(scylla) i am not a woman i’m a god.

traits de caractère / aussi douce que le velours la môme est une femme enfant qui ne s’assume pas vraiment. scylla connaît bien le monde, elle connaît bien les gens. elle sait que les plus beaux sourires peuvent cacher un poison puissant. elle sait aussi que lorsqu’on tombe, c’est douloureux, jamais agréable et que c’est éprouvant. alors la brune se relève inlassablement, une main tendue vers son prochain lorsqu’il vient à trébucher. velcoro prône de belles valeurs comme l’empathie ou la loyauté. elle aime vite, fort, de manière effrénée. si intensément que parfois sa tête se met à tourner. alors elle use d’un peu de poussière de fée pour calmer son anxiété. son petit secret. lorsque la neige tombe, tout devient plus léger. parfois elle prend un crayon et se met à gribouiller lorsque la défonce lui fait imaginer mille et un endroit qu’elle n’a pas encore visité. la gamine rêve d’aventure en trainant à son pied un lourd boulet. scylla aime la vie, mais la connaît si bien, qu’elle la redoute aussi.

tw: prostitution, addictions


l’épiderme colle, les respirations se cherchent et s’emboîtent pour ne plus faire qu’un seul souffle saccadé. dans la pièce le silence peu à peu s’installe pour y régner. la môme se redresse doucement, ramène les draps défaits contre son épiderme lorsqu’elle sent un frisson la gagner. l’homme à ses côtés attrape une cancéreuse qu’il coince entre ses lèvres et d’un coup de flamme vient l’embraser. la fumée grisâtre se propage, l’odeur du tabac se mêle à celle du sexe qui emplissait la chambre d’hôtel qu’ils occupent depuis quelques heures déjà. le régulier demande pas le tarif, ça fait quelques mois qu’ils se côtoient. un coup par ci, un coup par là. il parle pas beaucoup, se contente de faire ce qu’il veut faire et joue du corps de scylla. poupée de chaire qu’il apprécie faire danser du bout de ses doigts. «vous en auriez une pour moi?» la nymphe demande, penaude avec l’envie elle aussi de gorger de nicotine ses poumons. l’homme s’étouffe, pousse un grognement bougon.  il tire une latte et colle sa clope dans le bec de la brune, étonnée. il n’a pas dit un mot il s’est contenté de se rhabiller. et c’est sans le moindre regard en arrière qu’il s’en est allé. le corps de la tatouée retombe lourdement contre le matelas bien trop grand pour elle seule. scylla ne passe pas la nuit entière avec ses clients, ce n’est pas ce qu’ils veulent. ils cherchent l’instant. celui où on se sent hors d’atteinte, vivant. une fois l’adrénaline délivrée, la prostituée a autant de valeur qu’un déchet. on la jette une fois consommée. la gosse s’y est faite à la solitude de cette vie passée à errer. elle a appris à l’apprécier. la chérir, la cajoler. instinctivement la jeune femme cherche du bout de la main son sac un peu plus bas. puis un de ces pochons transparents dans l’une des pochettes fermées. rien qu’un peu de neige pour se motiver à rentrer. avec un peu de chance les premiers rayons solaires ne devraient pas tarder à arriver pour l’accompagner.


elle marche dans les rues éteintes du queens, bientôt le froid de la nuit ne sera plus qu’un souvenir lointain. dans peu de temps les âmes s’éveilleront, commenceront leur journée par un beau matin. scylla ne verra pas les premières heures du jour. car d’un pas pressé la môme s’empresse de rejoindre morphée afin de lui faire la cour. la balle de defonce lui est montée. elle a quitté l’hôtel sans un bruit comme une voleuse s’en irait à la dérobée. la nymphe titube, sautille sur les trottoirs, brave les dangers de crocodiles invisibles qui pourraient vouloir la croquer. comme une enfant qui n’a pas vieilli, grace naïve qu’elle a réussi à conserver. c’était pas facile la gosse en a sacrément bavé. jamais assez bien pour personne, constamment ballottée. alors quand elle a eu seize ans elle en a eu marre la brune et elle s’est barrée. si le système ne pouvait pas l’aider peut être que la rue le ferait. ça a été dur les premières années. elle ne s’en souvient presque plus dans son esprit c’est comme tout embrumé. le froid, la peur, la faim a tout ça elle s’était habituée. après y’a eu la drogue, ce qui l’a plus ou moins sauvée. il n’y a rien que scylla ne puisse faire une fois anesthésiée. prête à déplacer des montagnes et gravir des sommets. la môme a un appartement maintenant, celui là même devant lequel elle vient de s’arrêter. c’est pas du grand luxe, c’est pas dans le meilleur des quartiers. mais c’est chez elle, et c’est tout ce qui compte pas vrai?