l'ombre.

traits de caractère / L’ombre et la lumière… le cœur qui se divise, l’âme qui se déchire, l’impression de se perdre dans l’immensité d’un esprit perdu dans les abysses. Plus rien ne semble précis, plus rien ne semble se démarquer, le monde s’embrume tandis qu’elle s’oublie sous l’eau chaude, chaque goutte venant glisser contre sa peau, la brûlant au passage, révélant ses larmes. sa chevelure qui se trempe, et le regard qui se baisse, qui se perd… elle n’est plus elle-même, ou peut-être ne l’était-elle plus depuis bien longtemps. Elle n’est plus elle-même, le palpitant qui se fracasse, l’impression de ne plus être à sa place, d’avoir tout perdu, en recherchant la rédemption… et les souvenirs qui trépassent, ceux d’une main la serrant, comme si une vie en dépendait, comme si le sang s’échappait, comme si le corps dépérissait… comme si l’enfant qu’elle tenait retournait à la terre. la première erreur, le premier drame, celui qui vint la secouer, celui qui vint la tuer, son esprit brisé, en voyant ce gosse, elle voulait le protéger, elle avait causé sa mort. Elle voulait le sauver, elle l’avait tué. Et les larmes ne savaient plus s’arrêter, les yeux ne savaient plus s’assécher, son corps ne savait plus résister, le cœur venait se briser, comme un vase qui se fracassait à terre. le cœur venait se briser, ne s’était jamais réparé. Parce que jamais rien ne pourrait la sauver, jamais rien ne put la sortir de cet enfer. Elle pleurait, larmes qui glissaient contre ses joues, qui la déchiraient un peu plus, tandis que ses jambes tremblantes ne pouvaient plus la tenir, qu’elle disparaissait dans un sanglot trop fort. Et le choc ne put la sauver, et les bleus ne purent la sauver, larmes qui s’effaçaient dans l’eau coulant toujours plus fort. Elle ne savait plus comment vivre, elle ne savait comment s’en sortir. elle avait l’impression d’être dans un autre monde, telle la brume qui ne savait toucher le monde, s’évaporait sans savoir vivre. Elle ne touchait plus terre, elle ne savait plus sourire, le cœur massacré par un passé qui s’enlise dans son esprit, qui ne sait s’évader, la hante pour l’éternité. Et à genoux, elle ne respire plus, le monde n’existe plus, il n’y a plus rien. il n’y a plus rien… plus rien, plus d’attaches, plus de force. elle se perd, elle est comme ce monde, cet univers qui crie à l’agonie. Elle est comme ce monde, elle n’existe plus, n’est plus qu’une ombre qui se glisse toujours plus loin, qui oublie toujours plus quelle chaleur peut exister. elle n’est plus qu’une ombre, et la lumière s’éteint, elle s’oublie dans une autre vie. elle s’oublie dans d’autres vies. Parce que la sienne, elle ne la supporte plus. parce que la sienne lui donne la nausée, elle est fille des ténèbres, s’est crue solaire, quand la lune vint révéler le plus grand de ses mensonges, elle n’existe que la nuit, elle ne survit qu’en l’absence de cet astre qui brille le jour, qui disparait la nuit. Elle n’existe pas vraiment, elle n’existe plus du tout. il y a plusieurs vies, il y a plusieurs songes. Pourra-t-elle un jour retrouver le monde qu’elle a connu ? elle coule, dans cette petite douche, les larmes et les gouttes qui se confondent, elle va se noyer, elle le sent. Se noyer dans un esprit qui ne sait plus nager. Elle oublie qui elle est, policière, ou gangster ? elle se noie dans une vie qui n’est plus la sienne, a déjà oublié le goût de ses propres lèvres, se retourne déjà dans un cauchemar ambulant.
Ce cauchemar qui la guide, ce rêve qu’elle oublie. Comme si dans ce noir, cette nuit qui la berce, elle pouvait retrouver le soleil, celui qui la guiderait. Elle s’oublie dans un rêve, elle rêve dans un cauchemar, elle est partie trop loin, elle ne retrouve plus son chemin. Si seulement elle était comme thésée, si seulement elle avait ariane, si seulement ce fil pouvait la sauver d’un labyrinthe présent dans un cerveau abîmé. Si seulement ce fil pouvait la sauver, elle. tout simplement. si seulement le mythe pouvait se réécrire, si seulement le cœur pouvait se sauver, si seulement la force brute d’un monstre en son âme pouvait la réveiller, l’écarter de son mal-être. Si seulement elle pouvait se réveiller, de ce rêve incandescent, celui qui ne sait plus se distinguer d’une réalité. si seulement elle rêvait, si seulement ce n’était qu’un cauchemar, si seulement elle pouvait ouvrir les yeux, oublier ce néant, oublier ce passé, ce présent, ce futur…
Si seulement elle pouvait revenir à la lumière…
Elle n’est plus qu’une ombre, finalement.

et la lumière.
Et elle s’effondre, l’eau continue de couler. Et elle s’effondre, comme si son corps ne le supportait plus. et elle s’effondre, ne rêve que de s’en sortir, ne comprend pas comment elle a pu en arriver là, alors qu’enfin, elle se reprenait. Alors qu’enfin, tout allait bien. alors qu’enfin… elle n’était plus ce monstre. Rejeton de la drogue, cartel qui résonne encore en ses veines, elle a tout fait pour effacer ce poison de son âme, elle s’est éloignée, enfant des rues après la descente. Elle s’est éloignée, elle n’a plus jamais voulu toucher, s’approcher de la douce aiguille qu’elle voyait passer de bras en bras, de mains en mains… elle n’a plus pu le supporter, elle a juré d’arrêter. Elle a juré…
Pourtant, si les larmes coulent, c’est qu’elle n’a pas pu tenir sa promesse. Si elle a ce badge, caché dans son tiroir, et cette arme de service, c’est qu’elle n’a pas pu tenir sa promesse. Elle n’est pas une guerrière, elle n’est pas une justicière. Elle n’aurait jamais dû se battre pour la justice, quand cette dernière lui avait volé ses parents. Mais depuis cette vision, elle ne sait plus s’en sortir. depuis cette vision, qui la hante comme au premier jour, elle ne peut plus se cacher. Femme de l’ombre, elle se met à la lumière. Elle s’est mise à la lumière. Un temps. un temps qui parait une seconde, maintenant qu’elle a retrouvé les ténèbres. Un temps qui parait une éternité, quand elle repense au froid de cette lueur aveuglante. Un temps pour se battre. Elle ne peut pas abandonner. Elle a beau courber l’échine, sous cette eau brûlante, elle à beau se sentir perdue, elle ne peut pas abandonner… pourtant, c’est à portée de main, elle pourrait arrêter, elle pourrait se retirer, ou se laisser sombrer. Arrêter de se battre, de jouer dans une arène où elle n’est qu’un pion, parmi les rois et reines qui règnent en maitres, et se battent avec férocité. Elle n’est qu’un pion, qui atteint le bout de l’échiquier, qui se transforme, qui perd sa peau, devient autre chose. Mais elle est toujours ce pion. Elle doit toujours se battre. Pour éviter que cela recommence. Que cette aiguille se plante à nouveau dans un jeune bras. qu’elle que le sang coagule. Que la mort arrive. Garçon à peine plus âgé qu’elle quand elle est devenue orpheline, elle l’a condamné, elle l’a tué. Et pour lui, elle doit se battre. Elle le doit. Elle ne peut pas abandonner. Elle le doit.

un combat.
Et elle crie. Et elle éclate en sanglots, relève la tête, fait une promesse. Une promesse au monde qu’elle se battra. Une promesse au monde qu’elle n’abandonnera pas. mais n’est-ce pas déjà trop tard ? n’est-ce pas une douce illusion, qu’elle se raconte encore ? parce qu’elle a déjà sombré… parce qu’elle s’est déjà laissée avoir. par le goût du risque et de la crasse. Par la peur qui règne quand elle est à ses côtés. Quand elle passe près de la reine, qu’elle fait respecter l’ordre quand le simple regard de cette dernière le demande… elle a déjà sombré. Elle ne devait que s’infiltrer, elle ne devait qu’espionner, elle ne devait qu’apprendre. Apprendre la vérité, démanteler le réseau. Mais elle s’est prise au jeu… elle est devenue bonne… une fois dans la peau de la gangster, elle se perd, oublie la loi, oublie son badge. Elle se perd, oublie son combat, oublie qui elle est. Elle n’est plus le bras armé de la justice, mais le bras droit de la peur. elle se perd, elle a déjà perdu. elle a déjà tout perdu. sa conscience, son cœur, ses convictions. Elle lutte, mais l’eau qui lui griffe la peau lui rappelle qu’elle a déjà perdu. parce que ses blessures se réveillent, sous la chaleur, sous les brûlures. Parce que ses blessures se réveillent, elles n’ont rien de normal, des coups de feu, de couteau, de n’importe quelle arme, quand elle doit se battre pour faire respecter la loi du corbeau. Elle perd sa lumière… et sans son pilier, serait-elle encore sur le chemin de la rédemption ? ou se serait-elle abandonnée aux bras de la nuit, qui ne demandent qu’à la prendre, l’enfermer dans un monde… dans son monde de naissance… au cœur du mal. Au cœur des larmes… et elle ne sait plus lutter, finalement… elle ne peut pas, pas contre son esprit, pas contre son cœur, pas contre elle-même. elle ne sait plus lutter, que se faire mal en frappant le sol, parce qu’elle n’est plus qu’une bagarreuse, quand le monde ne sait plus tourner rond. Parce qu’elle n’est plus que force brute, quand elle se perd dans les sombres pensées de son existence. Quand elle met son masque… ou l’enlève ? elle ne sait plus. qui est la vraie ? qui est le masque ? qui de la lumière ou des ténèbres, se cache réellement en son sein ?

pour toujours.
Des pensées qui s’accumulent, sous cette pluie de sanglots, qui dégouline sur son corps, qui dégoulinent dans son esprit. elle ne sait plus faire face, elle n’a plus de but, plus capable de se battre, sa conviction effacée par le second monde. par la reine. Elle n’a plus l’impression de savoir marcher, de savoir courir, de savoir penser, de savoir se battre. Parce que la rédemption n’est pas assez forte. Parce que l’injustice est difficile… mais pas l’horreur… horreur de soi, elle ne sait se lever pour l’affronter, parce que ce qu’elle a fait la tue à petits feux. Horreur d’autrui, là elle trouve son combat, ne peut plus reculer, pas devant ce meurtre. Cet infame acte de cruauté, qui l’empêche de trouver le sommeil, en plus des souvenirs qui la hantent, des fantômes qui reviennent. Mais ses fantômes, elle les connait. Un peu d’alcool, quelques poings écrasés, elle s’en sort toujours. Cette horreur, en revanche. Une parmi d’autres, dans le monde dans lequel elle vit. Une qui la marque, parce qu’elle a suivi. Parce que son pilier a enquêté. Une affaire impossible, des émotions intarissables. La mort d’une gamine, à peine cinq ans, innocente. Née dans un empire de sang, elle n’en restait pas moins petite fleur qui aurait pu éclore, comme se tâcher de rouge. Mais jamais elle n’aurait pu se faner, si le monstre ne l’avait pas arrachée. Et, le visage contre le jet, elle garde les yeux ouverts, parce qu’elle se remémore les faits, les dates, les indices. Parce qu’elle entend son cœur tambouriner contre sa poitrine, enfant qui ne méritait pas cela, petite d’une autre reine, celle qui faisait régner le sang, quand les corbeaux croassaient encore, quand le bourreau n’avait pas encore perdu sa tête. petite de cette reine, le royaume souterrain qui se bat pour la suprématie. Et malgré le danger, l’ombre ne peut se résoudre à abandonner. Elle s’est déjà laissée prendre par la nuit noire, elle doit se relever pour que la honte ne s’en prenne pas à elle, pour que l’horreur ne puisse plus l’atteindre. Elle doit se relever… ce qu’elle fait, non sans mal. Les bras qui tremblent, les jambes qui flanchent, elle se tient prudemment, elle fait face à ses peurs… et quand la pluie s’arrête, elle est prête à repartir à l’assaut.
perdue dans son esprit, mais prête à se battre. pour rendre justice. Pour arrêter les cauchemars. Pour réprimer son dégoût. Pour arrêter le monstre…
Quand elle le trouvera.