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 La compagnie des loups (Misha)

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Grisha Orlov;

-- gros méchant pas bo --
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Grisha Orlov



Mads M.
WALDOSIA (ava)
631
755
La compagnie des loups (Misha) Ez4FQwb
53
(Veuf) Agnieska la femme, l'unique. Tuée sauvagement par la loi du Talion, fameuse, cruelle, elle a laissé dans un dernier soupir les souhaits pour sa fille, mais de cette dernière le corps aussi retrouvé.
Il se présente psychiatre pour toutes personnes naïves, psychiatre à temps partiel, de l'autre côté du miroir l'homme poli se transforme en tyran, il gouverne de ses doigts meurtriers un vaste empire où règne désolation et despotisme. Père de la mafia Romashka, c'est à lui qu'on loue allégeance et qu'on ploie les genoux.

MISHA OKSANA BARBIE
MEDEE SAHEL JAMES

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Message Sujet: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Ven 13 Nov - 12:06


La compagnie des loups
La cité des mâles veille sur le quartier des lunes
Elles veulent y faire leur place et doivent y bouffer du bitume

      La fin d’après midi permettait aux jolies fillettes de sortir des cages, toutes habillées de soie ou de coton, de robes aux teintes pastel, livides et tristes. Le roi ayant déclamé son fief de cette maison à l’architecture moderne, de hautes baies vitrées éclairaient le salon aux meubles délicats, placés dignement, tel une pièce assignée luxe et richesse. Aujourd’hui, cependant, nulle forme de petites filles ne hantent les couloirs décorés, les portes de leurs chambres ne se sont pas ouvertes pour la récréation quotidienne. Seuls les pas du minotaure assènent d’un bruit acre et dominant les planches de bois de chêne. Il ouvre chaque chambre, guette les présences. L’une est sagement assise sur ses couvertures, un livre illustré devant elle, elle tente de déchiffrer les phrases, de ses prunelles aperçoit le père dont elle quémande la lecture. Ce soir mon angelot, lui répondit-il avant de fermer à clé cet espace de l’enfance décharnée. Il est accompagné du fils, pour une ronde nouvelle ; vérifier l’état des bijoux, les rassurer quand les larmes apparaissent sur les joues roses, en prendre soin afin qu’elles ne se fanent pas.

 Aujourd’hui, pourtant, trois nouvelles chambres s’ouvrent sur l’absence.
 Une à une les portes s’arquent. La première toute en blanc et ivoire, des voiles sur les colonnes du lit, des tapis en mousseline, un bureau sur lequel traînent déjà quelques cahiers vierges, des chaises et un violon rutilant sa marque, un stradivarius aux sonorités éclatantes.  « Elle devra dormir ce soir ici. Mhyrra, collégienne. Elle suit des cours de violon grâce à la générosité d’une association. Méfiante quant aux hommes, elle ne s’en approche pas. » Le prédateur tend le premier dossier, ouvert sur les photographies volées d’une gamine aux cheveux d’ébène et au visage d’ange. Se dirige vers la deuxième ; du bleu orne les murs, des rideaux coupés soigneusement, brodés de fleurs de lys, l’univers de douceur et de poésie. Il y a sur les cloisons des illustrations de Gustave Doré.  « Mercredi nous irons la récupérer. Blanche. Sauf si tu lui trouves un autre prénom… Elle a la beauté de cette princesse des contes. En classe de quatrième, elle est déjà très précoce niveau maquillage et chaussures hautes. » L’on entend dans le ton de sa voix le dépit de cette génération qu’il ne comprend pas, voir ces fillettes sorties du berceau, assumer leur identité sexuelle, aborder les hommes tout en se raillant, tout en imitant les figures provocantes, les corps assujettis aux diktas de la beauté féminine. La troisième présente un décor d’étoiles, les murs peints de noirs ocellés de lumières représentant les astres.  « Elle aime l’astrologie. Zorya, l’étoile du matin. Vendredi. » Il ne s’épanche pas de longues explications puisque le parrain a déjà expliqué, longuement, assis confortablement dans son fauteuil de cuir, les procédures quant à la chasse de ces colombes. L’âge les différencie, le coût de la nuit aussi.

 Il contemple l’heure sur sa montre de fer dessinée par les mains savantes de ces talents connus dans le monde des arts, guide ses pas vers l’entrée, parle à ses hommes, demande des nouvelles, indique les bouteilles d’eau fraîche car l’on évite de s’abrutir à l’alcool dans ce lieu sacré des vices. Les portières de la berline aux vitres teintées présentent l’habitacle de cuir dans lequel il s’installe de sa lourdeur, place la clé pour démarrer après que le fils se soit également assis. Le moteur ronronne sans que l’homme de daigne appuyer sur les pédales.  « Je t’ai trouvé très inquiet lors la vente aux enchères. Omphale va bien, je m’en assure. Tu ne souhaites pas la voir. » L’air arbore le signe de la curiosité mélangée à l’angoisse de constater la tristesse, le fils aimé ne saurait être absorbé par les intransigeances du passé. Alors le père bienveillant demande encore.  « Y a-t-il des choses que je ne sais pas ? Orphée peut-être… Ta mère… » Il tâtonne des suppositions. Sur les rides, l’expression du soucis de savoir Misha en prise à des ombres. Parfois, le masque de l’homme d’affaire se fissure, lorsqu’il constate les changements d’états de son héritier.  


(c) corvidae

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Message Sujet: Re: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Lun 14 Déc - 10:22

la compagnie des loups
Grisha & Misha

« A Gentleman is simply a patient Wolf. »
Dans le sillage du père, figure bien aimée de Misha - ce vorace des sentiments engloutissant avec trop d’appétence les preuves éparses de tout l’amour qu’il put trouver sur son chemin - il se fond mutique dans le triste cérémonial. C’est la procession des engeances bafouant les chambrées ternes et sans vie, usées de couleurs vives et de rires perclus. Sans que rien ne l’émeuve ni ne le secoue, Misha, pourtant, sublime son faciès du voile sombre des pensées. Il acquiesce en silence les propos du démon dont il a hérité des goûts pour les misères et les cataclysmes, retient sa conscience charriant la boue stagnante de ses pensées ; y a la figure de Orphée qui danse tout contre son crâne, et la sensation de s'être fracassé dans les fanges de la connerie lorsque ce soir en la quittant pour sept journées pleines, il tenta de la faire tomber dans les bras d’Aleksandr. “Prends soin d’elle, et amusez-vous bien. J’crois qu’t’es à son goût”. La sournoiserie en bord de lippes pour un peu de dommages collatéraux, suffisait de pas grand chose pour que Misha n’intente à son bonheur. Et le comparse l’avait toisé de son regard de réprimande ; “fais pas ça”, de ce qu’il en savait et de comment Misha broyait impitoyablement les monceaux d’histoires viables, Aleksandr se refusa à lui alléguer le don souverain de la destruction. « Elle aime l’astrologie. Zorya, l’étoile du matin. Vendredi. » Misha a écouté silencieusement les indications tout en opinant brièvement du chef. Cette propension qu’il a, à converger ses pensées sur l’essentiel lorsqu’il travaille, gomme les pourtours de son immaturité diffuse. En sus d’Orphée, pourtant, demeurent les crasses souvenirs éveillés lors de la vente aux enchères et dont il ne sait se défaire. Ni vodka, ni somnifère, ni festivités, ni la langueur du sexe et des orgasmes, rien ne parvint à chasser les fantômes muselés d’autrefois.

L’odeur du cuir embaume la berline lorsqu’il s’y engouffre, le crissement de la basane lorsqu’il s’assied fend un silence également rompu par les interrogations du père. « Y a-t-il des choses que je ne sais pas ? Orphée peut-être… Ta mère… » Un soupir pour résignation lorsqu’il comprend que Grisha a la lecture du fils aisée. «  Nan, c’est pas ça. Enfin oui, peut-être Orphée. » Misha se perd, glacé, dans les tréfonds de ses tergiversations. Puis y a ce souvenir, moins distant qu’auparavant et dont les pourtours se font plus certains. Il se souvient de cet homme l’interpellant sur le perron de sa masure bancale ; “Bonjour Misha, tu sais que mon fils est parti à la fac, il a laissé skate, vélo et jeux vidéos, ça t’intéresse?”. Suffisait d’un rien pour attirer un môme, même le plus revêche, dans les tréfonds d’une cave aménagée. “Si t’as peur tu peux faire demi-tour”, ce que le vieux avait clamé d’un fin sourire fendant la lippe, appelant à la provocation et suscitant le courage, il avait dores et déjà compris que le gamin le suivrait jusque dans les entrailles de sa baraque. « J’ai juste ce sentiment d’avoir braqué un flingue sur ma tempe et d’avoir redécoré les murs avec ma cervelle. » Les sourcils se froncent lorsqu’il toise l'habitacle. Il ne s’était rien passé, ce jour-là. Une vitre cassée à l’étage, par la bénédiction d’un ballon mal centré, avait détourné l’attention du prédateur laissant s’envoler le moineau hors de ses griffes. « C’est rien. Ca va passer. » Il s’assure de sa force tranquille et professionnelle, que rien ne le détournera de ses missions hebdomadaires, non sans regretter une fraîche gorgée de vodka afin d’avaler les miettes de sa conscience. Du moins essaie-t-il, lorsque les dernières angoisses qu'Orphée lui légua sur son lit quelques jours auparavant ne l'assaillent et ne lui polissent la langue. Cracheuse de vérité, désireuse de savoir. Son regard absent, fantôme, hagard et froid, plonge dans les iris du père : « En fait non. J'ai besoin de savoir. Est-ce que t'as touché Orphée ? » Elle lui parla d'une chambre que l'on blasphème sans s'en souvenir vraiment. Les drogues que l'on emploie pour mieux atrophier les sens de la victime n'ont pour les bourreaux aucun secret. Il sait. Et il veut entendre.

(c) DΛNDELION ; @grisha orlov
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Grisha Orlov;

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Il se présente psychiatre pour toutes personnes naïves, psychiatre à temps partiel, de l'autre côté du miroir l'homme poli se transforme en tyran, il gouverne de ses doigts meurtriers un vaste empire où règne désolation et despotisme. Père de la mafia Romashka, c'est à lui qu'on loue allégeance et qu'on ploie les genoux.

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Message Sujet: Re: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Sam 9 Jan - 16:59


La compagnie des loups
La cité des mâles veille sur le quartier des lunes
Elles veulent y faire leur place et doivent y bouffer du bitume

      Dans la chaleur bruissante de la berline, dans l’alcôve tranquille du cuir, l’engin se met en branle, démarre et traverse le grand portail jusqu’au paradis de la réalité, l’extérieur qu’il se surprend parfois à contempler dans les pupilles de ses gamines, leur petite mains sur les vitres et leur regard lointain se perdant dans les rêves de liberté exténuée, anéanties. Ce matin, Mélopée lui avait demandé si elle pourrait retourner à l’école. Et la réponse à chaque fois, sonnait comme un gong, si tu es sage. Les paysages défilent rapidement, Grisha écoute, ressent les intrigues, la force destructrice de l’inconscient de son fils, un marasme de plusieurs sujets, des souvenirs, des mémoires, des traumatismes mélangés à la violence de leur métier. Car le parrain a conscience du milieu barbare dans lequel ils règnent, les méthodes diverses pour contrôler, pour dominer. Afin de bien faire taire la personnalité, l’humain, entre les murs des maisons sagement surveillées et gardée fermement, Grisha avait conçu des méthodes : drogues, châtiments, tests, douceur. Le père ne devine pas, pourtant, que son fils a lui même été victime des mains d’homme ressemblant à ses clients les plus fortunés, ces désastres ne sauraient avoir des pensées pour le même sexe. Grisha se gare dans l’ombre de l’école plus éloignée, bloque déjà le chemin que la petite sillonne chaque matin et chaque soir pour aller et rentrer de l’école. Paisible, il pèche une cigarette qu’il enfile entre ses lippes, réfléchit à ses aveux. Il a retenu la détermination qui se loge dans son héritier, de savoir car il aime cette enfant des anges. Orphée semble l’inespérée présence adoucissant les troubles de Misha.  « Le premier soir quand je l’ai amené chez nous. » Prélude à l’explication à venir, il expire la fumée.  « Orphée est une beauté, j’ai fais un caprice. Mais j’ai pris soin à ce qu’elle ne s’en souvienne pas. Tu le sais que je ne suis pas un barbare avec nos filles, elle était déjà dans un état traumatique, proche de la décompensation. Je me suis permis de l’apaiser avec quelques drogues comme je l’ai fais pour Lila, Omphale. Lorsqu’elles ont besoin de nager dans un état second car leur infériorité d’esprit ne peut supporter plus qu’elles ne supportent déjà. » Il plonge alors ses iris dans celles de son fils, se désire honnête donc assène encore.  « Elle n’était plus vierge Misha, je me suis servi comme l’on se sert à chaque fois qu’une de nos fille nous plaît. Orphée était destinée à être l’une d’elle, on l’aurait choyé, on lui aurait offert un abri alors qu’elle n’en avait plus. Si je l’ai hébergé c’était bien pour noyer les doutes de ce cher Césaire Gainsbourough. Jamais je ne l’aurai adopté, c’était était un mensonge pour sa docilité. » Il fixe les pupilles de son fils, guette l’expression de raison, confiant.  « Mais je suis très heureux de te voir enfin apaisé, elle est parfaite pour toi, Orphée. » Il imagine certainement le mariage proche et l’honneur russe ; puisque, dans le pays des neiges, les enfants se marient vite, Misha a profité de sa jeunesse et le père aimerait des petits enfants.

Les cloches hurlent la fin de la journée, un flot d’enfants jaillit, heureux ou mélancolique, des essaims de chérubins rejoignant les quelques parents venus pour célébrer le début d’une nouvelle semaine. La fine silhouette d’une fillette laisse sur son sillage une rêverie, un fantasme, elle relève son minois et Grisha se dit qu’elle est bien la plus belle de l’école, des traits angéliques, des cheveux épais, ébène, sa peau de lait, une porcelaine fragile et admirable.  « La petite solitaire qui s’approche de nous, c’est elle. » Son corps se détourne, s’accapare une seringue vide, un flacon de sommeil, les doigts cognent sur le plastique afin de réveiller les vertus des drogues.  « Tu connais la procédure. » Afin d’enrober la méfiance et de la prendre à revers, le fils engagera une conversation tandis que le loup se faufilera derrière elle. Le corps si fin, si fragile, ne pourra se défendre des assauts du crime.


(c) corvidae

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Message Sujet: Re: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Sam 9 Jan - 18:18

la compagnie des loups
Grisha & Misha

« A Gentleman is simply a patient Wolf. »
« Le premier soir quand je l’ai amené chez nous. » Il avait beau savoir que le verdict tomberait comme un couperet, la vérité pleine de toxines versée du gosier du père aux oreilles du fils. Il s’était attendu à ressentir du mécontentement, de la fureur peut-être, mais pas ce désarroi lui enserrant la poitrine. Grisha a de l’allure ; il est aisé alors de signer un pacte avec le diable. Devenir son fils, se sentir aimé, s’aveugler face au système des nantis phallocentrés, putain que c’est facile. Que c’est grisant. Mais pas ce soir. Misha a détourné le regard, l’espace de quelques secondes, le temps de s’en remettre et de comprendre ce qu’il ne souhaitait pas voir jusqu’alors. Il avait cru pouvoir gérer, le business et ses toxicités, ça ne lui soulevait foutrement aucun état d’âme lorsqu’il rompait les filles à coup de reins “pour les mater”, qu’ils disaient. Ce soir pourtant, et à travers la sincérité vomitive du père, y a quelque chose qui déconne. Quelque chose qui implose, déraille, débloque, dans l’immensité de ses pensées. ”Misha t’es beau mais qu’est-ce que t’es con”, qu’on lui ressassait souvent lorsqu’adolescent et à la reprise de ses études, l’on ne suspectait que peu d’intellect dans le crâne du gamin tant il semblait se détourner des bancs d’école. Pourtant, comme ça gamberge là-dedans. Et comme ça se déploie, insidieux et salvateur, jusqu’au moindre neurone. Et comme il se questionne lorsque le père parle encore, qu’il a fondu ses yeux dans les siens.  ”J’ai fait un caprice. Mais j’ai pris soin à ce qu’elle ne s’en souvienne pas” Bien sûr, qu’elle s’en souvient. De ton odeur, de ton parfum, de ta sueur lorsque tu t’excites et de ta chaude respiration. Elles s’en souviennent toutes, de nous et de ce qu’on fouille en elles. Ca dort en dedans, ça ne s’éveille pas, comme une torpeur. Mais elles se souviennent. Orphée le lui a appris.

Les pensées s’affolent, préviennent la migraine. La main que Misha passe prestement dans les cheveux se veut dissimulatrice de ses doutes et ses remises en question soudaines. Orphée était l’une d’elle, et peut-être le demeure-t-elle encore. Et cette façon qu’il a de toiser leurs filles, comme ils disent, ces putes bien dociles, objets consommables, substances de chair propres à faire fructifier le business dès lors qu’elles ouvrent les cuisses. Cette façon qu’il a, de scinder les deux mondes. Et soudain, sous le mantra de Grisha, tout rentre en collision. « Elle n’était plus vierge Misha, je me suis servi comme l’on se sert à chaque fois qu’une de nos fille nous plaît. » Et toi, Misha, tu l’aurais baisée aussi pas vrai ? Si sa vie était devenue autre, si leur statut d’hommes véreux en avait décidé autrement, tu l’aurais baisée, n’est-ce pas ? Mais non, bien sûr que non. T’aurais pris, voilà tout. Sans concessions, sans palabres et sans douceur. T’aurais pris sans compter ses larmes.

Le père a raison, assume sa perversité qu’il considère comme normative. Le fils a préféré scinder les deux mondes, plus simple, plus hypocrite aussi. Ce soir lorsqu’il rouvre les yeux, y a ces univers qui fusionnent et ça fout un beau bordel dans la tempête de son crâne. Puisque ces filles qu’ils asservissent, aujourd’hui putains, objets, réceptacles, ont soudain la valeur de celles qui auraient pu vivre une autre vie. Dans un univers parallèle, ces putains n’en sont pas. Et c’est bien leur faute, si elles se doivent de bien se cambrer pour des biftons qu’elles ne toucheront pas. « Mais je suis très heureux de te voir enfin apaisé, elle est parfaite pour toi, Orphée.. » Misha a accroché fort la pupille de son père, sans aigreur ni amertume. C’est troublé qu’il assène avec conviction : « Elle n’était pas encore une pute, quand tu l’as touchée. » Les filles bien, celles qu’on ne met pas sur le trottoir, on ne les touche pas. Pas ainsi. Et le fils ne comprend pas cette non dissociation des mondes opérée par le père, sa propension à user du sexe féminin hors profanation, hors prostitution, en dehors de leurs vices. Le môme n’a pas signé pour cela, et se sent blêmir en dépit de la dignité qui le maintient. Misha, c’est son oeil qui parle. Tout le reste n’est que beauté de la pseudo décence, cet air que l’on affiche lorsqu’on paraît sûr de soi.

Le silence du moteur est tant assourdissant que Misha saisit enfin que le paysage ne tourne plus. Ils se sont garés près d’une école, et y a les rires à la con de la jeunesse qui leur parviennent. Cette génération a le don de tout foutre en l’air, smartphone à la main, en se sexualisant toute seule. Ca veut faire comme les grandes soeurs aux talons hauts et aux jupes courtes, et ça finit dans le viseur de la Romashka. La réalité lui est soudain si déchirante qu’elle dépèce sa conscience en un trou béant. ”Tu connais la procédure” Pour la première fois, Misha hésite. Il n’a pas la détermination dans le regard, la vicissitude dans le pli des lippes. La main n’a pas encore attrapé la poignée de porte, elle manque de vigueur et de conviction. Cette môme n’est plus un objet à ses yeux - comme la réalité semble soudain déformer son univers - et prend les contours d’une Orphée qui aurait pu devenir autre, d’une Orphée que l’on façonne, d’une Orphée à qui l’on dépouille l’existence.

Misha hésite, le regard fixant la gamine à travers la fenêtre de la berline. Il a fini par tourner les orbes brunes vers le père, analysant la situation. Troublé, perdu. Merde, qu’est-ce que je fous là ? Je sais plus rien. Et comme il a toisé longuement le faciès paternel, s’est rendu compte que peut-être, sans doute même, celui-ci le dépouillerait de son nom et de sa famille s'il venait à le décevoir fortement. Aisément adoptable, facilement éjectable. Misha Dmitrov, ça sonnait mal et ça suintait la figure d’un père absent qu’il n’avait pas connu. Ca empestait les ruelles encrassées d’urine et les magouilles à la con pour s’en sortir. Misha Orlov, ça sentait bon le foyer d’une maison… et la puanteur de leur éthique douteuse.

Dans sa décision, Misha a dégluti à grand peine pour se convaincre. Il a ouvert la portière, a déployé ses longues jambes de chasseur. Que l’homme demeure beau dans son costume, et si laid dans ses intentions. Lorsqu’il aborde la petite, il a ce sourire des anges apparu de nul part. La voix douce et posée, le regard pétillant comme il lui parle de son chien roux ayant pris la fuite ; ”- Il est de cette taille à peu près, et il s’appelle Fluffy.” ”- Comme dans Harry Potter ?” qu’elle questionne, trop guillerette pour ne pas réveiller sa putain de conscience. Elle était passée où, d’ailleurs, ces dix dernières années ?

(c) DΛNDELION ; @grisha orlov
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Message Sujet: Re: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Dim 10 Jan - 11:50


La compagnie des loups
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Elles veulent y faire leur place et doivent y bouffer du bitume

        Le fils hésite, la détermination le quitte, abandonne le corps de l’apollon, l’esprit de l’héritier, cette force qui l’entraînait vers le travail bien fait, elle ne dure qu’une seconde, quelques minutes, suffisamment pour que Grisha analyse la situation, il déduit les troubles et la fragilité. Peut-être s’était-il fourvoyé, persuadé qu’il était à considérer Misha comme son double, celui qui ne faillirait pas une prise de conscience ou autre mauvaiseté. Le fils prodige, pourtant, descend de la voiture, aborde la fillette quand Grisha se faufile derrière elle, sa main droite s’empare du cou du cygne afin de la maintenir, elle se débat, il sent ses larmes mouillant ses doigts, un chuchotement pour l’apaiser tandis que l’aiguille s’ancre dans la veine et délivre le narcotique. Tendrement il la prend dans ses bras. Dans la ruelle nulle présence n’égratigne le silence, aucun témoin pour attester de l’horreur de l’enlèvement, elle n’a versé aucun cri seul le bruit de sa paralysie a ému les colombes invisibles. Le vieillard ouvre le coffre, lie les mains pour plus sûreté, vérifie le pouls et s’installe dans la carlingue, aux côtés du fils. Il sent le fléau qui l’emporte, ses révélations certainement, auront réveillé les doutes, Grisha aborde le problème sous le faciès du psychiatre non sous le visage de l’humain. Le parrain l’a perdu, cette sensibilité, cette culpabilité, les années ont forgé dans le coeur un trou béant, ont arraché l’empathie qu’il éprouvait adolescent pour ces figures maternelles. Il se souvient des silhouettes de ces filles misérables que son père séduisait et amenait, frappait et exploitait. Beaucoup s’en sortait, elles s’enfuyaient lorsqu’elles n’y trouvaient plus leur compte. Autrefois, les concurrents pointaient du doigt la Romashka, s’en moquaient. Grisha avait pris le pouvoir, discrètement avait manœuvré pour sauver l’honneur du père. Adolescent, insouciant puis jeune adulte, plus expérimenté, les idées misogynes finirent par construire ses idées, ses fantasmes, sa psychologique, sa vie. Le parrain se gare dans l’allée boisée de la maison aux allures féeriques. Les murs sont blancs, immaculés. Du lierre y pousse, que les jardiniers engagés coupent une fois par mois. Toujours mettre de l’ordre. Hyacinthe se dresse sur le perron, ses bras croisés comme une signature. Adresse un bonjour au fils qu’il considère comme sa famille. Le médecin prend des bras la petite fille qui dort profondément. Et Grisha, d’un signe de tête et la parole en russe s’adressant au plus jeune.  « пойти отдохнуть в офис». Car il a vu qu’il ne supporterait pas les premières heures de réveil des enfants ne s’appartenant plus.

 Hébétée, elle n’a rien dit, obéissante elle a gobé les cachets qu’il lui tendait, il l’a bordé, lui a chuchoté des mots rassurants, de ces phrases que l’on dit tout doucement afin d’apaiser les pleurs des enfants, de les rassurer, ne t’en fais pas ma puce, tu seras mieux ici. Elles sont mieux ici qu’à l’extérieur. Là où les âmes se corrompent dans les discours progressifs, hypocrites. On apprend aux jeunes filles l’indépendance, la force de caractère. Traditionaliste russe, Grisha peine à concevoir ces manifestations qu’il considère comme des imbécilités effroyables. Dans le bureau il se sert un verre de vodka, verse une généreuse portion qu’il boit d’un coup sec avant de s’asseoir sur le canapé de cuir, taquine les cheveux de son fils dans un geste tendre, le geste du père.  « C’est ta première prise de conscience, ce moment où tu as hésité dans la voiture. A se demander si ce que l’on fait est juste, s’il y a une morale. » L’image d’Agnieska s’accapare la rétine, jamais encore ne s’est-il confié à son fils sur l’absence maternelle.  « La première fois j’avais quinze ans, depuis mes sept ans je traîne mes pieds dans les maisons que tu connais, les glycines que j’ai abandonné, je les aimais beaucoup. Puis un jour on a tué une femme que j’aimais. Elle était prostituée, très vindicative parfois, dominatrice. Mon père l’a frappé si fort qu’elle est tombée, raide. » L’image de Lyubov lui revient, la sensation de ses cheveux qu’il aimait caresser, les moments partagés dans la chambre lugubre sans luminosité. Elle lui avait appris la sensualité, des nuances de philosophie, la maîtrise de soi afin de ne jamais prétendre la faiblesse. Elle était sa première, sa mentor.  « J’aimais mon père mais je n’étais pas d’accord avec lui, je l’ai donc écarté du business. La mort de Lyubov m’a causé un choc, car je l’aimais. » Des disputes chaque soir, d’une violence inouïe, puis le poing final et les menaces, tu ne mettras plus les pieds dans les maisons papa, je ne peux te faire confiance, tu veux de l’argent, je t’en donnerai, mais jamais tu ne les fréquentera plus…  « Elles méritent le respect. Nos filles. » Car Grisha a compris que son fils cloisonnait afin de se protéger des misères psychologiques, des traumatismes brûlant l’épiderme de leur nymphe.  « Si je n’hésite pas à tuer les clients barbares c’est pour elles, pour alléger leur fardeau. » Devant les caméras qu’il allume, ses yeux s’illuminent de tendresse à la vision des images des petites sylves.  « Le respect et la poigne, car elles exagèrent parfois. Mais elles méritent notre considération car nos putes sont des mères nourricières. On se vautre dans la richesse qu’elles nous procurent et cela serait malhonnête de ne pas leur rendre le fruit de leur labeur. Je les gâte car elles nous gâtent. Je les protège car elles ne peuvent le faire. Elles ont besoin de nous comme on a besoin d’elles. » Il mire ses pupilles enflammées de passion de croire à ce discours savamment construit au fil des années, pour tenir, et ne jamais presser la gâchette sur son crâne.  « J’aime toutes nos filles car on les choisit, on choisit de les protéger, on en prend soin. Cloitrées c’est le mieux pour elles, elles n’ont pas à subir les méandres d’une vie trop complexe pour elles. » Il a créé un système au millimètre, passionné et ivre d’idéal, Grisha se considère comme le père de ces créatures éphémères, les épouses de ces hommes affamés.  « Je n’ai jamais considéré Orphée comme une pute, mais comme une orpheline dont je devais m’occuper. »

*va te reposer dans le bureau


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Message Sujet: Re: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Jeu 21 Jan - 16:47

la compagnie des loups
Grisha & Misha

« A Gentleman is simply a patient Wolf. »
La voiture s’immobilise dans un nuage de poussière silicieuse, au milieu d’une allée que tout le monde connaît mais que personne ne voit. Dans un soupir contrit, perclus entre ses deux mâchoires serrées, Misha a déployé ses longues jambes hors du bolide. La brutalité tranquille du bourreau assaillie par les plis anxieux au milieu du front, Misha se questionne, tergiverse, se perd dans les méandres de ses interrogations. Le spectre d’Orphée et ce qu’elle aurait pu devenir gratte sa paroi crânienne d’autant d’interpellations lorsqu’il s’avance vers la silhouette familière de Hyacinthe. Entre les lierres et les orpins apprêtant les dalles de ciment, son cerveau crie de fureur comme un pétrel sur les falaises. Mais c’est d’un demi sourire qu’il salue le comparse de toujours, figure paternelle s’il en est, lorsque Grisha derrière lui l’intime d’aller se reposer. Le poids de la frustration s’abat sur les sourcils froncés du fils ; ce dernier désapprouve, par la moue courroucée, l’invective du père qu’il s’emploie pourtant à suivre. Non sans pester sa réticence, Misha tourne les talons sans bien comprendre les émotions qui l’habitent : la tempête blanche s’abattant dans son crâne peine à balayer dix années d’endoctrinement, il a la morale biaisée, l’éthique baisée, la probité toute relative. Le besoin de se savoir utile et que sa fierté ne soit pas blessée par un quelconque signe de faiblesse l’enjoint à fulminer silencieusement la décision du père, lorsque sa conscience l’alarme à d’autres devoirs et interrogations. Mais que vaut vraiment l’éveil d’une gamine, qui d’une âme engourdie ouvre les yeux sur la flétrissure puis se replie, la gorge pleine de cachets - et fort heureusement, tant que ce n’est encore que cela - face à l’endoctrinement du jeune tortionnaire.

Misha a abandonné la petite aux démons comme il a rejoint le bureau d’un pas leste et furieux. Quels sont ces sentiments contradictoires lui grattant la gorge, cette pulse impétueuse du coeur contre la poitrine, le goût amer, désagréable, presque rance, de la conscience ? D’office il prend place sur le canapé dans le sourd murmure du cuir, omet volontairement d’allumer les caméras si chères à son père ; fenêtres sur le monde des vestales et des nymphettes, mais diable, que Misha hait cette maison. Mais comme il est coupable et comme il le sait, ce qu’il prend sans jamais donner, de force ou par l’usure, manipulateur jusque dans l’amour qu’il feint de revendre à Maryia comme à Lila, ces putains adulées et malmenées par les volontés patriarcales. Il s’y complaît pourtant, c’est certain. Comme il est aisé et comme il est agréable de recevoir tant d’amour, biaisé peut-être, frelaté sans doute, mais qu’importe puisqu’il est là. On ne badine pas avec l’amour, enfin, c’est ce qu’en dit Musset, mais cela n’empêche guère Rosette de mourir d’émotion à la fin de la pièce. Du moins, c’est ce que Orphée lui a conté.

L’arrivée de Grisha éclate sa bulle léthargique ; l’homme se fond dans la pièce et il a des airs d’albatros lorsqu’il déploie ses bras puissants, allume les caméras, boit son verre de vodka, ébouriffe les cheveux du fils qui, en signe de désapprobation, se retire de l’étreinte affectueuse non sans une moue furieuse. « C’est ta première prise de conscience, » dit-il, « Ce moment où tu as hésité dans la voiture. A se demander si ce que l’on fait est juste, s’il y a une morale. » Alors il sait. Qu’après la première vient la suivante, et qu’il est probablement bien assez temps de l’étouffer dans l’oeuf. Grisha lui conte ses souvenirs, de ceux qu’il ne partage pas, faisant plonger Misha dans l’écoute attentive. Ce que son père ne lui lègue que peu, le fils n’en gâche pas une miette. “Désolé pour ta perte”, qu’il souffle, sincère. Vraiment, il s’en excuse. Aimer une putain, quelle idée. La perdre, quelle affliction. Mais lorsque la notion de respect roule sur la langue paternelle, Misha se glace, se fige. Lui, ne les a jamais respectées et par ailleurs n’est-ce pas le rôle du proxénète ? Le jeune héritier entrouvre les lèvres mais ne se hâte pas de répondre en dépit de sa désapprobation. Il écoute, patiemment, ce que l’homme d’expérience a à lui dire.

Grisha a le laïus amoureux lorsqu’il parle. C’est qu’ils prennent soin d’elles, dit-il. Peut-être, d’une certaine façon. Misha ne s’était jusqu’ici jamais posé la question, broyé par la machine qu’il nourrit sciemment. Mais il réfute intérieurement les réflexions du père jusqu’à ce que ce dernier n’aborde le sujet de trop ; « Je n’ai jamais considéré Orphée comme une pute, mais comme une orpheline dont je devais m’occuper. » « On ne s’occupe pas d’une orpheline en la violant. » Misha se retient, de se lever et de pester plus loin, plus virulent, plus violent. La froideur des steppes l’habite alors puisque, paraît-il, la maturité se fige dans le sang froid. « Pas plus que tu devais t’occuper de mes histoires avec Amour en lui braquant un flingue sur la tempe. Elles ne sont pas des putes. » Il articule lentement, chacun de ces derniers mots, comme une évidence : tu ne peux les oppresser toutes. Une pause, volontaire, comme il se noie dans ses réflexions véloces ; de ce qu’il a à dire et de ce qu’il en pense, tout devient confus. Suspendu dans le brouillard, il a le geste automatique et qui se veut salutaire, de se pincer le nez comme pour exorciser les pensées parasites lorsqu’il reprend ; « Y pas d’respect qui tienne. Si on les nourrit, si on les loge, ou si on bute les clients qui dépassent les limites, c’est parce que personne ne veut d’une marchandise flétrie. J’ai pas respecté Marya, quand j’lui ai fichu un collier de chienne autour du cou. Pas plus que tu respectes Lila quand tu l’obliges à ouvrir les cuisses. Y a pas d’respect qui tienne, » réitère-t-il, « Et j’comprends pas, j’comprends pas comment tu peux croire à c’que tu dis. Et c’est pas grave de les traiter de putains, mais merde, dis pas ça. T’as pas respecté Orphée, quand tu l’as touchée. » La main frotte le menton, rassemble ses frictions intérieures ;  « J’ai conscience de c’que je vois, pas bien de c’que je fais mais peu importe. Une putain restera toujours une putain, mais dis pas qu’elles sont bien là où elles sont. Même si j’m’en fous, en fait. » Paradoxal et dévoyé, Misha reprend son souffle, secoue la tête, porte un regard pensif ailleurs lorsqu’il assène ; « Je veux plus que tu joues au psy avec Orphée. J’veux plus qu’elle s’enferme dans ton bureau. A partir de maintenant, ce sera moi, sa thérapie. » Les orbes brunes se sont ancrées dans les iris du père, déterminées et pourtant, il n’est pas bien sûr de ce qu’il avance, orgueilleux. Il lui faut pourtant bien tenter.


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Il se présente psychiatre pour toutes personnes naïves, psychiatre à temps partiel, de l'autre côté du miroir l'homme poli se transforme en tyran, il gouverne de ses doigts meurtriers un vaste empire où règne désolation et despotisme. Père de la mafia Romashka, c'est à lui qu'on loue allégeance et qu'on ploie les genoux.

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Message Sujet: Re: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Jeu 21 Jan - 20:04


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         « Regarde toi Misha. A perdre le contrôle de tes émotions ! » Le ton, sans équivoque, reproche les flots de paroles que lui balance son fils, Misha regarde durement le paternel, ses yeux s’ébouillantent par tant de fièvre, par tant de colère. Il explose et le père écoute, ses sourcils se froncent, les doigts se serrent, la langue tait les insultes et le corps se raidit par les outrages déposés en son coeur. Le premier coup, Amour, réveille l’angoisse de perdre le rejeton tant désiré. Le deuxième coup Lila, réveille l’amour, et le désir de s’inventer des fables ; un homme aime les plus jeunes, se sert du sexe féminin car l’homme a le droit à tout dans cette société patriarcale et ces croyances orthodoxes. Le troisième coup l’emporte vers la raillerie car il n’a de considération pour Orphée qu’un maigre sursaut d’affection si vite enlevé depuis son moment d’égarement. Il sait, à présent, que Misha considère cette dernière comme une future épousée, une femme qui mérite le respect. Mais toutes les femmes touchées de la main de Grisha méritent le respect.  « La femme est une putain. » Assène-t-il, bien assis sur son fauteuil de cuir, derrière son long bureau de chêne verni, ses coudes installés pour lui permettre de dessiner une silhouette de charisme et d’autorité. Il laisse le silence envahir la vaste pièce rutilante de luxe, pose ses orbes sur les écrans dévoilant toutes les chambres, surveille les quelques petites sagement obéissantes envers les clients venus pour un peu de réconfort. Elles possèdent le luxe, et l’affection, feinte certainement, tant qu’elles y croient.  « Je me suis servi comme je me sers à chaque fois qu’une fois qu’une fille me plaît puisqu’elles m’appartiennent. Et cesse de faire l’hypocrite, veux-tu. Ces filles que l’on ramène, tu t’en sers. Lila qui ouvre ses cuisses pour moi, elle les ouvre aussi pour toi. Qu’elle le désire ou non cela m’importe peu. » Il tranche de sa voix rauque, recadre les tensions, en amène de nouvelles lorsque, de son sourire perfide, ajoute.

  « N’as-tu pas remarqué que Lila avait la même sensibilité qu’Orphée, la même candeur, la même soumission. Lila est putain mais je l’ai éduqué pour. Orphée… je n’en ai pas eu le temps malheureusement. » Toutes les femmes sont des putains. Car, dans le cerveau ébréché du parrain elles ne scintillent qu’avec la poigne d’un homme sur leur nuque, dans leur cheveux. Objets décoratifs, pensifs, parlants, elles restent des objets sans âme et sans intelligence. L’homme a aimé, plusieurs femmes, plusieurs filles mais jamais encore ne leur avait-il concédé un morceau d’humanité. Toutes les femmes sont des putains mais toutes les femmes sont des saintes car leur corps, car leur voix, car leur apparence apaisent ou tentent la horde de ces mâles en manque d’amour et de chair, de peaux à caresser. Toutes les femmes sont des putains mais toutes les femmes sont fragiles, incapables de se protéger ni de vivre pour elles mêmes puisque, d’essence, elles obéissent aux ordres du père, du mari, du frère. Grisha rive ses billes noires et colériques dans celles de son fils. Par le regard assassin, celui du parrain, il analyse la fierté, le désir d’indépendance, la candeur et la naïveté de ce jeune garçon.  « Crois-tu que si j’avais laissé Orphée dehors, seule dans le lieu où ses parents ont été tués, crois-tu qu’elle serait toujours en vie ? Elle est incapable de se protéger, elle ouvrira la porte aux plus malfaisants. Non parce qu’elle transpire le sexe mais elle pue l’innocence. Et ceci est un compliment. Toujours est-il que, si tu décides de partir loin d’elle, je serai là car je n’abandonne jamais mes filles. »

 Sous la verve coupante, la menace, la promesse et, dans les pupilles alcoolisées par les verres ingurgités, la vodka noie la fureur, emporte l’hôte vers les souvenirs et l’image fatale, atroce, de sa femme.  « Nos putains sont protégées pas comme nos femmes qui finiront pas crever par nos ennemis. C’est inévitable. » Il retire du premier tiroir une photographie, usée et mélancolique, les couleurs dégagent la tristesse, les doigts effrénés, de nombreuses fois touchant le papier lisse ; deux personnes, deux filles, la mère et sa petite. Et, de l’autre côté, d’une écriture délicate respirant le raffinement, un poème, une note amoureuse et intime. A mon mari comme signature. Il la tend à son fils. Précise alors.  « Agnieska, ma défunte femme, ta mère. Et Hosanna. Ma fille. Ta soeur. » Il dévoile son secret, le plus intime ; toujours a-t-il fait croire à Misha qu'il se complaisait dans sa vie de solitaire, mais soudain l’unique larme surgit, mais soudain, l’expression du fier et ardent criminel se mue en tristesse profonde. Une autre photographie, deux cadavres cette fois-ci, l’épouse éviscérée et la fillette âgée de sept années, pendue. Sur la table il les place, une série de charognes, le massacre de la vendetta. Mais la justice du sang laisse sur son sillage un vide dans le myocarde.  « Je n’ai pas besoin de t’expliquer. Les photos parlent d’elles-même. Je regrette de ne pas les avoir enfermé dans une de nos maisons, elles auraient été protégées par nos hommes et jamais n’auraient-elles subit ce... » ce moment de frayeur dont les mots manquent pour expliquer l’indicible horreur.  « Je n’ai pas respecté ma femme ni ma fille car je n’étais pas là quand elles sont mortes de la main de mon ennemi. » L’aveu écorche ses lippes, la cigarette se faufile, la fumée étouffe l’espace. La notion de respect, chez l’être fantomatique qui croise ses bras et s’accole à l’ombre d’une fenêtre, se mélange avec la notion de protection. Grisha semble fermé dans ses croyances ; l’identité du parrain se teinte de celui du guerrier archaïque, fier dans sa violence pour sauver ces créatures féminines.  « Fais ce que tu veux de Orphée. » De lassitude, il s’en lave les mains.  « Quand elle mourra car tu l’auras respecté alors peut-être comprendras-tu mon point de vue. »


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Message Sujet: Re: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Sam 23 Jan - 10:58

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La pupille ne vrille pas, lorsque la figure paternelle l’interpelle sur ses émotions mouvantes. Les iris pleines et rondes se figent un peu plus au contraire dans le regard de son vis-à-vis, s’y raccrochent et pénètrent la cornée, pourvu que le fils ne le lèse d’avantage. Puisque Misha a saisi, à travers l’emportement illégitime du père - puisque l’héritier de cet empire, fait de stupre et de salacité, n’a eu de cesse que d’observer la placidité au coin de l’oeil et le flegme sous la langue en dépit des grognements tus - que la colère le gagne ; pour un peu de contrôle perdu, Grisha, toujours, cède à l’égarement et à la cécité de l’âme. « La femme est une putain. » Et le tenancier des putes de s’autoproclamer détenteur de toutes, sans pour autant attiser la flamme courroucée de Misha. Lui, ne défend pas plus le beau sexe ni même ne le considère d’avantage, s’affaire seulement à dissocier ses mondes ; de la Romashka ou de sa vie d’homme lambda, les femmes omniprésentes endossent le rôle de mères, de vierges ou de catins, jamais les trois à la fois. Dans les palabres de Grisha pourtant se niche plus encore la certitude qu’ils ne peuvent se comprendre, pétris peut-être par des environnements distinctifs : l’un né dans la rue, l’autre sous les jupons des putes. Ces odeurs de parfum poudrés, ces tissus de taffetas, ces rires vains fracassant les murs ; cette sororité stérile et satisfaite sous couvert de corps chauds qui se ploient, de cuisses qui s’ouvrent en grand et de gorges rondes en l’honneur des priapées, Misha s’en souvient encore. Lorsqu’adolescent et tout juste proclamé Orlov, par la volonté furieuse qu’avait Grisha de l’adopter encore, il pénétrait tout juste cet univers troublant, ce monde perdu, ce macrocosme malpropre. Et il ne pouvait guère en vouloir à son père, de penser ainsi. Mais Grisha s’obstine encore, à relever son laïus volontaire : Toi pourtant, tu couches avec Lila  « Tu es borné. » siffle Misha, comprenant dès lors que le père ne retint de son discours que ce qu’il souhaita entendre.

Et d’un sourire sournois, s’affairant à la tâche de broyer l’éveil soudain de la conscience du fils, Grisha martèle de son timbre glacé et constant :  « N’as-tu pas remarqué que Lila avait la même sensibilité qu’Orphée, la même candeur, la même soumission. Lila est putain mais je l’ai éduqué pour. Orphée… je n’en ai pas eu le temps malheureusement. » « Ферма! хватит, заткнись! * » Misha s’emporte, dans la tourmente des courroux, se lève violemment lorsqu’il scande son ire jamais tarie. La ferme !, de ce qu’il ose fulminer contre le père ou contre le parrain, les deux peut-être, jamais l’enfant n’aura jamais autant manqué de respect à son aîné. L’homme pétri de fureur vomit sa rage en silence, conscient de ce qu’un emportement fulminant pourrait engager comme représailles - et puisque la mafia ne tolère guère les lèses-majesté - , et la vue troublée par un voile rouge s’approche pourtant de la fenêtre, tendant l’oreille au plaidoyer du père en dépit des tremblements de colère.

Le parrain déploie ses souvenirs, énumère les prénoms, invoque les fantômes du passé. Par quelques photographies sordides que Misha toise par-dessus l’épaule - et non par pudeur ni crainte, puisqu’il fouilla tant de fois dans les viscères ennemies que la scène bouchère ne lui lève pas un haut le coeur - mais par courroux toujours bien ancré dans l’estomac. Comme il aimerait lui pardonner, le comprendre et le soutenir. Comme il souhaiterait s’immiscer dans les souvenirs rarement contés du père et le questionner encore. Mais le fils comprend la démarche de Grisha ; le recadrer par la peur de perdre un être cher, l’appréhension de la mort et des trois Parques, le tenir par la crainte des spectres alentours. Aussi et lorsque Grisha se fait porteur de la mauvaise augure, persuadé que Orphée, sans doute, subira le même sort, c’est d’un pas ferme et furieux que Misha s’avance vers le nanti engoncé dans son canapé de cuir, et d’une oeillade supposant la féroce bourrasque en son sein, lui assène ces palabres glacées, la pupille lourdement ancrée dans la sienne : « Я не вы. ** » ment-il. Bien sûr, que je suis toi. Mais je t’en veux. « Ваша история не моя. Я строю свою жизнь. *** » Ta destinée n’est pas mienne, je ne réitérerai pas tes erreurs, souffle-t-il, aveuglé par le courroux.

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* la ferme ! ça suffit, ferme-la !
** je ne suis pas toi
*** Ton histoire n'est pas la mienne. Je construis ma propre vie.


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(Veuf) Agnieska la femme, l'unique. Tuée sauvagement par la loi du Talion, fameuse, cruelle, elle a laissé dans un dernier soupir les souhaits pour sa fille, mais de cette dernière le corps aussi retrouvé.
Il se présente psychiatre pour toutes personnes naïves, psychiatre à temps partiel, de l'autre côté du miroir l'homme poli se transforme en tyran, il gouverne de ses doigts meurtriers un vaste empire où règne désolation et despotisme. Père de la mafia Romashka, c'est à lui qu'on loue allégeance et qu'on ploie les genoux.

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Message Sujet: Re: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Mar 26 Jan - 11:20


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Elles veulent y faire leur place et doivent y bouffer du bitume

        Et sur le visage le feu douloureux. Misha s’insurge vaillamment, armé de sa verve tranchante, de ses insultes coupantes, de son désir de protéger cette fillette suppliciée un soir d’égarement. Le père respire discrètement, exerce le souffle comme d’une thérapie afin de calmer la rage qui s’immisce lentement dans ses veines ; la gifle lui brûle la paume droite. Il tourne le dos, plante ses iris sur l’écran de la quarantaine ; la nouvelle enfant s’est enfouie sous les couvertures, son jeune corps rigide face à ce nouvel environnement ; elle n’a rien dit lorsqu’elle a vu pour la première fois les deux dragons penchés sur elle, c’est juste un examen Mhyrra, rien de plus. Il a fermé ses paupières, a rangé les photographies dans le tiroir de son bureau, impeccablement rangé, cliniquement malade, maniaque.  « Mon petit garçon est très amoureux. » L’homme s’épanche dans ses rêveries, imagine le mariage, Misha affûté dans un costume d’ébène, devant l’autel. Vingt cinq ans, bien tard pour un enfant de la Russie. Le père lui a accordé la liberté d’un américain, la culture d’un orthodoxe et la dévotion pour la religion ; Dieu partout, guide les horreurs honnêtes du parrain. Sur le bureau il n’a pas omis de poser l’icône religieuse sur l’emplacement dédié, au coin du mur gauche, un Jesus pleurant et sacrificiel pour les péchés des hommes. Grisha s’octroie une cigarette, ouvre la fenêtre et contemple le jardin dans lequel se promènent quelque unes de leur victime.  « Tellement amoureux que le petit garçon impertinent décide d’insulter son père. » Dans la voix, un stoïcisme apaisant, mêlée d’une menace implicite ; il pardonne comme il a toujours pardonné mais le châtiera par de nombreuses heures de comptabilité. Soudain, les mouvements du tigre se dessine un chemin vers la sortie, sans un mot pour lui. Le vieux Orlov a besoin de calmer ses nerfs car, sous l’apparence trompeuse de la voix sereine se mélange la foudre et les poings.

Il a exercé son droit de cuissage sur ses sujettes, sur sa douceur. Lila, qu’il avait emporté avec lui pour cette semaine exigeante, a déballé ses affaires dans son ancienne chambre encore vide de son absence. Quelques heures ont suffit pour apaiser le roi maintenant s’habillant devant le grand miroir, exhibé en face des ébats, du grand lit sur lequel, encore quelques minutes récente, il s’était alangui. En enfilant sa chemise amidonnée, en accrochant sa cravate afin de complaire à l’image du riche entrepreneur, il songe aux dernières paroles de l’enfant. Je ne suis pas toi a-t-il dit, je créée ma propre vie. Au sein de la Romashka ; puisqu’il ne serait question de son départ, que d’une balle dans la nuque. Le coeur de Grisha sursaute à la vision toujours effrayante, toujours angoissante, de la charogne de son fils. Je t’éduquerai de mon mieux afin de te protéger. L’idée de la puissance paternelle ne lui a, par ailleurs, jamais effleuré l’esprit. A seize ans, une année après son adoption, il lui a montré les affres de ses palais, les plaisirs de l’hubris. Jamais n’a-t-il songé à ce choix qu’il ne lui a pas laissé.

 « Les clients arrivent dans une heure. Je te laisse le soin de connaître leurs noms et les filles avec lesquelles ils ont pris rendez-vous. » De retour dans le bureau, il tend le costume de lin et d’ocre à l’héritier, s’assoit, se vautre dans le confort du canapé avant de se pencher sur la table basse, de se verser un verre de cognac. L’oeil ardent darde sa pupille dans le regard du fils, jauge le calme dont il lui demande de se vêtir ; les nuits apparaissent les êtres luxueux, virils et masculins, ces satyres de perversité se faufilant dans les chambres des victimes.  « Tu les accompagneras jusque dans les chambres, calmera nos filles si jamais elles se montrent apeurées. » Puisqu’il a tout fait pour préserver le jeune Orlov de cette maison dont il a élu son fief, la colère de la rixe récente transparaît dans les paroles, dures, exigeantes, comme une punition qui se maquille sous les recommandations. Grisha croise les bras contre son torse, bien rigide. Il ne souhaiterait pas une nouvelle altercation, revient sur un territoire sécurisé, le professionnalisme possède des normes neutres, loin de l’affect qui génère parfois, souvent entre les deux, la violence.


(c) corvidae

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Que m'importe que tu sois sage?
Sois belle! Et sois triste! Les pleurs
Ajoutent un charme au visage,
Comme le fleuve au paysage;
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Message Sujet: Re: La compagnie des loups (Misha)   La compagnie des loups (Misha) Empty Mer 17 Fév - 11:57

la compagnie des loups
Grisha & Misha

« A Gentleman is simply a patient Wolf. »
Des éclats de rires, comme une vapeur d’eau, montent depuis la cour jusqu’à la fenêtre ouverte sous la volonté du patriarche de s’embuer les poumons de nicotine. Ce sont les rires creux des victimes recluses, des rires mornes, des rires éteints, des rires délavés par l’usure d’une jeunesse souillée. Et dans ce qu’ils interpellent confusément, de la pitié, de la mélancolie ou de la fierté, ce sont les pupilles de Misha qu’ils appâtent brièvement. Le jeune homme a ancré sur les fillettes sa conscience pensive d’un regard concis et bref se redressant mécaniquement sur le faciès du père. Et si, pense-t-il alors, je m’en allais leur ouvrir les portes ? Et si je foudroyais son empire, sa vie, son tout, comme il a saccagé ma protégée ? La cogitation se contorsionne de caprices vengeurs et moins de lucidité, prompte à se muer en actions et entreprise ardue lorsque Misha sent l’impulsion terrible et foudroyante traverser tout son corps. Alors la parole du père éclate sa bulle léthargique et ses intentions folles, le ramenant à la raison ; 'tu es amoureux', clame-t-il la langue polie de fierté. Sous le constat le soupir glacé de fureur, et Grisha se laisse avaler par la porte sans un mot pour sa progéniture. Misha a accusé la nuque raidie, les omoplates contracturées du père lorsqu’il s’en est allé. Il a compris la démarche à la fois leste et lourde, cette façon qu’il avait à fuir son regard - par châtiment et non par culpabilité ; je t’en veux, mon fils, et tu paieras pour cela.

Etrangement sereine et conscientisée, bien que lourdement pensive, la pupille de Misha s’est braquée de nouveau sur la cour investie par trois jeunes filles. L’une d’elle quittera bientôt la maison, se dit-il, car elle détient la beauté de l’après. L’élégance distinguée des jeunes femmes que d’aucuns considèrent comme impure. A cette idée, Misha ne peut s’empêcher de songer à son père, le froncement de sourcil engageant sa désapprobation. « Misha, est-ce que ça va ? » La pupille du concerné s’est heurtée à la projection d’une ombre familière lorsqu’il a tourné la tête vers l’embrasure de la porte. Hyacinthe le toisait de son regard inquiet, coulant sur lui un élan paternel distant. C’est qu’il était indécent de déposséder Grisha de son rôle de père. « Une prise de conscience ne vaut pas une vie. » L'homme a cette faculté harassante de se fondre tout contre le crâne des autres parfois. Dans ses yeux dilatés par l'incertitude, Hyacinthe a saisi la conscience de Misha en prise avec le dogme de la Romashka ; si tu y entres, tu ne la quittes pas. Et d’un soupir las, l’accusé répond : « Я не хочу жизни, если она не является ее частью. » Dans sa voix, l'intime. Ce secret qu'il ne révélera à personne sinon à son vis-à-vis dont la tête opine respectueusement avant de tourner les talons.

Lorsque le père recouvre son espace et l’investit de son charisme torturé par la dissidence du fils, il lui a tendu froidement un costume comme il aurait braqué un flingue. La cornée de Misha tout contre la sienne a fouillé la rétine, et c’est un appel à la provocation qui s’opère. J’ai compris que tu voulais me faire payer, mais je n’officierai pas en courbant la nuque. Le père sermonne alors, crache sa punition - celle de ne plus épargner l'héritier de cette Maison tant haïe - invoque sa condition d'hôte. Sans un mot, Misha s'est dirigé vers la porte le costume à la main et, avant de se laisser engouffrer par la plaie béante menant aux calanques du schéol, a fait face à son père aux coudes fermés. « Je connais l’une de tes plus grandes peurs. » clame-t-il enfin, la confiance froide irradiant son visage. « Tu as la trouille de me perdre. » L’allégation comme une menace, Misha marque la pause de son air solennel époussetant ses brèves incertitudes quant à ce qu’il avance.

Il passera ainsi le seuil, accueillera les parvenus de son sourire forcé - et qu’importe puisqu’il demeurera beau - lorsqu’en silence et la pupille noircie par ses intentions secrètes, il se demandera dès lors s’il n’y avait pas plus belliqueux encore qu’à toutes, leur ouvrir la porte.


(c) DΛNDELION ; @grisha orlov
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