eye of the tiger - nova

traits de caractère / Un simple feulement, le souffle du tigre, l’aisance et l’assurance, une femme fatale. à peine seize ans, et la vigueur dans le corps, et la recherche de sensations, âme rebelle qui ne sait se complaire dans la médiocrité d’une vie sans embûches, qui bafoue les règles, les lois, les âmes, qui se laisse prendre par le torrent des maladresses, envoûte les rêves qui lui font de l’œil, domine la jungle de la vie. sans être lion, elle marque son territoire, abat ses crocs là où elle le désire, se saisit des empreintes de ce que le monde lui réserve, et se laisse prendre au jeu de la proie et du prédateur, pour courser les envies qui l’animent. Turbulente, calme, l’oxymore lui correspond bien, elle laisse le courant la porter, ne se laisse jamais dépasser par les évènements, reste maitresse du monde qui l’entoure, les prairies comme les montagnes ardues. Marécages ou plaines sauvages, elle demeure seigneur, tout en glissant habilement au travers de chaque filet, l’autorité dépassée par son manque de soumission.
Le rugissement résonne, la domination se fait aisément, il n’est point de proies qui puisse échapper à sa voix, mélodieuse, envoûtante, maitresse. Et ses rires, et ses ardeurs, les chaleurs qui viennent arroser son existence de mélodies ensorcelantes. Elle n’a plus les pieds sur terre, elle se laisse happer par la course enivrante proposée par celui qu’elle a rencontré cet été, celui qui se laisse hypnotiser par cette beauté flamboyante, par cette promesse sacrée d’embellir sa vie. elle se laisse envoûter à son tour, marquée par son statut de prédateur, le fauve ne se soucie plus de rien, intouchable, rassuré par sa prestance, tandis que ses griffes viennent à s’accrocher à sa proie. qui est la proie de qui ? et le vent souffle, crie avec elle. et la vitesse devient folle, foudroie son cœur sur place. Il n’est point de feu plus puissant, que celui qui vient envahir son bas ventre, alors que le regard perdu sur son duo, elle oublie un instant qu’elle doit dominer. Un regard rendu, le sourire perdu dans ses iris bleutés, elle ne sait pas dire si elle l’aime ou le désire, il ne sait pas dire s’il la veut pour une nuit ou une vie. deux félins qui s’accrochent l’un à l’autre, oublient de garder un œil éveillé lors d’un baiser passionné, oublie que le monde qui les entoure n’est pas soumis sans conséquences, que les plaines peuvent êtres ardues, que les pièges naturels peuvent exister là où l’on ne s’y attend pas. que l’antilope peut battre le tigre. Que l’asphalte peut se tordre sous les roues, et que la moto peut échapper au contrôle de tout un monde. que les deux fauves peuvent être attaqués par le destin, et que les flammes ne savent épargner les seigneurs de la jungle.

Hurlement, quand elle sent son corps se tordre, quand elle perd pied, la dominance n’existe plus depuis plus de vingt ans. le monde s’est effondré sous ses pieds, sous ses pattes, et le sol s’est refermé sur elle, tandis que les flammes portent encore les traces de leurs méfaits sur sa peau, bras, dos, jambes à jamais perdues dans un tourment infernal, douleur qui ne cesse jamais de lui prendre la moindre once de bonheur, tandis que la gorge n’est plus non plus, que les marques remontent jusqu’à ses vocalises devenues grincement horrifiant, détruisant chaque chance d’accomplir un jour son ancienne passion, les rugissements oubliés, les salles de spectacles abandonnés, l’éveil brutal deux décennies auparavant, qui ne cesse de la hanter. Tigre perdu, âme de chaton, calme saccagé, turbulences démolies, il n’y a plus que la rage, funeste et sanglante. Il n’y a plus que le cynisme, qui vient prendre possession d’elle. il n’y a plus que la folie, fêlures éternelles dans un esprit trop vite fracassé. Il n’y a plus que les chaînes, tigre en cage pour la vie. la recherche d’un sauveur, quand elle a perdu ses crocs, quand elle a perdu ses griffes, quand elle a perdu sa force. la recherche d’un héros, quand elle a trouvé le renard, celui qui la trompe, moralement, qui la guide dans la mauvaise direction, la transforme en proie contre son gré, sans qu’elle ne puisse s’en apercevoir, sans qu’elle ne sache s’en rendre compte.
Pleurs qui se perdent, le fauve abattu, quand elle passe sa main sur son ventre, vie qui se formait, vie qui s’arrête. semblant d’autorité qui se perd, celui qu’elle cherche, celui qu’elle ne sait plus trouver. Elle est loin, seigneur de la jungle qui arpentait les rues et les obstacles avec la force et la férocité d’un prédateur. Il ne reste plus que cette impression de grandeur, quand elle commande aux rêves de s’épanouir pour les autres, quand elle fait cours pour ne pas se perdre dans son désarroi. Et pourtant, même les élèves ne savent avoir respect ou empathie. Il n’y a plus que les moqueries, son feulement saccagé par des flammes du passé. il n’y a plus que les horreurs, quand elle ose faire remarquer au loup enragé qu’il n’a pas sa place sur son territoire. Quand la drogue prend possession de la fac, d’un couloir, d’un monstre aux allures honorables, qui s’abat sur elle pour la faire taire, les crocs dans son gosier pour la détruire, les coups traversant sa maigre fourrure pour atteindre jusqu’aux tréfonds de son âme, de son corps. la vie qui s’arrête, la sienne qui se perd, et le loup qui s’en va, tandis que le sang coule d’entre ses jambes. la culpabilité.

Trois cent soixante-sept jours. Elle compte encore, elle compte toujours, esprit perdu, affolé. Le tigre abattu, les pattes en avant, les feulements inexistants, il n’y a plus rien, plus que ce comptage absolu d’une perte plus grande que tout. Un bébé qui ne naîtra jamais, et l’impression de s’effacer, les chaînes qui se resserrent, elle perd la raison, entre rage et peur, elle s’oublie dans le monde de son esprit. Il n’y a que la vipère, celle qui se glisse contre elle, qui vient réchauffer son corps, qui vient caresser ses brûlures, qui vient soutenir ce qu’il reste du félin, qui peut la sauver. Il n’y a que la vipère, sifflant doucement avec ses pleurs oubliés, qui parvient à la garder en vie. il n’y a que son amie, cette fraternité inconcevable et pourtant si puissante, entre reptile et fauve, qui permet au monde de garder une faible lueur. que silene, qui peut la comprendre.

seigneur
Le tigre, prédateur incontesté, maitre de la jungle, sans la crinière obsolescente d’un lion, qui affirme son autorité, se laisse prendre au jeu de la vie, oublie les ordres qui lui sont confiés, n’obéit qu’à ses propres règles, qu’au maître mot de ses sombres pensées. Une femme qui n’a toujours vécu qu’ainsi, qui n’écoutait pas, ne se laissait pas dominer. Seigneur de la jungle, qui se défit de toute autorité, qui braquait les aléas de la vie, qui laissait la terre devenir sa maitresse. Bafouant tout ce qu’elle pouvait, chantant au rythme de ses envies, oubliant un instant qu’il y avait des maîtres en ce monde, elle était intouchable, incontestée… elle n’avait que ses rêves en poches, que sa grâce à ses côtés, et son regard, la proie qui finissait toujours entre ses griffes, entre ses crocs. Une femme qui profitait de la vie, une femme qui ne savait se plier aux autres, véritable teigne quand il s’agissait d’entretenir une relation normale avec ses parents, géniteurs incapables d’arrêter cette furie. Fille de deux ethnies vouées à se détester, elle était le reflet de chacune d’entre elles, une rebelle dans l’âme, qui savait ce qu’elle voulait, qui chantait quand elle voulait, qui oubliait de prier, se pensant plus grande que son dieu. Atouts donnés par la nature, elle n’était pas une simple enfant, elle n’était pas une simple adolescence, elle était l’empreinte d’un rêve, elle était l’incarnation de la joie, elle était cette femme qui ne s’arrêtait jamais d’exister. qui avait besoin d’exister.
Prédatrice, dominante, elle était cette présence que l’on ne pouvait oublier.
Que même la vie ne sut oublier de détruire…

rugissement
Cette voix qui semblait si douce, si belle, feulement dans la nuit qui embellissait les âmes, qui se distinguait des chœurs, qui semblait parler au monde et aux cœurs. Voix devenant maîtresse, elle parlait, elle chantait, le tigre feulait doucement, et le monde l’écoutait attentivement. Paroles d’or, qui se faufilait, le rugissement qui se faisait entendre, il y avait la douceur, il y avait la force, il y avait la puissance d’une femme prête à tout pour percer en chanson, pour parler en vers, pour parler poèmes, et se perdre dans les mélodies qui accompagnaient la jungle, qui accompagnait ses pas, qui accompagnait son souffle. Et jamais elle n’aurait pu abandonner ce rêve, celui de chanter encore et encore, d’accompagner les étoiles, d’accompagner la lune dans une mélodie enivrée. Jamais elle n’aurait pu croire que son rugissement se teinterait de malheurs, que son âme se perdrait dans les tréfonds de l’horreur… que son feulement deviendrait si rauque, si grave, tellement brisé. Les flammes encore présentes dans son esprit, félin pris au piège qui n’en réchappa pas, l’accident lui ôta rêve et force, et elle devint chaton apeuré, blessé au plus profond de son être. Une femme qui ne pouvait pas s’arrêter de vivre, forcée de perdre sa vie. une femme qui n’avait plus que les regrets pour l’accompagner, les mélodies s’affaissant, seigneur de la jungle perdant tant son titre que sa prédominance. Un tigre aux abois qui n’avait plus rien, griffes brisées, crocs saccagés, rugissement éteint pour la vie.
Et un rêve devenu cauchemar, la douleur dans la gorge lorsque le feulement tentait de se faire entendre. La douleur toujours plus présente, brisant le silence. Paroles d’or disparues. Il n’y avait plus que ces grincements ardents.

robe
Belle fourrure, tigre de toute beauté, qui pouvait se pavaner dans la jungle, qui resplendissait. Férocité presque oubliée, lorsqu’on l’observait, le charme d’un félin qui pouvait sublimer le monde, qui pouvait sublimer la jungle, qui pouvait adorer cette robe… elle se savait belle, elle se savait envoûtante, jeune femme qui savait user de sa beauté, qui savait comment plaire, comment user de son être comme d’une arme aiguisée et fatale.
Elle était si belle. se sentait si belle. sa vision narcissique qui savait l’aider à se contempler, qui s’avait l’aider à charmer. Innocents tombés entre ses griffes, cela la rendait prédatrice, face aux différentes proies qui pouvaient passer sur son chemin. Un sourire qui hypnotisait, qui rendait à la vie ce qu’elle lui avait donnée…
Ce qu’elle lui reprit avec tant de méchanceté, l’infernal tourment qui hante ses nuits, qui hante ses pensées à chaque instant. Les braises encore présentes, l’explosion qui bousilla son cœur comme son corps. marques éternelles, marques intemporelles qui restent à jamais sur ses bras, sur ses jambes, sur son dos, son corps, sa gorge. Les brûlures incessantes du destin, preuve que ce qu’elle détenait n’était pas à elle. preuve que la vie peut se retourner contre le tigre dominant en un rien de temps, faisant du seigneur ce petit paysan perdu dans un monde qui ne l’accepte plus, qu’il ne dirige plus.

volonté
Celle qui résidait auparavant dans l’esprit du tigre, qui le guidait, qui lui permettait d’accomplir ce qu’il voulait, qui lui permettait de s’imposer. La prestance du félin qui sublimait les autres, une femme qui se faisait remarquer, disparue dans les flammes de l’enfer, dans les flammes de cet engin de malheur, celui qui l’effraie désormais. La volonté du tigre a tenté de subsister, si le chant n’était plus pour elle, les rêves l’étaient encore, les mots, les écrits, les poèmes qui chantaient le nom de l’animal, comme le nom de la vie… elle s’accrocha désespérément à ce qu’elle pouvait, sans réussir à maintenir sa présence, sa prestance prédatrice… il n’y avait plus rien du dominant, il n’y avait plus rien de ce félin aux mœurs acérées, plus que cette faible, frêle jeune femme qui tentait de survivre, qui tentait, en vain, d’oublier comme la vie avait pu être belle, comme la vie pouvait être sanglante, une horreur qui se déroulait sous ses yeux trempés de larmes, tandis qu’elle ne feulait plus, ne laissait plus jamais personne l’entendre, quand ce n’était pas nécessaire. Femme éméchée par les aléas d’une vie devenue trop difficile, elle n’avait plus l’apparence merveilleuse du seigneur de la jungle, se laissait prendre aux jeux du renard, se laissait avoir par ce que la vie lui donnait, un destin malheureux, entre les griffes d’un mari loin d’être idéal, présent en apparence pour relever sa dominance, il n’y avait en réalité que les rêves meurtris d’un homme en manque de pouvoir, qui ne voulait qu’en profiter pour exploiter l’ancien seigneur, pour imposer sa loi, apposer sa puissance, dans l’esprit de la jeune femme, qui ne savait plus comment lutter seule, qui n’avait plus que cette impression de ne mériter que les cauchemars qui s’enchainaient dans son esprit, âme détruire pour une éternité de plus.
La vie transformée pour un prédateur impartial, devenu animal de compagnie, en laisse, et maltraité.

attaque
Tout prédateur connait ce mot, chaque fauve sait comment se défendre, crocs, griffes, et agressivité, la fureur d’un félin pour ne pas se retrouver blessé. Si la vie ne pouvait pas être vaincue, si l’accident n’était pas un démon à abattre, les autres animaux n’étaient cependant pas exempts de faiblesses, et elle avait toujours su, ou cru savoir, comment se défendre, comment marquer son territoire, comment faire oublier aux autres qu’elle était devenue proie, comment les forcer à la regarder avec frayeur, quand ils ne savaient pas la regarder avec admiration. Une force qu’elle tentait de revêtir dans de sombres paroles, dans un ton froid, accompagné de sa voix si saccagée que l’on ne pouvait la prendre pour une douceur, le tigre se servait de ses malheurs et de ce que le destin lui avait infligé pour paraître mauvais, pour ne jamais se faire prendre, sans penser un seul instant que le renard dans sa vie avait déjà passé toutes ses défenses. Sévère, la femme que l’on ne pouvait pas apprécier, celle que l’on pensait forte, dont on se moquait une fois qu’elle avait le dos tourné. Le tigre avait beau se montrer dur, il restait les empreintes de ses souffrances marquées dans sa fourrure perdue, dans sa peau brulée, qui se révélait bien souvent au grand jour quand elle ne faisait pas attention. Elle se montrait forte, elle ne l’était pas. et si la haine semblait habiter les regards de ses élèves, ils avaient aussi la capacité d’être mesquins. Elle n’était pas aimée. Jamais. tigre défait de ses positions, qui tentait de se rendre aveugle à cette vérité, qui pourtant, la frappa de plein fouet le jour où elle trouva le loup bafouant son autorité. Un élève, et la drogue à la main, la fureur du félin, celle de ne pas être respecté à sa juste valeur. Elle crut pouvoir lui faire peur, elle crut que la prestance passée du seigneur de la jungle pourrait faire fuir l’animal la queue entre les jambes, quelques aboiements qui ne la convainquirent pas d’abandonner. Et le premier coup porté sans qu’elle ne s’y attende, presque persuadée qu’elle pourrait le maintenir dans les ordres. Un coup, une griffe, la suite se fit plus violente encore, tandis que le tigre ne sut jamais se défendre contre ce canidé infernal. Et quand les larmes cessèrent de couler, la douleur était si grande que l’enfant qu’elle portait n’était plus, que le monde lui ôtait encore une fois la vie.

soumission
La douleur, encore présente. Le mal, toujours présent. Il n’y avait plus rien, plus d’espoir, plus de vie. il n’y avait plus rien, plus qu’un tigre en bout de force, renonçant presque à vivre. Il n’y avait plus que cette incessante culpabilité, prodiguée par le renard incapable de lui pardonner. Il n’y avait plus que cette folie, celle qui paraissait la détruire de l’intérieur, maintenant qu’elle l’était tout aussi bien de l’extérieur. Cette rage insouciante qui se battait contre l’écran de folie, elle ne parvenait plus à se relever, passait ses jours aux prises avec cette culpabilité. Le tigre tentait de se cacher, incapable de disparaître, tandis que les jours passaient, et qu’elle ne savait plus les oublier. Un, deux, trois… cinquante-six, cinquante-sept, cinquante-huit… encore, et encore, jamais un seul ne parvint à lui échapper. Et le tigre qui auparavant régnait, n’avait plus que son esprit détraqué et blessé pour le garder en vie, tandis que les coups s’abattaient, que le monde s’effondrait… et que seule lui restait un soutien trouvé en des temps sombres, vipère se glissant contre l’animal meurtri, ressentait sa peine, sifflant contre lui. une amitié qui la sauva de la démence, quand bien même la folie la détruisit.
Elle était tigre puissant, dominant. Et les flammes, et le loup, et la vie s’abattirent sur elle.
Elle était seigneur de la jungle, et finit dans les pires marécages… une vie ne sait s’en tenir à la beauté, et le monde se doit de s’écrouler…