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01. (( DÉFAITE DE FAMILLE ))
il n’aura pas fallu grand chose pour que clementine devienne persona non grata de son propre clan. inutile de s'attarder sur l'usage du mot clan, qu'elle trouve particulièrement hypocrite. la famille stern se veut grande, puissante optant davantage pour une vie dispendieuse que miséricordieuse. clementine est la benjamine de trois enfants. son père, richard stern est un avocat de renom, fondateur et associé du cabinet stern & stern aux côtés de son grand frère, maxwell. sa mère, nancy stern, est - comme elle aime se qualifier - une philanthrope. il réside chez les stern une rigidité que l’on ne peut observer que de l’intérieur. la course à la perfection a été lancé avec l’aîné : simon. jane, la seconde n’a pas attendu longtemps avant de le rejoindre et à la traîne, on retrouve clementine. clementine qui n’a pas voulu se fondre dans la masse stern. clementine qui n’a pas voulu suivre les pas d’un père avocat car dans la famille, on bosse généralement dans le droit ou la finance. clementine qui n’a pas été accepté à harvard (shame on her) contrairement à (presque) tous les stern de cette fucking planète. et ce sont ses choix qui ont fait d’elle la personne que l’on cite pour inquiéter les plus jeunes. - il serait préférable que tu te mettes au travail si tu ne veux pas finir comme ta cousine clementine. à dix-huit ans, elle est partie de la maison pour poursuivre son rêve : celui d’être actrice. personne n’a jamais réellement su si elle était partie de son plein gré ou si richard et nancy l’avaient mis à la porte. aujourd’hui, les liens avec sa famille sont (quasi) inexistants. il y a les cartes de voeux qui arrivent chaque année dans sa boîte aux lettres sans qu’elle y voit un réel geste sincère. d'ailleurs, elle n'y répond jamais. ambiance glaciale chez les stern.
02. (( DIEU PROJECTEUR ))
faire le clown était sans doute son passe-temps favori lorsqu’elle était enfant. clementine était toujours la première pour faire le pitre. il réside probablement chez elle, une envie débordante à vouloir sans cesse se faire remarquer. syndrome d’une benjamine qui a dû mal à briller face à des frangins parfaits. clementine a toujours aimé voler les affaires de sa mère pour se déguiser puis faire des spectacles a une famille qui était plus gênée qu’amusée. clementine a toujours fréquenté les clubs de théâtre de ses écoles à défaut de pouvoir en pratiquer à l'extérieur. ses parents se font toujours farouchement opposés à sa lubie comédie. pour preuve, ils n'ont jamais fait le déplacement pour venir la voir lors des spectacles de fin d'année. cette passion pour le théâtre et plus largement la comédie lui vient de sa tante maternelle, largement moins snob que nancy. elle devait avoir huit ans - neuf tout au plus lorsqu'elle a assisté pour la première fois de sa vie à une représentation de roméo et juliette. la révélation d'une vie. quand les autres enfants veulent être docteur, elle se rêvait déjà sur les planches d'un théâtre, son nom en haut de l'affiche.
03. (( LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ ))
ce jour-là, elle était arrivée en retard. cela ne lui ressemblait pas mais à cette époque, la vie de clementine était littéralement proche du chaos entre déroute et banqueroute. égarée sur l’autoroute de ses rêves déjà trop grands. elle avait pris quelques minutes pour reprendre sa respiration avant de bredouiller des excuses incompréhensibles. projeter sur la scène, - montez et improvisez nous quelque chose. elle avait trébuché dans les escaliers, remettant maladroitement sa mèche de cheveux ailleurs que devant ses yeux et les joues légèrement teintées de rose. elle avait improvisé une scène idiote offrant un piètre spectacle. c’est presque honteuse qu’elle observa d’un regard rapide les autres élèves de sa classe de théâtre. elle s’en souvient comme si c’était hier, le jour où ses yeux ont croisés les siens. il y avait du fond de ses prunelles brunes un je-ne-sais-quoi d’envoûtant - et dieu que c’est encore le cas aujourd’hui. et il s’est mis à sourire laissant apparaître de légères fossettes. et pendant l’espace de quelques secondes, son corps s’est raidi. les mouvements impossibles et le coeur battant à contre-temps une chamade d’une attirance inévitable. elle avait à peine dix-neuf ans quand elle a rencontré troy hodgkin et il lui avait fallu moins d’une seconde pour en tomber amoureuse. elle n’a pas osé l’aborder avant le septième cours, malgré les sourires en coin. en fait, elle n’aurait jamais eu le courage de l’aborder si cette année-là, le professeur n’avait pas choisi le songe d’une nuit d’été de shakespeare pour la représentation d’avril. il jouait bottom, elle jouait titiana. puis, elle lui a proposé de réviser ensemble un soir chez elle - si l’envie lui en disait. il était venu avec une bouteille de vin en guise d’offrande, parce qu’il était bien élevé. ils en auraient presque oublié de répéter. une première lecture caché derrière la couverture de son livre et puis vint l’acte 3, scène 1. alors c'est entraîné dans un corps à corps vif que clementine récita avec délicatesse et douceur un : je t'en prie, gentil mortel, chante encore. Autant mon oreille est enamourée de ta note, autant mes yeux sont captivés par ta forme, et la force de ton brillant mérite m'entraîne, malgré moi, à la première vue, à dire, à jurer que je t'aime. à la dernière syllabe, le silence inonda la pièce. les yeux dans les yeux, les coeurs contre coeurs, ils se sont embrassés.
04. (( HOLLYWOOD BOULEVARD ))
comme des pulsions vitales qui surgissent telles des éclairs déchirant le ciel, clementine remet son destin à son instinct. elle n’a pas hésité une seconde à se marier avec troy alors qu’ils venaient de se rencontrer. elle n’a pas hésité non plus lorsque l’idée d’aller s’installer à los angeles est apparu dans leur discours amoureux. alors, ils sont partis avec des étoiles qui débordaient des yeux. à croire que l'air californien ne leur allait pas au teint. six mois après leur installation, ils se sont quittés. une séparation silencieuse où les mots ont manqués considérablement. elle aurait pu sombrer, elle aurait dû mais clementine est restée impassible. elle s’est noyée sans fin dans les castings et les heures toujours plus nombreuses à servir des gens dans ce restaurant presque bas de gamme. il y a eu un premier essai réussi puis un second jusqu’à atteindre le premier rôle d’une série policière ‘the five orange pips’ - un sherlock holmes moderne au féminin, produite par HBO. un succès sans précédent qui a été confirmé par sa nomination aux emmys pour la meilleure actrice dans une série télévisée dramatique qu’elle remporte en 2018. en parallèle, on peut découvrir clementine dans divers seconds rôles de films indépendants puis tenant le premier rôle d’une comédie romantique 'in the summertime'. clementine hodgkin, l’étoile montante. les titres de la presse s’emballe à la découverte du film 'virginia', où elle interprète virginia woolf lui offrant le prix d’interprétation féminine à cannes toutefois, elle loupe de peu l’oscar. clementine vous direz qu'il faut toujours croire en ses rêves.
05. (( NEW YORK, I LOVE YOU ))
à croire qu’elle savait au fond d’elle, qu’elle n’y resterait pas à los angeles. elle n’a jamais voulu acquérir un bien en californie. voilà, qu’elle revient s’installer à new york - là où tout à commencer - sous l’impulsion d’un nouveau projet encore secret. les rumeurs s’alimentent d’elles-mêmes. et pour la première fois depuis quatre ans, elle va se retrouver dans la même ville que troy. à y regarder de plus près, il n’a jamais été bien loin. il a toujours été dans les parages : à se croiser dans les soirées mondaines, aux cérémonies annuelles. troy n'est jamais loin quand clementine atteint ses objectifs. clementine n'a jamais réussi - ou parce qu'elle ne l'a jamais voulu - à s'éloigner de lui. il y a toujours une aura qui l'entoure. clementine ne s'aide pas à passer à autre chose. on la voit toujours aux évènements familiaux des hodgkin. elle continue d'appeler la mère de troy presque toutes les semaines.

POT-POURRI
clementine est fan de the rocky horror picture show. chaque année, elle va voir le film au cinéma et déguisée. elle ne rate aucune occasion pour se déguiser. elle déteste l'idée même du bouquet de fleurs. clementine sait danser et chanter particulièrement juste. clementine est myope et porte la majorité du temps des lentilles de contact. elle déteste l'odeur du café, est complètement accro au thé. elle sait parfaitement imiter l'accent bri'ish. clementine n'est pas naturellement blonde. clementine adore dire qu'elle s'appelle comme le personnage de kate winslet dans eternel sunshine of the spotless mind. elle a toujours un livre avec elle. elle a développé une passion pour le vin rouge. elle est allergique au chat. pronfondément féministe et engagée. plus jeune, elle a pratiqué la danse classique et la flûte traversière. pour passer le temps, clementine a pris l'habitude de griffoner des mots ou des dessins dans un carnet. elle est fan des spice girls. elle rêve de jouer pour wes anderson. son animal préféré est sans aucune hésitation le canard colvert. elle est une fanatique des myrtilles qu'elle pourrait manger sans fin.