Sujet: le bruit et la fureur (grisha) Mer 19 Aoû - 21:59
L’ermite a troqué ses allures impeccables de dandy contre celles, plus sobres, d’un type échoué dans les pans d’un affrontement avec lui-même. Enveloppé des déchirures de l’âme, drapé dans le sang de l’esprit, le regard ridé par l’usure de l’existence. Plus tôt dans la journée, il s’était révélé sous le coton d’une chemise et une paire de godasses vernies, que les chemins rabroués avec Orphée avaient couvertes d’un film de sable mat. Elle parle longuement à l’oreille des morts, mais c’est qu’il lui plaît de défendre que contre tous les états du coeur, il faut être en mesure de se relever. La nymphette esquive aisément les désillusions qui acculent pourtant sur son palier, se sont entassées sur ses charpentes d’adolescentes. Longtemps, ils avaient marché, pour se séparer à l’embouchure du silence ne trouvant plus rien à dire. Lion s’en était retourné dans des antres plus vastes où chacun de ses démons pouvaient trouver à s’y loger. Trouer les draps satinés de leurs griffes et les souiller de leur noirceur. À l’ombre du soldat qui musarde parfois dans les couloirs, ils font claquer les portes des logis comme des détenus avec la ferraille de leur cage. Les mains enfoncés dans les poches de son pantalon, Gabriel est aisance parmi le vacarme de l’hôtel. “J’ai vu Orphée tout à l’heure.” Couverte d’un torchon, sa main forte est enfoncée dans le cristal, récure les traces de tartre. Les yeux rivés sur son ouvrage, il s’adresse à Grisha. Il sait qu’il est là depuis que les démons se sont chassés eux-mêmes du boudoir, l’intimité d’un échange enduit d’empirisme. “Elle a l’air en forme. Quel bon vent t’amène, Grisha?” , il n'a pas levé l'oeil qu'il entame déjà le verre de l'intrus qui s'assiège, attend de le remettre entre ses doigts pour apposer son regard.
Mads M. WALDOSIA (ava) 631 768 53 (Veuf) Agnieska la femme, l'unique. Tuée sauvagement par la loi du Talion, fameuse, cruelle, elle a laissé dans un dernier soupir les souhaits pour sa fille, mais de cette dernière le corps aussi retrouvé. Il se présente psychiatre pour toutes personnes naïves, psychiatre à temps partiel, de l'autre côté du miroir l'homme poli se transforme en tyran, il gouverne de ses doigts meurtriers un vaste empire où règne désolation et despotisme. Père de la mafia Romashka, c'est à lui qu'on loue allégeance et qu'on ploie les genoux.
Sujet: Re: le bruit et la fureur (grisha) Ven 21 Aoû - 20:48
Le bruit et la fureur
Lion & Grisha
Ses journées, une lenteur, ses journées une démesure. Il a envahi le bureau de la maison isolée, maison où les petites âmes se tordent sous l’autorité, aujourd’hui s’est-il épanché dans l’une des chambres juste pour garder et soigner, elle avait le regard satiné de tristesse, la pluie de ses yeux comme un ouragan de mélancolie, la plus ancienne, elle avait grandit. Parfois, Grisha confond, l’image se superpose dans la rétine, sa fille, Bleue sa fille, trépassée, il revoit ses pas, il entend sa voix dans celles de ces jolies muses dressées. Ses journées, une lenteur idéale mais ennuyante quand il s’agit de remplir des dossiers, de contrôler, de surveiller. Il avait fumé dans l’ouverture de la fenêtre, elle offrait le paysage d’une forêt loin de l’agitation des voitures et des passants. Grisha n’était pas concentré, assis sur sa chaise de cuir, l’air contrarié ne quitta pas son visage et ses doigts poursuivirent les ombres de ses chimères, sa fille toujours, envahissait le bien être et hantait sa joie.
L’effluve de l’alcool et la légère mélodie des enceintes discrètes, l’hôtel se niche entre deux immeubles propres, dans une rue de quiétude, il n’y a pas beaucoup de silhouettes empruntant cette voie, pas de cris, pas d’agression ni de filles qui s’obstinent à ignorer les lourdeurs des mâles en manque. Il n’y a pas de voitures, très peu, juste de quoi remplir le silence. Dans cette nuit de soie à l’auréole lumineuse, les quelques rares résidents se dirigent vers les ascenseurs tandis que l’ogre aux babines sèches contemple son verre de vin vide. Il vient de vider d’un trait l’ambroisie du peuple. « Je remplis ma panse d’ivresse Gabriel. Pour oublier les vertiges des morts qui m’oppressent. » Et dans le ton rauque, la fatigue et le rire. Grisha excelle dans l’autodérision et les vérités chuchotés dans l’horreur de la situation. Assis sur le tabouret, les bras sur la planche de travail, il regarde son verre vide, le présente à l’ami. « Boire pour éviter l’agonie. » Et cul sec encore une fois. Le whisky ferait meilleur effet dans le gosier, la gorge enflammée par la colère de la culpabilité. Il y a longtemps déjà que Grisha n’avait pas subit les foudres de sa famille décimée. Pour un peu, sa femme décédée viendra aussi le taquiner.
A l’évocation du nom d’Orphée, cette petite fille aimée, Grisha retient un rictus de loup. La réponse gracile et coupante. « Tu la veux ? Je te l’offre une nuit. Les suivantes je te fais un prix. » La douleur de l’argent, verte attisant la jalousie des gueux qui reniflent tout autour de son empire. A cette pensée des faces surveillées, il a le geste probe de rejeter le verre, de demander ; « Met moi quelque chose de plus fort, de la vodka, double shot. J’ai bien l’intention de baigner dans l’ivresse la plus sale. » Et le soupir quand il se reflète lui même dans son analyse, la tristesse le désespère, Gabriel l’a déjà vu dans ces états muselés, qu’il ne montre jamais.
Que m'importe que tu sois sage? Sois belle! Et sois triste! Les pleurs Ajoutent un charme au visage, Comme le fleuve au paysage; L'orage rajeunit les fleurs. Baudelaire
Accueil
Sujet: le bruit et la fureur (grisha) 
Mer 19 Aoû - 21:59
