sirenic

01. qu'un avec le bétail. jambes poupins sur ses flancs. bouclettes qui titillent ton nez rosé, yeux clos. tu entends le vent transporter sur son sein l'écho de ton prénom. mélodie timbrée d'une mère qui cherche son chérubin au petit matin. tu tortilles entre tes doigts le foin que tu tends assez loin pour que la vache chique sur celui-ci. tu caresses son velours, sert son minuscule amas de crinière. l'aime à regretter de l'avoir prénommé. peu conscient de la douleur, mais éveillé sur le trépas.  02. tu t'assoies sur les lattes recouvertes de vert, de gris. tu perçois encore les nuances de sa peur. le chant de ses os qui claquent. son cri qui oscille sur tes tympans. sa chevelure tombe en vague dans les abysses au rythme de son pas de course. la toiture abandonnée grince, les volets vrombissent au vent. il est doux le temps où l'effroi est nébuleux. où la curiosité est l'arme à tout. tu loges une joue dans la moiteur de ta main. t'habituer d'avance à la raclé qui t'attendra demain. papa ne sera pas content que tu fasses fuir une autre princesse dans le champs.  03. le nez appuyé sur la vitre, à respirer à grande buée. index qui dessine et rature l'ennui. ton énergie abandonné sur la banquette arrière alors que tes parents ne parviennent pas à dépasser la première marche d’au-revoir. ramenés à la lueur de l'entrée par un hai sentito di Julian ? ta nuque se tord de lourdeur alors que t'agrippes les deux sièges avant pour tirer ta masse endormie derrière le volant. cuir qui s'émiette dans tes mains alors que tes yeux analysent les possibilités désastreuses. petit pied qui tâtonne le vide, corps qui fond sur le banc jusqu'à voir le reflet des clés. crash. fumée. vocifération.   04. macro de morsures sur une courbe verdâtre. rêche textures d'une branche fracassée qui s'accroche pourtant à la vie. mais rapidement chasser d'un vent agressif qui éveille chaque parcelle de ton corps nu. plan d'une chair éreintée, rougit par la fougue. cliché d'un moment plus beau que le paysage qui s'érige devant vous. amour volatile au-delà les montagnes. atours égarés contre les arbres. enfouis dans les buissons. perdus dans les teintes rosés du ciel peint. il remue et tu râles. bris de ce moment magique que tu avais feint ne pas contrôler. muscles éraflés par les pierres et les saletés. retour à l'état sauvage, abandon funeste des états d'âme d'amant, pour une seconde fois.  05. assis parmi les boites. endeuillée d'une histoire à peine débutée complètement partie en fumée. pour une histoire de liberté. à peine trois jours dans la tombe que tes tempes sont douloureuses. troqué la tranquillité de la campagne pour une série de cris et de klaxons. pour une histoire de liberté. il y a eu un prix, pour quelque chose de gratuit. toi qui te faisait grand à révolte sélective dans ton patelin. tu te fais rapidement petit devant les mots qui te traversent sans alimenter les tiens. des consciences qui ne font pas écho. la tienne emprisonnée jusqu'à ce que tu relâches la bête. ce n'est qu'une question de temps, qu'on recommencera à consommer dans le creux de ta main. tu n'en voudras pas longtemps à ton père, d'avoir pêché la liberté. lui seul, regrettera de l'avoir fait. 06. qu'un avec l'asphalte. tous les muscles qui beuglent l'arrêt du coeur. l'arrêt des mœurs. de tes bêtises et des mots sauvages. forme fœtale dans une ruelle, fer en bouche et tisons aux yeux. l'hémoglobine qui s'acharne sur ta peau, dans tes larmes. tu ne veux plus bouger, t'as déjà exhalé ta force et ton courage. difficulté à faire le fier quand t'es par terre. la bouillis des émotions et de la déraison. c'était mal vu d'espérer maltraiter dans une langue que certains peuvent comprendre. t'as mal. t'as jamais eu aussi mal. tu ne sais même plus si tu respires. tout se contracte. regret. ton arrogance mal-aimée.