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 Lumière d'août (Misha)

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Prostituée pour payer son loyer. Et puis elle apprend les lois, double master d’avocate et de science politique.

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Message Sujet: Lumière d'août (Misha)   Lumière d'août (Misha) Empty Mar 11 Aoû - 23:53

Lumière d'août
Messaline & Misha

  Elle compte les billets dans ses doigts aux ongles propres, toujours les clients observent et admirent ses mains, ses belles mains, ses adroites mains ; Messaline assise sur le rebord de sa baignoire, l’eau effleure ses pieds, nettoie ses jambes d’où coule la sève de l’homme, parfois elle dit non, parfois elle dit oui, parfois elle entre dans une autodestruction puisque son corps lui importe peu. Messaline elle n’a pas de larmes, elle n’essuie que le stupre de ses lèvres qu’ils disent aussi délicieuses. Elle range l’argent sale dans sa boite, s’habille d’une robe légère, recouvrant sa maigreur, jolie le corps de l’infante, désirable. C’est sordide chez elle, la veilleuse éclaire et tamise le salon aux nombreux livres achetés grâce à l’activité illicite, hier son amie à qui elle a confié son secret a pleuré pour elle, Doris avait du mal à contenir sa loyauté, son empathie, si tu veux… si tu veux tu peux venir chez moi mais arrête s’il te plait ! Demain j’arrête. Un automatisme, Messaline, une phrase qu’elle se dit, le matin quand elle se réveille, quand elle reçoit un texto d’un client, quand elle se maquille pour appâter le vulgaire. Demain ! Dans la salle de bain aux effluves de sperme, les pieds dans la mousse et les jambes repliées, sur sa poitrine, l’eau baigne son corps entier, la desserre, dernier client, il a claqué la porte, elle est seule et attend le taxi. Difficile de se relever, de prendre le classeur organisé, elle n’a pas dormi la veille, ne dormira pas certainement ce soir, désireuse d’aider et de partager ses connaissances à Misha, l’ami garçon qu’elle n’espérait pas.

 Elle indique l’adresse et la voiture démarre jusqu’au beau quartier où les maisons dégorgent de luxe et de beauté, elle n’a jamais ressenti la moindre convoitise, ni de jalousie pour ces riches, seulement la colère et la révolte qu’elle bâillonne puisque le monde est ainsi fait d’injustice et d’inégalité. Elle sonne, déjà fatiguée mais le visage doux de la jeune femme compréhensive ; toujours elle resplendit de miel et de tendresse, politesse chuchotée, Messaline sourit et, dans son sourire, la légère méfiance et timidité d’approcher un lieu qu’elle ne connaît gère, qu’elle a peine à apprivoiser. Deux ou trois fois au cours de ses cinq années d’amitié ne lui ont pas suffit pour se sentir pleinement en sécurité, pas à sa place en fait, parmi les riches. Messaline elle est timide, réservée, elle est respectueuse et elle manque d’estime alors elle s’estime chanceuse d’avoir un ami comme Misha puisqu’il a su attirer un homme qui l’a adopté, bel homme peut être, le père adoptif reste absent, jamais encore n’a-t-elle aperçu son visage. Tant mieux d’ailleurs.  « Je ne risque pas d’être très attentive. » Dans le salon aux tapis persan et aux meubles élégants elle n’ose déposer son classeur, retirer son manteau, elle reste un peu figée, la fatigue sur ses traits, mais prévenante elle annonce que déjà la concentration ne sera pas de la partie.  « Je peux m’asseoir sur le canapé ? Et alors ta chère colocataire ? » Elle voit la broussaille brune, un minois juvénile s’approcher confiante. Les salutations de mise, la curiosité dans sa voix de fée, Orphée se présente-t-elle, enchantée. Elle semble si légère, si libre, ses pas de danseuse sur le parquet jusqu’à la chambre masquée. Et Messaline n’y pense plus, elle ouvre, consciencieuse les cours, tend un stylo à Misha.  « Tu as des feuilles vierges ? En schéma ça sera plus simple à expliquer. » Elle respire profondément pour échapper à la lourdeur de la nuit, les clients sont difficiles, elle a laissé son portable chez elle, pour plus de sécurité, pour plus de paix d’esprit. C’est Misha qui nettoie les fantômes de sa culpabilité, près de lui elle sent bien, moins alourdie par les responsabilités.  « Et alors… ce dernier texto… Un smiley auquel je ne peux répondre. » Parce qu’elle sait les problèmes confessés à demi mot, la mère et le traumatisme, l’abandon qui amène à la chute, la chute de l’engagement et la fuite. Messaline n’aime pas abandonner ses quelques amis qu’elle a trié sur le volet, elle tente toujours d’en discuter, juste pour comprendre, juste pour dire qu’elle est là, le sera toujours.

@Misha Orlov

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Message Sujet: Re: Lumière d'août (Misha)   Lumière d'août (Misha) Empty Mer 12 Aoû - 12:51

lumière d'août
Messaline & Misha

« You can say anything you want cause I've heard it all before. All you can do is pray for a quick death, which you ain't gonna get. »
Il ne sait pas bien pourquoi ça l’a autant fait sourciller de la voir proposer une heure si tardive. Sans doute parce qu’il la pensait incapable de se lover dans le creux de la nuit après vingt-deux heures, comme toutes les jolies filles au teint frais. Ces gonzesses qui ne trempent pas les lippes dans de la vodka au motif que l’alcool accompagne bien les rides au coin des yeux et que ça les endommage d’un peu plus près. Peut-être aussi qu’il la connaissait depuis suffisamment longtemps pour prétendre à anticiper ses routines du soir ; ne pas se coucher trop tard pour laisser le temps au cerveau de se vider des inepties de la journée, mieux dévorer les cours du lendemain, s’écarter de toutes conventions sociales. Messaline s’esquintait avec sa solitude volontaire quand Misha aimait à s’entourer. Il avait toujours évolué en meute, tel un chien errant, la gueule toujours en branle prompte à grogner. Sans l’amitié virile de ses comparses, il se sentait apatride. Pourtant les deux jeunes gens avaient tissé une relation saine au point de se prétendre meilleurs amis ; leur petite alchimie les avait déridés insidieusement. C’était elle, qui le harcelait de messages au petit matin afin de le sortir du lit et l’enjoindre à assister aux cours rébarbatifs et suants du lundi matin. Elle qui l’épaulait dans les fastidieuses révisions. Elle toujours qui le reprenait, dès lors que son regard blasé se détournait du ventre lourd du code pénal pour mieux se hasarder sur l’écran de son téléphone. Son regard scrutateur n’épargnait jamais les petits détails pourtant ; t’as du sang sous les ongles, tu t’es battu ? Et inlassablement, Misha se targuait d’un combat de boxe ardu afin de se dévoyer. Ca aurait jeté comme un froid, de lui avouer qu’il vendait des gonzesses à des vieux riches, médecins, politiques. Magistrats.

Lorsqu’il ouvre la porte sur la silhouette familière, c’est la fatigue fardant son faciès qui le déroute. Misha ne pipe mot cependant, l’invite à entrer comme il lui propose à boire. Un truc de vieux bourge qu’il a appris auprès de son père adoptif et qui le met toujours mal à l’aise lorsqu’il s’y attèle. Autrefois, les gamins se servaient directement dans le frigo, se saisissaient d’une bière, puis d’un spliff. C’était sans doute rustre et crasse, mais ça avait le mérite d’être sincère. Les deux amis prennent place, et c’est consciencieux que Misha lui apporte les feuilles vierges. S’attèle à la tâche de l’étudiant modèle tout en traînant les pieds, écoutant mollement les salutations de Orphée percutant brièvement son champ de vision. Messaline semble loger sous la langue un tout autre dessein moins scolaire mais décidément plus instructif. « Et alors… ce dernier texto… Un smiley auquel je ne peux répondre. » Le jeune homme hausse nonchalamment les épaules. Cette indolence rustre passe savamment pour une nonchalance travaillée lorsqu’il ne s’agit que de fuir. Quand Misha s’empêtre dans le silence, la tête sous l’eau, c’est inextricable. Il a jusqu’alors évité instinctivement les grandes histoires trop rapprochées avec les filles. Préfère s’en envoyer une au coin d’une rue ou sur le lit d’une inconnue. Les coups d’un soir, comme on dit. Propres ou sales, mais efficaces. Ainsi ne s’embarrassait-il pas d’histoires qu’il voulait vivre pourtant. Bien déterminé à foutre en l’air toute belle relation amoureuse avant que ça ne le déchire. Avant qu’elles ne lui fassent les mauvaises réflexions. Les garces. « Bah j'avais rien d'autre à dire c'est tout. J't''ai répondu déjà, estime-toi heureuse. » Qu’il clame, petit con notoire. Vouloir sauver sa peau lui donne la bonne réplique sur un ton détaché, pas le meilleur argument, mais ça fait son effet. Le timbre est taquin et léger, pourtant c’est une lourde déception qui se loge sous les gravas. Misha aurait bien aimé dormir dans ses bras, caresser la douceur de sa peau et sentir sa chaleur tout contre la sienne. Juste ça et rien d’autre. Leur amitié souffrait d’une ambivalence qui ne dénotait pas ; ça se voyait pas au premier regard, qu’ils savaient pas trop où ils allaient. Et en toute probabilité, Misha s’arrangeait pour ne pas amorcer d’histoire avec une bonne connaissance ou une amie. Ca faisait tâche lorsqu’il s’essayait à la fuite. Puis subsistait cette autre figure. Cette fille qui le hantait depuis qu’il était môme. Il avait beau décaper ses souvenirs à l'ammoniaque, l’ardeur qu’il mettait à l’effacer de son coeur n’était pas suffisante.

« Montre. » Il lui a saisi les mains sans préavis, un peu trop brusque mais la douceur au bout des doigts. Changer de sujet pour mieux percuter l’autre, c’est s’assurer de draper sa lâcheté et s’en tirer à bon compte. « T’as de jolies mains. Clairement pas les mains d’une vendeuse de tacos. » Et comme il la regarde, comme il l’observe. Toise ses cernes d’un bleu nuit, la fatigue striant son faciès pâle. C’est suspicieux qu’il questionne : « Fallait pas venir si t’étais si claquée. J’étais pas si pressé qu’ça de réviser tu sais. Vas-y, crache le morceau. T’étais où ? » Il a l’inquisition naturelle, l’autorité charismatique mais froide de ces salauds spéculant sur l’entrecuisse de la came qu’il revend.

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Message Sujet: Re: Lumière d'août (Misha)   Lumière d'août (Misha) Empty Mer 12 Aoû - 14:44

Lumière d'août
Messaline & Misha

  Messaline, assise sur le canapé, le dos penché jusqu’aux feuilles, dessine les plus importantes notions, forme des carrés, des flèches, des symboles pour établir un monde, un tout, c’est comme cela qu’elle comprend, qu’elle s’empare des lois, va plus loin dans sa réflexion afin de polir des discours, un programme, dans sa tête, l’ambition de vouloir changer la société, la rendre meilleure, elle se raille, se gausse, puisque les jours passent et elle n’y croit plus à cela. Une prostituée à la tête de la maison blanche c’est comme Marie Madeleine ou Marie la vierge. Elle n’a rien de bien particulier Messaline, juste des sentiments en arrêt, le coeur qui bat encore, elle respire au moins, mais à quel prix. Le prix de la douceur ; malgré son existence sous l’oppression elle ne perd pas sa responsabilité et son empathie.  « C’est du Misha tout craché ça. » Dit-elle. Elle connaît le garçon. La première année avait tendance à fuir, honteuse d’elle même, courant d’air ou zéphyr impressionnant, on chuchotait de son talent, la jalousait peut-être pour son rang dans la promotion, première de la classe, elle s’acharnait. Les études c’est l’avenir, oui c’est l’avenir, le déni arme surpuissante, pour espérer un futur radieux loin des bagnoles qui klaxonnaient à une heure du mat’, la porte d’entrée maintenue ouverte pour les clients, elle les triait, pas le choix si elle ne souhaitait pas mourir étranglée, ça arrivait, c’était normal, puisque le milieu de la putasserie ordonnait les pires crimes, tout le monde s’en foutait, les policiers avec leur regard de pierre et les remarques sexistes, misogynes, ils obéissaient au ministère du pognon, il y avait que ça qui comptait. Elle se sent un peu amère Messaline, à bout de souffle. Elle pense aux charognes de ses collègues, des jeunes filles, tuées à coup de couteau  par des fous, ils n’étaient pas fous, ils avaient soif de pouvoir, pouvoir baiser et s’assoupir près d’une poupée.  « Nous ne sommes pas toutes indignes de ta confiance Misha. Heureusement que je ne suis pas susceptible. » Elle aimerait lui dire qu’une fille n’est pas sale, elle aimerait se dire qu’elle n’est pas sale. Sur sa peau elle sent les effluves de ces ogres qui prennent et qui jettent.

 C’est soudain que Misha s’accapare ses mains, Messaline ne s’y attendait pas, perdue dans les méandres de son ressentiment. Au revoir les cours, il n’y a plus rien qui compte que le souvenir du dernier client s’étouffant de plaisir à son orgasme, avec lui elle n’avait pas simulé, n’avait même pas bougé, incapable d’un minimum de professionnalisme, quelle blague, le professionnalisme quand la lumière éteinte appuyait sur les sons rauques des gémissements. Elle retire ses mains rapidement, les recouvre de sa robe de lin. Vas-y, crache le morceau, t’étais où ? Questionne-t-il, inquisiteur et autoritaire. Elle n’aime pas ce côté là, celui qui commande. Encore plus lorsqu’elle se remémore les théories de féministes qu’elle admire. Mais à quoi bon ça aussi lorsque le backlash tout puissant semble s’amuser et narguer, les hommes auront toujours le pouvoir sur la femme considérée comme un objet, objet de décoration, ornement pour hausser leur fierté.  « Je travaillais. » Froide comme elle peut se vêtir, de glace et de probité ! Je travaillais Misha, j’accueillais des clients, je me déshabillais, j’entends leurs rires, j’entends leurs commentaires, j’entends les mâles en meute devant ma porte qui attendent. Ils se disent, alors t’es en forme maintenant ! Comme si tout ce qui importait c’était la baise, le vole du corps d’une femme ! Le deuxième sexe, la viande à trousser ! Elle ne peut garder l’air sauvage, les larmes coulent, glissent sur son visage. Messaline, ça fait longtemps qu’elle a pas pleuré sur l’épaule d’un ami, jamais d’ailleurs. Près de sa mère la loi prônait la force et le pudeur, elle s’inspirait des œuvres de Yukio Mishima pour garder la face comme on dit. Elle ne demande pas, elle s’empare d’un mouchoir.  « Pardon. » J’ai perdu patience.  « Tu veux me poser d’autres questions ? Tu ne veux pas savoir ce que je fais. Vendeuse de tacos c’est très bien. Et on va garder cette idée. » Messaline, tout comme Misha, peut se montrer adroite dans l’autoritarisme, mais fragile comme une femme.  « J’aimerai juste dormir avec toi. Dans tes bras. » Lâche-t-elle dans un souffle. Tu ne le sais pas Misha, mais tu es pour moi un exemple masculin qui me tire de mes enfers, une colonne archaïque qui jamais ne s’écroulera.  
@Misha Orlov

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Message Sujet: Re: Lumière d'août (Misha)   Lumière d'août (Misha) Empty Jeu 13 Aoû - 1:50

lumière d'août
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« You can say anything you want cause I've heard it all before. All you can do is pray for a quick death, which you ain't gonna get. »
Ces questions en elle étaient entrées jusqu’aux os, refoulant un infini de souffances latentes d’un coeur étonné de contenir tant de misères confuses. Misha a usé d’une langue incisive et sans ambages sous couvert d’une inquiétude véritable envers son amie et n’a récolté que la pluie de ses larmes. C’est confus qu’il l’observe s’épancher en sanglots fatigués, une lassitude contrite au coin des lèvres sous un silence qui la pèse, poids insoutenable. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il arrachait le sel des yeux d’une fille. Quand il usait de ses sales mots, de ses palabres affûtées comme du verre pilé, quand il les poussait sous une chape de plomb pour mieux les acculer dans leurs retranchements et tout faire valdinguer. Avec Messaline, tout était différent. L’affection pour elle avait fini par le terrasser et s’étendre à sa place. Misha pouvait sentir la rudesse de ses émois, autant de passions féroces et de perditions salaces. Il avait saisi l’usure et la fatigue, la honte émoussant le timbre lorsqu’elle parlait. Puis les aveux, sourds et percutants, avaient buté par-delà la lippe et s’étaient éclatés tout contre la lucidité du russe. Il se redresse quelque peu, la nuque tirée par l’effort, dents contractées. Pauvre diable aux prises avec la souffrance morale de Messaline et ses intérêts de proxénète vicelard. Il a compris le sacrifice du corps offert aux indigents du sexe, aux affamés, aux cradingues. Il a reniflé l’odeur de la transpiration et du sperme, quand elle a parlé. Mais il n’a pas fait l’amalgame entre son business crasse et la détresse de son amie. Cela ne lui viendrait pas à l’idée, de décloisonner sa vie personnelle de ses affaires professionnelles. Misha préfère cultiver deux mondes distincts, bien dissociés. Passer pour un mec un peu rustre et parfois un peu con mais avec un palpitant pas trop encrassé auprès des uns, puis pour le salaud notoire usant de flingues comme de pouvoir, bien déterminé à mater la viande fraîche en provenance de russie auprès des autres. On va garder cette idée. La langue a claqué comme une sommation, conditionnée à le faire taire. Qu’il ne pose pas d’autres questions, et surtout pas les mauvaises. Qu’il ne lui demande pas comment elle fait pour écarter les cuisses ni combien de fois par jour. Qu’il ne lui demande pas d’arrêter, surtout. Vendre son corps à autrui à ce quelque chose d’addictif et de destructeur. Ca puise jusque la dernière larme d’estime de soi dans les viscères, ça dévore le coeur et le cerveau. Mais ça emplit bien le portefeuille en attendant, remplit bien sa fonction première de marchandise. La prostitution comme un commerce jamais équitable.

« J’aimerai juste dormir avec toi. Dans tes bras. » L’homme s’exécute face à sa légitime déroute. Il s’est adossé contre le canapé et a ouvert le bras pour lui édifier un nid contre lequel s’y loger. Lorsque Messaline a posé sa tête contre le torse, il s’est empressé d’aposer ses lèvres chastes sur la tempe, le regard martelant le vide de leurs silences. Et ce bras se refermant sur elle comme un étau de douceur, c’était suffisant pour qu’ils se sentent inséparables. Alors, il parla d’un timbre assez constant pour qu’elle percute au-delà de sa souffrance, assez bas pour la bercer. « J’te prête tout le fric que tu veux. Tout. Tu me rembourseras quand tu seras sénatrice. Mais avec des intérêts. C’est à dire en fermant les yeux sur mon compte en banque ouvert aux îles Fidji. » Misha ne s’est pas targué de palabres moralisatrices, de celles qui agacent, rabrouent et pourrissent dans la tourbe de la culpabilité. Il a érigé les petites espiègleries afin de crever la vésicule de la honte. Dédramatiser sans pour autant fermer les yeux sur la vase poisseuse de la réalité.

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Message Sujet: Re: Lumière d'août (Misha)   Lumière d'août (Misha) Empty Jeu 13 Aoû - 11:41

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  « Je te prête tout ce que tu veux. Tout. » Dans les bras dans lesquels elle s’est nichée, ses mains toujours cachés dans les plies de sa robe, Messaline respire le sel de l’amertume baigné dans les affres de la douceur ; il y avait en Misha la tendresse insécable, la tendresse intelligible qui se sent mais ne se voit pas. Combien de fois avait-elle assisté, spectatrice, aux déroutes de ses lubies ; l’homme avait à coeur de gâcher ses relations, de les empoisonner pour fuir, parce que la fuite, toujours la fuite. Messaline comprenait, elle aussi se battait dans l’enfer de la destruction. Dans les bras de son ami, il y a la force du combat, des heures d’entraînement et la volonté du professionnel. Je te donne tout. Et Messaline a envie, oui elle a envie d’arrêter, elle a envie de prendre ce que Misha lui offre si gentiment, elle a envie de sourire un peu plus quand, sur l’herbe du par de la faculté elle discute avec Doris. Elle a envie de défaire le nœud de la culpabilité, le nœud de la honte, elle a envie de se montrer, rayonnante, certaine de ses capacités, ne plus se voir comme une ombre de beauté dans la lisseur du miroir de sa salle de bain, ne plus voir les cernes et le désir de poursuivre. Parce que Messaline ne s’aime pas, depuis le jour où l’Homme a posé en elle les grains de la haine, les coups de boutoir, les reins qui s’épanchent et les mots orduriers qu’il avait lancé à ses oreilles de gamine de neuf ans. Elle n’avait rien compris à ce moment là, à peine en avait-elle chuchoté à l’oreille de sa mère, puisqu’elle n’aurai rien fait, désarmée déjà face à sa propre situation.  « Je ne peux pas arrêter. » Demain j’arrête, phrase rituelle, phrase qui amène au demain, et encore au lendemain, un lendemain lointain, un lendemain chimérique, un lendemain critique, un lendemain sans rien, vide d’espérance, le lendemain qui n’existe pas.  « J’aimerai vraiment arrêter, j’aimerai, mais je ne sais pas comment faire. Je ne sais pas. » La pudeur de ses émotions réchauffe les larmes du coeur ; il n’y a pas de solution, juste la survie et la résilience qu’elle trouve et sauvegarde dans ses cours, elle rêve d’un avenir, transfuge de classe lui dirait-on si elle arrive à percer dans ce milieu de chien et de hyène, un milieu de requin ; elle ne s’entend pas avec ses camarades, la plupart dressés pour mépriser les basses classes, pour préserver leur privilège plutôt que de changer la société, la rendre plus égalitaire.  « Parfois… j’ai juste envie d’abandonner, de tout lâcher, de devenir l’étoile de mer que je suis la nuit. De toute façon, depuis mes quinze piges je me prostitue. Pas le choix, fallait bien que j’aide ma mère. Elle ne savait pas l’anglais, elle ne s’intégrait pas, j’étais seule et je ne souhaitais pas la perdre, je me suis sentie responsable. Le pire c’est qu’on s’y habitue. » Et qu’on se tue à force des corps qui passent et qui dansent.  « L’autodestruction. Je nage dedans sans pouvoir m’arrêter, c’est une vraie drogue ce truc là. » Pas de rire ni de pleurs, pas de légèreté au bout de cette phrase, non juste un fait, une analyse implacable, et dans cette analyse, un cynisme. L’insoutenable légèreté de l’être qui se noie dans les ténèbres d’une obscurité sans fin.

 Messaline redresse la tête à l’entente d’une voix enfantine, mais précoce dans les paroles qu’elle profère. « Ce n’est pas ta faute ! » La jeune Orphée se tient immobile au centre du salon, des larmes dans ses paupières et l’expression ravagée par l’empathie qu’elle a pour elle. « Prend ce que t’offres Misha, s’il te plait ! Moi aussi je peux te donner de l’argent ! » Elle a les cheveux brun, longs et bouclé encadrant son visage de jeune femme, l’air de celle qui garde la joie pour contrer les supplices ; elle a le visage de ces êtres de lumières, rare et libre.  « Même avec l’argent… je continuerai... » C’est triste comme ça percute cet aveu, ça cogne dans les murs, ça cogne dans le thorax, ça cogne dans les replis du refoulement, pire que tout puisque le ton semble résigné à son sort.  

@Misha Orlov

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Message Sujet: Re: Lumière d'août (Misha)   Lumière d'août (Misha) Empty Dim 16 Aoû - 20:42

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« You can say anything you want cause I've heard it all before. All you can do is pray for a quick death, which you ain't gonna get. »
Le marchand de putains loge tout contre son torse l’une des malheureuses traînant sa boue dans les ornières. Misha a le creux dans le coeur lorsqu’il spécule sur la chair fraîche des filles dressées par le père et le myocarde humain quand sa main s’épanche doucement sur l’épiderme de Messaline. Le cloisonnement a fait le reste, sculptant les pourtours d’un mafieux crasse et d’un étudiant lambda à l'éthique à peu près potable. C’est ainsi qu’il prête une oreille attentive à ses aveux jalonnés de honte ; la prostitution pour cause de survie, taillée dans sa peau depuis l’âge de ses quinze ans. L’âge où Misha volait des caisses, braquait des badauds, Messaline s’étendait sur les paillasses. Réceptacle de stupre et d’inconvenances pour quelques dollars de plus. Elle a les sanglots lourds de détresse et de blessures que d’aucuns ne peuvent panser lorsqu’elle assène se droguer à l’auto-destruction. S’éjecter dans le crâne des shoot de déchéance, bien aptes à la saccager comme il faut. Misha a l’attention silencieuse comme il l'écoute et comprend. Il a beau traiter ses filles comme de la came, spéculer sur leurs facultés à endurer l’ardeur des affamés, il y a longtemps qu’il a saisi l’atrocité de l’engrenages. De comment elles tombaient toujours plus dans l’avilissement comme une rédemption de l’âme matraquée, putréfier le mental pour mieux solidifier le corps. Il l’a compris au souffle transi de certaines  putains à son encontre ; cette façon qu’elles avaient de dévorer de leurs pupilles le fils du grand patron, comme un avant-goût de liberté. La volonté de s’en sortir, mais pas trop.

« Ce n’est pas ta faute ! » La petite est apparue sur le seuil, portant dans ses poings serrés toute la commisération du monde.  Cette sollicitude patentée a secoué Messaline de tendresse, Misha d’agacement.  « C’est une conversation privée, t’as rien à foutre ici. » Orphée a pourtant la résignation bien encrée sur les lèvres lorsqu’elle parle. Tatoue ses mots de tant d’inquiétude et de diligence, que ça l’a troublé un peu. La môme, par ailleurs, ne se laisse guère dérouter par son agressivité sourde comme elle déroule sa providence. Mais Messaline n’a pas le sevrage entamé, clame hélas son addiction non sans tressaillir de honte. Misha se pare alors d’une verve qu’on ne lui connaît que peu ; la langue polie d’aménité comme de douceur, il concède alors : « On va trouver un truc pour te sortir de là. Une asso, ou j’sais pas quoi. Ca se fera pas en deux jours, c’est sûr. Mais on va y arriver. En attendant... » Le proxénète resserre l'étau de tendresse sur l’amie et la putain, bien sincère dans son étreinte. « T’es en sécurité ici. » Mensonge en bord de lippes. « Tu vas dormir là et on va en parler. Toute la nuit s’il le faut. Puis quand t’en auras assez, on se matera des films en s’envoyant des pizzas. On va juste éviter Pretty Woman. De toutes façons, c’est une relique ce film. » Légère boutade en bord de lèvres, comme il espère la faire sourire encore entre deux sanglots salins.

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Messaline Maraï



Lily Nova
Ethereal (ava)
Orphée, Virgil, Grisha, Céleste, Eleusis
276
755
Lumière d'août (Misha) RI3HmOT
29
La fille des draps aux billets verts, elle appartient à tout le monde, à personne
Prostituée pour payer son loyer. Et puis elle apprend les lois, double master d’avocate et de science politique.

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Message Sujet: Re: Lumière d'août (Misha)   Lumière d'août (Misha) Empty Dim 30 Aoû - 21:00

Lumière d'août
Messaline & Misha

  Les larmes se sont tues sous le contrôle difficile, maladroit, de la jeune femme, ses yeux comme deux puits de souffrance d’où jaillit la détresse de ne plus y croire ; l’âme humaine a l’espoir tissé de fils barbelés, elle fait office de douleur, il serait vain de déclamer de grands mots sur la magie de la persévérance, je suis en vie, c’est suffisant, mais Sisyphe veille et alourdit la philosophie, Messaline a le souffle de la mort sur ses lèvres, le souffle d’une vacuité, d’une répétition, chaque soir et parfois quelques après midis, ce qui la sauve, ses livres. Elle a plongé son esprit dans les phrases, les mots. Elle a dévalisé les bibliothèques, se sentant trop coupable lorsqu’elle dépensait pour posséder. Ni Misha ni Doris n’ont vu le pauvre appartement ascétique de l’étudiante, il n’y a rien qu’une pauvre armoire, qu’une pauvre table, qu’un pauvre lit, juste de quoi survivre, finalement. Mais à quoi sert tout cela lorsque le monde se découpe en rondelle d’inégalité, lorsque les riches s’enrichissent et les pauvres se dégarnissent, quand la violence augmente dans les cités et que le privilège baigne les corps des nantis ? A quoi ça sert de vouloir se dépêtrer ? Et la balance s’éclaircit. Etre pute c’est être femme après tout, puisque même les sexes se cloisonnent sous le regard stéréotypé de la majorité. Messaline ressent la chaleur des bras de Misha, l’odeur de sa peau, légère, acre, normalement elle se replierait, éviterait les contacts, les corps la répugnent, elle ne peut supporter le sien, Misha a la saveur de l’homme qui ne veut rien, ou de la tendresse.

Orphée partie, la langueur de la pièce apaise l’âme de la Messaline.  « L’association n’a aucun pouvoir. En fait on a beau repeindre les murs d’affiches outrancière avec des grandes typographies et des slogans, personne ne nous sauve de la misère de prostitution. » Le ton se détache de l’affection qu’elle pourrait ressentir, cette plaie au fond des entrailles, bien tenue à présent par l’habitude, le corps est un objet, le corps est un outil, sur lequel s’épanche les damnés, ils caressent pour une heure la peau qu’elle a toujours douce, des crèmes qu’elle y enduit , automatique, geste nécrosé, obligatoire pour les billets. Au début, elle ne savait pas bien, quinze ans c’est de la pédophilie.  « Une fois, c’était au tout début, un homme a voulu me proposer de venir avec lui, tu seras mieux dans la maison où je t’emmène. J’ai bien senti que je ne reverrai jamais la lumière du jour. J’avais quinze ans mais j’étais pas trop bête. Cette odeur de l’argent que les putes gagne et que les hommes veulent. » Elle crache alors, le venin du souvenir, dans la voix la résignation mêlée de colère contenue  « Mon corps ne m’appartient plus, c’est un détail. Le gros problème c’est le danger, de se sentir épiée, de se sentir traquée. A New York les gangs pullulent et les femmes comme moi sont considérées comme une marchandise convoitée. » Et elle assène, le nœud dans le ventre à la menace qui, toujours, la guette.  « Je ne tiens pas à donner un cents à des gueux qui, sous couvert de leur virilité absurde, enfermés tous autant qu’ils sont dans leur mythe du guerrier avec des armes et leur poing pour se défendre se pensent supérieurs et invincibles. » Elle hausse les épaules, dans un mouvement de dépit, partout où la diatribe a percuté les murs, le son de la parole a offert à l’atmosphère une couche de révolte. Messaline, inconsciente Messaline, a la force de l’insurrection, la résilience de vouloir changer la société par son militantisme ou de l’exploser par son nihilisme.

De son pas courroucé, elle se dirige vers la cuisine, prend une bouilloire l’arrose d’eau et s’assoit lorsqu’elle a récupéré deux tasse aux ornements fleuris. Elle sourit à la pensée de la fillette qui portait dans son poing toute la candeur et l’innocence ravissante de la jeunesse.  « Tu excuseras mon impolitesse de me servir comme ça mais le thé avec une cigarette à minuit c’est vraiment le plaisir de ma vie ! » Messaline est adossée sur le rebord du plan de travail, près de la fenêtre où elle égare son regard, dans l’abysse de son mal être tué par la vengeance colérique de ses mots. Elle allume la cancéreuse, aspire la nicotine en fermant les paupières.  

@Misha Orlov

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devant une porte fermée
je n'ai jamais écrit croyant le faire, je n'ai jamais aimé croyant aimer, je n'ai jamais rien fait qu'attendre devant une porte fermée. Marguerite Duras
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Message Sujet: Re: Lumière d'août (Misha)   Lumière d'août (Misha) Empty Mer 16 Sep - 9:54

lumière d'août
Messaline & Misha

« You can say anything you want cause I've heard it all before. All you can do is pray for a quick death, which you ain't gonna get. »
Devant ce calvaire barbouillé de sel et flétri de courroux, Misha ne se questionne ni ne se tourmente. La réalité crasse de Messaline ne pardonne guère le mépris ; elle assène, tempête, siffle ses déboires et ses injustices, sans épargner le marchand de catins qu’elle ignore et dont il ne fait pas grand état. Misha a l’âme suffisamment polie de cette dislocation de l’esprit et de ce qu’il opère jusque dans les synapses de son cerveau. La femme putain pour le travail, la femme convenable pour le reste. Les aveux de l’amie ne lui chatouillent pas même le myocarde, ni ne l’ébranlent, ni le secouent. A travers la sècheresse de ses lippes, c’est bien lui, pourtant, qu’elle traîne à l'échafaud de ses suppliques. Mais puisque la société actuelle ne transpire aucune substances saines, puisque les libertés sont dérisoires et frelatées, et puisque l’argent soumet à ses vices la grande plèbe et ses vassaux, pourquoi donc détourner le regard. “Une fois, c’était au tout début, un homme a voulu me proposer de venir avec lui, tu seras mieux dans la maison où je t’emmène” La figure de Grisha se dessine en filigrane et sous les confessions, de ces ombres perverses déployées sous le lit des gamins ; le monstre des innocents, c’est bien lui. Il faut avoir vécu dans la promiscuité des cafards pour apprécier la propreté d’un lit et la crasse de l’argent. Les remords, les regrets, la contrition, la repentance… Aucune de ces joliesses ne se bousculent en lui, lorsqu’il écoute en silence. Le faciès étrangement apaisé, de ces lumières qui se vêtent d’une belle insouciance. Sa sale tranquillité couve la vulgaire réalité des faits ;  son amie est une putain, et le regard de l’homme a changé. Il a posé ses yeux sur les courbes qui se sont levées, en a épousseté les rondeurs de sa pupille vorace ; alors, femme putain ou femme convenable ? Messaline se love tout contre la frontière ténue, et cela le perturbe. Fronce les sourcils d’exaspération comme il soupire ; Misha, pour une rare fois, peine à cloisonner les bastions.

« Tu excuseras mon impolitesse de me servir comme ça mais le thé avec une cigarette à minuit c’est vraiment le plaisir de ma vie ! » Le charognard se fait pantomime, glisse à ses lèvres la nicotine sans se lever du canapé. La posture de l’imperturbable, jambes croisées et accoudoir investi d’un bras qui s’allonge et se rétracte à mesure que la cigarette percute le galbe de ses lèvres. Le mutisme a couvé le salon, d’une déférence comme un dais au-dessus des crânes. Ce que Messaline a asséné, ses horreurs et ses souillures, Misha les a entendues. Bien comme il faut,avec le coeur de l’empathique. Un peu. « J’veux bien croire que tu sois r’montée, Sissy. Franchement, c’est sale c’que tu me racontes. » Le mensonge en bord de lippes. Rien n’est plus propre que la soumission des corps à la déité de la thune. « Mais t’as pas l’air de vouloir t’en sortir. J’te propose une solution, la gamine aussi... » De ces agréments qui se perdent sur Orphée puis glissent ailleurs, « ...et y a rien qui t’va. C’est que quelque part, ça t’convient.  » Misha n'a pas raffiné les propos. Il les a taillés sèchement, dans le tronc des oppressions puis a craché son intolérance entre deux levées d’épaules.
(c) DΛNDELION ; @messaline maraï
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Message Sujet: Re: Lumière d'août (Misha)   Lumière d'août (Misha) Empty Mar 22 Sep - 21:43

Lumière d'août
Messaline & Misha

    Des tempêtes dans sa tête, dans ses pensées, des réflexions tourmentées, tournées vers cette question, incessante, inlassable, nécrosée, mais à quoi ça sert, la vie, les jours qui passent qui se répètent qui s’enchaînent qui se fabriquent dans le fer de la domination et elle recommence, en redemande, Messaline, des tempêtes chaque nuit, quand les clients ordonnent de s’allonger sur le sol, de prendre des positions vues dans les films pornographiques. Je suis fatiguée. Le corps l’exprime quand elle tire sur le cylindre cancéreux, avale la fumée de la nicotine, recrache le voile de la mort, dans sa gorge l’étau serré de la dérision, de la soumission. Car elle ne connaît que ça. Une psy dans une association, elle en a déjà vu. Elle avait parlé de cet ourobouros infernal, un cercle qui poursuivait le néant, la destruction, je suis masochiste je pense, elle avait dit cela dans un mouvement d’épaule dessinant la résignation, mais parfois j’ai cette énergie qui me permet d’écrire des discours féministes, ça sert à rien c’est vrai mais j’écris quand même, pour me purger, comme Antigone. Si je meurs, ce n’est pas bien grave. Elle voit le bras se tendre et se détendre. Elle entend les mots, durs, implacables. La franchise de l’ami dans l’incompréhension d’une décision. La psychologue lui avait répondu qu’une victime de violences, une femme abusée retournait vers ce schéma de la violence, car elle ne connaissait que cela, la violence. Messaline avait longuement médité. Et elle avait oublié. Pour se protéger. La frontière entre suicide et persévérance s’éclate dans la porosité de son essoufflement : elle ne peut plus vivre. Elle ne veut plus vivre ?

 « Tu as raison. » Elle se tait alors, cette phrase suffira. Misha, tu ne sais pas les terreurs et la jouissance, celle que je prends malgré moi, parce que le désir, dans mon corps prend les formes les plus abjects, on m’a enseigné la soumission par le viol, on m’a volé mon corps, je n’en ai plus, ce n’est pas grave, je me punis, ce n’est pas grave. Messaline boit cul sec sa tasse de thé, baille et se lève. Dans ses pupilles, l’éreintement.  « Ce que j’aimerai c’est pouvoir au moins apprécier les bras d’un homme qui ne demande rien. » Elle chuchote ce rêve, un détail pour certain, un absolu pour elle, les bras dans lesquels se reposer et laisser les dérives et la mort à côté. Elle n’y croit plus et n’a jamais cru. Messaline enfile son manteau, son écharpe, les sourcils se froncent mais elle foncera dans la vespérale obscure, les pas sur le macadam, pas de talon aiguille ni de mini jupe, pas de maquillage, juste elle sur le trottoir, un corps sec, svelte, musclé par les coups du ring et les courbes féminines, la voix qui murmure, timide, presque apeurée, effarouchée. Elle lui dit qu’elle part, qu’elle ne peut pas rester là, qu’elle a besoin de solitude pour pouvoir penser. Pour pouvoir pleurer. Dans son sac elle prépare les billets pour le taxi. Ferme la porte et disparaît le corps malade.

@Misha Orlov

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