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 Mère Patrie (ft. Orphée)

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Message Sujet: Mère Patrie (ft. Orphée)   Mère Patrie (ft. Orphée) Empty Jeu 10 Sep - 10:16

mère patrie
Orphée & Misha

« Not belonging is a terrible feeling. It feels awkward and it hurts, as if you were wearing someone else's shoes.  »
“Misha !” Cette voix des fontaines, un peu d’eau pur dans le timbre hélant l’ami, interpelle le concerné à la pupille voilée de rêveries. L’effort d’un carrier, lorsque Misha se retourne vers la course pleine d’Orphée partant à sa rencontre, crevant d’un coup de pic hasardeux la léthargie de ses pensées. “Quelque chose te tracasse ?” avait soufflé Messaline, l’oeil trop avisé pour ne plus éluder les doutes et rompu par l’affliction lorsque Misha désapprouva du chef. “Ca va”. Déchiffrant au plus secret la vérité de ses palabres, de celles que l’on affiche lorsque la fuite se profile et que le tracas subsiste. Misha envie férocement la sérénité d’’il y a trois jours, lorsque son téléphone ne s’était pas encore lesté de messages implorant la pitié, d’une mère absente revenue pour le hanter. Porteuse de petite vérole, contaminante universelle, pas tant pour les autres, mais surtout pour lui. « Ah. Tu m’as trouvé, m’dame la prof’. » L’émulsion d’une rentrée fracassante, de cette houle envahissant l’espace universitaire n’avait guère entravé la quête de la nouvelle étudiante ; s’assigner la tâche de retrouver Misha, avalé par la masse cérébrale et pesante, en échange d’un verre qu’il lui offrirait ce soir. De ces rencards que l’on dissimule sous la taquinerie, moins par pudeur que par crainte d’y apposer des mots. « J’sais bien, j’ai pas oublié. T’as gagné, j’t’offre un verre. A dix-sept heures au pub du bas d’la rue. » Ce n’est pas le sourire qui le pourfend, un peu d’angoisse à la commissure des lèvres lorsque les pensées divaguent ailleurs. Sur cette figure mère, cette figure sale.  Ce qu’elle a semé en lui, c’est comme une nécrose, lui bouffant le foie, les reins, les poumons. Et semer les graines de la peur vorace de l’abandon.

***

Ils se sont retrouvés dans la bâtisse fumante de rires et de bruits de verre s’échouant sur la table. Misha s’est enquis naturellement de la première journée d’Orphée, le regard qui se perd ailleurs. Mais lorsqu’elle a parlé de sa voix de lumière, agitant sous son nez ses élans joyeux, il s’est fendu d’un rire, puis deux. Le sourire a percé les abysses du sordide faciès. Ce qu’elle lui a fait comme bien, secouant son coeur d’autant de brises fraîches, ça l’a foutrement rasséréné. Soudain cette angoisse qui l’étrangle, le somme de glisser une cigarette à ses lèvres entre deux gorgées de houblon frais. “On fume pas à l’intérieur, M’sieur”, le serveur interpelle de sa voix de rocaille, pupille figée sur le délictueux. Et d’un soupir Misha abandonne, écrasant l’objet du crime dans le récipient qu’on lui tend. Il n’aura qu’à tourner les talons et vaquer à sa tâche laborieuse pour que le coupable ne réitère et n’embrase une nouvelle tige de nicotine.  Du vénéfice tranquillisant à l’état pur. « Bon, c'est l'heure. J’me casse. » La voix de glace et de frimas polissant la langue comme il se lève. L’angoisse au ventre, la haine dans la pupille. « T’sais. Mon rendez-vous pas important.» La vie comme un vaste échangeur, chacun bien affalé sur les rails, lui excepté. La déglutition est difficile lorsque l'étau de la gorge s’étrangle de trop d’appréhensions, pourtant Misha se drape d’une placidité de roc. L’écume de ses souvenirs, s’ils l’émoussent encore, c’est pas grand chose. Du moins le croit-il. Un peu d’excitation et d’espoir vain, de la haine et du courroux sous la paupière, la chaise racle le sol sous la levée de Misha. Prompt à quitter les lieux pour d’autres contrées qui le perturbent, lorsqu’il se retourne enfin. « Hey. » L’interpellation usuelle, connivence bien installée. « En fait, j’vais pas loin. Juste de l’autre côté d’la rue. » Ce regard qui la pénètre, d’une puissance vive. La sournoiserie en moins, le doute squattant les contours. L’imparable gaieté de Orphée lui a donné la force de tenir et de se lever. Alors il tente, les lèvres pincées, l’aveu qui perfore ; « J’vais voir mon abrutie d’mère. Ca fait bien neuf ans que j’l’ai pas vue. Youporn, c’pas mon truc. » La boutade est mauvaise, sous la langue. Et les contours d’une vérité que l’on devine mais qu’il tait en filigrane, de celle qu’il ne confia jamais. Orphée, l’exception. Ma mère, si j’veux la voir, j’te tape des mots poisseux  dans la barre de recherche. Et j’peux l’entendre gémir, et j’peux la voir se cambrer, sous les coups de rein bien affûtés du patriarcat crasse. J’peux trop rien dire tu sais, parce que tout de même, j’baigne dedans. « Bref. Ca te dit d'venir rencontrer une star ? » Ce n'est pas tant qu'il s'en gausse, plutôt contrarié des dérives crasses de la mère-catin. Mère-patrie, mère de rien. C'est qu'il préfère loger sa peine derrière des monceaux de je-m'en-foutisme.


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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Re: Mère Patrie (ft. Orphée)   Mère Patrie (ft. Orphée) Empty Ven 11 Sep - 17:51

Mère patrie
Orphée & Misha

    Les bruits, les éclats de voix, les groupes attablés près des tables, les serveurs et les serveuses dans l’immense salle où tous parlent fort, où tous rient fort, Orphée bat des jambes comme à chaque fois qu’elle reste assise sur une chaise, corps de jeune femme, effervescent, rose de beauté simple car elle a attaché ses cheveux bouclés, le regard virevoltant, observant les visages de ces inconnus, son jeu préféré. Et elle revient poser ses yeux sur le comparse. Il a l’expression de l’inquiétude, une angoisse tue sur les lèvres, sur ses joues, sur ses mains serrant le grande verre de bière. Regarde Misha, tu vois là bas, ah non… J’ai cru voir un renardeau qui passait, si j’en croise un je l’attrape et je le dorlote jusqu’à la fin de sa vie, je l’emporterai dans ma chambre, ça fera un copain pour Mercure et Iouri, imagine la tête de Grisha ! Elle essaie de faire rire avec ses fantaisies, conversation taquine, légère comme une arme contre les doutes qui oppressent. Mais Orphée ne sait rien de ce qui étrangle et étouffe Misha, elle ne peut que déduire, tenter de comprendre sans questionner. Véritable éponge, elle pensait que ce rendez-vous serait auréolé de joie et de complicité. Qu’as-tu Misha ? Pourquoi sembles-tu si triste ? Dans tes yeux perlent les pluies d’un souvenir prégnant, celui douloureux et purulent, celui qui crache les glaires des comportements à venir, des désirs de fuite. Quand Misha se lève et s’éloigne , Orphée retient un battement de coeur, celui qui dit et hurle l’abandon, celui de la peur. C’est nouveau cette sensation, grêle et infâme, le sentiment qu’on ne le reverra jamais que dans une bière, un tombeau ou un linceul. Vite, cette vision disparaît, il ne faudrait pas s’imprégner de l’air des catastrophes, cette atmosphère viciée de l’impuissance de la condition humaine. Et il revient, et il parle. Se confie sur la mère dont il a toujours tu la présence, la mère qu’elle suppose dévorante dans son absence. Elle est donc actrice pornographique et elle ne s’est pas rhabillée. Orphée se lève à son tour, rejoint le compagnon. Ils quittent les lieux de jubilation, cette mer de rires pour le calme d’une ruelle étroite, un dédale d’ombre garni de fenêtres.

La main se faufile près de la jumelle, enserre les doigts, s’accolent tendrement, je suis là paraît-elle murmurer.  « Je suis là Misha. » Pas besoin de chuchotement, elle l’énonce normalement, désacralise l’appréhension. Ce n’est pas tant par curiosité de rencontrer la mère de Misha qu’elle suit les pas du garçon mais pour être à ses côtés, pour le soutenir dans ce qu’elle subodore une épreuve. Il a le mouvement pesant des rencontres que l’on croit terribles, abominables tant elles ne se prévalent que des non dits et du passé lourd. Si Misha a été adopté, ce n’était certainement pas pour rien. Orphée se tait, chemine près de lui et cela lui suffit. Elle comprend ce besoin de recueillement avant la tempête des retrouvailles ; devant la porte, elle grimace afin de faire naître un sourire, qui ne bourgeonne pas.  « Tu n’es pas obligé de la voir si tu ne le veux pas Misha. » La liberté comme valeur absolue dans le sang de la fée ; le libre arbitre et les refus, respecter les désirs et les manquements. Orphée, pour la première fois, délicatement, caresse la joue de l’homme, effleure pour contenir le flot qui submerge et qui horrifie. Son visage comme déchiré par le moment prégnant, ils n’ont pas le temps de penser que la porte s’arque et dévoile une femme d’une beauté de soleil mêlée de lune. Ses cheveux fin et son visage de poupée. Misha aura sonné avant de perdre courage. La pointe d’admiration cueille des fleurs de brume dans la prunelle de la jeune fille, pour lui, pas pour la mère qui, surprise de voir Misha accompagné, reste une seconde sur le pallié. Orphée emprunte l’énergie solaire qui la définit, d’un bonjour chantant fait disparaître pour une minute la tension. Elle ne mentira pas, ne poussera pas les politesses d’un je suis enchantée de vous rencontrer. Car elle perçoit de plus en plus les rémanences sordide d’un lien enchaîné, la mère liée au fils, et le fils lié à la mère et, dans entre les deux silhouettes un fossé de frustration, de colère et de honte.

@Misha Orlov

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vent d'est, vent d'ouest
Si la solitude sépare, elle tranche bien des liens qu'on ne coupe qu'à regret, mais elle permet de plonger des racines dans ce qui est essentiel. Delacroix
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Message Sujet: Re: Mère Patrie (ft. Orphée)   Mère Patrie (ft. Orphée) Empty Lun 14 Sep - 10:51

mère patrie
Orphée & Misha

« Not belonging is a terrible feeling. It feels awkward and it hurts, as if you were wearing someone else's shoes.  »
Dans les tripes, la misère. De ce qu’elle empoigne et de ce qu’elle lui ravit, jusqu’à lui gratter les côtes et fourrager les tourments, et de forer l’angoisse comme un gouffre que l’on enterre. Que l’on jugule, que l’on musèle. Misha a la placidité des glaces comme ils traverse le Styx de ces rues sales, nuque légèrement courbée, d’une pupille lasse percutant l’asphalte. Les mains se sont engoncées dans les poches, vaquant parfois à la lippe sur le recueil des braises. D’une cigarette qui se consume à l’orée de ses questions ; pourquoi mon coeur bat-il si fort, a-t-elle changé, va-t-elle me reconnaître ? Cette dernière interrogation lui martèle l’esprit et lui entaille le coeur. Palpitant de calcaire s'effritant sous les doutes. Mutique, il vocifère. Ses tourments, ses géhennes et ses colères. Y a pas besoin d’introspection pour usuellement s’assurer de l’amour d’une mère. Mais celle-là, elle est comme lui. Toxicité égotique cristallisée dans le néant de ses sentiments. Grisha lui avait un jour soufflé, lors de ses séances de psychanalyse que l’on déploie sous le joug des obligations, qu’il souffrait d’un truc vicieux. "Tu as le symptôme abandonnique, Misha. Lorsque l’abandon n’est pas achevé, ni nommé, il te maintient dans une bien fâcheuse situation". Cela l’avait secoué, le môme. Que l’on diagnostique ses épouvantes et que l’on tente de mater sa bête noire. Alors avait-il secoué frénétiquement le crâne, infrangible volonté de faire jaillir ces vérités hors de sa portée. N’importe quoi, avait-il craché. Si j’veux personne à mes côtés, c’est que j’suis mieux seul. Et votre charabia de toubib, ça veut rien dire. Personne me laisse sur l’côté moi, vous savez. Mais quand même, y a des jours où j’me demande pourquoi les gens restent près de moi. C’est qu’une question d’temps, avant qu’ils ne détalent. Et ça m’va bien, tous des cons, avait-il menti de son plus élogieux sourire.

L’iris s’est braquée sur la porte, a détaillé la boiserie dans l’attente de ses angoisses. Ca va aller, Misha. Y a la douceur de la paume sur sa joue râpeuse, insuffisante caresse ne suggérant pas la blandice. Misha a jugulé vigoureusement le trac, il a serré la mâchoire et opiné en silence. La main s’est perdue sur la sonnette, et déjà, le gosse, a regretté son geste.

Ce n’est pas la marâtre qui se dessine dans les pourtours d’un oeil glacé. C’est une femme belle, enveloppée de joliesse et d’élégance. Misha aurait souhaité déloger Méduse, il y déniche une vestale factice aux traits doux et regrettablement familiers. Sa chevelure dorée tombe en cascade de soie sur les épaules, comme elle le toise de son regard d’un bleu glace. Le bleu des ciels d’hiver intronisant Saint-Petersbourg. Misha se souvient subitement de son canton des premiers cris ; Dmitrov, comme son nom. Patronyme de misère. Ces crépitements de souvenirs comme un feu de Saint-Sépulcre, embrasent l’âtre de ses dernières aigreurs. Il soupire comme elle les salue, de sa voix de taffetas. « Bonjour, Misha. » La pupille d’azurite se balade, couve la fraîcheur de la jeunesse. « Tu es venu avec ta petite-amie ? » Propension à la déroute, y a ce sourire qui meurt à la commissure des lèvres fatiguées. La daronne n’en espérait pas tant, embrasser la solitude du fils pour mieux déverser le fiel maternel, à défaut du lait. « Orphée parle pas russe, comme à peu près 99% des gens de c’putain de pays. Fais un effort. » Ca lui a gratté la langue et outragé le palais. Ce poison de Locuste, pourvu que cela ne l’infeste. La femme se reprend, étouffe un hoquet de gêne comme elle disperse ses excuses. Monceaux de décharges sincères empourprant la joue ; la mère vacille d’une angoisse qu’elle jugule à peine. « Mes excuses Orphée. Je suis la mère de Misha, Irina. Mais tu peux m’appeler Irinushka. » qu’elle dégoise, bien amène et polie. De ces cautèles que l’on cultive, main tendue de bienvenue.

Ils ont pénétré l’appartement de la mère, suintant le faste et les dorures. Misha a le nez qui se fronce comme il observe ; pour lui, le taudis demeure une bauge. « Ca paie mieux qu’avant, non ? S’faire sauter devant les caméras. » La concernée pince les lèvres et obtempère ; je vis en couple, clame-t-elle. Et le spectre du compagnon définit le compte en banque. Elle a ce regard de vertu, lorsqu’elle parle. Que c'est horripilant. La main souple les invitant à prendre place sur le sofa. Un thé ? Du café, peut-être ? Tu aimes toujours la vodka, Misha ? T’es bien comme ta grand-mère. Puis ça soupire la perte sous de fausses mascarades ; Irina avait toujours vu en la vieille ces relents puants du communisme soviet de naguère. Pas bien fichue de comprendre ce besoin féroce de reconnaissance, devenir mannequin, faire ses frasques à Hollywood. Elle était partie. Et lorsqu’elle prend place face à eux, couvant le couple d’un regard de bénédiction crasse, Irina se pique de nostalgies furieuses. « Tu n’as pas changé, Misha. » Elle observe, jauge, sculpte de sa pupille ce faciès d’éphèbe lui rappelant au père. Cet émoi achève la canine de marteler la lèvre. « Comment vas-tu, depuis la dernière fois ? » « Tu veux dire y a neuf ans ? Quand tu t’es pointée au procès pour empêcher l’adoption ? » Le haussement d’épaules a la teneur agressive lorsqu’il parle et percute son fiel à l’embarras d’une mère. Je suis désolée, qu’elle répète, murmure, obtempère. Eprise d'une sincérité crue, d'un spleen des jours pluvieux. Et ça la prend violemment en étau, la secoue d’autant de doutes. Prévenante, la femme a la pupille curieuse à l’encontre de Orphée. « Vous vivez ensemble ? Et vous êtes étudiante, peut-être ? » Reprendre un ersatz de contenance et s’intéresser à la vie du fils. Pourvu que la compagne soit plus clémente.

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Message Sujet: Re: Mère Patrie (ft. Orphée)   Mère Patrie (ft. Orphée) Empty Ven 18 Sep - 13:02

Mère patrie
Orphée & Misha

     Elle n’avait jamais imaginé la mère, entité d’absence, pour Misha, elle n’avait jamais essayé de visualiser le visage, de construire un corps pour cette femme disparaissant dans les tréfonds des douleurs et des conséquences ; il y a des blessures qui se collent et qui ne se détachent pas. Orphée ressent, dans ses veines, ses artères, la colère. Le courroux d’une enfant abandonnée par des parents qui ne s’intéressaient pas à elle. Mais, quand elle découvre le visage de Misha, l’expression angoissée révélant des années d’abandon et de manque, Orphée se sent, encore, privilégiée. Parce que j’ai eu un frère qui a pris de soin de moi, parce que je me suis un peu battue, je me suis construite comme Peter Pan, sans figures adultes et d’adulte, d’ailleurs, je n’y crois pas. Orphée observe le vaste salon dans lequel pénètre les pas de la femme, grande, svelte, magnifique. Un halo de lumière par ses mèches d’or encadre son visage encore jeune, quelques rares rides viennent enjoliver les cernes de l’inquiétude. Elle sent l’amour, mais l’amour égoïste, la vacuité d’un sentiment qui s’échappe. Dans ses mains, dans son coeur, certainement se logent les tendresses bien écrasées par les autres désirs, les autres ambitions. Au final, elle était comme ma mère, rongée par le besoin de faire ses preuves, de s’intégrer dans une société, de creuser sa place. Et Misha comme la plupart des enfants nés sur le sol d’une planète à la dérive, fut mis à l’écart, ignoré. Elle dira que ce n’était pas de sa faute, qu’avant d’être mère elle était femme, elle était humaine. Alors pourquoi faire des enfants ? Orphée se perd dans ses réflexions. Le regard absorbe les stries du parquet, virevolte vers le plafond, la grande table d’acajou. « Fais un effort » La voix de Misha tonne dans le silence pesant, ramène dans la réalité la petite Orphée qui ne sortait pas de ses labyrinthes. Quand la mère présente sa main manucurée, elle s’en empare. La peau si douce, si soignée, une peau conservée dans les crèmes et les produits d’hygiène, car chaque fille a le devoir de préserver sa beauté.

Une beauté nécessaire pour son travail. Orphée analyse les paroles, retient l’ire et la rancœur, une sonorité arrosée de fiel transperçant la gorge de Misha, une mère actrice pornographique. Quelle devait être dure cette condition ! Peut-être… Orphée, néanmoins, n’approfondit pas sa compréhension, pour une rare fois, garde en elle ses résistances psychologiques. Des épines d’algarade entourant les souvenirs emplis de regrets ; elle était jalouse Orphée, jalouse des gamines et des gamins de sa classe discutant de leur week end passé, des randonnées joyeuses accompagnées des parents, et toi Orphée ? Moi ils étaient pas là. Ils étaient jamais là. Alors elle s’était greffée près du corps du frère, de sa présence bienveillante, comme un bourgeon de rose peinant à grandir, elle avait résisté aux intempéries du manque, avait censuré l’imagination, les fantasmes que l’on fabrique pour trouver un sens à la séparation, à la coupure d’un enfant. Ses sourcils se froncent à l’information, la mère malgré son incompétence, avait tenté d’empêcher le bonheur de son garçon, lui qui peina à trouver une figure tutélaire capable d’endosser le rôle d’un père.  « J’habite chez Grisha. » Elle hausse les épaules, précise.  « Pour l’instant c’est mieux comme ça. Et puis j’ai pu rencontrer Misha. » Le rire de fée s’échappe des yeux puis des lèvres, elle poursuit.  « Il égaye ma vie. » Un silence. Orphée possède dans ses prunelles la vengeance enfantine, puérile, dans l’esprit un chambardement de componction. Ce qu’elle dit elle l’assène comme vérité, Misha éclaire les ombres, les ramasse et les jette dans l’abysse, ainsi Orphée peut retrouver son innocence anesthésiée par les tourments qu’elle masque si bien dans son allure, jamais l’on ne voit la profondeur de la terreur ni la profondeur de son intelligence, pour tous Orphée restera la jeune fille, la Perséphone à l’abri d’une humanité décadente et vicieuse. Elle regorge de tristesse tue et de refoulements obscurs.

 « Pourquoi vous vouliez vous opposer à l’adoption de Misha ? » Selon les convenances Orphée ne devrait pas poser ce genre de questions, cela ne la regarde pas, après tout, trop intime, atteignant des sommets de remords de la part de la féminité mère. Elle enchaîne. Une voix douce mais maîtrisée, une voix qui souhaite découdre le mythe familiale, l’amour sucré que l’on offre dans les magazines, elles sont belles les photographies patinées, sur papier glacé, mais elles ne reflètent rien que le néant d’une bonne comédie.  « Vous ne vouliez pas le bonheur de votre fils ? » Le regard se perd encore, la culpabilité s’éveille, impuissante cependant face aux torrents de protéger Misha face à cette cruauté.

@Misha Orlov

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Message Sujet: Re: Mère Patrie (ft. Orphée)   Mère Patrie (ft. Orphée) Empty Dim 20 Sep - 12:04

mère patrie
Orphée & Misha

« Not belonging is a terrible feeling. It feels awkward and it hurts, as if you were wearing someone else's shoes.  »
Tous ces fracas de souvenirs qui se percutent, perforant insidieusement le crâne d’autres gouffres jamais comblés. Le gamin d’antan déploie les réminiscences d’un autre temps comme un tapis de misère, et Misha se souvient. De l’odeur trop propre, les effluves aseptisées de la cour de justice. Ces adultes guindés, la gueule fardée d’austérité, s’engonçant dans le noir de leurs toges, le noir de ses pupilles. Misha se remémore la pâleur de ses fossettes. Y avait pas besoin de reflet pour comprendre le blême de ses joues, pas besoin de se méprendre sur l’angoisse lui tordant l’estomac comme il lui tordrait bien le cou à elle. Elle encore, elle toujours. Elle cette femme, cette catin, cette autolâtre. Toutes des putes. Cette femme bien mise dans ses habits de lumières, cette propension qu’elle a, à jouer les éplorées comme elle sanglote. “Mon fils, rendez-moi mon fils”. Et ses larmoiements, et ces odeurs aseptisées, et les gueules des juges fantoches, et la placidité de Grisha. Il avait cru tourner de l’oeil, le môme, tant il vomissait son coeur au bord des lèvres. Misha, peux-tu nous décrire tes relations avec ta mère ? … Misha ? La magistrate avait ourlé ses lèvres charnues d’un sourire. Ou bien était-ce l’avocate. Grisha avait bien tenté de le briefer pourtant. Des histoires de barreaux, de dossiers, de procédures. Figé par l’anxiété de retourner dans ce trou, fichu comme un rat, sans père et sans toit, Misha avait recraché les informations sans les digérer. Ni les assimiler, ni les comprendre. Misha ?” Putain, elle me veut quoi cette conne. “Quelles relations?” Le félin avait feulé, acculé dans le fossé. Grisha avait brièvement souri quant à la réplique fielleuse. Aucun rictus à la lippe pourtant, mais Misha avait beau le côtoyer depuis quelques mois seulement, ne pas encore le désigner par le vocable de l’affection tel un père, il savait. Que son front s’agrandissait furtivement lorsqu’il souriait de l’intérieur.

Et cela lui a fait la même chose, sous les aveux d’Orphée. Qu’il égaie sa vie, qu'elle raconte. Ce genre de belles conneries imbuvables pour les autres mais étanchant bien sa soif. Misha a pris la beauté de l’aveu et l’a broyé malgré lui sous la dent lorsqu’il a serré la mâchoire. Le courroux contre la mère, la houle des souvenirs tourmentés, peinent à apaiser la pulse du myocarde battant les tempes.  « Pourquoi vous vouliez vous opposer à l’adoption de Misha ? » Il entend la mère tiquer de loin, le froissement du textile comme elle se redresse sur le dossier brocardé du canapé. Il peut entendre la déglutition ardue, le soupir rompu par le souffle court. Puis les excuses, puis les aveux. C’est pas ça, c’est pas une histoire de qui s’oppose et qui approuve. "C’est une histoire de mère", qu’elle murmure. "Une histoire de mère", répète-t-elle. Mais la confidence a la couleur liliale de ses tourments, Irina avale le vide de ses grands yeux bleus comme elle vacille de l’intérieur. Et Orphée revient, chaparde ses derniers bastions de granite. Pas besoin de gratter bien fort, pour que les remparts ne s’effritent. « Vous ne vouliez pas le bonheur de votre fils ? » « Arrête, Orphée. » Ce n’est pas tant la franchise de la gamine qui l’émeut au contraire. Sa bataille menée à corps perdu, pour pas grand chose, a quelque chose de foutrement héroïque. Mais ce mot calomnieux, c’est comme un glaire, comme une injure. Le bonheur. C’est infamant. Misha détourne le regard dans sa fuite de ne pas vouloir entendre la réponse de la mère, de ces confidences sentimentales qu’elle pourrait lui glisser, qu’il ne veut pas entendre. Trop de secousses et d’inconnus, ça l’ébranle foutrement de l’intérieur. « Bien sûr que si. » Enfin, la génitrice s’offusque. Comme une délictueuse se piquant de son infraction. « C’est d’ailleurs pour cela que j’ai demandé à te voir, Mikhaïl. » L’oeil des glaces coule brièvement sur l’insolente, comme une bravade. Tu savais, petite, que sa grand-mère l’appelait ainsi ? Qu’en Russie, on ne se contente pas d’un seul prénom ; nous sommes indivisibles, et nous sommes multiples. Et nous sommes unis. Tu savais, tout cela ? A voir ton beau sourcil qui tressaille, Misha ne t’a pas dit. Misha ne t’a rien dit. Puisque Misha ne s'épanche pas.

La mère se penche par-dessus l’accoudoir et se saisit d’un journal remisé dans un petit meuble d’appoint. Et lorsqu’elle le fait glisser sur la table de chevet, y a cet azur dans la pupille percutant l’encre de l’iris du fils, comme un aveu suspendu sous la paupière. Misha a le soupir de dépit lorsqu’il attrape l’offrande à contre coeur, et lit les gros titres en cyrillique ; “Le Ministre des Finances, Dmitry Rozanov, annonce sa démission du gouvernement”. Et sous l’annonce théâtrale, le portrait austère d’un homme épargné par le temps ; cette beauté figée et froide malgré la profondeur du regard brun a quelque chose de familier. « Et alors ?  » « Oh, Misha... » L’aveuglement du fils lui extirpe un soupir de dépit. C’est évident pourtant, qu’il te ressemble. Que la parenté n’a guère besoin de la tutelle des scientifiques pour crier qu’il est ton père. C’est la nuque raidie que Misha tend le journal à Orphée, lui explique. Ce qu’il est, ce qu’il fut, ce qu’il sera. « Un cadavre ? Tout c’que t’as à me dire, c’est qu’ce mec là, c’est supposément mon père et qu’il a un putain de cancer qui l’bouffe de l’intérieur ? » « Il est ton père. » « Mon père s’appelle Grisha. » Irina ravale un soupir. Comme elle avait omis le caractère buté du fils, ces sourcils qui se froncent sous la contrariété, l’incapacité à débattre lorsqu’il n’était pas en phase avec son interlocuteur. Abrupt, hostile et froid. La Russie, mère-patrie, est en émoi, et le gamin n’est pas bien fichu de s’en préoccuper. Irina sent l’agacement lui battre les tempes, serre la mâchoire comme elle réplique. Omettant de polir la langue d’un idiome que la petite ne comprendra pas. « Ce Grisha peut tout à fait rencontrer une femme, lui faire un enfant et te penser soudainement comme un étranger. Il a le droit constitutionnel de te désadopter. Mon avocat me l’a assuré. » Ses arguments ont la portée de l’égotisme lorsqu’elle parle et assène la vérité. En dépit de la pâleur du fils, de ses sueurs soudaines, de son silence de roc. Et de ce soupir brutal, comme une exhalaison lorsqu’il porte sa main pensive à son front, coude engoncé dans la cuisse.

La chaleur d’une paume se glissant dans la sienne. Misha a serré fébrilement la main d’Orphée avant de recouvrer contenance, visser sa pupille sur le faciès de l’égoïste. Mais j’t’écoute, connasse, continue. Dans son silence, le cri. « Son.. Son décès imminent, je me rends compte de beaucoup de choses. De combien j’aurais aimé que nous soyons une famille. De combien j’aimerais que nous soyons une famille, à nouveau. » Irina a le sourire soudain solaire. De ce regard qui pétille et le met à terre. « Je vais me marier. Et j’aimerais que tu nous rejoignes. » Misha ne s’entend plus penser lorsqu’il désapprouve mollement du chef. Y a ces vérités tisant le suaire de ses angoisses à chaque inspiration. La peur soudaine, bien vivace, de l’abandon, lui frappant l’estomac. C’est l’uppercut de la bassesse. Alors d’un bond Misha se lève, pas bien foutu de la frapper, de lui répondre, de lui cracher sa bile. Se diriger vers la fenêtre pour mieux cuver l’ivresse perfide le faisant chavirer. Je n’sais plus, j’sais plus rien, de c’que je vais devenir si tu continues à abattre les branches saines de cet arbre pourri.

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Message Sujet: Re: Mère Patrie (ft. Orphée)   Mère Patrie (ft. Orphée) Empty Dim 20 Sep - 18:35

Mère patrie
Orphée & Misha

    Le silence se percute dans les aveux, la femme s’adosse, emprisonnant son corps pour garder constance, une allure de l’adulte acculé par les paroles d’un enfant, pleines de vérité dures et acerbes ; elle doit considérer qu’Orphée n’est pas à sa place, trop basse dans la hiérarchie d’une famille inconnue pour pouvoir imposer son joug de fillette. Elle n’est rien dans ces conflits familiaux, elle, qui, il y a six mois ne connaissait pas Misha Orlov. Par chance, ou par destin, Orphée avait découvert ce garçon aux cheveux de lin, la froideur comme enceinte, comme rempart, contre un monde et l’angoisse. Elle avait rencontré ce garçon dans la maison d’un homme qu’elle ne connaissait guère plus, pour t’offrir un foyer avait-il dit. Orphée ne sourit pas, ne juge pas non plus. Dans les méandres de ses analyses, le cerveau souffle un mot, la vipère siffle, censure, mais celle-ci, trop faible selon les désirs d’asséner encore, de confronter la mère à ses devoirs, ses périples.  « Vous êtes égoïste. » Elle lâche le reproche, le sourcil froncé. Pour lui. Pour Misha. Car elle n’entend plus sa voix. Elle ne sent plus son charisme, cet air d’autorité. Devant la mère, il s’efface. Alors la main rejoint la jumelle, geste habituel mais d’une profonde douceur, car je suis là et le serai toujours, car l’envie intense de te protéger et de te dire que tout va bien, que c’est à toi de faire tes choix me surprend à chaque fois que je suis près de toi, je t’aime je crois, c’est ça aimer, c’est prendre soin de l’autre en lui laissant sa liberté, le considérer, le valoriser. C’est ça aimer. Et je t’aime je crois. Elle s’engouffre dans ses réflexions, pense, perdue en elle même pour jouer d’un puzzle et éclairer les données. En demi teinte, la mère conquiert l’espace psychique de son fils, c’est une bataille, c’est une guerre. La mère vampire tente de récupérer son fils. Et le fils ne dit rien, passif, car elle reste sa mère après tout, et, chaque être humain se morcelle dans l’attente d’un amour maternel, le premier et l’unique, celui qui nourrit, celui qui apaise, celui qui soigne. Ils croient en l’amour doux, celui de la vierge qui a baumé les plaies de son fils, Jésus. Il y a de ces Médées qui tuent plus qu’elles ne subliment de leur affection leur enfant, elle est de celle là, une méduse au regard possessif. Car Misha lui plaît à présent, pour combler ses regrets, Misha son fils, son objet. Tout cela, Orphée le tait, pour l’instant.

Elle sirote son verre de grenadine, s’empare du journal, feint l’ignorance, mais, lorsque Irina allègue une terreur pour son fils, Orphée repose distraitement le papier. Grisha peut te désadopter. Orphée hurle en silence, l’ire émotive hante son sang juvénile, hyperémotif.  « Misha a vingt cinq, il est majeur. » Elle respire afin de maîtriser cette sensation de colère, cette envie de marcher pour mieux s’accaparer le problème, l’énergie survolte et trouble les gestes, elle tremble. Orphée a de cela de particulier, ces légers frissons son essence de vie coulant, abondant, dans les ruisseaux de son corps. Le désir entier, impérieux de défendre l’être choyé.  « Grisha est son père, son vrai père. Celui qui l’a soutenu. Celui qui l’a éduqué. Celui qui l’a aimé. Celui qui a essayé de faire de ses traumatismes de l’or plutôt que de la boue. » Elle se lève enfin, son corps tendu face à l’adulte.  « Et vous lui présentez un nom dans un journal ! » La voix monte, le courroux enfle.  « Mais c’est pas son père le directeur de je sais pas quoi là, c’est juste une absence sur un journal. » La honte ne remplit pas ses poumons, c’est la femme Orphée, posée, stable, qui médite un instant, ses paupières fermées afin d’alléger la lourdeur de l’injustice. Misha, depuis la fenêtre a contenu sa violence mais elle voit, elle voit les poings serrés.  « Vous allez me dire que je ne comprends rien parce que je ne connais pas toutes les émotions qui pénètrent la peau d’une mère, la charge et la pression. Avouez simplement que vous retournez vers votre fils maintenant parce que vous êtes disponible, vous. »

Orphée se dirige vers Misha, l’enserre contre elle, ses bras se ferment sur le torse sec. Elle chuchote, dans l’oreille, on peut partir Misha, tu as assez fait d’effort, pour elle, on peut partir Misha car je n’aime pas te voir dans cet état là. Elle se fout de l’oeil voyeur de la déesse à proximité de cette intimité si grande si profonde, d’aucun confondrait un couple quand les deux âmes s’offrent une force pour vaincre les petites géhennes, pour panser les blessures du passé. Elle l’embrasse, sur la joue, un baiser lent afin de lui donner son énergie. Pour te dire qu’elle n’a aucun droit d’ajouter du sel sur tes brûlures. Elle quitte ses bras, vers la mère s’avance.  « Misha mérite des excuses. Pour tout ce que vous lui avez fait subir en lui donnant la vie. Pour votre égoïsme répugnant aussi. Vous considérez Misha comme votre possession alors qu’il est un être humain, certes avec vos gènes, votre sang. Mais ça ne fait pas de vous une mère. » L’on ne convaincra pas Orphée que l’instinct maternel existe, une vaste supercherie pour sauvegarder les privilèges des hommes, pour croire en l’amour absolu. Irina démontre bien le contraire, mais on lui pardonnera car il n’est pas facile de composer avec un enfant quand l’ardeur de l’ambition s’accapare une femme.

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Message Sujet: Re: Mère Patrie (ft. Orphée)   Mère Patrie (ft. Orphée) Empty Mer 23 Sep - 15:32

mère patrie
Orphée & Misha

« Not belonging is a terrible feeling. It feels awkward and it hurts, as if you were wearing someone else's shoes.  »
Virulentes tempêtes fracassant le crâne, de ces mâts fatigués par la houle des pensées pleines, doutes tempétueux nourrissant l’orage. Sous la paupière les tumultes et derrière lui le naufrage. Les deux femmes ont la langue volubile, véhémente ou offusquée qu’importe, puisque les algarades fardent un peu plus son esprit d’autant de brume et de frimas. C’est au silence qu’il aspire, et y a ces esclandres qui le fracassent. Misha soupire, mâchoire contrite et yeux semi-clos ; de cette pupille avalant le vide des buildings et leurs silhouettes de métal. La menace de la génitrice a enroulé sciemment ses viscères comme il lutte, soumis au bon sens et à la réflexion ; Grisha ne peut se défausser de son statut de père. Ni par le geste, ni par la pensée. Cette peur phagocyte a la canine affûtée lorsqu’elle fourrage le myocarde gorgé d’inquiétude. La frousse en intraveineuse, ça ne l’avait pas shooté ainsi depuis ce foutu procès. Y a ce coeur au bord des lèvres, ces synapses sinistrés, les doutes tissant la toile dans le coin du crâne. La mère, cette arachnide, tégénaire crachant la soie de sa bile. Puis y a Orphée qui s’érige face à l’aranéide, et c’est le chêne qui s’enracine. Ses branches massives se déployant sur sa tête, lui offrant la fraîcheur et le repos. Sous la frondaison de la jeune fille, s’abriter des venins. Mais ça suffit pas à apaiser l’orage ni la tempête ni la houle ni le tangage. Il digère, mal. Ce qu’elle lui a craché en un ersatz de douceur, ça glisse pas bien loin dans l’oesophage.  « Je ne te permets pas de me parler ainsi. » La verve est cousue de colère, de défaite, de misère et de faim. L’appétence pour le fils, chair de sa chair, qu’elle scande par le prisme de son égoïsme. C’est la joute verbale qui s’engage, hésite, se retire, rebondit. Des palabres crûment sincères, y a que Orphée qui sait y faire. Misha aimerait apprécier l’offrande de sa douceur comme de son dévouement. Faut avouer que son étreinte chaude a apaisé les tempêtes. La môme a maté Neptune, corrosif en son crâne, lorsqu’elle a honoré sa joue d’un baiser. Mais le tumulte ambiant l’exaspère. Paumé, le gosse. C’est qu’on ne lui laisse pas même le temps du contrôle et de la réflexion. Misha, Misha, Misha… « Vos gueules ! » C'pas contre toi, Orphée. Soudain le regard percute l'amie dans un soupir glacé, le regret furtif au bout des cils. Puis la pupille se braque, cinglante, sur la marâtre. La bienséance à bout de force, c’est la violence qui se déverse de ses lippes : « Et toi, fais-moi une faveur. » Y a le souffle de l’infâme qui s’accroche à ses mots, quémandant le pardon. « Saute par la f’nêtre. » C’est pas ta dépouille qui m’fera chier ni la charogne qui me recontactera. Crève bien, crève seule. Et si tu pouvais te défenestrer sous mes yeux, c’est pas la peine qui m’habitera.

C’est à pas leste que Misha se dirige vers la porte, enjoignant Orphée à le suivre d’un oeil de connivence. Il a claqué la porte à faire trembler les murs et fustigé tout le long du trajet. Crachant ses injures en russe entre deux grognements. Marcher vite, à grands pas, et chercher la suffocation. Se vider les poumons et les emplir d’injures. Mais il a fini par bifurquer vers un parc tapis de feuilles mortes crissant sous ses chaussures ; ça sentait l’automne. Et ça fleurait bon la terre mouillée. Le pétrichor, qu’on dit. Orphée lui avait éludé le mystère de son alias numérique, et Misha avait écouté en silence. Plus encore, il avait retenu. « Putain, c’carnage. » Qu’il clame en s’affalant sur un banc, déployant ses bras sur le dossier comme les ailes d’un albatros. « J’aurais pas dû te demander d’vnir. J’avais oublié à quel point elle était conne, cette vieille meuf. » Et il marmonne un peu, vocifère en des râles polis de sa langue maternelle autant d’injures conjurant la colère. La quiétude recouvrant peu à peu  le nid du palais, Misha parachève l’exorcisme d’un long soupir puis concède ; « C’que t’as dit.. T’étais pas obligée de le dire. Mais merci. » La légèreté du mutisme les interpelle comme il y pense. A ce qu’elle a craché à la marâtre, la douceur qu’elle a eue pour lui. Soudain la taquinerie, logée dans la fossette lorsqu’il sourit : « Sinon, à part ça. Paraît qu’j’égaie ta vie ? » Il voit pas bien comment, tout le bien qu’il peut lui faire et qu’elle s’imagine. Mais le gamin se farde de malice, pourvu que ça l’apaise.

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Message Sujet: Re: Mère Patrie (ft. Orphée)   Mère Patrie (ft. Orphée) Empty Mer 23 Sep - 20:52

Mère patrie
Orphée & Misha

      Ils sont partis, ils ont claqué la porte avec la rapidité et la sauvagerie des enfants perdus, des enfants volants, des enfants plein de vie mais de colère entrelacée par les actes des adultes, des parents, ils ont descendu les escaliers, Orphée a entendu Misha grogner, injurier, délacer les tempêtes de ses sentiments, de ses émotions, de ses renversements, cette haine pour la mère, elle qui n’avait pas su ouvrir son coeur à l’abnégation. Orphée a suivi Misha, derrière et à côté de lui, le laissant libre d’arguer les amarres d’un orage découlant de ses vingt cinq années de vie ; il était né dans la mauvaise famille, dans le ventre d’une femme si égoïste qu’elle ne pouvait pas devenir une mère s’épanchant sur son enfant. Une respiration, Orphée songe que la maternité n’est rien de plus qu’une croyance dont il faudrait bien se débarrasser, on demande trop de choses à la féminité, celle qui donne la vie pour la préservation de l’espèce humaine aussi. Et Misha s’affale sur le banc. Et Misha comme un oiseau corbeau étend ses bras sur le dossier usé. Et Misha s’excuse. Alors Orphée s’empresse de répondre.  « C’est pas tous les jours qu’on rencontre une Héra ! Elle était belle ta mère, mais elle a juste ça pour elle. » L’indélicatesse jaillit de la gorge riante, les yeux brillent de petite joie d’avoir échappé aux autres minutes de lourdeur et de manipulation.  « Je suis bien heureuse d’être partie. Surtout pour toi. Tu méritais pas ça, tu méritais pas cette enfance. » Elle se souvient du sentiment de l’abandon, cette grosseur, cette croissance dans le myocarde ; les premières fois qu’ils partaient elle se demandait si elle était si inintéressante, elle n’arrivait pas à retenir les images aimées du couple dégénérescent, car on ne retient pas de fantômes. Mais elle vivait dans le confort d’une grande maison à l’orée de la forêt et des lacs. Bourgeoise, malade d’abandon. La richesse n’effaçait pas les périples du coeur et des tourments. Orphée hausse les épaules, sourit, sourire jusqu’aux joues, radieux, sublime.  « On n’a pas besoin d’eux. Je me suis éduquée moi même. Ok ça donne un machin qui bouge tout le temps et qui arrive pas à être diplomate mais je m’aime bien comme je suis, je suis pas trop méchante, j’ai pas raté mon éducation de moi-même. » Songeuse devant les branches qui écoulent la brise fraîche d’une soirée de septembre, le soleil se couche à l’aube de couleurs d’or et de bronze, un rose boticcelien, un incarnat d’ocre peint les herbes et les cieux, c’est le début du soleil qui embrasse la lune et, dans cet univers poétique Orphée respire une seconde fois, s’abandonne à la contemplation, à ce sentiment des artistes qui étreint et qui berce. Après le carnage des conflits, le calme merveilleux d’une nature en déclin.

Et elle rit, s’approche de lui, mais oui tu l’égaies ma vie,  « T’es un peu comme la statue de la liberté avec son flambeau qui éclaire et qui combat toutes les ombres ! Tu me protèges et je me sens appréciée ! » Orphée s’adonne dans les aveux qui, pour elle, s’habillent de normalité, elle sait exprimer son intimité, les petits détails et les grands fardeaux, les compliments et les amours avoués dans les nuées de sa voix claire comme une eau de cristal sur les rochers d’argent d’un pays de cocarde.  « Puis… Tu sais quoi... » Une pause, elle s’amuse à imiter les fleurs bleus, les timides que l’on voit à la télé ; Orphée prend, n’attend jamais.  « Tu m’as ensorcelé ! J’ai encore envie de t’embrasser ! » Qu’elle dit, le rire dans la pupilles dilatées par le désir. Et ses doigts sur les joues masculines caressent l’épiderme moins tendu, moins angoissé. C’est une pluie de baiser, furtifs mais intenses, sur la joue simplement. Et elle se décolle. Et elle se lève. Et, face à lui, lui tend la main. A deux ils poursuivront les ténèbres pour pourfendre les démons, faire d’un enfer un Eden.

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