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| à la terre comme au ciel. | |
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| Sujet: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 5:14 |
| save the queens ---- / CALIANE CARUSO
55 ans ---- / ACE OF DIAMONDS ---- / Monica Bellucci
identité complète - Misérable entité, d’or et de pourpre la voilà revêtue de sa chair pure, puissance féminine ayant fait sa fortune par ses mains souillées du sang virginale de trop de jeunes pieux ayant cru en ses belles prières. Vulgarité de la nouvelle richesse, enfant de la fange, Caliane est l’affreuse au visage désirable, Hades faite femme régnant sur les Enfers d’un monde de stupre, abandonnant sans sourciller les corps des accablés aux mains des affreux et affreuses voulant s’abreuver au cou de jeunes puceaux. Elle n’est rien d’autre que le résultat d’une éducation inexistante, Caruso rimant avec la patrie italienne méprisée, n’ayant côtoyée que la misère, n’ayant vu que le sexe pour pouvoir, étrangère ayant payée cher son passage en Amérique par quelques coups de butoirs qui ont marqués son corps. Caliane n’est peut-être pas grand chose de plus qu’une humaine rongeant ses plaies en blessant l’autre, souffrant de n’avoir été aimé, voulant donner à ces enfants du Seigneur qu’elle prêche malgré tout ce qui ne lui fut jamais offert. Reine des songes cauchemardesques, on n’ose lever les yeux vers l’ombre de cette tendre pieuse ayant pourtant péché trop de fois. lieu de naissance et origines - Mère pieuse, père intransigeant aux mains calleuses de travailleur, elle est née dans les bas fonds de Rome, distillant sa carcasse dans les ruelles, arpentant les ruines de ce qui fut et n’est plus, voyant son père s’adonner au mal entre les cuisses des putains quand la mère n’était pas là ou la chassant lorsqu’elle osait entrer. Témoin des immondices que son père pris, elle vit sa mère, romaine mais par-dessus tout romanesque, se déliter face à l’échec d’épousailles qui n’étaient là que pour faire office de joli tableau aux yeux des autres. Elle se souvient du goût de l’eau calcaire, des repas qui manquaient, des fins de mois tragiques où elle mendiait à la porte de certains voisins pour des bouts de mie et ne recevait parfois que les crachats véritables qui souillaient sa face de ceux qui refusaient de voir le visage de l'unique fille Caruso souffrant de n'avoir ni frère ni sœur bien qu'elle put en pleurer un qui ne vit jamais le jour, enfant à la moue salie de poussière, aux cheveux effilochés, belle et qui en paya rapidement le prix. L’adolescence la fit fuir loin de cette Italie que l’on vante belle et mordorée mais où la pauvreté ne l’épargna jamais. Elle paya son passage des frontières en ouvrant les cuisses à ceux qui l’entraînèrent dans le monde des sépulcres. Hommes sous terre désormais, tués de sa main, l’esprit craquelé par la purulence de la peur de revenir à cette pauvreté qui rongeait tant son ventre qu’elle emplit bien vite de trois enfants. études ou métier - La fausse femme de Dieu, propriétaire d'une grande bâtisse reconstruite, accueille les orphelins, les enfants perdus, les âmes damnées, ceux qu'on ne cherche plus et dont on ne veut plus rien. Laissant croire à autrui qu'elle est simple directrice des lieux, elle attend que la nuit l'habille pour se faire maquerelle, faisant de ses enfants, les siens et seulement les siens, des objets de désirs, des objets souillés, des corps où l'on s'abîme et que l'on abîme pour mieux les reconstruire. Et le jour se lève et la chasteté revient et puis ... la nuit, plus belle que le jour, se montre de nouveau et tout repart dans sa valse vicieuse. orientation sexuelle - Souvent couverte du sang pâteux, elle est l’immortelle glissant dans les draps de ceux qui ont loin d’avoir son âge, dévorant la jeunesse qui n’a jamais été en elle, laissant glisser le chemin de sa bouche de souillée sur l'opalescence de quelques corps, violeuse d’adolescents qui parfois se refusent à elle mais dont elle ne veut pas entendre les « non », elle s’approprie leurs êtres qu'elle égratigne de sa marque d'encre, prend des amants à qui elle offre bien des choses pour les fidéliser à sa main bien généreuse, qu’ils viennent lécher sa paume bienveillante, priant pour eux et promettant que la baise qui n’est pas de l’amour, les purgent de la malice qui pourra bien les attaquer un jour. Qu’à jamais, sous son toit, ces orphelins, qu’ils soient garçons ou filles, pourront ne se verront jamais maudits par le courroux du Diable. Entre ses bras ils sont en sécurité. Mais c’est à ses enfants, ses perles précieuses qu’elle garde au creux d’une étreinte étouffante qu’elle donnera tout, les enfermant dans la cage d’ombres de son amour malsain. Combien de nuits passées aux côtés de sa fille qu’elle ne pouvait se résoudre à laisser partir ? Combien de nuits effilées près d’un fils qui n’aurait jamais dû se croire capable de séduire autrui ? Ils ont bien leur mère et ne devrait jamais avoir à réclamer davantage. Mère de tous les enfants perdus, c’est aussi à sa propre chair qu’elle donne bien trop, bien plus que le sein de la madone pure qu’elle prétend encore être. statut civil - Le voile de la veuve recouvre parfois son visage dans les églises visitées, pleurant face aux prêtres qu’elle a charmée de ses chants sirupeux un homme qui n’est point mort mais qui pour elle, aussi aimé a-t-il pu être par celle qui ne s’en sent plus capable, n'est plus qu'un cadavre qu’aucun ruisseau ne devra faire remonter à la surface, que la vermine de sa haine ronge. Un jour mariée, idiote amoureuse, elle s’est laissée prendre par l’amant qui devint époux et lui aura longtemps offert la faiblesse de son corps, de son cœur bavard, de ses lèvres qui peinaient à dire « Je t’aime » engoncée dans un déni malgré l’or à son doigt. Et le fil de l’amour s’est doucement déchiré. Ne reste de leurs étreintes, de leurs souvenirs communs, de leur passé amer et morose, des souvenirs au goût de cendres. Femme seule, la voilà acoquinée à l’indépendance, au célibat illusoire et à l’effervescence nymphomaniaque, ne pouvant se passer de la luxure bien longtemps mais se lassant bien vite de ceux qui peuvent trouver le trésor d’un corps souvent caché par de modestes parures. Car elle refuse. Elle refuse encore de signer de son nom ce qui déclarera leur perte. pi, scénario ou prélien - pi.
save the queens ---- / TELL ME WHO YOU ARE
once upon a spirit ---- / a soul ---- / a shining star traits de caractère / Dans les prunelles courent les vents effrayants de l’indifférence, souvent impassible, même le sourire sonne faux pour ceux qui peuvent la connaître bien qu’ils soient rares. Autrui ne peut voir que l’art de la manipulation parfaite, insidieuse, celle de se faire passer pour l’innocente parfaite, femme de Dieu n’ayant donné son amour qu’au Très-Haut, le priant à genoux chaque soir quand elle n’ouvre pas seulement les lèvres pour avaler l’air qu’on veut lui donner dans ses prières de harpie à l’esprit morcelé, sa langue faisant plutôt chanter les angelots qu'elle prend pour victime. Il y a longtemps que Caliane a les plombs pétés, vieille âme fatiguée de la vie, gourmande pourtant de l’argent qu’elle parvient à récolter par ses fausses messes, par les rites religieux et vertueux qui dissimulent sous le linceul noir l’odieuse vérité. Voilà des années qu’elle corrompt ceux qui passent face à son trône, qu’elle ne cille plus devant les dépouilles qui sont mortes de sa main ou des cerbères l’entourant, elle dénote sans réellement le faire; sachant se laisser porter par la masse lorsqu’il le faut, dominant par son charisme lorsque les occasions le lui imposent, jouissant de régner mais au fond la peur la guide, la terreur de retrouver la boue, la terreur de la solitude, elle, qui rêvait tant d’être mère mais n’en a jamais assez. Avarice, gourmandise et luxure se mêlent à son âme intoxiquée aux pilules paradisiaques qu’elle ingurgite depuis le diagnostic d’une dépression sévère qu’elle omet, qu’elle cache pour ne pas avoir à faire face à la vérité. « Je n’ai jamais été aussi heureuse. » pourra-t-elle vous confier, le sourire d’une femme chaste et douce peint sur son visage de religieuse ne montrant pas la rondeur d’un sein, pas le rosé d’un mamelon, pas la moindre peau de trop quand elle sait que l’impatience la ronge, que la nuit tombe et que la voilà prise dans l’éducation forcenée de ses agneaux et agnelles recueillies, troupeaux lui appartenant et qu’elle refusera de donner à quiconque. Persuadée, dans sa folie, d’être mère du monde, d’enfanter chaque enfant qu’elle rebaptise, se fichant bien qu’ils aient pu avoir un nom jusqu’alors lorsqu’elle le prend au berceau ou quand ils marchent à peine, elle les voit grandir, les élève, les aiment aussi mal qu’elle peut aimer ses propres enfants qui ont connus la chaleur de ses entrailles. Elle est une erreur qui ne se voit pas, obsédée par la perfection, ne supportant aucun pli, aucune faille, ne montrant jamais qu’au fond des crevasses de ses yeux se cachent l’humanité désuète d’une enfant meurtrie ayant perdue ses parents trop tôt et dont elle sait seulement qu’ils vivent encore dans leur misère, à qui elle peut envoyer des cartons de billets transformés en euros mais à qui elle n’écrira plus aucun mot, refusant d’avouer qu’elle est devenue ce que sa mère honnie, ce que son père fut et ne put que lui montrer. Baiser le monde pour régner. |
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| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 5:14 |
| save the queens ---- / TELL ME MORE
once upon a story ---- / a soul ---- / a life to share Les pieds de l’enfant martèlent un sol de dalles crasseuses, poussières et sables s’emmêlent sous les pas de la sale gamine que l’on voit souvent errer dans les rues bien trop souvent, ses cheveux mal tressés, ses yeux cernés alors par les nuits perturbés par les batailles qui se tordent entre ses parents, par les cris de la mère, par les hurlements du père, ses insultes répétées que ses lèvres d’enfant murmure sans comprendre. Quand son père, ivre, indélicat et à l’esprit vide se délaisse aux confidences lorsque la mère n’est pas là, elle n’entend que le mot « Salope. » répétée en boucle, s’exécutant lorsque son père à la peau rougie, aux bajoues dégueulassées par l’alcoolisme lui ordonne d’un verre tapant plusieurs fois le bois de la table, lui ordonne de le resservir. Elle connait par cœur l’odeur du vin, du rhum, de la vodka, en a goûté quelques gouttes lorsqu’il la forçait, pour ne pas que la main s’élève si elle s’aventurait à dire « Non. » Elle souriait, tendrement, à son père pour lui prouver sa bonne foi. Et Caliane, qui n’a que 10 ans, se précipite dans les rues, les bouteilles données par l’ami du géniteur cliquetant dans son sac de plastique, évitant les regards qui s’évadent par les fenêtres sous un soleil prêt à se cacher sous les nuages qui viendront bientôt faire tomber la pluie. Il n’aimera pas. Il n’aimera pas qu’elle rentre boueuse et encrassée mais ses dernières chaussures ont rendues l’âme, les lanières, malgré les quelques coups d’aiguilles de sa mère, n’ayant pas su arrangés les dégâts. Peut-être était-ce car elle pleurait bien trop pour y voir clair. Et Caliane ne comprend qu’à peine la douleur de sa mère, la voit mais ne la comprend pas, la contemple mais ne saurait que déposer une main sur le genou, murmurant un « Maman … » qui est vite repoussé car la mère s’échappe, reniflant pour lui ordonner de sortir, de ne rien dire surtout, car le père déteste les sanglots. Il en hait le bruit et la vue. En cette minuscule demeure, la musique de la tristesse ne doit jamais résonner en présence du maître. Alors Caliane n’a plus pleuré, s’est refusé à laisser couler les larmes dès qu’elle se trouve sous le toit laissant parfois filtrer l’eau qu’ils récoltent dans quelques seaux. Ils sont miséreux et la voilà qui gratte son crâne, n’ayant pas connu de bain depuis longtemps, si ce n’est les ablutions faites à l’eau froide, rarement tiède, dès le matin venu. Plus tôt, une femme est venue. Une autre encore mais celle-ci, elle en connait le visage. Elle ne lui pas sourit, n’a vu que son père où sa croupe s’est laissée tomber, riant comme une enfant dévoilant ses dents jaunies par la clope et l’alcool qu’ils partagent, son corps famélique, jeune adolescente à la poitrine plus tendre mais timide que celle de sa mère, la paluche de son père en pinçant déjà un globe ou trouvant sa place entre les cuisses de la jeune dame qui n’a pas l’air d’être une grande dame de la haute malgré ses beaux habits. Elle ne sait pas son nom mais lorsqu’elle a osé sortir du cocon de sa chambre où les murs sont de glaces, elle s’est vu chasser de la demeure par le patriarche, ordonnant d’aller trouver de quoi festoyer auprès de sa princesse qui n’est plus sa mère. L’enfant n’aurait pas pu demander où était sa mère, il ne faut jamais rien demander concernant sa mère lorsqu’elle n’est pas là, ne jamais rien dire lorsqu’elle rentre tard, courbaturée par le dur labeur, les mains calleuses, les cloques saignantes. Et Caliane ne demande rien, ne pourrait oser défier les adultes. Alors comme elle était, vêtue de ses haillons qui, un jour, furent blancs, elle est partie toquer à la porte celui qui fournit son père, aucune boutique n’accepterait de vendre de l’alcool à une sale gosse et certainement pas à l’enfant Caruso que le monde déteste, que l’on méprise, que l’on évite, les mères rapprochant leurs filles et leurs fils de leurs flancs pour qu’ils ne l’approchent pas. Ses yeux s’abaissent toujours à présent, pour ne pas maudire quiconque, pour ne pas se voir davantage blessée par la disgrâce qui est tombée sur sa famille. Depuis que sa mère a vu son ventre pleuré du sang, depuis qu’elle a hurlé sa douleur en pleine nuit, sous la souffrance qui lui tannait les entrailles, plus personne n’ose l’approcher. Est-ce sa faute si le fils n’est jamais né ? Est-ce à cause d’elle que Maman ne pu mettre au monde son second enfant ? Ses pas manquent de ralentir alors que la lèvre inférieur se met à trembler sous le coup d’une émotion tragique, dégoulinant d’une envie de s’effondrer, ici même, sur les pavés des bas-fonds de Rome, pleurant pour la misère qu’elle avale sans pouvoir rien dire. Elle déteste l’odeur de l’alcool, elle déteste l’odeur des cigarettes que s’enfilent ses parents, elle déteste les cris, elle déteste la bâtisse qu’elle voit déjà alors qu’elle s’approche, reniflant, le corps secoué de ses sanglots, son corps maigrelet en supportant les secousses tout en sentant le vide qui creuse son ventre. La faim la tenaille mais elle ne mangera que quand sa mère reviendra de son travail. Face à la porte, elle s’essuie les pieds sur le paillasson qui l’écharpe, se rend compte du sel qui tache ses joues, frottant avec une vivacité aliénée son visage pour qu’il ne demeure rien de sa tristesse. Il ne faut pas qu’il voit. Il ne faut pas qu’il ose encore lever la main sur elle. Elle n’a connu le fracas du poing de son père qu’une seule fois et sa pommette ne s’en remet qu’à peine. Patiente, elle inspire avant de pousser la porte. D’abord le silence. Son père n’est plus à la même place et la femme a disparue. Ses lèvres voudraient esquisser un sourire, soulagée de savoir que le jeune ange est parti, la laissant en paix avec son père. La porte claque et c’est comme si l’on brisait une surface de verre qui l’empêchait d’entendre. « Papa ? » L’italien sonne comme une évidence dans les murs moisis, levant ses yeux clairs çà et là sans savoir où les poser. Et le premier frémissement d’une plainte lui parvient. Elle se fige, en plein dans le couloir menant à la chambre conjugale où il ne faut jamais pénétrer. Malheureuse enfant connaissant trop bien ses complaintes qui semblent à des cris de douleurs qui s’enlisent, s’allongent, les geignements de gorge de son père. Ses doigts aux ongles sales se resserrent sur le sac plastique alors qu’elle avance dans la pénombre du couloir qui semble s’allonger, devenir infini, son cœur battant comme un oiseau cherchant à s’échapper de la cage dans laquelle on l’a malheureusement enfermé, souffrant, se débattant, la bile remontant sa gorge alors qu’elle perçoit les gémissements dont elle a déjà entendu le timbre, le rythme de cette chanson étrange qui résonne dans le silence, les froissements du sac plastique empli de bouteilles ne suffisant pas à en couvrir l’outrage. « Maman ? » Elle espère. Oh, elle espère que ce n’est que sa mère avec laquelle il se débat souvent, elle espère que l’ange est partie, s’avançant peu à peu, son visage ne se voyant presque plus dans les ombres au fur et à mesure de son avancée, ses pieds nus mordant le bois du plancher, se grattant encore les cheveux, la gorge serrée avant d’oser tendre la main vers la poignée, les complaintes d’un plaisir étrange bien plus distinctes. Il en est toujours ainsi. Elle rentre, elle dort et elle se voit sortie du sommeil ou de sa tranquillité bien morne par les cris des pies que son père recueille. Il leur fait peut-être mal mais elles ne pleurent jamais vraiment. Abaissant la poignée, elle entrouvre franchement la porte, tombant sur un malheureux tableau qui la laisse toujours transie de froid, de dégoût, le maigre repas ingurgité la veille manquant de totalement remonter de son estomac qui s’emmêle face à la vision des deux corps dénudés qui s’enlacent. La dame, comme beaucoup d’autres, sursaute sur les cuisses de son père, aussi sûrement qu’il le faisait parfois avec elle, le pantalon remonté, le rire encore présent. Ainsi, elle voit le visage en sueur de son géniteur, ses yeux vitreux remontés vers l’ange qui n’a pas quitté le nid et qui n’est pas sa mère. Elle voit la chute de ses reins, elle voit le reste de sa nudité, restant plantée ainsi face au spectacle de deux bêtes faisant semblant de s’aimer. Et la main du père claque contre la croupe et sort l’enfant de sa transe si elle fait vriller de désir son amante « Papa ? J’ai été cherché tes … » La morne voix de la gosse se voit coupée, éteinte, par le regard noir qui lui tombe dessus comme une balle de plomb traverserait son crâne, la jeune vierge se détournant, une œillade par-dessus l’épaule, ses longs cheveux noirs semblant à ceux de sa mère. En plus laids. Elles sont toutes plus laides que sa mère. « SORS ! Putain ...» L’ordre tonne comme un éclat zébrant le ciel quand la pluie commence à tomber au-dehors et elle sursaute, son regard s’étant fait piéger par celui de la putain qui ose lui sourire, continuant d’agiter ses hanches sur les cuisses de son père, riant, murmurant quelque chose qu’elle n’entend pas. Prise au piège de la sidération, elle abaisse la tête, quelques mèches hirsutes glissant sur ses joues roses, sa petite main prête à refermer la porte « Dépose l’alcool, Caliane et dégage d’là ! » Jeune fille bien obéissante, elle sent malgré tout ses yeux brûler, n’osant plus les remonter vers la fille qui se remet à gémir et gémir encore et c’est dans ses longs chants qu’elle traverse son brouillard, déposant son cadeau empoisonné sur le seuil avant de refermer la porte, retombant dans la pénombre sans un mot de plus. Lentement, le souffle court, elle se détourne faisant face à cette maison où elle hait vivre, où elle s’enracine et les sanglots détruisent le calme sur son visage, pressant ses deux paumes salies sur sa bouche pour que le père n’entende rien avant de courir, aussi vite que le lui permet sa jambe ayant souffert d’un coup, jusqu’à la salle d’eau, pour enfin dégueuler ce qui lui remonter dans l’estomac, recrachant sa terreur et ce qui fige ses muscles, recrachant ce qu’elle peut, aussi discrètement que possible. Les grognements des deux bêtes accompagnant sa peine et sa détresse, sans que cela ne cesse, sans que cela ne cesse jamais jusqu’à ce que l’acmé les cueille et que l’enfant s’effondre, à genoux, près de la cuvette encrassée. « Madame ? » Les prunelles dans le vide, elle élève enfin la tête, arrachée à la barbarie qui tonne dans sa psyché brisée. Cerbère fidèle à sa reine, il la fixe, sans oser totalement montrer le trouble qui l’habite, n’osant demander ce qui l’a poussé à ne pas répondre les deux premières fois. Elle fixe son visage de trentenaire, l’ayant connu alors même qu’il n’était âgée que de 18 ans, gosse de la rue recueillie par ses bras de fer, élevé au rang de chien de garde pour qu’il ne puisse lui échapper. Jamais. Jamais elle n’a osé le toucher et jamais elle ne pourrait le faire. Derrière le bureau en bois de rose, elle reprend pied avec ce réel bienfaisant, loin des carcasses de son passé, cillant plusieurs fois, le visage pâle, les lèvres pourpres, habillée comme ces femmes pieuses dont on ne verra jamais la courbure d’un sein, ni celle de son cou marqué par le passage du mari qu’elle ne se décide pas à quitter. Perdue dans la vacuité que ses souvenirs infantiles laissent toujours derrière eux, elle hausse un simple sourcil, rose rouge aux pétales bien doux, de velours et d’acier. « Elle est là. » Un battement de paupières signe enfin son intérêt piqué, se redressant imperceptiblement sur son fauteuil qui ne gémit pas, son pied chaussé d’un bel escarpin à la semelle beige, le rouge ne pouvant le peigner pour parfaire le rôle de la vieille sainte qu’elle est, modeste et n’en faisant jamais trop, vêtue de sa robe noire et bien sage, elle esquisse alors un sourire, pensant à l’enfant, une énième, recueillie par ses pairs, envoyant parfois chasser les gosses qui habitent les étages de la bâtisse bien préservé par les jardins qui les entourent, la grande croix ornant son toit ne pouvant laisser croire qu’en dessous, comme en Enfer, les corps d’adolescents parfois encore nus des connaissances de la vie, se dévêtissent pour quelques clients aux reins enflammés, pour des femmes qui n’oseraient dire qu’elles font appellent aux services de jeunes gosses paumés qui ont besoin d’argent pour s’émanciper. En réalité, elle en fait souvent des chiens, comme celui qui l’observe attentivement, bien implanté dans son costard noir, les relâche sans lâcher sa surveillance, allongeant seulement les chaînes, s’assurant qu’ils se tairont et d’autres, plus rares, ne connaissent qu’une fin bien tragique car qui les pleurera puisqu’aucun parents n’est là pour venir les chercher ? « Fais la entrer. » Il s’entend, ce relent romanesque, les r roulant sur sa langue de madone, ne perdant rien de cette esquisse satisfaite, voyant enfin la porte s’ouvrir. Et ainsi, aujourd’hui, en ce jour au ciel gris, où le soleil ne se décide pas à se montrer, elle voit apparaître la rousseur de l’enfant que ses bras accueilleront. S’élevant sur ses jambes souffrant des talons portés, elle voit les yeux de l’orpheline s’agrandir quand le grand monstre féminine s’élève de derrière son bureau, observant sa robe dont on elle a revêtue, observant ses cheveux bien coiffés, sa mise parfaite, son sourire s’accentuant car la voilà fin prête pour être éduquée. « Mon ange, bienvenue chez toi. » En Enfer et dans mon Paradis. Dans l'Eden plein de ronces. A la terre comme au ciel, Je te promets de faire de toi, Le plus beau de tous les fruits, Une pomme que chaque homme Ou femme voudra bien croquer.
Tu auras peut-être mal comme j’ai parfois eu mal moi-même Mais la douleur passe et ici, il n’y a que l’amour que l’on prône, Que l’on prie et que l’on supplie, Que je t’offrirai, je te le promets. Deux doigts viennent masser la tempe douloureuse, ses grandes lunettes aux verres noires couvrant son faciès abîmé par la cuite prise la veille, s’enivrant auprès d’un énième amant dont le nom était bien beau à gémir mais dont elle a oublié la saveur. Ne demeure que le sel de sa peau, le souvenir de ses plaintes de jeune éphèbe sous sa langue serpentant sur les moindres replis des désirs qui envahissent les hanches, si facilement à cet âge. Elle entend bien Ava geindre, elle l’entend, elle l’entend gémir sa détresse et regrette déjà bien amèrement de l’avoir laissé vogué hors des grands murs de leur maison. Ava n’est pas faite pour le monde, Ava est comme les plus beaux bijoux, précieuse et intouchable, à mettre sous verre s’il le faut, à qui la liberté n’offre que les abîmes de la souffrance. Elle en voit les traits sur son faciès d’enfant pourtant prête à tout conquérir et quelque chose au fond de son cœur de mère, malgré la pierre qui pourrait parfois l’embourber, la rend fière d’avoir tenu en son ventre et contre son sein une enfant aussi belle qu’aliénée par l’ambition. Elle lui cache, comme toujours, la peur qui lui est venue à l’annonce de cette énième overdose. Un jour, une ligne blanche l’emportera. Un jour, elle n’aura plus qu’une tombe sur laquelle pleurer sa tendre enfant, sa propre chair, celle qu’elle rechigne à laisser même quitter la voiture pour l’entrainer au loin, entre ces murs où elle devra se sevrer, une énième fois, de cette poudre qu’elle n’a jamais inspiré. Il n’y a que les grands millésimes que son palais apprécie, le vin, toujours le vin, qu’il soit carmin, qu’il soit blanc ou rosé, elle s’en gorge autant que possible sans rien en dire à ses enfants qui n’ont pas besoin de savoir que leur mère est l’image même d’un père qui, à maintes reprises, lui appris à boire, à s’enivrer de tant de manière qu’il est parfois compliqué de s’en relever. « tu me donnes tes prada alors. » « Je ne te donnerai rien. » Le givre prône l’indifférence quand elle craint par-dessus tout pour la vie de sa fille vers qui elle aimerait tant tendre ses bras, l’enlacer, la garder, joue contre son cœur, pour que le monde ne l’atteigne plus, que ses enfants ne découvrent jamais que ses mains gantés de dentelles ont touchés des corps d’enfants de leur âge, qu’elle jouit des coups de reins de sales gosses qui découvrent à peine les mets des plaisirs de la luxure, que leur père n’est plus survenu depuis longtemps et que c’est dans les amants qu’elle côtoie, que parfois, elle le recherche. Elle n’avouera jamais qu’elle a pu pleurer la distance mise entre eux, elle n’avouera jamais qu’elle a sincèrement souffert, à s’en rendre malade, lorsqu’Ava prit l’avion pour déguerpir vers l’Europe et vivre sa propre vie, malgré le joug des cerbères qu’elle envoya là-bas pour la protéger. Tant de points rouges les mirent, prêts à tirer leurs balles sur elles, sur eux, pour la faire souffrir, elle. Ses enfants sont les organes qui lui permettent encore d’avancer, la fondant davantage dans sa persuasion de ne faire que le bien et d’offrir l’amour et la tendresse. Elle ne salit rien, elle éduque. Elle ne détruit rien, elle élève. Elle veut voir Ava devenir reine mais ne jamais quitter son nid, elle veut voir son fils rejoindre ses rangs, elle veut retrouver la progéniture, qu’un jour, elle délaissa, un fruit non-pourri qu’elle ne pouvait se décider à garder et que ses yeux pleurent toujours sans qu’aucune larme ne vienne jamais. Car même entre ses murs, à l’image de l’enfance dégradée vécue, elle se refuse les sanglots. « Je te donnerai les Louboutins que de la dernière saison. Les Prada sont bien trop grandes pour toi. » Croisant les jambes, elle fait un signe discret au chauffeur pour qu’il accélère avant d’oser déposer sa main sur celle de sa fille, enlacer ses doigts aux siens, sans même la regarder, esquissant un sourire « Tu seras bien plus tard. Tu iras mieux, Ava. Je te le promets. » Mais Caliane le sait. Toutes ses promesses sont faites pour être brisées, sa vie soi-disant donnée à Dieu n’étant elle-même qu’une éternelle promesse brisée par ses péchés. Et pourtant, elle resserre sa poigne sur la main de sa première née, n’osant murmurer sa peur, n’osant lui transmettre qu’elle craint, chaque jour, qu’on ne l’appelle pour lui offrir l’annonce morbide de la mort de son cœur. Et alors, elle sait. Elle sait que si Ava se voit reprise par le Seigneur, Père de tous les Hommes, elle ne pourra que la rejoindre, liées autant que les damnées d’une histoire grotesque par les liens du sang. Mère et fille ne pouvant se quitter, jamais réellement, condamnés à souffrir à l’unisson, à rire du monde, à se moquer des lois, à périr, un jour, sans que personne ne le voit. save the queens ---- / BEHIND THE MASK
asteroïde. ---- / 00 ans ---- / rpgiste
ville - France. études ou métier - toujours pareil et je suis toujours en galère haha avis général sur le forum - mon avis ? merci Ana de tenir encore cette merveille depuis bientôt trois ans. et merci à cette magnifique communauté qui me fait rester par ici. le détail qui t'a fait craquer - la faute à Ava hein (non c'est plutôt le contraire là ) mais tout le potentiel de liens et vous, tout simplement fréquence de connexion - tout le temps, les joies du pseudo-confinement, des études par zoom et du chômage. crédits des icons - ethereal qui nous fait toujours des beautés. le mot de la fin - amour sur vous, en espérant que cette immonde femme vous plaira - Code:
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[b]monica bellucci[/b] / [i]caliane caruso[/i] |
| | | Invité;
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| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 8:36 |
| well on a carrément le versant féminin de papounet, ça va être magique (lol nope) au grand plaisir de croiser ta belle dame et ta mirifique plume à nouveau |
| | | Invité;
Invité - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 9:10 |
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| | | Lù Paxton;
-- le petit prince -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
dickinson. waldosia (ava), sial/vocivus (sign) 176 966 29 bête de foire des désillusionnés, chiard paumé qu'on sait pas aimer. prince de la voltige, dompteur de lion, l'art de faire vivoter l'étincelle sous le chapiteau. SONNY ; OKSANA ; AVA
| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 9:17 |
| ma précieuse
- Spoiler:
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| | | Sahar Batista;
-- just pull the trigger -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
elizabeth. olympia, ethereal. 3468 996 27 capricieuse gamine à l'appétit versatile. rêves de danseuse inatteignables, errante barmaid au velvet, et cam-girl pour fuir les fins de mois difficiles. queens traditionnel.
☆ ☆ ☆ sonny - anyone ? - anyone ?
| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 9:46 |
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| | | Terrence Figueroa;
-- défaite de famille -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
nick hargrove. all souls. 4339 1296 29 le coeur volage à l'image de ta vie. tu glandes quand tu n'te la joues pas, tour à tour, serveur, ou vendeur dans une station essence. jusqu'à t'implanter dans les écrans de la télé-réalité. oksana - shaye (3) - toi ? - toi ? - toi ?
| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 10:15 |
| re-bienvenue à toi sur stq. |
| | | Invité;
Invité - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 11:19 |
| rebienvenue |
| | | Invité;
Invité - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 19:09 |
| qu'elle est belle caliane. je ne me lasserais jamais de lire les mots que tu écris tant ils sont si bien rédigés. et tes personnages sont toujours si bien imagés que j'ai l'impression de les avoir sous mes yeux en te lisant. vivement l'histoire! rebienvenue chez toi |
| | | Invité;
Invité - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. Lun 15 Fév - 19:10 |
| j'aurais pu citer chaque passage, chaque mouvement de cette personnalité complètement et parfaitement sombre. les ombres sur un visage plein de fausse piété, je l'adore, elle est fascinante. elle est l'ogresse qui dévore ses enfants aussi, et ça fout froid dans le dos. rebienvenue par ici, ta plume est toujours un tel ravissement, et il y a une telle profondeur dans tes personnages
et pour le plaisir mon passage préféré : "persuadée, dans sa folie, d’être mère du monde, d’enfanter chaque enfant qu’elle rebaptise, se fichant bien qu’ils aient pu avoir un nom jusqu’alors lorsqu’elle le prend au berceau ou quand ils marchent à peine, elle les voit grandir, les élève, les aiment aussi mal qu’elle peut aimer ses propres enfants qui ont connus la chaleur de ses entrailles." |
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| Sujet: Re: à la terre comme au ciel. |
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