le répondeur s'enclenche.
cette voix qui résonne à travers les murs de son loft,
revenue d'entre les morts, elle forme un filet de fine facture et agresse la moindre cellule auditive qui résiste non sans hurler de douleur.
des questions qui fusent et martèlent, la facilité déployée face à la torture et, la résistance du corps, les réponses qui restent en suspens, c'est presque prodigieux, cette capacité à récidiver.
l'idéal, songe taj, ce serait d'attraper le maudit engin électronique, le balancer à travers la fenêtre et, observer complètement apathique sa chute des dix étages, avec ce détachement malaisant qu'ont les sociopathes.
mais, à chaque fois qu'il appuie sur le bouton, c'est parce que son masochisme n'a d'égale que cette propension suspecte à se fourrer dans des histoires qui puent la merde; elle est partie.
a moins que ce soit lui qui ait jeté l'éponge ?
message reçu samedi 24 juin, à 13h00 -
est-ce que tu n'aurais pas vu mon vinyle de Bowie ? est-ce qu'elle n'aurait pas retrouvé une partie de son coeur accrochée à la semelle de ses escarpins couleur chair la dernière fois qu'elle les a porté ?
juste par hasard ?
et encore,
le tour de magie se répète, il perd de son influence à mesure qu'il revient, l'intensité de la douleur aussi, diminue progressivement se cache derrière un monticule bizarre de
savoir - un savoir profond, quelque chose d'étrange, d'innommable, d'incurable - qui tâche, qui colle, qui grandit à mesure que le temps s'écoule.
toute la ganja du monde ne suffira pas à effacer les souvenirs
. nop.message reçu samedi 24 juin, à 16h00 - tu filtres mes appels, taj ? une année entière s'est écoulée
askip,
et cette voix-là, il lui arrive de l'entendre.
il ne tient plus, les fils résistent mais l'objet se retrouve trente secondes plus tard, exactement là où il l'avait imaginé,
fracassé sur le bitume.
pas sous ses semelles mais l'impact est le même.
(...)
assis en bout de table, loin du patriarche qui n'hésite pourtant pas à l'ignorer ostensiblement, on devine bien que le cadet n'est pas en odeur de sainteté entre les murs de la baraque familiale (il ne l'a plus été depuis le dernier mandat bush et ne le sera probablement pas avant la fin du mandat trump - ce qui se passe dans ce pays à l'image de ce qui se passe dans la tête de son père, un bordel sans nom, qui tend à tout redéfinir).
une bataille vieille de plusieurs décennies,
des projets ridicules auxquels taj n'a jamais voulu prêter sa gueule et le voilà à jouer les invit' indésirables, avec un sourire qui a au moins le mérite de ne pas être forcé. il apprécie l'ambiance tendue, ricanant entre les "passe-moi le pain", les dérapages comme "ferme-la jacob, qu'est-ce que t'y connais en esthétique de l'image ?" et personne , pas même tata Becca, ne semble se rendre compte de l'existence de celui qui - pas plus tard que la semaine d'avant - voyait sa bobine à la une d'un torchon local pour avoir croisé la route d'une top model rachitique ayant le vent en poupe.
(croisé la route = enchevêtrement de draps = sexe abordable = samedi soir banal -
self medication,ya know.)
-
et toi, taj ? tu te remets comment de ton séjour low coast entre les cuisses d'Amanda furler ? kol hakavod, t'as géré l'ingérable.les "oh" sont suivis de "mon dieu" - les yeux en soucoupes deviennent des fentes reptiliennes, les paupières cachent à peine les jugements. le vilain petit canard ne se départit pas de son sourire,
et sur ses canines XXL on pourrait presque déceler des traces de sang :
slurp, slurp, slurp , who's next ? pas rendu à sa première connerie, on ne le présente plus, on ne lui épargne plus rien, non plus.
comme on ne lui pardonne plus.
plus ou moins celui que l'on attend au tournant.
ça lui fait une sacrée belle jambe.
satisfaire tout le monde pour se donner un genre ?
Nah, c'est trop cheap.
(...)
after party gangrenées par les pires vermines, parader au milieu d’une horde de détracteurs à la flatterie facile, il veut qu’on le reconnaisse comme le prochain tarantino ou kubrick – des comparaisons qui n’ont de cesse d’apparaître là, alors qu’il aime pourtant à dire qu’il ne caresse aucun registre particulier, que l’inspiration ne se commande pas. il se fraye un chemin à travers la foule grouillante et balance des salamalecs à rythme régulier, des personnes qu'il n'a croisé qu'une seule et unique fois dans toute sa vie, d'autre qu'il fait semblant de reconnaître parce que stan goldberg - sa burne gauche- lui chuchote les identités en lui demandant poliment de sourire;
maintenant qu'il a plus ou moins ce qu'il a toujours voulu, la sapidité est particulièrement dégueulasse sur ses papilles.
pas celle des magnums moët qu'on sabre avec emphase, pas celle des petits fours salés, sucrés préparés par les grands cuistots français du village. -
t'as écrit un truc depuis que l'autre t'a largué, au moins ? stan ou comment mettre les pieds dans le plat, sans s'encombrer de grâce ou de finesse de quelconque nature : le pansement se décolle un tout petit peu.
- va te faire mettre, bro.
-
elle te les a coupé, dude. les bijoux d'la couronne sont là où ils ont toujours été, elle n'a rien coupé du tout, elle s'est juste contentée de mettre en perspective une vérité qu'il refusait d'admettre à l'époque où il la fréquentait, n'hésitant pas à la tromper à tout va et à lui offrir des cadeaux pour planquer les failles de planning.
l'amour, c'est couard et complexe, et pas vraiment fait pour les taj stein.
pas fait du tout pour lui.
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tu veux que je te dise ce qui me les coupe ? Bosser pour un autre pédophile chauve qui n'a aucun sens de l'humour. Les scènes qu' j'écris pour cette sitcom de merde aux audiences pétées et - ces rires préenregistrés vraiment insupportables qu'on fout à chaque fin d'réplique pour mettre en exergue je ne sais quel retentissement rigolo superflu, tout. je,me,fais,chier. J'ai l'impression d'écrire pour des campagnes de santé publique.il faut toujours faire gaffe à ce que l'on dit et en présence de qui; surtout lors d'une fête organisée par un producteur ayant le vent en poupe, bourrée à craquer de scribouillards en tout genre.
en tout cas, si vous ne voulez pas vous retrouver dans le bureau du big boss le lendemain, la gueule enfarinée planquée derrière des lunettes vintage ray ban totalement opaques et pourtant vous sentir mis à nu par votre propre connerie.
l’chaim !
que quelqu'un le sorte de la matrice.