Le deuxième soleil (ft. Orphée)

le deuxième soleil

Orphée & Misha

« Even for me life had its gleams of sunshine. »

Soumis hélas au dogme des priapées, l’être tout entier d’Orphée tressaille et redoute la pupille accusatrice de son confident. Est-ce la honte qui la subjugue, le sentiment contrit de se savoir incomprise, ou la crainte que la couardise n’étreigne soudain son amant ? Puisqu’elle assure en douter encore, larde ses iris d’un ‘je n’en suis pas sûre’ lorsqu’elle parle, malgré la rage allumée dans le regard de Misha. La pupille embrasée d’un feu violent lorsqu’Orphée lui assène à demi-mot que la figure perfide de la bête porte le nom de Grisha, brûle sans discontinuation de courroux, de fièvre et de frénésie vengeresse. Ce myocarde alangui a pris d’assaut son poitrail, gorgé de toxines et remontant jusqu’à sa gorge ; Misha peine à déglutir, le regard noir bien ancré contre le mur. Eviter de croiser la douceur de son regard et ne pas attiser son malêtre, et comme il s’avère difficile de ravaler sa colère lorsqu’elle ne demande que la chaleur de ses bras.

« Il est entré dans ma chambre. » Et les aveux suivants lui font l’effet d’un écho lointain, de ces bruissements que l’on murmure, alors que le voile rouge s’abaisse sur ses yeux. Il est entré dans sa chambre. Y a ce grincement de porte qu’il entend, laissant s’engouffrer l’ombre d’un grand nuisible se déployer au sol. Un parfum d’homme aux fragrances légères, les bruissements du beau tissu et le claquement tranquille de la chaussure contre le sol ciré. Et la rage a empoigné son foie, son estomac, sa rate, enserrant ses organes de ses griffes affûtées ; Misha, enfin, relève son regard vers Orphée dont la confidence se traîne encore puis finit par ces mots doux : « Je veux refaire l’amour maintenant. » Le mutisme qui l’habite écorne son courroux, acère l’intensité de son regard lorsqu’il pénètre longuement la pupille. Soumis à ses réflexions, contraint de remettre de l’ordre dans tout le bordel de ses émotions, Misha finit par répondre après de longues secondes tues : « Je te l’ai déjà dit. Tu m’dois rien. » Pas d’étreintes du pardon ni de plaisirs onaniques contraints. « Viens. » Le froissement des draps l’invite à prendre place sur ses genoux, lorsque sur elle il referme ses bras. Le menton pensif à son épaule nue, il soupire sous le poids de son introspection. J’sais pas trop quoi te dire ni quoi faire pour te rassurer, j’peux juste te promettre de ne pas cracher ma fureur devant toi. T’as jamais vu l’horreur qui m’habite, l’inhumanité qui me pétrit. Mais si tu savais, tu m’aurais dit ; “Je possédais tous les attributs d'un être humain - la chair, le sang, la peau, les cheveux - [mais] je n'étais qu'une imitation, la grossière contrefaçon d'un être humain*.” T’aurais cité Bret Easton Ellis, et j’crois bien que ça m’aurait convenu.

« Aleks te touchera pas, t’es comme une petite soeur pour lui. Et puis j’crois plutôt qu’il en pince pour moi. » Un peu d’ironie et de dérision ; Misha s’affaire à dédramatiser comme il le peut cette délicate situation. « Mais j’te propose un truc : demain, on fait changer la serrure de ta chambre, et y aura que toi à avoir la clé. Les autres, qu’ils aillent se faire foutre. Même Grisha. » Surtout Grisha. « Pour le reste, laisse-moi gérer. J’m’en occupe. » Misha se penche silencieusement sur les pensées qui fusent contre son crâne, et y a tout un stratagème qui se met en branle : de comment il va l’éloigner elle puis la protéger pourtant, de loin peut-être, et ainsi congédier ses démons logeant sous son toit.

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* citation d'American Psycho, de Bret Easton Ellis

(c) DΛNDELION ; @orphée lessing

le deuxième soleil

Orphée & Misha

Quand elle a parlé, elle a oublié, oublié les révélations pendues à ses lèvres, son inconscient ayant ouvert une brèche, et les mots, tous les mots se sont écrasé, se sont cognés sur les murs de la pièce, dans le silence maintenant terrifiant de la chambre, lieu d’intimité et de douceur. Je t’offrirai un exil de calme, de luxe, et de volupté. Dans cette chambre protectrice appartenant à Misha. Elle sent la colère, la rage qui s’empare des gestes, deux sœurs vengeresses hantant le sang de l’homme, alors que la fatigue la pénètre. Elle s’assoit sur ses genoux, serre son amant dans ses bras, il a l’expression du penseur, du tourmenté, quand il pose son menton sur ses épaules nues. « Faire l’amour avec toi c’est soigner mes plaies, un petit peu. Parce que ça restera gravé, j’en suis consciente, mais avec toi c’est comme si tout ce que je revivais quand j’y repense prenait des allures de spectre, que ces événements vécus n’existaient plus. Ils ne me font plus grand-chose quand tu es près de moi. » Et d’enfouir son visage dans le creux du coup, et sentir sa peau, et respirer son parfum. Orphée dévoile ses mots, ébruite les secrets de son âme, transmet son amour. Elle ne se prétend pas vaillante ni indépendante, au contraire, l’enfant sait qu’elle survivra grâce aux présences qui lui sont chères. Elle a taillé dans son coeur un nid pour ce garçon à l’air penseur et inquiet, l’angoisse sinuant sur ses traits. Aux tréfonds elle ne sait quoi penser, quoi dire, mugit déjà l’oublie des révélations, ce fameux prénom, nom de son assassin.
Un baiser
Amené sur les lèvres douces
Sur les lèvres alanguies
Apportent soudain un instant
de tendresse
et d’oubli.
Maître mot de cette situation, la sidération pour se former des œillères. « Ça me convient ! » Dit-elle, allongée sur lui. Ses doigts caressent, se promènent sur le corps de l’éphèbe, des effleurements de papillon, songeur, rêveur. « Mais je crois que j’aime tellement ta chambre que j’en ai fais la mienne. » Elle baille, ses yeux se ferment et son esprit se libère enfin des tensions, ses muscles se détendent, elle se permet de s’autoriser un morceau de sommeil dans les bras de son protecteur, car il ne lui arrivera rien dans ses bras, elle qui ne sait se défendre.

@Misha Orlov

» Le deuxième cercle de l'enfer.
» soleil noir
» VOLEUSE DE SOLEIL
» un faux pas du soleil
» (elea) nouveau soleil