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 Le deuxième soleil (ft. Orphée)

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Message Sujet: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Sam 21 Nov - 11:40

le deuxième soleil
Orphée & Misha

« Even for me life had its gleams of sunshine.  »

Rp faisant suite aux "Enchères de la vertu"


A travers la cohorte des nantis les veules, Misha s’est frayé un chemin vers la sortie. Laissant derrière lui les vapeurs des jeunesses passées, de la sienne tourmentée à celle qui subsista encore d’Omphale dès lors qu’il passa le seuil de la porte aux ornements néo-antiques. Dans son retrait l’homme se destine à de moindres festivités crasses mais à de plus belles prospérités sentimentales ; s’il assure avoir verrouillé le myocarde c’est parce que, dit-il, ça a rouillé dans tous les coins, de l’aorte aux ventricules. C’est pourtant empli d’un entrain inusité qu’il s’engouffre dans la berline le menant à la fastueuse maisonnée des Orlov, là où l’attend celle qu’il interpella tout à l’heure par le biais de quelques textos échangés.

Misha ne s’encombre d’aucun scrupule, aucun remord parasite lorsqu’il ouvre grand la porte et respire l’air frais de la bourrasque fondant dans ses bras sitôt le pallier passé. Orphée sourit lorsqu’elle parle, lorsqu’elle sollicite et lorsqu’elle cille, ses yeux semblent décliner les horizons secrets qu’elle suppose de l’amant, comme un deuxième soleil.  « Attends, faut que j’prenne une douche d’abord. » Il a ce foutu courage de faire semblant et de badiner lorsqu’il l’embrasse sur le front. Je ne suis pas un monstre, je n’ai pas vendu la vertu d’une gamine pour un peu de notre empire, et je n’ai rien troqué qui ne soit insoutenable. Misha s’invente deux mondes bien vivaces dans son crâne, c’est plus supportable. Cet univers des abysses, esclavagiste et sadique, ça vaut bien autant que son pendant pétri d’une reposante banalité. Mais pour traverser le Styx reliant les deux réalités, se purifier par l’eau tiède fait bien office de rituel. Ne pas la toucher tant que ses mains demeurent souillées de ces autres, ces catins. Il lui souffle quelques douces inepties lui conseillant de l’attendre dans sa chambre comme il s’engouffre dans la salle de bain, et l’eau chaude ruisselant sur la peau nue purge la chair, assainit l’âme, dans un clapotis incessant dont le fatras semble soudain inversement proportionnel à ses sales pensées de proxénète se déversant dans le siphon. Ce qui se trame dans la boîte crânienne, pétrie de violences et de crasse démesure, ça se sent que rien ne l’atteint plus ni ne le secoue. Ni ne l’ébranle et ni ne le ronge. La cuirasse qu’il porte est inoxydable, et ce n’est pas l’eau qui fera fondre les ignominies subsistant toujours en lui.

Lorsqu’il la rejoint dans sa chambre, la pupille curieuse observe la frêle silhouette allongée sur le lit et dont l’attention se porte avec véhémence sur le livre qu’elle dévore. Misha a la moue de l’étonnement, à moins que cela ne soit de l’admiration. Il n’a jamais été grand lecteur. Aucun bouquin ne vous apprend à faire l’école buissonnière, voler de la bouffe sans se faire prendre, esquiver la flicaille et cracher sur les adoptants délaissant leurs rôles de parents. Misha a l’intelligence de la survie et du bitume, bien que cet amas d’intellect râté semble avoir fondu dans l’or d’un empire des phallus dès lors qu’il eut atteint seize ans. « Qu’est-ce que tu lis ? » Il s’approche de l’armoire, troque la serviette nouée à sa taille contre un sous-vêtement plus confortable. Et c’est qu’elle pourrait lui répondre des inepties que Misha la croirait volontiers, mais Orphée semble si concentrée sur le papier qu’à défaut de l’avoir entendu, elle tourne une page en silence. Ca se voit, dans ses yeux grands ouverts, qu’elle vit une épopée mirifique à travers les lignes. Elle a fermé les oreilles, verrouillé la réalité alentour, pour se concentrer dans son monde. C’est ça, les belles rêveries ? Alors il s’avance et, comme il se penche taquin au-dessus de la rêveuse, ébouriffe ses cheveux humides et s’ébroue joyeusement ; « La Terre appelle Orphée. » Ce que le bonheur creuse dans leur nid, en cet instant, n’a pas la même odeur âcre et grise des transactions de tout à l’heure.

(c) DΛNDELION ; @orphée lessing
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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Re: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Jeu 26 Nov - 14:35

le deuxième soleil
Orphée & Misha

« Even for me life had its gleams of sunshine.  »

Sa chambre n’est plus habitée de sa présence mais la jumelle dans le couloir d’en face semble avoir happé la silhouette juvénile de la gamine ; Orphée se faufile dans les draps à l’odeur masculine de Misha, enfouit son visage dans les oreillers. Il y a le silence sépulcrale dans la maison qui ne lui appartient pas, ce même calme qui attirait les cauchemars dans son ancienne demeure. Alors, Orphée préfère s’engourdir de la fraîcheur d’un antre familière, la fraîcheur de son protecteur, amant, ami. Parfois elle s’endort, et se réveille, la sueur froide dans les poumons voltigeants, elle se croit descendre dans les caves des enfers ; l’apnée du sommeil n’est-ce pas, ce moment de veille qui s’immobilise afin d’accueillir Morphée, elle se sent tomber, comme si elle allait mourir. Je veux pas dormir. Le portable vibre près de ses oreillers, et les textos pleuvent, l’envie de trouver le corps du désiré, de l’effleurer, de combler chaque pans de sa peau de ses lèvres exploratrices. Elle a découvert la candeur de la séduction, surtout la sensualité de ses caresses. Je sais ce que tu veux, des bisous partout partout, moi aussi ! Et, quand elle l’entend traverser le vestibule, elle galope vers lui, l’enserre dans ses bras, avale ce baiser chaste qu’il lui offre avant de lui demander de l’attendre dans le lit. Il faut que j’aille prendre ma douche. En costume, il l’intimide. Peut-être l’intimide-t-il même nu.

 Elle plonge, dans le château de Barbe Bleue suit avec facilité les phrases écrites en français, l’enfant, au lieu d’aller à la fac, préfère s’immerger dans la langueur de cette langue, de cette culture, francophile assidue, elle rêve de l’élégance des belles parisiennes, les robes et les arts, la danse, surtout. Elle imagine le palais de la Barbe Bleue à l’image de l’opéra Garnier, bien que l’opéra Bastille semble maintenant le dépasser. Quand les gouttes des cheveux lavés du compagnon atteignent les pages, Orphée lâche le rire des colombes de l’espoir. Ses agates océan s’émerveillent de la beauté de l’éphèbe, c’est dans un éclat bien clair, bien vif qu’elle déstabilise. « J’ai envie de faire l’amour avec toi ! » Avec personne d’autre, jamais. Le ton joviale cogne sur les murs gris, dans l’espace neutre et minimaliste de l’univers du garçon. Elle attend qu’il s’installe sur le matelas confortable avant de se lover contre son torse, d’entortiller ses jambes avec ses jumelles, plus sèches, plus musclées, deux blocs de marbre.

 Lentement, la maligne s’allonge sur lui, le comble de son corps fin, agile, féminin. Relevant sa tête pour mirer son regard amoureux dans les orbes de l’aimé. Elle chuchote. « Je t’ai dis que je voulais te faire plein de bisous, c’était vrai. » Picore sur la peau du prince l’odeur de jasmin. Elle est habillée de sa chemise déboutonnée et de sa culotte d’enfant aux motifs fleuris, une tenue de la naïveté respirant le naturel de sa personnalité. Orphée ne sait pas séduire mais sait dire ses désires, les montrer, les réaliser. Et, lorsqu’elle dévore l’épiderme de Misha, elle se sent vagabonder dans un paradis de saveurs. On ne pourrait lui avouer qu’elle a cette sensualité à fleur de peau, les mouvements graciles, les picotements de ses lèvres sur le territoire inconquis mais le rougissement du complexe quand elle devra se montrer nue devant lui. Elle a bien tiré les couvertures sur elle, s’est bien collée à lui afin de lui masquer son corps qu’elle juge si mal. Son nez s’empare du double, frotte doucement le bout froid des narines. « Voilà le bisou esquimau, c’est pour essayer de faire apparaître un sourire sur ton beau visage ! J’ai l’impression que quelque chose ne va pas, que tu es contrarié. » Elle se redresse, les couvertures se renversent. De ses deux mains s’enquièrent des deux joues du captif, love son minois entre son cou. Ce moment de douceur où les minutes trépassent, de silence et de langueur. Je vais pas te poser des questions mais je veux juste que tu sentes que tu n’es pas seul.

(c) DΛNDELION ; @Misha Orlov
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Message Sujet: Re: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Sam 5 Déc - 22:20

le deuxième soleil
Orphée & Misha

« Even for me life had its gleams of sunshine.  »
Ainsi purgé des eaux claires le bourreau rejoint l’infante lorsqu’à voix basse il s’entend penser, le dépit épinglé à la boutonnière, qu’un jour, fatalement, le chagrin accumulé par toutes celles qu’il eut achevé polluera tout son bonheur. Que par-delà les âmes errantes, de celles qu’il bafoua sans cesse, surgiraient les souvenirs troubles depuis les marasmes de son inconscient. Il n’y a qu’un seul monde, s’entend-il penser. Il n’y a qu’un seul monde. Comme cela soudain le mine de lever le voile opaque dissociant ses deux réalités ; que le Misha des tortures est le Misha qui la caresse. Elle, l’infante allongée sur son lit et dont le sourire lui dévore le coeur. « J’ai envie de faire l’amour avec toi ! » Y a le bref rire des émois blancs qui se cogne contre les menus tracas. Et comme il la regarde, comme il la dévore lorsqu’il se glisse à ses côtés. Le bruissement des draps chauds sur son corps de rocaille, la véhémence mâle dissimulée sous l’édredon, déjà, pointe le désir un peu trop fort. De ce qu’il cache ce n’est guère anodin, si Misha exhorte tout son être à se taire pour ne pas l’effrayer en dépit de ses avances. Et ça se sent, comme elle a soif d’amour, d’absolu, de mirifique. Ce qu’elle miaule de joie à la lueur de sa candeur, c’est comme les premiers rayons du printemps. Orphée lui réchauffe la peau, et ce ne sont pas seulement l’essence de ses baisers ni sa presque nudité offerte, ni son insouciance ni sa lumière qui le vivifient. Mais bien la manière qu’elle a de sonder profondément son âme et d’y déloger ce qu’il reste de beauté, cette joliesse vétuste envasée dans la laideur de toute sa chair. Comme t’as pas idée d’où je viens, des paroles que j’ai crachées, et de comment j’ai maté cette petite pourvu qu’elle ploie, misérable, sous les regards porcins et les mains grasses. De comment elle nous nourrit si bien, en écartant les cuisses. Jeune et déjà mère nourricière. Et tu me regardes, Orphée. Tu me regardes, comme si t’y voyais quelque chose de grand.

Il grogne un peu lorsque sa peau de nacre s’étend sur la sienne, comme une dernière mise-en-garde si elle venait à s’aventurer trop loin. Mais un long souffle chaud, similaire à un râle diffus, s’emploie à briser son conseil silencieux. Sur son épiderme la chaleur de ses baisers épars et lascifs tendent son dos comme un arc, lorsque les épaules raidies lui rappellent à ses tracas et que Misha soupire de dépit. Son impossibilité à lâcher-prise le frustre, et c’est dans un écho lointain qu’il entend puis qu’il voit, toute la gestuelle inquiète et les interrogations d’Orphée. J’ai l’impression que quelque chose ne va pas, que tu es contrarié. Mutique à présent, il s’agit de rassembler les morceaux. Pincer les arêtes de son nez, yeux clos et front plissé lui procurera peut-être quelque répit. Mais c’est résigné que Misha rouvre sur elle ses deux agates terre-de-sienne et que le sérieux s’étiole en bord de lippes. « Juste des mauvais souvenirs, au mauvais moment. Tu sais, l’genre de truc que t’aimerais bien oublier mais dont tu te souviens quand même. » Misha a posé la tête sur le coussin, le regard pensif bien ancré sur le plafond. Etrange, cette obsession qu’il a à bien tasser ces sales souvenirs dans un recoin de son cerveau, comme une vieille malle au fond du grenier. Essayer de prouver qu’il tient la route, bien enraciné dans le présent, et qu’il courra bien assez vite pour que le passé ne le rattrape pas. Ainsi scelle-t-il les lèvres, confiant. Il ne contera pas à Orphée les sales vestiges de son enfance, le sous-sol poisseux emplis de de babioles. Et sa curiosité de gosse qui l’y mena non sans méfiance, jusqu’à ce que le voisin n’appuie sur le déclencheur de son reflex ; “détends-toi, c’est qu’une photo”... « дерьмо. » Merde. C’est vomitif, il se reprend. Et lorsqu’il la toise partiellement dénudée sur lui, c’est un souffle vivifiant qui l’habite.  « Elle te va bien, cette chemise. C’est celle que j’portais quand j’avais dix-sept piges et que j’allais à la Trinity School. Un putain d’lycée pour gosses de riches. » Il a le sourire qui s’illumine, la libido en branle, et l’anecdote juteux s’épuisant sous la langue, complice et spontanée. Et sous les aveux les mains frôlent, caressent, pétrissent, remontent jusqu’aux deux monts laiteux.

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Message Sujet: Re: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Jeu 17 Déc - 12:04

le deuxième soleil
Orphée & Misha

« Even for me life had its gleams of sunshine.  »

Elle sent le corps de l’aimé tendu, rigide, comme un sang qui ne saurait se défaire des souvenirs troubles, tourmentant le présent ; l’enfant ne se focalise jamais sur le non verbal, cette fausse croyance du langage du corps mais elle sait bien que Misha se détend en sa présence. Lorsqu’ils se trouvent tous deux dans leur univers fait de draps et de mouvements érotiques, d’amour et de tendresse, de douceur lorsque les mains découvrent le territoire de l’autre. C’est une danse que l’on réitère chaque nuit afin d’adopter les mondes qui ne nous appartiennent pas. Quand elle se noie dans le regard brun de son amoureux, Orphée ne cesse de penser à ce petit prince, seul sur sa planète, entretenant le bonheur avec difficulté, muni de son arrosoir et de ses outils pour trépasser les baobabs. Orphée vit, dans le moment présent puisqu’elle se refuse à se remémorer la tangente de sa destinée, ces moments où elle s’est sentie démunie de son âme, de son libre arbitre, où elle ne se considérait plus comme un être humain mais comme un objet possédé par des paumes terrifiantes de créatures monstrueuses. « Ils étaient tous imbus d’eux-même là-bas, impossible de discuter avec eux, ils ne pensaient qu’aux vêtements de marques qu’ils allaient s’acheter à la fin des cours. Et les filles se cherchaient déjà un mari. » Elle se souvient du court passage dans ce prestigieux établissement, curieuse alors de se remplir de savoirs pour stimuler son cerveau, elle avait fouillé les pages internet présentant les institutions les plus valorisées, avait demandé à sa mère et son père, eux qui possédaient de l’argent. Orphée souhaitait l’excellence, la rigueur des analyses, exercer son esprit critique, s’imaginait un idéal de pureté, entourée d’intellectuels. Elle avait déchanté. « T’as fais comment pour y rester ? J’ai pas tenu un mois. Et comme je voulais pas venir en cour parce que j’étais trop déçue j’ai fais comme maintenant. J’ai fais grève ! » Rit-elle pour déguiser la peine. Elle ne se sent pas normale Orphée, en marge bien qu’avec son sourire d’ange, sa voix fluette, son corps mince elle correspond aux critères de beauté féminine. Condamnée certainement à rester l’éternelle chérubin dans un monde d’homme. Sur ses lèvres elle dépose son souffle, goute encore à son odeur. Le serre dans ses bras, allongée sur lui, se lovant sur sa peau musquée, pleine de virilité. C’est vrai qu’elle fantasme beaucoup sur sa protection ; l’homme remplit le rôle du dominant mais l’imagine positive du guerrier aimant sa femme, chérissant sa famille.

« On s’en sort toujours Misha… des mauvaises surprises et des mauvais souvenirs qui jaillissent sans qu’on ne le demande. Ça travaille juste dans l’inconscient et puis ça ressort parce qu’on a besoin de ça parfois. Ça secoue mais ça fait jamais de mal. » Elle n’explique pas plus. Orphée en a fini avec les mots, elle poursuit son périple de douceur. Elle sent ses mains sur elle, le voudrait en elle, tout de suite. Impatiente, insatiable, enfantine alors. Elle tourne son regard vers l’ennemi, ce morceau de plastique recouvrant l’objet de convoitise. D’un mouvement leste et sauvage, de danseuse spontanée mais directive, elle ouvre le tiroir, en ressort la boite de préservatif qu’elle jette au loin, très loin. Celle-ci renverse les obstacles qui jonchent le sol. « On va plus avoir besoin de ça. Je prends la pilule et je veux plus du tout de ce truc là. Ça m’empêche vraiment de te sentir en moi. » Assise sur le rebord du lit elle songe, emportée par ses réflexions. Un moment de silence avant qu’elle ne revienne sur lui, le caresse du bout de son nez. « Tu sais, la fusion, se sentir pleinement aimer, par la chair, l’esprit. C’est ça que je ressens quand je fais l’amour avec toi. Je veux plus en sortir après parce que je suis trop bien dans tes bras. » Et continue les caresses de tendresse. Sur le torse, sur les bras, ses mains effleurent, ses lèvres effleurent. Un peu plus bas s’aventure vers les jambes, évitent encore le dard levé. Néanmoins, le regard qu’elle a pour son sexe se transforme, de peur se métamorphose en faim. J’y arriverai bientôt se dit-elle, à lui faire plaisir aussi. Défait l’unique morceau de tissu qui couvre encore le corps du choisi. Il vient rejoindre les carrés mal aimé de la Lessing.

(c) DΛNDELION ; @Misha Orlov
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Message Sujet: Re: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Mer 6 Jan - 9:47

le deuxième soleil
Orphée & Misha

« Even for me life had its gleams of sunshine.  »
T’as fait comment pour rester ? L’étonnement plisse les traits dignes du garçon, ce qu’il faut de placide mais de la surprise dans l’alcôve de ses yeux bruns. « J’sais pas trop. » s’entend-il répondre, estomaqué par la nouvelle pourtant singulière. Ce qu’il aimerait lui dire autrement, de comment il se sentait salement étranger et que le parfum atypique qu’il dégageait dès lors, pour ces progénitures toujours bien sapées de tweed et de cachemire, tout se bouscule dans son crâne et c’est la tempête blanche qui s’annonce. Misha soupire et peut-être, non c’est certain il s’en doute, sont-ce les retombées de cette nuit éreintante qui écrasent ses poumons. Mais ce n’est ni la jeune vestale offerte à la fange du monde, ni les regards pleins de stupre et de déconsidération, ni les tintements de verre des pontifes engoncés dans leurs vices, ni les révélations du père. Rien de tout cela sinon ses propres tergiversations qui le bousculent. Qu’est-ce donc être un homme, sinon ne pas penser à être complexé, ne poser que son regard et ne pas songer à la réciproque. Ce qu’une femme ne peut s’offrir, l’homme se l’approprie. “On s’en sort toujours Misha”. Orphée le sort de sa léthargie, et c’est assez puissant pour qu’il rouvre les yeux sur la réalité, s’extirper des pensées cotonneuses puis se racler la gorge. Prouver que l’on existe, bien vivant, par quelques borborygmes insignifiants. Misha l’écoute encore puis répond, évasif, “bien sûr”. Puisqu’il est là, et que les autres gosses de la rue, violents, pauvres, malheureux, sexuels, cette caste à laquelle il appartenait autrefois et qui lui manque, faut-il l’avouer, traîne encore ses nippes sales sur l’asphalte.

Et ces pensées lointaines, les mains les balaient d’une caresse sur la peau jeune et chaude de la jeune fille. Elle n’a pas les mêmes saveurs que ses amantes d’autrefois, ni même de celles d’aujourd’hui. Orphée, c’est la vanille, la fraîcheur du linge propre, la décence de la pudeur. Quand autrefois les corps suintaient la sueur, la came, l’insolence et la baise entre deux portes. C’est pas tant qu’il a ses préférences ; son monde scindé en deux n’a pas gommé le sexe sale, pas plus que la douceur. Ainsi la paume pétrit, caresse, creuse l’appétit dans l’estomac vorace, dresse une virilité manifeste, lorsque la vitalité d’Orphée le rabroue et jette au loin ce dont elle ne veut guère. Misha a pris appui sur les coudes lorsqu’il s’est redressé, le regarde plein d’étonnement et la taquinerie au bord des lèvres :  « J’ai connu moins tordu pour m’faire comprendre un refus. » Rien à voir, j’en veux plus, fait-elle savoir avec des mots à elle. Des mots qui touchent, percent le châssis du myocarde. L’opération est facile mais délicate, lorsqu’elle lui parle encore. De fusion, d’amour, et de pleins d’autres concepts, non, de sentiments, qui s’imprègnent dans sa peau et le désarçonnent. C’est que de celles qu’il eût l’habitude de chérir par la pensée ou par la chair, y en a pas une qui fût capable de lui parler comme Orphée le fait. Puis ce regard qu’il a, pour elle, de ces intensités brûlantes, un peu de trouble sous la paupière, corroborent le silence de l’avant. « T’es sûre ? » qu’il souffle alors, la lucidité dévoyée. Y a pas à dire comme elle sait y faire pour accréditer ce qui n’était pas flagrant jusqu’ici ; coucher sans protection, lorsque la belle n’est pas une pute, c’est officialiser une relation, pas vrai ? Il s’entend penser sous le coeur battant la pulse, du thorax jusqu’aux tempes, lorsque Misha cède aux caresses. D’un dos qui s’arqueboute sous les soupirs avides de chair, l’homme finit par reprendre constance lorsqu’il sent les doutes et les errements de sa partenaire, et d’une poigne aussi douce que ferme, enjoint Orphée à s’allonger sur le dos et tendre ses bras près d’elle. Y a son regard qui se fond en elle, et c’est dingue, la faculté qu’il a de la rassurer sans ouvrir sa belle gueule. La façon qu’il a de la toiser et de lui faire savoir que c’est lui, rien que lui, personne d’autre, et que tout ira bien. Ca se sent qu’Orphée apprécie l’intention, tant elle se raccroche à son iris, surtout lors de la petite mort.

Une plainte savoureuse s’extirpe discrètement de ses lèvres lorsqu’il entre en elle. La douceur prélude la faim, lorsque le bassin ondulant laisse place peu à peu aux coups de reins plus féroces. Sous les soupirs qui s’entremêlent et la montée des plaisirs, se jouent les timbales d’un lit rompu frénétiquement contre le mur. Et les souffle de l’après, les corps repus et frémissants, lorsqu’il s’allonge sur le dos puis l’invite à se lover dans la chaleur de ses bras. « Ca va ? » qu’il lui demande, à elle, toujours. S’assurer de son bien-être sans le timbre de la paternité virile. Misha sait bien, qu’il s’est laissé glisser dans le camp des connards depuis longtemps, mais ce truc de la masculinité toxique, ça se met pas en branle avec Orphée. Alors la sérénité les enveloppe comme elle s’apprête à accueillir la belle torpeur, et Misha préfère lui glisser quelques mots avant de se laisser tomber dans le sommeil. « Au fait, je vais bientôt devoir m’absenter une semaine. Mon père aussi. » Le court laïus n’offre pas la perspective d’explications. “Chasse aux vestales pour mieux les foutre dans des maisons de passe”, n’est pas une réponse appropriée. « Mais t’inquiète tu seras pas toute seule, Aleks te tiendra compagnie. » qu'il assène, confiant et affirmé.

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Message Sujet: Re: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Jeu 7 Jan - 12:29

le deuxième soleil
Orphée & Misha

             Elle hésite devant le dard masculin, fascinée, pétrifiée elle ne peut retirer son regard de cet objet de chair, j’en ai déjà vu pense-t-elle dans son inconscient, et ce n’était pas beau se surprend-t-elle encore, elle n’a pas le temps d’aller plus loin, les souvenirs se résorbent, s’enfoncent dans l’abîme, pour la protéger afin qu’elle ne redevienne pas cette poupée. Souriante, soulagée, elle se laisse guider par les gestes directifs de Misha, il prend soin d’elle car il a vu son trouble dont elle ne saurait même pas mettre de mot, poser des explications. Alors la honte, un peu, juste parce qu’elle se sent faible de ne pouvoir accorder l’onanisme masculin. Si tu ne suces pas, personne ne voudra de toi. Cette phrase lui avait été jeté à la figure, dans les toilettes sordides du lycée public. On y apprenait la sexualité du porno, la soumission pour plaire, devenir poupée de chair. Mais dans ce lieu paisible, à mille kilomètres des horreurs passées c’est l’amour qui domine, la confiance, le respect. Il l’allonge sur le dos, Orphée se laisse faire, car elle a le baiser qui titille ses lèvres elle s’approche doucement près du cou de l’amant, l’embrasse doucement. Il la possède dans une plainte suave, Orphée l’accompagne, se redresse pour s’accrocher à lui. Et toujours ses pupilles se mirent dans celles de l’aimé. Une confiance absolue ne saurait être détruite par les mauvaises pensées ; il s’agit de Misha l’homme qui ne lui fera jamais de mal, de cela elle sait, persuadée. Et son sourire, si joli quand il transperce les défenses, apaise l’un et l’autre. Un léger tremblement, la petite mort. Elle a le corps détendu de cette étreinte, l’abandon plaisant, exquis, à l’autre. Se donner non pour plaire et fracasser la solitude, se donner authentiquement par amour. Quand il l’invite à se lover dans ses bras, Orphée se glisse contre sa peau, hume son parfum, se laisse envahir par les petits fantasmes, retrouve la chaleur éphémère de l’acte de passion, ferme ses paupières.

 Avant de les rouvrir et de se redresser précipitamment. Au début le soulagement, Misha lui indique qu’il s’absentera avec son père, bien sûr il y a la morsure du manque qui déjà tenaille le coeur de la jeune amoureuse, mais le père… Comment lui dire ? Comment se dire qu’elle est terrorisée lorsqu’elle se trouve seule avec lui, quand il ferme la porte de son bureau alors qu’elle voudrait s’enfuir, qu’il lui dit que c’est important les séances, que c’est son lieu à elle. Mais elle ne parle de rien, elle tremble plutôt.  « Je sais me défendre. » Cette phrase lui échappe, cogne les murs, de colère contre elle-même car elle sait bien qu’elle ment. Elle n’a jamais su se défendre, toujours donne-t-elle son coeur, sa joue droite car la violence lui fait défaut. Néanmoins elle affirme, un brin fragile.  « Aleks n’a pas besoin de venir cette semaine, je sais m’occuper de moi... » Et subir les terreurs chaque nuit avant son retour, subir le silence thanatopracteur des longs couloirs, revoir certainement les débuts de son habitation dans cette maison et les loups rôdant. Au fond d’elle, Aleks la rassurerait, mais par fierté, pour s’approprier son indépendance perdue elle refuse la proposition de Misha.  « Je veux pas d’Aleks. Je suis capable de vivre toute seule pendant une semaine. Je l’ai déjà fais, je suis pas morte. » Le ton se brise aux derniers mots, elle serre le drap dans le désir de le déchirer, d’apaiser la colère et la peur.  « S’il te plaît Misha, tu peux me faire confiance, il m’arrivera rien. » Elle s’est éloignée de lui, assise sur le matelas, nue et frigorifiée, elle a l’air d’une jeune madone tentant désespérément d’avoir confiance en elle.  « Je refuse la présence d’Aleks, je veux être seule. » Elle s’enfonce, consciente que la semaine de l’absence sera une épreuve, peut-être décisive pour comprendre que plus rien ne lui arrivera ; ce qu’elle souhaite, retirer les souvenirs mauvais pour se noyer dans l’insouciance. Elle imagine déjà son programme de lecture, de ressources, de balades, vivre seule pour s’appartenir, souffler. Elle fronce ses sourcils, mais le sourire adressé éclaire la colère, voilà la taquinerie.  « Puis j’accueillerai mal Aleks s’il venait, il va s’ennuyer. Autant ne pas le faire venir, vraiment. Tu m’as jamais vu bouder, je veux pas pas avoir une mauvaise réputation. » Un baiser sur les lippes de l’amant dans l’espoir de l’attendrir.

@Misha Orlov
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Message Sujet: Re: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Sam 9 Jan - 14:48

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« Even for me life had its gleams of sunshine.  »
C’est sans honte qu’il l’infantilise car il a l’orgueil à se savoir sûr de ce qu'il décrète. Lui imposer la présence d’un tiers, quand bien même il ne lui demeure pas inconnu, n’est pas la résultante d’un esprit ordinaire. Ce que son père lui avait sans cesse rabâché, Misha l’avait digéré sans le régurgiter : "protège tes proches, toujours, puisqu’on se traîne dans un business lucratif c’est certain, comme on attire la convoitise des rivaux." Mais en l’instant l’héritier de l’empire crasse ne peut admettre à Orphée ce qu’il se passe en bruit de fond de ses pensées, toujours, en continu ; y aura jamais la place pour une vie ordinaire et les chaperons veilleront sur la famille. Une injonction suante, lasse, usante, il en convient. C'est karmique, il y peut rien. Mais il ne peut essuyer la volonté pugnace de la jeune fille en lui donnant raison, pas avec les dangers, peut-être illusoires, planant au-dessus de ses absences. J’veux pas d’Aleks qu’elle répète sans discontinuation, le corps tendu et distant se met en branle, s’éloigne de l’alcôve de chair chaude contre laquelle elle se lovait tout à l’heure, arrachant un soupir aux lèvres glacées de Misha comme il se redresse. Et il a beau se pincer l'arête du nez en soupirant son dépit, c’est compliqué de pester contre une demoiselle vindicative et touchante, par les quelques trémolos de voix qu’il entend et la façon qu’elle a, d’affirmer qu’elle ne veuille embrasser que la solitude. « Franchement Orphée j’ai déjà passé une sale soirée. » Elle a réclamé l’entière sincérité de ce qu’ils sont, Misha ne lui en livre qu’un ersatz. Pas bien foutu de lui avouer, bien sûr, la véritable cause se nichant derrière ses revendications patriarcales. Si tu restais toute seule, crois-moi que les concurrents le sauraient et qu'ce serait si facile de te crever. Et une fille comme toi, tu sais bien qu’on se contente pas d’un coup de surin pour la casser. Un coup de reins pour dominer puis se servir sans essuyer les larmes, c’est le prélude à la tuerie.

Elle tente pourtant, par la douceur recouvrée et ce baiser recueilli par des lèvres scellées, de lui faire entendre raison. Et comme il aimerait lui offrir ce qu’elle demande, comme cela réveille tant de questions et de doutes en son crâne : c’est vrai, qu’il peut rien lui offrir. Pas la vie qu’elle souhaiterait, en tous cas. De comment c’est certain que rien ne lui conviendra s’il restait avec elle, tant son existence à ses côtés l’étouffe, exigeant les chaperons, lui arrachant les monceaux de liberté qu’elle possède encore. La main du garçon passe sur le front et c’est pensif qu’il se fond dans le silence avant de répondre enfin : « Je changerai pas d’avis. C’est comme ça, c’est tout. » Le ton est sec, détestable peut-être. Il ne faudrait pas le blâmer pourtant, d’imposer ainsi ses exigences malgré ses réticences pour la seule protection de la jeune fille. Mais c’est vrai, il le sent, que c’est pas la vie qu’elle souhaiterait.

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Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Re: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Sam 9 Jan - 15:30

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            L’obscur peint des inquiétudes qu’elle ne saurait nommer, elle les ressent, ces forces malignes qui apparaissent dans la pièce ; d’elle, la fierté et le besoin d’indépendance, reprendre consistance, se posséder, s’appartenir, mais Misha, qu’est-ce…  « Il y a quelque chose qui te préoccupe, je ne sais pas ce que c’est. Mais tu es si inquiet de ma sécurité et cela me touche. » Parce qu’elle ne mérite pas de vivre quand son frère et ses parents gisent dans les trous créé pour leur cadavre, lui désire qu’elle respire. Elle entend l’autorité dans sa voix, les phonèmes implacables, impérieux, elle ne s’en émeut pas, ne se révolte pas car, au fond, puisque chaque chose, chaque acte, chaque parole a un sens, une raison, elle ne saurait que bien prendre la glace qui pourfend l’intimité. Misha s’est renfermé, il a grogné. Et Orphée s’est ouverte quand elle était fermée pour réclamer sa solitude, légitime. C’est normal, se dit-elle, s’il s’angoisse. Il m’a vu et prise dans ses bras lorsque… Lorsque…  « Tu sais, mes merci quand tu m’as sauvé, ils ne reflètent pas un quart de ce que j’ai ressenti quand tu es venu pour m’emmener à la maison ce soir là. Quand… parce que je sais qu’ils auraient fait plus si tu n’étais pas arrivé. Que peut-être, ils m’auraient tué. Je ne sais pas trop. » Doucement, elle l’attire dans ses bras, le serre, éperdument, s’accroche à lui, de toute ses forces.  « D’accord alors, il viendra. C’était bête de ma part. En fait, c’était par fierté. Parce que je me sens déjà à l’écart de la population de mon âge, en décalée, le fait de me sentir surveillée n’arrange pas beaucoup ce sentiment. Mais je suis persuadée que tu le fais pour mon bien et si toi, ça peut te rassurer alors je ne dirai plus rien. » Les nombreuses questions se taisent, ne percutent pas le cerveau pourtant affamé d’explications, il n’analyse pas, oublie, oublie des données, ne compare pas, ne remarque pas. Il l’emmène dans les méandres de ses souvenirs, cette angoisse revient, cette sensation dans la gorge, qui pique et matraque puis les mains sur son corps, des mains sales et des voix rauques.  « Mais Aleks… Il reste un garçon. C’est un homme. » Il me fera pas de mal ? L’envie la taraude, partager ses préjugés avec l’aimé afin qu’il puisse la rassurer bien que rien ne rassure quand l’on se trouve en face de l’amalgame. Parfois je me surprends à trembler quand un homme m’approche, quand ce n’est pas toi, Misha, je ne fais pas confiance. C’est pas parce que je les considère comme méchant mais maintenant je sais, le mal que les hommes peuvent cause aux femmes.  « Est-ce qu’il est… Je veux dire, il est pas… » Orphée a du mal de placer ses mots, elle sait qu’Aleks est un grand ami de Misha.  « Il me fera pas de mal ? Il viendra pas dans ma chambre quand je dormirai ? » Ses doigts se serrent sur les draps et les larmes jaillissent sans qu’elle ne comprenne pourquoi, pourquoi cette image, l’ombre qui pénètre la chambre et n’en sort que rassasier. C’est normal, ça arrive, c’est le cerveau qui transforme pour contrôler, qui métamorphose. Elle se love contre lui, love son visage dans son cou et respire son odeur, car celle-ci la berce.

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Message Sujet: Re: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Mar 12 Jan - 15:02

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« Even for me life had its gleams of sunshine.  »
Il y a ces baisers qui ont le goût d’un je serai toujours là, puis les confidences aux saveurs d’un tu ne seras jamais seul. Orphée a l’aveu manifeste lorsqu’elle le serre dans ses bras, abaissant les derniers grognements du garçon roulant sous la langue. Misha a recouvré les symptômes de la culpabilité ; ce coeur qui se serre, à l’instar de l’estomac, le poitrail ouvert en grand sur son injustice lorsqu’il lui impose la prison dorée. Et elle parle, sans ambages mais avec les mots sous couverture, de ces hommes violeurs de chair et mangeurs d’âme qui, peut-être, lui auraient arraché la vie. L’homme peine à l’entendre, ce vestige cacophonique, et comme il souhaiterait la faire taire - par égoïsme sans doute - pour ne plus écouter, glisse ses mains caressantes à son dos nu. Et peut-être est-ce parce qu’il ne sait trop rien dire, parce qu’il est homme, blasphémateur comme les autres, qu’il demeure mutique dans son geste affectueux.

”D’accord alors, il viendra”. Misha a le soupir perclus bien que soulagé quant à sa résolution nouvelle et soumise aux volontés du mâle. Sans plus d’explications que son impératif contrant les velléités de la jeune fille ; je le veux pour ton bien, alors exécute-toi. Pourtant de nouveau les doutes l’assaillent lorsque Orphée lui fait savoir sa différence, de comment elle se sent autre, en dehors, incomprise, étrange peut-être. Misha, c’est pas la banalité qu’il lui offre, pas la vie sereine ni l’insouciance des gens bien. Et sans doute, se dit-il, qu’elle a encore tant de choses à vivre en dehors de cette maison et de ces vices, que ce qui la protège l’étreint aussi. Ce qui se joue dans son cerveau met en branle ses craintes personnelles - l’immaturité sentimentale - comme son empathie soudaine - si tu l’aimes, libère-la - et tisse dans ses pensées les prémices du mauvais sort à venir. Orphée néanmoins éclate sa bulle léthargique comme elle affirme encore ; « alors je ne dirai plus rien. » Ainsi la conviction du garçon est faite à ces mots ; y a pas moyen que j’te laisse te museler, que tu te taises et que tu dépérisses. T’as pas idée de comment je te préfère vivante, la verve coriace et la liberté invétérée. Même si pour cela, va falloir que tu verses des larmes.

Puis la jeune fille hésite, vacille, questionne ; « Mais Aleks… Il reste un garçon. C’est un homme. » « Je sais. » s’entend-il répondre, conscient de sa mauvaise manoeuvre. « Mais il est comme un frère pour moi, tu peux lui faire confiance. Et puis tu sais, moi les amies filles, j’en ai pas beaucoup. » Pas du tout. Misha strie ses lèvres d’une moue confuse quant à ce qu’il lui impose, convaincu pourtant de la belle vertu de son chaperon. Y a pas à dire, ce qu’il avance auprès d’elle et de ses peurs internes ont le goût de l’insouciance du privilégié. Comme il aimerait trouver d’autres issues, et comme il se sent démuni, acculé, pas autant qu’elle, mais tout de même. Puis soudain l’interrogation qui perfore l’âme ; “- il va venir dans ma chambre?” “- Bien sûr que non, pourquoi il f’rait ça?” répond-il perplexe. Mais oui, Misha, de ta vision d’homme nanti, cisgenre, blanc, jouissant des droits américains, pourquoi cette agression gratuite ? Le jeune garçon fronce les sourcils de perplexité comme de mise en garde, lorsque les premières larmes d’Orphée lissent son visage d’une émotion sincère et tourmentée. Ce qu’elle porte profondément en elle, de ces douleurs qui pullulent en son crâne et suintent à ses yeux, ça se sent que d’autres sales histoires s’y nichent. Y a le parfum sournois d’un homme, une ombre familière et prédatrice, qui s’immisce soudain dans ses pensées.  « Qui est entré dans ta chambre ? » En cet instant, il sait. Le pillard de chair, l’affamé vorace. « Tu peux m’faire confiance, j’dirai rien. Dis-moi qui est entré ? » Orphée l’étreint encore, et y a pas moyen de la lâcher, d’abaisser la garde. La voix rauque de ses appréhensions et de ses craintes furieuses comme il la questionne.

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Message Sujet: Re: Le deuxième soleil (ft. Orphée)   Le deuxième soleil (ft. Orphée) Empty Mar 12 Jan - 21:47

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      Il y a ces mains sur elle, la douleur fourche dans la gorge, les réminiscences du souvenir ; Orphée pleure, un déluge de larme qu’elle ne peut contenir, parfois, lorsque la lune est pleine, qu’elle libère sa lumière argentine et l’empêche de dormir, Orphée pleure. Généralement seule, un tissu sur ses lèvres, que Misha ne l’entende pas, ne la voit pas, elle ne voudrait pas l’inquiéter, lui si probe et protecteur, si doux et généreux. Elle pleure en silence, cachée des regards mais, ce soir, elle ne peut empêcher l’eau couler de ses paupières, ses prunelles blessées par des secrets enfermés dans sa psyché. Elle a clos les souffrances dans des boites qu’elle n’ouvrira plus, jamais. A ces questions, à ce ton dur, tranchant, Orphée se replie, n’essuie pas ses larmes, l’expression esseulée, bouleversée. Mais personne n’est entré dans ma chambre Misha, personne, je te promets ! Elle pense le dire à haute voix car elle s’entend crier dans sa tête, ces exclamations de terreur. Ma jolie poupée, je désire savoir à quel point tu es docile. Elle se souvient du grain de la voix et ce n’était pas celle de son agresseur dans l’entrepôt. C’était un autre. Orphée se pétrifie. Qui est entré dans ta chambre. Qui ?  « Je ne sais pas… Je... » Les images se révoltent, tentent un passage dans le conscient de la jeune fille, mais elle refoule, encore. Pour se protéger de l’horreur de la situation, efface tout. Elle se berce dans ses raisonnements, se persuade que son état ne lui permet pas de penser la réalité, la vérité. Je me fais des films parce qu’il a faillit me tuer, le meurtrier de ma famille.  « Je dors pas beaucoup Misha, alors je dois imaginer beaucoup trop de choses. » Le chuchotement embrase le silence cérémonieux du cocon d’intimité, elle ne dort pas, très peu. La semaine dernière elle s’est évanouie, dans sa chambre, dans la lumière de l’après midi. Si tu continues tu vas passer au moins une semaine à l’hôpital chaque année afin de rattraper tout le sommeil que tu gâtes. Et moins tu dors, plus maigris, plus tu deviens agressive. Mais je fais des siestes avait-elle persisté face aux messages maternels de Sophie. La vérité, Orphée, semble si simple et tu ne l’acceptes pas, d’une ombre qui s’est accaparée ta chambre, qui t’a obligé à t’allonger et à t’offrir. Tu le sens dans tes rêves, il rugit sur toi.  « Je prends plus les cachets que Grisha me donne, parce que… parce que... » Parce qu’il me drogue, qu’à chaque fois je somnole en cours, je sens mon coeur battre follement aux bruits de l’extérieur, que, quand je les avale, je chavire vers un sommeil artificiel, un oubli lourd, pesant, qui m’enlève mon âme… comme… comme… Orphée sanglote, sa mâchoire inférieure tremble sous le coup d’une émotion qu’elle ne veut pas comprendre. Se réveiller et voir, voir l’innommable, trois beau cadavres baignant dans une flaque de sang ruisselant et glissant sur les dalles du carrelage. C’était cela sa douleur et rien d’autre, n’est-ce pas, rien d’autre.  « Il… il est entré dans ma chambre et je crois… je veux pas me souvenir Misha s’il te plaît. J’ai déjà peur quand je veux te faire une fellation. Et je veux vraiment te faire plaisir. Mais j’y arrive pas et je me sens coupable. » L’aveu chute, libéré. Et la jeune fille s’en mord les lèvres, paniquée à la réaction de Misha. Alors elle se reprend.  « Je veux pas que tu fuis par mes dernières paroles, je veux vraiment te faire plaisir. Tu me gâtes beaucoup, tu prends soin de moi et je t’aime si fort que je veux te le rendre au centuple. Mais il y a quelque chose qui me bloque. » Elle sent ses bras, sa chaleur, son étreinte ; elle respire son odeur, effleure sa peau, ses muscles.  « Je veux refaire l’amour maintenant. » Une nécessité afin d’effacer les cauchemars. C’est impérieuse qu’elle l’ordonne, de sa petite voix de cristal, plonge ses iris dans celles de son amant, lui dire que tout va bien car il est là, près d’elle et cela lui suffit.

@Misha Orlov
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