d’eau qu’Aleksandr lui tend. Pour elle. Et comme il a serré fort sa main frêle, avec tant de tendresse et de force. Cette douceur impromptue s’est délogée de ses entrailles, enfouie sous les gravats de ses derniers bastions. Elle est bien tombée de quelque part, cette douceur insondable, foutrement bien endormie derrière le plastron d’acier. Misha ne songe pas aux putains subissant le même sort. Il ne songe ni aux petites morts qu’il leur inflige, ni à leurs âmes dépouillées. En toute probabilité, il ne songe pas à grand chose et se contente d’être ici. Pour Orphée. Et n’a ouvert la bouche que lorsqu’ils sont arrivés à destination, au pied d’une maison dont les fenêtres éclairées témoignent de la présence du maître des lieux. « Niet. » Sous le cliquetis des ceintures qui se libèrent afin d’amorcer la descente, Misha a sommé ses deux hommes de ne pas les accompagner. Et comme roulent sous la langue ces consonances maternelles, et comme il s’obstine ainsi à la protéger.  « Grisha est déjà là. Hyacinthe vient d'arriver. » Trois mâles pour la dépouille. Misha soupire, aurait préféré quelque présence féminine afin de la rassurer.  « Orphée n’a pas besoin de cinq hommes autour d’elle. Un, c'est déjà trop. » Il n’a pas les grands états d’âmes de ces hommes à la conscience féministe pourtant. Mais il se souvient des regards de ces putains, genou au sol, la pupille hagarde dans laquelle se miroitent les démons de la virilité. Pleine, vivace, omniprésente. Envahissante. Nauséabonde. « Ca pue l'mec, ici. » Ici, là-bas, partout en vérité. Misha a grogné lorsqu’il s’est dérobé de la berline, lovant Orphée dans les bras. Il s’est inclus dans cette puanteur poisseuse, de celle qui parfument les rues, les banques, les bureaux des employeurs. De musc, de sève, de convoitise moite.

Dans l’encadrement de la porte, la silhouette de Grisha s’est découpée à l’approche du fils et de la martyr. Son faciès s’est fardé des oripeaux de l’inquiétude et de la colère. Une ire contre laquelle Misha a bien failli japper. Et t’as voulu la foutre dans une maison de passe, p’tain, qu’il tait sous la lippe scellée. Son regard ne s’est voilé d’aucune bourrasque pourtant lorsqu’il a lorgné sur le père, et le croisement des pupilles a suffi au recueillement. Sans un mot, Misha l’a déposée sur son lit, veillant à recouvrir la peau du drap de coton jusqu’à la voûte liliale de ses épaules. « Ils ont pas visé Orphée par hasard. C’était clairement un règlement de compte. Cet enculé d’écossais, il t’a passé l’bonjour, avant que je lui éclate la mâchoire, les dents bien contre le trottoir. J’ai pas voulu qu’il crève. J’veux dire. Pas tout d’suite. » Que le supplice ne dure encore et que même Tantale se sente béni des dieux. Misha a sifflé son laïus d’un timbre trop constant pour se désencombrer de tristesse, sans jamais lever les yeux d’Orphée.

__________________________________
* les paroles en italique sont prononcées en russe

(c) DΛNDELION ; @orphée lessing
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Grisha Orlov;

-- gros méchant pas bo --
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Grisha Orlov



Mads M.
WALDOSIA (ava)
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53
(Veuf) Agnieska la femme, l'unique. Tuée sauvagement par la loi du Talion, fameuse, cruelle, elle a laissé dans un dernier soupir les souhaits pour sa fille, mais de cette dernière le corps aussi retrouvé.
Il se présente psychiatre pour toutes personnes naïves, psychiatre à temps partiel, de l'autre côté du miroir l'homme poli se transforme en tyran, il gouverne de ses doigts meurtriers un vaste empire où règne désolation et despotisme. Père de la mafia Romashka, c'est à lui qu'on loue allégeance et qu'on ploie les genoux.

MISHA OKSANA BARBIE
MEDEE SAHEL JAMES

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Message Sujet: Re: It's a man's world (Misha) TW   It's a man's world (Misha) TW Empty Mar 25 Aoû - 13:10

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Orphée & Misha

« Stand up for the innocent or go down with the rest. »
Il n’avait pas vu, un geste, il avait confondu, elle avait déserté ; est-ce que je peux sortir, une heure, juste pour marcher. Du haut de son verre de vodka, le visage fatigué, tiré par les fantômes, Grisha avait sourit, d’un geste avait dit oui, le geste fugitif, une seconde et elle s’était envolée. Avant qu’il ne se rende compte de l’erreur, la porte avait claqué. Il avait haussé les épaules, une heure et c’était tout, il lui faisait confiance. Dans ce monde peinturé à la violence, à l’ignominie, les secondes puisaient l’angoisse dans les tréfonds de la léthargie ; Grisha ne ressentait rien que le sentiment d’invincibilité inhérent à l’expérience, des obstacles il tuait, il surveillait, ne relâchait jamais sa volonté, de posséder. Elle avait les yeux d’embruns de joie, la résilience de l’enfance qui saute et rebondit, la beauté lumineuse, chanceuse, il l’aurait mise dans son nid, la maison des Edelweiss, en espérant, dans ses contradictions, la protéger d’un monde en dérive. Grisha n’avait plus rien que l’ivresse, la bouteille de vodka vide et un mal de crâne gargantuesque. Les minutes s’effilèrent, il s’ennuyait, cuvait sa débauche. Et l’appel, les nouvelles. Elle a été violée Grisha, ils ont utilisé le même rituel que l’on utilise, ce n’était pas un hasard, ce n’était pas anodin. Premier pas vers la vengeance causée par la jalousie crasse des petits.

De son fauteuil, il se lève, la cuisine, prépare un verre de lait y verse une cuillère de miel, dans un bol coupe les bananes et les mélange avec de la cannelle, sur un plateau dépose le repas et l’apporte sur la table de chevet, dans l’antre de la fée. Elle lit Tolstoï, Dostoïevski, s’immerge dans les plaines russes, le froid et la philosophie des steppes. Et ouvre la porte pour accueillir le fils qui tient dans ses bras l’espérance, un rameau d’olivier cassé, détruit, brisé, dépouillé de sa gorge comme l’on égorge les bêtes pour les bouffer, drôle d’image carnassière. Dans la chambre, la jeune femme est déposée, il remarque, attendri, les gestes du fils, si doux, si tendres, inespérés. Il tait la taquinerie au coin de ses lèvres, il observe. Car l’enfant homme grandit et, dans ses prunelles prend conscience. La responsabilité. Le reflet du jeune qu’il était alors, son envie, sa puissance, il fonçait, d’un coup de revolver agissait. Mais la loi du talion surprenait. Orphée est bordée, sous la couverture le corps se détache, immobile, statue de cire. « Donne lui à manger, elle en a besoin. Et ses cachets. Elle ne voudra pas les prendre. » L’ordre déploie son élan de souffrance ; Grisha connaît les mouvements de suspicion de la jeune fille, le mouvement de peur parfois quand elle remarque son regard de convoitise. Par respect pour cette fillette, il ne s’approche pas, le russe se retire après la nouvelle recommandation. « Reste près d’elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Je t’attends dans mon bureau. Et nous parlerons. »

Car il a le désir de remettre la droiture dans ses actes, le frémissement de la responsabilité, mais le cadre mafieux ne se pare pas de politesse ni de diplomatie, Orphée comme moyen et comme perte, comme image glacée de sa fille décédée a superposé dans l’esprit un grain de manipulation ; elle pourrait être le moyen d’offrir à son fils quelques vents de douceur pour soigner les plaies d’une enfance misérable. Grisha a longuement tenté de verser le miel et l’ambroisie sur les écorchures de son fils, quand il le voit se déposséder et fuir. Dans son bureau, la présence de Hyacinthe qui a déjà commencé à nettoyer les armes de la vendetta. Et la carte qu’il présente.

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* les paroles en italique sont prononcées en russe

(c) DΛNDELION ; @Misha Orlov

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Que m'importe que tu sois sage?
Sois belle! Et sois triste! Les pleurs
Ajoutent un charme au visage,
Comme le fleuve au paysage;
L'orage rajeunit les fleurs. Baudelaire
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Orphée Lessing



Moya Palk
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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Re: It's a man's world (Misha) TW   It's a man's world (Misha) TW Empty Mar 25 Aoû - 21:44

It's a man's world
Orphée & Misha & Grisha

        Le corps s’est effacé, sous les ravages des mâles il s’est plié. Le corps de la ballerine s’est replié, le sang s’est figé, les bras pétrifiés, les jambes statufiés, et la gorge. La gorge brûlante, la gorge atrophiée, la gorge morte, décédée. Elle ne savait pas, Orphée, qu’une gorge pouvait autant souffrir, la douleur la fait tousser, dans son lit, Misha l’a déposé dans son lit. Elle a senti les draps sur sa peau de glace, la caresse, la douceur, la sécurité. Elle a senti le parfum de lila et de glaïeuls, le parfum de sa chambre. La lumière est apparue dans ses pupilles tristes, encore humides par les larmes qui ne se tarissent pas, parfois l’une glisse sur la joue, qu’elle essuie, mécaniquement. Dans ses draps elle sent enfin son corps, son corps défait, son corps défiguré, son corps. Dépossédé. Et jamais Misha n’a fui son regard, il l’a déposé sur elle, comme une voile qui soigne, une lumière tamisée brillante et protectrice. Quand Grisha ferme la porte, Orphée tente de se lever. Mais la tête lui tourne, le vertige. Elle aimerait se déshabiller, dans la salle de bain collée à sa chambre, recueillir l’eau qui purge, qui nettoie.
   Le courage lui manque c’est la mélancolie, obscure et pénétrante, les ténèbres jaillissant et le souvenir qui se répète. Elle gratte ses bras, de ses ongles essaie de saigner. Puis sa gorge qu’elle n’ose pas toucher. Et le verre de lait, substance innocence, le liquide qu’elle prenait tous les matins au petit déjeuner ; il a l’allure dangereuse d’un autre, celui qui s’écoule le long du dard, la semence de l’homme qui a éclaboussé sur le nacre de sa gorge, de sa voix. La culpabilité la ronge quand elle pense à ses moments d’inconscience, celui où elle exclamait la liberté de sa sexualité, elle mentait un peu, ne s’y intéressait pas vraiment, juste… Elle secoue la tête, le cri lui échappe, elle n’en veut pas et ne le boira pas, d’ailleurs, elle ne sait pas si elle pourra remettre un jour quelque chose, macher ou déglutir, elle s’étrangle, panique, ses yeux s’emplissent encore, de sanglot tus maintenant, plus muets, plus discrets. C’est qu’elle n’aime pas qu’on la voit si fragile, c’est qu’elle n’aime pas qu’on la voit dans cet état. Elle frissonne, de froid, de honte, surtout la honte et l’envie suintante de se cacher, rentrer dans un trou, devenir Alice, partir, partir loin. Partir loin de son regard si tendre, parce qu’elle ne mérite pas son regard. Elle aurait du le mordre. Elle est coupable alors ? Elle est coupable parce qu’elle ne s’est pas défendu. Mais elle ne portait pas de vêtements clinquants, elle n’exhibait pas le tissu provocant et puis, c’était pas de leur faute aux victimes, elle le défendait quand le sujet retombait, comme une litanie, comme une défense, contre les pensées stéréotypées et les préjudices subis, elle protégeait, défendait toujours la victime.
    « Merci. Merci Misha. »  Elle dit. Reconnaissante. La voix s’éraille, la force de la gratitude pourtant s’obstine, têtue, divine. Sans toi Misha, je crois que j’aurai sauté dans l’eau des quais, je me serai laissé tomber, parce que je suis pas courageuse, parce que vivre avec ça, ils auraient abandonné un corps qui gémit. « Merci.» Mais la gorge incendie les dernières paroles, l’angoisse mange les derniers élans ; sur le plateau deux cachets traînent qui pourraient l’endormir, car elle souhaite s’évanouir dans le pays des merveilles, s’assommer, oublier. C’est le verre, le lait, la frayeur de mettre un seul intrus entre ses lippes. Contre le mur, elle se couvre des couvertures.  « S’il te plaît, m'oblige pas à avaler... » Rien ne rentrera plus. Elle ne se lancera pas dans des explications, elle qui sait comment faire comprendre, d’une synthèse d’habitude lumineuse et maîtrisée. Et tombe sur l’oreiller son visage défait, esseulé.

@Misha Orlov

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vent d'est, vent d'ouest
Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: It's a man's world (Misha) TW   It's a man's world (Misha) TW Empty Ven 28 Aoû - 19:13

it's a man's world
Orphée & Misha

« Stand up for the innocent or go down with the rest. »
Lovés dans l’alcôve de ce silence, monceaux de petits vacarmes se fondant sous la langue de Grisha. Et lorsqu’il parle, de sa voix grave et pondérée, la pupille du fils se ternit d’un vernis particulier. Et lorsqu’il parle, la paupière jamais ne cille, garde pour tempête blanche la clameur d’un regard qui sur elle se pose et jamais ne se déloge. Et lorsqu’il parle, Misha ne l’écoute plus, muré dans le silence de ses appréhensions. Comme tout semble s’embrouiller dans ses yeux et jusqu’au creux de ses synapses. Bouilli infecte aveulissant le cerveau, puis le gosier, puis les poumons, puis l’âme embrouillée dans les embruns de l’inconscience. Ainsi finit-il par parler, d’une voix inusuellement traînante, dégoisant des palabres absentes.  « J’vais rester ici jusqu’à ce qu’elle s’endorme. J’te rejoins plus tard. » Il a dû sentir qu’il a perdu une partie de son monde de lumière lorsqu’il a clamé la fausse résignation, se faisant pantomime du père, palabres identiques sans les avoir écoutées.

La porte a claqué dans le diapason mutique. Sous la pupille de l’homme, l’asservie de la société phallique s’agite, tressaille, se débat. D’une nervosité suffisamment faible pour s’essouffler encore, elle a la main qui se déploie vers le verre dont la liqueur liliale prend la couleur de ses tourments. Misha est demeuré figé, observant la poupée en prise avec ses géhennes. Il a saisi l’horreur de sa condition, ce verre de lait qu’elle abhorre et qui la répugne. « Merci. Merci Misha. » Le russe ourle la lippe d’un sourire morne, les lèvres se craquèlent sous le factice. L’éclat héraldique de sa pupille, usuellement fière et fielleuse, s’est éteinte sous la débâcle cuisante de cette nuit. Les sentiers de leurs gloires avaient mené Orphée au tombeau. La honte étrangle son gosier en un étau sinistre lorsqu’il se contente d’opiner légèrement du chef, inapte à recevoir autant de remerciements dont il ne saurait se nourrir. Puisque la culpabilité marque sa peau et parle en son nom, le fustige en silence, l’intime de se taire. Misha n’a pas quitté son état de torpeur courroucée lorsqu’il s’est saisi du verre de lait et est sorti en morigénant ses torts . « J’vais pas te forcer. » Il a saisi la déliquescence du dedans, lorsqu’elle a secoué fort la tête sous le torrent de larmes tues. Il n’enfoncera pas les digues, ne violentera pas ses dernières volontés. Et c’est toujours placide qu’il revient, son godet d’eau fraîche à la main. « Tiens. » Rince-toi le gosier, t’as toujours de l’amour propre au fond de la gorge tu sais, faut que ça rejaillisse un peu, s’entend-il penser comme il prend place sur un fauteuil. Pas trop loin, clame-t-elle de sa main frêle lui saisissant la paume. Puis attendre qu'elle s'endorme avant de rejoindre le père, fermer les yeux sur ce qui l'attend. Comme elle n'a pas idée et comme il se doute, de ce que les engeances ont semé en elle.

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* les paroles en italique sont prononcées en russe

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