Une histoire qui commence bien avant sa naissance.
Mariage arrangé, maman rencontre papa trois jours avant leur union. La famille de maman offre à papa toute l’influence dont il a besoin pour se faire un nom dans la politique New Yorkaise. Maman doit lui donner un fils, mais c’est une fille qui nait, bien des années plus tard.
L’enfant tant attendu,
le garçon tant espéré,
Elle est née fille et jamais son père ne fera le deuil de cet
héritier arraché.Mais elle était là, elle, Camelia, la douce et tendre rose. L’enfant sourire, l’enfant bonheur. Elle ne voulait rien d’autre qu’être aimée de son père.
Le rendre fière,
être comme
luiune Reiss, une
vraie.
Mais la reine ne sera jamais roi et son père ne verra jamais rien d’autre en elle qu’une monnaie d’échange, qu’une femme, vénale et faible.
Et peu importe sa détermination, peu importe le nombre de fois qu’elle essaie, encore et encore, d’être à la hauteur, jamais il ne l’a verra autrement que comme une femme, une simple femme.
Cami a grandi, enfermée dans une cage dorée, loin de la vie, la vraie. Il ne voulait pas d’elle mais ne laissait personne l’approcher. Il l’a isolée, brisée et s’est délectée du goût de ses larmes, du cri de son âme.
De sa fille, il a fait une arme, il a modelé cet enfant sauvage à son image, en a fait son porte-parole. Pour les médias, pour le monde, elle était parfaite. Douce, polie et brillante.
Joyau durement façonné,
Pantin brillamment érigé.
Et Cami, Cami a grandi, étouffée par les attentes inatteignables d’un père distant, par la solitude d’une vie de captive.
Prisonnière de son propre nom.Mais rare sont ceux qui ne la jalousent pas. Façade si bien travaillée, rôle parfaitement joué. Dans un monde où les apparences sont reines, Camelia se dresse, souveraine. Beauté éclatante et esprit vif, elle est à la fois enviée et détestée.
Fleur sauvage qui se délecte des faux-semblants, elle se pare de ses plus beaux mensonges. Le monde ne voit que ce qu’elle accepte de montrer. Si pendant des années, son père a façonné son apparence, elle est aujourd’hui maîtresse de son image.
Elle se joue détestable et imprenable, froide et capricieuse. Terrifiée à l’idée d’être abandonnée, méprisée et oubliée, si on doit la détester, ce n’est uniquement parce qu’elle l’a décidé.
Et au fond de son coeur, il y aura toujours les doutes et la crainte. La crainte de ne rien être d'autre qu'un pion dans le monde de son père. Fatiguée de faire semblant, elle a peur, peur de ne jamais être assez, peur de disparaître sans jamais réussir à véritablement exister.
Alors Cami, Cami elle oscille entre la peur et la colère. Parce qu'elle boue, l'enfant mirage, d'ires qu'elle ne parvient pas toujours à maîtriser. Elle enrage face à l'injustice de son monde, face à cette famille qui n'en a que le nom, face aux masques qu'elle revêt avec trop de facilité. elle déteste ça. Les sourires bien comme il faut, la politesse du bout des lèvres. Parfois, parfois elle rêve d'un monde sans argent, d'un monde où elle n'est ni Reiss, ni rien du tout. Où elle pourrait rêver, vraiment, en grand. Et pourtant, pourtant elle a compris il y a bien longtemps que les douces utopies lui étaient interdites. Parce qu'elle est la digne héritière de son père, et que toujours, elle devra garder la face.
Illuminer le monde d'un sourire
Reisset faire trembler la nuit.
Reine infernale, son monde de ténèbres s’est effondré lorsque le divin Adam s’est présenté. Elle qui s’émancipait enfin de son créateur se retrouve à présent enchaîné à homme dont elle ne sait rien. Et Camelia se fait furie, face à lui.
Elle refuse d’être, une fois de plus, qu’une vulgaire poupée.
Lilith, elle ne sera jamais.